Début de journée sans Intérêt
Mahaut de Clairlac
es bon sang de couloirs n’avaient donc pas de fin ?! D’un air blasé, Selenda arpentait le pensionnait d’une démarche flegmatique, les yeux collés au plafond ou au sol - selon son état d’esprit, son bras gauche pendant mollement - un peu moins qu’avant, certes, mais quand même - à son coté.
Bon dieu ce qu’elle s’ennuyait.
Elle n’aurait jamais cru qu’en étant enfermée dans un lieu magique qui faisait office de piège pervers et empêchait les entrants de ressortir, elle trouverait quand même le moyen de n’avoir rien à faire ! Même pas quelqu’un à emmerder, ni quelque chose à faire sauter, rien.
Et pourtant.
C’est dans ce genre de moments que l’elfe regrettait de s’être fait avoir. Sérieusement. Le sujet revenant sur la planche, elle se demanda à nouveau comment elle avait pu être aussi incroyablement stupidement crétinement stupide. Question existentielle. Shootant dans un obstacle invisible placé assez bas dans le référenciel terrestre, l’elfe laissa échapper une flopée de jurons tous plus recherchés les uns que les autres dans une trentaine de langues différentes. Question jurons, elle n’était pas à plaindre ; à vrai dire, elle aurait certainement pu passer sa journée voir plus à déverser toutes les insultes qu’elle connaissait dans toutes les langues qu’elle connaissait. Ca faisait un bon paquet.
Peut-être qu’elle aurait dû faire ça, pour passer le temps.
Mais bon, à cet instant donné à l’endroit présent, c’était une idée assez mauvaise tout de même. Il faut quand même un certain contexte pour ce genre de choses.
Bref.
A force de marcher sans but, Selenda découvrit, au détour d’un couloir, un élargissement assez vaste qu’elle n’avait jamais vu. A vrai dire, ce n’était pas si surprenant que ça vu qu’elle ne connaissait pas vraiment l’endroit par cœur. Pas du tout, même. Enfin.
Le lieu en question était toujours un couloir, mais pourvu d’un luxueux escalier à la droite de la jeune fille, dans le genre de celui du hall, mais en version réduite. Il menait à une porte close. En face de Selenda, une fenêtre, et à gauche de celle-ci - toujours dans le sens de l’elfe - une autre porte. Détaillant le décor et la disposition de l’endroit du regard, la jeune fille en déduisit que l’élargissement était dû à la présence de salles - reliées au corridor par les portes. Passionnant.
Avec un soupir déchirant, Selenda se dirigea vers l’escalier et se laissa tomber sur la quatrième marche en partant du bas - me voilà réduite à compter le nombre de marches pour me distraire.
Ramenant son bras gauche ganté de noir sur ses genoux à l’aide de sa main droite, elle fit lentement remuer ses doigts, métalliques sous la protection de cuir. Son membre gauche recommençait à fonctionner : la « batterie » se rechargeait. Tant mieux, car elle en avait plus qu’assez de l’inactivité à laquelle la perte de sa mobilité la condamnait. Vivement le moment où elle pourrait à nouveau prendre un sabre dans chaque main !
Concentrée sur son bras gauche, l’elfe fut brusquement sortie de ses pensées par un bruit soudain témoignant de l’apparition d’un être vivant. Elle releva vivement la tête et son regard gris se posa sur la nouvelle venue.