Le grenier est une antre de poussière et d’oublis, de réminiscences étouffées et de souvenirs déchus. Éclairés par la lucarne qui laisse filtrer une lumière dorée, une foule de poupées regardent les tableaux. Elles sont souvent cassées, en porcelaine, aux boucles douces et soyeuses. Elles sourient éternellement, figées dans cet endroit. Elles sont les unes sur les autres, assises aux côtés d'un grand coffret de bois, lui-même dissimulé par des tapis entassés sur lui. Il est taillé dans un bois massif, gravé, mais également fermé à clef et puissamment protégé, si bien qu’il est impossible de l’ouvrir sans la clef. Le contenu était composé d'une lettre d'un ancien pensionnaire, qui explique la raison de vos recherches en ces lieux...
Sur le mur, des étagères bancales sont couvertes de livres anciens et de pendules, toutes figées sur une heure différente, sauf une qui enveloppe toute l’atmosphère de son tic, tac, tic, tac rassurant. Elle semble se mettre à l’heure d’été et à l’heure d’hiver d’elle-même, étant toujours rigoureusement exacte, à la seconde près. Des tableaux peuplent le mur d’en face, certains déchirés. D’autres sont par terre, les uns à côté des autres, comme attendant qu’on découvre le drap blanc qui les protège jalousement. Un grand miroir terni au cadre sali, des chaises, des tables, des corbeilles avec des peluches dedans, des lampes cassées, des bougies étalées par terre, des valises entrouvertes, des cartons, des toiles sans cadre, des lattes, des matelas… Tout ceci s’étale dans un désordre sans nom, tandis que des oursons semblent faire une farandole, en attendant un enfant avec qui jouer.