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 Enter Galactic, you & me.

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Enter Galactic, you & me. _
MessageSujet: Enter Galactic, you & me.   Enter Galactic, you & me. Icon_minitimeSam 25 Aoû 2012 - 21:56

Enter Galactic, you & me.

+ pv. Rahel Ambroziewicz.

    You better run, better run, outrun my gun.
    You better run, better run, faster than my bullet.

      « Où on est ? »
      « J’en sais rien. »


    Je n'en sais vraiment rien. Je panique. On y est vraiment, merde, Rahel. Il ne reste plus s'habituer à la mort. Une mort inattendue, il ne manque plus que l'intégration. Et nique sa mère la réinsertion. Je pense qu'on est mort, je l'imagine ainsi. On a du se faire fusiller au moment où on est sorti de boîte. On nous a crevé tous les deux, sans raisons, sans rancune. Il n'y a pas d'autres alternatives, on est mort. Je n'imaginais pas que même après la mort, Rahel serait sur mon chemin. Perturbante jeune fille, vieille meuf perturbée. Marchons ensemble, avançons, je n'ai plus qu'à t'accepter, tu n'es plus un rocher qui m'empêche d'avancer. Tu es comme indispensable, parce que sans ma rage qui m'anime et t'anime je ne suis rien.

    Quelque chose de mou et mouillé me grimpe sur l'épaule. Je passe violemment un coup de la main pour le faire tomber. Une salamandre? Un espèce de lézard dégueulasse jaune et noir. Ça reste silencieux, ça grimpe sur mon pied. Tant pis, de toute façon on est tous dans la même merde. Je regarde autour, je regarde le panneau. Je ne sais même pas comment j'ai compris ce truc. Je ne réagis pas tout de suite, j'ai oublié comment il fallait réagir à ce genre de situation. Je ne sais pas s'il faut que je panique vraiment comme un vrai psychopathe entêté, ou s'il faut que fasse quelque chose pour nous sortir de là. Ce qui est à priori impossible, d'après cette vague explication du panneau. Je regarde autour de moi, seulement nous, et la salamandre, et le serpent accroché à Rahel. Tout ce trou me dégoute. Je veux fumer, de l'herbe de qualité. Et arrêter de transpirer de nervosité.

      « On en ressortira un jour ? »
      « J’en sais rien. »


    Non, on ne ressortira pas. Mais il faut bien que je mente pour ne pas que tu sois trop secouée. Non, c'est juste que je veux que tu restes avec moi, je n'ai pas le courage d'affronter cet enfer seul. On est dans un monde où une deuxième mort nous attend. Je mens, je sais que tu ne seras ni choquée ni autant paniquée que moi à l'idée d'être enfermé. Je ne peux pas le supporter, alors je me voile la face et je me dis qu'on est mort. C'est plus facile comme ça, on est mort, n'est ce pas, Rahel? Je mens, parce que c'est la seule solution qui me permet de me rassurer. Mentir pour la garder près de moi, ce n'est qu'une excuse pour faire le beau. Je ne suis pas beau. Ce ne sont que de mensonges égoïstes, pour garder la tête haute. Une réponse égocentrique pour ne pas sombrer définitivement dans la folie.

      « Et on fait quoi… maintenant ? »
      « J’EN SAIS RIEN. »


    Je ne pense plus, je réponds toujours la même chose. Rien, je ne sais rien. Mais j'espère que ce n'est pas la fin. Une répétition qui permet de fuir une réponse, une répétition évasive. Fuyions. Évitons les regards, évitons la réalité, évitons de rêver. Je lui ai une dernière fois répondu, elle m'énerve. Elle m'énerve, elle et ses foutus questions, elle et sa putain de voix féminine, elle et sa gueule calme. J'aimerais être comme elle.

      « Subissons, alors. »


    Aussi étonnant que cela puisse paraître, je me sens plutôt excité, d'un seul coup. Je connais cette sensation. Légèrement différente de l'envie de niquer. Une poussée d'adrénaline. Ça me fait mal au cœur, j'ai envie de vomir. Ça revient quand je commence à oublier. Putain, laissez moi crever.

    Et ça s'arrête, comme si ma volonté avait atteint son but. Puis j'oublie. Je veux mourir, si ce n'est pas la mort. Si c'est ça la mort, je veux vivre. L'idée que cet événement puisse être une liberté ne m'a pas traversé l'esprit. Une belle idée de nouvelle vie, que cette nouvelle vie puisse m'enlever ces chaînes. Je ne sais plus penser autrement que de façon glauque. Il n'y a plus de bateau qui mène au pays des rêves. Pour moi, ici, c'est la fin. Il n'y a plus de chemins, je rêve toujours d'être libre sans me l'accorder. Ici, c'est la limite, c'est ma limite. Pas plus loin, mes pensées sont bornées par un traumatisme douloureux.

      « Bien sûr, ta gueule. »


    Vivere per libertà, Vivere nella libertà.
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Enter Galactic, you & me. _
MessageSujet: Re: Enter Galactic, you & me.   Enter Galactic, you & me. Icon_minitimeSam 25 Aoû 2012 - 22:28

Derrière les portes closes se fanent nos cruels sourires.


Le pays des merveilles s’ouvre, les absorbe et au fond, ça ne reste qu’un tas d’immondes dans lequel ils se fondent, en demi-teintes désespérées et un brin résignées. Elle voudrait se croire dans une jolie aventure colorée, suivre le chemin qu’on lui dicte, l’héroïsme clouée au cœur et le sourire cousu à la peau. Même si c’est immonde, même si ça dégouline de sang, même si ça rugit de souffrance, ça fait tenir en place l’histoire, les chapitres qui se suivent et ça ressemble à quelque chose.

Alors que vous, vous êtes livrés à vous-mêmes. Tu le sais, Rahel, t’as pas envie de l’accepter, pas encore. Quand tu regardes autour de toi, il n’y a rien que tu connais, c’est juste le vide, dans ta tête et ce hall, immense, ces mots que tu lis d’un air absent. Et il y a lui, à tes côtés, parce que tout est de sa faute, bien sur, depuis le tout début.

« Où on est ? »
« J’en sais rien. »


Elle pose sa question même en sachant que la réponse est devant ses yeux. Elle pose la question parce qu’elle veut le vrai aboutissement et l’énerver, lui, et le mettre face à tout ça parce qu’elle n’a pas entendu sa voix, parce qu’elle se demande ce qu’il ressent, ce qu’il pense mais elle ne parvient pas à mettre des mots dessus. Elle serre les dents, veut le provoquer, hurler, hurler, ressortir parce que même si elle ne sait pas où elle est, elle se dit que ce n’est pas normal d’y être, qu’ils ont peut-être crevé et que c’est sa rédemption, le prix à payer pour avoir été une belle pute.

Mais tu sais que ce n’est pas ça, que c’est pire et les encouragements écrits, les mises en gardes, tout tourne dans ta tête alors que tu décides de te dire que ce sont des sornettes. Plus facile à croire. Tu vas te réveiller, complètement à côté de tes pompes, dans les toilettes miteuses d’un bar. Tu te rhabilleras, tu rentreras chez toi et voilà, ce sera terminé. Alors pourquoi il est là, lui ? Pourquoi tu n’es pas seule, Rahel, pourquoi tu dois trainer sa carcasse quand t’as l’impression que ton propre cerveau a déjà explosé ?

« On en ressortira un jour ? »
« J’en sais rien. »


Elle sursaute, en sentant un contact glacial contre sa jambe. Un sifflement lui répond et elle plonge, plonge, dans le regard du reptile, essaie de fermer les yeux mais ne peut s’y soustraire. C’est comme plonger dans un miroir, sauf qu’il n’y a pas de limites, pas de règles et qu’elle peut peut-être le toucher… Elle frissonne, mal à l’aise, parce que cette bestiole lui est familière, parce qu’elle lui fait un peu peur, elle lui rappelle avant. Quand elle s’engourdissait à tenir compagnie aux plaques du couloir, quand elle se faisait protectrice des murs de la cuisine et quand elle se faisait spectatrice des scènes qui lui trouaient le cœur. Des petites aiguilles, minuscules, comme des cavités creusées au vitriole qui traçaient un chemin sanglant dans son cœur.

La fille à l’âme trouée, au cœur rongé par l’acide, à l’apparence baignée par le froid. Ça te va si bien que tu as envie de rire mais tu te retiens et tu te tournes à nouveau vers Ethel, parce qu’il n’y a que lui. Tu ignores la salamandre qui l’accompagne parce que ça voudrait dire qu’il y a une logique quelque part, que ces choses vous suivent, que vous êtes ici parce qu’il fallait que vous le soyez et que c’est pas un cauchemar. A la place, tu te répètes, tu le pousses à bout. C’est ce pourquoi tu es la plus douée.

« Et on fait quoi… maintenant ? »
« J’EN SAIS RIEN. »


Elle rit, ouvertement, ne bouge pas de sa position fixe, statue de marbre coincée dans ce monde nouveau. Mais il est là. Il est là, quoi qu’elle se dise, c’est la seule base qui lui reste. C’est le seul point d’ancrage, la seule source de cette chaleur destructrice qui lui est familière. Le reste est inconnu. Le reste lui fait peur et son propre calme l’assassine.

Tu te dis heureusement qu’il est là. Parce que lui, peut hurler son irritation. Parce que lui, tu n’auras pas de scrupules à l’entrainer, peu à importe où, juste pour tomber, tomber, tomber et tant pis si cet endroit n’est pas la vraie fin, vous vous y détruirez.

« Subissons, alors. »

C’est tout ce qu’il lui faut, vraiment. Juste lui, à ses côtés, de quoi pouvoir foutre sa vie en l’air.

« Bien sûr, ta gueule. »

Et les mystères, et les portes qui s’ouvrent, et les univers qui naissent du chaos, on s’en fout.

Tant que je peux mêler ta souffrance à la mienne dans le feu d’artifice final.

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