Le petit bruit si singulier de la porte qui se referme brise pendant un instant le silence qui règne. La jeune fille ouvre de grands yeux étonnés face à ce décor. Elle n’a jamais rien vue d’aussi beau. Elle s’avance, quelque peu hésitante sur le fait de fouler le riche tapis rouge qui se trouve sur le sol. Hélia tourne doucement sur elle-même, observant les tableaux aux murs. Elle aimerait tellement se rendre dans les lieux qu’ils représentent. Elle aimerait tellement pouvoir refaire sa vie à zéro pouvoir tout recommencer. Et elle ne serait plus jamais aussi faible qu'elle l'avait été. Elle deviendrait forte à nouveau et plus personne ne la dominerait. Elle aimerait renaître. Tout simplement.

Suivant le parterre pourpre, elle se retrouve devant un imposant escalier. Gravissant quelques degrés, elle prend de la hauteur pour mieux observer les lieux. Les tapisseries sont sécurisantes, elle se sent bien. Elle ne s’est jamais sentit bien dans une habitation. Le seul endroit qui peut prétendre à ce titre n’est autre que les toits. Pourvoir observer le ciel obscur et rien d’autre, voilà ce qui lui fait se ‘sentir bien’.

Un panneau attire son regard émeraude. Elle se dirige vers celui-ci, ses pas légers produisant un bruit qui se répercute contre les murs. Elle s’approche et reconnait des notes ainsi que des photos accrochées au panneau. Son doigts glisse sur les photos qu'elle frôle alors que ses yeux déchiffrant les écritures qui se sont parfois effacées. Son cœur accélère alors qu’elle se répète que tout ce qui est raconté n’est tout simplement pas concevable. Elle se retourne subitement et se met à courir vers la porte de bois massif, prise d’une montée d’adrénaline. Elle la pousse mais celle-ci ne bouge pas d’un millimètre. Elle la tire alors mais le résultat est le même. Hélia frappe le bois, laissant un cri s’échapper de ses lèvres fines. Elle est enfermée. Et elle déteste ça. Elle s’énerve quelque instant contre la seule entrée qu’elle voit et fait subitement volte-face. Tournant en rond, elle réfléchit, se forçant à rester calme. Un cri de rage cette fois retentit. Elle ne peut être enfermée. Elle ne supporte pas d’être enfermée. Le sentiment de sécurité qu’elle ressentait disparut, laissant le sentiment d’être prise au piège. Comme un oiseau en cage. Elle s’immobilise et ferme doucement les yeux. Inspirant et expirant lentement, la jeune fille se répétés mentalement qu’il y a forcément une solution.

-Il y a toujours une solution. Il y a toujours une deuxième fois, une nouvelle alternative.

Sa voix devenue murmure raisonne comme faux à ses oreilles mais elle s’oblige à croire à ses propres paroles. Après tout, elle est devenue une experte dans le fait de se mentir à soit même. Et dit croire.

-On a toujours le choix…

Cette dernière phrase sonna comme une supplication. Et elle eut peur. Et pour la première fois, elle se l’avoua. Et elle sentait que c’était le début de la fin. Indéniablement.

Un vague courant d’air heurta sa joue alors que son regard fût attiré par une chose qui s’élançait vers l’escalier. Aucun sursaut ne vint la secouer, elle fixait placidement la forme écailleuse qui disparut rapidement. Et puis une voix fendit l’air, brisant le fil de ses propres pensés. Perdu ? Elle était complément égaré, plutôt. Elle ne savait plus où elle se trouvait, tous ses repaires avaient volé en éclats en même temps que sa si précieuse liberté. Hélia tourna son visage vers le jeune homme qui se contentait de la fixer, les mains négligemment dans ses poches.

-Nan, en fait, je faisais une petite ballade de plaisance mais bon, j’étais un peu fatiguer alors je me suis dit « Tiens, pourquoi ne pas observer ce fabuleux décor ? ».

Crétin. Bien sûr qu’elle était perdue. Elle venait juste de se retrouver enfermé dans une maison qui refusait de la laisser sortir. Elle était perdue en plein cauchemar. Et elle souhaitait à tout prix se réveiller mais peu importe le nombre de fois où elle se pinçait discrètement, elle ne se retrouvait pas miraculeusement endormit sur un banc dans un parc publique. Sa réponse était certes sarcastique, mais elle n’avait pût s’en empêcher. Elle était désappointé, énervé et –surement le pire- elle avait peur. Elle avait peur de ne plus jamais retrouver cette liberté qu’elle adulait tant.

Passant une main dans ses cheveux pour se redonner contenance, Hélia se dirigea vers le jeune homme pour finalement s’arrêter à quelques mètres de lui. Pas un sourire ne vint éclairer son visage, aucune émotion ne pouvait y être décelé, elle se contentait de le fixer. Pourquoi ? Pour rien. Elle ne savait juste pas quelle réaction adopter. Elle hésitait entre le rire et les pleurs, de prendre ce qui lui arrivait du bon ou du mauvais côté. Après tout et d’après ce qu’elle avait compris, elle serait nourrit, loger et blanchit ici. Donc fini la vadrouille et les petits vols pour subsister. Mais tous cela se payaient au prix de ses ailes.

Un soupir s’échappa de ses lèvres sans qu’elle n’y prenne conscience. Elle détourna son visage pour observer une nouvelle fois son environnement. Et un nouveau détail attira son regard. Une sorte de léopard mais beaucoup plus petit s’approchait à pas feutré d’elle. Elle jeta un coup d’œil surpris au gars à la capuche avant de revenir vers le petit félin.

-Moi, c’est Eïko !

La bouche d’Hélia se rouvrit pour se refermer presque aussitôt sans qu’aucun son ne puisse en sortir.

-Mais c’est quoi ce délire ?!

Depuis quand les animaux parlent ? Et depuis quand les maisons enferment toutes personnes qui y pénètre ? C’était quoi cet endroit de fou ? Et surtout, qu’est-ce qu’elle faisait là ? Elle n’avait pourtant rien fait de mal… enfin… rien fait de si mal… Et après, on voulait lui faire croire que le bon dieu existait !