Les oreillettes en contacts avec les tympans, la trompe d’eustache souffre de cet apport massif en décibels. Il y’en a bien trop mais il faut ce qu’il faut pour s’enfermer complètement. Ces oreilles appartiennent à notre Tina qui avance d’un pas tranquille vers une grande bâtisse dans un coin arrière de la ville. C’est d’ailleurs une ville où elle vit depuis de nombreuses années, mais elle ne le connaissait pas. Peut être par ce qu’elle ne visite toujours qu’un seul et unique endroit et reste, le reste du temps, dans l’appartement familial. Mais a présent, cela va changer, du tout au tout. C’est pour quoi, avec sa valise, son sac à dos, sa pochette à dessin ainsi que l’étui de son violon, la jeune femme passe le portail du « Pensionnat Interdit. » Les mains dans les poches de son sweat aux couleurs sombres, elle regarde autour d’elle. Regarder, observer, noter minutieusement tout ce qui ce passe, elle a apprit à le faire depuis plusieurs années déjà. Remarquer les changements subits dans le comportement des autres, de l’environnement, et même de soi.

D’ailleurs, ce dernier point est tout a fait bienvenue car a peine avait-elle passer les grandes grilles, qu’un picotement dans la poitrine se fit sentir. Comme un coup d’électricité, une sorte d’animation qui est fort difficile à expliquer et qui peut paraitre étrange d’un œil extérieur. Laissant cela dans un coin de son cerveau, la jeune demoiselle monte tant bien que mal les marches qui l’a mèneront surement au hall d’entrée. Mais ce n’est pas si aisé que s’en a l’air, surtout avec toute ses affaires. On dirait presque qu’elle va emménager ici. Elle ne reste pourtant ici qu’une année, tout au plus. Evidemment.

Après de longues minutes, enfin en haut, elle se retourne quelques instants pour regarder les lumières de la ville s’allumer peu à peu, au loin. Arriver en fin d’après midi, début de soirée est un bon moyen pour éviter toutes les foules. Et puis, il ne fait pas trop chaud et c’est bien plus confortable pour s’acheminer jusqu’ici. Mais bref, il faut aller poser tout ca et prendre une bonne douche. Parce que transpirer pendant des heures dans les même vêtements, c’pas ce qui a le plus discret comme façon d’arriver. Pour se faire, Tina pousse du pied une grande porte et se faufile a l’intérieur. Plusieurs secondes furent nécessaire pour s’habituer à la luminosité des lieux. Le décors est un peu … hors du temps. On dirait une pièce de théâtre, genre vieux manoir. Même l’intérieur, enfin, j’veux dire, vu de dehors, ça semblait assez cool, mais elle ne pensait pas que c’était dans les même tons au-dedans.

La musique encore dans les oreilles en compagnie d’Eustache, elle avance près d’un grand panneau d’affichage avec nombres de papiers, d’annonces. Certains sont colorés, d’autres punaisés, divers et variés.

Oui, il est gros, et alors D:

Euh… Ouai. Les écouteurs dans les doigts, elle hausse un sourcil devant ces quelques mots. Une blague pour les nouveaux ou des personnes à l’imagination plus ou moins douteuse ? Haussant un sourcil, elle se retourne, gardant en mémoire tout ce qu’elle a vu et lu. Tina se demande alors ou aller. Les yeux aux aguets, elle cherche l’accueil où elle pourra alors finir son entrée dans cet établissement. Ce qu’elle ne vit pas encore, ce fut le loup gris qui la guette depuis la porte d’entrée et qui la suit discrètement.

La demoiselle est de nouveau près de ses sacs, retenant l’étui de son violon qui commençait à glisser du mur ou elle l’avait posé. S’accroupissant, elle regarde ses affaires sans un mots, sans un geste, simplement en posant ses prunelles pales sur le tas d’affaires. Sa vie se résume alors à cela, à quelques sacs, des cahiers, des vêtements, un violon ? Un soupire passa tout de même ses fines lèvres alors qu’elle se relève, un sac pendu à son épaule. Il fallait trouver un adulte, quelqu’un de responsable pour s’occuper de son arrivée. Tina aurait aimé s’en occuper seule mais elle doute fortement de pouvoir se repérer avec aisance dans cet endroit. Son regard se leva, cette fois. Le plafond est haut, des couloirs un peu de partout, des portes ouvertes, d’autres non. Un vrai labyrinthe qu’elle refuse d’explorer aujourd’hui.

Et puis… depuis son arrivée, quelque chose la tracasse. Un sentiment d’être dans une mauvaise posture. De plus, le mot sur le panneau d’affichage n’as pas l’air d’être une blague de collégiens. Y’avait-il des personnes plus ou moins… saines d’esprits ici ? La demoiselle passa une main dans ses cheveux, remettant quelques mèches en place avant de pivoter. A ce même moment, un son parvint à son oreille. Elle n’est donc pas seule ici, c’est une bonne chose. La tête légèrement penchée vers lui, elle l’observe. Un jeune homme avec un regard assez captivant. Oui, c’est la première chose qu’elle remarque chez lui. Un style simple mais efficace, elle avance en laissant ses mots se répercuter dans son esprit.

[« tout ce qui est écrit sur ce panneau d’affichage est bel et bien véridique maintenant que la porte s’est refermée » se répète-t-elle.

Un haussement de sourcil naquit sur son visage, peignant alors son expression d’ordinaire placide en une mine confuse. Un animal allait lui parler ? Son alter ego ? Ce n’est pas ce qui nous symbolise, nous illustre ? L’incarnation animale de notre personnalité ? Comment est-ce possible ? Et qu’est-ce donc cette histoire de pouvoir ? Allons, on fume couramment ici ? D’un mouvement machinal, Tina met en veille son mp3, coupant ainsi un triste titre. Pour le moment, elle doit s’occuper de son installation et de sa rencontre fortuite avec un des pensionnaires, semble-t-il. Les doigts de sa mains droites pendus à un passant de son jean, elle lui répond.

«  Et évidemment, une fois dans ma chambre, j’y trouverais un Lapin rose qui me dira bonjour ? »

Tina fait un pas en avant, le visage de nouveau fermé. Pourtant, l’incompréhension se lit sur ses traits ainsi que la perplexité. Elle n’a pas peur non, mais c’est un peu farfelu comme délire non ? Mais peu importe, du moment qu’elle peu passer son année ici. Reprenant la parole, elle demande d’un ton plus poli que précédemment.

«  Vous pourriez m’indiquer l’accueil ? J’aimerais poser mes affaires et m’installer rapidement. »

Sa phrase finie, son regard fus attiré par un mouvement derrière le jeune homme. Une queue canine, à première vue. Son sang se figea et fus parcourus d’un long frisson. Ca ne pouvait pas être vrai, cette histoire est totalement fantasmagorique.

Un rêve ? Une illusion ? Un délire éveillé ? La demoiselle reste assise pour le moment, voulant reprendre le contrôle complet de son corps et attendre correctement que son mal de tête aille voir ailleurs. Dans ses doigts fourmille l’envie de création. C’est semblable à l’envie que l’on a de frapper quelqu’un quand la colère nous envahit. Vous n’avez jamais ressentit ce fourmillement, cette vibration au bout de vos doigts ? Mais pour le moment, il faut la garder en simple sensation, ce n’est guère le moment de sortir son carnet à dessin dans un couloir avec un loup et un jeune homme autour. Cela ferait un bien étrange tableau non ? Pour elle, oui et surtout, si quelqu’un passe dans le coin, ca ne pourrait qu’attirer l’attention sur elle et ce n’est pas le but qu’elle s’est donné en acceptant d’entrer dans cet établissement.

Alors prête à se relever, gardant le contact avec ses pensée à l’aide du touché avec cet animal qu’elle caresse dans le même temps, elle remet son tee-shirt comme il faut. Et c’est à ce moment que Mickaël répond à sa question. Une réponse des plus… étranges mais qui ne détonnait pas du contexte actuel. C’est sur, y’a un truc qui cloche mais soit, acceptons les choses comme elles sont. Elle réglera les problèmes de sa tête quand elle sera seule dans sa chambre, au moins, elle n’aura pas l’air d’une folle. Et puis, si tout le monde avait un Alter, ou s’est qu’il est celui de son vis-à-vis ? Penchant son visage sur la gauche, elle le détaille brièvement avant de soupirer. Ce n’est pas le moment, encore. Et oui, elle souhaite toujours aller dans sa chambre.

«  Oui, ma chambre. M’installer sur quelque chose de moins dur me fera le plus grand bien. »

Et la demoiselle ne releva pas cette histoire de pouvoir. Faut se calmer un peu hein, une information à la fois et ce loup, c’est déjà pas mal. Beaucoup, même. Trop ? Peut être pas non plus. Se relevant donc, elle se rhabille encore en mettant sur ses épaules ses affaires. Plus rien ne traine, tout est bon, elle peut le suivre. Les dortoirs, premier étage. Ca ! C’est une information tout à fait normal et qu’elle imprime rapidement dans son esprit. Le prouvant, elle avance vers cet escalier qui la mènera donc vers son antre. Alors que ses jambes se passent devant l’une de l’autre, d’une main libre elle range les écouteurs qui pendent, libres et encombrant, dans la poche de son jean. Elle ne se retourne pas, ne dit rien, regarde seulement le point ou les marches disparaissent dans la promesse d’un autre endroit tout aussi étrange que celui de départ.

En silence, elle en gravit une, deux, trois, quatre. Assez rapidement, pressée de se poser. Une douche aussi ? Pourquoi pas. En haut, finalement, elle pose un sac qui lui fait mal depuis le temps qu’elle le porte. A ce moment, Tina se retourne pour regarder les escaliers. Mick et… Le loup la suivaient. Alors arrivés en haut, l’animal passa près d’elle, se frottant d’un seul mouvement à ses jambes. Pour continuer son chemin dans le couloir, comme pour prendre ses marques. Un peu comme elle. Reportant son attention sur Mickaël qui l’aide gentiment avec son sac, elle lui fait la place dans le couloir.

«  Merci de m’aider avec mes affaires. Et....Non, rien. »

Elle aurait voulu s’excuser pour son bref comportement de tout à l’heure, mais n’ayant complètement compris ce qui se passait, elle voulait éviter de remettre ca sur le tapis, pour le moment. Peut être aurait-elle des questions une autre fois. Et, alors qu’elle allait lui poser une question d’ordre administratif, un grognement se fit entendre dans le couloir. Tina se retourne, personne, pas une trace d’une autre présence mis à part celle du loup. L’animal est devant une porte, un peu plus loin dans ce couloir. Sa queue se balance un peu plus rapidement. Tina avance et arrivée à sa hauteur, remarque son nom inscrit avec d’autre.

« … ma chambre, je suppose. »

Elle se retourne de nouveau, a croire qu’elle ne fait que ça aujourd’hui et fait un signe à Mick.

«  Il semblerait que je sois ici. Avec d’autre personnes. »

Tina murmura les derniers mots avec une certaine déception. Ses parents, eux, se réjouiraient de savoir qu’elle ne serait pas seule et que peut être, arriverait-elle à se faire des amies. Mais Tina, moins elle interagis avec les autres, mieux elle se porte. Attendant que le jeune homme arrive avec son sac, elle adresse quelques mots à l’animal.

« Pressé de te poser toi aussi à ce que je vois. » puis lève la tête pour Mick. «  Me semble que c’est ici. Et t’as chambre, où est-elle » ?

Quoi ? Rien d’étrange sous cette question. Seulement, c’est la première personne qu’elle a rencontré et ne savait toujours pas ou se trouvait l’accueil . Fallait bien qu’elle ai des repères non ?