Et l'on serpente à la surface,
Négligeable bagatelle,
Candidate forcée à l'hécatombe perpétuelle,
Ouvrons la chasse aux mécréants qui n'ont jamais goûté l'opium,
Sensé faire de nous des hommes et des mères pour nos enfants,
Alors on brûle on brûle on brûle, on accumule autant d'émules,
De peuple en peuple, de ville en ville, pendant que les théocrates dealent. Il faisait beau ce jour-là. Le soleil brillait dans le ciel, malgré quelques nuages. Une brise fraiche parcourait les rues, chatouillait les feuilles des arbres et finissait sa danse tranquille dans les cheveux d'Aly.
Les oiseaux chantaient leur chant mélodieux, mais la jeune fille ne les entendait pas. Elle préférait écouter sa musique et lire le dernier livre que sa mère lui avait offert.
On était samedi. Cela faisait deux mois que l'accident était passé. Les souvenirs étaient toujours à vif, ainsi que la douleur, tant moral que physique. Elle pleurait tous les soirs, ou pendant la nuit.
Maman...L'astre solaire caressait la peau pâle de l'adolescente, pendant que les mots s'inscrivaient dans sa tête et que les paroles se mélangeaient à ceux-ci. Quelquefois, elle chantait un texte en mélangeant des paroles, aussi naturellement que l'on aurait pu croire que la jeune fille connaissait une parole par coeur, mais son fou rire à la fin nous apprenez que ce n'était qu'invention.
Je n'sais plus qui je suis
Je tremble un peu, je prie
On m'aimait bien dans ma rue
On me juge dans mon pays Comme avant... Non, rien ne sera plus jamais comme avant, mais ne t'inquiètes pas Maman, je continuerais ma vie, même si vous me manquez cruellement. Je t'aime. Je vous aime. Aly adressait souvent, une de ses prières muettes à sa mère, rarement à son père qu'elle n'avait pas connu.
Elle soupira et referma son livre, en le marquant d'une brindille d'herbe.$
Elle avait réussi à s'asseoir à terre, entourée de cette herbe verdoyante, de fleurs et adossé contre un bel arbre. Son fauteuil était juste à côté d'elle.
La musique déferlait toujours dans ses oreilles.
Comme à son habitude, elle joua avec sa chaîne, son regard dans le vide. Elle sourie, seule.
Jasmine était allée à son cours de danse et Alice n'était pas en France. Quant à Etienne, il était parti aussi. Aly avait hâte de le revoir.
Quelques gouttes de pluies arrivèrent et s'écrasèrent dans le creux de sa poitrine. Elle releva la tête. Une autre s'écrasa près de son oeil.
Il va falloir que je rentre...Aly s'aida de l'arbre et se remit debout. Ses jambes tremblèrent. Elle ne dû faire qu'un pas pour se laisser tomber dans son fauteuil. Avant de lire, elle avait travaillé longtemps et maintenant, une fatigue c'était emparé de ses membres inférieurs.
Elle laissa le livre sur ses genoux et se mit en chemin, tranquillement. Ce n'était pas deux trois gouttes qui lui feraient peur !
Mais bientôt, ces quelques gouttes se transformèrent en une terrible averse. Aly était trop loin de la Résidence pour s'y réfugier, mais tenta quand même d'y parvenir. Elle protégea le livre en le glissant sous son T-shirt
ça limitera les dégâtsAly regarda le paysage qui changeait. Les oiseaux avait cessé de chanter. La nuit avait couvert la ville de son manteau noir et un orage grondait au loin.
La brise était devenue un vent violent qui soufflait, criait, hurlait des mots, des songes incompréhensibles.
Des gens courraient sous la pluie. Des amoureux mains dans les mains, une mère de famille criant sur ses enfants pour qu'ils se dépêchent de rentrer au lieu de jouer dans les flaques d'eaux, un papy qui essayait de s'abriter dans un magasin, feignant le besoin urgent d'acheter une nouvelle paire de talons pour sa femme.
Il y avait aussi elle, essayant tant bien que mal d'avancer, malgré ses mains glissantes et le froid qui pénétrait dans sa peau.
Elle baissa le torse pour essayer de protéger son livre et son MP3, rangeait sagement dans la poche de son jean.
Quelle idiote, si je n'avais pas oublié mon portable, Pascal aurait pu venir me chercher ! Elle n'avait pas non plus d'argent pour prendre le bus. Il fallait donc continuer.
Au détour d'une rue, la jeune fille se trompa de direction et continua sa route, sans remarquer son erreur
Ce ne fut que quand elle se retrouva devant une grande bâtisse qu'elle vit qu'elle n'avait pas pris le bon chemin. Elle n'était pas de nature tête en l'air pourtant.
La pluie ne cessait de déferlait. Il y eu bientôt des ruisseaux qui traversaient la ville pour finir leur course dans la rivière.
Elle resta quelques instants devant le portail rouillé qui fermait la propriété, puis y rentra, en poussant tant bien que mal ce portail.
Arrivée à la porte, elle toqua trois fois puis attendit.
Rien. Le silence.
Elle frappa de nouveau
Aucun son. Aucun bruit.
Elle finit par entrée dans l'étrange bâtiment, aux allures presque terrifiante, sordide et froid, sans doute à cause de l'orage et de la soudaine obscurité.
Quel ne fut pas sa surprise en découvrant un immense escalier et des tableaux, un peu partout. Une décoration soignée, de grandes fenêtres.
La porte se referma lentement, dans un grincement sonore et lugubre. Le dernier bruit qu'entendit Aly fut un « clac ».
Elle ne se retourna pas pour autant. Son casque était posé sur ses épaules, la musique éteinte.
-
Il y a quelqu'un ? demanda-t-elle.
Personne ne lui répondit.
L'adolescente continua d'avancer, laissant derrière elle une trace plus foncée. La trace de deux roues.
Elle ne fit guère attention et en moins d'une poignée de seconde, se retrouva à terre, sonnée, son fauteuil s'étant renversé sur le côté, elle-même sur le dos, se frottant la tête.
Il y avait un plis dans le tapis, qu'elle n'avait pas vu et qui avait provoqué sa chute.
Si quelqu'un me trouve comme ça... Elle se dépêcha et rampa jusqu'à son fauteuil, essayant de se rassoir...