Alizée poussa la porte de toutes ses forces, aussi rapidement qu'elle le pût. Puis, dès qu'elle fut à l'intérieur, elle s'empressa de la refermer. Elle avait dû s'y mettre à deux mains, mais au moins maintenant, elle était tranquille. Elle s'accorda quelques minutes pour reprendre son souffle. Après cette course poursuite, elle était épuisée. Elle appuya son dos sur la porte et se laissa doucement glisser jusqu'à se retrouvée assise par terre, haletante, à bout de souffle. Et elle se mit à rire. Un petit rire, qui se voulait plus amusé que nerveux. *J'ai eu de la chance*
Il faut dire aussi qu'elle avait passé une journée pleine de surprise. Elle ignorait que ce pleurnicheur était le fils d'une "cocotte", comme elle aimait le dire. Du coup, ça devait faire une bonne demi-heure qu'elle courait sous la pluie pour leur échapper. Et heureusement, il n'avaient pas osé lâcher les chiens. Sinon, elle ne donnait pas cher de sa peau. Echapper à une bande de cocottes dodues, c'était simple... Mais fuir une bande de chien enragés, c'était dingue. Remarque, ça l'aurait fait bien marrer qu'ils osent. Ca aurait été plus fun. Mais bon, ce qui est fait est fait, et elle avait été bien contente de trouver ce manoir sur son chemin. Au moins, elle pourrait s'y réfugier le temps qu'il faudrait... Elle espérait seulement qu'ils ne l'avaient pas vu entrer, ou qu'ils auraient la trouille de s'aventurer dans la maison, qui avait vraiement l'allure d'une maison hantée vu de l'exterieur. Mais bon, elle n'allait pas chipoter. Une fois remise de ses émotions, elle se leva, s'ébroua comme l'aurait fait un chien, ce qui ne servit pas à grand-chose, elle était toujours trempée jusqu'aux os, et entreprit "d'explorer" un peu l'endroit où elle avait atteri. C'était une grande pièce très chic, qui laissa Alizée sans voix. Elle n'avait encore jamais vu une chose pareille avant aujourd'hui... Il y avait vraiment des gens qui habitaient ici? C'était qui le proprio, Crésus? L'Empereur de l'Univers? Il faut dire que quand tu as passé ta vie dans la rue, un endroit pareille. Elle se reprit tout de même. Si les propriétaires n'étaient que des aristos sans coeur et sans cervelle, il vaudrait mieux pour elle ne pas trop traîner, et partir avant qu'ils se rendent compte qu'elle était entrée. *Remarque... Ils ont laissé la porte ouverte, ils avaient qu'à la fermer, ça sert à ça les verrous... Et puis, ça peut être drôle, je me demande à quoi ressemble une maison de riche de l'intérieur...*.
Son attention fut alors attirée par un tableau à sa droite, où étaient accrochés des mots. Elle s'approcha un peu et tenta de déchiffrer ce qu'elle voyait. Malheureusement, elle n'était jamais allée à l'école et ne savait donc pas lire... Gros inconvénient, surtout qu'elle était très curieuse de savoir de quoi parlaient ces bouts de papier.

-Tu veux peut-être que je te lise ça...

Elle sursauta, surprise. Qui avait bien pu parler? Elle n'avait entendu personne arriver pourtant... Elle chercha la source de la voix avant de découvrir un corbeau, debout à côté d'elle, en train de la regarder. Il lui disait quelque chose... Mais oui, maintenant elle s'en souvenait! Ils s’appelait Sigmund et c'était son meilleur ami lorsqu'elle était petite... Comment avait-elle pu l'oublier! Elle l'attrapa et le serra fort contre elle, un peu comme on sert une peluche. L'animal commença à étouffer et déclara, légèrement embarrassé:

-Oui, bon... Moi aussi, je t'aime bien... Si tu pouvais me lâcher maintenant... Comme ça, je pourrais te lire ces messages.

Elle le lâcha à contrecœur et il commença à lui lire lesdits messages, après avoir pris le temps de reprendre son souffle. Les messages laissèrent Sigmund perplexe, mais Alizée, elle, était incroyablement enthousiaste.

-Cool! J'ai un pouvoir? C'est trop ouf!
-Calme toi, ce n'est peut-être qu'une farce...
-Mais le mot dit que non!
-Bon, eh bien pour vérifier, essaies donc d'ouvrir la porte...

Elle se dirigea donc vers la porte et tenta de l'ouvrir... sans succès. Elle en fut contente pourtant. Après tout, pour la première fois depuis longtemps, elle avait un toit sur la tête, un abri, et peut-être des amis stables, qui sait? Et puis, si c'était si dangereux ici et si bizarre, tant mieux! c'était si excitant! elle agrippa Sigmund, le plaqua sur son épaule et se mit à courir jusqu'à la port la plus proche. Le pauvre Sigmund, ballotté dans tous les sens, ne put s’empêcher de demander:

-Mais qu'est-ce que tu fais?

Elle se contenta alors de répondre, totalement surexcitée:

-Je pars pour l'aventure!