It's a jail ?! Oh shit... !
«  Ah, c'est bien ma veine... me voilà coincée. »

Il y a quelques instants encore, j'étais dans l'usine qui nous sert de refuge à mes hommes et moi. J'étais blessée, à la maison, et j'ai trouvée un rideau donnant sur un couloir, là où il n'y avait auparavant qu'une simple fenêtre nous offrant la vue sur une horrible usine d'aliments pour chien. Alors comment j'ai pu atterrir dans cette forêt ?! J'aimerais qu'on m'explique là !! Et où est passé ce foutu rideau ?! Je suis juste sortie du couloir, et bam ! Me voilà qui atterrit en pleine forêt ! Je dois être en train de rêver, y a pas d'autres explications.
Non attends, je peux pas rêver puisque j'ai mal. Et dans les rêves, la douleur est inexistante non ? Donc, je suis bel et bien réveillée. Alors là, il faut m'expliquer comment c'est possible. J'ai jamais cru en la prestidigitation. Je me suis vraiment déplacée. J'en suis certaine. Mais comment c'est possible ? La téléportation, ça existe pas encore pas vrai ?
Oh ma tête... trop de questions en même temps... où est Timothy quand j'ai besoin de lui ?
Bon attends, reste calme Malicia. La première chose à faire, c'est de regarder autour de toi pour voir s'il n'y a pas une maison ou quelqu'un pour t'indiquer où tu es. Et ensuite, suffira de demander le chemin de Londres. Parce que c'est sûr que t'y es plus là !
Je me tourne donc pour regarder aux alentours. Mais la forêt s'étend à perte de vue. Peut-être qu'en avançant un peu... aïe !! Oh... j'avais oubliée que j'étais bien amochée... foutu rouquin...
C'est pas le moment de se lamenter. Allez, si j'évite de trop appuyer sur ma jambe droite et que je respire pas à fond, ça devrait le faire.
Y a de la lumière là-bas où c'est juste une illusion de mon cerveau désespéré parce que je meurs ? Non attends, si je mourrais je serais pas debout. Donc c'est bien de la lumière ! Génial, j'espère qu'il y a de quoi s'asseoir parce que je suis HS. Et toutes ces branches d'arbre que je dois esquiver plus leur racines, ça n'aide pas à avoir moins mal.
Faut vraiment que j'arrête de me plaindre, même mentalement. Je me fatigue moi-même, et c'est pas mon genre de me plaindre non-stop. Ni même de pleurnicher d'ailleurs. Allez, on se redresse, on arrête de faire la grimace à cause de la douleur et on avance normalement. Je peux le faire, après tout je réussissais à le faire quand j'étais gamine non ?
Inspiration, expiration, on reprend le visage neutre et dénué d'émotion qu'on a habituellement et c'est parfait.

J'avance et finit par me retrouver devant une espèce de manoir gigantesque. La porte me semble tout aussi immense, je me sens légèrement minuscule. Ça fait longtemps que je n'avais pas ressenti ce genre d'impression... s'en serait presque amusant si je n'avais pas la tête à autre chose.
En tout cas, la porte ne va pas s'ouvrir toute seule. C'est marrant, même si elle semble extrêmement vieille, elle ne grince pas ou autre chose, comme dans les films d'horreur. Ça aurait pourtant fait un hyper bon décor là !! Avec la forêt flippante, une porte qui grince, un cinglé psycho qui poursuit la pauvre jeune fille apeurée et... !!!
Erm... revenons à la réalité. C'est mieux. Je crois que j'ai dû recevoir un coup trop fort à la tête. Je devrais pas délirer comme ça, c'est dangereux pour ma santé mentale.

Bon, je vais cesser mes délires solitaires et observer les alentours. Vu que je connais pas l'endroit, la moindre des choses c'est de regarder autour pour vérifier qu'il n'y a rien d'hostile à ma présence.
Et je peux le dire : ici c'est la grande vie !
Clac !
Je sursaute, la porte a claqué derrière moi. Génial, j'ai l'air d'un animal aux aguets. Je tente d'ouvrir la porte, mais ça c'est verrouillé. Alors ça, c'est vraiment pas de veine. Faut que je trouve quelqu'un avec la clef pour ressortir, sinon j'en connais qui vont s'inquiéter de pas me voir revenir. Remarque, même à l'extérieur je saurais pas comment rentrer !
Je vois pas mal de gamins aller et venir dans cet espèce de hall. Ils se parlent ou s'ignorent, mais ils ont pas l'air de me remarquer. Pourtant, une étrangère qui débarque ça devrait être visible non ? Et c'est moi où y a vraiment que des gosses ?! Ah, j'ai rien dit. Je viens de voir passer un mec qui doit être plus âgé que moi. C'est sa baraque ? Non, je pense pas... sinon il devrait être plus imposant vu l'allure des lieux. Y a trop de gamins pour que ce soit une simple maison, donc c'est quoi ?! Une école ?! C'est officiel, je suis paumée !!
Je regarde autour de moi, y devrait bien y avoir quelque chose pour me dire où je suis ! C'est quoi ça là-bas ? Un panneau ? Ah ah !!
Voyons voir...
C'est pour les nouveaux pensionnaires cette affiche ? Donc ici c'est un internat ou une école. Vu que j'ai vu personne avec un cartable, je suppose que la première option est la bonne. En tout cas, la personne qui a écrit ça devait être de sacré mauvaise humeur vu le ton ! Ça me ferait presque rire tient !
Euh... c'est que ça commence à me déplaire ce truc... comment ça cet endroit est maudis et me retient comme si j'étais en taule ? C'est un gros délire ou quoi ? Et de la magie ? Sérieux ?
Remarque... maintenant que j'y pense il n'y avait pas l'air d'y avoir de serrure sur la porte...
Me retournant, je jette un coup d'oeil. En effet, il n'y a pas de verrou. Donc ça serait la seule explication du pourquoi la porte veut plus s'ouvrir.
Bon et bien, comme le dit ce bout de papier je vais devoir croire à tout.
Ah ! Comme si j'allais me laisser berner aussi facilement ! Je suis pas si naïve que ça quand même, et je vais pas me résoudre à me laisser enfermer comme ça !! Si cette porte veut pas s'ouvrir, je trouverais un autre moyen !
Mais en attendant, lisons la suite. Je vais peut-être « apprendre » autre chose d'amusant qui sait.
Tiens, voilà ! Un pouvoir ! Elle est pas mal celle-là ! Et un animal revenu de loin ? La seule bestiole à laquelle cette histoire me fait penser, c'est l'espèce de papillon noir de quand j'étais gosse. J'avais même pas encore rencontrée Cid à cette époque ! Pour dire à quand ça remonte !

« - C'est vrai, c'était il y a bien longtemps. N'empêche que je suis là maintenant. » murmure une petite voix dans ma tête.

Je me retourne brusquement, cherchant d'où proviens cette voix. Ça, c'est flippant, je le reconnais.

« - Tends ta main, que je me pose dessus plutôt. Parce que c'est pas de là où je suis que tu me verras. »

Et ça croit que je vais obéir docilement en plus ?! Non mais pour qui ça me prend ?!

« - Toujours aussi têtue. Enfin, c'est dans ta nature. Regarde moi, je me suis posé juste devant toi. »

Je regarde sur le panneau, et retrouve le papillon de mes souvenirs. Il est toujours aussi beau. J'en avais oublié jusqu'à son apparence, mais maintenant que je le revois je me souviens de chaque instant que j'ai pu passer en sa compagnie. C'était le seul à qui je parlais, le seul à qui je me confiais. Cependant, jamais je ne lui avais attribué de nom puisque je n'en avais pas moi-même.
Et puis un jour, j'ai cessé de le voir. Je ne me souviens même plus pourquoi.
Donc... tout ça... c'est vraiment vrai ?
Oh... merde...

« - Bon, tu y crois au moins maintenant. Écoutes, tout ce qui est écrit ici est vrai. D'ailleurs, tu découvriras bien assez tôt que tu n'es pas la seule prisonnière ici. Tu vois tous ces gens autour de toi ? Ils ont tous tenté de sortir d'ici. Certains ont bien des années derrières eux, et pourtant ils ont toujours la même apparence. Tu vois la fille là-bas ? Elle semble être plus petite que toi, et pourtant elle est bien plus âgée. Mais comme eux, tu finiras par oublier jusqu'à ton âge, même si ton apparence restera à jamais la même. » dit le papillon aux ailes sombres.

Mais je...

« - Tu peux toujours essayer de sortir tu sais. Mais ce serait t'épuiser pour rien. Regarde ces gens. Ils n'ont pas l'air trop malheureux ici non ? Tu devrais finir par te plaire toi aussi. Fais-toi des amis, ça t'occupera. »

Je retient un petit rire hautain. Moi ? Me faire des amis ? Même à Londres j'en avais pas. Quand Cid était là, j'avais un amant et des hommes. Quand il est mort, il ne me restait plus que les hommes dont je devais m'occuper comme si j'étais leur mère ! J'ai pas d'amis, j'en veux pas. En revanche, je peux me faire un mini-gang ici. Ou trouver des nouvelles marionnettes.

« - Fais comme tu veux, mais tout ce que je te demande, c'est de ne pas mourir. » fit-il avant de s'envoler.

Énigmatique ce papillon. Comme toujours. Mais s'il dit ça, ce n'est pas sans raison. Il n'a jamais parlé pour ne rien dire.
Bon, on dirait bel et bien que je n'ais pas le choix.
Je me retourne et lance un coup d'oeil circulaire.
Ma petite prison, je suis prête à t'affronter. Et ce sourire amusé qui naît sur mon visage promet bien des jeux à venir.