C'est pas possible, vraiment pas possible. Ça n'arrive qu'à moi ce genre de chose, je pousse une porte et pouf je me retrouve coincée ici. Je suis où d'ailleurs, c'est quoi c'est endroit ? Tout ce que je sais c'est que c'est sombre, froid et pas du tout accueillant.
J'ai l'impression d'être Alice au pays des merveilles, la curiosité est un bien vilain défaut, je n'aurais jamais du pousser ces lourdes portes et m'engager dans cette pièce humide et haute de plafond. Et comme si ça ne suffisait pas je suis toute seule sans personne à la ronde, enfin si bizarrement je suis suivie par Zéro, mon ami imaginaire d'enfance, ce grand loup blanc aux yeux vert et marron, il est exactement comme je l'avait imaginé. Je me demande bien d'où il sort je l'avait totalement oublié jusque maintenant.

C'est décidé je crois que je vais pleurer, j'ai fait le tour et ça a l'air encore plus grand si je prends les couloirs et on m'a toujours dit qu'il fallait que je reste où je suis lorsque je suis perdue... Mais personne ne viendra me chercher ici.
Tout a l'air vieux et délabré, un étrange panneau est posé dans un coin mais je n'ose même pas bouger d'un centimètre en plus pour aller regarder. Un vent glacial s'engouffre de sous la porte pour venir caresser mes jambes nues sous ma jupe rouge, faisant siffler des portes au loin et grincer les grands escaliers du fond, donnant un air à cette pièce encore plus glauque qu'auparavant. Au fond j'ai très envie de bouger et d'aller regarder s'il n'y a pas une sortie mais j'ai trop peur de me perdre ou de tomber sur des gens bizarres. Cet endroit doit bien être habité par quelqu'un quand même. Je me demande comment je n'ai pas pu remarquer cette entrée plus tôt, cela va faire un an que je me balade tous les soirs dans le bois près de mon école et je suis persuadée de n'avoir auparavant jamais remarqué ces lourdes portes.
Ma respiration s'accélère en rythme avec les battements de mon cœur, même si je ne suis pas trop défaitiste de base, là je ne vois aucune issue à mon calvaire si ça se trouve je vais mourir de faim, enfin plutôt de soif vu que l'on meurt de ça avant, ou alors que vais me piquer sur quelque chose et agonir lentement de la gangrène alors qu'un docteur maboul m'amputera pour mettre mon membre déchu dans du formol. Ou alors dans une autre vision je devrais peut être me mettre à chasser les insectes et petits mammifères afin de me nourrir, les cheveux et les ongles poussant rapidement, devenant sales et noircis.

Non ! Non et non, pas moyen. Il faut que je trouve quelque chose vite ou je vais devenir folle. Mais je me retrouve encore et toujours face au même problème : par où aller ? Car, si j'ai peur de rester là et de mourir dans d'atroces souffrances je garde l'ultime espoir que la porte s'ouvre alors que si je me perds dans de longs corridors ou des pièces vides il est certain que je ne reverrais jamais plus la lumière du jour. C'est triste d'en être réduite à un choix aussi minime, surtout lorsque cela concerne sa propre survie.
Je me balance d'un pied sur l'autre en attendant de décider quoi faire, me passant machinalement la main dans mes cheveux emmêlés et caressant du bout des doigts le pelage de Zéro, si ça se trouve c'est lui qui va finir par me manger ! Paniquant de plus en plus je ferme les yeux en gémissant, essayant de me calmer le plus possible, il y a toujours du positif dans chaque situation. Enfin, j’espère.

Cette lumière éblouissante, elle était si étrange... D'une couleur bleutée, elle guidait les pas d'Aiyana avec une facilité consternante. La jeune fille s'était instantanément arrêtée, avait regardé cette source d'énergie avec intérêt et se comportait à présent comme une somnanbule. Ainsi, elle ne pensait plus à rien, ni à ses querelles familiales ni à ce qu'elle pourrait envisager de faire ni à l'heure qu'il était, elle voulait simplement satisfaire sa curiosité. Elle continua alors à longer les murs, à apprécier le silence de la nuit et poursuivre son chemin. Lorsqu'elle fut arrivée à destination, elle remarqua de hautes grilles noires de fer forgé qui se dessinaient derrière le buisson épineux qui les surplombaient et soupira. En voilà une idée de s'amuser à l'escalade et de s'immiscer chez des inconnus. Mais après tout, c'était tellement excitant ! Elle grimpa donc sur la palissade et posa un pied sur le buisson avant de le retirer précipitamment. Inconsciente comme elle l'était, elle avait déjà réussi à se griffer. Quelle empotée parfois !

Enfin, après quelques minutes, elle se postait devant la bâtisse. La lumière blanche et bleue était toujours présente et s'intensifiait. Aiyana examina les grilles, elle étaient immenses et noires, sombres comme la nuit. Quand elle posa les doigts dessus, elle caressa lentement les finitions de celles-ci puis manqua de tomber au sol, les grilles s'étant ouvertes on ne sait par quelle magie. Elle racla sa gorge puis se décida à entrer, voyant que la lumière prenait forme, une forme d'animal. De l'endroit ou elle était, elle ne pouvait réellement l'identifier. Etait-elle endormie ? Etait-ce un rêve ? Et cette mélodie enchanteresse n'était-elle que le fruit de son imagination débordante ? Soudain son monde s'effondrait, elle ne reconnaissait plus rien. Telle une marionnette, elle avançait, les yeux rivés sur la porte d'entrée, faite de bois de chêne. L'animal semblait l'attendre... Pourquoi donc ?

Quand elle arriva, elle remarqua que c'était un chien.. ou plutôt un loup.

* Tout doux mon beau... *

" Tout doux mon beau ? Ne te rappelles donc tu pas qui je suis ? "

Aiyana se figea alors, ce majestueux loup blanc venait de lui parler ?! Et comment savait-il ce qu'elle pensait ? Prise d'angoisse, elle se jeta alors sur la porte et toqua sur la poignée à plusieurs reprises puis finit par entrer. Là, elle se retrouva dans un hall. Le tapis rouge la fit légèrement sourire. Si elle n'était pas aussi anxieuse, elle aurait déjà pris divertissement à imiter ces dames de la cour qu'elle haissait si profondément. L'endroit était cependant agréable à voir et à vivre, certainement... C'était luxueux mais la blondinette n'en était pas surprise et soupira.

* Mais que fais-je donc ici ? *

Elle prit tout de même du plaisir à voir que l'endroit était meublé avec goût et observa le lustre au plafond quand elle entendit une voix...

" Il y a quelqu'un ? "

Je suis complètement aux aguets, à l'affût de quelque voix que ce soit, et Zéro qui se moque de moi, ce loup a un sacré sens du cynisme pour un animal mais étonnamment je suis déjà énormément attachée à lui. Il est particulièrement grand pour un loup et ses yeux vairons ont une façon de vous fixer bien étrange.

D'un coup j'entends le bruit de portes et des pas qui approchent de la direction vers laquelle je me trouve. C'est donc dans un sursaut digne des plus grands films d'épouvante que j'accueille la tirade féminine qui semble sortir de nulle part.

"Il y a quelqu'un ? "

Ne me dîtes pas que c'est un fantôme, par pitié mais pas ça. Je ne sais pas quoi faire, me planquer dans un coin en retenant ma respiration pour ne pas être remarquée ou bien répondre à mes risques et périls ?
En même temps je ne peux pas rester ici et me cacher comme une fillette effrayée toute ma vie.

C'est à ce moment là particulièrement que j’aperçois au loin un autre loup blanc, totalement égarée je fais l'aller retour oculaire entre Zéro et le nouvel arrivant. J'ai beaucoup de mal à comprendre là, et mes yeux sont ronds comme des soucoupes à l'heure qu'il est... Je dois ressembler à un hibou.
Je chuchote donc à mon compagnon une phrase qui peut paraître comique et tout à fait ridicule mais vous ne penseriez pas pareil si vous étiez dans ma situation !


Et... évidemment ce dernier glousse comme si ce que j'avais dit était absurde, mais pas du tout ! Et le voilà qui me répond en plus.


Et à bien y regarder... En effet, ils ont la même couleur mais pas la même taille et le loup d'en face possède deux yeux de couleur identique. En clair, je viens de me faire sermonner par un loup, tout est normal. Attendez une minute, dans ce cas je me demande bien à qui ce loup appartient, finalement je ne me ferais peut être pas dévorer par Zéro mais plutôt par ce nouvel arrivant. Qu'une seule façon de le savoir s'impose, et c'est donc d'une voix claire que je réponds d'une voix claire à la personne qui avait demandé quelques minutes plus tôt s'il y avait quelqu'un.


Bon d'accord cela ressemblait plus à un appel au secours qu'à une tirade bien assurée mais c'est tout de même mieux que rien hein ! J'attends donc la suite des évènements avec appréhension, me collant inconsciemment contre le pelage chaud de Zéro qui semble plus curieux qu’effrayé.

Le silence était d'or dans ce hall somptueux. C'était frustrant de n'avoir aucune réponse et de ne voir aucune âme qui vive dans les parages. Aiyana ne pouvait vraiment décrire ce qu'elle ressentait. Elle n'était pas rassurée mais l'endroit avait quelque chose, un certain charme et un grand mystère qui l'empêchait de faire demi-tour. Et puis, il faut avouer que le vent qui soufflait au dehors et ce loup parlant n'avait rien de rassurant non plus. Elle observa alors les deux rambardes du grand escalier et s'avança du côté droit de celui-ci. Elle commença à l'emprunter quand elle entendit enfin une réponse. La voix était féminine, résolument jeune, presque semblable à la sienne. La blondinette se demanda en un premier temps si c'était quelqu'un qui habitait ici ou un spectre... après tout, elle avait bien entendu une mélodie tout à l'heure ? Et celle-ci s'était arrêtée à l'instant même ou elle avait franchit la porte du hall.. Curieux n'est-ce pas ? Finalement, que risquait t-elle, si elle ne venait pas à elle, ce serait certainement elle qui viendrait alors bon... Elle grimpa les marches une à une et regarda sur l'autre bord de l'escalier. Le loup blanc la toisait du regard, d'un regard intense. Ses yeux bleus brillaient dans la pièce qui n'était que peu éclairée et semblaient attendre un geste de la demoiselle or cette dernière se précipita d'atteindre le niveau supérieur. Quand elle fut arrivée, il était là, devant elle.


Celui qui lui faisait face n'était autre que Zéro, l'alter ego astral de Marica mais Aiyana n'en savait rien et l'avait pris, dans l'urgence de la situation, pour celui qui la suivait. Il riait à présent, d'un rire purement moqueur qui l'a rendit mal à l'aise. Epuisée de fatigue et de peur, elle s'effondra au sol et se posa en position foetale, les jambes repliées sur elle-même, tout en se répétant que tout irait bien. Soudain, elle sentit la présence d'un corps chaud contre le sien, et plus particulièrement contre sa hanche. Elle déplia ses bras et vit donc ce loup au regard océan. Il avait sa gueule sur son ventre, et lui portait la chaleur qui lui manquait. Subitement, elle se surprit à ne plus vouloir s'enfuir, à ne plus lui vouloir de mal et elle l'observa. Il était élancé, d'un blanc immaculé, et la regardait avec une grande sympathie. Il semblait affectueux. Il lui disait qu'elle ne devait pas s'inquiéter, qu'il lui fallait apprendre à gérer ses angoisses et son stress puis il rejoignit son confrère. Les deux canins s'examinèrent, faisant de nombreux tours de ronde. Pendant ce temps, Aiyana s'était aventurée un peu plus loin dans le couloir et remarqua un panneau d'affichage qui regorgeait de petites feuilles usagées ainsi qu'une jeune fille. Encore un peu secouée par tous ces évènements, elle tenta de s'approprier une voix qui se voulait calme et sûre.