Is it my blood ? Oops
«  Où sont les bandages ? »

Ça fait un moment que je vagabonde dans le pensionnat, sans vraie destination. Je me laisse aller, je veux juste visiter. Les regards des autres ne se posent pas plus d'une seconde sur moi, malgré ma tenue singulière. Mais bizarrement, ça ne choque personne. En ville pourtant, que je sois avec ou sans le gang, les gens me fixaient comme si je pouvais leur apporter des ennuis par ma simple présence.
Alors que je passe devant ce qui semble être le salon, je sens ma blessure se remettre à saigner. Et pas un petit saignement. Je jette un coup d'oeil rapide et constate que les bandages de fortune que Julie m'a fait sont rougis.

« - Et merde... manquait plus que ça. » dis-je dans un soupir las.

Il ne me reste plus qu'à trouver l'infirmerie, parce qu'il doit bien y en avoir une. Je suis pas la seule à me blesser ici quand même !
Je retire ma veste et la roule en boule pour la presser contre mon estomac. Celle-ci sera foutue, mais j'ai d'autres... oh... mes fringues... elles sont restées à l'usine. Comment je vais me fringuer ? Je doute qu'ils aient des pantalons chaînés, des bustiers dark et d'autres trucs comme ceux que je met. Bon... on verra plus tard, c'est pas vraiment l'urgence là. C'est où l'infirmerie ?
J'avance en tentant de dissimuler au maximum ma douleur, je sens venir les vertiges mais je tiens encore debout.

« - Tu es bien mal en point. » dis une voix sur mon épaule.

Je jette un regard avant de pousser un soupir et de marmonner que je suis au courant. J'entends un vague rire sur mon épaule puis un froissement d'aile. Ignorant volontairement son départ, je continue mon chemin. Quelques mètres plus tard, je le vois se poster devant moi. S'il veut encore se moquer de moi, ça va pas le faire.

« - Quoi ?! »
« - Ne me regarde pas comme ça et remercie moi plutôt. Je sais où est l'infirmerie. »
« - Sérieux ? Si c'est vrai j'te remercierais quand on y sera. » dis-je avec un sourire hautain
« - Je m'attendais à cette réponse. Allez, viens. Je vais t'indiquer. » répondit-il en se virevoltant.

Il se dirige avec sûreté, je sais qu'il ne ment pas. Ce n'est pas son genre. Il n'a pas dû changer avec toutes ces années. Nous montons les escaliers, passant devant une bibliothèque et ce qui semble être le dortoir. Ah, faudra que je trouve ma chambre aussi.

« - Tu rêvasses où tu me suis ? »
« - J'arrive. »

Reprenant la route, nous arrivons rapidement devant une salle où le panneau "infirmerie" est accroché sur la porte. J'ouvre sans frapper, la salle est vide. Je referme derrière moi et jette ma veste sur le sol puis ôte mon bustier avant de le jeter à côté. Je suis en soutien-gorge, mon pantalon n'a pas été touché par le sang. Quelle chance...

« - Tu n'oublies pas quelque chose par hasard ? »
« - Merci, et j'avais pas oublié. J'ai mal c'est tout. J'veux vite panser tout ça. »
« - Tu vas y arriver ou tu veux de l'aide ? »
« - Ça ira, j'ai l'habitude t'en fais pas. »
« - A bientôt alors. » fait-il en s'envolant par la fenêtre.

Je le salue de la main et m'avance vers une armoire contenant plusieurs flacons. Des noms bizarres y sont notés, illisible je n'ose pas les toucher. Vu l'étrangeté du lieu, qui sait si ces trucs me changeront pas en animal ! Ah, voilà ce que je cherchais : des bandages et des compresses.
Je retire les bandes ensanglantées et les laisses glisser au sol alors que je m'assoie sur la première chaise qui me tombe sous la main. Prenant une compresse, je la passe sous l'eau et nettoie mes plaies du mieux que je peux. Derrière moi, un des lits craque lorsque je laisse échapper un gémissement à cause de la douleur mais je n'y prête pas attention, trop concentrée sur les soins de fortunes que je m'applique.
Des pas résonnes sur le sol, et cette fois j'arrête ma main pour fixer la provenance des pas. Moi qui espérait qu'il resterais sagement dans le lit jusqu'à ce que je termine, c'est loupé. Baissant la tête pour faire mine de ne pas l'avoir remarqué, je reprends le nettoyage de mes blessures mais avec moins d'attention.
Il tire le rideau, dissimulant les lits occupés, je garde mes yeux fixés sur mes blessures.