Perceval était perdue, Perceval était tant de choses. Depuis combien de temps était elle ici ? Elle ne le savait plus. Désormais elle se contentait de contempler le paysage. La jeune fille avait cessé de compter les jours sans nourriture chaude, elle avait oublié ce qu'était la chaleur d'une maison et d'un bon lit. Au final, Percy ne regrettait rien. Pas même le fait d'avoir abandonné sa famille, ni même le fait d'avoir détruit toutes ses économies pour des choses aussi frivoles que ses piercings. L'adolescente en venait même à penser que si la mort venait la chercher, elle n'aurait pas peur de partir avec elle. Sa vie était fichue. Elle n'avait ni logement, ni nourriture, ni famille et aucun moyen de s'en sortir. Comment une gamine de dix-sept ans pouvait-elle s'en sortir sans diplôme et sans rien dans la vie ? Perceval n'avait plus confiance en elle, elle n'avait plus confiance en la vie qui l'avait trop souvent trahie. Ses yeux se fermèrent. L'endroit où elle était n'avait pas d'importance, la jeune fille ne voulait qu'une chose : s'endormir et ne jamais se réveiller.

Lorsqu'elle ouvrit les yeux, Perceval ne put s'empêcher d'être déçue. L'ironie dans l'histoire était qu'elle avait été réveillée par la chose qui allait certainement la tuer : La faim.
L'adolescente se redressa et examina son environnement, elle ne voyait rien. Tout lui semblait noir et sans grand intérêt. Au final c'était peut-être ça la mort. Percy se leva difficilement et tituba jusqu'à ce qu'elle retrouve un équilibre à peut-près convenable. Sa vue étant amoindrie, elle dut tourner à de nombreuses reprises la tête avant de se rendre compte de la présence d'un grand bâtiment. Prenant son courage à deux mains, elle s'avança vers la bâtisse, les mains refermées sur sa montre à gousset. Au fond d'elle, Perceval espérait qu'il s'agissait de la maison du paradis, qu'en entrant à l'intérieur elle découvrirait des gens qu'elle avait perdu au fil des ans. Et si il ne s'agissait pas de cela, la jeune fille espérait pour trouver de la nourriture abandonné par les anciens propriétaire et surtout un bon lit avec des couvertures chaudes pour se reposer.Pour la première fois depuis longtemps, elle eu l'impression que l'odeur de son frère émanait de la veste qu'elle portait, ce n'était qu'une illusion que l'espoir de la fin lui procurait, mais elle appréciait cette sensation. Son corps habituellement si lourd devint léger et la jeune fille se mit a courir vers la porte. Tout ce dont elle avait rêvé se trouvait peut-être derrière cette paroi, tout. Perceval pensait y retrouver des chevaliers d'antan, des rois et reines morts au combat ou dans la guerre, des soldats qu'elle avait tant vénéré durant son enfance, mais surtout Percy pensait pourvoir trouver Morgane.

L'adolescente poussa la lourde porte, l'impression de n'avoir plus de force avait disparu, la borgne avait ancré dans son esprit que la vie l'avait quitté et que toutes sensations telles la fatigue, la douleur ainsi que la faim n'était qu'une simple illusion, une mise à l'épreuve du ciel pour voir si elle avait la force de continuer. Sûrement devenait-elle folle, si elle ne l'avait pas toujours été. La porte s'ouvrit dans un grincement insupportable et la jeune fille se retrouva à l'intérieur du bâtiment. Elle fit quelques pas en avant et la porte se referma en claquant derrière elle, faisant sursauter son corps amaigri. Percy se retourna, une mauvaise sensation lui nouait l'estomac. Petit à petit elle comprit que ce n'était pas les portes du paradis qu'elle venait de franchir, mais celle d'une prison. Elle s'en rendit compte quand, en voulant ouvrir une nouvelle fois la porte, celle-ci ne bougea pas. L'adolescente se mit à crier à l'aide, mais les cris se perdaient dans sa gorge, elle voulut pleurer, mais les larmes ne coulèrent pas. Un bruit se fit entendre derrière elle, la faisant se retourner avec lenteur. D'abord, terrifiée par l'imposant animal d'argent qui se trouvait devant elle, Perceval se plaqua contre la porte, appuyant désespérément sur la poignée. Puis, détaillant avec attention la bête, elle se rendit compte qu'il s'agissait d'une vision, une vision qu'elle avait eu étant enfant. Le poil soyeux, la pureté de la lune se reflétant sur le pelage du loup ainsi que l'or dans ses yeux. L'imposante bête s'inclina légèrement devant la frêle adolescente.

« Bienvenue parmi nous Perceval»

Elle resta quelques instants immobile puis, suite à un grondement de son ventre, elle se ressaisit. Percy recommençait à sentir toutes les sensations désagréables qu'elle avait mises de côté lorsqu'elle avait osé espérer que la mort la vienne la prendre. Au final elle était en vie et qui sait, peut-être venait-elle de franchir les portes d'un enfer vivant. Ses yeux se levèrent sur l'animal d'argent.

« Merci.. Chronos. Prononça-t-elle dans un chuchotement »

L'imposant canidé lui fit signe de le suivre, sans un mot, Perceval s'exécuta et suivit l'animal en espérant avoir un repas et surtout ne pas finir en repas.