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 Des secrets à déceler et arracher [PV Emrys]

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Des secrets à déceler et arracher [PV Emrys] _
MessageSujet: Des secrets à déceler et arracher [PV Emrys]   Des secrets à déceler et arracher [PV Emrys] Icon_minitimeVen 10 Aoû 2012 - 15:00

« I don't really know where the world is
But I miss it now
»

Certains jours, elle se donnait l'impression de mourir. Avec autant de discrétion qu'il lui était possible, insidieuse, préférant ne pas s'attirer d'attention – pas trop, pas encore –, comme une lente infection, un mal fielleux, la mort la pénétrait, contaminait indolemment ses tissus – son coeur, l'entièreté de son être vacillant. Sa pâleur apparaissait alors inquiétante, les fossés déjà bleutés sous ses yeux se foncèrent ; elle n'avait jamais tant ressemblé à un fantôme que durant ces sombres périodes. Si à l'université ce fut une récurrente plaisanterie, en ces lieux cela prenait des airs de présage.

Mais chaque phase possède un pic comme une fin ; ainsi, elle émergea des eaux de l'horreur au terme de semaines infernales, au cours desquelles sa présence le lendemain était chaque soir mise en question, telle une volumineuse chape d'obscurité menaçant à tout moment de s'affaisser et l'envelopper. La ficelant, l'éteignant, prévenant tout geste, toute tentative de lutte – jusqu'à l'abandon, l'immobilité, la flamme étouffée.

Bien sûr, tout ne prenait place que dans sa tête. Elle rechutait, parfois. Passait des journées affreuses, terriblement vides – vide son ventre, vide son esprit, pleine sa tête. Les pensées tournoyaient, s'emmêlaient, se fondaient les unes les autres jusqu'à ne former qu'un amas de son grésillant, un nuage de moucherons à la désagréable persistance derrière son front. Puis elle allait mieux. Le peu de couleur qu'elle arborait d'ordinaire lui revenait. Ses yeux s'éclairaient. Elle se levait enfin, après des heures passées allongée, affamée, dans divers endroits isolés dont la poussière la recouvrait petit à petit, au fil des minutes fuyantes. Elle s'alimentait, inspirait de cet air chargé de senteurs que seules les épaisses et étranges forêts produisent, elle était de nouveau capable d'esquisser des sourires – bien qu'elle ne le fit pas.

La raison de ces montagnes russes émotionnelles demeurait cependant évidente et invariable. Son esprit comme son corps avaient pris la perte de sa magie si mal qu'ils manifestaient physiquement leur désarroi – car la perte de sa magie signifiait la perte d'un fragment d'elle-même, signifiait qu'elle ne ressentirait plus cet étroit et intime lien la rattachant autrefois à sa baguette, qu'elle n'éprouverait plus l'allégresse du vol, qu'elle ne serait désormais d'aucune valeur dans tous les domaines où elle excellait auparavant. Et n'étaient-ce pas là des pensées à vous saigner le coeur, à l'en arracher métaphoriquement de votre poitrine sans toutefois que les émotions ne cessent de tourbillonner et vous rappeler ce qu'on vous a dérobé.

Mais ce jour-là, ce n'était pas le cas. Ce jour-là, elle se remettait à peine d'une récente crise, titubante. Ce jour-là, elle arborait une magnifique plaie large de cinq centimètres à la jambe droite.

Ce genre d'évènements pourrait être qualifié d'impossible par la plupart, car vraiment, comment se blesser dans des conditions telles qu'on agonise étendu sur un matelas défoncé dans un placard humide. Jack, néanmoins, comme il le fut prouvé à de maintes occasions, avait un don pour défier l'improbable. Sitôt libérée de cet état comateux qu'elle s'efforçait d'oublier l'instant suivant, Jack entreprit de s'orienter à tâtons jusqu'à la porte, pestant intérieurement contre son incapacité à lancer le plus basique des sortilèges. Agacée, elle se mut bien trop brusquement, et soudain fit l'expérience d'une lame de nature inconnue s'enfonçant dans sa chair, évitant de peu son tibia. Avec une exclamation de douleur, elle retira immédiatement sa jambe, allongeant un peu plus de ce fait l'estafilade sanguinolente. Sa main rencontra alors la poignée, et elle s'empressa de pousser le battant.

Il s'avéra que son furieux attaquant était une cisaille dont la gueule s'entrouvrait sardoniquement, un rictus à son encontre.

Elle boitilla jusqu'à l'infirmerie, un morceau de sa jupe nouée autour du mollet, s'interrogeant sur la pratique des points de suture. Elle aviserait probablement sur place.

L'infirmerie lui apparût bien lugubre, mais comparée à ses crises, les sentiments qu'elle lui procurait s'assimilaient à de la jouissance. Jack songea à Pia, l'infirmière à laquelle elle n'aura jamais eu l'occasion d'arracher les secrets. Elle embrassa du regard les armoires alignées contre le mur, s'en approcha, inspecta leur contenu de bas en haut. Elle en retira après réflexion du sérum physiologique, de l'antiseptique et un large pansement. Sûrement la plaie n'était pas suffisamment profonde pour exiger d'être recousue. Dans le cas contraire, elle n'avait pas la moindre idée de que faire, encore moins de la marche à suivre.

Elle les déposa sur l'un des lits puis après avoir entrepris de soigneusement se laver les mains, revint s'y asseoir. Elle défit le pan de sa jupe d'autour de sa jambe, remonta celle-ci de sorte à ce que son pied soit posé à plat sur le matelas, lui donnant une meilleure vue de la blessure. Enfin, elle commença à s'en occuper avec toute l'expertise dont elle pouvait faire preuve, nettoya et désinfecta la chair meurtrie, prévoyant d'y apposer un pansement de la taille de sa paume, car savait-on jamais.

L'infirmerie était aussi dénuée de vie que de son. Jack la trouva réconfortante.


Dernière édition par Jack Lauwrence le Sam 18 Aoû 2012 - 23:20, édité 1 fois
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Emrys Sulwyn
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MessageSujet: Re: Des secrets à déceler et arracher [PV Emrys]   Des secrets à déceler et arracher [PV Emrys] Icon_minitimeSam 18 Aoû 2012 - 18:07

Pas insupportable – mais presque.
Ce n'était pas insupportable, non – presque seulement. Par moment, pas constamment. Juste de temps en temps. De plus en plus fréquemment à mesure que le temps passait, oui, mais il pouvait définitivement s'en accommoder. C'était son corps tout entier qui lui demandait un peu de repos, il en avait bien conscience. Il aurait dû faire plus attention, rester à l'écoute des douleurs. Ne pas jouer avec le feu. Il l'aurait fait si en se réveillant il avait vu le papier peint familier de sa chambre ; il l'aurait fait si son père était venu le tirer de son lit pour l'empêcher d'être en retard. Il lui en aurait parlé et ils seraient allés voir le médecin. Il aurait pu rester chez lui quelques jours, trouver une autre solution.
Mais chaque matin la peinture qui couvrait les murs de sa chambre devenait un peu plus sienne, il se l'appropriait, s'y habituait comme on s'accoutume à un poison dilué à petite dose dans l'organisme. Chaque matin en se levant il entendait les même sons, les même voix. Rien ne changeait. Alors lui non plus, les yeux levés vers le plafond, ne changeait pas. Il se levait aux mêmes heures – tôt, pour prendre sa douche tranquillement – puis s'habillait, sortait. Son débardeur compressif l'enserrait du matin au soir, sans oublier la nuit, refusant égoïstement d'accorder le moindre repos à ses muscle et sa peau.

Sauf que parfois, son corps rejetait le vêtement comme il aurait refusé une mauvaise greffe. Ici et maintenant, après plus d'un an d'enfermement, il le ressentait plus que jamais.

Il se leva ce matin-là avec un violent mal de dos et des douleurs gênantes au torse. Remettre son débardeur après une brève douche froide fut une véritable torture et, malgré ses efforts, il lui fallut plus de temps que d'habitude pour l'enfiler correctement. Le bref soulagement qu'il ressentit en se changeant se transforma bien vite en de nouvelles douleurs, lancinantes et assassines. Il songea un instant à le retirer et rester allongé sous ses couvertures, prétextant une maladie quelconque ; l'idée que quelqu'un puisse venir le voir le força malheureusement à baisser les bras. La simple idée de croiser quelqu'un sans quoi que ce soit pour aplanir son torse le paniquait plus que n'importe quel problème physique qui pourrait découler de son insistance.
Jugeant que le soleil n'était pas encore assez haut dans le ciel pour lui causer du tort, il finit par se diriger à pas rapides vers le parc. Son t-shirt bleu était suffisamment large pour être porté seul, mais il enfila malgré tout une veste par-dessus ; ainsi, une fois les pieds dans l'herbe, la chaleur lui parut presque gênante. Il était tôt, pourtant. Il ne manquerait pas de faire plus chaud en journée.
Quelle galère.
Quelques minutes – plutôt quelques heures en vérité – Emrys resta assis à l'ombre d'un arbre un peu en retrait. Plusieurs personnes passèrent à quelques mètres de lui sans le voir, ce dont il se réjouit plus que nécessaire. Il était tranquille et libre de s'en vouloir, à lui et au monde entier ; il ne demandait rien d'autre en cet instant. Rien d'autre qu'un peu de solitude, de fraîcheur et de calme.
Ce fut son dos qui le rappela à l'ordre quand, en voulant se relever, une longue brûlure traversa ses muscles meurtris.

D'accord. Il ne faisait que repousser le problème. Il lui fallait une vraie solution, là.

Ses pas traînants le menèrent jusqu'à l'entrée, qu'il passa le plus discrètement possible. La chaleur l’assommait et, de toute façon, il n'était pas d'humeur à croiser qui que ce soit. Il voulait juste être seul pour pouvoir se détendre et réfléchir un peu.
Il aurait pu aller aux toilettes mais, en plus d'être un lieu de passage asse fréquenté, ce n'était pas l'endroit rêvé pour un sitting. Avant, il pouvait s'habiller comme bon lui semblait dès qu'il rentrait chez lui. Ici, même la nuit, il se sentait obligé de rester présentable. On ne sait jamais. Tout pouvait arriver, dans ce manoir. C'était sûrement pour ça que son dos lui faisait anormalement mal. Faire du sport et dormir avec ce débardeur, quelle connerie.
Du sport.
Mais bien sûr. L'infirmerie. C'était une pièce tranquille, peu fréquentée à cause de son côté malsain et annonciateur de mauvais présages. S'il s'y allongeait, les rares personne à y passer ne lui accorderait sûrement même pas un regard. Au passage, il pourrait prendre un médicament quelconque pour ses douleurs.
Une fois décidé sur sa destination, il ne mit pas longtemps à arriver devant la porte. Une faible pression sur la poignée, un simple mouvement de bras pour entrer.

Et – évidemment ; Il y avait quelqu'un.
Avec un peu de chance, elle ne resterait pas ici longtemps. Il croisait les doigts. Une fois la porte refermée, il adressa un salut mécanique à l'inconnue et décida de se plonger dans l'étude des armoires et de leur contenu.
Un bref coup d’œil vers la jeune fille lui fit cela dit perdre, au moins un instant, son sens des priorités. Sa jambe avait l'air mal en point.

« Ça a l'air assez grave, lâcha-t-il avec l'empathie qui lui était propre, de nouveau absorbé par les étiquettes et pilules en tout genre. Ça va aller ? »


Dernière édition par Emrys Sulwyn le Dim 5 Mai 2013 - 4:18, édité 1 fois
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Des secrets à déceler et arracher [PV Emrys] _
MessageSujet: Re: Des secrets à déceler et arracher [PV Emrys]   Des secrets à déceler et arracher [PV Emrys] Icon_minitimeDim 5 Mai 2013 - 3:50

Des pas dans le couloir rompirent le silence et l'arrachèrent à sa tâche. Elle redressa la tête, tendue comme un arc, le geste figé dans l'espoir d'en percevoir plus. On se saisit de la poignée, Jack s'en retourne à sa jambe, replie son corps sur lui-même, le coton imbibé, les doigts glissants d'alcool. Elle leva brièvement les yeux à l'entrée du jeune homme, auquel elle rendit le salut d'un bref mouvement du menton, avant de feindre examiner de plus près son mollet. Une fois nettoyée de sang, sa plaie n'apparaissait plus si alarmante ; la fente, modérément large, n'était pas aussi profonde qu'elle avait cru sentir. La chair rose et humide picotait sous ses soins, la douleur sourde et fourmillant le long du galbe de sa jambe jusqu'au creux de son genou. Sa concentration restait cependant entièrement portée sur l'étranger, les sens éveillés et l'attention presque vibrante. Elle essaya de conserver un masque de neutralité – son atour habituel – car elle savait d'expérience que la plupart des gens réagissaient mal face à son indiscrétion, son empressement, son impatience : une soif peinte sur son visage, les couleurs tape-à-l'oeil, des majuscules tracées au feutre gras en travers de son front.

Il était le premier qu'elle rencontrait en des semaines. Suite à son arrivée dramatique au pensionnat (un crochet à son nombril, tirée en avant, brusque atterrissage, brouillard, vide, sang, acide, coeur ouvert et esprit fendu), elle avait pris soin d'éviter tout contact avec ses compagnons d'infortune, les autres prisonniers à la résignation absurde pour lesquels elle n'éprouvait pas d'intérêt ; des précautions ridicules, telles que des points de repère, la décision de ne s'alimenter qu'à des créneaux précis et seulement lorsque la déprivation se ferait douloureuse. Son pouvoir s'était révélé consistant, comme une seconde présence pas tout à fait bienveillante, mais protectrice. Malgré des jours entiers de jeûne, à effacer de ses pensées la sensation presque pulsante de vide dans son estomac, uniquement soulagée par l'eau de robinet dont elle tentait de s'abreuver régulièrement, et qu'elle menaçait finalement de rendre ; malgré tout cela, elle paraissait garder la forme. Elle se sentait en bonne santé. Elle se savait capable de courir, de sauter, de grimper des volées de marche sans avoir ensuite besoin de s'affaisser contre un mur pour empêcher son coeur de remonter dans sa gorge. Elle demeurait fonctionnelle ; ni teint cireux, ni genoux faibles. Il lui fallut un certain temps – plus de temps qu'elle ne s'en serait crue capable – pour comprendre, faire le rapprochement avec sa salive. Son pouvoir, non désiré, piètre remplacement de ceux qu'elles possédaient autrefois, avec lesquels les possibilités s'étalaient devant elle tel un tapis rouge menant à l'accomplissement ; elle n'avait récolté qu'un lot de consolation, du genre dont on se frustre mais qu'on n'a pas le courage de jeter, après tant d'efforts gâchés.

Néanmoins, il l'avait gardée en vie. Il avait libéré dans sa bouche, comme d'instinct, les nutriments que son corps nécessitait, et elle n'y avait pas pensé quand, recroquevillée dans un placard au sol moite, elle s'était mise à déglutir. Puis encore une fois plus tard. Et encore plus tard. Jusqu'à ce que soudain les occurrences s'alignent logiquement et que deux plus deux possède de nouveau un résultat.

Le jeune homme, lequel elle fixait moins subtilement qu'elle ne l'aurait souhaité, s'inquiéta de son état, ce qu'elle trouva étrange et absurdement altruiste, étant donné le port de ses épaules et la tension évidente dans son dos.

« Oui. J'ai désinfecté, ce ne devrait pas représenter grand danger. »

Les mots, autrefois clairs, lisses et distincts, trébuchèrent les uns sur les autres, quittant à tâtons cette cave si peu utilisée, aux parois spongieuses. Elle songea un instant à profiter de ce séjour impromptu à l'infirmerie pour se brosser les dents, mais peut-être – et probablement – son pouvoir prenait-il également en charge ce genre d'incommodités.

« Merci, » ajouta-t-elle après réflexion, les bonnes manières rouillées, effritées, le résultat de toutes ces semaines passées avec pour seuls interlocuteurs un cerveau non responsif et un Ekzael cassé.

« Et toi, quelle est la raison de ta visite ? Je ne m'y connais pas en médication, malheureusement, mais j'ai pu noter que les anti-douleurs se trouvent au niveau de la quatrième étagère en partant du bas. »

Elle ne l'avait pas découvert ce jour-là, en vérité.

Elle espéra que l'insistance de son regard passerait inaperçue, car elle ne pouvait pas se résoudre à l'en détourner. Elle redécouvrait la faim. Cette faim, dévorante, calcinante, de percer l'âme d'un inconnu – une énigme donc, un coffret scellé, un nouveau langage à déchiffrer –, d'en percer les pensées, les secrets, le passé : disséquer chaque carré de sa chair afin d'y lire ses peurs dans le flot de ses veines, ces mots jamais formulés gravés au revers de sa peau.

Elle se sentit vivante.

« Qui est-tu, exactement ? Quand es-tu arrivé ici ? »

Une pause ; elle tenta de s'approprier de nouveau cette langue qui n'était plus habituée à former des phrase, mais à couper celle d'un autre.

« Je suis intéressée. »
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MessageSujet: Re: Des secrets à déceler et arracher [PV Emrys]   Des secrets à déceler et arracher [PV Emrys] Icon_minitimeMar 14 Mai 2013 - 3:25

Elle le regardait ; quand il s'en rendit compte, après un nouveau coup d’œil dans sa direction, Emrys se replongea dans les étiquettes et les flacons avec une insistance presque ridicule – et, en tout cas, inutile. Se sachant observé, il ne pouvait se concentrer sur autre chose que ce point imaginaire dans son dos ou peut-être ses côtes qu'elle détaillait probablement. C'était désagréable. Inévitable, pourtant ; ils n'étaient que deux dans la pièce. Évidemment qu'elle allait regarder la personne qui venait de lui poser une question. C'était de fait inévitable, désagréable et anecdotique. Pas de quoi s'affoler. Une fiole glissa entre ses doigts sans qu'il s'en rende compte, la passant d'une main à l'autre comme s'il ne savait qu'en faire. Il ne savait même pas à quoi ces pilules blanches pouvaient bien servir. Maux de tête, maux de gorge, somnifères – faites votre choix, grinça-t-il, il y en a pour tout les goûts. Au milieu de tout ce bric-à-brac, il n'allait jamais trouver ce dont il avait besoin.
Ce n'était pas dormir qui soulagerait la douleur qui brûlait de ses épaules jusqu'à ses reins.
La voix de la jeune femme résonna dans la pièce vide, hésitante ou peut-être juste mal assurée, rassurante quoi qu'il en soit ; Emrys lui adressa un sourire, juste à temps pour la voir esquisser un « merci ». Il se détendit quelque peu. Cet endroit n'était pas un nid à psychopathes, personne à priori ne pouvait voir sous ses vêtements. S'en tenant à ces deux affirmations parfaitement claires, il reposa le flacon à sa place pour se remettre en quête d'un quelque chose dont il ne connaissait ni le nom ni l'allure. Tant que ça pouvait aider son corps à se faire oublier, ça irait parfaitement. Il reconsidéra un bref instant l'idée des somnifères.

« Et toi, quelle est la raison de ta visite ? Je ne m'y connais pas en médication, malheureusement, mais j'ai pu noter que les anti-douleurs se trouvent au niveau de la quatrième étagère en partant du bas. »

Oh. Surpris – et pas nécessairement dans le mauvais du terme, cette fois – Emrys mordilla sa lèvre. Penché et soucieux, il compta en silence jusqu'à trouver l'étagère en question ; y laissa glisser ses doigts et ses yeux, attentif aux pilules et aux inscriptions parfois à demi-effacées qui en indiquait soit le nom soit l'usage.

« Juste... Mal au dos. Ah, merci. »

Il referma sa main sur un petit flacon contenant vraisemblablement des anti-douleurs et, fier de cette petite victoire, accepta de laisser quelques-uns de ses soucis passer au second plan. La chaleur l'accablait encore, lui collait à la peau, le suivait comme un chasseur traque sa proie : l'infirmerie était fraîche, pourtant. Le jeune homme avait parfaitement conscience qu'il ne pouvait pas passer l'été à dormir dans sa chambre en déprimant sur ce qu'il ne pouvait pas changer, pas encore, pas ici – savait qu'il allait devoir en parler. En frémissait à l'avance, le dos en miettes, tandis qu'il se laissait tomber sur un des six lits. Pas celui à côté de l'inconnue ; le suivant. Se mettre trop près l'aurait gêné, s'en éloigner comme de la peste ou d'un lépreux plus encore.
Elle n'avait rien fait de mal, après tout. Au contraire, elle lui avait même épargné des recherches fastidieuses : c'eut été une bien triste manière de la remercier.

« Qui est-tu, exactement ? Quand es-tu arrivé ici ? »

Ses yeux bleus croisèrent ce regard qui semblait ne plus le lâcher, perplexe. Sa bouche s'ouvrit sur un silence interdit – parce que qu'était-il censé répondre, au juste ? Son prénom, son pays d'origine, son avis sur les lieux ? Une biographie, juste son nom ou un mélange équivalent des deux, il avait l'embarras du choix. Qu'elle ajoute être intéressé ne l'aida pas à se décider. Songeant que s'il avait pensé à lui poser cette question le premier il n'aurait eu qu'à réciproquer en mimiquant ses réponses, le britannique se maudit.
Un soupir gêné fut sa première réponse. Ce n'était pas si compliqué.

« Ça fait... Plus de deux ans que je suis ici. » Pensif, il secoua bêtement la boite et fit glisser un comprimé dans la paume de sa main. « Je m'appelle Emrys. Toi ? »

Il l'avala à sec, sans gêne ni difficulté. Gentils comprimés.
Puisqu'elle n'avait pas l'air décidée à partir et qu'il n'avait nulle part ailleurs où être à peu près tranquille, il laissa son dos heurter les draps. Parler ne pouvait pas lui causer beaucoup de torts. Si ?

« Ça m'intéresse. »

Plus ou moins – mais s'il était le seul à parler, ce n'était ni juste ni confortable. Occupé à balancer une de ses jambes dans le vide, les yeux rivés vers le plafond, il tira doucement sur le tissu de son t-shirt.
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MessageSujet: Re: Des secrets à déceler et arracher [PV Emrys]   Des secrets à déceler et arracher [PV Emrys] Icon_minitime

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