Cela faisait à présent une bonne quinzaine de minutes qu'Alice attendait là, respirant lentement, de peur d'être entendu.
Le sueur perlait toujours sur son front, et son rythme cardiaque ne ralentissait pas. Elle essayait d'entendre le moindre bruit venant de l'extérieur sans grand succès. Il était évident que pour l'instant, elle n'ouvrirait pas la porte pour s'aventurer à une mort certaine.
Alice ferma les yeux et poussa un soupir de soulagement. Elle n'en avait jamais poussé de tels, elle n'en avait jamais ressenti le besoin jusqu'à présent et réalisa que de nouveaux sentiments s'emparaient d'elle.
Elle n'avait jamais affronté la peur, la faim et la détresse mais à présent qu'elle en connaissait le goût, elle se rendit compte de l'immense chance qu'elle put avoir de naître dans une famille comme la sienne.
Que cela avait dû être horrible pour tous les sujets, les paysans, le peuple du métal, de vivre de telles horreurs, de telles souffrances.

Une goutte vint ruisseler le long de sa joue et s'écraser sur le paquet poussiéreux, elle toucha ses yeux et réalisa que pour la première fois de sa vie, elle pleurait.
Les larmes se mirent à couler en grand nombre et ne pouvant les arrêter elle porta ses mains à sa bouche laissant échapper un bruit de douleur. Elle avait l’impression qu'on lui arrachait le cœur.
Épuisée, elle se coucha sur le sol et s'endormit.

__________________________________

Lorsque Alice se réveilla, elle se demanda dans quel endroit étrange elle pouvait être. Elle mit quelques secondes à retrouver sa mémoire et son visage qui avait reprit quelques couleurs, s'assombrit de nouveau.

* Je ne peux pas retourner en arrière. Je ne sais pas quelle heure il est, depuis quand je dors et surtout si les hommes de fer sont encore là. Je n'ai pas le choix, je dois rester ici. Si cet endroit est habité, espérons que les propriétaires soient cléments et m'offrent asile, au moins pour cette nuit*

Elle se redressa, épousseta son jupon et prit une grande inspiration. Il fallait se ressaisir, on ne sait jamais, il était possible que cet endroit soit habité par des traitres, des sbires des barbares ou même des hommes de fer. Quoi qu’à y réfléchir elle avait du mal à concevoir qu'une carrure aussi haute et lourde puisse monter l'escalier de bois miteux qui se trouvait face à elle.
D'un regard, Alice inspecta les lieux: de la poussière partout, des meubles de bois rongés par les mites, des toiles d'araignées pour décoration sur les tapisseries vieillottes, venant même d'un autre temps, soit la maison était abandonnée, soit les gens qui vivaient ici n'étaient pas très propres.
Elle remarqua plusieurs notes épinglées sur le mur de l'entrée, elle s'approcha et ce qu'elle put lire la dérouta:

Citation :

Si vous lisez ces lignes déposées sur ce misérable bout de papier, c’est que vous venez de commettre une grossière erreur, certainement la plus grosse de votre vie.

Je vous souhaite la bienvenue, en tant que pensionnaire, dans votre nouvelle et éternelle demeure. Ceci n’est nullement une farce de mauvais goût, je n’ai aucunement le temps de plaisanter, ni l’envie de rire. Vous allez bientôt vous rendre compte que cet endroit maudit vous retient prisonnier. Est-ce de la magie ? La réponse à cette question est oui. Si vous ne me croyez pas, tentez d’ouvrir la porte. N’hésitez pas ! J’ai, comme vous, déjà désespérément tenté de sortir des centaines de fois... en vain.

Alors ? Convaincu(e) ? Bien…

Pour vous éviter une perte de temps colossale, je vais vous retracer les grandes lignes de votre nouvelle existence. Sachez que ce pensionnat étant magique, il va falloir vous résoudre à croire à tout, même aux faits les plus invraisemblables. Ne paniquez pas si jamais vous faites vous-même des choses inexplicables : en entrant dans ce pensionnat, vous vous verrez doté(e) d’un pouvoir qui vous sera propre. De plus, vous allez retrouver dans l’enceinte de cette prison un ami que vous aurez oublié depuis quelques temps déjà... N’ayez donc aucune crainte si un animal vient à vous parler. Cela ne sera que votre Alter Ego Astral.

Je vous souhaite de rester en vie et de toujours garder espoir.

Cordialement,
Periple Skye.

Elle haussa les épaules et se mit en tête d'ouvrir la porte, sans grand succès. Elle ne céda pas à la panique et commença à lire le second mot:

Citation :

Hello les nouveaux !
Skye a déjà tout raconté ci-dessus. Vous savez donc toute l'histoire, mais... Ne vous faites pas trop de souci ! C'est sûr, au début, l'extérieur nous manque et tout, mais ça passe vite, vous verrez. En attendant, nous sommes tous là, ensembles ! 'Faut se serrer les coudes ;D
Mon nom, c'est Kyoko Maeda. J'ai joint une photo d'une de mes copines et moi, avec nos noms, histoire que vous puissiez avoir quelques visages en tête, et des personnes à qui vous adresser en cas de problème !
C'est le duo de la mort-qui-tue : moi & Chiara. On organise souvent des fêtes, des soirées, des trucs, enfin voilà quoi. N'hésitez pas à venir nous voir, on pourra vous présenter du monde !

Kyoko M. <3

Cette Kyoko ne semblait pas malheureuse du tout malgré le triste avenir qui se présentait à elle. Etre enfermée dans un manoir c'est loin d'être réjouissant, c'est principalement angoissant.

Citation :

Voyageur perdu, je n'ai que faire que vous soyez enfermé ici.

J'écris ces mots pour vous apprendre ce qui se trame dans la forêt de ce pensionnat. En effet, dans ces bois, se trouve un fantôme qui est devenu gardien de ce lieu mystérieux.

Ce fantôme n'est autre que moi-même. Je laisse ici ce message pour vous prévenir que si jamais vous vous en prenez à la moindre parcelle de ma terre ou à un de ses habitants, la dernière chose à laquelle vous assisterez sera votre mort. Que les choses soient claires : vous n'avez aucun intérêt à venir en ennemi chez moi.

Je vous indique aussi qu'il est fortement déconseillé de se balader dans la forêt en période hivernale, car si le reste de l'année, je protège les randonneurs des animaux de cette forêt, lors de ces périodes, j'autorise la chasse aux hommes, les proies se faisant plus rares.

Je pense avoir été clair et je vais donc m'arrêter d'écrire ici.

Le gardien de la forêt.

Que ce gardien se rassure, Alice n'avait absolument aucune envie de le rencontrer, ni lui ni ces animaux qui semblent venir des entrailles de l'Enfer. Enfin elle lut le dernier mot:

Citation :

« Oubliez tout ce que vous savez et bienvenue à vous. Vous n’êtes pas mort, mais vous devez abandonner tout ce que vous avez laissé derrière vous jusqu'à cet instant. Cet endroit est scellé de l’intérieur, vous y verrez ce que votre imagination ne saurait décrire. Bienvenue à vous. Vous venez de tout perdre, mais vous n’êtes pas seuls. Rejoignez donc les autres et dites vous que tout n’est pas perdus. Que c’est un nouveau départ. Bienvenue à vous… Priez pour ne jamais me croiser. » Faust

*Donc il y'a d'autres personnes "normales" en cet endroit. Bien, je devrais me méfier tout de même, aux vues de leurs messages, aucun d'eux ne me semble sain d’esprit.*

Alice jeta un dernier coup d’œil à la pièce et partit à la recherche de survivants.