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EXPLICATIONS

Voilà, oui, c'est ça, Kyoko est entrée dans la salle Yume et s'est réveillée dans un rêve où elle se trouve au lycée, comme si elle n'était jamais entrée dans le pensionnat 8D

Si vous souhaitez vous incruster, on part du principe qu'ils sont tous dans la même classe, et que dans ce rêve, ils ont l'impression d'avoir passé une année ensembles (donc qu'ils se connaissent, forcément). Ils se souviendront progressivement du pensionnat, et chercheront à sortir de la salle au bout d'un moment è_é

Les math. Le jeudi après-midi. La mort.
Nathanaël avait pris soin comme d'habitude de s'asseoir tout au fond, dans la rangée du milieu, assez bien dissimulé aux yeux du vigilant professeur derrière les épaisses touffes de cheveux noirs qui décoraient les chères têtes d'anges de ses camarades. Enfin, "pris soin" c'est beaucoup dire : en réalité il avait voulu se mettre à la table à côté de celle d'Allen, mais de part et d'autre du jeune homme concerné il y avait X (à droite), et Kyoko qui dormait comme un bébé dans son petit lit (à gauche).
Mon dieu ! Quel ennui ! Ce cours était plus fatal que Fatal Bazooka ! Et il avait déjà épuisé toutes ses ressources de distractions disponibles, à savoir lire son horoscope dans le journal du lycée, comparer avec celui du journal gratuit distribué à l'arrêt de bus, faire les sudokus du même journal (ceux du journal du lycée étaient trop faciles !), écrire son numéro sur la table pour les filles de seconde C qui passaient à l'heure suivante, dessiner des kikis et des lolos sur le mur derrière lui.
“Hé... Allen... Allen...” murmura-t-il avec toute la discrétion dont il était capable.
Il ne savait même pas de quoi il voulait l'entretenir – en tous cas, pas de géométrie dans l'espace – il avait simplement l'intention de lui parler, histoire de s'occuper. Il tenta de lui toucher l'épaule du bout des doigts : impossible ! Même pour des bras comme les siens qui ressemblaient plutôt à des bras de gorille. Par malchance il avait oublié sa règle...
Et Kyoko assoupie comme une bienheureuse à côté d'Allen ! Voleuse de place ! Tiens ! Il eut une idée intéressante en observant l'étiquette qui dépassait du haut de sa camarade de classe. Il arracha un bout de feuille de son cahier qu'il enfourna dans sa bouche pour le mâcher copieusement, tout en démontant son stylo Bic rouge et n'en garder que le tube transparent. Il extirpa de sous sa langue une boule baveuse et dégueulasse de papier mâché avec le talent de quelqu'un qui a visiblement l'habitude, le glissa au bout de de ce qu'il restait de son stylo qu'il porta à ses lèvres. Il y eut un très léger bruit de boîte qu'on ouvre quand il souffla en visant les cheveux brillants de Kyoko. En plein dans le mille !
Il ricana, satisfait de l'ingéniosité de son nouveau petit jeu, qui avait le mérite à la fois d'être marrant et d'avoir le pouvoir d'attirer l'attention de son copain Allen.
Il cribla ainsi la pauvre tête de la jeune fille pendant un quart d'heure d'une quinzaine de projectiles, jusqu'à ce que la sonnerie retentisse. Nathanaël se leva promptement et retrouva toute la hauteur de sa voix qu'il comprimait pendant l'heure de cours, afin que son carnet de correspondance ne sature pas à nouveau de remarques assassines à faire signer pour demain.
“Hé Allen tu m'accompagnes à la cafet ? J'ai trop faim !” Lança-t-il en rangeant ses affaire d'un geste de balayage de l'avant-bras, tout en surveillant Allen qu'il ne parte pas sans l'attendre.
Alors qu'il ramassait son sac, il remarqua aussi que le professeur demandait à Kyoko, enfin réveillée, de le visiter à la fin des cours... Ahahah, bien fait. Il sourit sournoisement en songeant au reste de la journée qu'elle allait passer les cheveux collants de salive et de boulettes de papier.

Aujourd’hui, comme tout est bizarre.

Chiara Raffaeli papillonnant de ses longs cils enduits de mascara, frangeant ses yeux bleus qui virevoltèrent à la recherche de la vie perdue. Elle prit une grande inspiration et un spasme lui secoua la tête, lui envoyant de grandes boucles blondes dans le visage. Elle les chassa d’un mouvement de main tout à fait étudié, et étira ses épaules, faisant rouler son crâne. Elle soupira, et reprit contact avec la réalité, traversant enfin ce maudit miroir.
Elle baissa les yeux, et vit sa feuille couvertes du nom de son chéri actuel. Des petits cœurs, des smileys et des mots de Kyoko les accompagnaient. Elle releva la tête et regarda d’ailleurs l’asiatique, qui l’avait honteusement lâchée pour aller s’asseoir à côté d’Allen. Elle eut un sourire amusé néanmoins, et mâchonna pensivement le bout de son stylo Bic 4 couleurs Fashion. Elle sentit son portable vibrer, et elle le tira doucement de sa poche, le posant avec précautions. Elle le cacha de la vue de Kanashi avec sa trousse Ben customisée, et lut le message.

De : N3lL <3 x3
A 14h59, Jeudi 17 Juin
J’ai taaaaaille de faim ! ca sonne dans 7 minutes !! mais faut pas >.< mon régiiiiiiime !!!

Chiara eut un sourire, et de ses doigts manucurés, elle répondit, débloquant le clavier azerty.

A : N3lL <3 x3
Louul !! Mwa jsuiiis en maths mdr, Ky0ko dort sur la t4ble, maiiis elle m’a laisser pr smettre a coté de All3n lol ! on ira a la cafet tt à l’heur stu veuw ma chiwiiiie !! jtm 44 <3 <3

Elle appuya sur « envoyer » et enleva le mode vibreur afin de pouvoir le laisser sur la table, le passant en silencieux. Elle soupira, et n’avait même pas fait de commentaires sur le régime de Nell, étant donné qu’elle était également en train d’en faire un, ce serait mal placé de le lui rappeler. Elle tapota le sol de ses Richelieu, et se remémora sa dernière chorégraphie de danse – le gala était pour bientôt, après tout, et c’était bien plus intéressant que le cours de Maths. La voix de Kanashi la tira de ses rêveries, et elle vit que Kyoko était en assez mauvaise posture. Elle pouffa, mais fut distraite par l’écran de son téléphone qui s’allumait.

De : N3lL <3 x3
A 15h01, Jeudi 17 Juin
Naaan jpeux pas, c’est ma dernière heure de cours et ma mère m’attend, elle doit m’emmener à l’esthéticienne !!! Déso, on fait ca demain ? jtermine à 16h demain. Bisous, jtaime.

Elle eut une moue déçue, et tapant sa réponse en écoutant les réprimandes de ce vieux Kanashi.

A : N3lL <3 x3
Ooooooo snul !!! bon ben à demain alors !!! bisouwwws, jtm 4444 ptite puce !! <3<3<3 te perd pas comme la derniere fois lol !

Elle sursauta lorsque Kyoko buta sur le nom de leur professeur, et une sensation de déjà vu la titilla. Elle se crispa, et ramassa ses affaires d’un seul mouvement, fourrant tout pêle-mêle dans son sac, le jeta sur son dos et se lança à la suite de son amie dans un superbe déhanchement – lui aussi parfaitement travaillé -, donnant un coup de bassin « involontaire » à Nathanaël, ignorant Allen et Lyz, celle-ci marchant pourtant juste derrière elles.

« Hé, Kyoko !! Attends !! »

Elle eut un mouvement de recul, et remarqua les cheveux de l’acolyte de ses aventures les plus torrides.

« … Ohhhh putain !! Regarde tes cheveux ! »

Elle prit une brosse dans son sac et, tenant la tête de l’asiatique d’une main et lui nettoya les cheveux avec des gestes précis et efficaces.
Malgré ses sourires, cette sensation étrange restait nichée au creux de sa bouche. Elle préféra étirer ses lèvres glossées, forçant à l’oubli tout ce qui n’allait pas. Pour rester édulcorée de bonheur.

Tout en marchant nonchalamment en direction de la cafétéria, Nathanaël fit glisser son sac sur une épaule en pensant à voix haute « C'est quoi le cours qu'on a après ? ». Il ouvrit la poche avant de son Eastpak mal en point malgré la garantie de trente ans, pour en sortir son carnet de correspondance, en aussi piteux état. Il l'ouvrit à la dernière page et observa avec quelques difficultés l'emploi du temps qu'il avait griffonné à la va-vite au tout début de l'année, parce que c'était la fin de l'heure et qu'il devait retrouver sa copine d'alors à la sortie – entre temps il l'avait larguée parce qu'elle disait toujours qu'elle avait ses règles.

“Oh, ça va on a sport. On a le temps, j'ai bien envie d'un Kinder Bueno.” dit-il cette fois-ci à l'adresse d'Allen. Il échangea dans son sac son carnet avec son porte-monnaie, une espèce de gueule bouffeuse de cartes en simili-croco qu'il trouvait super cool et que son papa lui avait léguée. Malheureusement pour son envie de femme enceinte, les Kinder Bueno coûtaient un euros vingt alors qu'il n'avait sur lui que quatre-vingt-dix centimes. Il demanda une pomme à l'employé de la cafétéria, déposa cinquante-centimes à contre-cœur – supeeeer, il n'avait plus que quarante centimes comme recours en cas de kidnapping/erreur de bus/racket/autre ennui raisonnablement inenvisageable – sur le bar et laissa son camarade passer devant lui pour commander.
Après avoir croqué une première fois dans le fruit, il s'apprêtait à dire une nouvelle ânerie pour combler un blanc qu'il s'imaginait, quand il fut confronté à l'apparition terrible d'une Kyoko folle de rage, de toute évidence. Cependant qu'elle s'avançait d'un pas décidé vers son ami Allen en ayant l'air de lui reprocher tous les fléaux de la terre, Nathanaël contourna la jeune fille prudemment en ricanant dans sa barbe. Il alla voir Chiara qui avait suivi sa meilleure amie comme un petit chien très fidèle.

“Hin hin hin c'est à cause de moi en fait, les boulettes de papiers.” confia-t-il sans penser que peut-être en tant que bestah de Kyoko, il viendrait à l'idée à Chiara de dénoncer le véritable criminel. Non, il n'y songea qu'à la seconde où il termina sa phrase, mais il ne se sentit pas plus en danger car il comptait sur son charme irrésistible pour amadouer la belle.

Pour ce faire il choisit de minauder : il lui rendit intentionnellement son coup de hanche de tout à l'heure et se mit à éclater de rire sans raison. Puis, estimant son opération de sauvegarde validée, il tira deux tabourets pour lui-même et sa voisine, s'installa sur l'un d'eux et croisa les bras. Il eut l'idée de regarder son portable : il était exactement (car il avait réglé son téléphone à l'heure du lycée) 15h11 et il avait deux appels manqués en provenance de Padre. LOL, comme s'il allait utiliser le peu qu'il lui restait de son forfait bloqué pour rappeler son père ! Il préféra faire un usage plus enrichissant de son portable et qui ne lui coûterait que quelques mégaoctets : une vidéo de l'affrontement : Kyoko VS Allen.

Cette journée avait plutôt mal commencé, mais dans sa fin elle allait en s'améliorant. Pour fêter la fin de cette heure effroyablement chiante de maths, Lyz décida donc de s'acheter une part de pizza - oui oui, à trois heures de l'après-midi. On est un estomac sur pattes ou on ne l'est pas. C'est bête, il n'y avait aucun petit binoclard dans les environs, elle dut donc la payer de sa poche. Quelle tristesse, il ne lui resterait plus de sous pour se racheter des chips.

La lycéenne mangeait donc en dégustant centime après centime sa pizza ô combien délicieuse mais ô combien onéreuse, quand de l'animation se créa autour de la queue. Tiens, mais c'était les cas sociaux de sa classe ! Oh avec un peu de chances, pour une fois il allait y avoir de l'ambiance.

Ah, c'était Kyoko la niaise qui se fightait avec le vieux geek parce qu'il lui avait balancé des saloperies dans ses cheveux. C'était pas plutôt Nathanaël ? Oh, on s'en fout. Ah cool elle le défiait en duel. Y allait peut-être y avoir du sport pour une fois.

Encore qu'avec eux le truc prenait pas. Lyz allait donc devoir forcer les choses avec un remède toujours efficace. Elle se mit donc à crier.


« BASTON BASTON BASTON BASTON ! »

Juste comme ça, parce qu'après tout elle s'ennuyait un peu. Et par ennui aussi, la salle suivit. La cafèt retentissait donc de cette litanie, de ce mot répété sur ce ton sanguinaire. BASTON BASTON BASTON BASTON. Ils ne savaient peut-être même pas entre qui, ni pourquoi, mais c'était quasiment un réflexe. Comme s'ils étaient obligés de taper sur les tables en rythme, tout en hurlant comme des sauvages décérébrés. Et ouais, c'est glamour d'être lycéen.

Tout en continuant à crier - fallait pas que la salle se refroidisse, quand même - Lyz se leva et commença à se rapprocher. Histoire d'avoir les "combattants" dans son champ de vision, au cas où il y aurait de l'action.

En même temps, entre deux geeks, de l'action ça se résumerait sûrement à se frapper à coup de GameBoy Color et se bombarder avec des cartouches de jeu. C'est ça qui serait violent, oh la la mais dites donc. Peut-être même qu'il ferait un duel à mort à Mario Kart, mais là Famille de France devrait le censurer.

Chiara, son Longchamp au creux du coude et son poignet cassé, se retrouva entraînée par Kyoko dans la cafétéria après nombre de cris de rage et de menaces à propos d’Allen. Elle avait un petit sourire en coin et fut très vite obligée de remonter son sac sur son épaule de peur de le perdre, tant sa comparse marchait vite. Elle suivait sans efforts, devenue une pro pour courir en talons hauts, et poussa la porte à sa suite, après avoir poussé tout le monde en criant de sa voix aiguë « HEYY POUSSEZ VOUS LES PIPOLES !! LAISSEZ PASSER !! »
Elle remarqua immédiatement Nathanaël et Allen, ainsi que l’insupportable Lyz (qui, d’ailleurs, n’avait aucune esthétique que ce soit au niveau de ses cheveux ou au niveau de ses vêtements…). Elle tenta de retenir sa folle comparse, mais celle-ci provoqua un duel contre Allen, aussi Chiara accepta-t-elle la chaise offerte par son ennemi, ayant d’abord vérifié qu’il n’y avait rien de suspect dessus. A peine fut-elle assise qu’il lui confessa directement son crime.

« Hein ?! HEY KYOKO !!! KYOOOOKOOOO !!! » hurla-t-elle, mais les cris scandés par les élèves couvraient sa voix, toute perchée fut-elle.

Elle se leva, et Nathanaël minauda en lui donnant un coup de bassin. Elle sursauta, et le regarda de haut.

« … T’as craqué toi. »

Elle se retourna dans un mouvement parfaitement hautain, et s’avança vers Kyoko, mais c’était trop tard ; le duel était déjà trop engagé. Elle n’arrivait pas à atteindre son ami, alors elle joua des coudes, griffa et pinça tous ceux qui s’étaient attroupés devant elle, jusqu’à se ménager une place à l’avant. Mais, uen fois arrivée là, elle réfléchit plus longuement et jugea que c’était bien plus amusant de dire à son amie APRES… Ceci dit, si elle ne « tentait » pas de lui dire avant qu’ils ne battent, elle lui en voudrait. Elle mit donc ses mains autour de sa bouche, en haut-parleur, et se mit à hurler :

« KYOKOOOO !!! »

Mais elle était toujours noyée dans la masse, alors elle abandonna et regarda le spectacle. Allen semblait plutôt sur de lui, mais elle eut un sourire narquois ; il ne connaissait visiblement pas encore la colère vengeresse de son amie, qui pouvait être plutôt terrible – bien que dans ce cas ci, elle n’était pas exactement dirigée vers la bonne personne. Mais ça allait être pour toutes les autres fois, ceci dit. Elle fit la moue à cette pensée, comme perturbée qu’elle vienne. Elle tira sa joue, tentant de s’éveiller, mais elle fut contrainte de voir que tout ceci n’était pas un rêve.

« … »

Elle chassa cette pensée, et se remit à crier :

« ALLEZ KYOKO !!! RETAME LUI LA GUEEEEEEEULE !! »

Elle sautillait sur place, criant à la gloire de son amie.

Plus la clameur s'intensifiait, plus le cercle autour des deux belligérants se resserrait ; aussi Nathanaël dut-il jouer des coudes et des épaules pour pouvoir filmer la bagarre, avec peut-être un peu plus de violence qu'il n'en aurait fallu. Il venait en effet de pousser un homme qu'il reconnut comme étant Christian, le surveillant, animé par la vigueur que le dégoût par rapport à Chiara lui donnait. Quelle pouffiasse cette meuf ! Elle avait délibérément essayé de le chauffer - en vain. Il en faut plus pour venir à bout du fier Nathanaël ! - quelques minutes plus tôt, et puis elle osait le regarder de haut et lui dire qu'il avait craqué ? Et pire encore, elle le trahissait pour sa bestah qui enfin foutait un peu d'action dans ce lycée de mort ! Pute ! Pute ! Pute !
Il parvenait enfin à s'extirper de la masse hurlante des élèves lorsque l'agitation retomba. C'était le pion qu'il avait bousculé ! Il ordonnait que la comédie se termine sur le champ, c'est pourquoi le vacarme s'attendrit et la foule se dispersa très rapidement, tandis qu'il interpellait les fauteurs de trouble, à savoir Kyoko et Allen, au centre de l'attention, Lyz qui s'était empressée d'exhorter ses camarades à mugir leur soif d'agressivité, ainsi que... lui ?! Nathanaël ?!

« Quoi ?! Mais j'ai rien fait Christian ! » risqua-t-il sans honte, pour sa défense, d'une voix imitant l'innocence à la perfection.
Le surveillant bien rôdé le jaugea d'un air sévère qui, pour Nathanaël, était malheureusement familier ; « Tu te fous de moi ou quoi ?
- Mais non ! C'est juste parce que je t'ai bousculé ? Désolé mais c'est pas ma faute, c'étaient les autres qui poussaien... »
« Non mais n'importe quoi, toi ! L'interrompit-il. Je t'ai entendu te vanter auprès de ta donzelle, là. Ah, en parlant d'elle... Chiara, toi aussi t'es collée. Non toi c'est pas pour la bagarre, mais ça fait trois fois que t'arrives en retard et sans ton carnet. »
Sur ces mots, le pion s'éloigna, leur rappelant avant de sortir que leur retenue serait placée de 16h à 17h et que cela tombait bien, puisqu'ils étaient tous dans la même classe et qu'ils seraient bien fatigués après leur heure de sport.

Nooonnnn... Dépité, Nathanaël sortit son portable et se rendit compte que son père était en train de l'appeler. Il fit glisser l'écran vers le haut en portant l'appareil à son oreille. Rien ! Normal, se dit-il, le rejetant à nouveau au fond de son sac, il est toujours impossible de communiquer avec l'extérieur. Il rejoint Allen quelques pas plus loin dans la cafet', l'attrapa par la manche et lui proposa une parole de réconfort de mec : « Vas-y, t'inquiète, on va les éclater à la course d'orientation ! »

Ils avançaient d'une démarche lourde à quelques mètres derrière les filles concernées, en direction du parc. Dans un silence de la conversation, le jeune homme retourna en introspection et se demanda quelques instants pourquoi il avait pensé tout à l'heure qu'il était toujours impossible de communiquer avec l'extérieur. Il se demanda également s'il était en train de devenir schizophrène, à lâcher ainsi le fil de la pensée et de la logique. Au moins il en était conscient, c'était déjà ça !

L'événement de la cafétéria les avait, malgré l'absence manifeste de ponctualité de monsieur Kurogane, mis en retard et ils durent lui présenter leurs plates excuses pour ne pas aggraver leur situation (ce prof était terrible). Après quoi, ils furent introduits à l'exercice du jour au moyen d'un entraînement musclé élaboré tout spécialement par leur professeur (terriblement terrible).

Lorsque les filles et Allen le geek moisi commencèrent à se plaindre d'épuisement, monsieur Kurogane mit terme à leur échauffement et leur présenta leurs cartes de groupe. Évidemment, les premières étapes étaient toutes différentes pour chaque équipe, afin que tous ne se ruent pas sur le même point, et le professeur se trouvant encore à portée de les surveiller (et de leur asséner ses terribles et légendaires coups de n'importe quelle terrible partie de son terrible corps), ils n'étaient pas en mesure de tricher dès le départ.

« Pour ma part, décida-t-il avec un large sourire, je choisis Lyz et Allen ! »

Pffff finalement pas de baston. Lyz aurait bien aimé pourtant. Quitte à se jeter entre les deux "combattants" pour leur redonner de l'ardeur. Et à la place, elle était juste collée. Quoiqu'elle n'avait de toute manière pas envie de rentrer à l'orphelinat ... À l'orphelinat ? Hein ? Mais non, elle voulait dire à sa famille. Famille d'accueil bien sûr. Donc, elle n'avait pas envie de rentrer dans sa famille, alors une heure de plus ou de moins au lycée, ça ne changeait pas grand chose ...
Elle suivit le troupeau jusqu'au cours d'éducation physique et sportive, tout en rêvant au jour où elle défoncerait la gueule de Christian, parce que bizarrement ce mec lui faisait peur. Et ça elle supportait pas.

Quand elle arriva enfin, le terrible Monsieur Kurogane lui jeta un regard furieux. Comme d'habitude, il cherchait quelque chose à lui reprocher mais en était bien incapable. Ce n'est pas qu'elle se comportait mieux que dans les autres cours mais elle acceptait sans rechigner les diverses punitions du sadique (pompes, abdominaux, tours de terrains et autres barbaries). À croire qu'elle n'était pas faite comme le commun des mortels – et comme la superbe narratrice.

Elle fit son entraînement à fond, pour se vider la tête. Elle faisait encore des flexions quand Nathanaël dit « Pour ma part, je choisis Lyz et Allen ! ». Oh bordel. Le geek allait la pénaliser plus qu'autre chose. Enfin, pas pénaliser dans le sens dans la note, ça elle s'en foutait grandement, mais dans le sens qu'il allait être un poids lourd. Elle s'avança vers eux tout en réfléchissant au meilleur moyen de le trucider et de planquer le cadavre dans un buisson. Elle pourrait même maquiller ça en suicide - ou pas. Nathanaël était un peu meilleur, mais de toute manière elle ne pouvait se voir aucun des deux.
Elle dévisagea Nathanaël avant de dire :

« Bon, chais pas pourquoi tu m'as voulue dans ton équipe, mais si ton copain le geek agonise sur le chemin je vais pas l'attendre. »

Chiara se pâma d’amour lorsque Christian pris la parole, et lorsqu’elle entendit son doux nom jaillir de ses lèvres parfaites, entonné par sa voix suave et sucrée, elle manqua de se laisser tomber dans les vapeurs de l’amour infini.
En d’autres termes, elle piailla de contentement et kyata de joie. Néanmoins, lorsqu’elle comprit que c’était pour la mettre en retenue, elle trouva ça nettement moins amusant. Ceci dit, ça lui permettait de rester avec Kyoko une heure de plus, donc tout n’était pas perdu. Elle se consola sur cette pensée, et s’élança à la suite des autres, réconfortée par le son de ses talons dans le couloir, accompagnée par l’acolyte de son cœur avec laquelle elle avait bravé mille dangers.

« Mais si, mais si ! » la rassura-t-elle. « Ne t’en fais pas, tu devrais plutôt avoir peur de tes parents quand… »

Elle s’arrêta subitement. Son malaise était grandissant depuis le cours de maths, mais à cet instant, elle sentait le picotement familier, comme si on plantait des petites aiguilles tout autour de ses yeux. Chiara déglutit et remonta son sac sur son épaule, les lèvres pincées.

« Je… me sens pas très bien. »

Elle secoua la tête, envoyant valser ses boucles claires tout autour d’elle, et tenta de sourire à Kyoko.

« Bon, on y va ? »

Elle recommença à marcher dans le parc, restant avec précautions sur le chemin de peur de tacher ses chaussures de boue – elle avait bien ses baskets dans son sac, mais c’était vraiment limite avec un slim, les baskets, quelle idée saugrenue… Elle avait beau tenter de s’occuper l’esprit, l’énonciation des parents de Kyoko la perturbait toujours autant. Elle se sentait distante, comme coupée des siens depuis longtemps. L’ouverture d’une veille blessure qu’elle avait copieusement arrosée d’alcool à 90°. Elle se garda bien d’en parler à Kyoko, et elle marcha d’un pas de plus en plus décidé vers la salle de sports. Lorsqu’elles poussèrent la porte, Kurogane était déjà là (miracle de la vie, songea-t-elle). Elles gagnèrent les rangs et commencèrent l’entraînementdelamortquituemaisquiressucitepourmieuxtuerensuite, tandis que les garçons arrivaient en retard, ce qui lui arracha un sourire victorieux.

Lors de la distribution des cartes, Chiara regarda les groupes se former, et elle vit avec gaieté qu’elle n’avait pas à se coltiner un boulet du nom de Lyz, puisque Nathanaël l’avait prise – il devait craquer sur elle. Enfin, sur il. Hahaha.

« On est que toutes les deux ma chérie, c’est pas génial ?? » fit-elle en forçant les habituels accents de gaieté.

Elle se sentait néanmoins toujours mal à l’aise, car malgré ce qu’on disait, Chiara n’avait pas tout à fait le QI d’une moule. Ou plutôt, elle l’avait, mais il lui arrivait parfois d’avoir de brusques accès de lucidité… Elle pinça les lèvres, et regarda Kyoko.

« … T’as pas l’impression que… »

Elle s’arrêta net. Non, c’était supide. Qu’allait-elle lui dire ? Qu’elle avait l’impression que tout tournait à l’envers, qu’elle ne devrait pas être là, qu’elle ne se sentait plus appartenir à ce monde depuis des années ? Non, bien sur que non. C’était stupide. Et puis c’était une grande fille, maintenant… Une grande fille…

« Non, fit-elle finalement. Rien. »

Elle saisit la carte, et regarda la première balise.

« Bon allez viens, on y va, faut qu’on gagne ces petits crétins … »

Et justement, un bon petit croche pied ne serait pas de trop… Surtout que, ô joie, Nathanaël était en train de courir vers elles…

Laid très laid

Visiblement, tout le monde avait l'esprit trop étriqué dans le cocon de la puberté pour comprendre l'innocente logique qui avait mené Nathanaël à choisir Lyz comme coéquipière : cette meuf était un monstre. Et comme il l'avait dit à Allen, Nathanaël souhaitait fortement gagner la course d'orientation pour conforter son esprit de mâle dans sa supériorité physique. Mais comme il était au moins aussi bouché que les autres, il n'était pas du tout conscient des rumeurs qui déjà se propageaient sur son compte, et c'est là la raison pour laquelle le jeune homme nouait ses lacets en chantonnant comme un bienheureux, ayant décidé d'ignorer les grognements d'Allen parce qu'il n'avait pas compris ce qu'il entendait par "keuamékoitapriste...ste !".

Alors qu'il se relevait et lissait les plis de son t-shirt, il croisa le regard assassin de Lyz.
« Bon, chais pas pourquoi tu m'as voulue dans ton équipe, mais si ton copain le geek agonise sur le chemin je vais pas l'attendre, menaçait-elle.
Nathanaël fronça les sourcils, croisa les bras. Oh la la... jamais contents, ceux-là.
– C'est bon, pas la peine de prendre ce ton de reproche avec moi. Si tu voulais pas être avec nous fallait pas venir non plus hein.
Il était irrité également parce que Lyz avait l'air de considérer Allen comme un mollusque sans conscience qui bavait à côté d'eux. Alors qu'ils partaient tous les trois au trot, cartes et gourdes en main, il reprit leur échange dans sa tête où il se donnait plus de noblesse et plus de répartie ; il défendait Allen et acculait Lyz au détour d'une argumentation et menait l'équipe gagnante vers le trophée sportif auquel ils se destinaient... En réalité, ils avaient confié la boussole et l'itinéraire à Allen, qui se trouvait, parmi ces trois cancres, être le cerveau de la bande.

Ils avaient eu de la chance car leurs deux premières balises se situaient à proximité du point de départ, en dehors de la forêt, ce qui les rendait plus facilement visibles. Ils profitaient de ce fait d'une petite avance sur les autres groupes et se permirent de ralentir la cadence en entrant dans le premier bosquet, ayant déjà déterminé la direction dans laquelle il fallait marcher pour atteindre la prochaine balise. Lyz gardait ses distances et une mine plus ou moins boudeuse ; Nathanaël et Allen marchaient donc l'un à côté de l'autre en discutant.
Alors qu'ils s'interrogeaient sur la mystérieuse ressemblance entre la dispositions des trous des poinçons et les aliens de Space Invaders, ils furent interpelés par Kyoko qui ne semblait pas très rancunière à leur égard.

– Hein, la balise ? Répéta Nathanaël lorsqu'ils se furent rassemblés. Tu parles de la F ? Ben on est en train de...
Il regarda autour de lui et constata la profondeur avec laquelle ils s'étaient enfoncés dans la forêt. La balise F était censée se trouver à une dizaine de mètres à partir des premiers arbres... Ils avaient pourtant avancé dans la bonne direction, il en était certain. Il arracha la carte des mains d'Allen pour vérifier.
– Ben. Je comprends pas... On a dû la dépasser sans la voir, non ? » Suggéra-t-il en prenant Lyz à témoin. Il scruta le paysage dans la direction d'où ils étaient venus sans remarquer quoi que ce soit qui eût l'air d'une balise. Une légère douleur attira son attention sur sa jambe gauche. Ah, des orties s'étaient accrochées à sa chaussette. Nathanaël détestait se promener dans la forêt de Gravesse notamment pour l'hostilité de la flore qui s'y était développée. Enfin, ils n'étaient pas dans la forêt de Gravesse, là. Et puis c'était où ça, la forêt de Gravesse ? Il se demanda s'il ne reconnaissait plus rien pour la simple raison qu'il était un citadin jusqu'au bout des ongles ou parce qu'il n'avait jamais mis les pieds ici. Il ricana, aussi, intérieurement, parce qu'il avait déjà trouvé une mauvaise blague qu'il gardait au chaud pour quand ses amis seraient tous happés par l'ambiance inquiétante dans laquelle semblait déjà se débattre Kyoko qui remuait nerveusement avec de grands yeux effrayés.

« Bon, chais pas pourquoi tu m'as voulue dans ton équipe, mais si ton copain le geek agonise sur le chemin je vais pas l'attendre.
- Hey, l'Alien aux cheveux raides, je suis normal, MOI, tu captes ? N. O. R. M. A. L. Y'a que des monstres pour pouvoir faire ce pu...
- C'est bon, pas la peine de prendre ce ton de reproche avec moi. Si tu voulais pas être avec nous fallait pas venir non plus hein. »

Raah, cette Lyz. Il ne la fréquentait pas trop d'habitude et n'en avait pas non plus l'envie. Il jeta un coup d'œil mauvais à l'entraîneur ...enfin, voulut car déjà Kurogane avait disparu avec le reste des groupes ! Son animosité envers l'alien à perruque bleue disparue pour le moment pour laisser place à la compétitivité du mâle Alpha. Il s'occupa tout de suite de tracer le chemin le plus court vers la victoire et ainsi mettre une grosse pâté à Kyoko et à Lyz. Il n'était pas une larve, compris !? Hmf.
Fier de bien tenir les choses en main, il en profita pour discuter un peu avec Nath' de choses très intéressantes et totalement scientifiques sur la relativité, l'utilité de l'Homme dans son habitat et l'énergie nucléaire … hm, vous ne me croyez pas ? Bref en tout cas, une voix familière l'interrompit dans sa réflexion philosophique :
« EEEH ! Vous avez trouvé votre balise ?
- Hein, la balise ? Tu parles de la F ? Ben on est en train de ... »
Allen fit un tour sur lui-même et vérifia la carte … comment avaient-ils pu en arriver là ? Ça ne faisait pas si longtemps qu'ils marchaient et son plan était parfait … une chose était cependant certaine : il n'avait rien à voir là dedans !
« Ben. Je comprends pas... On a dû la dépasser sans la voir, non ?
- Tsss, moi je pense que c'est l'Alien qui n'a pas fait son boulot. T'aurais pas pu nous prévenir qu'on suivait pas le bon chemin !? Pour être arrivé jusqu'ici il a bien fallu marcher au moins une quinzaine de minutes ! »
Il fallait bien se chercher un bouc-émissaire dirons nous, bien que je doute qu'Allen fit le bon choix en mettant tout sur le dos de Lyz. Il se tourna un instant vers Kyoko et l'assura :
« Tu ne l'auras pas ! »
C'est alors qu'à grand pas il s'enfonça de nouveau dans les bois, rebroussant chemin à la recherche de la balise la plus proche sur la carte. D'après elle, ce n'était juste qu'à quelques mètres … quelques mètres … quelques mètres … Sa surprise fut grande quand il ressortit des fourrées car devant lui il n'y avait pas de balise, mais Kyoko. Il lâcha un un petit hoquet de surprise, il n'avait quand même pas tourner en rond ? Non impossible, il n'y avait pas d'autres solutions plausibles …
« Beuh ? Comment vous avez fait pour arriver avant moi ? »
Il regarda de nouveau autour de lui mais ça ne manquait pas, c'était le même endroit que tout à l'heure là … Cette forêt lui paraissait vraiment étrange … étrangement familière … manquait plus qu'il pleuve.

____

HRP - Nul nul nul 8D Breffons, je propose qu'après, on fasse une ellipse et qu'on enchaine sur l'interclasse / prochain cours, ou alors l'heure de retenue qu'ils se sont pris au début du topic /o/ Et sinon, Lyz a disparu, puisque je crois pas que Giu a l'intention de recommencer à RP.

Il aurait bien pris comme victime pour sa blague Kyoko, mais étant donné qu'elle avait déjà souffert de sa décoration capillaire, il n'osait pas rajouter une couche sur la toile des vengeances que cette malheureuse tête de linotte serait capable de lui ressortir dans un instant d'intelligence.
De même, il ne pouvait se résoudre à risquer une dispute avec son ami Allen qu'il préférait de toute façon voir dans le rôle de complice plutôt que dans le rôle de bouc-émissaire. Il n'y avait donc plus personne à envisager que Chiara !... C'était sans compter l'état critique de pétoche dans lequel elle se trouvait déjà.

Et même, il avait utilisé le mot pétoche avec hésitation, après avoir réfléchi quelques secondes pour ne pas trouver le bon terme. Chiara avait l'air d'avoir carrément pété les plombs. Elle les avait prévenus qu'il "y avait un problème", mais Nathanaël avait compris qu'elle faisait référence à leur incompétence en matière de course d'orientation. En fait, c'était elle qui avait un problème, conclut-il mentalement en hochant la tête pour lui-même, après qu'il l'eût vue fondre en larmes.

D'accord, ce bosquet foutait les chocottes. Mais de là à se mettre à pleurer... Mi-désolé, mi-agacé, Nathanaël, à côté d'Allen, ne pouvait que regarder sa camarade de classe sangloter dans les bras de sa meilleure amie avec un grand sentiment d'impuissance. Il se demanda si cela pouvait être dû aux règles. Ou autre chose de relatif aux hormones. Il se demanda si Chiara était enceinte.


Il se tourna vers Lyz pour changer de sujet, et ne s'apercevant pas qu'elle n'était plus là, car ne se rappelant plus ce pour quoi il venait de faire volte-face, il oublia d'avoir une réaction. Au lieu de quoi il se retourna de nouveau vers Chiara et Kyoko, sans se poser plus de questions, cependant que cette dernière trouvait la balise tant recherchée.* Le sourire lui revint aussitôt entre les bajoues, et après avoir échangé avec Allen le check de la victoire qui était de rigueur en ce genre de situations héroïques, il détacha lui-même un des petits drapeaux prouvant leur effort.

***

Nathanaël faisait désormais tourner très vite entre le pouce et l'index de sa main droite le petit drapeau qu'il avait gardé en souvenir de la revanche que, arrivant avant-derniers de la course d'orientation, Allen et lui avaient tout de même arrachée aux deux pimbêches. Affalé par-dessus la table, le menton dans le creux du coude, il regardait d'un air vide le petit drapeau vibrer entre ses doigts.

Enfermés tous les quatre dans une pièce exiguë séparée par une vitre de leur Vie scolaire**, Allen, Chiara, Kyoko et Nathanaël attendaient en s'ennuyant qu'un pion vienne les libérer de leur heure de retenue. Officiellement, ils étaient censés rédiger un essai montrant leur réflexion et leur repentir quant à la faute qui les avait menés en cette prison. Mais on fermait les yeux souvent sur l'abandon de cet exercice stérile, en échange de quoi ils n'avaient qu'à rester là pendant soixante minutes, en n'ayant le droit ni de parler, ni de se lever, ni même de communiquer par regards. Au risque d'être foudroyé sur place par le froncement de sourcils terrible de Moewyn, la secrétaire hystérique du bâtiment A. Nathanaël leva timidement les yeux et les replongea aussitôt, quand il s'aperçut qu'elle les surveillait attentivement, dans l'observation de la feuille de papier vierge qui se trouvait sur son bureau.





* y a genre une belle incohérence sur notre conception du fonctionnement de la course d'orientation, haha...
** oh mon dieu ! Je me rappelais plus le nom de ce truc, j'ai dû aller demander à ma petite soeur !

Allen regarda ses compagnons d'infortune, perplexe. Il n'avait pas besoin d'être un génie pour comprendre que quelque chose de louche se tramait. Quelque chose de pas normal. Quelque chose qui lui était pourtant familier. Tout à coup, la copine de l'autre là se mit à paniquer ... On aurait cru qu'elle était ce genre de bonnes femmes possédées et qui pleurait dès qu'un prêtre leurs touchait le front dans les shows télévisés. Bon sang, frisson sur le coup. Chiara faisait vraiment peur. Toute son attention était à présent posée sur elle et ses pleurs. S'il y avait eu un vrai mec parmi les gens du petit groupe, il se serait approché dans un vol de pétales de roses et aurait certainement (assurément) serré la pauvre étrangère dans ses bras musclés avant de lui susurrer des mots réconfortants à l'oreille, caressant d'une main les cheveux caramels et prenant dans l'autre les doigts tremblants de la jeune fille. Mais bon, rien de semblable dans les environs. Juste une gameuse et deux potes boiteux.

« Mais quel boloss, Allen ! Ça devait pourtant pas être loin, et t'as pas réussi à trouver !? Pff, tu crains ! Je suis sûre que tu l'as ratée encore une fois, à force de passer ta vie devant les écrans ça m'étonnait que tu sois pas déjà un binoclard ! »

Tsssk. Et elle alors ? Le nez toujours collé à ses écrans minuscules de console portable. Allen allait bien sûr répondre du tac au tac, ne voulant pas se faire marcher sur les pieds par une fille ! Cependant, avant même qu'il n'ait pu dire quoi que ce soit, elle s'était déjà mise en route d'un pas déterminé, tout comme lui. Aux yeux du jeune homme, c'était clair :

«  Elle va rien trouver cette …
- Elle est là bande d'idiots ! Venez vite !
- ….. What de fuck … »

Allen avait la bouche grande ouverte tellement il n'y croyait pas. Bordel, c'était quoi ça ? Pourquoi il n'avait rien trouvé lui ? Malgré l'euphorie et la nouvelle énergie qui semblait habiter de nouveaux les camarades de classe, le garçon était sceptique. Il regarda vivement derrière lui, comme s'attendant à ce qu'un mec chapeauté le regarde, caché dans l'ombre et arborant un sourire glauque. Rien. Il retourna son regard vers Nathanaël qui lui tendait le poing pour faire un check. Ouais. Valait mieux ne plus trop se poser de question pour le moment et botter les fesses de deux pimbêches. Tels deux héros sans peur ni armes, ils s'élancèrent de nouveau dans la course.

{...}

« Eh bien, eh bien. On a touché le jackpot, dites moi ! Bienvenue en colle. Maeda, Raffaeli, Wainwright et Winters.
- … Y'a que nous ? Y'avait pas quelqu'un d'autre ? Et l'Alien ?
- Monsieur Winters, il n'y a que vos noms sur ma liste. Et je ne vois pas de quel " Alien " vous parlez. Allez à votre place ou c'est moi qui vous envoie sur Mars. »

Cette femme. Il était pourtant sûr que ... bon, tant pis. De toute façon cette journée était vraiment trop bizarre pour lui. Sa tête commençait à le lancer. En plus cette colle ... c'était pas du tout bon. Il aurait pu rentrer tranquille chez lui et se détendre dans un serveur de gens cool, mais nooooon ! Tssk. Enchanté comme tout, il tira sa chaise brusquement et s'affala dessus, les bras croisés, lisant machinalement les quelques mots doux incrustés dans le bois du meuble, vantant le physique ingrat de certains professeurs. Il nota d'ailleurs une caricature sympa des seins de Moewyn.

Ses mains lui démangeaient ... Il décida donc de faire un petit dessin sur la feuille de papier sur le bureau en se représentant lui, un warrior classe, écrasant de son charisme Kyoko la pirate. Au fond, Nathanaël, en fangirl, criait la gloire du champion. Ce chef-d'oeuvre l'occupa en gros huit minutes ... et là il devait encore attendre soixante minutes moins les huit qu'il venait de grignoter !? Trop. Lent. Il fit un regard circulaire, croisant ses " potes " à la recherche d'une idée de génie ... de ... génie ... Et soudainement, l'illumination. L'alarme incendie. Mais Allen déchanta bien vite ... Leur surveillante prenait au sérieux son travail et ne les lâchait pas une seconde des yeux ... Accablé, il cogna sa tête contre la table, abandonnant ses plans de ninja pour se rouler jusqu'au bouton rouge magique.