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| Personne ne bouge, j'ai perdu ma cervelle. | |
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| Sujet: Personne ne bouge, j'ai perdu ma cervelle. Mer 5 Sep 2012 - 3:44 | |
| Personne ne bouge, j'ai perdu ma cervelle. pv. Rahel Ambroziewicz. Dans mon monde à moi, y'a que des poneys. Ils mangent des arcs-en-ciel et ils font des cacas papillons ! Rahel me suit jusqu'à dans mon rêve. Elle est collante, obsédée par moi et acharnée depuis qu'on est là. Difficile de rester modeste avec ce genre de conditions. Et ce, même jusque dans mes rêves. Ce rêve est tellement louche. Je marche, je marche en boitant et canne en main, et elle marche à côté de moi. Ce rêve est suspect, parce que je sais que c'est un rêve. C'est la première fois que ça m'arrive. Ça fait assez drôle, mais ce n'est pas mauvais. Avoir conscience, ce qui signifie que je peux faire ce que je veux librement, sans notion de causalité. Alors c'était ça, d'avoir conscience de rêver. Je me demande si je vais m'en souvenir, demain, quand je vais me réveiller. Ce rêve est inhabituel, n'empêche. Je marche, et à côté de moi, il y a Rahel. Rien n'est anormal, jusque là. Mais je ne sais ni où je vais, ni pourquoi sa présence me paraît si naturelle. Il n'y a rien d'anormal, dans la situation. Mais quelque chose ne va pas, ce sentiment est absurde et complètement nouveau. C'est parce que je suis en train de rêver. C'est comme réfléchir à la poule et l'oeuf, je n'arrive pas à réfléchir quand c'est au delà de la complexité. J'essaye d'oublier, je me concentre sur ma démarche. Je suis dans un rêve, de toute façon. Et dans un rêve, tout est permis. Cela voudrait dire que je peux marcher sans canne. Probablement. Je m'arrête net, et je lâche tendrement ce que je tiens dans la main. Une poussée d'adrénaline me monte, je peux marcher. Non, même dans un rêve, je suis condamné à boiter comme un vieux centenaire. Je la reprends, et je soupire. Ça me frustre. De savoir que même dans un monde non réel, je ne peux pas marcher normalement. Je ne parle pas à Rahel, je reste silencieux. Parce que si je lui parle, elle va me faire chier, je vais avoir envie de la frapper, bien que je sois dans un rêve. Je n'en ai rien à foutre d'elle, c'est mon sommeil, qu'elle reste là, aussi calme et sage que mon poing gauche. Si elle me parle, je l'ignore. Si j'y arrive. De toute façon, je devrais en être capable, puisque ce n'est qu'un putain de rêve. On marche toujours, le long du couloir, ça passe lentement. Et je me dis que ce temps ne doit représenter que quelques secondes dans le monde où je suis en train de dormir. Où est ce que je me suis endormi déjà? Je ne m'en souviens plus. D'ailleurs, autant profiter de ce temps compté avant un réveil brusque au lieu de réfléchir à des choses dont je ne vais jamais pouvoir me rappeler. On marche, tranquillement. J'oublie que je n'ai pas de but précis et que je marche sans raison. Alors je m'arrête net, et je regarde. Je sursaute ; la honte. Ce n'était qu'un reflet de moi même, et de l'ombre à côté de moi qui me sert de compagnon. Autour de moi, c'est pareil. Des miroirs, encore des miroirs. C'est merveilleux, en même temps effrayant à en rêver, crever. Je me vois à la perfection. J'avais oublié que c'était à ça que je ressemblais. Un miroir, mon reflet, ça fait longtemps. Ces miroirs ont beau m'émerveiller comme un gosse qui se découvre, je n'oublie pas Rahel. Elle n'a pas l'air de ne pas apprécier, tant mieux, même si je n'ai aucune raison de m'adapter à ses envies. Ça m'a échappé. Je n'avais rien à dire, regarder son reflet à elle me faisait penser à ça. En quelque sorte, ça m'a échappé parce que c'était un fantasme depuis toujours. Pas Rahel, les miroirs. Se voir transpirer, se regarder se morfondre l'un l'autre dans les bras, se matter en train de faire l'amour. C'est sensuel et érotique, comme une scène de film pour adulte ; où les deux corps en fusion se reflèteraient dans tout cet espace meublé de miroirs. En somme une belle expérience. C'aurait été pas mal, peut être que si, étant donné que c'est Rahel. Encore traumatisée par notre saloperie de rencontre, probablement. Et l'air de dire que je m'en branle complètement, je n'entend la réponse qu'à moitié et je pars à travers ces miroirs par centaines, ces reflets par milliers. On ne peut pas dire que ce n'est pas fascinant, même en rêve, je trouve ça assez bon. J'avance, sans perdre de vue le chemin par lequel j'ai laissé Rahel derrière. Je prends conscience que même dans l'irréel, je tremble à l'idée de la perdre dans ce lieu, je tressaute à l'idée de me retrouver seul, réel ou non. Rahel, c'est d'abord un baiser mouillé sur le dos de ta main. C'est ensuite de la soude caustique sur ce baiser. Enfin, elle est un baiser doux brûlant, ça arrache, et ça reste. Ça me reste sur la main jusqu'à ma mort éventuelle. Ça ne part pas, même après une douleur interminable et intenable, même si je pense à autre chose, ça reste. Ça colle, c'est chiant, mais il ne fallait pas se la coltiner dès le début, cette pauvre conne. Pour une fois, je suis impatient de continuer mon rêve. Je ne veux pas me réveiller, pour dire à tel point que je trouvais ce rêve merveilleux. Mes doigts effleurent mes propres reflets, un sourire glacé se dessine sur mon visage durci par la réalité et je me tourne. Je cherche Rahel des yeux. Je la vois partout, ma tête s'embrouille. Je n'arrive pas à savoir où elle se trouve exactement. Les reflets des reflets m'indiquent qu'elle n'est pas loin, ou peut être trop loin. Elle est là, quelque part. Je me suis perdu dans ce putain de trou alors que je voulais surveiller mes arrières. « Rahel, Rahel. Reviens là. Ça me dérange. » Je n'ai pas eu peur de dire ces mots. Parce qu'un rêve ne se transmet pas, qu'elle ne risque pas de m'entendre pour de vrai. Et que de toute façon, je peux tout me permettre. Ce qui me dérange le plus, c'est de ne pas pouvoir dire la fin de ma phrase. Ça me dérange que tu ne sois pas là. Même en rêve, ça me bloque. Parce que même en rêve, je ne peux pas me permettre de me rendre esclave de mes propres sentiments. Je veux éviter de me ridiculiser, même pas en rêve. En vérité, ça me rassure. Je lui raconterais demain, à Rahel. Ce rêve étrange. Qu'elle était là, pour me tenir compagnie jusque dans mes rêves. Elle rétorquera peut être que je raconte que de la merde, que c'est parce que je pense trop à elle avant de dormir, ou que je suis complètement absurde. Bien sûr, si je m'en souviens. Éther démoniaque... Ça vous fait vous comporter comme l’ivrogne du village dans un roman irlandais...
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| Sujet: Re: Personne ne bouge, j'ai perdu ma cervelle. Mer 5 Sep 2012 - 19:20 | |
| Tu es là, tu sais, à la lisière de mes rêves. Entre cauchemar et réalité, jamais plus près, jamais plus loin. C’est ton juste équilibre et tu tires sur les fils, tu te rengorges de pouvoir assassiner à grands coups de mots crus les toiles fragiles que je tisse pour échapper à ton emprise. Mais le rêve s’estompe, se finit, toujours, dans un grand bouquet d’étincelles glacées. Et je me retrouve glacée, perdue dans les draps froids parce que je sais que même dans mes rêves, tu ne pourras pas me sauver.
Elle fronce les sourcils, se dit que tout a l’air familier, ici. Ses yeux se fixent sur ses doigts pâles et elle se sent un peu nauséeuse, un peu cotonneuse. Elle se demande ce qu’elle fait là parce qu’elle marche son but mais la situation est normale parce qu’il est là. C’est sa constante, sa petite malédiction. Si Ether est là, c’est que les choses suivent un cours normal. Si Ether est là et est aussi chiant que d’habitude, c’est qu’elle n’a pas à s’en faire, juste marcher. Son souffle se bloque dans sa gorge et elle les voit, multipliés. Leurs reflets, partout, autour d’eux et elle se trouve toute pâle. Elle a l’impression de ne pas exister, même à travers le miroir et son reflet lui lance un regard un peu vide.
Ils sont tout en oppositions ténues, en demi-teintes étrangement semblables et elle pose ses doigts sur l’un des miroirs, stupidement.
Tu te dis que c’est vachement réaliste, que tu te crois vraiment dans la réalité parce que tu sens un peu le froid mais ça ne te réveille pas. Tant mieux parce que ici, c’est étrange, c’est un peu hors du temps et de l’espace. Il n’y a que vous, multipliés. Toutes les toi sont pareilles, tu as envie de les tuer et de virer leurs sourires suffisants mais tu ne dois pas y faire attention. Si tu éclabousses de sang ton propre reflet, tu ne pourras plus te contempler, Rahel et là où le vide est mental, il se fera physique.
Elle ricane en l’écoutant, commence déjà à s’éloigner alors qu’elle répond à sa… proposition ? Ils sont ridicules, on dirait deux gosses, même si les mots qu’ils échangent sont doux comme du papier de verre.
« Non merci, j’ai déjà donné. »
Tu t’en rappelles et ça te fait un peu frissonner. Depuis, tu n’as pas vraiment osé approcher qui que ce soit. Tu t’amusais de provoquer les contacts, tu te dérobais sous les caresses et les envies passagères pour mieux brûler ensuite et ça te faisait rire, quand tu repartais sans regard en arrière. Mais tu as comme un dégout, un blocage. Ton corps appelle à l’aise, se dérobe et si ton esprit est intraitable, lui, se rappelle, lui, se plie sous les faiblesses.
C’est sa faute, entièrement et Ether l’a un peu plus détruite. Comme ça, elle plonger ses doigts rongés d’acide dans les plaies béantes auparavant recouvertes de sel.
Elle chemine un peu mais garde toujours un œil sur le reflet d’Ether. Plus loin, disparu, elle ne sait pas, parce que parfois, elle aimerait juste se dire qu’il n’est plus là. Pour de vrai, pas juste une peur passagère, pas juste une petite frayeur. Non, la vraie absence. Elle serait seule, totalement, et dans ces moments elle se demande ce qui lui fait le plus mal. Le fait de ne plus l’avoir à côté d’elle ou le fait de n’avoir plus personne à côté d’elle.
Je n’ai pas envie de répondre à cette question alors c’est pour ça que je n’envisage jamais vraiment. Puis, c’est mieux comme ça, non ? Je n’ai jamais le temps de vraiment le faire car tu réapparais. Je n’ai jamais l’occasion e me réjouir parce que tu reviens. Je n’ai jamais le temps de pleurer parce que tu m’appelles. Tu comprends tout. Alors je te méprise.
« Je suis là. Tu peux pas te débrouiller seul ? »
C’est un reproche, dans sa voix mais pourtant, elle se rapproche et son visage affiche, un court instant, la légère crainte de le voir partir dans le sens opposé. Mais elle se reprend, elle caresse du bout des doigts un morceau de miroir vide, comme un bout de ciel gris inondé de soleil.
« On est où ? C’est quoi, ce lieu ? »
Elle regarde autour d’elle voit à même les images affichées mais il n’y a qu’eux, qu’eux, c’est un grand désert où leurs êtres décharnés affrontent leurs propres êtres. C’est malsain parce qu’elle ne voit plus que ses yeux, vides, que leurs blessures et ça la met mal à l’aise. Elle a envie de dire viens, Ether, partons, ça me fait peur et je n’aime pas me voir comme ça, il y a trop de toi, trop de moi et déjà qu’on se suffit pas à nous-mêmes, pourquoi nos cadavres seraient multipliés comme ça ? Mais à la place, elle se contente de rire, un peu nerveuse.
« Ça n’existe pas, pas vrai ? Je ne vois pas ce qu’on irait faire là. Ça se terminera surement, bientôt. »
Elle grimace, n’ose pas se déplacer, elle le perdrait de vue et elle ne pourrait plus se moquer de lui. Voilà.
« On fait quoi, en attendant ? Pourquoi ces miroirs ne nous montrent que nos reflets ? c’est décevant. Puis j’en ai marre, de voir ta tête. »
Elle soupire, se pause au sol et elle a l’air d’un pantin désarticulé. Son propre corps lui parait étranger et c’est normal parce que c’est un rêve, non ?
Je me retrouve là, à crever de trouille. Je mens, encore, encore. Heureusement qu’ils ne montrent que nos reflets, tels qu’ils sont dans la réalité. Heureusement qu’il n’y a que les apparences. Parce que tu sais, si ces foutus miroirs dévoilaient quoi que ce soit à mon sujet, je n’hésiterais pas à les faire exploser.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Personne ne bouge, j'ai perdu ma cervelle. Jeu 6 Sep 2012 - 11:48 | |
| Si aimer est le sixième sens, je ne le possède pas. Depuis que je suis avec Rahel, me dire que je n'ai pas changé serait une grave erreur, me vexerait presque plus que me dire que je suis toujours aussi con. Avant que ce ne soit Rahel, je faisais des conneries pour les autres, pour me faire remarquer. Parce qu'il fallait que j'entende les gens dire de moi que j'étais fou, malade, insupportable. J'avais besoin qu'on me reproche, au final qu'on ne m'approche plus ; parce que je blessais tout ceux qui tentait de s'approcher, et ce volontairement. À vrai dire, depuis l'accident, j'avais le besoin d'être seul. Moi et uniquement ma gueule. Parce que je me réveillais complètement glacé, sans aucune passion, sans aucune chaleur, juste de la destruction. Je repoussais les autres parce que je savais qu'ils ne pouvaient pas me comprendre. Ils disaient tous, tu peux encore vivre, trouve autre chose à faire, arrête de te détruire, tu ne vaudras plus rien bientôt. Mais maintenant, il y a une différence primordiale. J'ai appris à faire le con pour moi même, parce que j'ai besoin de me reconnaître aussi. Plus pour les autres, pour moi. Et pour Rahel. Parce que c'est elle qui me l'a appris. Laisser ma connerie se dévouer à moi même, bien car je suis le seul à me mériter de telle chose. En quelque sorte, prendre sur moi. C'est pour me surveiller qu'elle doit être là, Rahel. Les gens changent, puisque même Rahel a changé. Je la suis dans son évolution ; je change car je la suis, en faisant semblant d'être le plus cool du monde. Tu es là. Je ne peux pas me démerder seul, désolé. Moi non plus je ne sais pas où on est, j'ai seulement envie de te répondre, on est dans mon rêve. Tu squattes mes pensées, c'est de la fraude, tu le sais, ça? Tu n'as aucune autorisation, donne moi tes papiers. Mais ce serait complètement absurde, tu rirais sûrement. Moi et mes milliers de clones te regardent toi et tes milliers de clones. C'est carrément flippant, c'est presque magique. Ce ne sont que des miroirs, ces reflets ne vont pas se mettre à bouger d'eux même. Un frisson de terreur me parcoure le dos. Et si, et si, par simple hasard, ce n'était pas un rêve mais un cauchemar. Tous ces reflets commenceraient à bouger tel zombieland, et on serait bouffé ainsi. Dans une atmosphère affreuse, d'horreur, où on serait déchiqueté comme de simple morceaux de viandes jetés aux loups. J'ai horreur des films avec tension, comme ça, je ne les supporte pas. Alors rêver de ce genre de choses, les vivre un instant, c'est une malédiction. Rahel, tu es sûrement plus courageuse, tu nous sortiras de là si jamais ça arrive, tu ne m'abandonnerais pas, hein. Que tu m'abandonnes serait une plus grande frayeur que ce semblant de film d'horreur. J'en tremble rien que d'y penser.« Ce n'est pas réel, quelle question. T'es conne ou quoi? » Normal, on est dans mon rêve. D'ailleurs, je ne vois pas ce qu'elle y ferait dedans, à parler comme si elle s'était imprégné d'un personnage dans ma tête. Et j'espère que ouais, je vais me réveiller, et la retrouver à côté de moi, endormie. J'espère que je vais penser que j'ai rêvé d'elle parce que je me suis endormi en regardant son visage. Rien d'autre. Rien de sentimental, ni d'émotionnel, ce serait un comble pour notre relation. Nerveux, tout autant qu'elle, je laisse échapper un rire de ahuri. Je n'avance plus, parce que Rahel s'est arrêtée, et qu'elle reste figée dans son moment. Ça me fait peur, et si elle n'était pas aussi courageuse et qu'elle n'arrive pas à nous sauver tous les deux en cas d'attaque de nos reflets? Et si même Rahel n'était pas la vraie et qu'elle n'était qu'un reflet? Je frissonne encore une fois. Pour les idées glauques et flasques, il me fait un putain d'oscar. Je la regarde, moi aussi j'en ai marre de la voir. Et de me voir. Je suis trop laid. « On fait quoi, en attendant ? Pourquoi ces miroirs ne nous montrent que nos reflets ? c’est décevant. Puis j’en ai marre, de voir ta tête. » Je ne sais pas ce qu'elle attend de plus de la part de ces miroirs. Je ne veux pas entendre la suite. J'ai peur de savoir ce qu'elle est en train de s'imaginer. Elle a en marre de voir ma tête. Moi aussi. Je serre les dents, les poings et grimace. Je donne un violent coup de pied sur le miroir en face de moi. Ça m'énerve. Le miroir se brise, mais rien ne tombe. Le miroir s'est fissuré, mon reflet aussi. C'est exactement ça, qu'il fallait que je vois. C'est ce Ether là mon vrai moi. Un Ether brisé mais pas assez pour être en miette. Je suis complètement déformé. « Tu ne devrais plus voir mon reflet aussi clairement, maintenant. » Pas d'injures. Je jure intérieurement, contre moi. Pauvre con. C'est à ça que je ressemble, je ne suis qu'un crevard, autrefois à deux doigts de se tirer une balle. Maintenant, ce n'est pas mieux. À la différence près qu'il me faut deux balles si je veux crever. Une pour la pute là-bas plus loin, une pour la couille molle que je suis maintenant. Peureux, trouillard, salaud de superficiel. Je pleurs. Certains peuvent reconnaître ces yeux. Il n'y a pas une seule larme, mais il n'y a pas de doute au fait que je pleurs. Suis-je réellement triste? Je ne le savais même pas, et ça, c'est encore plus triste que de l'être pour cause. Je me permets de pleurer silencieusement, parce qu'on est dans un rêve. Voir ainsi mon reflet éclaté me donne la nausée. Je passe une main sur mon visage, si hargneux, si haineux, plein de laideur brute. Je me demande comment Rahel peut rester auprès d'un mec qui ressemble à ça. Mon poing se pose doucement sur le miroir éclaté. « Je ne sais pas, petite peste, ce qu'on doit faire. » Pour sortir de là? Un sourire forcé transforme mon expression. Une lueur de fou s'allume en moi. Et si on brisait tous nos pauvres reflets? Ils ont l'air de n'attendre que ça. J'pète les plombs putain j'pète les plombs.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Personne ne bouge, j'ai perdu ma cervelle. Sam 22 Sep 2012 - 21:01 | |
| Parfois, j’aimerais juste que tu te brises, que tu disparaisses, comme ce reflet que tu réduis en miettes. Mais à chaque nouvelle chute, quand je vois que tu es toujours là, ça me coulage. J’aimerais y mettre fin mais ça me fait trop mal et ça me dévore, de l’intérieur. Je te hais tant.Elle voudrait lui dire d’arrêter, de ne rien détruire mais elle n’y arrive pas, tout ce qui sort de sa bouche, c’est un grand éclat de rire. Ça sonne un peu comme un élan de douleur, un couteau en plein cœur mais elle n’y fait pas attention parce qu’il y a une quantité infinie d’Ethers qui l’observent, qui sont cassés, comme des jouets qui ne fonctionnent plus et elle a envie de pleurer alors pour ne pas le faire, elle rit. Sn regard se remplit de quelque chose qu’elle n’a pas envie de voir et elle ne sait même pas de quoi elle a l’air, elle, au milieu de tout ça. Elle le suit dans son petit éclat de folie, laisse ses mains pâles traverser la glace et elle frisonne parce qu’elle a l’impression de la sentir froide. Le choc la suit et sa peau diaphane se nourrit des rayons de lumière qui s’y écrasent, sans heurts. Ses gestes deviennent violents et elle fait aussi voler en éclats l’un des miroirs, parce que ça a l’air amusant. Tu vois ton visage qui se décline en différentes teintes, en différentes tailles mais tout se rejoint au même point, tu lis la même cruauté résignée dans tes iris d’or. Tu te demandes s’il voit la même chose et ça te donne envie d’écraser toutes ces images. Tu te baisses, comme dans un rêve, parce que c’en est un et tu saisis quelques éclats qui s’imbriquent à tes mains. Tes gestes sont trop lents, trop crus et tu ne fais pas attention parce qu’après tout, c’est pas réel, ça peut pas te toucher et s’il y a du rouge qui s’écoule de tes doigts, c’est juste parce que le rêve est réaliste, s’il ne l’était pas, Ether ne serait pas à tes côtés de toute façon.« Regarde c’est… »Sa voix s’étouffe et elle fronce les sourcils mais il ne l’écoute plus, il continue à casser des miroirs à la chaine, comme un pantin qui n’a plus qu’une obsession en tête. Elle ne voit pas l’expression de son visage et ça lui fait peur, elle se dit soudainement que tout ça n’est pas normal, que quelque chose cloche et que c’est peut-être la douleur de ses doigts tranchés. Mais je ne devrais pas ressentir ça, pas vrai ? C’est un rêve, non ? La douleur physique ne se ressent pas, pas plus que cella morale. Pourtant, j’ai mal aux mains, mal à l’âme et je ne veux pas que ce soit réel. Ça me fout le cerveau à l’envers de te voir comme ça, de me voir comme ça, on a l’air de deux pauvres crétins qui se brisent sans y arriver, qui restent accrochés à quelques malheureux filaments de raison. Si j’ai mal c’est peut-être tout simplement parce que même dans mes rêves, j’en crève, non ?« Merde. Ether. Ether ! »Sa voix se fait de plus en plus forte, au milieu des éclats et elle se relève, court presque pour le rejoindre. Elle trébuche à chaque pas, s’écorche les genoux et se rend compte que c’est réel, bordel, que c’est pas un putain de rêve et qu’ils sont vraiment coincés ici, avec eux-mêmes, seulement eux-mêmes, hideux et cassés à jamais. « Arrête, ils… »Merde, merde, merde.Elle a à peine le temps de pousser un halètement effrayé que le bruit de verre brisé s’épanouit en face d’elle et que l’explosion douloureuse lui passe dessus. Elle sent les entailles sur son épaule, son bras, tout son côté droit qui se pourfend de perles irisées. Et incrustés dans sa peau, quand elle baisse les yeux, elle voit des reflets d’elle-même, les yeux écarquillés, l’air de se demander comment ils ont atterri là. « Ils sont bien là. Juste là, on fait comment pour s’échapper de la réalité ? »Tu secoue la tête, tu ris, c’est douloureux. Tu attrapes un à un les morceaux de miroirs fichés sur ta peau et tu te surprends à les trouver superficiels. Tu as l’impression qu’ils t’ont écorchées jusqu’à l’âme, pourtant mais ça ne doit pas être ça, ça doit être toi qui était déjà cassée au départ. Vendue défectueuse, on n’y peut rien, la vie est une pute. Elle est toujours agenouillée au sol et ne le cherche même plus du regard, il ne doit pas être loin. Ça ne lui importe plus, qu’il l’ait écoutée, qu’il s’en soit rendu compte ou non. Ce qui la ronge, c’est cette constatation, cette horrible vérité, comme quand elle était gamine et qu’elle se rendait compte que ce qu’on lui avait fait croire était une illusion pour se protéger. C’était bien réel, bien là et si elle avait déjà si mal, même avant, si elle ne pouvait pas se passer de sa présence, si elle le cherchait malgré tout, c’est que c’est resté quelque part, en elle. Je ne sais pas comment j’ai fait, comment t’as fait. Mais plus je vois ces morceaux, à terre, plus j’avance en moi, dans ces dédales sans fin, je me rends compte que tout est pourri, corrompu. Et ton reflet traine toujours quelque part, horrible de vérité, un sourire sinistre aux lèvres, comme si tu attendais aussi la condamnation.« Qu’est-ce qu’on fout là, pourquoi j’ai si mal ? Et pourquoi t’es toujours là, partout, pourquoi je peux pas partir, cette fois ? »Sa voix s’entrecoupe, enfle et elle perd son calme, pour la première fois peut-être. L’éclat qui l’anime se brise, devient un souffle fatigué, éreinté et elle se lasse de ces guerres, craque peu à peu. L’agitation règne, son esprit implose, comme des millions d’étoiles qui s’embrasent d’un coup. Et il n’y aura jamais que la terre brûlée, pour remplacer tout ce qui doit être jeté.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Personne ne bouge, j'ai perdu ma cervelle. Ven 28 Sep 2012 - 14:57 | |
| - Spoiler:
(cadeau. le premier dessin (en plus propre), et le deuxième, un autre, illustrant le rp laul c'est immonde) https://2img.net/h/oi46.tinypic.com/2hhj91d.jpg
J'suis torturé, attiré par mon côté obscur. Je ne l'entends que rire. Un rire détruit, un éclat de rire qui me perce. Un faux rire étrangement retentissant. Je claque sur ces éclats de rire, sur ces éclats de verre et je perds la raison, doucement mais méchamment. J'ai trop cumulé pour rester impassible, pour rester aussi cool que l'est le mental de Rahel. Je dresse le plan de situation et de décor : l'emplacement de chacun, qui est vivant, qui est mort. On est tous morts, moi et mes morceaux de reflets, elle et ses reflets instables. Il n'y a que la situation et l'atmosphère qui sont vivants, ils respirent et sont prêts à nous bouffer. Là, ils attendent qu'on soit complètement perdus, achevés par notre réalité. Il n'y a que mon corps qui fait acte de présence, mon esprit est je ne sais où, envolé, fumé. Il s'est cogné contre le mur – le miroir de mon rêve où le réel domine. La peur, la dissection de mes sentiments, la douleur physique, l'auto-sodomisation de mon être. Au bord de la destruction, l'envie de passion et de sexe, ça sent mauvais. Éclaboussé par tant de malheur, que je viens de foutre en pièce. Parce qu'il fallait bien que j'y fasse quelque chose, maintenant que j'en suis arrivé là, dans ce rêve ondulant, cette réalité rêveuse. Il fallait bien que j'arrête de rester victime de mes propres moi par millier. Elle est victime, je suis destructeur. Chacun de nous pense que son rôle est le premier rôle. Et puis on se perd encore une fois dans notre piètre jeu d'acteur; rage de perdre, fatigué de finir. J'en termine à éclater un nouveau moi de l'autre côté. Tout ça, c'est miroir, miroir, dis-moi, parce que la beauté c'est le pouvoir, de la même manière qu'une arme, c'est aussi le pouvoir. La beauté s'use, et je ne suis plus aussi scintillant que je l'étais anciennement. Une laideur difficile à décrire, qui ne se prouve que par la perte de soi, des trous dans la tête. Une laideur qui ne se manifeste que comme une remontée d'acide. Et c'est sale, c'est sanglant et c'est affreux. Des bouts de moi par terre, des fragments d'elle gisant dans un liquide rougeâtre. Une panique, un flash de honte qui me rend muet. Laissez moi exister, s'il vous plaît, merci de ne pas partager. Je m'arrête, avec des petits yeux, des yeux fous. La douleur fait son entrée, et ce cirque déchiré me prend coupable. Je l'ai voulu, et je me suis rendu compte que ma montagne d'erreurs me suit toujours derrière, qu'elle devient de plus en plus haute. À chaque éclat, une acclamation en haut de ce mont, j'arrive presque au bout. Et puis cette douleur, elle avait une raison. Ce n'était pas un cri désespéré que mon corps envoyait pour me prévenir qu'il fallait que j'arrête tout. C'est une vraie douleur, physique. Je me vois, moi et mes mains engraissées de sang. Une liqueur collante et rouge comme la braise. Déchiré, je frissonne. Le monopole de la souffrance m'achève. Alors c'était vrai, tout ça, c'était pas un suicide dans un rêve. C'est le vrai moi, la vraie Rahel, et adieu ces faux reflets pétés qui font la fête sur le sol. Et je me dis que, pourquoi je ne condamnerais pas, pourquoi je ne vivrais que comme ça. La susceptibilité, l'existence de ma tumeur; Rahel. Et alors, et ensuite, et après. À suivre. Page 34, c'est clair comme si je lisais un magazine où les pages sont numérotées. Tu as compris avant moi, et je te donnerais tort de ne pas m'avoir dit avant. Comment on fait pour s'échapper de la réalité? Tu ris. Espèce de folle. Pour esquiver cette terreur, on doit rêver. Mais on le fait déjà, alors il ne nous reste plus qu'à crever. De toute façon, on était dessinés ainsi, on a l'obligation de finir mal. Finir mal. C'est sûr, c'est dur. L'air triste, tu ne bouges plus, par terre, déprimée. Les neurones grillés, je marche vers toi. J'ai compris la leçon, viens, on se tire. Je suis incapable d'assumer mes conneries parce que j'en souffre, parce que je vois bien que je ne suis pas le seul à crever sous une douleur que je me suis infligé. Toi aussi, regarde toi comme tu es laide et comme tu réclames de l'aide. À la manière d'un sinistre clochard, j'avance- mais je reculerai volontiers dans le passé, si je le pouvais.Je la trouve, et je me troue le cœur, un cœur déjà écrasé à moitié. Je ne suis pas là pour faire la morale, mais je me baisse. J'attrape ses bras, je la soutiens, et je la relève. Elle se marre, son rire me glace le sang. Ce qui ne change pas de d'habitude. J'aimerais pouvoir m'apitoyer sur une feuille blanche pour réécrire mon avenir avec mon sang. Je ne suis pas encore prêt pour ne plus vivre, même si finalement je me vois, déjà mort. Et je la vois, elle, mes mains tamponnées à l'encre rouge sur ses bras. Le cœur serré, je me demande ce que je fous, et je lui retire un morceau de verre trop gros de son épaule. Misérable vie rime avec rêve pathétique. Même plus besoin de dire je t'aime, même plus besoin d'écouter de la musique triste pour s'imaginer des malheurs, même plus besoin de capote pour baiser des chiennes dans les rues, même plus besoin de quitter l'ennui mortel en traînant dans les boîtes, même plus la foi d'aller taffer pour gagner de quoi bouffer. Santé. « T'es glauque, petite pute. » Mais ça ne sert à rien de vouloir jouer les rassurants maintenant. C'est pas comme si j'avais particulièrement envie d'être son père, sa mère, son grand-frère, son homme. Je sais qu'elle a mal, je sais que ça lui pique de partout, qu'elle a besoin de désinfectant, qu'elle a besoin d'une purification. Mais je ne fais rien, je ne l'aide qu'à se relever, et ce, depuis toujours. La noyer, puis l'aider à remonter à la surface avant qu'elle ne crève, noyée. Et puis je recommence, elle se noie, la même histoire depuis le début. Le commencement de ça, de cette merde, peut être même depuis ce jour. Mais je ne peux me résigner à la laisser mourir, parce que sinon, c'est à mon tour. Et mon tour, j'essaye d'y échapper à chaque fois. Les nerfs à vif. « C'est un rêve, c'est qu'un putain de rêve. T'as jamais baisé dans un rêve toi ? Bah on arrive à jouir, alors j'vois pas pourquoi on aurait pas mal dans un rêve. » Essayer de se mentir, essayer de lui mentir. En espérant que puisque ce n'est qu'un rêve, elle me croira sur parole. Les poings dégommés, je commence à sentir la peur de crever. Si j'avais su que ça ferait si mal, je n'aurais rien pété du tout. J'aurais laissé, mes reflets intacts. Mes milliers de moi comme ils étaient, comme si j'avais besoin d'éclater les morceaux de mon passé. C'est affreux, c'est tout, et alors, et ensuite, et après. Y'a pas de suite à cette histoire, y'a pas de suite à cette fin. On en sera toujours là, à avoir arrêté d'évoluer à la manière de Peter Pan. Faut qu'on s'offre une nouvelle vie.
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| Sujet: Re: Personne ne bouge, j'ai perdu ma cervelle. Jeu 4 Oct 2012 - 16:37 | |
| Tu faiblis, folie déployée, yeux grands ouverts. Que la fin approche, t’emporte, qu’il t’emmène au loin, pour ton dernier voyage. « T’es con, Ether. Tu dis que c’est un rêve alors tu peux continuer, non ? Brises-en quelques autres, saigne encore un peu. »Elle ricane, mauvaise, le regard fuyant. Elle n’a aucune envie de croiser ses yeux, qu’il puisse encore prendre l’une des lames assassines de ses iris pour la lui enfoncer dans le cœur. D’habitude, elle encaisse. D’habitude, elle en rit, lasse, habituée parce qu’elle s’en fout. Mais là, elle a l’impression d’être un ballon crevé, à bout. Comme si tout son souffle s’échappait, son air qui repart à cause de la blessure, des blessures, elle ne sait pas, c’est peut-être le tout qui vient former une plaie suintante, dégueulasse, qui lui fera perdre tout son cœur. Je suis comme une gosse qui dit qu’elle n’en a pas, qu’elle peut être cruelle et mauvaise parce que ça la fait rire. Comme quand on était gamins et qu’on arrachait les ailes des papillons. C’est la même souffrance, diffuse, comme si on ne sentait rien, au fond mais quand je retire ces morceaux de verre de ma chair, c’est un peu pareil, sauf que ça laisse bien plus de traces qu’un battement d’ailes qui se meurt. Et quand c’est toi qui l’enlève, c’est encore pire, c’est insoutenable et j’ai envie de te dire de dégager, de ne plus me toucher, plus jamais, jamais, parce que tu es un monstre et que tu le sais mais je ne peux rien faire.Comme toujours.« Sauf si t’as trop mal pour ça. »Elle se moque de lui, effrontément, regarde ses poignets. La tâche sanglante de ses mains y demeure et elle a envie de les frotter. Faire partir le sang. Mettre la chair à vif, éloigner toute trace de lui de son corps. C’est un poison, ça lui brûle alors elle serre les dents, elle rejette l’idée parce qu’il ne faut pas trop de choses à la fois. Tu acceptes déjà un peu de son importance, à cet impertinent à la cruauté à vif. Tu acceptes un peu sa présence à tes côtés, même si ça te détruit plus qu’autre chose mais c’est ce qui compte. C’est ce que tu voulais, tu te dis que comme ça, au moins, il fera le travail qu’il a commencé jusqu’au bout. Avec un peu de chance, tu te laisseras crever et il acceptera d’en être le responsable, de donner le dernier coup parce qu’il est incapable, pour le moment de t’achever. Ça te semble être un beau compromis, ta vie qui ne vaut rien contre son humanité qui n’existe déjà plus. Il n’y a plus qu’à le pousser, à bout, jusque dans ses derniers retranchements.« Hey, si c’est un rêve, on peut en finir, non ? »Elle murmure, tout bas, dans un frémissement. Elle prend ses mains, rougies, le sang qui coule un peu et les met autour de son propre cou et serre, un peu, juste un peu. « Puisque ça fera mal, de toute façon, ça me fera un essai. Crever dans mon sommeil, me réveiller vivante et recommencer, jusqu’à pouvoir y arriver pour de vrai. T’as pas envie… ? »De me tuer, de m’annihiler? Il suffit que tu cèdes, tu sais, tu sais. On est si proches, à chaque fois, il suffirait juste d’un peu plus et tout serait fini. Bientôt, je ne voudrais plus me raccrocher à cette vie qui m’écœure. Bientôt, tu ne voudras plus t’embarrasser d’une personne qui te dégoute. Ce serait un beau final. La pute et le salaud qui se libèrent de leur prison. Elle en embrassant la mort, lui en embrassant le néant. Il faut juste que tu le fasses, alors, non ? Tu peux te voiler la face, tu peux ignorer la douleur, les signes, ce que tu veux. Si ça me permet de pouvoir repartir, c’est bon.Elle est trop lâche pour continuer, trop lasse pour espérer. S’il peut franchir le dernier pas, même si ce n’est pas vraiment lui, ça lui va. C’est le lui qui croit rêver, qui peut faire ce qu’il en a envie. Elle n’en a rien à faire, de ces miroirs ébréchés. S’il peut céder et simplement en finir, ça, c’est important, c’est vital et elle voudrait qu’il serre, fort, fort, jusqu’à ce qu’elle en ferme les yeux, jusqu’à incruster ses doigts dans sa gorge, jusqu’à ce que son corps retombe, inerte. T’es pas foutu de faire autre chose, t’es pas foutu de me soigner alors mets fin à cette putain de vie puisqu’elle n’a de sens que pour toi, aujourd’hui.Et ça, c’est pire que tout, pire que la mort, la maladie, l’oubli.
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| Sujet: Re: Personne ne bouge, j'ai perdu ma cervelle. Dim 7 Oct 2012 - 18:08 | |
| I think I'm losin' where you end and I begin. Complètement décalé, je ne sais pas vraiment quoi riposter à son attaque surprise. Je n'ai pas envie de me niquer encore plus les poings, ni me prendre encore des morceaux de verres insoutenables dans la peau. Ce n'est pas un rêve, alors on ne peut pas continuer. On devrait même s'enfuir, partir en courant, essayer de ne pas se cogner dans nos reflets réels et dans nos reflets cassés. En briser quelques autres pourraient peut-être nous tuer, puisque je me répète sans cesse qu'actuellement, je ne suis plus dans un rêve. J'ai terriblement mal, ça me brûle de partout, j'ai l'impression que mes mains ont fait un tour dans un four, j'ai l'impression qu'on me coupe finement les doigts avant d'en retrouver les ongles par terre. Je soupire, je suis crevé d'être si crevé. De détourner les yeux pour ne pas qu'elle sache que je suis en train de lui faire gober un mensonge. Pour ne pas qu'elle sache que nous sommes tous les deux réellement mal en point. On nous aurait envoyé dans un putain d'hôpital psychiatrique dans le monde parallèle où on vivait normalement. Pas comme ici, à casser des miroirs à la con en pensant être dans un rêve tout aussi à la con. Je me sens comme débile, presque écervelé à l'idée d'avoir commis ce genre de conneries, tout seul, qui plus est. Avec le soutien mental du minable dépravé que je suis. Encore plus prisonnier de son présent bouseux que de cette endroit en lui même. Je me console en me disant que, d'être un pauvre putain de laideron handicapé du passé est sûrement mieux que d'être une salope qui consent à se faire violer parce qu'elle n'a jamais eu de passé. Sauf si j'ai trop mal pour ça. J'ai mal. J'ai trop mal pour encore aller exploser mes mains sur du verre tranchant. J'en ai marre. Cette langue de pute essaye probablement de viser mon ego, à plat. Qui s'étale comme son sang qui commence à inonder mon pied droit. « Hey, si c’est un rêve, on peut en finir, non ? » Non. Je réponds instinctivement, marmonnant cette réponse aussi radicale que possible, qu'elle ne puisse pas entendre. Moi, je l'ai entendu, même si elle parle dans un murmure qui me fait flipper à chaque fois. J'ai appris à entendre ce qu'elle avait réellement envie de dire, pas ses petites mesquineries quand elle veut faire sa langue de pute. Et j'écoute, encore ses plaintes de mal-baisée, tandis que j'ai encore mal aux mains. Mal aux mains à en avoir envie de hurler, de tout de suite être mis sous morphine, je ne sais pas. Il faudrait raconter cette douleur à satiété, encore et encore. Raconter mon histoire triste à en chier toute la nuit. Mais il faudrait que je me rende compte que cette histoire n'est plus la mienne, elle n'est plus en train de se produire. Alors lorsque je pourrais me rendre compte que ce que je raconte ne sont que des mots, lorsque je serais à même de toute simplement en ramasser toutes les miettes et de balancer mon putain de passé à la poubelle, alors, je déciderais de celui que je vais être à l'avenir. À sa dernière réplique, alors que je suis encore dans un esprit comateux d'horreur, je ne peux m'empêcher de l'en empêcher. Ma main salie de mes conneries se va à la rencontre de la joue de l'attardée devant moi. Sourcils froncés, conscient de la gifle imposée, et de la douleur dans ma main, je m'énerve lentement. Cette main qui s'est violemment écrasé à vif sur la peau rougit de la garce ne ressemble plus qu'à une serpillière usée depuis trop longtemps, rougit par la poussière du temps. Ça m'arrache des hauts le cœur, parce que cette douleur m’écœure, je n'aime pas avoir mal. Je préfère encore mourir que de ressentir ça pendant quelques semaines encore. « Tu es complètement folle. Crève, si t'en as envie, tant que tu fais pas ça devant moi. » Je me gratte la tête et je me tourne. Froncements de sourcils, mordillements des lèvres à s'en faire saigner, grimaces de monstres sous la souffrance. C'est ça, le rêve. Et puis, je lui dit que je ne veux pas qu'elle meurt devant moi, parce que ça m'obligerait à faire pareil. Que pour ma gueule. Et aussi parce que je n'ai pas encore l'intention de la lâcher de ma vue. Que pour sa gueule. C'est triste de devoir garder une existence dans un état d'esprit aussi putride. Mais étant tous les deux aussi décomposés, et pestilentiel, on ferait quand même mieux de vivre un peu. Aucune logique, mais c'est le but de nos vies. J'ai la tête qui tourne, je ferme les yeux et j'attends. L'évanouissement, le réveil, la mort de la vermine à côté de moi, l'attendrissement que peut m'offrir le mal, je ne sais pas. Maybe I should cry for help.
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| Sujet: Re: Personne ne bouge, j'ai perdu ma cervelle. Mar 13 Nov 2012 - 2:04 | |
| ]Il n’y a plus rien, qui reste. Quand les miroirs sont là, tu peux te raccrocher à vos reflets, tu peux tenter d’avoir une brise sur vos images déformées. C’est douloureux, c’est laid mais il y a au moins quelque chose. Pas ce vide, qui se prologue, qui crée un abîme en toi, alors que tu plonges, plonges, plonges, dans un océan où le sol est bien trop proche. Mais tu n’arrives jamais à t’en briser les os, tu flottes, toujours et tu ne peux pas te noyer. Pas bouée de secours, de sa part. Pas de terre ferme, en vue. Tu vogues et c’est tout. Tu vis et c’est tout. « Putain d’égoïste. »Elle marmonne, désabusée. Elle le dit sans réel but parce que de toute manière, il le sait. Elle n’a même pas la force de se sentir déçue parce qu’elle a compris, depuis longtemps, qu’il ne pourra pas l’achever. Depuis la toute première fois, depuis cette nuit et cette rancœur et cette haine et ce besoin. C’est là, ça les ronge, alors qu’ils étaient déjà en piteux état. Il n’y a pas eu de coup de foudre, de coup de haine. Juste un coup de mépris dans toute sa splendeur et cette envie dévorante de faire du mal, de lacérer, pour se sentir mieux, un instant. Parfois, elle oublie à quel point elle peut se donner l’illusion d’être en vie, quand elle voit ses yeux voilés et sa silhouette qui se raidit. Mais souvent, il n’y a que leurs voix monotones, que les désaccords de leurs paroles et les chorégraphies disharmonieuses de leurs gestes. « J’ai mal. Sortons d’ici alors. Ou aide-moi à me réveiller, je sais pas. »Des piques empoisonnées, des élancements toujours plus forts lui rappellent son épaule endolorie. Elle n’ose pas y toucher, pas regarder parce que le sang, c’est infect et que la chair à vif est répugnante. Elle n’a pas très envie de regarder non plus parce que ça lui rappelle à quel point ils sont cons, prêts à se jeter sur la première excuse venue pour tout faire exploser, prêt à oublier la réalité, leur foutue enveloppe charnelle pour tout envoyer valser. J’ai envie de partir d’ici, maintenant, tout de suite. Pas seulement cette salle. Pas seulement ce pensionnat. Non. J’ai envie de quitter mon corps, mon esprit. J’ai envie de laisser un grand fracas de rires derrière moi, des rivières de folies meurtrières qui les enterreront tous. J’ai envie que les traces de mes pas deviennent des cratères, qu’elles les engloutissent parce que je hais ce monde, ce qu’il représente et ce qu’il a fait de moi. Ce qu’il a fait de toi, de nous, de deux pauvres cons qui s’explosent l’âme à défaut de pouvoir se faire sauter la cervelle. « Bordel, dors pas. C’est pas le moment. »Il dort dans un rêve. Ou il dort dans une salle pleine de miroirs fracassés, d’éclats d’eux brisés. Elle ne sait pas ce qui est pire, elle n’a pas envie de savoir. Quelque part, un morceau d’elle veut croire que c’est pas réel, tout ça, qu’elle pourra toujours se réveiller dans le lit froid, couverte de sueur et se dire Merde encore une occasion de crever qui passe. Elle vivrait sa journée comme un automate, s’illuminerait le temps de pouvoir lui envoyer des horreurs au visage, le temps de pouvoir se prendre ses remarques impertinentes dans la gueule. Puis elle sombrerait dans l’oubli, encore, encore et tout ça durerait indéfiniment parce qu’ils ne savent faire qu’attendre, tous les deux, trop lâches pour en finir, de quelle façon que ce soit. Tu es debout, tu marches sans vraiment savoir où tu vas, tu t’éloignes de lui. La sortie, c’est tout ce qu’il te faut et malgré les verres tranchants à tes pieds, malgré votre petite sauterie improvisée, il y a encore de grands miroirs, debout, qui te narguent. Ton reflet parsemé de rouge. La couleur ne te va pas, tu le sais. Tu as l’air d’un fantôme recouvert de confiture. C’est ridicule et ça te fait rire et ça te fait grimacer aussi parce que ça bouge tes membres douloureux mais tu t’en fous.Il nous faut juste sortir, s’en aller de là. Un cauchemar comme un autre, on finit toujours par se réveiller mais cette fois, ça a juste trop duré. Je suis fatiguée de ne pas appeler à l’aide, de revenir chaque jour en arrière, mentalement, pour gommer les normalités et rajouter plus d’erreurs. Je suis fatiguée de ne pas avoir envie de m’en sortir. Je suis lasse d’être lasse et ça me pèse, tellement, tellement mais il n’y a rien d’autre à faire.Si au moins je pouvais me détacher de toi, peut-être pourrais-je, vraiment, arriver à m’envoler. Même si cela équivaudrait à me faire faucher, ensuite, en plein vol.
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