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 Pas chassés.

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« i see london i see france »
Antoine de Landerolt
Antoine de Landerolt

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MessageSujet: Re: Pas chassés.   Pas chassés. - Page 3 Icon_minitimeMer 5 Juin 2013 - 16:34

...

Il avait peur; évidemment, qu'il avait peur. Antoine se demanda ce que ça pouvait faire, le métal d'un trident contre notre gorge ou contre notre épaule: quand il s'enfonçait dans la chair sans laisser de possibilité de riposte, quand il nous tenait en joug, suspendu à un fil et un motif invisibles pour le prisonnier. S'il avait voulu, il aurait pu le tuer sur le champ. Appuyer de toutes ses forces tout en fermant les yeux, nier le sang et les cris. Ça aurait pu être pratique. Antoine se rendait maintenant compte du courage qu'il fallait, non pas pour tuer un homme – c'était si facile de lever le couteau sur une impulsion qui vous criait de frapper –, mais pour vivre avec cette tache sur la conscience toute sa vie. Il y avait tant de choses qui rendaient ternes les yeux d'un homme, et tout ce qu'il aurait aimé, c'était les éviter pour vivre sans regrets. Jusque là, c'était plutôt mal parti. Tandis qu'il empêchait le trident de vaciller, il se promis de ne pas lui faire du mal.

Vivre avec ça, comment je le pourrais ? Il est à peine plus jeune que moi.
Et terrifié tout comme moi.

« Qu’est-ce que tu comptes faire, hein ? Me buter ? Tu m’as bien vu, je bougerais même pas… Si t’étais pas, là. Dégage, ou elle… Va, te… »

Antoine dut se faire violence pour ne pas tourner la tête vers les bosquets qui camouflaient les deux autres à sa vue. Elle allait le tuer, il le savait; c'était pour cette raison qu'il lui avait mis les pointes sur la gorge, dans l'espoir d'arrêter cette fille et de la forcer à l'écouter, ne serait-ce que quelques minutes. Il ne voulait pas savoir sa marque, ni à elle ni à cet inconnu. Les marques, ça ne comptait pas, c'était un support au carnage et une vaste plaisanterie. Peut-être qu'il s'y prenait mal, il n'aurait su le dire; il n'avait jamais eu à survivre dans un jeu où tout ce que les autres voulaient, c'était votre peau. Sans se soucier de ses actions et leur potentiel aboutissement un instant de plus, de peur de vouloir reculer ou de se faire assaillir par la langue venimeuse des doutes, il se mit à parler, camouflant au mieux l'hésitation de sa voix d'ordinaire si assurée:

« Je sais bien qu'elle veut me tuer, mais j'ai besoin de lui parler. Si tu ne bouges pas, il n'y a aucune raison pour que je te fasse du mal. »


Aucune. Alors s'il te plaît, ne bouge pas, je ne veux pas être obligé de mettre ma menace à exécution.
Ici, il jouait quitte ou double. Il était prudent et ne prenait pas de risques inconsidérés, mais cette constatation le fit sourire intérieurement. Attraper un trident pour permettre à deux personnes qu'il ne connaissait pas de prendre la fuite, ce n'était pas prudent. Pour ce qu'il lui restait, peut-être quelques minutes à vivre, il refusait de perdre sa morgue et se laisser aller. Il ne voulait pas jeter des années et des années au feu, sans que ça ait servit à quoi que ce soit. Ici ou ailleurs, on finit tous par mourir. Cette pensée ne le consolait pas, pas plus qu'elle ne la rassurait; la détermination et l'indifférence aux traits, il attendit.

Maintenant qu'il avait un pied dans le gouffre, n'importe quel mouvement pouvait le déstabiliser. Fais attention, fais attention.
Le loup rôde dans la forêt, et il pourrait bien te manger.
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Obedient Soldier
Aphrodite Areïl
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MessageSujet: Re: Pas chassés.   Pas chassés. - Page 3 Icon_minitimeMer 12 Juin 2013 - 0:48

La pierre le heurta de plein fouet ; bien, parfait – ça devait l'avoir déstabilisé, l'avoir étourdi ne serait-ce qu'un peu. Le moindre avantage était bon à prendre. Le moindre centimètre de terrain gagné sur l'adversaire pouvait changer l'issue du combat de façon significative. Il suffisait d'une balle déviée, d'une seconde de trop pour appuyer sur la détente. Il n'y avait pas de petits détails. Juste des données qu'elle se devait d'analyser le plus vite possible, entre deux coups, comme l'on rentrait des chiffres dans une machine parfaitement huilée.
Machine à tuer.
Doigts crispés sur le manche de son arme, sourde aux paroles de son ennemi, elle attendit la riposte. Elle devait trouver le bon moment pour le mettre à terre, la toute petite faille dans son armure qui lui permettrait d'enrailler son mécanisme. Lui tordre le cou, lui briser les jambes, lui crever les yeux ? Les possibilités défilaient derrière son regard fixe tandis qu'il continuait de parler, de parler, de dire tout et n'importe quoi – surtout n'importe quoi. Elle était conditionnée. Elle devait éliminer la menace. Sauver Courtney. Sauver sa nouvelle maison. C'était la seule option sensée. Elle n'était pas folle, non : elle était au contraire extrêmement lucide. On l'avait entraînée à l'être en toutes circonstances. Privilégier le groupe à l'individu. Puisqu'il l'avait agressée, elle devait l'immobiliser ou le tuer. Remplir ses objectifs. Elle devait sortir de cet affrontement en vie pour pouvoir vivre heureuse dans le pensionnat. Protéger ses alliés. Hans était sûrement à l'abri, pourvu qu'il ne soit pas complètement idiot.
Elle s'était montrée irréprochable. Juste un peu trop distraite. Sa jambe en payait les conséquences.

« C’est terminé, sans-cœur ! Ton comportement, ne nuira plus à personne ! »

Une tempête fit trembler tout son être.
Sans cœur.
L'odeur de brûlé lui chatouilla les narines alors que le garçon, en face d'elle, levait ses armes pour lui porter un coup. Elle le vit venir. Sa poigne était ferme. Assurée.
Sans cœur.
Quand elle se jeta en avant, solidement appuyée sur son genou droit, son timing était parfait. Elle le sut au moment où son bâton glissa contre le cou de son ennemi – quand le bois érafla la chaire et que, portée par leurs élans conjugués, leurs corps heurtèrent brutalement le sol. Elle ne le raterait pas. Elle ne le raterait pas.
Sans cœur.
De toutes ses forces, elle avait écrasé sa trachée fragile ; attendu, le souffle court, que le sien cesse tout à fait. Qu'il meurt. Se taise. Se la ferme. Expire. Redevienne poussière. De ses lèvres à sa peau, de son cœur à ses doigts – que plus rien ne subsiste en lui, pas même des regrets. C'était la règle du jeu. C'était comme ça. C'était juste. Injuste. Peu importe. Elle resta à genoux dans la terre, sourde au grondement d'une forêt à l'agonie, phalanges blanchies sur cette branche qui lui blessait les paumes, jusqu'à ce qu'elle soit entièrement sûre qu'il ne se relèverait pas. Quelques mèches s'étaient échappées de sa queue de cheval ; elle ne s'en préoccupa pas. Ses yeux restèrent fixes. Figés. Dans ceux de son adversaire, plus un souffle de vie : rien que le néant. La mort. Le rien.
Prudemment, elle releva les manches du cadavre. Sa marque, imprimée à même sa peau, la fit frémir de mécontentement. Merde. Dommage collatéral. Erreur de parcours. Fais chier.
Dans un geste rendu laborieux par la douleur qui irradiait toujours de son genou, la jeune femme se redressa. Ce type était idiot, quoi qu'il en soit. Il n'avait pas d'arme valable. Rien dont elle puisse se servir. Tout ça pour ça ; ses dents s'entrechoquèrent sous la colère qui envahit son corps frêle. C'était tellement ridicule – voilà où ça menait, de ne pas obtempérer sagement !
Calme et froide malgré ses mains tremblantes, elle envoya un violent coup de pied dans les côtes du mort.

« J'ai. Un. Cœur. »

Son murmure se perdit entre des souvenirs de mains serrées l'une sur l'autre et de rires dont l’écho seul aurait pu lui faire soulever des montagnes. Elle ne laisserait plus personne lui prendre ce à quoi elle tenait. Plus. Personne. Si c'était chacun pour soi, alors tant pis – elle se choisissait elle, elle choisissait ses amis. Ce type ne comptait pas. Dommage collatéral. Elle n'en dormirait pas moins bien.
Preste et autant inquiète pour la santé de son coéquipier que pour le feu qui semblait se rapprocher à toute allure, la jeune fille s'empressa de faire marche arrière. Bâton dans une main, elle essuya la terre qui couvrait l'autre sur son pull ; son short ne la protégeait pas assez et le bleu qui couvrait sa jambe gauche au niveau du genou ne lui disait rien qui vaille. Trop facile à repérer. Il allait falloir faire attention à ne plus laisser personne tirer partie de –

Ses bottines s'arrêtèrent nettes. Sourcils froncés, irritée jusqu'au bout des ongles, elle lança un regard meurtrier à Hans. Se laisser transformer en passoire n'était pas exactement ce qu'elle aurait appelé « se mettre à l'abri » ou, plus simplement, « faire montre d'un tant soit peu d'instinct de conservation ». Il n'avait pas l'air mort. Pas encore.
Qu'est-ce que ce garçon attendait, au juste ? Méfiante, elle baissa son arme le long de son corps.

« Qu'est-ce que tu fous ? s'exclama-t-elle en passant son regard de l'opposant à l'allié. Il arrive à peine à se lever, merde ! »

Un en moins, aurait-elle pu s'exclamer gaiement – un en moins, oui, mais dans leur équipe à eux. Merde, merde, merde. Une seule victime de son camp lui suffisait amplement. Sa tension était évidente.

« Tu veux quoi ? Ça crame derrière, alors dépêche toi ! »
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Hans Hackermann
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MessageSujet: Re: Pas chassés.   Pas chassés. - Page 3 Icon_minitimeSam 15 Juin 2013 - 22:54

Hans laissa un sourire sans joie déchirer ses lèvres sèches et ferma les yeux. Il n’avait pas la force, pas plus que l’envie prégnante d’ailleurs, de les serrer plus fort. Malgré l’obscurité relative dans laquelle ce rideau de chair et de peau le plongea, il lui sembla toujours voir des orbes noirs ou peut-être blancs, danser devant ses rétines. Ça n’avait aucun sens ; ça, pas de problème. Le Berlinois ne cherchait plus à interpréter les signaux fatigués de son corps qui, de son côté, s’appliquait à ignorer avec une maestria qu’il ne lui connaissait pas les injonctions paniquées de son cerveau : j’y peux rien, alors arrête de te plaindre et marche, foutu bon dieu de putain de merde. Pour autant l’idée d’une mort prochaine lui restait étrangère, terriblement, agréablement lointaine et indifférente. Bien sûr, qu’il avait peur ; bien sûr, qu’il se sentait mal ; bien sûr, qu’une trentaine de soldats avaient encore passé l’arme à gauche en Afghanistan ; bien sûr que ce bout de ferraille se fût planté dans sa trachée comme dans du beurre et les mines antipersonnel vous arrachaient une jambe et un gamin du Vietnam et un Tutsi, et un dieu seul savait quoi. Hackermann n’imprimait pas. Pas assez de pixels, trop de données, court-circuit. Lui, c’était quand même autre chose.

Ses oreilles bourdonnantes n’enregistrèrent pas l’intégralité des paroles du type qu’il ne voyait plus mais dont la présence pas franchement désirable se traduisait par une pression qui l’était encore moins sur sa peau brûlante. Règle numéro je ne sais pas quoi, la musique ne couvre jamais les dialogues. C’est pourtant ce que cette garce à la con commençait à faire, crescendo depuis ses tympans malmenés, sourde, basse en dépit de la sonnette d’alarme qu’elle lui évoquait trop bien. Machin veut parler à truc. Grand bien lui en fît, parce que Miller était pas du genre à s’inquiéter trop du bien-être de ses troupes. Et si elle rendait l’âme avant de revenir, il ferait quoi ? Il le buterait ? Il le laisserait clamser ? Bonne question. Et si elle revenait ?

Elle le laisserait planté là, bonne chance et bye-bye ? Hasta la vista, baby, c’était sympa et maintenant démerde-toi tout seul, ainsi va la vie, heureuse de t’avoir connu, ou pas, enfin c’est comme ça, rien de personnel. Après tout, s’il connaissait Aphrodite, il ne l’avait jamais appréciée plus que ça. Se foutre sur la gueule était une chose, abandonner une pauvre loque à son triste sort en était une autre. Avait-elle vraiment le choix ? Cette fille était un monstre, ni plus ni moins. Un monstre humain sans foi ni lois ni pitié. Et sans doute que, mis à face à l’évidence, le junkie eût compris la merde noire dans laquelle il risquait de se noyer. Vaguement rassuré par ce qu’en disait le blond, infichu de reprendre sa respiration, bouger était utopique –pourtant une drôle d’odeur lui piquait le nez, accompagnée d’une sale petite voix sibylline au débit infernal.

« Qu'est-ce que tu fous ? l’interrompit Hitler avec beaucoup de justesse. Il arrive à peine à se lever, merde ! »

Merci de l’info, mister Obvious, railla Hans en soulevant avec peine ses paupières gonflées. On aurait pas pu s’en rendre compte tous seuls. En l’occurrence, un trident suspendu au-dessus de la face à la Tantale restait un sacré bon prétexte pour se clouer au sol, ce dont ses genoux torturés à l’acide n’avaient pas l’air de trop se plaindre. Son bon sens, c’était encore une autre histoire. L’odeur douceâtre de la fumée qui remplissait ses poumons l’avait plus qu’à moitié endormi et, au lieu de tousser, l’Allemand inspirait goulument de grandes bouffées d’air vicié songeant que le Saint père, ou Bouddha, ou Allah ou le papa Noël avaient à tout le moins pensé au dernier vœux du condamné en lui accordant une dernière clope venue du ciel.

« Tu veux quoi ? Ça crame derrière, alors dépêche-toi ! »

Le gamin aux cheveux blond sale cilla, cligna des yeux une fois, deux fois, laissa pendre sa mâchoire dans un intense effort de réflexion et, enfin, comprit ce que son acolyte venait de dire. Ce que ça impliquait, beaucoup moins ; faute d’un cerveau à la traîne, ce fut son corps qui capta l’urgence de la situation. La tortionnaire ne s’était pas barrée en courant mais, derrière elle « ça cramait ». Sa Majesté des Mouches devait être un brin plus dangereuse qu’une tête de cochon, ici, et avec sa sagaie de fortune et ses traits brouillés, Miller lui évoqua un de ces personnages dont il avait zappé le nom. Oh bordel de merde, jura-t-il. Bordel, bordel de merde.

« Comment ça, ça…, bordel, bordel, il faut se barrer tout…, de suite, je peux pas courir, b, bordel, s’il-vous-plait… »

Il avait rien demandé de tout ça. Ce pensionnat, ces gens, ces bêtes. Il voulait juste rentrer chez lui, à Berlin, et se shooter sur le parking d’un spar minuit passé.

« Vous causerez plus tard ! »
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Antoine de Landerolt
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MessageSujet: Re: Pas chassés.   Pas chassés. - Page 3 Icon_minitimeJeu 27 Juin 2013 - 3:02

...

La rousse était revenue seule; impossible de savoir si elle avait tué l'autre ou s'il avait réussi à s'échapper. L'un dans l'autre, Antoine l'écouta avec une oreille de plomb et un regard tout aussi fixe. S'il fallait mourir dans ce jeu, il mourrait de toute façon; quitte à s'en aller, autant se débattre jusqu'au bout. Il savait qu'en continuant à arpenter en solitaire une forêt dont l'écorce partait en fumée, il finirait par être pris pour cible et se retrouverait épinglé contre un arbre, pauvre papillon dans la vitrine de fous amateurs de jeux sans queue ni tête. Il ne voulait pas desserrer la prise qu'il exerçait sur le trident avant qu'il soit certain de ne pas être attaqué à peine l'arme levée, et il se fichait bien que le monde brûle juste derrière eux. Ils jouaient à un jeu, fort bien: lui aussi il pouvait jouer. Il refusait qu'on bouge son pion sans lui demander son avis. Il se fichait des marques, il se fichait des I. Il se fichait de tout sinon de sa propre vie.
La panique et la peur étaient si palpables qu'Antoine aurait pu jurer s'en saisir en tendant le bras. La rousse, au maintien militaire et presque trop égal, lui tira un sourire sans joie. Au moins, elle ne l'attaquerait pas tant que les griffes de fer menaceraient son allié. S'il y avait un mouvement à faire, c'était maintenant ou jamais. Refoulant sa propre peur, sourd aux paroles prononcées par celui qu'il menaçait d'égorger, il tenta d'ignorer l'odeur qui lui brûlait les poumons.

« L'assurance qu'à défaut de ne rien avoir à craindre des autres, je n'aurai rien à craindre de vous deux. »

Le trident resta immobile sur le cou du garçon, ses mains prêtes à le soulever ou l'enfoncer au moindre faux pas, au moindre mot de trop. Si elle voulait prendre sa vie, il prendrait celle de son coéquipier avec lui. Il ne pensait pas pouvoir esquiver un nouveau coup, il avait vu avec quel aplomb elle avait jeté cette branche dans sa direction. Elle n'avait pas peur – mécanique – et elle le tuerait sans doute sans le moindre remord. Jamais l'impression de n'être rien de plus qu'un vulgaire insecte, qu'un simple objet n'avait été aussi forte. Ils étaient tous des cartes dans cette partie, des cartes remplaçables qui ne déterminaient pas forcément la victoire.
Des cartes à éliminer au plus vite.

Qu'importe la marque ou les ordres; s'ils ne se mettaient pas d'accord, il tuerait ce garçon qu'elles qu'en soient les conséquences. Même si ça lui donnait la nausée. Même s'il devait brûler.

« Je peux vous être utile. »

Il avait un trident. Il avait des mains pour tuer.
Il avait fait son choix depuis longtemps et bloqué toutes les serrures pour ne pas revenir en arrière.
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MessageSujet: Re: Pas chassés.   Pas chassés. - Page 3 Icon_minitimeLun 1 Juil 2013 - 22:56

La voix de Hans résonna avec une justesse terrible ; il fallait se barrer, oui, courir le plus vite possible loin du brasier. C'était logique. C'était ça ou la mort. C'était leur seule option, tout simplement – seulement ce n'était pas à eux de faire le premier pas en avant. Elle s'en serait frappé la tête contre un arbre, d'avoir été si stupide : évidemment que laisser l'autre idiot tout seul n'allait leur attirer que des ennuis. A rester cloué au sol comme un incapable, il faisait la cible idéale. C'était même un miracle qu'il ne se soit pas fait tuer sur le champ. Le soldat serra les dents, doigts crispés sur son arme de fortune à s'en enfoncer des échardes sous la peau. Il devait bien y avoir une raison pour que l'inconnu n'ait pas encore enfoncé les pointes de son arme dans la gorge de l'adolescent ; alors quelle qu'elle soit, Aphrodite comptait bien en tirer partie. Il attendait quelque chose d'eux ? Parfait. S'ils pouvaient le lui fournir, ils le feraient. Ce garçon pourrait être tué plus tard si besoin était alors que la mort de Hans, elle, aurait été impossible à réparer. Le choix n'était pas bien compliqué. Tuer le plus de personnes possibles n'était pas le but principal : faire gagner son groupe, en revanche, l'était. Inutile de sacrifier son équipier pour tenter de massacrer quelqu'un dont elle ne connaissait pas même la marque.
Bras le long de son corps, jambes droites et regard fixe, la jeune femme écouta attentivement ce qu'il avait à leur dire. Les mots qu'il prononça eurent à peine le temps de flotter dans l'air charriant une désagréable odeur de brûlé que déjà ils retombaient, lourds de sens, dans l'estomac de la militaire. L'assurance de ne rien avoir à craindre d'eux ; sa lèvre, à force d'être mordue, laissa couler un mince filet écarlate sur sa gencive. Si elle promettait une chose pareille, elle devrait s'y tenir. Honneur oblige. Devoir oblige. A Dira, faire une alliance avec un ennemi aurait été à proprement parler impossible – les deux camps ne se croisaient pour ainsi dire jamais. Mais là, elle ne savait pas. N'avait aucun moyen de savoir. Le risque que ce garçon soit d'un uniforme différent au sien était aussi important que l'alternative inverse. Seulement s'ils tergiversaient, le feu les rattraperait et Hans finirait plus noirci que ses poumons ; quant-à sa marque, il refuserait probablement de la lui montrer. Aucune solution ne lui semblait plus acceptable qu'une autre. Dire oui, dire non ? Sauver son équipier était une priorité, mais...
Visage tiraillé par une hésitation qui ne lui ressemblait pas, elle regarda tour à tour les deux autres protagonistes de la scène. Il n'avait pas tort, après tout – il pouvait leur être utile. S'assurer d'avoir des alliés sur qui compter était important dans ce genre de moments. C'était même vital. Seul, on finissait six pieds sous terre quoi qu'il arrive. Il pouvait leur être utile. Elle regarda Hans de nouveau, passa sa main libre dans ses cheveux mal noués ; et merde, fais chier.
Aphrodite n'avait pas la moindre preuve de la bonne foi du jeune homme. C'était vraiment du quitte ou double.

D'un geste conditionné par l'habitude, elle exécuta un salut militaire qui voulait plus dire à ses yeux que n'importe quelle promesse.

« On te blessera pas, annonça-t-elle d'une voix claire. Ni lui, ni moi – alors aide le à se relever, dépêche toi ! »

Ils étaient pressés. Elle n'avait que son fichu bâton, son flacon caché dans la poche de son short et ses réflexes aiguisés pour sauver sa peau : rien de tout ça ne les sauverait des flammes lorsqu'elles viendraient caresser leur peau fragile.
Dans un soupir frustré, elle se souvint du couvercle de la casserole. Ça pouvait leur être utile, mince –

« Il est pas lourd, tu devrais réussir à le traîner jusqu'à la sortie, s'exclama-t-elle à contrecœur. Je vous rejoins. »

S'il le tuait, elle se ferait un plaisir de lui rendre la pareille. Jouant tout sur une réflexion rationnelle de la part du garçon au trident, elle claqua le sol de son talon et fit marche arrière sans plus perdre de temps.
Pourvu que ça marche.
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Antoine de Landerolt
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MessageSujet: Re: Pas chassés.   Pas chassés. - Page 3 Icon_minitimeDim 14 Juil 2013 - 3:59

...

« On te blessera pas. Ni lui, ni moi – alors aide le à se relever, dépêche toi ! »

Ces paroles avaient beau ne posséder aucune crédibilité tangible, elles le soulagèrent. Antoine s'était préparé à devoir lever son arme en cas de refus, à tuer quelqu'un et peut-être se faire tuer en retour. Des lames d'acier maladroites, aussi tranchantes soient-elles, ne pouvaient rivaliser avec un bâton bien moins dangereux mais manié avec précision et dextérité. Il avait une bonne vision, il avait de bons réflexe, il avait une bonne forme physique; courir ne le dérangeait pas. Il pouvait se brûler les poumons et pousser son cœur à l'agonie qu'il serait toujours capable d'esquisser un geste salvateur en cas de besoin. Et malgré ça, l'idée de tuer ou faire du mal pour rien – pour survivre, se corrigeait-il quand cette idée l'envahissait telle une nuée ardente – lui était pénible et pouvait le faire hésiter une seconde de trop. A la Guerre, on apprenait à s'en sortir et à ne pas s'en soucier. Mais il n'avait pas été à la guerre: il n'avait pas la discipline rigide que la jeune fille qui avait accepté sa proposition semblait avoir.

Néanmoins, il se promit de ne pas déraper. Même si ça ne servait à rien de se marteler le crâne de pareilles promesses, il voulait une rampe à laquelle se raccrocher en cas de détresse. C'était mieux que rien. Tout était mieux que rien, présentement.
Il leva le trident, l'écarta de la gorge du garçon. Et puisque ce n'était pas le moment de rechigner ou de faire une crise d'autorité, il ignora la douleur qui lui lançait la poitrine et fit taire ses os douloureux. Il releva l'inconnu de force, pas forcément très délicatement. Mais franchement, qui se souciait de la politesse et des règles de savoir vivre ? Il avait besoin de ces jambes pour courir, cet ahuri.
Il avait intérêt à aller vite.

« Il est pas lourd, tu devrais réussir à le traîner jusqu'à la sortie. Je vous rejoins. »

Jusqu'à la sortie ? Il n'eut pas le temps de lui demander ce qu'elle entendait par « la sortie », lui qui avait erré au hasard des bois et des branches de cette foutue forêt. Par défaut, il chercha la direction par laquelle le feu ne léchait pas encore avidement les arbres. Il ne pensa pas à aller chercher la fille ou à la stopper, quoi qu'il la pensât folle: si elle avait quelque chose à faire là-bas au péril de sa vie, ce n'était pas son problème. Pour l'instant, il devait juste se sauver, et l'autre avec lui. Le trident dans une main, la manche du garçon dans l'autre, il inspecta les environs avec une attention qui n'était pas démesurée vu leur situation actuelle. Pendant ce temps, l'odeur de brûlé se complaisait à lui agresser le nez jusqu'à évincer les fragrances habituelles de la forêt. Dans d'autres circonstances, il en aurait été malade.
Là, il n'en avait pas le temps.

« On va devoir se dépêcher, alors en route. »

Antoine le poussa en avant sans lui laisser le choix. Il avait entendu son amie, n'est-ce pas ? Elle les rejoindrait bientôt. Au fond de lui, il l'espérait sincèrement.
Ça aurait été trop bête de perdre des alliés, aussi fragile que puisse être leur précaire union.
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MessageSujet: Re: Pas chassés.   Pas chassés. - Page 3 Icon_minitimeMer 17 Juil 2013 - 0:17

Ene mene miste, es rappelt in der Kiste, récita une voix nasillarde derrière les paupières closes du Berlinois. Les décisions se prenaient sans lui, en haut-lieu –et par haut il entendait plus à un mètre cinquante du sol et de sa pauvre carcasse que dans un esprit élevé campé sur un solide corps de diplomatie. Il devait y avoir un sacré remue-ménage dans la caboche conditionnée d’Hitler. Trop fatigué pour en ressentir plus qu’un pincement au cœur qui battait une mesure affolée, Hans songea que les soldats étaient sérieusement rationnés, tant question bouffe que question libre-arbitre. Crevé comme t’es, railla-t-il, c’est comme confier un œuf à la coque à un rugbyman et lui recommander de pas en faire une omelette. C’était dans sa nature de faire des essais –et pas question de parier sur la résistance de sa propre coquille face à un acier gris, froid et dur. Le raisonnement qui suivait son chemin de synapse usé en nerf chez Hans n’avait rien de pessimiste. Pour un peu, il lui eût presque décoché un sourire : sa gorge le brûlait, ses genoux étaient cramés à l’acide et un poing de côté lui déchirait le flanc, une flopée de réflexions mi-acerbes mi-niaiseuses lui traversait l’esprit et sa condition était à mourir de rire tant elle tournait au pathétique. Si l’autre cheftaine ne se sentait pas le cœur de tailler une bavette à Poséidon et sa fourchette, il était plus mort que ses ancêtres. Sur le foie de ma mère, c’est à mourir de rire. Il en aurait quasiment chialé –mais là, c’était pas le moment.

Les deux joueurs encore en lice semblaient décidés à rester griller sur place. Un barbecue, un putain de méchouis pour un putain de monstre ; eh merde. Deux trois aboiements furent balancés au-dessus de sa tête. Hackermann comprit, dans les grandes lignes, qu’on lui dictait sa conduite et qu’elle avait intérêt à être bonne. Ene Mene Meck, reprit le chœur de jurés, und Du bist weg : la pression sur sa gorge s’estompa jusqu’à disparaître complètement. Encore une chose qu’il ne regretterait pas. L’autre type, suivant les injonctions de Miller, le releva d’une poigne ferme. L’odeur de brûlé lui parut soudainement plus forte et plus pressante, avertissement funeste de ce à quoi se résumait leur avenir proche. L’envie de fuir étreignit avec force le cœur malingre du garçon au point de l’en faire éclater. C’était de loin la meilleure chose à faire –s’arracher en vitesse. Le gamin tourna la tête vers Aphrodite, boulet décidé à se récrier qu’on le qualifiât de la sorte. C’était pourtant ce qu’il était.

Impuissant, il tendit le bras vers elle ; ses doigts ne saisirent qu’un vide gelé déjà crépitant de folles étincelles. La conne, qu’est-ce qu’elle foutait ? Un genre de commando suicide ? Hans darda un regard noir sur le blond. Il ne faisait pas confiance à Hitler, c’était une chose, mais ce gus-là ne lui inspirait que plus d’antipathie ; rien qui manquât de logique, au fond. Des menaces de mort n’avaient jamais été la plus cordiale des entrées en matière. Sa seule consolation, c’était de savoir à quoi s’en tenir. Si ce type devait le balancer quelque part pour s’enfuir, c’étaient pas un ou deux cas de conscience qui risquaient de l’arrêter. Ça sentait le roussi.

Hans déglutit péniblement, la gorge sèche et comme frottée au papier de verre. Autour de lui, un monde moucheté d’orbes blancs et noirs, de lumières stroboscopiques et baigné de l’éclat vacillant du jour tanguait dangereusement. Le contact humide de l’humus lui manquait. Ses jambes n’avaient jamais été si raides et longues. Tout partait toujours à vau-l’eau. Il ne pouvait jamais être tranquille. Il ne pouvait pas comprendre. Tout allait partir en flammes, eux les premiers. C’était pas juste. D’un mouvement sec du poignet, il se dégagea de l’emprise de l’autre.

« Tu peux aller te faire foutre, connard », siffla-t-il entre ses dents avec une sincérité touchante. L’Allemand esquissa un pas en arrière, puis deux –puis s’arrêta net.

« Miller, bordel de merde, ce que tu peux être con ! »

Se mettre des œillères, c’était pas son truc. Aller raconter des craques à un soi-disant « moi intérieur » ne l’intéressait pas plus que ça. Il était même certain d’être vide au fond, savait ce que la réalité avait d’intéressé et qu’on obtenait rarement ce qu’on voulait. C’était pas juste ? Ouais, c’est ça, envoya-t-il tout bouler, eh ben c’est comme ça et tant pis. Merde. Il avait vu suffisamment de films pour savoir que revenir sur ses pas, c’était une mort pas ragoutante servie sur un plateau d’argent garantie. Il voulait pas clamser. Il était pas si bête. Une seconde, il pensa envoyer valser le négoce tapageur. Les croches succédaient aux noires et aux doubles dans une avalanche névrosée. Son portable. Ses parents. Ces crétins. Toutes les excuses étaient bonnes.

« Mais… »

Un pied devant l’autre. Chaque pas usait un peu plus ses semelles et soulevait un nuage de terre.

« On va cramer avant d’être sortis d’ici, prédit-il d’une voix rongée par une ironie acide. Miller, moi… Toi. Sans toi, on serait déjà loin. Et maintenant, t’es coincé avec un type qui fait du deux à l’heure. Bravo, t’as tout gagné. Jackpot. »

Plus sentencieux que défaitiste, Hackermann trébucha et se raccrocha in extremis à une branche basse. C’était pas accusateur. C’était simplement vrai.
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Obedient Soldier
Aphrodite Areïl
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MessageSujet: Re: Pas chassés.   Pas chassés. - Page 3 Icon_minitimeJeu 25 Juil 2013 - 4:54

Abrutie, abrutie, abrutie, abrutie –
Les voix de mille fantômes, accusatrices ou inquiètes, résonnaient dans ses oreilles avec plus de force que les crépitements du brasier se rapprochant à tout allure. Elle aurait aimé leur donner tort, leur prouver qu'elle savait ce qu'elle faisait – leur montrer que tout irait parfaitement bien, si seulement elle avait réussi à s'en convaincre elle-même. Ce qu'elle avait fait été idiot. Elle le savait. En avait parfaitement conscience. Presque trop, même. Dans ce genre de situations, il fallait aller de l'avant. Ne jamais retourner sur ses pas. Ne pas aller chercher ses équipiers à moins de vouloir jouer aux héros, ne pas s'attarder sur une arme décrochée, ne pas pleurer d'un doigt resté ici ou là. C'était comme ça. Il fallait avancer, toujours. Cet ordre était longtemps restée imprimé dans son esprit comme étant la règle numéro un en matière de survie ; aujourd'hui encore, sa raison paniquait de sentir ses jambes la diriger dans le sens inverse à celui de la marche. Tout son corps rejetait violemment la traîtrise qu'elle lui imposait, presque tremblant et définitivement inquiet. Elle n'avait pas peur, non. Pas vraiment mal non plus. Ses foulées étaient longues et assurées malgré son genoux douloureux et, aussi désagréable soit l'odeur de brûlé charriée par le vent, ses poumons n'en étaient pas obstrués. Seul son cœur, affolé, la suppliait de se montrer plus raisonnable et ordonnée. Son cœur craignait pour sa vie. Elle aussi.
Ce n'était pourtant pas désobéir ; ce n'était pas se donner la mort. C'était uniquement marcher sur les lignes, entrevoir pour la première fois l'ombre d'une seconde possibilité. Peut-être voulait-elle pousser sa chance jusqu'au bout. Peut-être voulait-elle sentir le poids du hasard et des probabilités peser sur ses frêles épaules. Peut-être était-elle fatiguée, tout simplement.

Et il fallait avancer, encore et encore.

Dans un bruit mat et le craquement sec d'une branche morte, son corps vint heurter le sol. C'était aller trop vite ou se faire brûler : elle n'avait pas le choix. Remise sur pieds en moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire, la jeune fille parcourut encore deux mètres avant de ne retrouver le cadavre du garçon. Une fois agenouillée près de sa dépouille, elle jura en constatant que le couvercle n'était pas là ; comme si elle avait le temps de jouer à ça ! Sans ménagement, les nerfs à vifs et la vue brouillée par la fumée, la jeune fille tira sur sa veste pour la lui retirer. Elle manqua de lui casser les bras dans le procédé, mais au point où ils en étaient ça n'avait guère plus d'importance. Un mort ne se plaignait jamais des traitements qu'on pouvait lui infliger. Veste blanche sur l'épaule, un bras contre sa bouche et son nez pour ne pas trop s'empoisonner, elle se dirigea à pas pressés vers l'endroit où il avait jeté son bouclier de fortune. Elle ne mit qu'une brève minute à le trouver et à le caler sous son bras, mais c'était déjà bien trop ; le feu allait la rattraper. Le feu allait trop vite.
Abrutie suicidaire. Qu'est-ce qu'elle avait voulu se prouver, hein ?
Quelques larmes coulèrent de ses yeux irrités tandis qu'elle repartait à toute vitesse en sens inverse. Le sang battait contre ses tempes, dans ses doigts serrés sur son bâton et son couvercle, dans ses jambes tremblantes, dans ses lèvres irritées, dans ses yeux rougis et humides – le sang battait si vite et si fort, si violemment qu'elle sentit la mort s'éloigner d'elle aussi vite qu'elle s'éloignait des branches enflammées. Elle était encore en vie. Entraînée. Rapide ; agile. Elle ne sentit presque pas le bois embrasé frôler la manche de son pull et brûler la peau de son bras, abîmer la main qui vint étreindre le tissu pour ne pas le laisser s'enflammer. Ça n'avait aucune importance. Tout ce qui comptait, c'était de vivre. Faire gagner son équipe. Revenir en un seul morceau, se maudire d'être si idiote et vérifier qu'aucun des garçons n'avait tué l'autre. Revenir. Juste revenir.

D'un bond, le souffle court, elle déboula enfin à gauche des concernés. Ses jambes faiblirent un bref instant tandis qu'elle passait le couvercle de sa main droite à son bras gauche, faisant de son mieux pour ne rien laisser tomber ; l'instant d'après, la gorge en feu, elle saisit le bras d'Hans d'une poigne ferme et le traîna sans ménagement vers l'avant. Le second savait mettre un pied devant l'autre sans suffoquer. Un exemple à suivre pour l'humanité.

« Marche ou crève », grinça-t-elle à son adresse.

Ils ne devaient plus être si loin, non ?
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