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| Une rencontre aussi surprenante qu'inattendue [Pv Kélian] | |
| Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Une rencontre aussi surprenante qu'inattendue [Pv Kélian] Sam 2 Mar 2013 - 23:27 | |
| Lorsqu’ je m’éveillais ce jour-là, je constatai avant même d’ouvrir les yeux que quelque chose clochait. Ce lit n’était assurément pas le mien. Mes draps étaient sensés être de lin, mais j’aurais juré que ceci n’en était pas. Et cet oreiller souple était bien différent de mon traversin, dont la raideur avait pour but de ne pas déranger mes coiffures.
J’aurais pu alors m’imaginer tout simplement que ces dernières années n’avaient été qu’un rêve, et que j’étais de retour à Sainte-Geneviève. J’en aurais été ravie. Neuf ans à nouveau, et plus de mariage. Si cette chance m’avait été offerte, je me serais sans doute montrée plus infernale que jamais avec les Sœurs qui le régentaient. Mais ce ne pouvait pas non plus être l’orphelinat. Plusieurs détails clochaient. Tout d’abord, le lit, à nouveau. Les draps n’étaient peut-être pas de lin, mais ils n’étaient assurément pas de chanvre. Je ne connaissais pas ce tissu, mais il était doux et frais, et surmontés par ce qui devait être une couverture de laine. Quant au coussin, il était épais et moelleux. Ce lit était plus confortable que tous les endroits où j’avais dormi par le passé.
Je me décidai enfin à ouvrir les yeux. A Sainte-Geneviève, j’aurais vu un plafond grisâtre, bas et mansardé, traversé par quelques lézardes. Au Manoir, de délicats rideaux de tulle blanc, suspendus en baldaquin, tombaient en une gracieuse cascade autour de mon lit rond. Ici, le plafond était simple, blanc et lisse. Je baissai alors les yeux pour regarder au pied de mon lit, qui était superposé, comme dans ma chambre d’orphelinat. Il y en avait deux autres, du côté opposé. Les lieux étaient déserts.
Encore trop endormie pour conserver ma distinction habituelle, je ne pus retenir ce qui avait été mon juron favori durant toute mon enfance.- Oh, bloody hell*! C’est quoi, cet endroit?- Spoiler:
[Hrp : * Juron anglais. Littéralement, « enfer sanglant », mais en français je ne vois pas trop ce à quoi ça pourrait correspondre. J’ai bien pensé à « entrailles du diable », mais on l’emploie plus aujourd’hui. Peut-être « bordel » ? Franchement je sèche alors, comme ce n’est ni la première fois ni (sans doute) la dernière qu’elle le dit, je vais le laisser en anglais. De nos jours, ça n’a pas un sens très fort, mais à l’époque victorienne, c’est plutôt vulgaire.] - Ta nouvelle maison, tu te souviens ? Au fait, je suis très content de voir que tu recommences à parler normalement.Un museau roux émergea de sous ma couverture. C’était Fire. La mémoire me revient aussitôt. Bien sûr. Le Pensionnat Interdit, le panneau d’affichage, les supposés pouvoirs, et Fire. Surtout Fire. J’étais heureuse de l’avoir retrouvé. Sans lui, je m’étais sentie vide et seule. J’avais compris à l’instant même où je l’avais revu que, quelque part au fond de moi, il n’avait jamais réellement cessé d’exister, malgré l’insistance des Sœurs de Sainte-Geneviève ainsi que de Lady Blackwood à vouloir me convaincre de sa nature fictive. Pour toute réponse, je le serrai brièvement contre moi.
Désormais bien réveillée, et peu fière de mon language peu châtié – heureusement qu’aucune de mes compagnes de chambre n’avait été présente – je descendis l’échelle de bois. Le linge de lit était maculé de poussière. En effet, la veille au soir – ou plutôt le matin même, très tôt – gagnée par l’épuisement, je m’étais endormie toute habillée. Or, ma robe était dans un état pire encore que ce que j’avais imaginé, couverte de poussière et parsemée d’accroc. Au Manoir Blackwood, on n’aurait pas laissé une domestique se vêtir de la sorte. Elle était désormais tout juste bonne à servir de chiffon. Je devais trouver quelque chose pour me changer.
J’ouvris l’armoire de la chambre, sans beaucoup d’espoir dans la mesure où je n’étais arrivée que pendant la nuit et n’avais emporté aucune tenue de rechange. Je fus agréablement surprise, car elle était aussi emplie que la mienne. Ces robes ressemblaient en tous points à ce que j’avais l’habitude de porter. Bien qu’intriguée par ce mystère, j’en choisis une, de couleur crème.
Après m’être vêtue, j’inspectai les dégâts subis par mes cheveux. Seules quelques larges mèches, sur ma nuque, avaient survécu à l’assaut de mes ciseaux. Lorsque j’en aurai l’occasion et la possibilité, j’allais devoir veiller à tout égaliser. Pour l’heure, cela ferait l’affaire. Je me contentais de les brosser soigneusement.
Je quittai ensuite la chambre, sur la porte de laquelle était apposée une plaque ouvragée portant mon nom gravé, ainsi que ceux de trois autres jeunes filles, dont Korann, que j’avais rencontrée la veille. Je déjeunai sommairement dans une salle à manger qui parvenait à rester élégante malgré son ameublement dépareillé. Elle était déjà déserte, car la matinée était bien avancée.
Quelque part, une horloge sonnait onze heures lorsque, en voulant retourner dans ma chambre, je remarquai une porte à laquelle je n’avais pas prêté la moindre attention au cours de mon premier trajet. Une plaque semblable à celle qui présentait ma chambre était clouée sur cette porte. « Bibliothèque » y était gravé.
Mue par la curiosité, je décidai d’entrer. Dans la mesure où je n’avais emporté qu’un seul de mes ouvrages favoris, cette pièce risquait fort de devenir l’un de mes lieux de prédilection. Elle était rectangulaire et spacieuse, bien plus que celle de Lady Blackwood, et ne semblait guère plus peuplée que la salle à manger. J’errai quelques instants – où quelques années, je n’aurais su le dire, tant j’étais aux anges – puis finis par trouver mon bonheur. Macbeth, de Shakespeare, serait parfait, d’autant plus qu’il comptait parmi les rares œuvres de cet auteur que je n’avais encore jamais lues. Je l’emportai dans un confortable fauteuil, où je commençai ma lecture.
Dernière édition par Alexandra R. Blackwood le Sam 16 Mar 2013 - 19:03, édité 1 fois |
| | | • Slow Motion Suicide Kélian Ael
+ Pseudo Hors-RP : Nii / MPDT • Age : 35 • Pouvoir : Faire piquer des crises de nerfs aux autres. • AEA : Un truc aux écailles multico - ...hein ? • Petit(e) ami(e) : YHTGFDHFREUIGF RP en cours : – That we can climbMessages : 197 Inscrit le : 08/03/2011
| Sujet: Re: Une rencontre aussi surprenante qu'inattendue [Pv Kélian] Mer 6 Mar 2013 - 11:30 | |
| Dormir, dormir, dormir. Il avait. Besoin. De. Dormir. Impossible de fermer l’œil. Ce n'était pas faute d'avoir essayé, pourtant. Seulement non, rien à faire. Sa nuit n'avait été qu'une suite ininterrompue de réveils en sursaut, de cauchemars et de douleurs articulaires à proprement parler insupportables. Un somnifère l'avait aidé à se reposer quelques temps ; aussitôt l'effet estompé, son corps s'était remis à protester contre la position assise qu'il lui imposait. Mais s'allonger ? Plutôt crever. Jamais de la vie. Hors de question. Alors en désespoir de cause, il avait fini par se lever. Peut-être aurait-il dû prendre un autre somnifère. Peut-être. Seulement ces machins-là n'étaient pas exactement les même que ceux qu'il pouvait prendre chez lui : les effets en cas de surdosage devaient différer également. Il n'avait pas osé. Malgré l'affreux mal de tête qui faisait bourdonner mille insectes près de ses tympans, il avait réussi à enfiler un pantalon noir et une chemise pareillement sombre rayée de fines lignes blanches. Toujours les même tenues, toujours les même couleurs. Aucune importance. Une fois ses bottines enfilées, très vaguement coiffé, il était sorti de la chambre sans faire de bruit. Pas question de réveiller qui que ce soit s'ils dormaient encore – mieux valait les laisser se reposer, ils seraient moins chiants comme ça. Depuis, il était assis au fond de la bibliothèque. Paupières à demi fermées, il tourna distraitement les pages du livre coincé entre ses doigts – un ouvrage quelconque sur une religion qu'il ne connaissait pas, peu importe. Le café posé à côté de lui, versé dans un bol, était devenu presque froid ; il ne formalisa pourtant pas quand, peu adepte du goût de ce machin quoi qu'il en soit, il en but une gorgée. C'était peut-être discutablement mauvais, mais ça avait le mérite de le réveiller. Entre ça et les somnifères, c'était à se demander s'il savait ce qu'il voulait. Sûrement que non. Sûrement qu'il s'en fichait pas mal, aussi. Arrivé aux dernières pages, il leva le nez vers une horloge murale : onze heures. Ses jambes, douloureuses, lui indiquèrent qu'il était resté assis bien trop longtemps. Pas que la religion et autres trucs douteux l'intéressent spécialement, pourtant : mais ce coin de la bibliothèque, comme deux ou trois autres qu'il aurait su citer, était plutôt en retrait et tranquille. Bien plus que le côté littérature, cuisine ou que savait-il encore. C'était l'avantage d'avoir des goûts très divers en matière de lecture, sans doute. Ça lui évitait d'être condamné à errer toujours dans les même rayons – d'autant plus que, à certaines heures, il pouvait y avoir plus que deux ou trois personnes dans les environs. D'un geste sec mais respectueux, il ferma le livre et posa son bol sur une table, à proximité. Il reviendra le chercher plus tard si personne ne l'a rangé entre temps : pas comme si le ménage était le soucis premier des habitants de cet endroit. Et puis il y a la soubrette, ajoute-t-il pour lui-même. Si elle a le temps de faire quinze mille lessives par jour, elle peut bien récupérer de la vaisselle abandonnée. Délaissant son bol sur ces constatations amicales, il garda l'ouvrage fermé dans sa main droite et jeta un coup d’œil à travers deux ou trois rangées. Peut-être que Clarence traînait dans le coin. C'était bien la seule personne parmi ses connaissances plus ou moins éloignées qu'il ait envie de voir pour l'instant – et, concrètement, ceux qu'il tenait à éviter avaient peu de chances de se retrouver dans la Bibliothèque. Tap, tap, tap. Ses talons claquèrent discrètement contre le sol à mesure qu'il arpentait les rangées. Une, deux, trois... Rien. Pas un chat. Ah ; une fille, par contre. Il pesa le pour et le contre une seconde : puis, mitigé, s'arrêta à quelques pas d'elle.
« Hey. » Ou 'comment interpeller quelqu'un poliment en dix leçons'. « T'aurais pas vu passer un type de... cette taille ? demanda-t-il en levant sa main à une quinzaine de centimètres au-dessus de sa tête. Cheveux gris, du genre flippant et silencieux. »
Disant cela, il se laissa tomber sur un fauteuil en face du sien. Pas comme s'il espérait vraiment qu'elle ait vu qui que ce soit correspondant à cette description – bien qu'elle soit complètement juste et très parlante. Son regard s'arrêta plus longuement sur elle ; pas un visage connu.
« T'es nouvelle ? »
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Une rencontre aussi surprenante qu'inattendue [Pv Kélian] Mer 6 Mar 2013 - 19:09 | |
| « Infirm of purpose! Give me the daggers. The sleeping and the dead Are but as pictures. ‘Tis the eye of childhood That fears a painted devil. If he do bleed, I’ll gild the faces Of the grooms withal, For it must seem their guilt. »
Je n’en étais qu’au début de l’acte deux, mais il était déjà évident que Macbeth était fidèle à toutes les autres pièces de William Shakespeare. Des personnages nobles, de l’amour, des conflits de pouvoir, des meurtres et la culpabilité qui en surgirait forcément. Quand on connaissait l’auteur, on voyait déjà se profiler le suicide final au moment même où Lady Macbeth acceptait de se charger elle-même de camoufler le meurtre commis par son époux.
J’allais me replonger dans ma lecture lorsque je fus interpellée par une voix jeune et indubitablement masculine.
« Hey. T'aurais pas vu passer un type de... cette taille ? Cheveux gris, du genre flippant et silencieux. »
Intriguée par ce langage qui m’était devenu peu coutumier, mais auquel j’allais apparemment devoir me réhabituer ici, je refermai malgré tout mon livre – en ayant pris soin d’y glisser un ruban pour retrouver la page à laquelle je m’étais arrêtée – et levai les yeux vers l’inconnu, me préparant à le saluer avec toute l’élégance et la distinction dont j’étais capable.
Ces bonnes résolutions disparurent de mon esprit comme des lambeaux de brume sous le soleil lorsque je le vis. Il était de taille moyenne, plus grand que moi cependant, mince, et semblait souple comme un chat et agile comme un singe. Sa peau était claire, ses cheveux d’un noir d’ébène, et il avait des yeux d’un gris perçant. Il semblait plus âgé que moi, de cinq ou six ans environ. Incapable de penser à le vouvoyer, et même à m’exprimer correctement, je ne pus que bégayer.
- Je…tu…Ace ? C’est…c’est pas possible !
Nous parlâmes en même temps.
« T'es nouvelle ? »
Stupéfaite, je le dévisageai plus attentivement. Bien sûr que ce n’était pas Ace. C’était tout bonnement impossible. Bien sûr, il avait bel et bien les cheveux aussi noirs et désordonnés que ceux de mon ami, et la même silhouette. Ses vêtements étaient certes totalement différents – il était d’ailleurs en bras de chemise – mais cela n’était pas constitutif, j’en étais la preuve vivante. Il y avait aussi ce tatouage, sous son œil, qu’il n’avait pas auparavant, mais il aurait fort bien pu être récent. Et il aurait très bien pu avoir perdu la mémoire. Mais je ne pouvais pas me mentir : il y avait autre chose, j’ignorais quoi exactement, quelque chose que j’aurais dû remarquer plutôt. Une différence entre eux, minime, indescriptible, mais fondamentale. Quelque chose, dans le regard peut-être, qui faisait que ce jeune homme à l’allure si familière ne pouvait pas être Ace.
Confuse de m’être adressée à un inconnu sur ce ton, en ces termes et avec tant d’hésitations, je plongeai en une profonde révérence pour reprendre une contenance, puis pris le temps de réfléchir à sa question. Bien entendu, toute à ma lecture, je n’aurais pas remarqué le passage d’un troupeau de bovins. Un homme de haute stature, à la chevelure grise, taciturne et angoissant, ne m’évoquait rien, si ce n’était que cette description ressemblait à celle qu’on aurait pu faire de Lord Aaron Blackwood, le fiancé auquel j’avais – heureusement – échappé. Je fermai très brièvement les yeux, et me recentrai sur la question présente.
- Veuillez m’excuser, je vous avais malencontreusement pris pour quelqu’un d’autre. Par ailleurs, je suis absolument navrée, mais je n’ai pas vu votre…ami. Pour être honnête, peut-être est-il passé, mais je ne puis en avoir aucune idée, car je lisais et je n’ai pas prêté attention aux allées et venues. Pour répondre à votre seconde question, je suis arrivée ici hier soir. Je m’appelle Alexandra Raven Blackwood. |
| | | • Slow Motion Suicide Kélian Ael
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| Sujet: Re: Une rencontre aussi surprenante qu'inattendue [Pv Kélian] Sam 9 Mar 2013 - 7:42 | |
| Ah ; mauvais timing. Il grimaça en se rendant compte qu'ils avaient parlé en même temps, incapable de replacer ce que la jeune fille venait de dire hormis le « Ace » et le « pas possible » - ce qui, même mit bout à bout, ne voulait pas dire grand chose sans contexte ou explications. A moins qu'elle ait n'ai pensé qu'il lui décrivait une connaissance ? Possible. Son livre posé sur ses genoux, il releva sans y accorder trop d'importance le doute et la gêne qui éclairaient à présent le visage de l'inconnue. Les regards insistants et les haussements de sourcils intrigués, il y était tellement habitué qu'il n'y faisait même plus attention. Trop pâle, trop inquiétant... Différent. On s'y fait. A force, on finit par oublier de s'en rendre compte ; à présent, qu'on le regarde de travers ne lui faisait plus ni chaud ni froid. Il s'agit juste d'éviter les d'interférences. C'est devenu trop dur, les interférences. Leurs regards se croisèrent ; elle esquissa une révérence polie. Elle avait des manières, en tout cas. Plus que la plupart des personnes qu'il ait croisé ici, même si ses connaissances ne devaient pas être des modèles en la matière. Loin de là, même. Incapable de reproduire une salutation plus polie qu'un signe de tête, il s'en contenta donc : elle ne lui en voudrait sûrement pas de ne pas s'y connaître en coutumes humaines. Si elle était humaine, d'ailleurs. Il commençait à perdre la notion des races et des origines, avec le temps.
Tiens. Elle avait fini de réfléchir.
« Veuillez m’excuser, je vous avais malencontreusement pris pour quelqu’un d’autre. » Kélian haussa un sourcil ; ça, c'était inédit. « Par ailleurs, je suis absolument navrée, mais je n’ai pas vu votre…ami. Pour être honnête, peut-être est-il passé, mais je ne puis en avoir aucune idée, car je lisais et je n’ai pas prêté attention aux allées et venues. Pour répondre à votre seconde question, je suis arrivée ici hier soir. Je m’appelle Alexandra Raven Blackwood. »
Alexandra, alors. Coude appuyé sur le bras du fauteuil, phalanges posées contre sa joue, il poussa un soupir discret mais ennuyé. Il ne s'attendait pas vraiment à ce qu'elle ait vu qui que ce soit, de toute façon : et quand bien même elle aurait vu son ami passer, il aurait pu être n'importe où à l'heure actuelle. Inutile de dire qu'il n'avait aucune envie de parcourir le Pensionnat à sa recherche : trop fastidieux, trop inutile, trop fatiguant. Parler avec une inconnue l'était nettement moins, surtout si elle ne cherchait pas à l'exorciser, le convertir à une religion étrange ou lui jeter des livres dessus. Comme ça n'avait pas l'air d'être son cas, il jugea qu'une discussion devrait être possible. De toute façon, il n'avait rien de mieux à faire. Ennuyer cette fille était son meilleur compromis.
« Ace ? Répéta-t-il sans la quitter des yeux, attentif. C'est quelqu'un, hm ? »
Et la politesse, et les manières ? on les envoie valser sans regrets, dans les roses ou les orties. Il aurait sans doute dû l'excuser, se présenter à son tour : lui assurer qu'elle n'avait pas à s'en faire, que son ami finirait bien par refaire surface de lui-même – seulement non, non et encore non. Aucun intérêt. Son nom n'aurait pas changé d'ici cinq minutes, l'absence de Clarence non plus ; Ace, en revanche, si. Ace, ça l'intéressait. Pour ne pas avoir à parler de lui, pour s'occuper l'esprit – c'était une belle porte de sortie, ça, Ace. Il pouvait même évoquer un sursaut d’égoïsme, puisqu'apparemment il lui ressemblait.
« J'aimerais bien savoir à qui je ressemble, ajouta-t-il avec un sourire cynique. Au cas où cette 'malencontreuse erreur' te fasse m'assimiler à un type louche, par exemple. »
Ou l'inverse. Qu'on l'assimile à un type bien n'était pas spécialement mieux, non. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Une rencontre aussi surprenante qu'inattendue [Pv Kélian] Sam 9 Mar 2013 - 17:43 | |
| Je crains fort d’avoir écarquillé les yeux lorsque je le vis hausser un unique sourcil. Peu de gens étaient capables de hausser un seul sourcil, et Ace en faisait partie. J’avais pu voir cette mimique pendant toute mon enfance, souvent associé à un sourire affectueusement moqueur ou à une moue incrédule. Ce jeune homme était décidément si semblable à mon ami qu’ils auraient pu être frères.
« Ace ? C'est quelqu'un, hm ? »
Quelques années plus tôt, j’aurais sans doute répondu quelque chose comme « Nan, c’est personne. » A l’époque, j’étais dotée d’autant de répartie que d’insolence, et je savais que moins les gens en sauraient sur moi et mes amis, mieux cela vaudrait. Aujourd’hui, les choses étaient bien différentes. Ce genre de considérations n’avait plus vraiment d’importance, et la bienséance m’intimait de répondre à sa question. Sauf qu’elle n’en était pas vraiment une, car je devinais qu’un « en effet », aussi poli soit-il, n’était pas la réponse que … que mon interlocuteur attendait. Je réalisai alors que celui-ci ne s’était pas présenté.
« J'aimerais bien savoir à qui je ressemble. Au cas où cette 'malencontreuse erreur' te fasse m'assimiler à un type louche, par exemple.»
Son sourire cynique était le même que celui de mon ami. Ce bon vieux Ace, toujours prêt à se montrer frondeur. On ne pouvait pas dire qu’il n’était pas quelqu’un de louche. Il était tout de même un enfant des rues, toujours occupé à voler, à mentir ou à préparer un mauvais coup. Mais il avait un cœur d’or, et était sans aucun doute la personne la plus importante de toute ma vie. Bien entendu, sans lui, je n’aurais sans doute jamais été en train de voler ce vieil homme défendu par un répugnant reptile, on ne m’aurait donc pas adoptée, ni tenté de me marier de force. D’un autre côté, sans lui, je serais sans doute tombée à l’eau sur ce fameux port, quatorze ans plus tôt, à la suite de ce papillon qui aurait continué à planer sans se douter de rien. J’aurais aussi pu mourir de faim, ou de froid, car je n’aurais jamais appris à me débrouiller, ni eu la possibilité de rejoindre une bande des rues, plutôt fermées aux filles. Ou alors, peut-être m’aurait-on tuée lors de la fameuse bagarre au cours de laquelle le coutelas d’un garçon d’une bande rivale m’avait laissé la cicatrice que je portais à la joue. Si, par miracle, j’avais survécu jusqu’à mes seize ans, on m’aurait enfermée quelque part dans le quartier de Whitechapel, où j’aurais tenu compagnie à de prétendus gentlemen et serais morte très jeune. Sans jamais avoir lu Dickens, ni Shakespeare, ni même pu écrire mon propre nom. Ace était la personne qui m’avait le plus apporté. Au fond, il était quelqu’un de bien. Evidemment, il ne l’aurait jamais admis. Pourtant, dans mon esprit, Robin des Bois avait toujours eu son visage.
Consciente qu’il m’observait toujours, je me décidai à formuler une réponse claire mais synthétique, comme je l’avais appris.
« Ace est un ami que j’ai perdu de vue il y a des années, et je ne pense pas que l’on puisse le considérer comme ‘louche’ au sens où je suppose que vous l’entendez. »
Je songeai un instant à Lord Aaron Blackwood, l’homme que j’avais failli épouser. Il était une définition personnifiée du mot "louche". Je savais peu de choses sur lui, mais nul n’ignorait qu’il était haut placé dans la police métropolitaine, à laquelle j’avais eu affaire de nombreuses fois dans mon enfance – rien que cela aurait constitué à mes yeux une raison suffisante pour le haïr – ni qu’avec lui, le poids de quelques souverains suffisait à faire pencher la balance de la justice. Il était de plus absolument odieux avec les femmes. Il fréquentait assidument Whitechapel, et on disait qu’il avait été veuf trois fois, ce qui était plutôt…louche. Enfin, il me traitait comme une moins que rien. Pendant très longtemps, il m’avait susurré des mots venimeux dans le dos de sa tante, car il pensait qu’une fille comme moi n’était pas digne de porter le nom des Blackwood. Evidemment, les choses avaient changé lorsque la question du mariage s’était posée. C’était à dire qu’il était toujours aussi irrespectueux, mais que mes origines ne semblaient plus le gêner. Comme par hasard.
Il n’y avait aucune chance qu’il se trouve ici. 'Homme grand, cheveux gris, taciturne et angoissant', cette description pouvait correspondre à n’importe qui. Malgré tout, je devais en avoir le cœur net. Je ne le laisserais pas me retrouver. Je ne pouvais pas avoir fait tout cela pour rien.
« Oserai-je vous demander qui vous cherchiez, Monsieur… Veuillez m’excuser, je n’ai pas retenu votre nom. »
*D’une pierre deux coups*, songeai-je en me souvenant de la phrase qu’Ace avait coutume de prononcer lorsqu’il tirait des pigeons avec sa fronde. Cela avait été l’une des premières leçons de Lady Blackwood. Comment demander avec distinction son nom à quelqu’un qui ne s’est pas présenté. Le genre de leçon que j'avais oubliée presque aussitôt, tout en m'appliquant à la mettre inconsciemment en application à chaque occasion. Il était curieux que cela me revienne maintenant, face à une personne chez qui tout, tant l'apparence que le désinvolte tutoiement, me ramenait à une période antérieure de ma vie. Je m'aperçus à cet instant que, tout en le vouvoyant moi-même, je ne m'étais pas formalisée de ce tutoiement, qui m'aurait scandalisée la veille encore. |
| | | • Slow Motion Suicide Kélian Ael
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| Sujet: Re: Une rencontre aussi surprenante qu'inattendue [Pv Kélian] Mar 12 Mar 2013 - 10:46 | |
| A ce stade, Kélian se serait déjà envoyé promener ; ou, du moins, aurait-il trouvé un moyen de retourner la situation à son avantage. Voir quelqu'un rester calme et poli en toute circonstances avait de quoi énerver. Ça l'énervait, lui. C'était un peu le privilège de son meilleur ami actuel – et ça l'était uniquement parce que ses silences, sa froideur et son manque de réactions faisaient partie intégrante de sa personne. Il préférait de loin voir les autres courir, les entendre crier, les pousser à lui jeter des chaises dessus ; ça l'agaçait, il n'arrêtait pas de s'en plaindre et avait des migraines pas possibles ensuite, mais au moins avait-il l'impression qu'ils étaient au clair avec eux-même. Qu'ils étaient eux-même. L'honnêteté et la franchise sont des concepts tellement vagues.
« Ace est un ami que j’ai perdu de vue il y a des années, et je ne pense pas que l’on puisse le considérer comme ‘louche’ au sens où je suppose que vous l’entendez. »
Et elle lui répondait, tant qu'à faire. Pas que ce soit censé le déranger ; curiosité satisfaite, sans doute. Malgré tout, il ne put empêcher ses sourcils de se froncer légèrement. Vu la politesse dont elle faisait preuve et le bref moment de réflexion qu'elle observait avant de répondre, il avait du mal à imaginer qu'elle puisse ne pas être, disons, au moins vaguement ennuyé par son manque de manières. Il avait croisé des personnes très polies et maniérées qui n'avaient pas hésité à lui lancer au visage qu'il était rustre et mal élevé ; à peu près n'importe qui lui aurait dit de se mêler de ses affaires. A peu près. Elle était peut-être simplement gentille et un peu niaise. En tout cas, si elle avait tiré une tête pareille en croyant voir une personne qu'elle avait perdu de vue depuis des années, c'était sûrement qu'il avait compté pour elle. Respectueux malgré ses manières parfois discutables, Kélian décida de ne pas s'aventurer plus loin sur le sujet. Il était bien placé pour savoir que le passé était un terrain miné, surtout au Pensionnat : or la blesser n'était pas dans intentions. A l'heure actuelle, chercher à lui faire du mal ne lui aurait strictement rien apporté – pas même le plaisir égoïste d'avoir passé ses nerfs sur une fille potentiellement sans intérêt. D'autant plus qu'une femme restait une femme. Il ne parvenait pas encore à admettre que d'autres civilisations puissent les considérer comme inférieures aux hommes. Quoi que. Certains spécimens rencontrés ici avaient bien failli lui faire changer d'avis sur la question.
« Oserai-je vous demander qui vous cherchiez, Monsieur… Veuillez m’excuser, je n’ai pas retenu votre nom. »
Ha. Joliment rattrapé. Appuyant son dos contre le dossier du fauteuil, il adressa un sourire amusé à la jeune fille.
« Parce que je l'ai pas donné, répondit-il en jetant un bref coup d’œil au livre de sa vis-à-vis. C'était voulu, d'ailleurs. »
Lunatique et d'humeur changeante, comme à son habitude, Kélian se renfrogna sensiblement.
« Et je cherche un ami. Je l'ai perdu de vue depuis hier, ajouta-t-il avec un mouvement de poignet et un ton de voix exagérément dramatique. Je sais pas si je vais survivre jusqu'à ce soir sans le voir... Mais on va admettre que oui. » Un soupir ennuyé s'échappa d'entre ses lèvres. « A tout hasard, il s'appelle Clarence. »
Conscient que ce nom ne lui dirait probablement rien – pas comme si c'était un garçon particulièrement extraverti et populaire, n'est-ce pas – il ne jugea pas utile de lui demander si oui ou non elle le connaissait. Bha. Tant qu'il y était.
« C'est Kélian. Mon prénom, je veux dire. » |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Une rencontre aussi surprenante qu'inattendue [Pv Kélian] Mer 13 Mar 2013 - 16:47 | |
| Il se redressa, s’adossant au dossier de son siège, avec ce petit sourire en coin qui, supposai-je, traduisais son amusement. Ses similitudes avec Ace étaient sans doute l’unique raison pour laquelle je ne m’étais pas encore décidée à lui tenir rigueur, au moins en mon fort intérieur, de son manque de manières. Autrement dit, ce jeune homme m’était familier, donc je ne lui en voulais pas de se montrer familier. C’était si absurde, surtout ainsi formulé, que j’aurais presque pu trouver ça drôle.« Parce que je l'ai pas donné » rétorqua-t-il. Ça, j’aurais pu le deviner toute seule. Mais il avait l’air assez intelligent pour comprendre par lui-même la question implicite qui sous-tendait ma remarque. S’il ne se présentait pas, c’était que, pour une raison ou une autre, il n’y tenait pas. Au moment précis où je formulai cette pensée, il la confirma.« C’était voulu, d'ailleurs. » Ace aussi adorait se payer la tête des gens de cette manière. « Se payer la tête de … » Je n’en revenais pas d’avoir employé cette expression, fut-ce pour moi-même. En même temps, je savais parfaitement pourquoi elle m’avait échappée. Il était évident que ce jeune homme n’avait rien à voir avec Ace. Mais les similitudes profondes dans leurs façons d’être, dans leur manière de parler (bien que celui-ci ait de toute évidence était éduqué, contrairement à mon ami, ce qui se traduisait dans sa grammaire un peu plus développée), comme dans leurs aspects respectifs me ramenaient à la période de ma vie que nous avions partagée. Une époque à laquelle je me serais sentie déguisée si j’avais dû porter une jupe, une époque à laquelle je faisais des concours de crachats avec les plus jeunes des garçons de notre petite bande de va-nu-pieds. Une époque, enfin, à laquelle j’avais tendance à faire preuve de la même verve et du même langage que mon ami.
Son expression changea soudain et il reprit la parole, m’interrompant dans ces considérations qui ne menaient sans doute à rien.« Et je cherche un ami. Je l'ai perdu de vue depuis hier. Je sais pas si je vais survivre jusqu'à ce soir sans le voir... Mais on va admettre que oui. A tout hasard, il s'appelle Clarence. »Le prénom Clarence me semblât français, mais ne m’était absolument pas familier. Je lâchai un soupir soulagé. Pas de Lord Blackwood en vue. Mes craintes avaient été stupides. Ici, j’étais à l’abri. Je comment prendre le reste de sa tirade. Il craignait de ne pas pouvoir survivre une journée sans son ami ? Sans doute ne se doutait pas à quel point les gens pouvaient se montrer plein de ressources lorsqu’ils y étaient forcés. Enfant, j’étais persuadée de ne pas pouvoir survivre plus d’une heure sans Ace – et, les rues de Londres étant ce qu’elles sont, il s’agissait réellement de survie. Pourtant, lorsque nous avions été séparés, je m’en étais étonnamment bien sortie, toute enfant que j’étais. Il aurait été… Non. A vrai dire, peut-être n’aurait-il pas été fier de moi. Je n’étais pas devenue le genre de personnes qu’Ace respectait. Je n’étais pas devenue le genre de personne que la petite Alex de sept ans que j’avais été aurait respecté
Cela fit remonter un souvenir oublié, refoulé depuis longtemps. Je revis cette scène avec autant de netteté que si elle se déroulait à l’instant présent, jusque dans ses moindres détails.***Ace et moi, on est assis tous les deux, sur toit, les pieds dans le vide. J’ai six ans, je crois. On r’garde les gens qui passe, et pour une fois qu’on a pas faim, ben on prépare rien, on r’garde juste. Et v’là-t’y-pas qu’une diligence à quat’ chevaux s’arrête au bout de la rue. Beaux, les chevaux. Grands, tous gris. Mais je r’garde à peine les chevaux, parce que là, y a une dame en robe noire qui descend de la voiture. Avec une p’tite fille. Huit ans, la p’tite fille. Toute blanche tellement qu’elle est propre. Dans une belle robe bleue. Avec des joues bien rondes et un air très digne. Alors moi, je r’garde Ace, et j’lui dis : « T’as vu comme qu’elle est belle ? » Et lui d’me répondre : « Ouais, j’vois. » « Dis, pourquoi que j’suis pas jolie comme ça, moi ? » Et là, Ace me prend par les épaules, me r’garde dans les yeux, plus sérieux qu’jamais, et y m’dit : « Ecoute moi bien, p’tiote, parce que c’truc-là, c’est super important, et on te l’dira pas souvent. C’te fille là-bas, l’est toute proprette, et pis bien belle dans sa p’tite robe, et puis elle a plein d’sous. Sûrement qu’elle a jamais faim, aussi. Ben moi, j’vas t’apprendre un truc. C’te gosse là-bas, l’est pas moitié aussi heureuse que toi et moi. » « Ah nan ? » « Non. Parce que c’est qu’une bestiole de compagnie. Un brave p’tit singe savant. J’suis sûr qu’elle s’amuse jamais comme nous qu’on s’amuse. »***Comment avais-je pu oublier une telle conversation ? Comment avait-on réussi à me faire oublier une chose pareille ? Etais-je réellement devenue un singe savant ? Sur le moment, la réponse me sembla tout simplement évidente. Et tout aussi évidente fut, à cet instant, la certitude que ce n’était pas ce que je voulais être. Ce fut sans doute ce qui provoqua ma réponse, laquelle me surprit moi-même. Je fus bien plus surprise encore par le tutoiement dont je l’accompagnai, ainsi que par l’accent ouest londonien, si différent de mon ton aristocratique habituel, que je repris par la même occasion.« Mais oui, tu survivras, va. Vingt-quatre heures, une broutille. Et dis-toi que tout ce qui t’tue pas te rend plus fort. »« C'est Kélian. Mon prénom, je veux dire. »Je n’étais apparemment pas dans mon état normal. Je ne pouvais pas dire « pas moi-même », car je n’étais plus très sûre à cet instant d’où était le « moi-même » dans tout ça. Mais une chose était sûre : ce n’était pas pour me déplaire. Je me sentais libre, grisée comme au moment de ma fuite.
Je remarquai, sans doute avec un temps de retard, que nous avions encore parlé en même temps. Il s’était décidé à se présenter.- Spoiler:
[Hrp : Je sais, c'est très long pour ne pas dire grand chose au final. Tu m'excuseras. Je précise que dans la scène de flash-back, les petites erreurs et autres sont faites exprès. Ca me semblait juste pas crédible de retraduire le dialogue de deux gosses des rues n'ayant jamais été à l'école sans ça. Idem pour la narration à ce moment, l'idée étant qu'elle se remémore ce qu'elle a pensé du haut de ses sept ans. J'espère juste que ça n'entrave pas la lecture quand même. J'avais pas de regard extérieur sous la main, et moi je suis trop dedans pour savoir.]
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| | | • Slow Motion Suicide Kélian Ael
+ Pseudo Hors-RP : Nii / MPDT • Age : 35 • Pouvoir : Faire piquer des crises de nerfs aux autres. • AEA : Un truc aux écailles multico - ...hein ? • Petit(e) ami(e) : YHTGFDHFREUIGF RP en cours : – That we can climbMessages : 197 Inscrit le : 08/03/2011
| Sujet: Re: Une rencontre aussi surprenante qu'inattendue [Pv Kélian] Ven 29 Mar 2013 - 21:52 | |
| Elle avait vraiment un don pour ça. L'interrompre, c'est à dire. Ou plutôt se brancher exactement sur la même onde que lui pour parler à la micro-seconde précise où il se décidait à le faire – et franchement, c'était un des trucs les plus désagréables qu'il ait expérimenté depuis de longues heures. Ça l'agaçait, l'irritait ; il fronça de plus bel les sourcils pour marquer son mécontentement. Pas qu'elle y puisse grand chose : pas qu'elle soit plus coupable que lui sur ce coup-là. Il n'avait qu'à moins prendre son temps, elle n'avait qu'à répondre plus vite. Ils n'avaient qu'à, ils auraient pu – mais ces saletés de conjectures ne l'aideraient pas à mieux comprendre ce que ses propres paroles l'avaient empêché d'entendre correctement. Remarque, songea-t-il en étirant ses lèvres sur un sourire cynique, ils allaient peut-être créer une mode. Parler en même temps que l'autre et voir qui comprend quoi. Tutoiement ; changement de registre. Intrigué, il en oublia la pique acerbe qu'il aurait d'ordinaire adressé à la jeune fille pour avoir pris – ou fait semblant de prendre – sa remarque au sérieux. D'un mouvement machinal, il fit tourner la bague qui entourait son index droit. Cette fille n'avait pas l'air de souffrir d'un dédoublement de personnalité, il n'était pas encore sourd. Du moins jusqu'à preuve du contraire. Il avait beau avoir mal saisi le début, qui s'était heurté à sa propre voix, le reste et le ton n'en étaient pas moins très clairs dans sa mémoire. Tu, tu, tu. Il avait beau être très informel depuis le début, ça n'en restait pas moins flagrant. Occupé à jouer avec les bagues ornant ses doigts, il analysa Alexandra à travers ses yeux gris. « Ké-lian, répéta-t-il entre ses dents, hésitant clairement entre lui martyriser les oreilles avec son nom ou ne rien dire du tout. Toi Alexandra Raven truc, moi Kélian. Tu vois ? Si tu parlais pas en même temps que moi, aussi. »Lâchant un instant la silhouette de la jeune fille du regard, il chercha à combler le « truc » par un nom plus approprié ; rien ne lui vint. Retenir les patronymes était d'un ennui rare, accentué sans doute par l'absence d'importance qu'avait pu leur accorder son pays natal. Puisqu'il ne connaissait aucune Alexandra avant de la rencontrer, le reste de son nom était complètement passé à la trappe. Avec le temps, les différences et habitudes de ce genre savaient se faire oublier ; on s'adapte. Seulement hormis Clarence et Selenda, qui lui venaient instantanément à l'esprit, aucune personne de sa connaissance n'insistait pour qu'il retienne son nom. En colonie de vacance, franchement, ça n'avait que peu d'importance. Aussi morbide sache être la colonie en question. Une poignée de secondes plus tard, il redressait la nuque pour dévisager son interlocutrice. Prenant bien garde à ce que personne n'interrompe personne, cette fois : « Ça y est, t'as jugé qu'on se connaissait assez pour être familière ? »Le sourire en coin, un rien fatigué, agrémenté d'une pointe d'ironie et d'intérêt à peine voilé. Pour qui, pour quoi – ça avait forcément un sens. Parfois, il n'avait pas envie de chercher ; d'autre fois ça allait jusqu'à l'obséder. Puisqu'il n'avait pas envie de penser, c'était l'occasion rêvée. Explique moi, aller. Ou laisse moi chercher. Quelle différence ça pouvait bien faire, au fond ? Le résultat comptait inévitablement mille fois plus que les moyens employés. Pour l'instant, du moins. La fatigue aidant, le flou finissait par devenir un compromis rassurant ; apaisant. Se mentir à soi-même n'était pas condamnable, non ? Ce serait plus facile si c'était écrit, tiens. S'en tenir à du vent, se construire sur le vide... C'était rien de plus qu'une opération suicide. Cette fille était peut-être en verre, elle aussi. Une langue de verre ; chassez le naturel et il revient au galop. Une ombre passa sur son visage diaphane. Chassez le naturel et tout s'écroule, ouais. Chassez le naturel et y'a plus personne. Destruction programmée.- Hors RP:
Nope, no problem pour le texte ~ Et pardon pour le retard ♥
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| Sujet: Re: Une rencontre aussi surprenante qu'inattendue [Pv Kélian] Sam 30 Mar 2013 - 19:31 | |
| Je le vis froncer ses sourcils plus encore. De toute évidence, il n’appréciait guère que nous parlions en même temps. Il était vrai que, pour ma part, je ne trouvais pas ça très satisfaisant non plus, car ce n’avait rien de pratique. J’étais consciente qu’il venait de se présenter, mais n’avais pas saisi son nom. C’était malin. Tout ça pour ça. Son sourire si familier s’agrandit soudain, pour une raison qui m’échappa. Ca l’exaspérait, ou ça le faisait rire ?
Il reprit la parole dans ses dents, après une visible hésitation, tout en jouant avec l’une de ses bagues sans vraiment sembler y prendre garde. Je n’avais pas remarqué ces anneaux. J’aurais dû, pourtant. Ce n’étais pas comme si j’avais l’habitude de voir un homme avec une bague autre qu’une alliance. Encore moins avec plusieurs anneaux de ce genre. « Ké-lian, répéta-t-il, répondant à l’interrogation que je n’avais pas formulée à voix haute. Toi Alexandra Raven truc, moi Kélian. Tu vois ? Si tu parlais pas en même temps que moi, aussi. » J’avais donc vu juste en ce qui concernait nos répliques simultanées. Cela dit, ce n’était pas très courtois de sa part de me le reprocher. Après tout, il était tout autant en cause que moi. Mais bon, je n’allais pas lui en tenir rigueur. Après tout, il me rappelait Ace, et Ace n’avait jamais exactement été le genre de garçon que l’on pourrait qualifier de courtois. Je ne connaissais bien évidemment pas encore le « Tarzan of the Apes », ouvrage rédigé en 1912 par Edgar Rice Burroughs, que j’allais découvrir avec intérêt quelques semaines plus tard dans cette même bibliothèque, aussi ne saisis-je pas la haute portée philosophique de la référence à cet instant précis.
Cette fois, je crois que c’est moi qui fronçais les sourcils. Alexandra Raven Truc. D’accord. Je lui avais dit Alexandra Raven Blackwood. J’aurais pu me vexer. J’aurais pu aussi lui rafraîchir la mémoire avec toute l’élégance dont j’étais capable. Et puis en fait, non. Je ne fis rien de tout cela. Est-ce que ça avait vraiment une importance ? Alexandra Raven Blackwood. Mon nom. Même pas vraiment le mien, en définitive. Juste trois mots sur un morceau de papier déjà jauni dont l’encre avait bavé depuis longtemps. Un certificat d’adoption. Blackwood était le patronyme de Lady Blackwood, qu’elle m’avait donné légalement ce jour là. Raven était également un nom qu’elle avait choisi. « Parce que n’avoir qu’un seul prénom fait trop vulgaire, trop commun pour une lady qui se respecte. » Mais avais-je vraiment envie d’être une lady ? Un « p’tit singe savant », comme disait Ace ? Bien sûr que non. C’était tellement évident. « Alexandra suffira. » Mais non, ça ne suffisait pas. Ca ne pouvait pas suffire. Parce que ça non plus, ce n’était pas moi. Alexandra. Je m’en souvenais, maintenant, comme si c’avait été la veille. C’était la directrice qui l’avait choisi, parce que mon prénom ne lui semblait pas assez féminin. Elle pensait que personne n’aurait voulu adopter une enfant portant un prénom qui aurait pu être celui d’un garçon, et n’avait peut-être pas tort. Alexandra, au contraire, semblait si charmant.
Mais moi, dès le début, j’avais détesté ce prénom. Pourquoi ? Déjà, parce que ce n’était pas le mien, tout simplement. Me donner un nom qui lui convenait était une manière de faire de moi celle qu’elle aurait voulu que je sois. Une gentille fille. Une orpheline adoptable. A terme, une bouche de moins à nourrir. Plus d’argent à rentrer. L’autre gros problème, peut-être encore plus essentiel, avait été le fait qu’elle ne soit pas la seule à trouver ce nom charmant. Et je ne pensais pas aux parents adoptifs potentiels, car jusqu’à Lady Blackwood, je n’avais laissé à aucun une chance de trouver quoi que ce soit de charmant chez moi. Non, le truc, c’était les surveillants. L’orphelinat Sainte-Geneviève – qui, soit dit en passant, n’était absolument pas religieux, contrairement à ce que son nom pouvait laisser penser – était dit être destiné aux jeunes filles pauvres. Quelle vaste plaisanterie ! En vérité, depuis sa création, par manque de moyen, il était couplé - c’était à dire que les rez-de-chaussée où se tenaient les repas et où nous passions nos journées étaient communs, tout comme la cour et une partie du personnel, tandis que les étages où se trouvaient les dortoirs semblaient, depuis la rue voisine, être deux bâtiments différents – à l’orphelinat Charles Dickens. Je ne connaissais pas encore cet auteur à cet époque, et ne m’étais donc jamais posé la question, mais j’avais songé plusieurs fois depuis que j’avais remédié à ce manque de culture qu’il aurait fallu que quelqu’un m’explique si ce soit n’était qu’un hasard, ou s’il aurait fallu y voir une référence tordue à Oliver Twist. J’avais tendance à pencher pour la deuxième hypothèse, allez savoir pourquoi. Le problème, donc, était constitué par les surveillants. Ceux provenant du Dickens, plus précisément. Des hommes imbus d’eux-mêmes, qui brimaient les garçons et terrifiaient les filles. Il se trouvait que la directrice avait des goûts assez communs, et que ce qui l’avait intéressée chez moi leur plut aussi. Bien entendu, faisant partie des ses élues, j’étais protégée. De leurs avances, pas de leurs remarques. Et ils avaient tendance, eux aussi, à trouver le prénom Alexandra absolument charmant. En plus, ils savaient que je ne m’attirais pas exactement les bonnes grâces de la directrice, ce qui n’arrangeait rien. J’étais trop têtue, trop sauvage. Ils savaient que, tôt ou tard, elle ne me supporterait plus, ce qui me vaudrait sans doute un aller simple pour Whitechapel…où ils espéraient bien me retrouver, évidemment. Alexandra. Pendant des années, lorsque je m’étais morigénée mentalement, je m’étais moi-même appelée ainsi. Comment avais-je pu oublier tout ce qui se cachait derrière ce prénom ? Alex. Je m’appelais Alex. C’était Ace lui-même qui avait choisi ce prénom, et j’avais toujours eu confiance en Ace. Et puis, Alex, c’était tellement mieux. Court. Léger comme un rire, vif comme un oiseau qui s’envole. « Ou Alex, si tu préfères. Alex, ce sera bien aussi. »
Il releva la tête pour me regarder, avec ce sourire en coin si caractéristique, et lorsque je croisais son regard, je suis que je voulais qu’il m’appelle comme ça. Bien sûr, il n’était pas Ace. Il s’appelait Kélian, il me l’avait dit lui-même. Mais il aurait été tellement facile de faire semblant pour quelques instants. Faire semblant d’avoir sept ans à nouveau, et d’être libre comme l’air. « Ça y est, t'as jugé qu'on se connaissait assez pour être familière ? » Evidemment, il ne pouvait pas se douter que j’avais l’impression de le connaître depuis toujours. Enfin, d’une certaine manière, si. Après tout, je lui avais avoué qu’il me rappelait quelqu’un. En tout cas, ces mots suffirent pour que je me reprenne. Qu’avais-je eu l’intention de faire ? Pleurer ? Me confier ? Je n’en savais rien, et je ne voulais pas le savoir. Il n’était pas Ace et, même s’il l’avait été, cela n’aurait rien changé. J’avais grandi, je m’étais endurcie. Je n’avais plus pleuré depuis des années, et je n’allais sans doute pas commencer maintenant. Ce devait être pour ça que j’avais oublié. Pour refouler.
Je détournai la tête, incapable de supporter ces yeux noirs si familiers, tout en me mordant légèrement la lèvre inférieure pour être sûre qu’elle ne me trahisse pas en tremblant, ce qui aurait été vraiment stupide. Je décidai qu’il valait mieux aborder un sujet certes important, mais ayant l’avantage d’être neutre, et eus un vague geste de la main comme pour chasser sa question qui, de toute manière, n’attendait pas vraiment de réponse.
« Parle-moi plutôt de cette endroit. Nouvelles méthodes d’éducation de Lord Goldamer, non ? »
Lord Goldamer, dont je venais de me remémorer le nom était l’homme qui avait suggéré les Pensionnats mixtes - idée encore très controversée, à condition que cela se passe de manière très encadrée. Bon, techniquement, j’étais seule et sans chaperon dans une pièce déserte avec un jeune homme donc, pour l’encadrement, ils allaient devoir repasser.
« Par ailleurs, connaître les horaires ne me ferait pas de mal. J’étais en retard au petit déjeuner, ce matin. » |
| | | • Slow Motion Suicide Kélian Ael
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| Sujet: Re: Une rencontre aussi surprenante qu'inattendue [Pv Kélian] Lun 8 Avr 2013 - 4:14 | |
| Alexandra puis, comme l'on gommerait d'un mouvement hâtif un mot qui sonne faux, il n'y eu plus qu'Alex – juste Alex, si tu préfères, Alex. Alex. Il retourna ces quelques syllabes dans sa tête, sur sa langue ; Alexandra Raven chose, Alexandra, Alex. C'était fou à quel point l'appellation initiale s'était raccourcie en l'espace de quelques secondes. Seulement l'emploi de surnoms était assez codé là d'où il venait – et peu importe l'angle sous lequel il regardait la chose, appeler cette jeune fille simplement Alex ne lui semblait pas du tout approprié. Trop... Familier, trop proche ; trop tout un tas d'adjectifs qu'il n'aurait su retranscrire correctement sans se retrouver par mégarde à ruiner les efforts du traducteur inhérent au pensionnat. Il envoya promener ces considérations d'un battement de paupière fatigué. Allons, Alex – disons Alex, faisons comme ça. C'était plus court, plus pratique, et ses propres us et coutumes n'étaient en tout et pour tout connus que de lui seul dans ce bâtiment. Les avantages et les inconvénients de ne pas être humain. Si elle pensait que ce diminutif suffirait, étant donné l'application qu'elle semblait mettre à rester convenable et polie en toutes circonstances, il n'avait aucune raison de ne pas abonder dans son sens. De ne pas s'adapter. Peut-être qu'à force, au bout d'un certain temps, il aurait tant et si bien assimilé les habitudes humaines qu'il ne parviendrait pas à se souvenir comment il agissait avant. Cette idée le laissa curieusement indifférent. Il y avait un avant – deux avants, même, mais un après ? Il n'en voyait pas. Juste des portes, rien que des foutues portes qui pouvaient donner sur tout et n'importe quoi. Kélian n'avait aucune envie d'admettre qu'il puisse avoir ne serait-ce qu'un peu peur. S'il ne les ouvrait pas, c'était uniquement parce qu'il n'en avait pas envie. Tant que la situation resterait telle quelle, il n'y aurait pas d'après. Alors qu'il se perde ou pas, ça ne faisait pas grande différence. N'est-ce pas ? Un geste de la main pour chasser sa question, un détournement d'yeux qui ne peut passer inaperçu puisque lui ne la quitte pas du regard ; c'en serait presque indécent, de fixer une personne de la sorte. Pas qu'il se préoccupe franchement des bonnes manières, mais tout de même. Admettant que son observation insistante puisse être à l'origine d'un malaise chez l'adolescente, il détourna à son tour ses yeux gris vers le bras du fauteuil sur lequel elle se reposait.
« Parle-moi plutôt de cet endroit. Nouvelles méthodes d’éducation de Lord Goldamer, non ? »
Goldamer ? Kélian haussa un sourcil perplexe. Lord Goldamer, il ne connaissait pas. Ses méthodes d'éducations encore moins. Ceci dit – et cette fois il en était certain – cet homme n'avait fichtrement rien à voir avec ce Manoir. Ici, les maîtres des lieux ne répondaient que par des noms et des visages brumeux. La plupart ne prenaient même pas la peine de se remémorer leurs initiales, et si lui les connaissait c'était uniquement parce qu'ils étaient joueurs. Pris d'un brusque malaise, il ferma les yeux.
« Par ailleurs, connaître les horaires ne me ferait pas de mal. J’étais en retard au petit déjeuner, ce matin. »
Il l'écouta d'une oreille distraite, passa sa main gauche sur son visage. Les horaires, les horaires... Uh, elle était vraiment nouvelle pour poser des questions pareilles. Demander « où est le sucre » pouvait avoir un sens, s'exclamer que cet endroit s'amusait à perdre ses occupants était hautement crédible, mais vouloir connaître les horaires... Ça, c'était inédit. Tentant de se convaincre que c'était le manque de sommeil et rien d'autre qui lui filait des maux de crânes, il reposa ses yeux foncés sur la demoiselle.
« Je connais pas de Lord Goldamer. Je viens pas du même coin que toi, je viens même pas de ton monde ou je ne sais quoi, lâcha-t-il avec la platitude des évidences ennuyeuses à préciser. Enfin, crois-moi si tu veux, ça c'est ton problème. En tout cas... »
Il se recala correctement sur son fauteuil, envoyant promener les protestations grinçantes de son dos aux abois. S'il s'affalait, il finirait par avoir envie de dormir. Or ce n'était ni l'heure ni le moment.
« Ici y'a ni professeurs, ni horaires. Tout le monde mange quand il veut, donc un peu n'importe quand. Dans leur chambre, dans la bibliothèque, dans la salle à manger... Bref. Où ça les chante. En clair, y'a pas moyen d'être en retard où que ce soit. Personne t'encadre, personne te dit quoi faire. Personne t'aide. »
Il ne savait pas très bien si c'était une bonne ou une mauvaise nouvelle, aussi ne jugea-t-il pas pertinent de se départir de son ton neutre. Ce n'étaient que les faits, après tout, rien que les faits. Mais ça, elle aurait dû le... … Savoir, en fait.
« Attends. T'as lu le panneau à l'entrée, rassure moi ? »
Une lueur d'inquiétude et de perplexité mêlées traversa son visage pâle. Si elle pensait marcher dans un pensionnat normal depuis la veille, effectivement, elle avait de sérieuses lacunes en ce qui concernait sa connaissances des lieux. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Une rencontre aussi surprenante qu'inattendue [Pv Kélian] Mar 9 Avr 2013 - 17:54 | |
| Kélian ferma les yeux et passa une main sur son visage. Je lui laissai le temps de réfléchir à sa réponse, sans interrompre le cours de ses pensées. Je supposais qu’il y avait toujours les choses qu’on disait et celles que l’on ne disait pas aux nouveaux dans un endroit comme celui-ci, pour des raisons différentes selon la personne. Certes, je n’étais jamais allée en pension, mais je me souvenais de la manière dont fonctionnaient les jeunes de l’orphelinat et j’étais certaine que, sur ce genre de points, il n’y avait pas vraiment de différence. Des jeunes gens lâchés entre eux seraient toujours des jeunes gens lâchés entre eux, quelque soit leur classe sociale. Il me regarda à nouveau de ses yeux sombres, et je sus qu’il allait répondre. « Je connais pas de Lord Goldamer. » En soi, ce n’était pas vraiment une information surprenante. Lord Goldamer descendait d’une famille de petite noblesse. A vrai dire, le bruit courait même que son grand-père aurait été un « simple » Sir, enrichi par le jeu, qui aurait acheté une pairie – c’est-à-dire un titre de Lord et en conséquence un siège à la Chambre des Lords – à son fils. Le frère aîné de l’actuel Lord Goldamer aurait alors hérité du siège, tandis que celui-ci ouvrait un pensionnat de jeunes garçons. Personne, dans la véritable haute société de Londres, n’avait entendu parler de lui jusqu’au jour où il avait commencé à faire débat dans les salons les plus chics en lançant ses théories éducatives aussi révolutionnaires que polémiques. Je devais avouer que moi-même, il m’arrivait sans arrêt d’oublier son nom. Rien que la veille au soir, en arrivant, quand je m’étais aperçue que la mention « Dortoir féminin » devait signifier qu’il existait un dortoir masculin, j’avais été incapable de retrouver comment il s’appelait. Rien d’étonnant, donc, à ce que ce nom ne lui dise rien.« Je viens pas du même coin que toi, je viens même pas de ton monde ou je ne sais quoi, Enfin, crois-moi si tu veux, ça c'est ton problème. En tout cas... » Ca, par contre, c’était étonnant. Ces mots, prononcés de façon aussi naturelle que si nous avions été en train de parler littérature autour d’une théière, me stupéfièrent. Pas du même coin, ça, c’était certain. Il n’avait pas vraiment d’accent définissable lorsqu’il parlait anglais, mais il n’était pas britannique. Pas non plus français, allemand, italien ou irlandais, c’était certain. Peut-être américain. Après tout, j’ignorais comment étaient sensés parler les descendants des colons étasuniens. Ou alors, tout simplement, originaire d’une campagne reculée du nord de l’Angleterre. Mais pas du même monde ? Qu’est-ce que ça voulait dire, au juste ? Je penchai légèrement la tête sur le côté, mimique trahissant ma perplexité dont les efforts conjugués de Margaret et Lady Blackwood n’avaient pas réussi à me débarrasser. Je compris brusquement ce qu’il voulait dire, et me donnai une claque mentale en me retenant de me frapper le front pour de vrai. C’était tellement évident ! Il ne parlait bien évidemment pas d’un autre « monde » à la manière du pays des merveilles de la petite Alice Liddell. Il voulait tout simplement dire que nous ne venions pas du même milieu. En clair, que j’étais une lady, et que lui était…difficile à dire. Clerc ? Non. Il n’avait définitivement pas l’air du genre de personne que quelqu’un pourrait prendre en apprentissage. Bourgeois ? Peut-être. Ce n’aurait pas vraiment été surprenant, en fait. Je n’avais pas côtoyé beaucoup de bourgeois au cours de ma vie, cela dit, mais il me semblait qu’il ne pouvait être que ça. Assez riche pour avoir de l’assurance, assez roturier pour ne pas faire de manière. Richesse et noblesse, la belle affaire ! J’étais bien placée pour savoir que cela ne voulait rien dire de concret. Il n’aurait pas été surprenant non plus que Lord Goldamer accepte des bourgeois. Il prônait la mixité, pas vrai ? Je ne voyais pas pourquoi je ne l’aurais pas cru, mais après tout peut-être n’était-ce qu’une sorte de formule rhétorique.
« Ici y'a ni professeurs, ni horaires. Tout le monde mange quand il veut, donc un peu n'importe quand. Dans leur chambre, dans la bibliothèque, dans la salle à manger... Bref. Où ça les chante. En clair, y'a pas moyen d'être en retard où que ce soit. Personne t'encadre, personne te dit quoi faire. Personne t'aide. » Pas d’horaires ? Venant de Lord Goldamer, cela non plus n’aurait, au fond, pas été si surprenant. Et ça me semblait une idée assez intéressante. A cet instant précis, je me sentais lasse de toujours être au bon endroit au bon moment, de toujours courir là où l’on me sifflait comme un…Comme un singe savant. « Ca m’a l’air intéressant. Je crois que je pourrais me plaire ici. » Ce ne fut qu’à cet instant que je prêtais attention au début de sa phrase. Pas de professeurs ? Ca voulait dire pas de cours. Les idées nouvelles de Lord Goldamer étaient sensées s’appliquer à l’éducation. Pourquoi des gens enverraient-ils leurs enfants étudier si ce n’était pas pour qu’il reviennent en ayant appris des choses, accumulé un savoir et une culture ? C’était juste insensé ! « Tu as bien dit ‘pas de professeurs’ ? Mais qu’est-ce que vous faîtes de vos journées, alors ? »
« Attends. T'as lu le panneau à l'entrée, rassure moi ? » Il avait l’air très sérieux. J’aurais presque pu croire qu’il l’était vraiment. Mais, si nous parlions bien du même panneau, il n’y avait rien dessus qui vaille la peine d’être lu. Ce genre de plaisanteries était bon pour les crédules enfants de moins de dix ans qui commençait leur scolarité en pension. Ca ne prenait pas avec moi. D’accord, il avait l’air très sérieux. Mais Ace aussi avait généralement le même petit air sérieux lorsqu’il faisait une plaisanterie douteuse. Il avait toujours eu l’humour pince-sans-rire. Même si je savais qu’il était irrationnel de me référer à mon ami avec lequel il n’avait aucun autre lien qu’une certaine ressemblance physique pour comprendre les réactions de Kélian, je ne pouvais m’empêcher de conclure qu’il s’agissait d’une blague. Et je ne la trouvais pas drôle. Quelques années plus tôt, j’aurais piqué une colère d’enfant, une de celles qu’il trouvait si touchantes. Mais j’avais grandi, et je n’avais plus ce genre de réactions. Quelques jours plus tôt, j’aurais énoncé mon scepticisme en l’enrobant dans une bonne couche de courtoisie presque hypocrite. Mais je n’avais pas envie d’être hypocrite. Cela dit, je n’étais toujours pas sûre de savoir ce que je voulais être, mais c’était une question sur laquelle je reviendrais plus tard. Je fermai un instant les yeux pour me remettre les idées en place, puis lui répondis sur un ton aussi dénué de reproche que d’amusement. « Je l’ai lu. Mais c’est bon pour les enfants, ce genre de blagues. Je ne marche pas. Cela dit, c’était bien trouvé. » |
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| Sujet: Re: Une rencontre aussi surprenante qu'inattendue [Pv Kélian] Jeu 11 Avr 2013 - 9:52 | |
| « Je crois que je pourrais me plaire ici » et « mais alors que faites vous de vos journées » étaient deux indices flagrant l'amenant à penser que non, définitivement, elle n'avait pas lu ce fichu panneau. Ou lu, peut-être – mais pas cru quoi qu'il en soit. Pas lu, pas cru, pas pris en compte... Les possibilités étaient multiples, le résultat identique. Enfin, c'était compréhensible. Même lui, sur le coup, avait cru qu'il s'agissait d'une vaste plaisanterie : seulement cet endroit n'avait rien à voir avec une Prison d’État. Atterrir à un endroit inconnu en poussant une porte censée mener à un lieu X, ça avait de quoi sacrément déboussoler. De là, après s'être cassé les poignets sur une porte qui refusait effectivement de céder le moindre pouce de terrain, les trucs invraisemblables inscrit sur le panneau paraissaient drôlement plus crédible. Et puis il y avait les autres pensionnaires, ensuite, qui s'empressaient de tout corroborer en s'amusant à faire jaillir des flammes de leurs mains ou à transformer l'eau en vin. Au bout d'un moment, c'était ne pas y croire qui relevait du psychiatrique. Il en conclut deux choses. De un, elle ne croyait pas aux tours de passe-passe ; de deux, elle n'avait encore croisé que peu de monde, voire personne. Ça ou elle était foutument bornée et terre-à-terre. La dernière possibilité restante étant qu'elle trouve tout cela parfaitement normal, mais veuille tout de même avoir des cours en plus du super animal de compagnie fourni par la maison. Là, il ne pouvait plus grand chose pour elle.
« Je l’ai lu. Mais c’est bon pour les enfants, ce genre de blagues. Je ne marche pas. Cela dit, c’était bien trouvé. »
Kélian haussa un sourcil ; presque immédiatement, ses lèvres s'étirèrent en un sourire sans joie. D'accord. Option « je l'ai lu pas cru et je n'ai croisé personne », donc. Fatiguant. Il considéra un moment l'idée de faire étalage de son pouvoir en guise de preuve, seulement il était aussi imprévisible qu’incontrôlable et tant qu'à faire, tout à fait invisible ; quant-à son AEA, inutile d'y songer. Mask devait lézarder dans une flaque de soleil quelque part au fond du parc, comme à son habitude, tout en veillant sur les enfants qui jouaient alentours. Ça ne valait pas le coup qu'il l'emmène jusque là pour tenter de la persuader. Il allait falloir se débrouiller autrement. Recalant correctement ses bagues puis effectuant un geste vague du poignet, Kélian chercha l'inspiration nécessaire à sa réponse sur le plafond. Prendre son temps pour répondre, c'était une chose primordiale dans la vie. Prendre son temps tout court, en fait. Avec lui, de toute façon, c'était tout l'un ou tout l'autre – aussi quand il n'était pas endormi sur un livre, il jetait les chaises à la figure des autres. Question d'habitude. Vivre avec un lunatique n'était pas simple.
« Les enfants y croient plus facilement, ouais, j'imagine. C'est tant mieux pour eux. » Il marqua une courte pause, durant laquelle il jaugea Alexandra du regard. « Mais le seul truc marrant de cette blague sacrément nulle, en fait, Alex – c'est que c'en est pas une. Tu me suis ? »
Elle avait intérêt à le suivre, de toute façon. Parce que si elle comptait comprendre, il aurait pu jurer que c'était le moment ou jamais. Il n'aurait pas été jusqu'à lui demander de le croire – si elle avalait sans broncher tout ce qu'un type louche lui disait dès le matin, elle était sacrément mal partie dans la vie – mais au moins de l'écouter. Elle n'avait pas intérêt à l'interrompre, son regard était clair sur ce point.
« Bon, niveau pouvoir ça craint, marmonna-t-il pour lui-même. Enfin, t'as pas croisé un animal bizarre ? Ou, disons, à tout hasard... Ton nom sur une porte, des armoires qui se remplissent comme par magie, des abruties qui se volatilisent au milieu de la conversation, des colocataires aux cheveux roses ? »
Kélian songea brièvement à Mazarin ; question cheveux atroces, elle et Miss Iguane battaient tout les records. Il grimaça.
« Eh ben tout ça, c'est pas ton Goldamer qui risque de l'avoir créé. D'où le panneau. » Ses sourcils se froncèrent sur une expression butée. « Et je suis pas fou, avant que tu décides que ce serait plus simple et plus marrant comme explication. » |
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| Sujet: Re: Une rencontre aussi surprenante qu'inattendue [Pv Kélian] Dim 14 Avr 2013 - 22:19 | |
| Je vis immédiatement à l’expression de Kélian, tant dans son haussement d’un unique sourcil que dans son sourire désabusé, que ma réponse n’était pas celle qu’il attendait. Ses mains s’agitèrent tandis qu’il fixait le haut plafond de la bibliothèque, comme s’il avait été susceptible d’y trouver une idée potentiellement intéressante…
« Les enfants y croient plus facilement, ouais, j'imagine. C'est tant mieux pour eux. » Répondit-il finalement, en me dévisageant. Ce n’était pas une idée foncièrement surprenante ou inenvisageable, et j’étais effectivement d’avis qu’il valait mieux laisser les enfants à leurs rêveries, au moins tant qu’ils étaient petits. Ca ne pouvait pas leur faire de mal, après tout, pas vrai ? Il reprit après avoir marqué un léger arrêt, sans doute pour ménager son effet, ou tout simplement pour me laisser le temps de réfléchir.« Mais le seul truc marrant de cette blague sacrément nulle, en fait, Alex – c'est que c'en est pas une. Tu me suis ? » Il avait vraiment l’air très sérieux. Ce n’était pas du tout l’expression de quelqu’un attendant le meilleur moment pour dire « Je t’ai bien eue ! » Il avait le regard de quelqu’un qui tient à ce qu’on l’écoute jusqu’au bout. De quelqu’un pour qui ce qu’il dit a de l’importance. Et après tout, pourquoi pas ? Peut-être s’agissait-il tout simplement d’une sorte de jeu entre les pensionnaires, plutôt que d’une arnaque destinée aux nouveaux. Une histoire commune qui rendait leur vie plus pétillante, plus vivante. C’était quelque chose qui manquait à la mienne. Dans la mesure où il me semblait vraiment sain d’esprit, c’était ça, ou envisager qu’il disait la vérité. Je n’en étais pas très loin, mais quand même, c’était délirant. Il grommela comme pour lui-même une phrase ou je ne compris que les mots « ça craint. » Cette fois, ce n’était pas ma faute si je n’avais pas compris ce qu’il disait. Mais cette phrase ne devait réellement pas m’être destinée.
Je n’eus pas le temps de m’interroger plus longtemps, car il reprenait déjà, d’une voix cette fois assez claire pour être sûr que je puisse le comprendre. « Enfin, t'as pas croisé un animal bizarre ? Ou, disons, à tout hasard... Ton nom sur une porte, des armoires qui se remplissent comme par magie, des abruties qui se volatilisent au milieu de la conversation, des colocataires aux cheveux roses ? Eh ben tout ça, c'est pas ton Goldamer qui risque de l'avoir créé. D'où le panneau. » Ses sourcils se froncèrent sur une expression butée. « Et je suis pas fou, avant que tu décides que ce serait plus simple et plus marrant comme explication. »Un animal bizarre ? Et bien, à priori, pas de Kraken ou de bête du Gévaudan en vue pour le moment, donc c’était bon de ce côté-là, à mon avis. Pas davantage de chevelure rose à l’horizon à l’heure actuelle. Et, n’ayant rencontré personne avant lui, je n’avais pas eu l’occasion de voir des gens disparaître – ni, d’ailleurs, de ne pas les voir disparaître.
Par contre, le nom sur la porte, ça, c’était…juste véridique. Je ne m’en étais même pas inquiétée la veille au soir, épuisée comme je l’étais après ma fuite nocturne. Mais il était vrai que mon nom, ainsi que trois autres, figurait sur la porte de ma chambre, qui était, si ma mémoire était bonne, celle qui portait le numéro vingt-trois. Et ça, ça défiait toute logique. Parce que, dans la mesure où je n’étais inscrite nulle part, personne ici n’était sensé connaître mon identité ni même être conscient de ma présence jusqu’au moment où je m’étais présentée à Kélian. Soit de nombreuses heures après être passée devant cette porte. Sans compter que…Ce n’était pas comme si on avait placardé une affiche sur laquelle on aurait griffonné nos noms en hâte. L’artisan qui avait réalisé cette plaque dorée délicatement gravée avait dû y passer des semaines. De plus, elle était patinée par le temps, comme si elle avait été là depuis…peut-être pas toujours, mais au moins une dizaine d’années, en tout cas. Quelque part, quelqu’un aurait su que j‘allais me réfugier ici après avoir fui mon domicile, avait même que je ne sache moi-même que j’aurais un jour un domicile ? C’était une idée vraiment tordue. J’avais beau retourner la question dans tous les sens, je ne voyais aucune explication rationnelle. Cela dit, il était certain que Kélian avait raison : ça, ce n’était assurément pas signé Goldamer. « Qui dirige cet endroit, si ce n’est pas Goldamer ? Qu’est-ce qu’ils veulent ? Comment ils auraient pu savoir avant moi que j’allais venir ici ? Et puis…»
J’aurais pu continuer sur ma lancée de questions pendant très longtemps, mais je fus soudain arrêtée net par le spectacle d’une touffe de poils roux qui s’agitait, derrière le fauteuil de Kélian. Fire faisait des pitreries pour attirer mon attention. Je supposai que, lorsque Kélian avait parlé d’un « animal bizarre », ce n’était pas à ça qu’il faisait référence. Même si j’étais prête à admettre que Fire soit plus qu’un délire d’enfant, il était certain que personne d’autre que moi ne le voyait. Je ne pouvais donc pas me contenter de le réprimander, au risque de passer pour une folle – je m’étais toujours adressé à lui à voix haute. Je me contentai donc de lui faire les gros yeux, ce qui sembla l’amuser. Tandis que je m’efforçai tant bien que mal de ne pas trop avoir l’air de m’agiter, il secoua sa queue touffue de renard dans l’angle du champ de vision de Kélian, puis plongea à nouveau derrière le fauteuil.
Je me concentrai sur les propos de Kélian, prenant le parti d’ignorer totalement l’ami imaginaire de mon enfance. Il avait aussi parlé d’une armoire se remplissant comme par magie… Ce n’était pas tout à fait ce qu’on pouvait dire. Ce n’était pas comme si j’avais fermé une armoire vide pour la trouver pleine en l’ouvrant. Mais les robes que j’avais trouvé n’étaient assurément pas du genre que l’on laissait traîner dans une penderie inusitée, d’autant plus qu’elles me convenaient parfaitement, tant par leur taille que par leur style. Et ça, c’était surprenant. « Je dois avouer que leurs armoires sont étonnamment bien fournies. Il se passe des choses étranges ici, et…Arrête ça ! » Trop tard, Fire venait de tuer une souris qui avait eu le malheur de gambader dans la bibliothèque. Je relevai les yeux vers Kélian, consciente de le faire avec un temps de retard, après avoir fixé trop longtemps un point derrière lui où il ne verrait rien. J’étais bien plus susceptible que lui de passer pour une folle, semblait-il. |
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| Sujet: Re: Une rencontre aussi surprenante qu'inattendue [Pv Kélian] Jeu 18 Avr 2013 - 10:43 | |
| Alexandra se tut ; écouta. Il aurait été bien incapable de dire ce qui pouvait bien se passer dans sa tête en ce moment-même, mais si elle ne le croyait pas – et elle ne le croirait pas – elle avait tout intérêt à le lui dire clairement. Kélian détestait se répéter. Si elle avait croisé son AEA, expérimenté son pouvoir ou observé la porte de sa chambre, il jugea que mentionner ces points suffirait à la convaincre ; pas qu'il ait mieux en réserve. S'il avait eu un pouvoir actif, oui, bien sûr – sauf que non. Abandonnant la jeune fille à ses réflexion un très bref instant, il baissa les yeux sur ses mains. Ce n'était pas le terme, non. Actif, il l'était : une fois sur deux, peut-être plus ou peut-être moins, mais il l'était. C'était l'observer, le quantifier, le nommer qui relevait de l'impossible. Tout ce qu'il avait réussi à en comprendre, et ce malgré le temps qu'il avait passé à y réfléchir, était que son pouvoir s'activait de lui-même et agissait sur le comportement des autres. S'il avait eu Vinny sous la main, Clarence – enfin non, pas Clarence – ou Selenda, voire même Leia, Marie-Colombe ou n'importe quelle idiote de l'espèce, lui expliquer cette histoire de pouvoir aurait été un jeu d'enfant. Pas de chance, la bibliothèque était quasiment vide ; à croire que tout le monde s'amusait à l'ennuyer. Ou plutôt à ne pas l'ennuyer. Quand il voudrait de nouveau être tranquille, il croiserait sans doute la moitié du pensionnat dans les endroits les plus improbables.
« Qui dirige cet endroit, si ce n’est pas Goldamer ? Qu’est-ce qu’ils veulent ? Comment ils auraient pu savoir avant moi que j’allais venir ici ? Et puis…»
Aussi curieux que cela puisse paraître, Kélian releva les yeux en l'entendant se taire. Interloqué, il la regarda ouvrir de grands yeux sans comprendre. Eh ben quoi ? Elle devenait folle, ça y est ? Ça aurait été rapide, au moins. Même pas le temps de tout comprendre et déjà perdue dans son monde imaginaire. Pas que ça le concerne vraiment, cela dit. Si elle voulait fixer le vide d'un drôle d'air, c'était son problème. Et malgré tout, l'idée qu'il puisse y avoir quelque chose de bizarre ou dangereux qui rampe près de lui avait quelque chose d'assez inquiétant – suffisamment pour qu'il ait envie de, comme toute personne saine d'esprit, se détourner à son tour vers ce point apparemment fascinant du décors. Une ombre rousse se dessina sur sa gauche ; sa curiosité retomba aussi net. Un AEA, hein ?
« Si tu poses des questions comme ça, se contenta-t-il de répondre, t'es mal barrée dans la vie. »
Qui dirige cet endroit, que veulent-ils et comment savent-ils – aucune de ces informations n'avait la moindre importance. Ça lui coûtait de l'admettre, lui qui aimait tant comprendre, justement, mais c'était la stricte vérité. Elle ne trouverait pas de réponse, se casserait la figure en essayant de trouver les plus vraisemblables des hypothèses : elle se tuerait à la tâche. Cétait inévitable. Comprendre, il fallait le faire avec parcimonie, progressivement. Ne pas se frapper la tête contre un mur en s'efforçant de prendre toutes les données en compte. Non, il fallait savoir en laisser de côté : c'était au moins une des choses qu'il avait parfaitement retenu de ses années d'étude. Il faut en laisser de côté. Ne pas chercher à aller trop loin. Qui, pourquoi et comment ? Aucune importance. Qu'elle essaie de survivre, pour commencer.
« Je dois avouer que leurs armoires sont étonnamment bien fournies. Il se passe des choses étranges ici, et…Arrête ça ! »
Bêtement, il crut qu'elle s'adressait à lui ; et quoi qu'il n'eut rien à arrêter – il se tenait parfaitement immobile – le jeune homme ne put empêcher ses sourcils de se froncer sur une expression ennuyée. Arrête quoi ? Elle ne le regardait même pas. Ça ne pouvait pas s'adresser à lui, non, et il ne lui en fallut pas plus pour passer son bras sur le dossier du fauteuil et se tourner pour voir au-delà. Ce qu'il vit lui arracha un haussement de sourcil perplexe. Pauvre... Souris ? Tout ces animaux bizarres avec des noms tout aussi bizarres refusaient de lui revenir correctement. Quant-au criminel roux, il aurait eu le plus grand mal à le rattacher à quoi que ce soit de connu. Une sorte de chien, décréta-t-il en se rasseyant correctement, dévisageant Alexandra d'un air parfaitement neutre. Un animal d'humains, quoi qu'il en soit.
« Mets lui une laisse si t'es pas contente, lâcha-t-il simplement, comme s'il s'était agi là d'une conversation parfaitement normale. Et niveau bizarre, les armoires sont du côté 'gentil' du terme. Si tu vois ce que je veux dire. »
Les monstres et événements morbides en tout genre composant le reste de ce qui pouvait être jugé « bizarre » dans ce pensionnat. Avoir des fringues à volonté n'était pas exactement triste, franchement. Ses poings se crispèrent. Non ; non. Elle ne pouvait pas voir ce qu'il voulait dire.
« En fait non. C'est mieux que tu vois pas. »
Il lâcha ces derniers mots comme à regret. C'était mieux, oui. Qu'elle fasse comme tout les abrutis courant à toute heure du jour et de la nuit dans les couloirs sans se soucier de rien, ceux qui organisaient des chasses au fantôme ou faisaient la fête dans une pièce ou une autre comme des ados en vacances. Ça valait mieux pour elle. |
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| Sujet: Re: Une rencontre aussi surprenante qu'inattendue [Pv Kélian] Sam 20 Avr 2013 - 19:40 | |
| « Si tu poses des questions comme ça, se contenta-t-il de répondre, t'es mal barrée dans la vie. »
Il n’avait pas tort. Ce genre de détails avait-il vraiment son importance ? Cet endroit m’offrait une chance de commencer une nouvelle vie. Une vie dont Lord Aaron Blackwood ne ferait jamais partie. Et si les gens qui le dirigeaient, quels qu’ils soient, avaient su pour une raison ou pour une autre que j’allais me présenter ici, ils auraient parfaitement pu m’en empêcher, ou encore en avertir lady Blackwood s’ils l’avaient voulu. Le fait que je sois ici et que tout ait été prévu pour mon arrivée ne pouvait signifier qu’une chose : ces gens n’en avaient rien à faire que je me sois enfuie de chez moi ou encore que je refuse mon mariage. Ce n’était pas leur problème. Et, s’ils ne cherchaient pas à se renseigner sur ceux qu’ils accueillaient, je ne voyais pas pourquoi j’aurais dû me démener à en apprendre davantage sur eux. J’étais mal partie dans la vie, ça, c’était certain. Mais maintenant que j’allais prendre en main mon existence, je pouvais aussi arrêter de me poser des questions qui n’en valaient pas la peine.
Il fronça les sourcils lorsque je réprimandai Fire, puis se retourna en faisant passer son bras par-dessus le dossier de son siège. Il regarda derrière, puis se retourna pour me faire face, se rassit et me dévisagea d’un regard sans expression. C’était officiel, je commençais cette nouvelle vie en passant pour une personne vraiment dérangée.
« Mets-lui une laisse si t'es pas contente. » Une laisse ? D’accord, beaucoup de ladies avaient de petits chiens de compagnie, mais cela n’avait jamais été mon cas. Et, même si j’en avais eu un, je ne l’aurais certainement pas emmené avec moi. Mais nous n’étions pas en train de parler de chiens. En fait… Mon regard passa de Kélian à Fire, revint sur Kélian, puis j’observai à nouveau Fire. Et je pensai soudain que j’avais compris. « Attends…tu le vois ? Tu vois ce renard ? » Si ce n’était pas le cas, j’aurais officiellement supprimé ma dernière chance d’espérer passer en ces pour quelqu’un de saint d’esprit. En même temps, je ne voyais vraiment pas de quoi d’autre il aurait pu vouloir parler.
« Et niveau bizarre, les armoires sont du côté 'gentil' du terme. Si tu vois ce que je veux dire. » C’était toujours bon à savoir. Apparemment, j’allais en voir de toutes les couleurs dans ce manoir. D’un autre côté, il en serait allé de même si j’étais restée dans mon ancienne demeure, même si cela aurait été d’une autre façon. Il y avait certainement mieux que cet endroit, mais, à mes yeux, il ne pouvait pas exister un seul endroit au monde où la vie pourrait être aussi terrible que celle que l’épouse de cet homme, qui qu’elle serait, mènerait. Cela dit, ce n’était pas une raison pour arriver avec insouciance dans un lieu inconnu et potentiellement très étrange. J’allais devoir apprendre beaucoup sur ce manoir, et au plus vite.
Il crispa soudains les poings. « En fait non. C'est mieux que tu vois pas. »
Nouvelle différence. Mon bon vieux Ace m’avait toujours servi la vérité toute crue, sans prendre de gants. Il était comme ça. Kélian, lui, essayait de me masquer le pire. C’était vraiment gentil, mais ce n’était pas ce que je voulais. Je ne voulais plus jamais signer pour quelque chose sans en connaître à l’avance les moindres implications. J’avais déjà commis une erreur au moment de mon adoption. On m’avait promis beaucoup à manger, et une éducation plus que décente. Cela avait suffit à acheter l’accord de la gamine au ventre vide et à la tête pleine d’espoirs que j’étais encore. On m’avait raconté que Lady Blackwood n’avait jamais réussi à avoir d’enfants, et qu’elle était désormais veuve et trop âgée pour en concevoir, raison pour laquelle elle désirait adopter, car elle aurait voulu pouvoir en élever. C’était peut-être vrai, mais ce n’était pas tout. Personne n’avait jugé utile de m’informer que Lady Blackwood voulait une jeune fille qui épouserait son neveu puisque, malgré sa grande fortune, elle n’avait réussi à obtenir la main d’aucune femme jusqu’à présent. Mon adoption et mon éducation n’avaient pas été un acte de charité bienveillante et désintéressé, mais un dressage méthodique destiné à faire de moi une bonne épouse pour un homme que j’avais toujours haï. Elle me l’avait dit elle-même, à mi-mot, en me reprochant de m’opposer à mon mariage après tout ce qu’elle avait fait pour moi. C’était Ace qui avait raison, les ladies étaient toujours de petits animaux de compagnie, et j’avais eu tort de l’oublier. Cette fois, je serais prudente. L’identité des propriétaires des lieux n’avait vraiment pas beaucoup d’importance. Par contre, il était capital que je sache quels risques j’encourais. Que je sache à quoi ressemblerait une nouvelle vie ici.
« Et si je te disais que je préfère voir tout de suite plutôt que de me faire avoir par la suite, tu me raconterais ? »
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+ Pseudo Hors-RP : Nii / MPDT • Age : 35 • Pouvoir : Faire piquer des crises de nerfs aux autres. • AEA : Un truc aux écailles multico - ...hein ? • Petit(e) ami(e) : YHTGFDHFREUIGF RP en cours : – That we can climbMessages : 197 Inscrit le : 08/03/2011
| Sujet: Re: Une rencontre aussi surprenante qu'inattendue [Pv Kélian] Mar 30 Avr 2013 - 5:33 | |
| « Attends…tu le vois ? Tu vois ce renard ? » Kélian se contenta d'acquiescer, haussant les épaules d'un geste égal, avant de poursuivre la conversation ; oui, il le voyait. Comme tout le monde. Elle s'y habituerait certainement sans trop de mal. Ces foutus animaux n'étaient pas le détail le plus inquiétant du paysage, loin de là. Mais elle réfléchissait, la gamine – et il jugea pertinent de l’appeler ainsi, puisqu'elle n'avait pas encore l'air tout à fait terne. Pas assez grise. Un peu trop... Bleue. Bleu cassis. Ses paupières s'alourdirent sous le poids d'images qu'il peinait à refouler, de visages qui se superposaient les uns aux autres dans un âcre mélange rouge et douloureux. Ce n'était pas vraiment le moment ; mais bleu cassis, oui. Il aurait aimé la voir paniquer ou pleurer, parce que c'était une chose que ces personnes n'avaient jamais fait. Ou presque. Lui-même gardait tout pour lui, sans cesse, sans se préoccuper des tumeurs qu'il infligeait à ses pauvres organes : il savait pertinemment que c'était une mauvaise idée, connaissait les causes et les conséquences. Avait enfin retenu la leçon. Ça avait pris le temps, mais il avait compris. Alors ce bleu, tout ce bleu... Ça paraissait presque déplacé, vu le décors. Qu'elle le croie, ne le croie pas... La réalité ne se modulerait pas selon ses souhaits. Il en était désolé. « Et si je te disais que je préfère voir tout de suite plutôt que de me faire avoir par la suite, tu me raconterais ? » Tu me raconterais ? Son visage se figea sur une indifférence presque inquiétante. Le vide total, une absence parfaite d'émotions ; une déconnexion d'un instant. Est-ce qu'il aurait dû lui raconter la solitude, l'enfermement, les pensées qui tournent en rond, les activités répétitives qui rendent fou ? Est-ce qu'il aurait pu lui retraduire correctement la douleur et les manques, les souvenirs qu'on serre contre soi et qu'on veut jeter, ceux qu'on perd, ceux qu'on retrouve, les amis qui deviennent trop présent, trop étouffants, les liens qui relient et qui brisent les chevilles ? Est-ce que ça aurait seulement eu un sens, de lui dire à quel point cet endroit était mauvais, s'il ne trouvait pas les mots pour s'exprimer ? Tout ça, il fallait le vivre. Tout ça, ce n'était pas utile à savoir. Ce n'était pas nécessaire. Les coups de poignard dans le dos, les jeux morbides, l'espoir qui file entre les doigts ; la mort qui rôde, les pensionnaires qui jouent la comédie et rient à en perdre la voix. Il n'aurait pas pu lui dire le quart de ce qui rendait ces lieux si détestables. Les portes, les lustres. Elle n'aurait pas compris. Peut-être qu'il n'y avait rien à en dire, finalement. Elle n'avait pas à comprendre. Tu me raconterais, dis ? Cette histoire-là. C'est l'histoire d'une petite fille. Elle était jeune, elle était bleu cassis. Elle voulait la vérité. Elle était jolie et elle souriait.Le jeune homme se pencha un peu en avant, l'air grave et distant. La regarda droit devant les yeux. Mais elle n'était pas si jolie et la vérité l'était encore moins. Elle lui a brûlé les doigts et la forêt s'est enflammée avec elle.« Non. » Il articula lentement, sans la lâcher des yeux. « Je te parle pas de trucs qui vont te tomber sur la tête, de choses que tu peux arrêter avec un... Bouclier ou je sais pas quoi. L'insouciance te sera plus utile que la vérité, ici, si tu veux sortir un jour. »Depuis, tout le monde a mal et tout le monde pleure.« Et puis oublie, on s'en fout. » Kélian chassa d'un geste de la main toute question subsidiaire. « La vraie question c'est : à choisir, tu préférerais rester là ou rentrer chez toi ? »- Hors-RP:
Si ça ne te dérange pas, tu pourrais mettre les dialogues de Kélian en #969696 - ou gray, si l'autre te dérange ? Parce que je ne les mets pas directement en couleur, mais ça me perturbe quand les autres laissent sans aussi. 8D
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