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 [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ]

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« i see london i see france »
Antoine de Landerolt
Antoine de Landerolt

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MessageSujet: [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ]   [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ] Icon_minitimeDim 7 Avr 2013 - 23:58

« Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer »
Que je puisse lui briser




L'armure était si immobile que c'en était désespérant; citons l'évidence qu'un objet inanimé pouvait difficilement parler ou bouger de lui-même, quand bien même Antoine ne semblait pas en avoir grand chose à faire. Au pensionnat, une boîte de haricots trottinait dans les couloirs, le réfrigérateur parlait, sans oublier le fait ô combien négligeable qu'une porte les retenait prisonniers dans un monde parallèle et hors du temps. A côté de ça, qu'était une armure parlante ? Le jeune homme était de mauvaise humeur. Il prit le heaume entre ses deux mains et le sépara sans pitié du corps, qui resta courageusement monter la garde sans sa tête. Antoine baissa les yeux vers le métal froid et poussiéreux, face aveugle incapable de lui sourire en retour. Il fit la grimace.
C'était laid.

Il faisait à peine jour dehors, et le soleil balbutiait quelques rayons que les murs épais refusaient au couloir dans lequel marchait Antoine. Il ne faisait pas sombre, pourtant; il voyait les meubles et les bibelots posés ici et là, pouvait voir les détails des tableaux accrochés aux murs. Il lui semblait bien être passé par ici un jour, la peinture d'un enfant faisant virevolter un cerf-volant contre un ciel bleu et plastique réveillant quelques souvenirs en lui. Y avait-il la moindre chance pour qu'une feuille de ce fameux Rudy se trouve quelque part dans les parages ? Non, aucune, se répondit-il en passant une main contre les murs bruns brodés d'or: il pouvait marcher toute la sainte journée si ça lui chantait, il n'obtiendrait pas plus de résultats. Trop de couloirs, trop de cachettes, pas assez de feuilles. Pas assez de chance non plus. Pourquoi s'acharner alors ? Semblait lui demander le crâne silencieux et artificiel de son captif. Antoine n'aurait pas su répondre si on lui avait posé la question. Il n'en était pas certain lui-même. Tout ce qu'il savait, c'était que...

Plus les semaines passaient et plus il étouffait dans ce manoir maudit. A l'extérieur comme à l'intérieur, il sentait mille yeux posés sur lui et à l'impression d'être épié s'ajoutait l'usure du quotidien. Il n'y avait rien à faire ici, et il était malade de lire encore et encore des ouvrages aussi intéressants que les babillages d'enfants. Aucune sortie ne s'était profilée à l'horizon en deux années interminables d'attente, et il en avait assez. Les mêmes pas, les mêmes actes, les mêmes visages, les mêmes pièces, la même route. Ça lui donnait la nausée. Tout l'insupportait dans cette maudite demeure, et la colère avait même réussi à doubler l'indifférence alors qu'il n'aurait dû serrer les poings pour rien ni personne. Ses pensées en vrac, Antoine s'arrêta et posa, presque absent, la tête de l'armure sur une table, bien loin de son point d'origine. Juste à côté d'un vase dont il suivit les gracieuses arabesques des yeux, jusqu'à ce qu'elles se perdent parmi les pétales de fleurs fraichement coupées à la teinte presque trop violente pour ce couloir morne. Il avait envie de les arracher un par un et de les disperser pour faire de la couleur: elles la gardait jalousement pour elles et ce n'était pas juste. Il en prit une au hasard et joignit le geste à la parole en arrachant un pétale pour le poser sur le heaume solitaire. Rouge contre gris, le contraste était saisissant.

Un sourire fade étira les lèvres d'Antoine. Pourquoi toujours tout ramener à ça... Il le souffla doucement et le pétale glissa le long des pieds du meuble avant de se poser sans un bruit sur la moquette. Antoine l'écrasa et ne se sentit satisfait que lorsqu'il n'en resta qu'une trace mutilée et presque invisible.
Sors de ma tête, de ma vie et laisse moi tranquille.

Rudy aurait au moins pu leur faciliter la tâche. Jamais Antoine n'avait eu autant envie de rentrer chez lui qu'en cet instant. Retrouver sa vie et ses habitudes, tout ce qu'il avait toujours connu. Surtout, fuir le pensionnat. Qu'est-ce que ça lui avait apporté de bon ? Ce matin-là, il s'était presque enfuit de sa chambre. Il ne voulait pas y rester.

« Et qu'en feront-ils, de l'éternité ? Demanda-t-il au vide, au silence, au heaume et au pétale brisé, Ils sont stupides. »

L'homme était stupide par nature. Pourquoi vouloir rester ici ? La vie n'avait de sens qu'avec la mort. On vit et puis on meurt. Il fixa les tiroirs du meuble d'un air critique, une main sur son bras et son costume crème. Et les feuilles, alors ?

Tu aurais pu faire les choses un peu mieux.


Dernière édition par Antoine de Landerolt le Jeu 27 Juin 2013 - 22:36, édité 1 fois
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• Pouvoir : Rendre les murs transparents. L'énervez pas, elle a une prédilection pour les salles de bain et les chambres à coucher.
• AEA : Une sympathique souris de laboratoire du nom d'Hedvig.
• Petit(e) ami(e) : En voilà une question judicieuse.

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MessageSujet: Re: [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ]   [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ] Icon_minitimeDim 14 Avr 2013 - 1:27

Sacralized
Le temps glacé d'une valse métallique.


    Happy birthday, my dear.
    Las de rester allumé, l'écran lumineux clignota une fois ou deux entre les mains de Leia. Au. Revoir. Puis l'image d'une batterie déchargée apparut sur fond noir, et s'installa confortablement, sans doute à l'idée d'y rester quelque temps. Leia avait en effet à nouveau perdu son chargeur, malencontreuse erreur qui lui arrivait bien. Trop régulièrement. La jeune muette fixa l'écran moqueur d'un air morne : quelque chose en elle la poussa à plaquer sur ses lèvres un sourire sarcastique, mais le cœur n'y avait jamais moins été. Les caractères inscrits sur l'écran étaient encore gravés dans ses yeux comme une mauvaise plaisanterie.

    Bonjour sœurette. C'est un jour comme les autres ou presque, et je n'ai pas grand-chose à raconter. Johan s'est fait exclure de l'équipe de foot (une béquille à Chris Maxwell, je ne sais pas si tu vois) et Maman a essayé une recette de soupe au poisson immonde hier. À part ça, tout va bien ou presque. J'espère que toi aussi.
    TM.


    À part ça, ni la vision d'un Johan fou de rage en train de castrer un des gros durs de son lycée, ni celle de lui et Sven tenus entre deux bols de soupe grisâtre n'avait réussi à lui tirer un sourire.
    À part ça tout va bien.
    Ou presque.
    Que n'aurait-elle donné pour une seule barre de réseau à cet instant ? Un bras ? Une jambe ? Des oreilles de toute manière fichues d'avance ? Répondre aux phrases construites de son frère par le langage SMS qui l'insupportait tant paraissait aujourd'hui à la jeune fille un luxe hors de prix. Inaccessible, quoi qu'il en soit. Sven lui envoyait des SMS moins nombreux qu'avant, quoi que toujours aussi réguliers. Peut-être que lui aussi, il commençait à perdre espoir.
    Et aujourd'hui, c'était son anniversaire, et elle ne pouvait même pas le lui souhaiter.
    Se sentant au coin des yeux une humidité suspecte, Leia balaya des paupières d'une main rageuse. Elle se serait bien moquée de son abnégation ridicule, là tout de suite. Elle lui aurait lancé des plaisanteries qu'il aurait été le seul à comprendre.
    À plat dans les replis de ses draps, son hypocrite meilleur ami lui adressait un clin d'œil railleur. Louant la providence qui avait amené Rachel et Nikoleta à se balader ailleurs à cette heure-ci, l'adolescente agenouillée sur son lit le retourna d'un geste sec. Étouffant un reniflement d'une élégance rare que la vacuité de la pièce semblait vouloir amplifier, Leia sortit les jambes du matelas et attrapa un jean gris qui traînait là malgré la tyrannie ménagère de ses camarades de chambre. Et comme pour souligner ce hasard, son armoire capricieuse ne lui offrit pas la moindre touche de couleur.
    Va pour le blanc. Tant pis pour le reste. Elle n'était pas d'humeur.
    L'adolescente ne prit même pas la peine d'attraper un support d'écriture avant d'ouvrir la porte et sortir ; elle n'avait pas envie de parler, de toute façon. Que pour une fois, ce handicap lui serve à quelque chose.

    Ses pas erratiques l'embarquèrent dans un dédale sans fin de cloisons et de portes, ouvertes et fermées tour à tour, et la moquette qui étouffait le bruit de ses pas ne parvenait qu'à la rendre mal à l'aise. De toute façon, elle n'en pouvait plus de ces couloirs. Elle n'en pouvait plus de cette vieille bâtisse imprégnée de poussière et d'échos lugubres ; elle étouffait, avait besoin de prendre l'air. Or, même le parc lui faisait l'effet d'un jardin sous cloche. Elle voulait rentrer chez elle. Elle voulait revoir ses frères, même ses parents, quoi qu'il puisse advenir par la suite. À cet instant, ce besoin oppressant allait jusqu'à faire trembler ses lèvres et embuer ses yeux. S'enfoncer dans un fauteuil au salon, grignoter des restes à n'en plus finir, trier et mélanger les ouvrages de la bibliothèque, rien n'y faisait. Toujours en ressortait la mélodie angoissante des "dernières fois".
    La dernière fois qu'elle avait piégé la porte des toilettes avec Johan, la dernière fois que Sven lui avait expliqué un exercice, la dernière fois que son professeur lui avait gentiment souri, la dernière fois qu'elle avait dit "je t'aime" à...
    C'était quand, la dernière fois ?
    Hello again, darling.
    Leia s'arrêta en apercevant une silhouette familière se découper dans le prolongement du couloir. Ces maudits couloirs où tout le monde se perdait.
    Ferme les yeux, darling. Et maintenant, souris.
    Évidemment, elle aurait tout aussi bien pu tourner les talons. Mais à cet âge-là, on aime bien se mentir un peu sur les choses qui fâchent. À tout âge, d'ailleurs. Et même elle.
    Avare de gestes, Leia s'approcha tout simplement pour tracer un cercle sur l'épaule du jeune homme. Récemment, elle avait pris l'habitude de signaler sa présence à autrui par un bruit quelconque ou un sifflement. Mais ses lèvres étaient trop concentrées sur son sourire malicieux coutumier pour cette fois.


Dernière édition par Leia Sørensen le Mer 17 Avr 2013 - 21:38, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ]   [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ] Icon_minitimeMar 16 Avr 2013 - 9:27

...

Un, deux, trois. Il fait si beau; le soleil aime bien jouer avec les cheveux du petit garçon et s'y refléter, comme s'il s'y accrochait et continuait d'y briller. Avant, arrière, avant. L'insouciance le fait se pencher un peu trop au dessus de l'eau, au dessus de cette masse sombre et stagnante prête à l'avaler au moindre faux pas. Les grands yeux bruns écarquillés tentent d'apercevoir dans ces remous calmes le visage d'une disparue, en vain. La fleur passe doucement de la petite main à l'eau, s'y écrase sans un bruit, éparpillant quelques pétales à l'onde. Mère m'a dit que vous étiez triste et que vous étiez partie par là. Comme je vous aimais bien, je vous fait un cadeau. La fleur s'éloigne, lentement sous son regard attentif, et l'enfant se dira des années plus tard que tout ça était en vain.

Les pétales formaient une jolie tour sur le heaume; et la pauvre fleur, elle, était bien esseulée dans la main du jeune homme qui en arrachait sans pitié la beauté. N'en subsista bientôt plus qu'une misérable tige qu'il fixa sans le moindre contentement. Il la replaça dans le vase en compagnie de ses sœurs, aux côtés desquelles elle faisait désormais bien pâle figure. Une mourante travestie, comme si de rien n'était, comme si tout allait bien. Il éparpilla les pétales carmins comme le vent, les regardant dégringoler le long du métal fin sans un bruit, comme ce jour là, gris contre rouge, tout pareil. Elle avait sauté, n'est-ce pas ? Évidemment, qu'elle avait sauté. Et dans sa plus belle robe, sans savoir nager, elle s'était noyée dans un chagrin d'amour futile et superficiel. Tout ça pour ça. Antoine détestait que ses pensées le ramènent à cette mariée blafarde repêchée dans la Seine un matin de Juillet ou à cette ombre au cou tordu dans le coin d'une chambre: il s'était promis de ne jamais finir comme ça parce que ça n'en valait tout simplement pas la peine. Douze ans, il s'était dit non, non. Dix-sept années d'échos de disputes à résonner entre les jolies tapisseries n'avaient fait que pencher la balance en sa faveur. Alors...
Ils auraient dû faire des statistiques pour tous les idiots de ce monde. Des milliers d'âmes, une fleur à la main et une corde au cou, ou de l'eau dans les poumons.
Une petite arabesque sur l'épaule, comme le soubresaut d'un rêve éveillé. Les yeux quittent les pétales solitaires pour en croiser de nouveaux sur deux prunelles cuivrées.
Bonjour, je pensais justement à toi, je crois.

Sa voix avait beau ne plus pouvoir mentir, ses expressions restaient celles d'un caméléon. Puisque la providence avait quelque chose de cruel, il fallait bien. Antoine mima le sourire de son interlocutrice sur ses propres lèvres, balayant l'expression las et égale qu'il avait arboré jusque là. Il ne se retourna qu'à demi vers elle, mais assez pour remarquer combien elle semblait terne aujourd'hui, Leia; ses mèches ne cascadaient pas sur les couleurs improbables qu'elle s'amusait à enfiler les unes sur les autres et qui l'avaient toujours laissé perplexe. En blanc et en gris, elle avait l'air aussi triste que les murs de pierre une fois leurs superbes décorations arrachées. Oh, non, se fit-il remarquer, il n'aurait pas dû s'en étonner, c'était pareil pour tout le monde, ce qui se cachait derrière la couleur. Toutefois, sur elle, c'était juste surprenant. Et un peu désolant, aussi.
Elle était plus jolie quand elle souriait autrement qu'avec ses lèvres.

Il chassa d'un geste vif les derniers pétales du heaume vide. Une cascade de larmes incarnates s'échoua sur le meuble de bois.

« Bonjour, fit-il avec simplicité et presque détachement, tu es tombée du lit ? »

Il n'aurait jamais osé sous entendre qu'il avait plutôt d'elle l'image d'une marmotte enroulée dans ses couvertures. Ou c'était peut-être trop tard, maintenant. Tant pis.
Il avait beau s'être couché tôt, il était toujours fatigué; peut-être parce que la fatigue n'était pas dans son corps mais ailleurs. Usé par tous ces réveils, yeux sombres rivés sur un plafond morne, à se demander s'il rentrerai chez lui un jour.
Qu'est-ce que tu en penses, Leia ? Il y a vraiment de quoi vouloir se jeter du toit.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ]   [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ] Icon_minitimeLun 22 Avr 2013 - 1:51

    Le jeune homme se retourna, pas plus surpris que cela ; ce qui ne déplut pas à Leia. Quoi qu'on en dise, voir tous ses interlocuteurs sursauter, voire lâcher des glapissements surpris, chaque fois qu'elle se signalait à eux était, à la longue, singulièrement lassant. L'adolescente recula d'un pas et jeta un regard intégral sur la personne d'Antoine. Outre le fait qu'il n'avait ni rétréci ni perdu en longueur de cheveux depuis leur dernière rencontre, c'est-à-dire, si elle se souvenait bien, deux ou trois jours plus tôt.
    Dans le coin c'était un peu comme en colonie de vacances : impossible d'éviter quelqu'un bien longtemps. Ceci dit ce n'était pas non plus comme si le français était sur sa liste noire. La preuve, bien que d'une humeur massacrante, elle était tout de même venue le voir.

      « Bonjour, tu es tombée du lit ? »

    Un sourire persista sur ses lèvres, même si au fond elle n'en avait pas envie. Où fuir, quand ce qui oppressait était la prison même ? Elle n'avait pas de réponse.
    Faute de mieux, l'adolescente de contenta d'un signe de tête en guise de dénégation, alors même que son habitude était plutôt de somnoler sous sa couette jusqu'à onze heures minimum. Elle tritura un instant le col de sa chemise, comme indisposée par cette absence de couleur qui faisait ressortir les mèches détachées ayant le malheur de s'égarer sur ses manches. Puis de glissa à côté d'Antoine pour se rapprocher de la table et des victimes innocentes de son geste précédent. La jeune fille posa un doigt pensif sur un des pétales et le fit glisser doucement vers l'extrémité opposée. Puis une de ses mains quitta le rebord, mais hésita : elle s'était apprêtée à interpeller le jeune homme ; sauf qu'elle ne savait pas encore comment.
    Dans la langue des signes, le moyen le plus rapide de nommer quelqu'un est de lui attribuer un signe le décrivant. Leia en avait adopté quelques uns assez rapidement pour gagner du temps : Solaine lui a avait inspiré un mouvement ouvert depuis les lèvres de par sa fâcheuse tendance à monter dans les décibels ; mais son geste avait dévié pour partir du cœur, au final. Pour Alejo, elle préférait porter les mains à la base de son cou, là où son copain portait constamment son casque audio. Son propre patronyme avait rapport avec ses yeux, et c'était Egil qui le lui avait donné.
    Les doigts froids du passé qui se tendaient insidieusement firent frissonner Leia. Elle aurait voulu oublier aussi simplement de jour que lorsque la musique battait ses tempes dans des salles surchauffées à la nuit tombée, ou en serrant quelqu'un dans ses bras spontanément, sans trop savoir pourquoi. Au fond tout le monde était dans le même cas, finalement ; au fond tout le monde savait que le voisin aussi était sur le point de vaciller.
    Ou alors, c'est qu'elle n'arrivait plus à comprendre qui que ce soit.
    Comme pour ce fichu signe. Leia remua les doigts, puis laissa tomber mine de rien et en forma d'autres en faisant attention à ne pas aller trop vite et en choisissant des expressions simples. Elle aurait pu, ironiquement, mimer la longueur incommodante de ses mèches blondes. Ou des bulles qui éclatent. Mais cette idée lui avait déplu : parce qu'elle voulait aller plus loin que le superficiel.
    Et pourtant, dieu sait que le bon sens lui aurait soufflé de traiter le jeune homme avec indifférence après leur première rencontre. Pas forcément par orgueil ; plutôt en vertu d'un certain instinct de conservation - très théorique puisqu'il lui faisait toujours défaut. Cette fois-là d'ailleurs n'avait pas fait exception ; mais Leia n'était pas de ceux qui, déçus une fois, renoncent pour toujours. On pouvait la blesser ; la vie pouvait lui envoyer son ironie cruelle à la figure ; elle pouvait faire des erreurs fatales. Elle les répétait encore et toujours ; elle retirait ses genoux écorchés du passage clouté et se relevait en chancelant pour retourner se jeter sous les roues. Tout le temps. Par espoir ou son contraire ; parce qu'elle ne savait pas quoi faire d'autre sur le moment.
    Alors Antoine, elle était retournée vers lui. Malgré ses piques, certes, elle l'aimait bien. Et puis elle oubliait. Et puis tout un tas de chose, elle ne savait plus ; elle s'accrochait trop aux autres, Leia. Alejo, Solaine. Tout le monde. Elle avait toujours été comme ça. Pourtant à les tenir de si près, on finit dans le vide avec eux. On devrait sauter, peut-être.
    Des dessins esquissés avec les doigts.

      « Qu'est-ce que tu faisais ? »

    Au fond, lui aussi tirait une drôle de tête. Mais pas une tête qui disait ce qu'il pensait ; parfois c'était agaçant, de se retrouver ainsi face à un mur. Et d'autre fois, c'était des tremblements déconcertants et des fleurs qui se fanent. Non, vraiment, elle ne savait pas quoi penser.
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...

La première chose qu'on apprenait à faire, c'était sourire sans y penser. Sourire quand on ne le voulait pas, sourire crispé et sourire détendu indifféremment; on apprenait à ne laisser filtrer sur le marbre de notre visage que ce que l'on voulait que les autres voient. Sourire, c'était important. C'était la ligne entre les regards étonnés et ceux qui vous accueillaient sans poser de question. Antoine avait appris à sourire, lui aussi. Passé les premières semaines au pensionnat, il avait troqué dans un réflexe une mine boudeuse sortie de l'enfance contre une courbe mesquine et sarcastique qu'il exhibait à tout va: un scénario revisité, une curieuse impression de déjà vu, le tout à l'envers. On s'y était laissé prendre, une fois encore, et même Antoine avait laissé couler l'évidence pour se complaire sur sa scène. C'était un masque, tout ça, encore une fois. C'était à l'acteur qu'on devait cette magnifique mise en scène. Non, à la vérité, c'était vraiment navrant. Mais le petit garçon avait disparu et il n'y avait plus rien à quoi se raccrocher – sauf à ces murs magiques qui lui écorchaient les mains et lui donnaient envie de hurler.
S'il l'avait voulu, il aurait pu sourire chaleureusement, offrir à Leia l'image d'une plénitude plastique qu'elle n'aurait pas été en mesure de percer. Il aurait pu avoir l'air heureux, et la vérité pouvait toujours courir, elle n'était pas plus dans ses gestes que sur les lèvres de son interlocutrice. Menteur. Menteuse. C'était aussi bien comme ça.

Antoine préférait dessiner sur ses traits un sourire qu'on avait l'habitude d'y voir – un moyen comme un autre de faire passer le message suivant: je ne vais pas plus mal qu'hier, tout va bien, ne t'en fais pas. Si tant est que la jeune fille en ait sincèrement quelque chose à faire, de ses états d'âmes enfermés à double-tour derrière des yeux habitués à donner le change. Elle secoua la tête, se rapprocha de la table couverte de pétales sans qu'Antoine la suivre du regard; il lui avait vite préféré le mur et le heaume, qui le contemplait toujours sans mot dire. Il semblait se moquer de lui. Pour un peu, il lui aurait asséné un coup. Oui, je sais, c'est bien fait pour moi.
Ces derniers temps, il l'avait ignorée. Disons plutôt qu'il avait fait de son mieux pour ne pas tomber sur elle, en changeant délibérément de place dans la bibliothèque, ou en préférant un arbre du parc à sa chambre comme support de lecture ou d'évasion. L'air de rien, petits égards insoupçonnables pour lesquels il s'était détesté parce qu'il n'aurait pas du se les accorder. C'était le compromis valable entre ne rien faire et laisser un poison sournois modeler ses paroles.

Sa fierté ne s'en serait pas remise. D'ailleurs, elle était déjà bien assez mise à mal, tout comme la plupart de ses principes. Il s'était toujours pensé trop intelligent pour relâcher ses efforts, avait toujours pensé avoir retenu la leçon. Ce n'était pas parce que les larmes ne venaient pas que ça faisait moins mal. Maintenant, il ne pouvait pas se laisser aller plus qu'il ne le faisait déjà. Un pas de plus et c'était le pas en trop qui le mènerait en bas du ravin.
Le heaume lui lançait un regard accusateur. Tu es tombé bien bas, Antoine.

Il aurait pu faire semblant de ne pas voir les gestes de Leia, ou encore ne pas faire d'efforts pour les interpréter; il savait qu'elle l'aurait détesté pour ça. Ça aurait peut-être été plus simple, mais il ne pouvait pas s'y résoudre. Yeux bruns de nouveau dirigés vers la jeune fille aux mèches d'un rouge insolent et artificiel, il suivit les doigts qui traçaient des formes imaginaires dans l'air. Il n'était pas stupide et l'habitude esquissa dans son esprit une question imagée qu'il pensa avoir bien interprétée. L'ombre d'un sourire sur les lèvres, il avait peut être l'air un peu fatigué et mélancolique. Juste un peu. A peine. Il se tenait toujours droit et semblait toujours sortir d'un tableau. Réflexion parfaite dans son miroir.
C'était bien tout ce qu'il avait pour lui.

Alors ?

« Oh, tu cherches ta souris ? Quelqu'un a peut-être marché dessus par mégarde ou l'a égarée dans un tuyau. »

Ce n'était pas drôle; mais Antoine ne l'était jamais particulièrement et il lui en voulait pour des raisons qu'il ne voulait pas expliciter devant elle, à la fois parce qu'il n'y serait pas parvenu sans s'étouffer avec ses propres mots et que savoir qu'elle ne l'avait pas remarqué l'aurait blessé. Antoine portait volontairement ce masque et oubliait qu'au pensionnat, personne n'arrivait à le voir comme Éric et Marie. L'affection à sens unique n'avait jamais joué en sa défaveur, jamais.
Buté qu'il était par des murs qu'il avait lui-même érigé, il en aurait aussi oublié de comprendre Leia.

C'était bien lui, ça. Un nid à contradictions, des faux semblants qu'un rien faisait partir en miettes. Il ressentait encore la brulure de la gifle sur sa joue, et cet infime sursaut quand on levait la main trop haut. C'était stupide, ça faisait longtemps, mais... Antoine se détestait (et moi aussi je te déteste, Antoine, arrrrrgh), en ce moment. Il se décevait. Demain, ça irait mieux.
Demain, tout irait mieux.

« Je cherche des feuilles, finit-il par lui répondre, pour... tromper l'ennui. »

Des feuilles sous des pétales de roses, exactement. Les endroits où on avait retrouvé les morceaux de papier brillaient par leur diversité et leur incongruité, alors pourquoi pas dans un vase, entre quelques éclats carmins ? On ne devait jurer de rien.
Tiens, et s'il les dépeçait toutes pour s'en assurer ?

« Et toi ? »

Il tendit une main pour attraper une nouvelle fleur, dont il entreprit d'enlever les pétales un à un avec les même geste nonchalants qu'auparavant. Tu marchais, tu fuyais, tu cherchais quelqu'un ? Il remarqua qu'elle n'avait ni portable ni carnet dans les mains; si elle avait utilisé des gestes pour s'exprimer, elle ne devait avoir aucun des deux sur elle. Peut-être qu'elle ne resterait pas longtemps.
Il ne savait pas ce qu'il aurait préféré.



Mon poste est indigne du tiens et je veux qu'Antoine pense comme un homme des cavernes. Q__Q
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Leia Sørensen
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MessageSujet: Re: [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ]   [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ] Icon_minitimeJeu 2 Mai 2013 - 0:13

    Leia reposa une main sur la surface vernie contre laquelle elle s'appuyait par intermittence et ses doigts se mirent immédiatement à jouer avec la douceur légèrement humide des fleurs. Ses oreilles enregistrèrent le tintement de ses ongles contre le bois, le frottement attendri des pétales contre sa peau. Un regard allait çà et là, des éclats rouges au heaume, du heaume au couloir, du couloir à Antoine. Et les fleurs, encore. Son sourire effacé en une expression de complaisance discrète criait un étouffement complet. Et puis, elle envisageait mine de rien de poursuivre son chemin en faisant comme si cet arrêt n'avait été qu'un passage obligé ; le salut rituel d'une connaissance impossible à éviter.
    Après tout, peut-être que le jeune homme avait envie d'être seul, aussi. Ou même de ne pas la voir elle.
    À cette pensée, deux yeux cuivrés se rivèrent automatiquement aux prunelles brunes attenantes comme pour y déceler un indice quelconque : mais la porte était close, comme toujours. Alors elles reprirent leur valse dérivante, s'évitant mutuellement en un ballet inhabituel.
    Leia aurait aimé que ses yeux à elle puissent être aussi semblables à des fenêtres aux volets clos. En général, leur expressivité lui assurait un minimum de compréhension de son interlocuteur. Mais pour se cacher, il valait mieux fuir le regard. Est-ce que tout fermer à clé était plus agréable ou non ? Pour la jeune fille, toujours en train de feinter avec les serrures qui refusaient de se clore, la réponse était loin d'être évidente.
    Alors elle regardait ailleurs.

      « Oh, tu cherches ta souris ? Quelqu'un a peut-être marché dessus par mégarde ou l'a égarée dans un tuyau. »

    Leia cligna des yeux et afficha un air d’indifférence polie. Hedvig, l’agaçant rongeur revenu d’entre les morts – ou quelle que soit l’appellation de l’Au-delà des AEA – après avoir été violemment éjectée de la vie de sa créatrice dans son enfance, menait bien sa vie comme elle l’entendait. Leia ne savait pas bien si elle l’aimait ou pas, au fond. Elle était pratique lorsqu’elle se manifestait alors que l’interlocuteur n’entendait goutte au blabla de la jeune fille ; mais elle avait la sale manie d’énoncer des vérités gênantes. Des vérités tout court. Autant dire que l’adolescente détestait cela.
    Que quelqu’un l’ait coincée dans un tuyau – elle se demandait où Antoine avait été chercher cette idée, tiens – ne lui aurait tout au plus inspiré qu’un vague ennui. Après tout, elle n’aimait pas qu’on touche à ses affaires.
    Mais d’un autre côté, l’orientation de la réponse la mit mal à l’aise sans qu’elle sache pourquoi. Il n’y avait pas de raison de déceler de la méchanceté gratuite dans les paroles du français, à moins d’allier une certaine suspicion à une bonne dose de paranoïa. Et pourtant. Leia glissa un index dans ses boucles rousses, agacée par cette idée. Ou elle faisait preuve d’une méfiance excessive – quoi que, Antoine n’était pas la personne la plus aimable qu’elle connaisse – ou elle avait quelque chose à se reprocher et la petite voix de la culpabilité lui faisait voir des fantômes.
    Enfin ça, c’était l’interprétation qu’elle aurait pu en déduire dans un monde idéal.
    Parce qu’après tout, la culpabilité n’était pas de son ressort.
    Disaient ses lèvres closes, peu habituées à s’excuser.

      « Je cherche des feuilles pour... tromper l'ennui. Et toi ? »

    Elle faillit sauter sur l’occasion pour afficher une mine boudeuse et aller voir ailleurs : après tout, prompte à se vexer, ça lui ressemblait pas mal. Pourtant, quelque chose la retint avec un léger froncement de sourcils.
    Irrésistiblement, ses yeux furent captés par la lente torture que le jeune homme infligeait à la fleur ayant eu le malheur de se retrouver entre ses mains. Elle tendit la sienne pour la lui ôter presque subrepticement, préférant la porter près de ses lèvres mortes où un papillon brûlait à petit feu ; préférant en savourer un parfum aux nuances amères.
    La jeune fille laissa passer un silence, silence teinté d’un questionnement discret. Mais le papillon se déplaçait de sa bouche à ses doigts. Leia glissa une main dans la poche de son jean et en tira un court feutre noir – la plupart de ses vêtements recelaient des astuces semblables. La première victime de son refus de se cantonner au silence fut, sans aucun scrupule, le mur le plus proche.
    De toute façon, la soubrette passait régulièrement récurer à fond cette colonie de vacances qu’était devenu le pensionnat. Alors Leia ne se privait pas de support quand le feuilles venaient à manquer.


    J’ai reçu un message d’un ami. Ça met de bonne humeur.

    Tu as l’air de bonne humeur, petite. L’adéquation ne tient pas la route ; si elle avait pu fermer les rideaux, alors cela aurait été plus crédible.

    Mon portable est déchargé.

    Par coquetterie sans doute, la jeune fille agrémenta le dernier mot d’une courbe élastique presque malicieuse. Elle ne se sentait coupable de rien. Il n’y avait pas de raison. Elle allait passer son chemin, tiens.
    Je te vole et t’écris un poème à l’encre sympathique.
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Antoine de Landerolt
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MessageSujet: Re: [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ]   [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ] Icon_minitimeVen 3 Mai 2013 - 2:30

...

Il aurait pu lui tourner le dos ou garder le silence; Leia aurait sans doute passé son chemin, rayonnante comme elle semblait l'être, pour arpenter son ennui un peu plus loin. Et lui aurait continué ses recherches, passant une main lasse derrière les tableaux et ouvrant les tiroirs au hasard des meubles ouvragés qui croisaient son chemin. Qu'est-ce que ça pouvait lui apporter, de parler avec elle, à part quelques poussières remuées et beaucoup d'incompréhension ? Il cherchait à l'éviter parce qu'une fois le dialogue engagé, il avait du mal à s'en défaire – beaucoup trop, et il s'en mordait la langue. Quitte à ce que ce soit efficace, il aurait au moins pu se la couper en deux: mais non. Il regretterait chacun de ses mots et de ses actes jusqu'au bout. Cruelle; et elle n'avait même pas besoin de mots pour blesser, juste quelques lignes sur du papier. Ce n'était pas sa bouche qu'on aurait dû coudre, mais ses mains sous le hachoir. Sous la guillotine. Tchack.
Et on en parle plus.

Un pétale encore prisonnier entre deux doigts, il suivit la fleur mutilée des yeux tandis que Leia lui volait et l'amenait près de ses lèvres. Il ne fronça pas les sourcils, ne fit montre d'aucun mécontentement; il se contenta de faire voler la larme carmin jusqu'à ses sœurs, qui reposaient toujours en désordre sur le bois brillant. Elle venait de donner un répit au malade, une brève échappatoire qui se comptait en heures, en jours s'il avait de la chance. Un sursis dérisoire mais pas négligeable. Après tout, on pouvait changer la vie de quelqu'un en l'espace de quelques secondes. Antoine pouvait comprendre, bien qu'il avait prié en vain pour en rester ignorant. Mais ce n'était qu'une fleur, si ? Elle mourrait le lendemain. Il suivit les courbes des pétales orphelins, puis celles de ceux toujours attachés à leur mère, dans le vase et dans les mains de Leia. Une fleur, ce n'était rien. Quelque chose qui sort de la terre, éclot et se fane: comme eux mais dix fois plus vite. A peine un bonjour au soleil qui se lève qu'il faut déjà retourner sous terre. Ce n'était pas triste, c'était ainsi qu'allait la vie.
Il trouvait ça mélancolique, pourtant. Et il n'y avait personne pour lui expliquer pourquoi.

La main de la jeune fille plongea dans sa poche pour en sortir un stylo. S'il ne voulait pas l'écouter, s'il voulait la vexer, c'était maintenant qu'il devait s'y prendre. Il ne le fit pas, préféra suivre les boucles qu'elle traçait sur le mur, toujours trop irrégulières, toujours trop peu soignées à ses yeux. Il s'amusa un bref instant de l'incompréhension de ceux qui passeraient après eux si le ménage ne se faisait pas avant ça. Leia ne se taisait jamais. Il y avait un désespoir de se faire entendre dans chaque mot qu'elle écrivait, et c'était la raison pour laquelle les ignorer faisait mal. C'était une faiblesse vite découverte et dont on pouvait abuser à souhait. Il aurait pu, s'il l'avait voulu.
Parfois, il se disait qu'il finirait par le faire. Après, tu ne pourras plus te rattraper. Cette pensée n'aurait pas dû le faire hésiter.

Antoine fixa un moment les phrases avant de laisser passer un petit rire moqueur.

« Cet ami a dû t'apprendre la mort de deux ou trois proches pour que tu aies l'air si heureuse. »

Il se retint de lui offrir ses plus sincères condoléances pour le décès momentané de son portable. Il n'aimait pas la technologie et la technologie le lui rendait bien; il ne voyait pas en quoi s'envoyer des messages cryptés via ces boites qui vous lâchaient aux pires moments avait pu remplacer la plume et l'encre. Les correspondances avaient perdu tout leur charme, dans ce monde qui ne serait à aucun moment sa réalité. Encore un exemple flagrant, encore la sensation de sortir du décor. Il ne serait jamais chez lui, ici.

Quoi d'autre ? Il n'avait rien à lui dire, et l'inverse était probable. Cela dit, Antoine avait rarement beaucoup à dire à ses connaissances. Le garçon était plutôt calme et silencieux.
Elle partirait. Il ne voulait pas la retenir par le poignet, alors... Trois fleurs furent ôtées du vase dans lequel elles dormaient jusqu'alors; Antoine les poussa doucement contre Leia, sans lui laisser le choix de les refuser. Il regarda un instant le heaume avant de se décider à le laisser monter la garde ici. Dans une mer de pétales rouges, il faisait bon effet. C'était presque poétique.

« Je prends la liberté de conclure que tu n'as rien à faire sur l'instant. Comme il est tôt et que je doute que chercher des feuilles prenne la journée, je ne t'accaparerai pas tant que ça. Ce sera l'affaire d'une heure, tout au plus. »

Deux ou trois, si on se perd. Mais ça ramenait toujours la libération à quelques dix heures dans la matinée; trois fois rien.
Antoine fit un pas en avant, prêt à partir, puis se ravisa et se retourna vers Leia. Avec un grand sourire qui aurait pu sembler chaleureux s'il ne lui avait pas appartenu, il lui précisa:

« Depuis quelques temps, j'ai du mal à lire le mot 'non'. J'espère que tu ne m'en tiendras pas rigueur. »

En d'autres mots, soit elle le suivait, soit il la kidnappait. Mais qu'aurait-elle eu à perdre ?
Parfois, Antoine se demandait ce qui lui passait par la tête.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ]   [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ] Icon_minitimeSam 11 Mai 2013 - 19:48

    A peine la pointe du feutre eut-elle abandonné son embrassade discrète avec le mur que Leia aurait aimé l'y reposer. Comme toujours, la présence tangible du blocage derrière sa langue lui donnait l'envie frénétique d'écrire tout ce qui lui passait pas la tête, jusqu'à ce que ses doigts saignent et qu'elle n'ait plus que de l'hémoglobine pour remplacer un crayon achevé. Elle n'était pas guérie, non. Guérie de quoi, d'abord, hein.
    Tant que son interlocuteur ne décidait pas d'ignorer ses signaux, après tout, il n'y avait pas de problème ; et jusqu'ici, personne ne l'avait fait - que ce soit par compassion, amitié, courtoisie ou par crainte des représailles que présageait un regard flamboyant - alors elle s'arrogeait le droit d'aller du mieux possible. Elle n'était pas plus empotée qu'une autre - bon, si, peut-être - mais en tout cas assez maline pour se faire comprendre. Tout le temps. Du moins c'était ce que qu'imploraient ses doigts et ses lèvres.
    Leia se demanda si Antoine aurait délibérément tourné le dos aux lettres qu'elle lui écrivait. Cette pensée lui était douloureuse ; quant à la réponse, à la réflexion, elle était incapable de la donner. Elle savait que le jeune homme n'était pas - et loin de là - le plus agréable de tous ; elle ne l'était pas non plus. Il avait tendance à lancer des piques et à se moquer de tous, et elle faisait passer son bien-être bien avant tout autre - mais de toute manière, elle finissait toujours par courir après ce genre de personne plutôt que d'autres plus attentionnées. Si elle était blessée alors, ce serait sa faute - c'était toujours sa faute, d'ailleurs ; et elle n'aurait pas le droit de se plaindre.
    Pourtant, songea-t-elle en se redressant et rebouchant son feutre en dépit de la proche éventualité d'une nouvelle utilisation, malgré ce pressentiment sur son caractère, elle avait pu constater qu'Antoine ne se conduisait pas à son égard de la manière sarcastique, voire même hautaine, à laquelle elle se serait attendue au départ. Peut-être qu'elle s'était fait des idées ; peut-être que les volets étaient effectivement entrouverts - peut-être qu'elle aurait effectivement pu s'accouder au rebord de sa fenêtre pour lui proposer d'aller faire un tour.
    Avant.

      « Cet ami a dû t'apprendre la mort de deux ou trois proches pour que tu aies l'air si heureuse. »

    Avant quoi ? Peut-être qu'elle ne savait pas, peut-être qu'elle ne voulait pas le savoir. En tout cas elle ne savait plus si le rire du jeune homme était sincère ou non - et ce quelle que soit l'émotion qu'il était censé porter. Ferme les yeux, petite, ça ira mieux. Avant qu'elle ait pu mettre ce conseil à exécution, Leia vit son compagnon tirer quelques fleurs supplémentaires du vase et les lui pousser entre les doigts. Sans broncher, sentant sur sa langue le goût amer laissé par ses derniers mots, elle intercala ces derniers entre les épines, se demandant si une piqûre pourrait la faire tomber endormie pour toujours : ça aurait ses bons côtés. Plus de mauvais souvenirs et de paroles difficiles à avaler à traîner autour de ses chevilles, plus de chevilles du tout. L'adolescente les porta à ses lèvres sans joie, mais soulagée néanmoins qu'Antoine ait cessé de les martyriser. Elle ne savait pas pourquoi. Quand elle y pensait, elle avait l'impression que le sol glissait insensiblement sous ses pieds.

      « Je prends la liberté de conclure que tu n'as rien à faire sur l'instant. Comme il est tôt et que je doute que chercher des feuilles prenne la journée, je ne t'accaparerai pas tant que ça. Ce sera l'affaire d'une heure, tout au plus. »

    La jeune fille haussa les sourcils : parce qu'il ne lui demandait plus son avis, maintenant ? Bon, en supposant qu'il l'ait jamais fait. Leia ne s'en souvenait pas bien puisque, à sa connaissance, elle avait tendance à faire preuve d'un remarquable esprit de contradiction. Elle n'aimait pas qu'on l'oblige. Elle détestait qu'on la force, qu'on la tienne, qu'on l'empêche de faire quelque chose - il le savait, non ? Peut-être qu'il s'en moquait.

      « Depuis quelques temps, j'ai du mal à lire le mot 'non'. J'espère que tu ne m'en tiendras pas rigueur. »

    Les doigts de l'adolescente dérapèrent sur une tige et s'entaillèrent sur les épines. Elle grimaça, stoppée avant même d'avoir pu amorcer un geste désapprobateur, et porta une main repliée à sa bouche pour empêcher le sang de perler. Ce qui ne l'empêcha pas de gratifier le jeune homme d'un regard noir qui valait à peu près toutes les réponses négatives du monde.
    Bien sûr que si, très cher.
    Ne se donnant effectivement pas la peine de tracer les quatre lettres nécessaires pour écrire "Non" dans sa langue, Leia lança une série de signes rapides - s'il ne comprenait pas tant pis, hein - signifiant quelque chose comme "il te plaît pas pour fouiner sous les meubles, ce couloir ?". Même si cela manquait sans doute de maturité, elle n'était pas à ça près, ou même la meilleure personne pour en décider. La seule chose qu'elle voulait prouver était que le noble avait beau prendre ses libertés, ce n'étaient pas ses phrases bien tournées qui allaient l'intimider. Elle n'était pas à lui. Elle pouvait parfaitement exiger plus qu'un impératif. Que ce soit trivial ou non, peu lui importait.
    Et donc le fait d'aller s'accroupir en face du mur opposé pour examiner les lattes de parquet d'un air ironique n'était là que pour marquer sa désapprobation. Ou pour agacer Antoine, à voir.
    Enfin, inutile de dire qu'elle n'y croyait absolument p... Une latte bougea sous ses doigts. Leia écarquilla les yeux, glissa ces derniers dans l'interstice avant même d'avoir formulé une pensée quelconque, et tira. La latte s'arracha avec un craquement sinistre et l'élan inattendu la fit vaciller : une exclamation de douleur s'étrangla dans sa gorge inerte lorsque le bois se brisa entre ses mains, lui déchirant la paume et plantant des échardes dans sa chair. Se laissant tomber - de son plein gré, évidemment, pas à cause du choc - sur les fesses, Leia replia sa main blessée contre sa poitrine. Une douleur cuisante y pulsait, et même la vision du bout de papier coincé sous le bois ne put lui retirer sa grimace.
    A la limite, elle aurait préféré que ses recherches soient vaines, tiens - se disait-elle avec mauvaise foi. Parce qu'au fond, Antoine n'était pas le seul à vouloir trouver ces fichues feuilles.
    Sans faire un geste pour récupérer le spécimen présent, Leia tourna la tête vers le jeune homme et le lui indiqua d'un mouvement du menton qui, associé à son air agacé, illustrait bien le prolongement de sa mauvaise humeur.
    Au moins elle se serait pas levée pour rien, ce matin-là.


Dernière édition par Leia Sørensen le Sam 11 Mai 2013 - 21:41, édité 1 fois
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Leia vérifie le parquet, et trouve :

« Une feuille et une bonne coupure pour celui qui a soulevé le parquet. »

[ACTION 1/4]

4


Sinon, Erwan et sa soeur Nora sont d'une compagnie agréable. Les voir se chamailler à table est si dégrisant qu'on ne peut s'ennuyer. Erwan a onze ans (et quatre mois ne cesse-t-il de me répéter), tandis que Nora a huit ans, soit trois ans de moins : pourtant cette différence d'âge semble quelque peu inversée tant la cadette est mature et raisonnable devant son ainé... Ces petits garnements sont adorables, et je ne peux m'empêcher d'éprouver de l'affection pour eux. Un instinct fraternel, disons. Je me demande tout de même ce qu'ils font en internat si jeunes...

-------------------------------------------

Le XX/YY,

Cela fait plusieurs fois que je mange à la même table que les propriétaires du château. Christian est vraiment avenant, même en dehors des cours, et j'ai pu aborder avec lui de nombreux sujets de conversation. Je ne pense pas me tromper en affirmant qu'il m'apprécie. Ludivine Irvine, la fille de M. Irvine probablement, dîne également toujours à cette table : c'est une adolescente blonde, plus jeune que moi d'une ou de deux années. Elle aussi est d'une compagnie délicieuse : si je ressens son plus jeune âge par les tons enjoués et plaisants qu'elle met dans toutes ses conversations, elle s'exprime de manière élégante et raffinée. J'ai cru comprendre son lien avec Christian assez fort, puisqu'elle ne cesse de se faire taquiner par ce dernier, mais son sourire éclatant dément ses paroles faussement vexées.

Voici des croquis rapides des propriétaires des lieux. J'espère m'être montré proche de la réalité, mais un visage c'est toujours si difficile à capter dans toute sa profondeur...


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MessageSujet: Re: [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ]   [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ] Icon_minitimeMar 14 Mai 2013 - 18:52

...

Antoine haussa les épaules avec une indifférence moqueuse pour la réaction de Leia; elle pouvait lui signer tout ce qu'elle voulait et partir à gauche quand il lui demandait d'aller à droite, si elle creusait le sol à la recherche du trésor, au final, la direction n'avait que peu d'importance. Il la laissa à sa contemplation des lattes et ses yeux quittèrent sa silhouette menue pour celle imposante et allongée du couloir qui lui faisait face. Il ne fit que quelques pas sur la moquette carmin avant de s'immobiliser près d'une commode qui supportait quelques rimes et un vase vide de vie. Ses doigts effleurèrent l'absence de pétales au dessus de la porcelaine et il se demanda pourquoi son voisin était garni alors que lui se mourrait de solitude; en conclut que ça n'avait aucune importance. S'il commençait à réfléchir à chaque décor, à chaque arabesque tracée sur les murs, il n'était pas près de sortir de ses réflexions qui avaient d'ores et déjà tendance à tendre vers l'interminable. Mais ça occupait son esprit et le gardait de pensées plus sombres: après avoir lancé un vague coup d'œil à Leia, il reporta son attention sur les lignes encadrées qui avaient en premier lieu attiré son regard.

Regardez-les passer, ces couples éphémères !
Dans les bras l'un de l'autre enlacés un moment,
Tous, avant de mêler à jamais leurs poussières,
Font le même serment :

Toujours ! Un mot hardi que les cieux qui vieillissent
Avec étonnement entendent prononcer,
Et qu'osent répéter des lèvres qui pâlissent
Et qui vont se glacer.

Des mots qu'il ne connaissait pas et qui avaient sans doute été écrits après sa disparition. Des yeux bruns et stricts trébuchèrent sur les syllabes, butèrent contre les consonnes, et finirent par lancer des éclairs de mécontentement. Le sujet traité était loin d'être son préféré mais malheureusement un des plus courants; il les relut rapidement et le mot 'toujours' lui laissa un goût amer dans la bouche. Pour ceux qui arrivaient à rester ensemble jusqu'à mêler leurs poussières, ça avait peut-être un sens. Pas pour lui. Répéter quelque chose encore et encore ne suffisait pas à le rendre réel, et plutôt que tirer derrière soi des voiles infinis, on jetait la bague dans l'eau et on partait à sa poursuite. Le mépris lui renvoya de désagréables échos qui finirent par lui serrer un peu trop fort la poitrine, et il prit une inspiration pour faire passer le malaise. Lèvres qui pâlissent; il n'y avait pas besoin de la mort pour défaire ces étreintes fragiles.
Il était juste humain. L'avoir toujours su ne l'aidait pourtant pas à aller mieux. Sans savoir pourquoi, peut-être pour ôter de son esprit toutes ces pensées qui le faisaient se détester un peu plus chaque matin dans le miroir, il prononça les phrases à voix haute, une petite mélodie soulignant involontairement chaque son. Il avait connu quelqu'un qui parlait comme elle chantait: elle ne pouvait plus rien dire, maintenant. Tout ça pour un simple mot, alors qu'elle aurait pu vivre vieille...

Comme si les murmures l'avaient réveillé, il se redressa et, gêné de s'être laissé aller à une expression physique de ses sentiments, retrouva une contenance toute imperméable. Un reste d'amertume fuit ses yeux quand un bruit sec le fit tourner la tête vers sa compagne aux cheveux rouges, assise par terre et la main contre la poitrine. Il s'approcha et reçut une expression agacée en guise d'explication; il haussa un sourcil, mais ses yeux suivirent docilement la direction indiquée par Leia. Il vint se placer à côté de la jeune fille, posa un genoux à terre pour mieux observer le coin de feuille blanche auparavant masqué par la latte dont les morceau gisaient près d'eux. Prenant bien garde à ne pas se faire écorcher par les dents pointues du bois maltraité, il se saisit du papier et le retira de sa drôle de cachette. Il ne le parcourut que rapidement tant la mention des propriétaires du manoir l'horripilait: merci pour les insomnies. Il n'en avait parlé à personne et parfois, des images et des noms l'assaillaient et l'empêchaient de dormir. Un vague tremblement de sa main le décida à poser la feuille au sol puis à se tourner vers Leia.

Blessée ? Il se saisit de son poignet et l'attira à lui, lui ouvrant doucement les doigts pour juger de la coupure. Il fronça légèrement les sourcils et desserra son étreinte pour qu'elle puisse en retirer sa main.

« C'est malin. (il pense à lui dire qu'elle ne se serait pas fait mal si elle n'avait pas fait la mauvaise tête, mais elle avait trouvé une feuille, aussi garda-t-il ce commentaire pour lui) On ferait mieux de désinfecter ça. »

Avant que tu n'attrapes quelque chose de plus grave. Pour une coupure, ça aurait été bête. Il ne s'interrogea que très peu sur l'utilisation automatique qu'il avait fait du 'on' tandis qu'il se redressait et rangeait la feuille dans une poche de sa veste; si elle la voulait, qu'elle lui demande. Il lui rendrait. De nouveau sur ses deux jambes, il regarda à droite et à gauche, pris d'un doute soudain.
Il ne s'y rendait que très rarement et le chemin lui échappait souvent.

« Est-ce que tu sais comment aller jusqu'à l'infirmerie ? »

Il l'interrogea du regard. Non pas que son sens de l'orientation soit mauvais (enfin, ça se discutait, n'est-ce pas), mais il préférait savoir où il allait tout en mettant un pied devant l'autre. Ces couloirs se ressemblaient tant que les différencier tenait du miracle. Inutile de dire qu'il n'aimait pas se perdre et atterrir à l'opposé de la salle désirée, ni faire de grands détours pour rien.
Enfin, il n'était pas blessé, lui. Ses mains allaient parfaitement bien. La lourdeur et la lassitude étaient ailleurs, là où l'eau ne pouvait pas laver et soulager les traces. Dans un endroit impossible à atteindre.

Et si elle refusait son aide ? Il renvoya un silence à sa question muette.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ]   [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ] Icon_minitimeMar 14 Mai 2013 - 18:57




Antoine lit les poèmes, et trouve :

« Une réputation ruinée. Tous les autres joueurs du topic ignorent le joueur, qui les chantonnait gaiement. »

[ACTION 2/4]
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• Pouvoir : Rendre les murs transparents. L'énervez pas, elle a une prédilection pour les salles de bain et les chambres à coucher.
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• Petit(e) ami(e) : En voilà une question judicieuse.

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MessageSujet: Re: [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ]   [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ] Icon_minitimeDim 9 Juin 2013 - 0:54

    Plus elle y songeait, plus Leia se trouvait irrémédiablement stupide. Sa paume qui la lançait douloureusement semblait scander cette opinion pour mieux l’enfoncer dans ce parquet qui avait cédé sous ses doigts. Elle aurait bien mieux fait de tourner les talons et d’aller faire un tour dehors dès que le jeune homme avait commencé à se montrer agaçant. Non pas qu’elle regrettât cette espèce de fierté mal placée : après tout, il n’avait pas à lui parler de cette façon. Mais elle était bien obligée de reconnaître que sa tentative de provocation, en plus d’avoir quelque chose de puérile – sans blague – n’avait servi à rien. Son quotient de succès pouvait même être estimé dans les négatifs, avec une telle conclusion, songea-t-elle en contemplant la plaie avec une moue dépitée.
    Evidemment, lorsque Antoine eut récupéré la feuille dégagée par la jeune fille, il ne put d’empêcher de faire un commentaire.

      « C'est malin. » Leia le foudroya du regard. Oui, elle savait, merci de souligner à quel point sa journée empirait de minute en minute. « On ferait mieux de désinfecter ça. »

    L’adolescente tourna la tête avec l’intention de lui demander sans amabilité particulière si la notion de désinfection existait déjà à son époque de barbares ; mais se rendre compte qu’il était si près la fit renoncer. Elle avait juste tendance à oublier à quel point le barbare en question avait un beau visage à son avantage. La jeune fille battit des cils, avala sa salive, et détourna les yeux des prunelles brunes de l’aristocrate : ce n’était pas non plus comme si elle allait miraculeusement lui pardonner tous ses travers juste parce qu’il était canon, quoi.
    Et d’ailleurs, ça faisait quand même un moment qu’elle le connaissait – et même un peu plus – alors son allure de bellâtre, elle aurait dû s’en moquer comme de l’an quarante.
    Mais quand même.
    Trop occupée à se persuader que l’aristocrate avait de trop longs cheveux et que de toute façon il se fringuait n’importe comment et qu’il n’était pas assez musclé pour lui faire de l’effet – avec un succès, avouons-le, mitigé – la jeune fille faillit bien manquer sa question :

      « Est-ce que tu sais comment aller jusqu'à l'infirmerie ? »

    Leia fronça les sourcils, et secoua la tête de gauche à droite. Elle se remémorait l’infirmerie comme une pièce un peu lugubre dans laquelle elle avait une fois dû accompagner quelques pensionnaires en état d’ébriété avancée. Ou autre. Quoi qu’il en soit, pas un endroit très agréable ; cela dit, si la plaie s’infectait, ça ne le serait pas plus. Enfin, c’était peut-être exagéré pour une coupure, tout de même…
    Leia fut tentée de refuser la proposition d’Antoine. Ou d’y aller seule, ou quelque chose du genre.
    Cela dit, elle n’était pas certaine de se souvenir clairement du chemin à emprunter. En plus, la dernière fois qu’elle avait effectué une action dictée par une remontée d’orgueil comme elle s’en sentait maintenant, elle s’en était mordu les doigts. Mieux valait être prudente sur ce coup-là.
    On se perd à deux, ou on se perd pas du tout.
    C’était régulièrement le cas, si elle se souvenait bien. Elle n’en était pas vraiment certaine.
    La jeune fille se releva sans l’appui de ses mains, serrant le poing en grimaçant sur sa coupure, et rejoignit Antoine en traînant les pieds. Mais en le dépassant, jugeant visiblement qu’il n’était pas assez réactif, elle attrapa sa main gauche dans la sienne pour le tracter un peu plus vivement. Quand bien même elle n’avait aucune idée d’où elle allait, au final – enfin, elle pensait être dans la bonne direction, mais avec ces fichus couloirs, rien n’était moins sûr.
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Antoine de Landerolt
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RP en cours : Antoine se débauche avec classe par là.


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MessageSujet: Re: [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ]   [RUDY] Dessine un cœur sur la poitrine du soldat de fer {Leia Sørensen} [4/4] [TERMINÉ] Icon_minitimeLun 10 Juin 2013 - 0:55

...

La négation de Leia arracha un soupir intérieur à Antoine, qui posa ses yeux sur le mur opposé à sa compagne, pensif. Autant y aller avec le sourire et en chatonnant, puisqu'ils étaient certains de se perdre; à marcher au hasard des couloirs, qu'ils pensent reconnaître quelques détours ou pas, c'était ce qui allait finir par arriver. Pris d'une soudaine envie de casser une vitre parce que même les fleurs dans les vases l'agaçaient et lui faisaient serrer les dents, il balança ces convictions par dessus son épaule, priant pour y être indifférent le moment venu. Il n'avait rien d'autre à faire, de toute façon, et c'était ce qui arrivait quand on remuait le couteau dans la plaie. Quand on ne passait pas son chemin sur une dispute ou un sarcasme, quand bien même notre sourire n'était pas sûr de le supporter jusqu'au bout. Il tiendrait le coup ou il en mourrait, de toute façon; et Antoine n'avait pas prévu de mourir, pas avant quelques bonnes années au moins. On tient le coup, donc. Ne prenant pas la peine de tracer un itinéraire imaginaire dans son esprit, il reposa son regard sur Leia, attendant qu'elle se relève ou ne décide de bouder là, assise sur le plancher meurtrier.

C'était dans ces moments qu'Antoine se demandait ce qu'il aurait fait le cas échéant. C'était bien beau de penser ignorer une gifle ou un regard fuyant, mais il fallait pouvoir tourner les talons quand une telle chose arrivait. Il marchait par accord tacite plutôt qu'oral, puisque les mots n'avaient jamais eu de sens à ses yeux. On parlait, on oubliait, et au final une promesse ne valait rien. C'était du vent qu'on pouvait aisément nier. Des baisers n'étaient pas mieux, mais il s'y retrouvait plus facilement. Puisqu'ils n'étaient sensément pas rien pour l'autre, que ça tienne seulement à quelques caresses et soupirs pour Leia ou non, il savait qu'il ne l'aurait pas ignorée sans raison – et ses états d'âmes ne devaient pas compter, il le refusait. Ça lui aurait fait mal si elle avait tourné la tête, mais est-ce qu'il aurait eu le courage de faire de même ? Soyons sincère; non, et il se serait détesté pour ça. Un peu égoïste jusqu'au bout. Un peu trop faible pour tenir la distance tout du long.

C'était tellement plus facile de créer un fossé sur un désaccord mineur et puéril. Plus que s'il s'était assis et avait eu l'audace légendaire de lui expliquer pourquoi sa présence tendait son sourire. L'aurait-elle seulement cru ? Il n'y serait pas parvenu dans tous les cas. C'est sur ce constat qui l'affligeait sous tous les points que Leia se redressa dans un bruissement et se dirigea de mauvaise grâce vers lui, décidément peu enchantée par son début de journée. Dommage qu'Antoine n'avait aucune idée de comment alléger ses pensées – enfin, comme ça, ils mimaient leur humeur respective, c'était fantastique. La réponse universelle qu'il avait tendance à coller aux idées noires ne lui aurait sûrement pas plu, en plus de ça.
Il s'apprêtait à la suivre, contente ou pas, mais elle le devança et s'empara de sa main avant qu'il ait pu esquisser un pas, le trainant à sa suite à une cadence un peu plus soutenue. Il aurait éventuellement pu lui demander si elle savait où elle allait, et si elle n'allait pas les perdre pour les faire tomber tête la première dans la cave: La chaleur ténue au bout de ses doigts le dissuada d'ouvrir la bouche. Ses lèvres se courbèrent en un demi sourire et ses soucis se turent momentanément. Quitte à être faible...

Il resserra presque imperceptiblement l'étreinte. Juste ça.

► Antoine et Leia se perdent, comme des pros.
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Antoine et Leia se perdent, et trouve :

« Antoine ouvre une porte au hasard et se retrouve dans la salle Yume. Ils doivent rejoindre le topic créé dans cette salle. »

[ACTION 4/4]

Couloirs terminés !
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