Récital pour Folie Discordante Alice E. McFear
| Sujet: Run, run, run away, little miss Alice [Solo] Sam 13 Avr 2013 - 21:17 | |
| ♫ I was feeling sad, can't help looking back Highways flew by run, run, run away No sense of time... Want you to stay, want keep you inside ♪ « Cours, cours, cours, cours… sans te retourner ! Non, stop ! Tu ne dois pas te retourner ! Regarde où tu vas, idiote ! Cours ! Mère est certainement à tes trousses, maintenant ! Ne t’arrête surtout pas ! Cours… » Alice s’efforçait de réfléchir à la situation… Non, en réalité, elle ne songeait qu’à courir, encore et toujours, sans jamais savoir où elle allait. De toute façon, la situation n’était pas importante, ce qui l’était, c’était cette course contre un ennemi redoutable. Le plus vil des monstres. Le plus terrible, sans être le plus imposant. Le plus monstrueux, sans être le plus laid. Le plus abominable, sans être le plus fort. Lady McFear, la mère d’Alice, qui, à l’heure qu’il était, devait déjà être au manoir de son oncle, à sa recherche. Enfin, « l’heure qu’il était », elle est bien bonne celle-là, Alice n’avait aucune idée de l’heure qu’il était, elle s’en moquait bien, ce qui comptait, c’était que la nuit n’allait pas tarder à s’abattre et qu’elle ne verrait, bientôt, plus rien, du tout. Alice n’avait pas peur du noir, pas plus que des bestioles qui rôdaient dans la forêt, mais, le manque de vision allait être embêtant, surtout si elle continuait à courir de la sorte, contre toute raison et toute logique, celles-ci lui criant de s’arrêter, parce qu’elle faisait souffrir son corps. « Stupid ! » Elles ne savaient donc pas que si Alice s’arrêtait, c’était la mort assurée ? Si sa mère la rattrapait, elle pouvait dire adieu à la liberté. Et alors, elle ne pourrait jamais plus courir. Jamais… Ce serait le retour à l’hôpital… le retour sur cette chaise, dans cette pièce dépourvue d’âme, avec ce monstre de docteur White, qui la forcerait à oublier qui elle était et si jamais sa thérapie ne fonctionnait pas, alors… Alors, ce serait la lobotomie. « Je ne veux pas finir comme Rose… Elle était si jolie, Rose et elle a dépéri si vite… Pauvre petite Rose… qui fane, à l’arrivée de l’hiver… est-ce que les Alice fanent aussi ?» Elle s’était arrêtée. Juste pour reprendre son souffle. Mais déjà, elle entendait des pas, derrière elle et des chiens aboyaient. Si Chester avait été là… S’il avait été là, il aurait regardé Alice se faire attraper, comme la dernière fois… Il lui aurait souri, quel comble qu’employer ce verbe pour un chasseur de souris… Depuis quand n’avait-elle plus pensé à ce maudit matou tiré de son imagination ? Trop longtemps. Elle s’était focalisée sur son oncle, à son internement, pour survivre. Son oncle… Lord Charles McFear… Elle l’admirait tellement, il était son model, son mentor, son idéal, aussi. Maudit soit son lien de parenté avec lui, elle l’aurait épousé, si cela avait été autrement fait. De tous les hommes sur cette terre, il avait fallut qu’elle tombe amoureuse de son oncle, son propre oncle, le frère de son père. Sa mère avait condamné ce sentiment malsain en l’enferment de cet asile, mais il n’était pas parti, loin de là, il avait accru avec le temps et à présent, elle se sentait si étrange, maintenant que son oncle n’était plus là. Elle avait l’impression qu’elle n’était plus protégée de rien. « Vulnerable. » Assez ! Elle devait se reprendre, elle ne pouvait pas abandonner, maintenant. Mais que faire ? Sa mère était sûrement derrière elle, même si elle était rapide, Alice ne pouvait plus s’en sortir. Et si jamais elle retournait dans cet hôpital, elle n’y survivrait pas. Or, elle avait fait une promesse à Charles. Il fallait qu’elle vive, pour lui, elle le devait. « Tu as promis, Alice… Une promesse est une promesse… » Jamais, elle n’avait couru aussi vite de sa vie. Tout dépendait de cette course contre son abominable tyran, le bourreau de ses cauchemars, qui à la fin, lui couper la tête. Cette fois-ci, elle ne se ferait pas avoir. Elle serra le manche du couteau que Charles lui avait donné, juste avant qu’elle ne s’en aille et cela lui redonna une nouvelle force. Comme un troisième poumon, elle put accélérer encore plus. Et là, soudainement, son espoir prit vie. Un portail, si grand qu’il devait faire au moins deux ou trois fois la taille d’Alice, se dressait devant elle, suffisamment ouvert pour qu’elle puisse se glisser à l’intérieur du domaine. Que faire ? Elle ne pouvait pas faire marche arrière, mais entrer était risqué… Un nouvel aboiement décida à la place d’Alice. Elle n’avait pas le choix, elle devait pénétrer dans le domaine. Et c’est ce qu’elle fit. Derrière elle, le portail se referma et la dernière chose qu’elle vit de son monde fut les yeux d’un noir corbeau de sa mère. « Plus jamais, je ne serais prisonnière. » Alice était en vie. « C’est encore pire que dans mes songes. Ce n’est certainement pas… Alors, où est-ce que je suis ? Ou plutôt, où est-ce que j’existe ? Si j’existe encore… Suis-je morte ? On m’a peut-être lobotomisé pour voir où est-ce que mes songes m’emmenaient… Après tout, j’ai aucune idée de ce que peut faire une lobotomie sur nous… Rose… Et Charles, si je suis morte, il devrait être là, non ? Charles… Où es-tu ? Je t’en pris, j’ai besoin de te voir, encore une fois… Oh non… J’angoisse… Ce n’est pas bon… Pas bon, du tout… Alice, reprends-toi… Darling… REPRENDS-TOI DAMN ! » La gifle avait raisonnée dans l’immense hall où se situait, à présent, Alice. Elle était entrée dans le manoir, trop curieuse d’en savoir plus sur l’endroit et se trouvait dans ce qu’elle supposait être le hall et visiblement, il n’y avait personne, ou alors, elle avait fait peur à tout le monde, en se giflant sans retenu. Alice ne s’autorisait pas d’angoisser, c’était pire que tout, pour elle. Pire encore que les bruits se répétant à instant précis, c’était même pire que les remarques cinglantes de sa mère… Pire que TOUT, vous dis-je. Se remettant, lentement, de ses émotions et de sa propre gifle, elle aperçut la réponse à toutes ses questions… Un panneau d’affichage. « Great. » Elle ne se fit pas prier pour aller lire ce qu’indiquaient les quelques morceaux de papiers accrochés sur le panneau. Et dès la première phrase, elle regretta jusqu’à son entrée dans le domaine. « Si vous lisez ces lignes déposées sur ce misérable bout de papier, c’est que vous venez de commettre une grossière erreur, certainement la plus grosse de votre vie. (…)Vous allez bientôt vous rendre compte que cet endroit maudit vous retient prisonnier. » Alice marqua une pause, avant de soupirer fortement. « Je sors d’une prison, pour entrer dans une autre… Ou alors… Ce n’est pas… Mais peut-être que… Mince, qu’est-ce que je disais, déjà ? » Elle reprit sa lecture de plus bel. On conseillait à Alice d’aller essayer d’ouvrir la porte, mais foutaise, Alice croyait déjà en ces propos complètement loufoques. Aussi loufoque qu’elle, non ? C’était sûrement pour cela. Son bourreau n’était pas là, mais au fond, c’était aussi fou que les images qu’elle avait, avant d’entrer. En fait, peut-être que cet endroit était fait pour elle… Fait pour une folle de plus… Ou alors, elle était juste aussi masochiste que pyromane, voilà tout. « (…) il va falloir vous résoudre à croire à tout, même aux faits les plus invraisemblables. » C’était tout le contraire de ce que lui conseillait le docteur White… Comment Alice pouvait-elle faire le contraire de ce qu’elle faisait depuis toujours ? Surtout que son esprit tordu pouvait l’amener n’importe où, la conduire dans le morbide total et qu’elle risquait à tout moment de perdre pied, de plonger dans l’abysse de la folie, encore plus si elle se persuadait que c’était vrai. On lui couperait la tête, à coup sûr… Mais, elle le savait, en entrant ici, elle n’était plus sujette aux lois de « l’autre côté », comme elle se décidait à le nommer, en attendant de trouver mieux… Elle n’était pas libre, mais pas prisonnière, non plus… Qu’était-elle, donc, au juste ? Un pantin ? Un amusement de plus ? Ou juste Alice, non plus, Alice Edna McFear, mais Alice. Alice, la folle. L’adolescente finit de lire le premier message, surprise par tant de propos, tant de nouvelles qui arrivaient d’un seul coup, puis, alors qu’elle allait s’attaquer au deuxième message, elle se sentit observer et ne put s’empêcher de se retourner brusquement, tenant sa seule arme de défense dans sa main droite : son couteau, cadeau de Charles. Elle vit, alors, deux grands yeux bleus nuits, luisant, contrastant avec l’obscurité du coin où se tenait l’être. Elle le reconnut aussitôt. « Tu es, donc, là, toi aussi. »Elle ne s’attendait pas à une réponse, Chester était peu bavard, pourtant, en un bond aussi gracieux que sa personne, le chat se posta devant elle et lui fit son plus grand sourire. « Darling… Tu as changée… Ou peut-être pas… Tu es moins folle… Enfin, je crois… »« Tu parles en énigme, tu es toujours aussi mystérieux. Et depuis quand parles-tu, d’abord ? »« Depuis toujours. Je parle seulement à ceux avec qui j’ai envie de parler, vois-tu. Tu n’étais pas très bavarde, avant, alors je préférais me taire et admirer… ou, me moquer… tu étais fascinante… ou ennuyante, en fait… Alors, tu as trouvé le pensionnat, Alice. »« Ce n’est pas une question, n’est-ce pas ? »« Non, une constatation… Lis le troisième message, le second est sans intérêt… ou peut-être qu’il l’est… »« Tu m’ennuies, Chester. »« Non, je t’amuse, au contraire, Alice. Alors, Darling, qu’attends-tu pour lire ? »Alice pivota, une nouvelle fois, sur elle-même et lu attentivement le troisième message. Un fantôme venait s’ajouter à la liste des nouvelles qu’Alice devait digérer. La magie existait, elle allait certainement le découvrir rapidement ; elle venait de trouver son Alter Ego Astral, Chester, le cruel matou trop adorable pour être détester ; elle était prisonnière ; un fantôme la menaçait ; et en lisant l’ultime message, elle comprit qu’elle ne devait pas croiser celui qui en était l’auteur… Rien de plus, rien de moins. Le fantôme et l’auteur du quatrième message étaient tout ce qui intéressait Alice, cependant et son goût pour le danger se révéla d’autant plus élevé, que sa vie était en jeu. Ravie, elle sourit malicieusement à Chester, qui lui rendit un sourire tout aussi malicieux, avant de faire un bond vers les escaliers, qu’Alice s’empressa de monter, pour le suivre. L’aventure commençait et elle le savait, elle n’ existait pas toute seule. |
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