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 Aujourd'hui, on tombe des nues {Istvàn Markovic}

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« century old rock wow  »
Clarence
Clarence

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• Age : 33
• Pouvoir : Te foutre en bikini en claquant des doigts. (si seulement)
• AEA : Gwendoline, qui a joli poil lisse et qui voudrait qu'il le reste.
• Petit(e) ami(e) : Qui veut tant qu'on lui argumente la proposition.

RP en cours : Clarence joue à la belote par là.


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Aujourd'hui, on tombe des nues {Istvàn Markovic} _
MessageSujet: Aujourd'hui, on tombe des nues {Istvàn Markovic}   Aujourd'hui, on tombe des nues {Istvàn Markovic} Icon_minitimeLun 12 Aoû 2013 - 22:13

« Aujourd'hui, on tombe des nues »
Et pourquoi pas du ciel aussi




Il faisait clair.
D'une clarté un peu trop vive qui agressait ses yeux, habitués à l'ombre des quatre murs de sa chambre. Derrière la paroi transparente s'étalait un panorama d'été et de rêve à la fois, tout en nuances de verts et de feuilles. Comme toujours, l'homme qui se tenait debout devant la fenêtre chercha à s'en émouvoir ; les muscles de son visage avaient beau être moins durs depuis qu'il était entré au pensionnat, ils se refusaient encore aux expressions humaines et spontanées qui caractérisaient ses semblables. En vain, pensa-t-il calmement, sans la moindre amertume. La colère et les regrets ne collaient pas plus à son épiderme que la joie et les rires : Clarence avait tout l'air d'une statue de marbre. Parfois, il lui arrivait de s'en féliciter. Au moins, il ne se torturait pas l'esprit avec les soucis futiles que la jeunesse se plaisait à créer.
Heather n'était pas là, Kélian non plus, et cela devait bien faire des jours qu'il n'avait pas croisé Selenda. Les têtes connues et appréciables manquant à l'appel, la lecture ne lui faisant qu'un œil modéré, il décida de sortir pour prendre l'air. Marcher sur ses démons était aussi une bonne idée, puisqu'il avait du mal à lâcher ses pistolets depuis sa mésaventure avec les propriétaires du manoir. A quelques mètres sous lui, au bout du mur de pierre qui y plantait ses fondations, l'herbe qui n'avait jamais été aussi verte portait encore des traces rouges collées à sa rétine. La fenêtre s'ouvrit avec un grincement négligeable, laissant l'homme en noir s'y pencher puis y disparaître sans autre forme de procès.

Pourquoi passer par les escaliers quand on pouvait se rendre à l'extérieur d'un bond ? Clarence ne se vantait pas, ne faisait pas non plus exhibition de forces qui, en plus de ne pas être naturelles, étaient monnaie courant de là d'où il venait. Puisqu'il avait été amené un jour à devoir réceptionner en vitesse une pauvre âme égarée lâchement lancée depuis les hauteurs, mettre un pied sur la chambranle et se jeter dans le vide était devenu sa porte de sortie favorite. Pratique aussi, quand une colocataire agaçante se plaignait de tout et de rien ou partait sur un sujet que ses oreilles ne souffraient pas d'entendre : on se risquait rarement à le suivre. Apparemment, une cheville, une jambe ou un cou rompus n'en valaient pas la peine. Même si, dans le cas d'Heather, un ongle suffisait généralement à enrayer la dispute.
Monsieur avait donc sauté depuis la fenêtre de sa chambre, tout de noir vêtu comme à son habitude, et s'était réceptionné au sol avec une souplesse qui trahissait une habitude peu commune. Et il aurait pu continuer son chemin vers le lac s'il n'avait pas manqué d'aplatir un pensionnaire dans le processus ; on avait beau être un assassin aussi expressif qu'une table, ça ne voulait pas dire pour autant qu'on aimait se servir de jeunes gens pour amortir nos sauts de l'ange.

Pensant ceci, il se fit la remarque que ce visage ne lui disait strictement rien. Rodé aux pensionnat et aux pensionnaires, il se permit de déduire qu'il devait être nouveau.
Clarence craignait le jour où sa mémoire commencerait à lui faire défaut.

« Désolé, je ne vous avais pas vu. »

Et dit sur ce ton plat, égal, avec l'expression qui allait de pair, on aurait presque pu croire à une plaisanterie. Presque.
Gwendoline, qui n'aimait guère les vols planés, était passée par les escaliers et frôla le pensionnaire pour se mettre près de son maître, indifférente à la situation si ce n'était pour ses oreilles levées et attentives.



Désolée, c'est court ! Je me rattraperai la prochaine fois. ♥
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MessageSujet: Re: Aujourd'hui, on tombe des nues {Istvàn Markovic}   Aujourd'hui, on tombe des nues {Istvàn Markovic} Icon_minitimeMar 13 Aoû 2013 - 21:34

La journée fut difficile, c'était ce que pensa Istvàn après un énième soupir. Dire qu'il était précédemment en route prendre son avion mais qu'il avait du s'arrêter pour un arrêt aux toilettes. Il se giflait mentalement d'avoir pousser cette porte et surtout de ne pas l'avoir retenue car il était bel et bien coincé. Qui plus est, avec un renard plutôt bavard qui lui bassinait les oreilles.
Le hongrois avait quitté le hall d'entrée et avait visité quelques pièces dans cette immense demeure. Les quelques pièces étaient oloplutôt joliment décorées, bien qu'un peu impersonnel au goût du hongrois. Certains meubles étaient quelques peu poussiéreux. Les pièces lui laissaient un sentiment de mal aise, peut-être parce qu'il n'était pas chez lui ou à cause de l'étrange atmosphère qui régnait de le manoir au complet. Etrangement, il n'avait croisé personne, ou alors, il ne les avait simplement pas vu. Il devait avouer qu'il regardait plus ses pieds que les murs de la battisse. Cela pourrait également être la faute à cet endroit, il était tellement grand qu'il était certainement facile de ne croiser personne ou de perdre un compagnon en route. En parlant de route, il semblerait qu'Istvàn se soit perdu à plusieurs reprises bien qu'il n'ait pas réellement de lieu ou il voulait aller. Disons simplement qu'il visitait sans grande curiosité ni enthousiasme. Il avait visité seulement le rez-de-chaussée qu'il commençait déjà à se lasser de voir tous ces couloirs. Il décida donc de visiter l'extérieur. Et ce ne fut pas chose facile de trouver comment sortir de ces murs. Le hongrois avait finit par se sentir oppressé de ne trouver aucune sortie. Et la boule de poil rousse ne l'avait pas réellement aidée, parlant de chose et d'autres sans même se soucier de savoir si le grand chevelu qui lui servait de compagnon de marche l'écoutait. Peut-être qu'il appréciait parler tout seul ou alors il se sentait réellement seul au point que de se parler à lui-même ne le dérangeait pas. En tout cas, Istvàn avait déjà mal à la tête à cause du bruit de fond que créait la petite bestiole. Mais il finit par trouver un porte qui donnait sur l'extérieur et respira un grand bol d'air avant de soupirer longuement, les yeux fermés.
A présent, il était dehors et cela semblait bien plus grand que ce qu'il aurait pu imaginer. L'herbe était verte et le ciel bleu. C'était un vaste terrain bordés d'arbres et autres buissons, le chemin ainsi dessiné menait à un lac tout aussi bleu que le ciel. L'ai était frais mais pas trop, on ne risquait pas de frissonner de froid. Istvàn releva tout de même son col, plutôt sensible aux froids et aux microbes. Mieux valait ne pas attraper un rhume en ces lieux étranges. Bref, le hongrois se décida mollement à bouger et à visiter ce jardin manifestement grand mais fut rapidement stopper par un poids qui manqua de l'écraser au sol. Il eut le réflexe de reculer, heureusement car notre grand flemmard était rarement muni de réflexe quelconque, et se retrouva assis au sol, à peu de distance d'où la silhouette avait atterri en douceur. Comme quoi, tout le monde n'était pas capable de finir en douceur au sol et son fessier le lui faisait remarquer.

« Désolé, je ne vous avais pas vu. »

Il s'était douté que c'était le cas, évidemment. Mais bon, il n'allait pas s'arrêter à cela, il n'était pas du genre à en vouloir aux gens pour des petites choses - bien qu'en cette situation, il avait presque fini plat comme une crêpe -. Le hongrois entreprit de se remettre sur ses deux pieds quand une plus petite silhouette apparut auprès de la première. Istvàn écarquilla les yeux ...
Un ... Cela semblait bien l'être : un chien. Un chien certes très petit mais sa terreur l'emportait, peu importe la taille. Sans un bruit, Istvàn rampa en arrière à une vitesse ahurissante, son dos heurtant le mur trop proche à son goût. Il n'avait pas quitté la bête des yeux, ce que ne manqua pas de remarquer une boule de poil rousse qui avait été silencieuse jusqu'à maintenant. Peut-être sous le choc ? Ou Istvàn s'était peut-être assis dessus par mégarde. La voix aigüe du petit renard s'éleva tandis que son ami était paralysé de peur contre le mur.

« Hey ! Fait gaffe à ou tu mets tes pattes ! »

La petite boule rousse s'adressait évidemment à la silhouette la plus humaine et semblait maîtresse dans l'art de s'attirer des ennuis. Istvàn se ressaisis et attrapa la bestiole par la queue, l'attirant près de lui pour la faire taire. Mais il ne pipa mot, toujours encore sous l'emprise de sa terreur. Il releva rapidement les yeux vers la plus petites des silhouettes, il n'avait absolument aucune confiance envers ces animaux, quand bien même leur maître les qualifiait de "gentil" ou "d'affectueux".

C'est pas de la top qualité, pardon >w< Par contre, j'ai ris : "aussi expressif qu'une table", j'ai pas pu m'empêcher XD
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Clarence
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MessageSujet: Re: Aujourd'hui, on tombe des nues {Istvàn Markovic}   Aujourd'hui, on tombe des nues {Istvàn Markovic} Icon_minitimeMer 21 Aoû 2013 - 18:16

...

Clarence était désolé ; ça ne se voyait pas, mais il l'était. Il l'aurait été encore plus s'il l'avait écrasé, et se demanda s'il n'aurait pas dû réitérer ses excuses en voyant le jeune homme reculer contre le mur, apparemment chamboulé. Le temps qu'il comprenne ce qui avait pu l'effrayer à ce point (la thèse de la mort subite et brutale était crédible, cela dit), le renard qui l'accompagnait avait pris la parole, étonnamment insolent pour un animal de son gabarit. Son propriétaire devait penser la même chose, puisqu'il l'attrapa par la queue et le ramena près de lui. Ils contemplèrent alors un silence, angoissé pour l'un et réflexif pour l'autre. Clarence sortit de sa léthargie coutumière pour adresser un vague geste de la main à Gwendoline, qui appuya son refus en hochant sèchement la tête. S'il avait été bavard, il aurait expliqué à son AEA qu'il n'avait jamais été agressé jusqu'ici, que personne n'attendait qu'elle s'éloigne pour fondre sur lui – ça aurait été un brin idiot, en plus de ça, et que son pauvre interlocuteur avait l'air de tout sauf d'un dérangé possédant un penchant inavoué pour les armes à planter dans les bras des autres. Des deux, il était celui qui faisait le plus peur.
Homme de peu de mots, il lui suffit d'ordonner à nouveau à Gwendoline de s'écarter pour qu'elle y consente, quoique de mauvaise grâce. L'animal, peut-être vexé d'avoir été mis à l'écart, veilla à tenir la distance minimum avant de s'asseoir dans l'herbe, les yeux violets fixement posés sur le drôle de trio.

Jugeant que la situation ne pouvait que s'améliorer, Clarence se décida à prendre la parole pour rompre la bulle de silence qui les avait enveloppés.

« Elle n'est pas dangereuse. Elle n'attaque si elle me sent menacé. »

Ou si elle se sentait elle-même menacée, mais ça coulait de source et n'avait guère besoin d'être précisé.
De tous les habitants du manoir enchanté, Clarence n'était pas le plus à même de compatir ou d'inscrire « délicatesse » dans la liste de ses qualités, malheureusement enterrées sous une tonne d'indifférence. Heureusement pour le garçon qu'il n'était pas non plus méchant, sans quoi il se serait fait un plaisir de lui imposer la présence de Gwendoline. Il savait néanmoins reconnaître ses torts : un soucis de civilité et d'honnêteté, apprises dans un environnement rigide et qu'il dispensait de sa voix monotone, le poussèrent à s'excuser auprès du renard qu'il avait agacé.

Il aurait aussi pu lui tomber dessus. Un renard était encore moins facile à repérer qu'un homme.

« Je suis désolé d'avoir failli vous écraser. D'habitude, personne ne passe par en dessous. »

On finissait par ne plus s'étonner de parler à des animaux. De voir des hommes passer par les fenêtres. Des boîtes de haricots vivantes et venimeuses, des monstres qui dormaient sous les lits, des portes qui s'ouvraient sur un mur, des armures qui se déplaçaient toutes seules, des gémissements dans la cave... Et toutes les rumeurs qui serpentaient dans les couloirs tapissés de velours. On pouvait s'estimer heureux si on arrivait à s'en étonner.

Quand les peurs acquises de l'autre côté de la porte s'y rajoutaient, on avait vite fait de se retrouver embarqué dans une situation rocambolesque – et Clarence pouvait témoigner qu'elles n'étaient pas toutes plaisantes.
La surface du lac était presque aveuglante, d'ici.
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MessageSujet: Re: Aujourd'hui, on tombe des nues {Istvàn Markovic}   Aujourd'hui, on tombe des nues {Istvàn Markovic} Icon_minitimeMer 4 Sep 2013 - 18:31

Istvàn ne daignait plus bouger, l'animal roux toujours coincé entre ses bras. D'ailleurs, celui-ci ne semblait pas satisfait d'être broyer par les muscles de son coéquipier et tenta de se faufiler au travers pour se défaire de son emprise. Il râla bruyamment, mais n'ajouta aucune parole, juste des gémissements mécontents et des petits grognements. Mais celui n'attira en aucun cas l'attention du plus grand qui gardait les yeux fixés sur l'animal blanc. Non, il ne l'aimait pas, quand bien même elle était sagement posée près de son maître. Et non, il ne daignerait pas bouger.
L'inconnu sembla remarquer la cause de sa terreur actuelle et lui fit signe à deux reprises de s'écarter. Comme quoi, les animaux ont leur caractère. Il ne le savait que trop bien et ce, grâce à monsieur caractériel qui venait de réussir à lui filer entre les doigts pour se poser un peu plus loin, exaspéré. Il se secoua pour remettre son pelage en place et s’assit calmement, boudant le hongrois.

« Elle n'est pas dangereuse. Elle n'attaque si elle me sent menacé. »

Istvàn n'était pas sur d'être rassuré à ces paroles. En fait, non, il ne l'était pas du tout. Et si elle se sentait menacée pour quoique ce soit qu'il aurait pu faire ? Il frissonna à cette idée et préféra détourner les yeux de la silhouette canine pour porter son attention sur le jeune homme. On ne sait jamais, les chiens n'aiment pas qu'on les regarde dans les yeux, il en avait fait l'horrible expérience. Celui-ci pouvait bien ne pas supporter d'être regardé tout court.
Istvàn inspira un grand coup et se décida à se relever, s'appuyant sur ses mains pour se remettre sur ses pieds et ainsi se mettre au niveau du jeune homme aux cheveux clairs. Le hongrois se mit le plus simplement du monde à le détailler du regard, cependant, il ne semblait pas en avoir conscience. Il était plutôt grand, en tout cas, à l'échelle d'Istvàn. Le renard le trouvait géant, un peu trop à son goût et ne s'empêcha pas de lui faire une grimace lorsqu'il semblait s'adresser à lui.

« Je suis désolé d'avoir failli vous écraser. D'habitude, personne ne passe par en dessous. »

L'interpellé fit mine de l'ignorer complètement mais ses oreilles le trahissaient, totalement attentif aux excuses du géant. Istvàn soupira, un peu exaspéré par l'attitude de celui-ci et passa sa main dans sa tignasse noire, dégageant une mèche ou deux qui commençaient à lui barrer la vue. Avec toute cette agitation, le pauvre devenait presque aveugle à cause de ses cheveux trop longs et très rarement coiffés.
Cependant, Istvàn ne toléra pas vraiment l'attitude de son ami poilu et l'attrapa à deux mains pour le soulever et l'amener près du jeune homme.

« Hey ! Tu pourrais faire un effort ... Excuse-toi. »

Il tendit ses bras devant l'inconnu, plaçant le museau du renard au niveau du visage de celui-ci. Il grimaça de surprise, fronçant les sourcils et lança quelques insultes au jeune homme qui le portait. Lorsque toutes les insultes qui lui étaient passées par la tête furent sorties, il se calma mais un grognement mécontent faisait vibrer sa gorge. Il sembla se résigner à s'excuser mais baissa le museau pour regarder le sol. Oui, il était insolent mais non, il n'assumait pas. Il murmura de brèves paroles qui eurent du mal à parvenir aux oreilles d'Istvàn.

« Pardon ... »

Satisfait, même s'il n'était pas sûr d'avoir entendu, il se pencha et reposa l'animal au sol qui retourna à sa place antérieur, continuant de bouder. Le hongrois se redressa et porta son regard sur l'inconnu. Bon, maintenant, il n'avait plus d'excuse pour parler, il lui faisait face directement. Au moins, avec la boule de poil, il avait une sérieuse raison de ne pas devoir lui parler mais là, il était coincé. Il se pinça les lèvres et baissa subitement les yeux, peut-être un peu impressionné par la taille du jeune homme et peut-être un peu plus par sa présence et son air complètement impassible. Le hongrois était sûr qu'une statue ne pouvait pas faire mieux.

[Pardon pour le délai, j'étais plutôt occupée et ma première réponse s'était effacée, j'espère que ça t'ira >w<]
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MessageSujet: Re: Aujourd'hui, on tombe des nues {Istvàn Markovic}   Aujourd'hui, on tombe des nues {Istvàn Markovic} Icon_minitimeDim 29 Sep 2013 - 22:03

...

Clarence fit face au renard avec autant de sérieux qu'il avait fait face au jeune homme. Tel le futur employé face à son patron, il le laissa déverser un sac impressionnant d'injures sans broncher – cette gentille bête au pelage vif n'avait décidément pas sa langue dans sa poche et toujours quelque chose à redire, semblait-il. On pardonnait l'imagination fertile de leurs propriétaires qui, enfants, les avaient ainsi cousus, et le pensionnat qui leur avait donné parole, mouvements et initiative. Peut-être moins au deuxième. Une fois que l'excuse tant attendue se fut faufilée par dessous le museau baissé du renard, le garçon aux cheveux sombres le laissa partir. Celui-ci fit quelques pas dans l'herbe et retourna bouder, les ignorant royalement. Gwendoline avait suivi la teigne des yeux, soupçonneuse tout en se gardant bien de bouger une patte de peur de se faire réprimander. Si ça n'avait été pour la brise qui agitait parfois son pelage blanc, on aurait pu la penser statue de marbre.
Autant que les deux hommes qui se tenaient l'un en face de l'autre et ne pipaient mot. Personne n'avait donné à Clarence le mode d'emploi des relations avec les autres, apprentissage malheureusement avorté trop tôt. Là où certains se tortillaient quand le silence s'imposait plus d'une demi-seconde, lui aurait pu passer des heures à le contempler sans aucune gêne. Seul ou accompagné, il n'y avait pas la moindre différence. Cette distance naturelle et cette incapacité à tenir une conversation se faisaient ressentir à travers sa liste de connaissances et d'amis – fort réduite s'il en était.

Heureusement que le bougre, tout aussi froid et automatique qu'il puisse être, ressentait la nécessité de faire des efforts, plus par soucis de l'autre que pour lui. Ce garçon avait l'air gêné, et il ne devait pas être bien vieux, même si pour quelqu'un qui atteignait presque le siècle, tout le monde paraissait plus ou moins « jeune ». Depuis combien de temps avait-il passé les grilles du pensionnat ? S'était-il fait à la vie qu'offrait cette dimension perdue entre deux parallèles de temps ? Clarence savait que certains n'aimaient pas qu'on les interroge. Il savait aussi que d'autres n'osaient pas se plaindre d'être retenus, même lorsque le retard se faisait pressant.
Clarence aurait pu partir ; demander à Gwendoline de le suivre et serpenter à travers bois. L'esprit de la forêt, qu'il existe ou non, ne lui avait jamais cherché des ennuis. Les rares fois où Gwendoline grognait et regardait autour d'elle, les arbres restaient nus et l'herbe intacte. Il n'y avait rien de dangereux dans cette forêt qui flanquait le parc et le lac.

Un autre jour, il serait parti. S'il avait pu réussir à chasser les taches rouges de sa rétine, il aurait tourné les talons. Regarder ce garçon et se dire que dans quelques mois peut-être, il pourrait être confronté à des horreurs dont il se remettrait pas, réussissait à planter dans son ventre plusieurs clous d'angoisse mêlés de malaise. Clarence se retrouvait étonnamment démuni face à la misère humaine, alors même qu'il avait pensé ne plus pouvoir l'effleurer. Ceux qui prétendaient que sourire était une habitude dont on ne pouvait se départir avaient raison – sauf que cette affirmation venait avec le cortège des émotions négatives et leurs conséquences.

Il ne pouvait même pas tempérer le regard sévère qu'il portait sur l'inconnu.

« Est-ce que ça fait longtemps que tu es arrivé ? »

Tutoiement. Une question un peu brusque, posée sur un ton bourru. Celui qui laissait annoncer une réprimande à sa suite. Clarence n'avait nullement l'intention de jouer les professeurs mécontents ; ni de faire une maladresse. Bardé d'armes et de doutes qui prenaient la forme de craintes illusoires, il aurait aimé pouvoir s'en servir pour protéger, comme le faisait si bien Gwendoline.

La mort colle à tes pas. Ce n'est pas ta faute.
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