«« JE VOUS DETESTE ! ! ! »
Et je repartis de plus belle dans ma course. Je n'avais qu'une envie, c'était de partir loin, loin de ce manoir où tout le monde me fuyait, de ces fantômes qui étaient la cause de tous mes problèmes, loin de ses parents qui n'étaient même pas capables de croire leur fille. Je courais si vite que mes jambes ne touchaient presque pas le sol enneigé. Je ne voyais rien, mes yeux brouillés de larmes. La gorges me brulait. Je m'aventurais dans les sous bois, à l'aveugle, saoule de rage quand tout à coup, un arbre croisa mon chemin. Je le pris de plein fouet! Je tombai à la renverse, sonnée. J'avais un sacré mal de crâne. Je voulu lutter, mais je sombrai dans le néant. Je me réveillai quelques instants plus tard toute confuse. Je m'attendais à me sentir toute trempée, mais non. Je regardais autour de moi. La neige avait disparu et le sous bois avait laissé place à un bosquet d'une dizaine d'arbres. Je ne me trouvais plus à l'endroit où je courais. D'ailleurs je courais étonnement
bien, bien qu'étant dans la neige... Mais où avais-je atterris ?»

Voilà où je m'étais arrêtée. Je me retrouve ici, perdue je ne sais où.
Je me redressai alors. Ma tête me tournait. Le sous-bois glacé et enneigé avait laissé place à un bosquet ombragé par quelques arbres. Un doux soleil me parvenait et me força à placer ma main au dessus de mes yeux. Moi qui avec ma petite robe d'intérieur bleu et mon châle blanc aurait du mourir de froid, ressentais comme un bien être chaleureux.

J'entendais des oiseaux gazouiller et observait les alentours, plus curieuse, qu'inquiète. C'est alors que je remarquai la présence d'un minuscule lapin. Pas plus gros que ma main il arborait un pelage blanc et duveteux et des petits yeux tout noirs me fixaient, une oreille tombante, l'autre droite comme un piquet. Je tendis alors la main vers lui, doucement, prudente pour ne pas lui faire peur. C'est alors que j’aperçus une légère lueur autour de lui puis l'herbe qui le traversait en faite. J’eus un coup au cœur en me rendant compte que c'était en fait un fantôme. Le pauvre petit avait du mourir encore lapereau. Je fus déçu de ne pouvoir le toucher. Je m'accroupis alors et en réprimant un râle du au mal de tête. Je regardai le lapinou en ne pensant à rien, perdu dans sa contemplation. Il était tellement mignon. C'était triste qu'il soit mort, si jeune. Mais je m’étais faite une raison, à force de voir les esprits des gens ayant perdu à un moment ou à un autre la mort. Puis sans que je mi attende, le lapin avança d'un petit bon et posa ses deux petites pattes sur mes jambes. QUOI????, m'étonnai-je intérieurement. Jamais les fantômes n'avaient pu me toucher, l'entendre et les fantômes d'humain ne faisaient même pas attention à moi. J'approchais alors un doigt de lui et frôlai son oreille. Je la sentis! Je précipitai alors mes mains vers lui et le saisi. Le pauvre petit ne sentis pas à cette réaction de ma par et eut un sursaut. Mais il semblait étrangement confiant.
J'avais mes yeux à quelques centimètres de lui. Normalement un gros plan comme ça sur un visage humain aurait effrayé le lapereau mais celui ci se contenta de secouer le nez et de grimper sur ma tête, s'appuyant à mon nez. Il eut peine à grimper et de voire son petit arrière trains si prés me fit sursauter. Le pauvre être si petit ne devait pas être facile tout les jours! Une fois mon nouvelle ami installé je pris une grande inspiration et m’exclamai, pas bien rassurée « Allez Petit Lapin! Partons à la découverte de ce nouveau monde!»
Et je me levai doucement, pour ne pas faire tomber le petit lapin accroché avec ses petites pattes à mon bandeau.
C'est vrai ça! Ça ne peut pas être le même monde que chez moi! Raison numéro une: il y a quelques minutes encore je courais dans la neige, puis je me suis cognée et plus de neige! Raison numéro 2: je n'ai jamais pu toucher ni entendre un fantôme! Et ici ce lapin fantôme me grimpe dessus et en toute confiance de surcroit! Étrange non? En tout cas quand je sortis du bosquet d'arbre je fus étonnée de me trouvé face à un magnifique domaine verdoyant. En contre haut se trouvait un immense château. Je me mis donc à gravir le bute sur laquelle se trouvait la bâtisse. Elle était réellement immense! Je me trouvais actuellement derrière. Je contournai alors la façade ouest, en prenant garde de na pas dépasser devant les fenêtres -sait on jamais si les propriétaires n'aiment pas les visites imprévues- et me retrouvée devant un encore plus magnifique château que je ne l'aurais pensé. En forme de U avec un grande tour centrale - qui me donne d'ailleurs bien envie de l'explorer...
Je pris mon courage à deux mains et m'en alla frappa à la porte. Une fois... Deux fois... Trois fois... toujours personne. Je voulu ouvrir la porte, mais à peine ai-je touché la pognée, que celle-ci s'ouvrît. Ça fait un peu froid dans le dos n'empêche... Je pénétrai alors timidement dans l'immense manoir. Je ne passais que la tête par l'ouverture de la porte. Il était désert. Je m'apprêtais à rentrer quand tout à coup deux enfants passèrent riant. Puis quand ils me virent ils s'exclamèrent plus qu'étonnés « MAIS TU NOUS VOIS !!!! »
De peur et de surprise je tombai en avant en ouvrant grand la porte d'entrée qui claqua fort contre le mur. Quoi les fantômes humains aussi peuvent me voir?? Mais où est-ce que j'avais décidément atterri?

Je me sentais toute tremblante. Je ne savais vraiment pas quoi faire. Si c'était le propriétaire des lieux je ne suis pas sur qu'il aurait apprécié qu'une fillette débarque comme ça chez lui sans y être invitée. Elle se serait bien transformé en lapin comme son ami pour pouvoir déguerpir en vitesse. Tien! D'ailleurs lui n'avait pas l'air bien apeuré. Il restait là a ses pieds. Il remuait son petit nez et ses petites oreilles en rythme. Sa vue me ressuerait un peu. Mais lorsque le jeune homme s’accroupit à ma hauteur, je dut réprimé un sursaut. Je relevai un peu les yeux. Son visage était calme et accueillant. Il ne semblait pas me vouloir de mal, juste m'aider. Je me détendit alors. Je ne fut qu'à moitié étonné quand il se mit à regarder le lapin. Comme, peut-être est-ce normal dans ce monde de voir les fantômes.... Quoique. Pourquoi les deux enfants avaient eu l'aire si étonnés quand il se sont rendu compte que je les voyais.
L'inconnu semblait bien attiré par le lapereau. On aurait presque dit un enfant à la lueur de ses yeux en oyant le petit animal blanc et duveteux. Puis il détacha son regard de la boule blanche et s'adressa à moi. Je ne put m’empêcher de rebaisser les yeux.
« C'est bon, hein, tu crains rien. J'ai encore mangé personne, tu... »
Puis il s'arrêta. Pendant qu'il parlait il avait essayé de caresser le lapin. Mais à son étonnement - et au mien aussi- il ne réussit qu'à se retrouver la main traversant l'animal. Celui ne semblait d'ailleurs que guère apprécier. Le jeune homme aux cheveux blanc tenta en vain d'attraper l'animal. Je trouvais assez drôle la manière dont il regardait mi étonné mi agacé sa main ne faisant que agripper le vide. Donc en fait les gens pouvez le voire mais pas le toucher...
« Euh, ouais, tu... Tu t'appelles comment ? » dit il finalement en laissant tomber le lapereau.
Mais moi je n'avais plus qu'une idée en tête: peut-être qu'en fait c'était LUI qui était fantôme!! Bon! Il y aurait des contres sens: vu que lapinou ici présent est un fantôme, le jeune homme aurait du pouvoir le toucher, de plus il aurait du être aussi étonnés que les deux enfants en m'ayant vu le voire, et enfin j'aurai du voir un peu à travers sa matière translucide et légèrement bleutée... hors non. Je le regardai alors avec de grand yeux, essayant de voir à travers lui. Le lapin lui se contenta de grimper sur mes jambes pliés pour se réfugier sous mon châle.
Et voila tout ce que trouva à faire: lui planter un doigt dans la joue avec un air hébété et stupide.

Pfiiiiou! C'était passé! Il me souri d'un sourire franc et lumineux. Je me senti rosir légèrement... Jamais un garçon ne m'avait souri - en dehors de Lans bien sur. Il était bien plus vieux bien sur, mais tout de même... Il était mignon et le faite qu'on me sourisse aussi sincèrement surtout après ma remarque par rapport aux fantômes, ça me faisais chaud au cœur. Mais sa façon de parler me faisait bizarre, il s'adressait très peu formellement. Il ne me connaissait que depuis quelques minutes et il était déjà très amical... Ça ne me dérange pas mais ce ne sont pas des choses qui se font normalement, encore moins pour le propriétaire d'un aussi magnifique château! Mais cette idée fut balayé par la déclaration du jeune homme qui devenait de plus en plus aphone... C'est absolument horrible de plus avoir de voix, je peux en témoigner après le nombre incalculable de rhume que j'ai eu!!
«Par contre, euh... On est genre, enfermés ici. Tu devrais peut-être lire le panneau.»
Hein? C'était une blague? Ou peut-être était-ce seulement un problème avec la porte... Non stupide! Je l'ai bien ouverte pour rentrer, et puis il reste les fenêtres. De plus, la voix du blond était soucieuse et perturbée par cette déclaration. Je m'approchai donc du panneau d'affichage à côté de la porte. Il y avait quelques mots, des papiers sur lesquels se trouvaient diverses écritures plus ou moins facile à déchiffrer. Étrangement tout était en hollandais parfait. Je n'aurait pas pensé que même dans un autre monde on parlait ma langue. Ou peut-être est-ce dut à un sort, sait on jamais, vu la façon dont je suis arrivée, tout est possible. Et puis le garçon a parlé de "traducteur" tout à l'heure... Enfin bref! Je me mis à lire les mots. Un phrase revenait souvent: "Cet endroit maudit vous retient prisonnier" ou "Cet endroit est scellé de l’intérieur".
«C'est pas super marrant, je te préviens.» ajoutât-il pendant que je lisais.
Tu m'étonne, être enfermée dans un château dans un autre monde, c'est pas le genre de truc qu'on à envie de vivre tous les jours J'avais envie de croire que tout ceci n'était qu'une blague du propriétaire, mais un sentiment m'écrasant le cœur me disait que non.. Je me retournai vers mon bienfaiteur et levai un regard où brillait une dernière lueur d'espoir.
«C'est... C'est une blague... Hein? demandai-je d'une petite voix. C'est pas possible autrement...Je.. Nous ne pouvons tout de même pas être enfermé. Si?»
J'avais mon cerveaux qui était entrain de griller.. Et mon cœur aussi à force de battre à une vitesse ahurissante causé par le malaise que je ressentais. Si je suis réellement enfermée, cela signifie que je ne reverrai plus jamais mes parents, Lans ou Gran'ma... Que je ne pourrai jamais convaincre tout ces gens que je voudrais voir me croire... Que je ne pourrai jamais faire comprendre à mes parents que je ne suis pas folle! Je ne pourrai jamais dire à Lans à quel point je l'aime! Je ne... J'avais l'impression de suffoquer. J'avais mal aux poumons. J’agrippai ma robe sur mon cœur de ma petite main blanche et tremblante. Je me sentais mal, prête à défaillir.J'avais toujours été d'une nature sensible, mais là c'était trop.

«Euh, c'est pas une blague, non. Mais c'est pas si grave, tu vois ! Il faut positiver !
C'était une blague? Je me retrouvais enfermée dans un château et il fallait que je.... positive? Mais... Mais j'avais perdu mes parents, mon ami, ma grand-mère, mon village, ma maison, ma vie! J'avais tout perdu et tout était resté derrière moi. Et le garçon, malgré qu'il soit sympathique et donnant envie d'aller dans son sens, me semblai bien trop insouciant, frôlant la bêtise. Je le regardais d'un air à la fois dépité et sceptique. Ma tête devait surement avoir une drôle d'expression, pas des plus avantageuse ni plus avenante. Puis dans un souffle je me renfrognai, comme à mon habitude, regardant mes pieds, désespérée. Moi qui voulait tout sauf revoir mes parents quelques minutes plus tôt, j'aurai tout fait pour être à leurs côtés à cette instant, sentir les bras frais de ma mère m’étreindre, la grande main de mon père caresser maladroitement le haut de mon crâne... Et levant le regard un peu derrière moi je vis un jeune enfant spectre. Il ne devait pas avoir plus de six ou sept ans. Timide il se tenait dans un coin, et quand il compris que je le voyais il parut reprendre un semblant de couleurs. Seulement tout était de leur fautes. Si je ne les avaient jamais vu, si je n'avais jamais eu à faire attention à eux, jamais mes parents ne m'auraient prise pour un folle. Jamais quelqu'un n'auraient sous aucun prétexte voulu être mon ami. Jamais on ne m'aurait mise à part. Jamais on n'aurait voulu me séparer de Lans. Jamais je n'aurais voulu ne plus les revoir. Jamais je me serais enfui.... et jamais je ne me serai perdu dans cet enfer. Mon regard se durcit et je foudroyai l'enfant de toute la haine que mon petit corps pouvait contenir. L'enfant pâle avenant jusque là se plaqua au mur et se rappelant qu'il était un fantôme, décida de disparaitre à travers, ne laissant place qu'à la tapisserie riche. Je soufflai, m'agaçant de ma propre méchanceté.... Lui, il n'avait rien fait et il venait de trouver quelqu'un qui pouvait le voir, lui faire se sentir moins seul. Je m'en voulu un instant, baissant le regard vers le sol dallé, des larmes me montant aux yeux. J'étais dos au grand garçon et avais presque oublié son existence. Je me sentais seule avec ma peur, seule avec ma tristesse et seule avec mon désespoir. Je serrai encore plus mes bras contre ma frêle poitrine. Je ne sentais plus rien en moi, comme si mon corps avait perdu toute sensibilité. Je n'avais plus conscience que d'une chose: mon corps empli de peine. L'horrible peine. Celle qui fait mal. Celle dont on voudrai mourir pour en plus la ressentir. Celle qui fait que notre corps est léger de toutes sensations et douleurs, et que notre âme est aussi lourde que le plomb, emplie de douleur et d'ombre. Celle qui fait que l'on ne pense plus, qu'on ne fait que regarder le néant enlaçant notre esprit.
« Enfin c'est... On cherche un moyen de sortir, donc t'as pas à t'en faire. Ça va aller quand même ?
A ces mots, je sorti de mon semi coma. Mes yeux devinrent ronds comme des billes et mon dos se redressa. Je me retournai d'un mouvement vif, mes larmes s'envolant des mes yeux, luisant comme des petits diamants dans les airs. L'espoir venait de poindre en moi avec une audace inouïs.
C'est fou comme lorsque l'on a vraiment plus que du noir dans notre cœur, la lueur d'un bougie parait aussi intense que celle du soleil, aussi chaude qu'un feu crépitant et aussi douce que la lumière d'une luciole. Mes yeux encore humides s'emplirent d'allégresse et de doute mêlé. D'une petite voix encore cassé par les émotions je lui demandai:
« Une sorti? Vrai de vrai? Une pour retrouver notre vie? Nos parents? Nos amis? Une sorti pour... sortir? »
Oui cette dernière question était absolument stupide. Mais je m'en moquait bien de rechercher de belles tournures. Si il y avait une sorti, je la trouverai. Je ne voulais à ce moment qu'un seule chose: avoir l'espoir de trouver une solution.

« Oui oui, une sortie, vraie, pour sortir, tout ça... Enfin on l'a pas trouvée ! Mais on cherche. Donc, t'en fais pas, hein. » me répondis en souriant le gentil homme, dont je ne connaissais pas le nom.
D'entendre le blond prononcer mes propres mots finis de me convaincre sur la stupidité de ma réplique. Et malgré la semi bonne nouvelle qu'étais au finale celle de cette sortie sans avoir par où, je ne pu m’empêcher de sourire, excessivement soulagée au vu de la situation. Je n'avais envie de m'accrocher qu'à cet espoir, le reste étant trop dur pour le supporter... Pas pour l'instant. Mes nerfs se partageaient entre l'envie de lui sauter dans le bras, ce qui serait fort inconvenant, et celle de lâcher toutes activités censées et de fondre en larmes au sol. Le trop plein d'émotions n'était réellement pas fait pour moi. Je tentais donc de respirer tant bien que mal, mes battements de cœur revenant à un rythme raisonnable. Désormais, dans mes yeux, aux côtés de l'anxiété et de l’appréhension brillait le soulagement.
Me sortant de mon mutisme imbécile, mon nouvel ami à grandes oreilles pas tout à fait commun vint me renifler les sandales puis posa ses petites pattes sur le cuir noir, réclamant de l'attention. Prise de tendresse, je me baissai et l'attrapa prudemment sous les coudes, les mains tremblantes, prudente. J'avais l'impression qu'à tout moment il pourrait se couper en deux, disparaitre, comme aurait dû le faire un fantôme. Il n'en fut rien. Je senti sous mes doigts la fraicheur de son corps immatériel. Les silhouettes des mes paumes transparaissaient comme des ombres à travers l'esprit. Finalement intriguée par ce drôle d'être, je le soulevai jusqu'au niveau de mon visage, dévisageai son petit corps et tête. Il était vraiment semblable à un petit lapin, sous toutes les coutures. Hormis son teins bleuté et transparent bien sur. Il avait d'adorables yeux ronds et noirs. Une expression incroyablement calme et intelligente, pour un lapin, dans le regard. Une oreille tombante il me regardait d'un air abruti, son petit nez remuant ridiculement vite.
Avec un petit sourire attendri je le blotti dans mes bras et lorgnant vers l'homme blond je hochai de la tête pour toute réponse à sa question. Finalement ma curiosité, alimentée par l'inquiétude de l'inconnu, pris le dessus sur ma timidité et je me pris à oser poser une question... Puis une autre.
«M... Mais on est ou exactement ici en fait? Et comment savez-vous qu'il y a une sortie si vous ne savez pas où? Je peux aider à la trouver? Je suis petite et discrète! Je me fond partout! Et je veux vraiment sortir! Et puis comment vous appelez vous? Vous connaissez mon prénom mais pas moi!»
Emballée par mes mot je me suis mise à m'approcher de lui, hissée sur la pointe des pieds pour paraitre plus grande, les yeux grands ouverts d'enthousiasme. Quand je me rendis compte que j'avais pénétré son espace personnel, je rougis et me repris, reposant mes petits pieds au sol, les yeux baissés. Je gardait néanmoins un petit sourire amusé et gêné, entrecoupé des mordillements que j’infligeais à ma lèvre inférieur.

« Euh... On est dans un endroit bizarre, on sait pas trop en fait, répondit-il dans un haussement d'épaules. Mais ouais, la sortie... Ben, on cherche des feuilles qui sont sensées nous renseigner là-dessus. Tu pourras aider, si tu veux !»

Je levai des yeux brillants et ravis vers lui. Il fallait donc trouver des feuilles. Des feuilles? Ça sert à rien des feuilles. Enfin si. A écrire nos pensées. A faire des leçons d'orthographe ou de mathématiques. A écrire des instructions aussi. Celles-ci étaient surement remplis d'instruction. Alors il fallait les trouver. Pour sorti. Pour rentrer. Pour retrouver la maison. Pour retrouver Lans. Pour retrouver Grand-ma'. Pour m'excuser au près de mes parents. Pour réparer ma bêtise. J'avais honte de m'être enfuie et je culpabilisais. Beaucoup. Mes parents devais commencer à s'inquiéter. Ils n'allaient pas tarder à lancer les recherches. J'étais leur seule enfant, leur petite fille, et maintenant j'avais disparu. J'étais vraiment stupide!
Mais je m’interdisais de replonger dans le malaise. Pas maintenant qu'une lueur d'espoir me soulageais enfin. Il fallait y croire. Y croire et persévérer. Je mettrais toute mon énergie dans la recherche de ces feuilles. Mes derniers espoirs! La clefs fragmentés de ma libération.

«Je m'appelle T.J ! Ou Tyler, si tu préfères. Enchanté, Celenne, se présenta-t-il avec une révérence si médiocre qu'il m'arracha un gloussement timide. Oh ! Tu veux que je te montre ta chambre, peut-être ? Elles sont à l'étage.»

De son pouce le blond indiquait le large escalier. Il était si semblable à celui qui trônait dans notre entrée. Majestueux, imposant, du beau bois de valeur, un tapis de velours. En tout point semblable, jusqu'au détail qui fâche: un fantôme. Il rêvassait, appuyé à la rambarde. Il était grand, peut-être plus que Tyler. Malgré sa pâleur fantomatique on discernait bien sa peau foncée. De longs cheveux drôlement tressés lui tombait sur les épaules. Étrange tenue. Et sa coiffure était vraiment... Spécial. Les hommes ne portent pas les cheveux longs, ou alors noués sur la nuque. Et certainement par tressé de la sorte.
Mon regard était semblable à des mitraillettes. Pas tellement à cause de sa tenue. Non, ça il allait falloir que je m'habitue. Les gens ici semble fort différent de chez moi. Non, ce qui me valait ce regard inquisiteur était le fait qu'il soit un fantôme. Mais c'était à cause d'eux que je me retrouvais ici. Si il n'avait jamais existé, si je n'avais jamais eu ce fichu donc, jamais mes parents ne m'auraient cru folle. Jamais ils n'auraient voulu me séparer de Lans. Jamais je ne me serrai enfuie. Et jamais je ne me serai retrouvée dans cet endroit.

«Dites... Il y aurait-il un autre chemin?»

J'avais une voix presque suppliante. Je continuai de fixer le fantôme. Si désinvolte. Si paisible. Si innocent. Mais moi je lui en voulais. Pas à lui en particulier. A tout ceux de son... espèce. Alors mon regard se faisait froid et dur. Ils ne méritaient que ça. La froideur et la dureté. La mort. Ce qu'ils sont censés être. Morts. Enterrés. Disparus. Alors pourquoi ils étaient là? Pourquoi restaient-ils là? Et pourquoi il n'y avait que moi qui les voyais? Je n'en avais pas envie. Je voulais les oublier. Mais ils étaient là en chair et en... En plasma et en souvenir.

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