Pseudo Hors-RP : L&M • Age : 29 • Pouvoir : Se transforme en fille en mangeant des oranges alternatives. • AEA : Un ours ou un bébé phoque géant. • Petit(e) ami(e) : #toomainstream
Sujet: Se perdre pour mieux se retrouver; Acte 2 [White] Mer 15 Jan 2014 - 17:36
Miroir, mon beau miroir, quel sombre secret se cache au plus profond de mon âme?
Je ne suis pas le reflet du monde. Et je regarde, intensément. Un murmure, terreur profonde. Qui suis-je vraiment ?
Il inspire, profondément et se force à ouvrir les yeux, il s'accroche doucement à la rampe de l'escalier, sur le point de vaciller. Il s'y appuie fermement, comme il peu, jette l'ancre pour ne pas dériver. Il récapitule les derniers événements, essaye de démêler le vrai du faux, perdu dans une semi réalité, entre le conscient et l'inconscient. Il regarde les détails, touche, inspire, aspire, sent, écoute, éveille ses sens, pour être certain qu'il n'est pas encore coincé dans la dimension de l'artiste de génie. La limite entre le tangible et l'immatériel était floue. Son « ici ».
Ici. Il grimpe doucement une marche, un air simplement blasé sur le visage. Le bois craque sous la semelle de ses chaussures à l'effigie de l'univers. Il foule du pied cette contre-utopie, avec toute la sérénité dont il pouvait faire preuve. Une pensionnat, un peu manoir, un peu école, un peu ville, un peu prison, un peu univers, devenu désormais les limites de son existence. Une autre marche. Et la vie continue. Et il s'adapte, enfin, il essaye. Et il grimpe encore, la main sur la rampe, les doigts agrippés fermement comme à une bouée de sauvetage. De son « ici », il ne sait rien, ou presque.
Des mots reviennent danser doucement dans son esprit. Magie. Enfermés. Toujours. Ami. Vous. Il papillonne des yeux. Des mots. Pas des faits. Il n'avait pas encore croisé Harry. Ni même Houdini. Sceptique. Un peu. Sur ce point au moins. Sa raison s'accrochait comme elle le pouvait aux règles du monde réel, l'étroitesse de l'homme refusait simplement d'admettre que la poudre de perlimpinpin avait de réelles propriétés surnaturelle, pourtant l'artiste était prêt à croire et l'enfant aussi. Déchiré en trois, presque en quatre. À croire que l'impossible était maître ici. Et Jules se perd encore plus dans son esprit et ses contradictions le tourmentent, son visage était grave, ses yeux se perdaient par delà les murs défraîchi de cette prison élégante.
Dans cet univers restreint, il comprenait douloureusement le sens des mots « enfermement », « impasse », ils avaient fait parti de son vocabulaire... Lui et ses amis les avaient utilisé pour décrire l'air moderne, cyniques, révoltés, désabusés, avec le panache et l'innocence des enfants des pays multi-nationalistes, à l'abri des inégalités et de la misère. Le nez à présent presque dans la boue, il comprend, il rit, l'homme se plaint, l'enfant se relève et l'artiste s'enfonce dans une dépression créative. #cruality
Il se force à grimper l'escalier, la gorge presque nouée, presque effrayé par l'inconnu. Il aurait voulu partager cette expérience avec l'un de ses amis. N'importe lequel. Pour donner plus de consistance à cette nouvelle réalité. Il allait sans doute sortir grandi de cet expérience ou bien sombrerait-il dans la folie ? Il se tâte. Il y avait une certaine beauté dans le chaos, dans la folie, régresser ou grandir, une opportunité unique de transcender son être. C'était hype. Ça lui donne un peu plus de courage. L'homme se rassure, l'enfant n'y comprend pas grand chose et l'artiste relève la tête. Plus il grimpe, plus il laisse ses appréhensions et sa vie derrière lui, sera-t-il capable de s'abandonner à ce nouvel environnement une fois au sommet ?
Jules se retourne un instant, ses yeux sombres fixe la porte du hall. Il se souvient s'être approché d'elle, de nouveau, avec sa démarche chaloupée, un air blasé sur le visage. Il l'avait poussé, tiré, commandé, sésameouvreté, mais rien, elle n'avait même pas grincé. Il relâche son deuxième soupire de la journée et se retourne. Il ne pouvait décidément plus faire marche arrière, de toute façon. Il ferme les yeux, inspire, expire et se laisse aller, comme cette fois, dans le métro. Et à chaque pas, il en tire une nouvelle victoire contre son hésitation.
Et finalement il y arrive. Il pose le pied sur la dernière marche et se retourne, victorieux. Alors il se rend compte qu'il n'y a personne d'autre autour avec qui célébrer sa victoire. Il range donc soigneusement sa liesse, reprend son petit air blasé et part à la conquête de ce nouvel environnement, appareil photo en main pour mitrailler l'insolite et l'immortaliser. Et il avance, ses yeux se baladent sur les murs pour y dénicher des petits secrets.
Le couloir semble sans fin, il garde quand même courage et s'enfonce plus encore dans l'inconnu, bien décidé à s'y perdre encore. Il s'arrête un peu, sursaute en entendant le plancher grincer. Trop nerveux, bien trop nerveux. Il inspire, expire, essaie de maîtriser ses sentiments, de s'accrocher comme il le peu à sa blasitude. Paniquer en de telles circonstances serait bien trop mainstream... Il n'était pas homme à se laisser surprendre habituellement. Alors il s'accroche à cette certitude et décide une nouvelle fois d'enfermer ses peurs, pour le moment. L'artiste s'en réjouit, il pourrait se défouler plus tard sur son cahier, l'homme s'enhardit et l'enfant sautille de joie.
Il entend du bruit et s'arrête, hésitant, était-il prêt à rencontrer d'autres prisonniers ? Il sa plaque contre le mur, sociabiliser, ça n'avait jamais été son fort. Pourtant il avait mille questions à poser, son esprit voulait comprendre, apprendre... Parler aux autres ou rester seul... Cruel dilemme... Finalement il se détache du mur pour recommencer sa visite improvisée, il pourrait y revenir, un jour...
Il tourne prend de nouveau des escaliers et les monte rapidement cette fois. Il n'était plus assailli par le doute et la peur, enfin plus vraiment. Il était juste curieux pour le moment. Il découvre un énième couloir, il soupire encore, finalement l'endroit ne semblait pas construit différemment des autres bâtisses du monde réel, lui qui s'attendait à trouver des passages secrets et des armoires pleines de squelettes. #laaaaaaaame... Un peu déçu il reprend la marche, observant les choses avec moins d'insistance, décidé cependant à visiter chacune des pièces de ce second étage...
Il regarde la première porte, ferme les yeux, inspire profondément et se lance, sans peur et tombe nez à nez avec … lui-même. Il se fige, un instant surpris. Il avance la main, en direction de la joue de son double, lentement, jusqu'à ce que la glace d'un miroir suspende son geste. Il rit de sa naïveté et s'approche plus encore du miroir pour y coller son nez dessus. Il scrute l'intérieur à la recherche d'Alice ou de White Rabbit ou d'une sortie magique, mais il ne voyait rien à par lui-même et l'embrasure de la porte. Marmelade se détache donc et continue dans cette pièce aux miroirs, délaissant son reflet, qui lui était pourtant bien resté à l'intérieur du miroir et arborait un sourire inquiétant... Une ombre veille ici. #beware
Le souffle court comme un roulement de tambour, comme les coureurs ignorant soir et jour, comme la nuit avec le chauffage, comme le poing dans le plastron, comme un résultat efficace des crèmes anti-âge, comme le silence qui chante en classe sa leçon. Le souffle court des pages au texte et au background couleur noir. Le souffle court de la buée chaude sur les lunettes, sur les yeux – dans la douche, dans la salle surchauffée, dans le corps en fusion au milieu du vent glacé. Entre le vent glacé. Le sol glacé. Un carrelage, du parquet, on s’en fout. Elle s’en fout. Tête en bas, corps en bas. Respire. Ecrase. Expire. Déphase. Tant mieux. Tant pis.
A l’aveuglette, elle écoute le tonnerre asthmatique et contemple ce qu’il n’y a pas à contempler, le vide intersidéral du trop-plein qui déborde. La couverture écrasée sur le nez. Les pages balayant son bâillement. Elle est debout, par terre, à plat. Le monde s’est mis à tourner et le rideau est une façon de mettre un stop pour s’y enrouler, dans ce plaisir, cette excitation intense de l’ivresse. Une ivresse due à pas grand-chose. Elle s’est auto-étourdie, pareille à la méduse se démenant dans le bleu hallucinatif de chez Nemo. Crevée. Fatiguée. Tourneboulée. Bien. Si bien. Les paupières descendent le store légèrement.
Par narcissisme et par jeu, elle s’était aventurée dans les méandres délirants du Pensionnat, abrutie d’énergie à dépenser, le nez rempli d’acariens et la tête saoulée aux questions. Sur le tic-tac des horloges, elle se souvient, en replaçant le puzzle sur le tapis, d’avoir organisé une soirée en mode solo dans la salle de bal, d’avoir eu une discussion philosophique longue et hargneuse avec Elle sur la misanthropie humaine, et puis, et puis… Froncez le nez, vaillante souris à la recherche d’indices, c’était flou, embrouillé, un fouillis ou un fatras, avait dû s’écrouler, après avoir fait le zombie, mains tendues, radar aveugle qui flashe tout ce qui ne bouge pas, qui marque la scène – cour, public, jardin, régie, escaliers, coulisses, cabine d’essayage, costumerie. Les tableaux en évidence, les pieds à l’ignorance. Ca rime, c’est beau, on n’avance pas, t’as foutu quoi. Go home ur drunk. Même pas. Y’a que l’aiguille de la montre qui beugle, meugle, gueule. Trop veule. Hélas. Genre. Six heures du mat’, l’organisme à la ramasse. La pendule ne veut pas se re-régler, merde, et maintenant ? Se coucher à perpète-les-oisillons, c’est pas dans les trois règles à respecter, pas vrai, Jack.
Il fait sombre comme dans une boîte sans trou, même sans rien sur la figure. Le bouquin a du rencontrer le parquet ; ses oreilles répondent juste à coups d’acouphènes. Reuh, je n’en sais rien du tout, basta. Des tympans qui valent des timbales. Mister Good-Deal. En toutes circonstances. Le corps finit par compter le nombre de pulsations. Une, deux, tada-tada, tada-tada. Bom. Arrête de faire la morte. Quelques jappements qui lui disent que ton dos rit de toi, hahaha. Assez traîné, le buste se retourne façon crêpe, Ice se mit à larver, parce que être plantes de pieds du bon côté, c’est exténuant, voyez-vous grand-mère. S’ajuster en rampant, c’est moins d’électricité corporelle ou peu-importe-le-terme qui se perd, et l’orientation en a déjà pris pour son grade. Le front aussi, tandis qu’hurle l’avertissement – surface qui fait boïng, frisquette, lisse, pas de dommages collatéraux mais voilà aussi, n’exagérons pas, à l’horizon ! Okay, hockey. Sweetie. Renifle. Colle la joue. Léchouille. Frotte le doigt. Fantastique. Au vu du bruit qui « gniiii »te de la manière la plus stridente et désagréable à l’estomac comme à Louis, à l’ouïe, huit, ce miroir devait en voir une belle. Et se bidonner d’être ainsi traité. De la salive humaine, un vrai don du ciel. C’est du « Bang ! Dîtes adieu à la saleté » qu’il leurs faudrait. Pas une sorte d’hurluberlu en train de lézarder. Et frotte frotte frotte. On y distingue goutte, les échardes sont heureuses, les omoplates percluses de fourmis.
Bong, encore une glace. Je rampe, je me traîne. Et puis oh, un Bordeaux contre une bière que c’est cette pièce, cette drôle de pièce à narcissisme encouragé, avec « portrait-sans-titre-de-l’art-contemporain ». Weed. Don’t smoke. Les dédales, elle n’en rêve pas, pas besoin, il y a déjà un stock interne, pour faire quoi alors, on se le demande. Les vitres s’enchaînent, en bonne production de masse, c’est à se demander où est l’usine. Risible. L’odorat jouant les aspirateurs, autant lâcher l’affaire. Atchoum les crachouillis. Successifs. Se succédant. Des successeurs. Qui se chargent de la succession. Tom Postillon[ner] embrasse le bois-support.
Tac tac, gniiih. Les cloisons sont fines, les bruits s’arment d’allures énormes, amplifiées comme la caisse de la batterie faisant son barouf en douceur. Qui est là, par où, pourquoi. Je te jure que ça peut être embarrassant. Un arrêt. L’ascenseur qui ne routine plus, l’aventure qui ne franchit pas le seuil, la compagnie qui considère si la compagnie est bonne compagne. L’écho crie encore, quelque part par delà la boîte, fouille. Un éclat de rire s’élève, on s’amuse bien, on dirait – peut-être ne faut-il pas chercher grand-chose de plus. C’est léger, surpris, étonné, ça tintinnabule. Qui c’est, qui c’est, je peux m’incruster ? Marche, souffle, mords. Pas, pas, pas. Pas. Avec un soupçon de fatigue, tapote le carreau. Ligne :
Au doigt. Silence, silence. Il vaut mieux, d’une manière, ne pas rouvrir les yeux, sinon, on ne les refermera plus, le couvercle sera sûrement arraché, qui sait. Il vaut mieux être une taupe amblyope et de tout renverser sur le chemin, limacer comme on s’escargotte. Il vaut mieux se signaler, c’est une proposition, les tatamis ne sont pas encore fabriqués dans le coin, faisons-en abstraction pour venir à la rescousse du monde.
-Des Skittles si on m'apporte un comprimé d’acide acétylsalicylique. Et la pelote d’Ariane sans option paillasson, doigte la balance. Un quart pour la picturalisation. Si je parle à Dieu l’invisible, ne m’arrêtez surtout pas.
J’aime me fantasmer un complexe d’hybris. La voix porte, les ombres se baladent, fondues dans le goudron des clairs-obscurs, le mille-pattes saute à pieds joins sur le dos du Jabberwock. C’est pas la date idéale pour acheter un calendrier, ni de mettre le crâne dans les chaussures. Tomber dans un trou, pour se hisser à la force de quelle échelle, c’est pas prévu dans ce terrier, dans les jardins de la Reine de Cœur, qui s’entrelacent et se perdent, dans la mémoire, dans les ciseaux, acharne-toi, arrache tout.
Ne frémis pas, concentre-toi sur autre chose. En attendant qu’on te mette le grappin dessus, c’est un métro, avec son plan, ses couloirs interminables, ses flèches cachées, ses clochards encapuchonnés de noir qu’on oublie de remarquer. On raconte des histoires sordides, grotesques, surréalistes, trop réalistes, au détour d’une nuque, d’une jupe, d’ouïes exposées, une violence psychologique comme Vincent Cassel et son lac des cygnes se plaisent à prolonger, à exalter, à murmurer. Autant charger les tentacules doucereusement.
Urgh, désolée, c'est pas de la grande qualité, mon post ressemble à une cacahuète surannée. Par ailleurs, tu peux traduire la ligne de morse ici o/
EDIT 2: Normalement c'est corrigé, ça devrait fonctionner
Pensionnaire
Jules Sinclair
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Pseudo Hors-RP : L&M • Age : 29 • Pouvoir : Se transforme en fille en mangeant des oranges alternatives. • AEA : Un ours ou un bébé phoque géant. • Petit(e) ami(e) : #toomainstream
Sujet: Re: Se perdre pour mieux se retrouver; Acte 2 [White] Mer 12 Fév 2014 - 16:58
C'est l'histoire d'une curieuse, de peureux et d'observateurs. Sans queue ni tête. La folie se tâte.
J'ai rencontré Lucie ou Alice J'ai rencontré Aslan ou Lapin blanc J'ai connu la femme et le caprice J'ai fuis l'homme et le courtisan
Elle frôle doucement les murs de ses doigts, incertaine, perdue elle-même. Elle se raccroche comme elle peut à la stabilité du mur. Elle s'égare parfois, va pianoter du côté des miroirs, curieuse, s'attendant presque à frôler l'intangible. La main de Jules
Ils s'avancent, lentement, presque trop prudents, laissant la curieuse délimiter un peu son espace. Ils ne savent pas où ils vont, forcément, la tête pensante n'en sait rien aussi. Ils se contente de bouger. De soutenir. De découvrir. Les pieds un peu trouillards de Jules.
Et eux, ils scrutent. Parce qu'ils ne peuvent rien faire d'autres. Ils accrochent leur reflets, s'agitent lorsqu'ils pensent déceler quelque chose de suspect. Et ils ont toutes les raisons d'être ainsi agités. Parce qu'ils les avaient remarqués. Ces infimes différences dans ces pseudos reflets. Un sourire à peine voilé. Des mouvements incongrus. Des têtes qui s'inclinent. Des crocs qui s'allongent. Des regards trop brillant. Animosité ? Curiosité ? Ils n'arrivent pas à faire la différence. Et les reflets ne reflètent plus vraiment son image. Pâles imitations. Dangereuses contrefaçons. Les yeux de Jules.
Mais Jules lui, comprend. Que quelque chose ne va pas. Que ces miroirs ne sont pas de simples miroir. Et même Alice l'aurait compris. La situation ne l'incite cependant pas à la prudence, parce qu'il n'aime pas faire comme les autres. Parce qu'il se pense à l'abri du White Rabbit juste parce qu'il avait déjà trouvé l'armoire magique ou le métro magique, dans son cas. Lewis Carroll et C.S Lewis ne pouvaient pas le happer tous les deux dans différentes histoires... Différentes, mais semblables. Que dire d'une galerie de miroir étrange dans un Pihi très narniens ? D'un lion, d'une petite fille et d'une vilaine reine ? L'homme rit, amer, l'artiste s'inspire et l'enfant s'émerveille.
Taptaptap. Quelqu'un tape de manière régulière. Un pivert ? Un morse qui communique gauchement ? Un langage codé ? Un télégramme ? Ou bien le piège vicieux d'un monstre caché dans un miroir, prêt à échanger sa place avec quelques pensionnaires bien malavisés... Il ne bronche pas, la curieuse toujours à tâter les étranges réflexions et ses peureux s'enhardissent un peu plus et le soutiennent du mieux qu'ils peuvent. Les sens aux aguets, les scrutateurs scrutent avec plus de curiosité ou de frayeur.
Que se cache-t-il au bout de cette galerie de psychés ? La folie ou la raison ? Il s'embrouille, se lance, s'expose aux reflets diaboliques. Pour avancer vite il faut aller lentement car pour faire du surplace il faut courir vite. Marmelade esquisse un demi-sourire, plongé dans des réflexions inspirées par la réflexion étrange de son reflet qui semble réfléchir lui aussi. Il est perdu, définitivement, mais n'est-ce pas le moyen le plus sûr de trouver ?
Une voix s'élève. Il tend l'oreille, l'autre tendue pour déceler le moindre bruit suspect. Skittles. Il avait. Parce que c'était plus hype que des smarties et tout aussi beau. Il tire son sac, cherche après Aries la gentille, pour lui demander un coup de pouce d'Ariane, un bout de fil pour vaincre un dédale. Il cherche, mais ne trouve pas. Il se rappelle. Il l'avait laissé en Angleterre. Il plisse son t-shirt licornet, cherche après un fil à offrir en échange d'un peu de considération et d'explication... Mais rien. Le made in France était de trop bonne qualité. Tant pis.
Il se remet en route lentement, mesure sa cadence, avance lentement pour aller vite. Il cherche après la voix d'Alice, inconscient, elle ne devait pas être un monstre du miroir, après-tout elle aimait les skittles. Il arbore de nouveau sa moue tordusée, bien plus hype.
« Je ne suis pas cosmique, ni métaphysique. Mais j'ai des skittles. Dis Alice, tu sais ce qu'on trouve de l'autre côté du miroir ? Une armoire magique. Ou le passeur d'aurore. »
Elle pouvait sentir le souffle de l’air qu’on ne déplace qu’à la force des narines. Elle pouvait réaliser les larmes des bâillements désabusés qu’on laisse échapper au creux des zygomatiques sur-sollicités. Une attente en sursis. Un sursaut sec, saltimbanque. Elle penche, oscille, oscillera, a. Le claquement des voix muettes s’échouent sur le parterre boisé. Et redresse, assise, contre le froid de la vitre, de la paroi, du verre, poli. Et relâche, cave. Os. Chair. Sans sang. Sens.
Et les pas qui glissent, mordent les planches, font croustiller les rainures beiges et brunes. Quoi qu’on ne les regarde pas. C’est bien pour ça que l’on marche dessus. Ecrase. Lentement. Fragile. Et pop, bustier. Tête. Désarticulée. Articule. Oh.
Vie ?
Vie. Vis.
Deux traces de buée se dessineront bientôt, aériennes dans cette cage qui les tire vers la terre, vers le sol, avec le pouvoir de la gravité métaphorique ; un froissement, un déplacement ténu, bien voulu. Un petit quelque chose qui ressemble aux étoiles artificielles, qui surgit, avec beaucoup trop de naturel pour être naturel, mais pas assez pour ne pas l’être non plus. Elle sourit, pas carnassier, pas dévoreur, pas malin, pas… Rien. A la fois. Trois, quatre, égrène. Re. Chu. Te.
-Je ne suis pas cosmique, ni métaphysique. Mais j'ai des skittles.
C’est une voix agile, qui s’échappe, qui tournoie. Qui cogne doucereusement, comme un son qu’on passe à la râpe avec un morceau de caramel. Au beurre salé. On dirait une comptine d’enfant ou un morceau de comète qui se répand en poudre de fée, dorée. Tintinnabulante. Sonnante. Trébuchante. Touchante. Frêle. Diaphane. Elle se souvient d’une histoire triste, toutes les histoires d’aventure sont tristes, chacun sait ça ; elle se souvient d’une histoire triste et merveilleuse, quelque chose qui s’illumine, guirlande électrique au fond du Soi. De. Soi.
L’image se projette, au coin de l’œil ou au coin du subconscient conscient. Qui parle, qui répond ? Ange, diable, Monsieur le Faune ?
Ca a des Skittles, un faune ?
Le monstre du miroir mangeait-il des Skittles, avec autant suffisamment d’aisance complaisante sans assistance ? Oh, la délicate couleur des mots… On aurait cru des échantillons de papier de soie. Arc-en-ciellés.
Parce qu’une poignée de. Skittles. Ca valait autant qu’une pluie de plumes bigarrées porte-bonheur. Debout, moussaillon.
-Dis Alice, tu sais ce qu'on trouve de l'autre côté du miroir ? Une armoire magique. Ou le passeur d'aurore.
Elle avait ouï-dire cette mélodie, en effet. Un son de cloche, perdu quelque part là-bas.
Virevoltante.
Un plaisir essoufflé, celui des contes de fée. Paisible. Et toi, es-tu un Peter Pan-curiosité ? Elle dessine un petit garçon, hagard, marchant sur l’oxygène. Elle ne va pas se perdre, hein ? Quand on partage un coussin. Un oreiller. Et les touffes de coton. Paupières serrées, elle écoute le plancher qui crisse, les tissus qui s’écartent. Elle a le dos perclus de clous, des petits points à tendre vers l’acupuncteur. Elle ouvre la bouche pour fredonner, même rauquement.
-Et au-delà de ça, il y a encore un plein de choses, n’est-ce pas ? Un portail, un macrocosme de confettis pailletés. Qui sait ?
Je sais.
-Un lièvre à la patte crochue, crochet, s’attarde au piano. Le thé va bouillir, dépêche-toi un peu, accélère, tu peux faire ça.
Dans cet univers un peu à la porte, un peu appesanti sur un linteau de chêne-prison-cellule clair, le maître Horloger ronfle fort, il ronfle à déplacer les nuages. Elle sent les créations du savon mouillé qui les gobent, qui gobent la salle, qui gobent l’étage. Le paralytique que Jésus guérit, pieds en avant, paumes au sol. Un rythme s’impose sous son poids, sous ses os, sous chaque talon qui craint la piqûre, l’intrusion sournoise. Il n’y a pas de musique mais les notes se composent d’elles-mêmes, dans une plume de poussière, un mouton gris. Tout devient trop strident dans un bruit de lumière. Une lumière obscure qui s’infiltre dans un petit jour naissant, un petit jour entre sept heures et midi, un petit jour bien grand et bien long qui se dévore comme un rayon de Soleil derrière un cumulonimbus paresseux et trop jeune, qui fait encore au lit, juste Zeus ! Elle trébuche et ses orteils épousent le mouvement, des phalanges poussent la surface devant elles, et butte et tant pis pour les démons enfermés de l’autre côté du miroir, prends-ça dans la gueule. Elle va inventer un nouveau jeu, un jeu filé de phrases éparses et de sapins, de chênes, de bouleau qui pètent vaguement. Pour organiser le jour de visite au parloir.
Pour Ariane et ses prières ; pour Pandore et le contenu de sa boîte.
Ma réponse pue, j'ai honte, mondieu j'ai honte .__.
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Sujet: Re: Se perdre pour mieux se retrouver; Acte 2 [White]
Se perdre pour mieux se retrouver; Acte 2 [White]
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