Laissez-moi rester




Ses doigts courent le long des gravures qui habillent la porte (cette porte est spéciale). C’est comme si on l’attendait, peut-être qu’il l’attend, ou peut-être qu’elle sera en sécurité à l’intérieur. Eve va entrer. Elle va entrer parce qu’elle est trempée, qu’elle s’est explosée la tête sur la pierre en glissant (elle a mal) qu’elle a peur toute seule dans le noir et qu’une maison, elle en voudrait bien une. Voilà, la curiosité pousse la porte, elle est entrée. Elle tord ses propres doigts, et si on la chassait ? Devra-t-elle retourner dehors, attendre qu’il vienne la chercher, en disant « je savais ».

Eve panique à cette idée, elle cri, se jette sur la porte pour la fermer, cherche un verrou, pleure (pitié, porte, ne laisse plus rentrer personne), elle s’y appuie (comme si son poids pouvait la bloquer…). Elle continue de pleurer, ses bras se croisent et ses ongles s’enfoncent sur ses omoplates, déchirent la peau encore à vif, c’est machinale. Tout tourne autour d’elle, elle hurle comme une forcenée, hoquetant entre ses sanglots, elle s’agite dans tous les sens et tombe sur un panneau. Pause. Les lignes défilent sans qu’elle comprenne exactement (est-elle prisonnière, prisonnière de qui ? de lui ?) son état de panique l’empêche de saisir le sens. Elle se jette à nouveau sur la porte de peur qu’elle s’ouvre. (Ne rentre pas !) Ses épaules saignent pour de bon, son regard fuit son corps, elle glisse à terre suppliant la porte (ne le laisse pas entrer). Une main invisible compresse sa poitrine, enserrant ses poumons jusqu’à ce qu’elle suffoque (panique). Ses yeux azurs sont rivés sur le plafond, noyés dans sa douleur jusqu’à l’aveuglement (c’est une entrée pathétique). Elle sent le mal s’étendre à son ventre, son estomac, a du mal à supporter tant d’effusion (si elle ne se calme pas elle va vomir). Sa voix finit par se briser à force de hurler. Eve ne comprend rien.

Un chat est à côté d’elle (d’où vient-il ?) silencieux sur ses trois pattes, étrangement familier. La peur s’agite à nouveau, elle recule sur les fesses en se débattant (elle veut juste rester ici), pourquoi ce chat lui semble familier ? Est-elle entrée dans sa maison comme une biche se jette dans la gueule du loup ? Non, elle ne peut pas être chez lui, ça ne peut pas être son chat, il n’a pas de chat.

Elle a cru entendre du bruit. Ils ne voudront jamais la laisser rester, parce qu’elle fait peur, parce qu’elle a du sang sous les ongles, parce qu’elle cri et qu’elle ressemble à une folle mouillée (une enfant apeurée). Cheveux plaqués sur le crane, teint livide sur son corps révélé (elle a perdu son pull) il y a simplement un t-shirt à brettelles devenu transparent par la pluie (on peut voir les brûlures sur son ventre) et un jean déchiré, trop grand. Désespérée, elle élève à nouveau la voix « Oh s’il vous plait ! Laissez-moi rester ! » Sa tête se baisse, elle murmure « aidez-moi ».

[Hrp : Je me permets de m'incruster, si cela ne dérange pas]

Au fond, elle n'est qu'une enfant qui fuit la vérité. Deux mondes différents, un seul ciel, une seule réalité, l'autre n'est qu'illusion pure. Un arbre, de la terre, de l'eau qui en fait un espace boueux. Et pourtant, elle ne voit pas tout ça, la réalité l'effraye, et son illusion est le seul refuge, sa seule maison.
Pourtant, elle le voit, ses sens ne peuvent pas la tromper. Cette pluie est fausse, comme cette impression d'être trempée, parce que Melyna l'avait décidé.

Elle n'y voit qu'un grand chateau, une allée avec des fleurs qui dans la réalité n'existent pas, et ces portes, des portes gravées de motifs d'or et de rubis attrayant pour la petite Mely, qui n'avais décidé uniquement de continuer son jeu, et avancer dans l'exploration de cet autre réalité.

La porte était ouverte, et voilà que la petite enfant y entrait, sans savoir que jamais elle ne pourrai en sortir... C'est triste, n'est-ce pas ? Mais non, le parpaing de la dure réalité s'écrase parfois sur la tartelette aux framboises de nos illusions, et ceci, risquerait de vite se réveler vrai, surtout pour la fille Liselyn, qui entrait sans pour autant être seule... Non, en général, elle ne voyait pas les autres dans son monde, ou du moins, n'y faisait aucunement attention, alors pourquoi ? Pourquoi une fois rentrée on se trouvait dans un décor un peu vieux, rappelant les chateaux imaginés par la jeune femme, et pourquoi elle voyait des gens cette fois ?

Excuse moi, tu es dans mon rêve ? Ce n'est pas réel, donc j'imagine que je dors encore... Mais j'avais encore jamais parlé à un rêve.

Oui, un tel discours aurai pu faire passer Melyna pour une folle -bien que ce soit un peu le cas- mais ce n'était pas non plus très rassurant, il faut bien l'avouer. Recevoir la visite de quelqu'un qui te parle comme si tu faisais partie de son imaginaire, ça pouvait faire peur...

HRP : C'est un RP libre, le principe c'est justement que tu t'incrustes, il n'y a donc aucun souci x) merci d'avoir répondue d'ailleurs ♥


La porte s’ouvre, Eve cri, recule, hurle, elle s’était pourtant appuyée tout contre ! Son cœur s’emballe à tel point qu’elle n’entend plus que ses battements (pou-poum pou-poum) ça martèle dans sa tête. Elle voudrait se jeter sur la porte une nouvelle fois, la refermer avant que quelqu’un (peut-être lui) n’entre. Pourtant elle part en courant (peureuse), elle se dissimule derrière une plante (la cachette des professionnels). Le chat à trois pattes la suit, s’emmêlant affectueusement autour de ses chevilles, sa présence lui est étrangement rassurante. Eve sursaute lorsque la porte claque, la pénombre engloutit une nouvelle fois le lieu clos.

Ses yeux imaginent une silhouette masculine postée à l’entrée, épaules larges et cou gracieux, costume impeccable, mains dans les poches. Son nez croit sentir un parfum familier envahir ses narines (il sentait toujours très bon). Eve couvre son visage sous ses mains et sort de sa cachette en sanglotant (encore une fois il a gagné). Eve se rend, pourquoi se cacher alors qu’il l’a vue ? Il la trouve toujours, elle passe son temps à le fuir et pourtant il est toujours là à l’attendre. (Mais qui ?) « Pourquoi es-tu venu ici ? » Sa voix est si faible qu’elle ne s’entend même pas, personne n’a dû l’entendre.

Au bout de quelques secondes silencieuses elle laisse glisser ses mains le long de son visage humide, son silence n’est pas habituel (c’est un homme qui parle très bien). Ses yeux clairs s’arrondissent en découvrant une jeune fille, petite aux cheveux châtains ; adieu costume et larges épaules ! Ce n’est pas lui. Eve expire longuement, comme lorsqu’on est soulagé après un « BOUH ».

« Excuse-moi, tu es dans mon rêve ? Ce n'est pas réel, donc j'imagine que je dors encore... Mais j'avais encore jamais parlé à un rêve. » Eve ne comprend rien. Eve est perdue depuis qu’elle est entrée. Ces textes incompréhensible vue sur le tableau d’affichage, cette fille qui arrive et lui parle comme si elle était un ami imaginaire, puis cette sensation lorsqu’elle s’est approchée. Eve est complètement perdue (et le chat, le chat étrange). « Hein ? »

« D-De quoi ? » Est-elle dans un rêve ? Certainement pas, elle n’est certainement pas dans un rêve (sa tête lui fait mal). « C’est pas un rêve. » Rien ici ne ressemble à un rêve (odeur de moisie). « Je suis pas un rêve. » sinon elle pourrait être jolie, sèche et elle porterait une robe de princesse. « Je suis pas un rêve. » répète-elle. « Je suis Eve Clément. » avec moins de certitude, elle ne sait pas vraiment si elle est bien Eve Clément (qui est Eve Clément de toute manière ?). Peut-être la fillette est-elle choquée de voir quelqu’un d’inconnue dans sa maison ? Eve sursaute, bien sûr, c’est sa maison. « Je peux rester ici ? »