7hoo Une chaise. Un petit déjeuner. Un journal.
8hoo Une chaise. Un volant. Une musique.
9hoo Une chaise. Un bureau. Du café.
9h3o Une chaise. Un ordinateur. Du travail.
12hoo Une chaise. Un sandwich sans la croûte.Une salade.
13hoo Une chaise. Un appel. Un client.
15hoo Une chaise. Un boss. Une réforme.
17hoo Une chaise. Un bureau vidé. Un licenciement.
18hoo Une chaise. Encore un volant. Un klaxon et de la colère.
19h3o Une chaise. Une télévision. Une série.
19h45 Une chaise. Une pizza. De la solitude.
2ohoo Une chaise. Un appel. Une rupture.


Une chaise. Une corde.

Je n’ai jamais pris le temps d’écrire quelque chose pour toi …
Tu comptes tellement à mes yeux que je doute que les mots suffisent, en fait.
Quand je suis arrivé, tu es celle qui m’a accueilli.
On s’est regardé un instant … et je crois bien que tu m’as souri.
Je t’ai prise doucement par le dos et tu m’as guidé.
Je trouve encore aujourd’hui que nous formons un beau duo !
Aucune porte, aucune mauvaise personne, aucun malheur ne nous résiste.
Tu es à la fois mon bouclier, ma cachette, mon amie.
Je me sens égoïste de t’imposer mon poids sur tes épaules.
Pourtant tu ne t’en plains jamais … Tu es trop généreuse.
Ça me rappelle ce jour où mon cœur a failli rater un battement la dernière fois ...
Quand je t’ai vu effondrée. Une silhouette te narguait de haut alors que tu lui avais offert ton aide.
Les gens ici sont horribles. Tu es la seule en qui je peux avoir confiance.
Secrètement, j’espère que c’est toi qui me délivreras, moi aussi ...
Mais pour l’instant, je t’assure que je ne te laisserai pas tomber.

Ce n'était qu'un petit mot ; il rebondit sur chaque coin de mur, sur chaque moulure au plafond où souriaient des angelots de craie. Les syllabes s'écrasaient contre les carreaux, virevoltaient dans les airs, accompagnées de leurs échos qui se lançaient à l'assaut du ciel obscur par la fenêtre ouverte. Ce n'était rien qu'un mot lancé là : silence, et écoutez.

La gamine, juchée sur ses jambes trop longues en haut de l'estrade, leva sa flûte de champagne. Elle n'avait jamais osé élever la voix : mais il fallait que quelqu'un le fasse. Le premier mot avait libéré sa langue pâteuse, les autres avaient suivi.
"Alors, déclara-t-elle, restons."
Des rangées de chaises avaient été dressées pour cet ultime conseil. Il n'y battait aucun cœur et autant de fantômes séduisants observaient le silence. Ils tendaient juste l'oreille. Là-haut, debout sur ses jambes trop longues, elle pouvait entendre les applaudissements remplir la salle d'un vacarme assourdissant où seul son discours se distinguait.
"Restons, répéta-t-elle, et dansons !"
Et elle les aurait convaincus -elle le savait si bien. Les décibels endormis dans la salle lui répondirent. Son reflet l'observait depuis la grande vitre. Il suivait une ride du bout du doigt sur son ravissant visage. Sa mère était morte depuis longtemps, on avait soufflé les dernières bougies avant de s'enfuir, Steven n'était plus là, Sophie était partie. Elle, avait fini par devenir vieille.
"Dansons, dansons !"
Les mots d'une tirade lancée trop tard ; elle se fichait des cierges mouchés, des pièces abandonnées, des rides et de l'enchantement rompu -dansons Steven, dansons. Elle voulait seulement danser devant ces chaises vides. Elle répétait encore et encore, elle était fin prête.

Lorsque vous vous y asseyez, aujourd'hui encore -silence, et écoutez.