Je soulève délicatement la.. boite, si je me souviens bien ; une grosse boite en arbre, avec une trompe jaune. Qu'est-ce que ça peut bien être ? Je mord dedans, mais ça n'a pas bon goût. Je la secoue, mais elle ne pousse aucun cri. Je me demande si elle est morte ou cassée ? J'abandonne le mystérieux objet et continue mes fouilles, à la fois curieuse et nerveuse.

C'est assez difficile de se faire à un univers si différent du sien, un univers de boites et d'assiettes où tout le monde me force à mettre des vêtements et à aller sous la douche. Je tolère d'ailleurs une chemise blanche mal boutonnée en ce moment même, en combinaison avec mon pagne habituel, mais ce sera ma seule concession. J'aimerais éviter la douche aujourd'hui, cette vilaine douche qui a mangé mes peintures de chasse, mais comme tout est sale et poussiéreux dans ce grenier, je suppose que je n'aurai pas cette chance...

Quoi qu'il en soit, une nouvelle boite attire mon attention, une petite boite coincée sous une montagne de chaises, de cadres et de bric-à-brac. Je me faufile à moitié sous le tas de vieux machins et me saisis de la fameuse boite, que je cogne contre le sol, sans m'attendre à une réaction de sa part.

Clic.

Que.. ?! Je sursaute et me cogne la tête contre la chaise au dessus de moi. Je ne m'attendais vraiment pas à ce qu'elle s'ouvre toute seule et commence à faire de la musique, ça m'a surprise et je ne peux m'empêcher de me sentir bête. Je suppose que c'est comme ça que les autres me voient, de toute manière, bête. Je reste à plat ventre, un peu déprimée, à écouter la jolie musique, à me remémorer ma terre natale et ma tribu, des souvenirs douloureux d'une époque pourtant joyeuse.

Crac.

Un craquement se fait soudainement entendre derrière moi et je me dégage au plus vite de sous mon tas de vieilleries, m'accroupis et me retourne vers la source du bruit, vers la personne qui partage désormais le grenier avec moi, que je fixe avec insistance - un peu comme le ferait un animal sur ses gardes.
...
Beaucoup d'insistance.

Mon cœur s'est mis à battre à cent à l'heure à cause de mon émoi, de ma bêtise, car je me suis sentie piégée par un prédateur dans ma distraction, comme si ces derniers étaient encore une réalité. Je sens encore mon cœur battre dans ma poitrine mais cette fois, la raison est toute autre. Il n'a assurément rien d'un prédateur mais ce jeune homme, qui a eu l'audace de me faire paniquer l'espace d'un instant, a désormais toute mon attention.

Il m'a l'air assez fragile comparé aux hommes de ma tribu mais j'aime assez son côté mignon.

Je continue de l'observer un moment, accroupie, silencieuse ; tentant de donner un sens à ce tourbillon de sensations et de sentiments qui se déchaîne en moi, quelque chose que je n'avais jamais ressenti avant. Je voudrais tout savoir sur lui, sur le monde d'où il vient ; voudrais tout lui raconter sur moi et mon univers, voudrais lui sauter sur le dos, lui ébouriffer les cheveux, le mâchonner, etc.

Par contre, le mignon ne semble pas avoir remarqué ma présence, son regard ayant plutôt été attiré par un vieux coffre. Je me relève lentement, sans faire le moindre bruit, une idée en tête ; idée inspirée par ce dos qu'il m'expose naïvement. J'avance vers lui, doucement, discrètement, sur la pointe de mes pieds nus, mettant en pratique ce que j'ai appris lors de mes chasses.
Un craquement se fait entendre ici et là sous mes pas, mais comme tout craque régulièrement dans cette pièce, ce ne doit être qu'un bruit de fond pour lui, ce qui me permet d'arriver à sa hauteur sans avoir été repérée - je suppose que je dois tout de même le remercier d'être plongé si profondément dans ses pensées.

« GAAH!! »

Mes doigts s'enfoncent dans ses côtés et je pousse un grand cri, espérant le faire sursauter, espérant lui faire peur tout comme il m'a fait peur en arrivant.
Un petit sourire malicieux se dessine sur mes lèvres.
Une innocente mais douce vengeance.