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  MARÉCHAL Samuel — Heaven comes to he who waits

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Samuel Maréchal
Samuel Maréchal

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 MARÉCHAL Samuel — Heaven comes to he who waits _
MessageSujet: MARÉCHAL Samuel — Heaven comes to he who waits    MARÉCHAL Samuel — Heaven comes to he who waits Icon_minitimeLun 27 Juil 2015 - 21:25



* MARÉCHAL Samuel


*nom – Maréchal
*prénom – Samuel
*age – 20 ans
*né(e) le – 27 Février 1995, Saumur

Pouvoir
  Mémoire accrue;
C’est bien simple, Samuel possède une mémoire d’éléphant, ce qui est aussi intéressant que c’est distrayant puisqu’il se souvient de tout, même des plus petits détails et de ce fait, met parfois le principal de côté. Il peut se souvenir aisément de livres qu’il a lu, de conversations qu’il a eu, de personnes qu’il a rencontré, seulement… C’est le bordel dans sa tête. Il se souvient de tellement de choses qu’il a du mal à gérer, à classer.
Avoir très bonne mémoire, c’est cool, jusqu’à ce que cela soit trop encombrant.

Alter Ego Astral
  Jésus est un petit renard polaire, haut comme trois pommes, la plus adorable des peluches qui… Déteste les câlins. Ou les caresse. Refuse catégoriquement qu’on touche son poil, lui fasse des commentaires, ou pire, le lave.
Jésus n’a la sainteté que nom puisque la plupart du temps, tout le monde dit que c’est un véritable teigne. Il semble tolérer Samuel plus qu’il ne l’aime, toutefois son affection est bien souvent trahie par les attentions qu’il lui porte. Il est constamment collé à lui même s’il rechigne et ferait n’importe quoi pour le protéger, même si, franchement, Jésus a peur de tout et n’importe quoi. 

Passions
  Samuel est un passionné des maths, au plus grand désarroi de bien des gens -ses parents les premiers. Il aime également tout ce qui touche aux sciences et à la médecine, bien qu’il s’intéresse à tout en général, de loin ou de prêt.
Il a toujours beaucoup aimé le théâtre également, qui n’a jamais été une torture pour lui, bien au contraire. Il se plaît énormément à jouer des rôles et on lui dit bien souvent qu’il est talentueux en la matière.
Il aime aussi fumer; il fume, fume, fume et fume encore. C’est pas bien, on le lui dit assez souvent, toutefois il serait bien incapable d’arrêter. Vu le nombre de temps qu’il passe la clope dans le bec, on pourrait presque dire que c’est un hobby.

N'aime pas / Phobies
Il a en horreur Shakespeare, c’est presque une phobie, à ce niveau. On lui en a tellement parlé toute sa vie, il l’a tellement lu à son père qu’il ne peut même plus voir un dialogue sans vouloir agressivement déchirer la page. Difficile quand on adore le théâtre, mais faisable.
En général, il a horreur de l’anglais ou de le littérature. Il déteste aller à l’église et se passerait volontiers du poisson le vendredi.



« I told another lie today
And I got through this day »

Histoire

« Samuel, il va falloir être gentil et patient, d’accord? »



Le petit Samuel ne se souvient pas d’un jour où il ne l’a pas été, patient, mais les yeux fatigués et gonflés de sa mère le dissuada d’argumenter. Il hocha la tête, simplement, avant que sa mère ne le serre fort dans ses bras. 
Il ne comprenait pas très bien ce qu’il se passait, ni vraiment ce qu’ils faisaient à l’hôpital - il savait que c’était un hôpital parce que, comme à la télé, tout était blanc et laid et il y avait une odeur bizarre-, mais il allait être gentil et patient parce qu’il était comme ça, toujours. 

Luc, son petit frère, au contraire, s’agitait impatiemment dans les bras de sa tante Nadine, toutefois comme il était encore un bébé, Samuel savait que c’était normal. Madelaine, sa cousine, tentait du mieux qu’elle le pouvait d’occuper le bébé tandis que son oncle parlait à un grand bonhomme habillé en blanc. Il avait l’air cool, le monsieur. Il disait des mots longs et grands et il avait de gros sourcils froncés, comme lui.



Sa mère soupira, lui ordonna de rester avec son petit frère avant de filer rejoindre son frère à elle qui semblait drôlement contrarié. Son teint pâlissait à vue d’oeil tandis que le docteur expliquait quelque chose et Samuel ne se sentait pas du tout à l’aise. Quelque chose s’était passé, c’était certain, mais il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus, si ce n’était sur le fait que cela devait avoir quelque chose à faire avec son père.

Une petite main vint serrer la sienne, doucement; Madelaine s’était installée à côté de lui et lui offrait un large sourire, un peu de réconfort. Elle était un peu plus jeune que lui, Madelaine, toutefois elle avait toujours ce petit sourire qui donnait l’impression qu’elle ne l’était pas. De plus, elle était grande et fine, alors souvent, on disait qu’elle avait l’air d’avoir 10 ans, déjà.

Il serra sa main un peu plus fort en échange alors que sa mère revenait vers eux, les larmes prêtes à déborder de ses beaux yeux bleus. 

Il va falloir être gentil, Samuel, très gentil.



——


Patient et gentil, il l’est Samuel. Certains le dirait même dévoué, admiratifs de sa bonté et des heures passés à aider son père. 

Il faut chercher ses écouteurs, ses clés, lui faire à manger, l’aider à faire passer le fauteuil à des endroits difficiles, être toujours, toujours à disposition au cas ou il y aurait un quelconque besoin. 

Samuel, il a appris très vite à être un grand. Certains deviennent grand en s’occupant de leurs frères et soeurs, en étant seul ou en grandissant, Sam, il devient grand parce que son père ne voit plus rien et ne peut plus marcher.

Il devient grand parce qu’il n’a pas vraiment le choix.

——

« Samuel ! »

Le garçon lève les yeux de son livre, puis, mécaniquement, le repose, glisse de son lit et traverse le couloir pour atteindre le salon. Tout aussi mécaniquement, sa voix s’élève.

« Me voici. »



Il fixe le sourire soulagé fendre le visage inquiet de son père tandis qu’il tâtonne pour trouver le bras de son fils. Samuel ne comprend pas pourquoi son père doit absolument toucher la personne à laquelle il parle, cependant il imagine que c’est pour mieux le ‘voir’.

« Samuel, tu peux me trouver mes écouteurs? Je crois que ta mère les a encore rangé. »

Plausible, sa mère déteste quand les choses traînent. Le petit blond hoche la tête avant de se souvenir que ça ne sert plus à rien.

« Je vais les chercher. »

Il n’y a pas vraiment d’autres solutions; son père refuse d’avoir une aide. Et puis, dans quelques années, sans doute, il s’y retrouvera tout seul, c’est juste provisoire, vraiment.



Ils croient encore aux miracles, Samuel le sait bien.

——



Nadine repose son verre brutalement sur la table, faisant se tourner tous les regards vers elle.

« Vous devez venir à Paris, c’est parfait pour vous. »



Samuel pense que Saumur, c’est plutôt très bien pour eux, mais sous le regard vibrant de sa tante, il pense que Paris, c’est peut-être pas si mal. Sa mère se tortille en face de lui, le visage tiré, l’expression sévère. 



« Nadine, tu n’y penses pas! L’air est affreusement toxic là-bas, ce serait très mauvais pour Florent, et pour les enfants! »



Mais Nadine semble y penser plutôt sérieusement, au contraire. Samuel croise le regard de Madeleine qui lui renvoie un large sourire excitée. 
Par vivre à Paris, Nadine veut en réalité dire « vivre avec nous » et le petit garçon n’est pas vraiment contre, parce qu’il aime bien Madeleine et ses parents sont gentils mais… Mais c’est chez lui, ici. 



« Mais pas du tout! Ce serait fantastique pour eux! Paris est une ville d’occasions, il faut savoir les saisir. Et puis, nous avons un grand espace pour vous, ce serait bête de ne pas en profiter, tu ne penses pas? »

Luc renverse son verre sur la table; Samuel se charge d’éponger les dégâts, tranquillement, l’oreille tendue. Son père tape des doigts sur la table, l’air pensif, tandis que les deux soeurs continuent d’argumenter l’une contre l’autre. Frédéric, comme bien souvent, reste silencieux, assis aux côtés de sa femme.



« Marie, chérie, fait doucement son père, posant une main apaisante sur son bras, tu sais, ça n’est peut-être pas une si mauvaise idée. J’ai toujours rêvé d’enseigner à Paris, après tout. »



Elle se tait, regard rivé dans celui à jamais perdu de son mari, tendue, perplexe, dépassée.



« Je… Je suppose. »



Elle n’a pas l’air bien convaincue, mais les dés sont déjà joués; Nadine ne lui laissera plus jamais les reprendre en main.

Madeleine lui donne un coup de pied sous la table auquel il répond par un douloureux sourire, pincé. 

Il n’a pas tant envie que ça de partir, lui.


——



Solange ne le prend pas bien, mais il ne s’était pas attendue à ce que la fillette le prenne bien de toute manière. Solange, elle prend rarement les choses bien. 



« Mais tu peux pas! T’as dit qu’on allait au collège ensemble! Et à la mer! Et on doit faire mon anniversaire aussi! Tu peux pas! »

Il l’a dit, bien sûr qu’il l’a dit. Mais lui, il pouvait pas savoir que sa mère allait dire « je suppose ». Il tourne la page de son livre, un peu trop vite. 



« J’ai pas le choix. »

Solange plisse les yeux, rejette ses longs cheveux châtains en arrière, visiblement mécontente. Solange, elle croit toujours qu’il y a un choix. Tu peux ne pas faire tes exercices de math si tu veux, ou tu peux manger une banane et pas une clémentine. Tu peux ne pas déménager.



« T’es nul. »



Samuel baisse les yeux sur son livre, gonflant un peu plus ses joues déjà rondouillettes de frustration. C’est nul qu’il ne puisse rien faire, mais c’est qu’un enfant, lui. A peine 10 ans, vous savez, on lui demande pas son avis. 



« Désolé. »



Il sent les yeux marrons de son amie brûler un trou dans sa chevelure, alors il ne s’attend pas à ce qu’elle finisse par les lui caresser, ses cheveux.

« T’as intérêt à m’écrire, tête de noeuds. » 



——



Sa première impression de Paris, c’est que ça pue vachement, mais ça, c’est sûrement parce qu’il se perd et se retrouve dans le local à poubelle. 


C’est pas si mal, vraiment, c’est juste un peu perturbant, pour un gosse de 10 ans, de sortir de sa campagne pour la grande, grande ville et honnêtement, il ne sait pas trop où se mettre.
Madeleine est, heureusement, là pour l’aider. Elle, elle sait où tout va, comment on fait ci et ça et Samuel l’admire vraiment. Encore une fois, il a beau être le plus âgé, elle a l’air bien, bien plus mature que lui. Peut-être que c’est le manque de détermination qui l’habite à cet âge, ou bien le changement brusque, peu importe, il se sent comme un petit enfant; même Luc a l’air de mieux s’en sortir. 



Mais la plus perdue dans tout cela, c’est sans doute sa mère. Samuel le sait parce qu’elle l’emmène à l’église pratiquement tous les jours. Il déteste l’église, mais, obéissant et sage, il la suit sans broncher parce que ça la rassure d’avoir quelqu’un avec elle. 

Ca ne lui donne pas plus envie de prier.



——



Le collège lui donne plus envie de s’enterrer vivant que de prier.

Il est bon en tout, ce qui ne signifie pas particulièrement qu’il apprécie tout, contrairement à ce que tout le monde peut penser.

Il n’est pas bon avec les autres élèves. Il n’y arrive pas. Dès que Madeleine s’éclipse, il se tait, s’assoit et ne bouge pas. Il ne les déteste pas, les autres, il n’arrive tout simplement pas à les rejoindre. Samuel n’est pas un garçon très actif ou charmant de nature, alors forcément, coupé de ses ressources, il n’est plus grand chose.

Il saute une classe malgré la réticence de sa mère, face à la pression enthousiaste de ses professeurs. Samuel s’ennuie, Samuel ne s’entend pas avec ses camarades, Samuel a besoin de plus de challenge. Samuel, il n’a pas vraiment eu le choix.



On ne lui laisse jamais vraiment le choix.



——

« Oh, hey porcinet! »

Pierre se laisse lourdement tomber sur la chaise à côté de la sienne, s’accoudant nonchalamment sur son bureau. Samuel n’ose même pas relever la tête de peur de croiser son regard, toutefois son corps se raidit, sa tête rentre des ses épaules, par réflexe. Il entend le garçon pouffer d’un rire mauvais à côté.

« Si tu rentres un peu plus ta tête, tu vas ressembler à une grosse boule, t’sais? »

Des rires, toujours des rires. Samuel serre les doigts sur les pages de son cahier, essayant tant bien que de mal de faire totalement abstraction des paroles du garçon. 
Pierre, de loin, semblait s’être pris d’affection du petit garçon rondouillet super intelligent. De près, la main qu’il passe dans ses cheveux serre douloureusement. Le blond gémit, le brun sourit. 

« Un problème, porcinet? »

Non, aucun problème, bien sûr. 

Il secoue la tête, doucement pour ne pas que le poing toujours fermés dans ses cheveux ne lui fasse plus mal. Pierre tire un peu plus. 

« J’ai pas entendu. Parle plus fort. »

Le blond déglutit, yeux rivés sur les pages de son cahier qui devient flou. 

« Non, aucun. »

Le ton timide de Samuel doit plaire au garçon puisqu’il desserre son poing pour lui tapoter doucement le dessus de la tête.

« Bien, bien, bon petit cochon. »

Il entend le sourire narquois du garçon plus qu’il ne le voit. Et, sans prévenir, Pierre envoie violemment valser sa tête dans le bureau.

« Oupsie. »

Son nez s’en souviendra certainement, au moins autant que sa tête et ses oreilles qui sifflent sous les rires qui fusent. Le brun le saisit par la col, lui saisit le visage, yeux bleus plissés, jugeant les dégâts avec un sourire satisfait. Il écrase les joues du garçon de ses longs doigts pâles, peu inquiété par le sang qui lui dégouline sur la main. 

« Bof, ça a pas dû te faire mal, toute cette graisse doit bien te protéger, je me trompe? »

Le goût de sang est insupportable dans sa bouche, mais pas autant que le goût amer des larmes qui dégoulinent sur ses joues, pas autant que l’humiliation. Il ne discerne plus qu’à peine les traits angulaires du visage de Pierre à travers le rideau de ses larmes. Il sait qu’il attend une réponse, alors doucement, il articule:

« Non. »

——


La chute est vertigineuse.

Le miroir devient vite insupportable, les blessures de plus en plus nombreuses son quotidien. Ses parents sont convaincus qu’il se bat; ils prient pour lui, lui font la morale, et lui, lui il accepte. Il préfère ça à la vérité. Il préfère que tous croient qu’il se batte au lieu du fait qu’il se laisse faire.
Lorsqu’il diminue dramatiquement sa portion de nourriture, on n’y fait qu’à peine attention. Parfois, on le félicite même pour ses efforts. Discret de nature, son ‘régime’ ne lui pose jamais aucun problème. Sa mère le surprend une fois, deux fois, trois fois, la tête dans les toilettes, mais elle n’en pense rien. Il a la santé fragile, après tout, Samuel. 
Qu’il puisse être complexé d’une quelconque manière n’effleure même pas leur esprit. 

Boulimique? Anorexique? Samuel? L’idée est absurde, même lorsque les os commencent à apparaître de manière définie sur son corps. 

Dépression? Anxiété? Samuel? Jamais de la vie, il a toujours été un peu étrange. Les marques sur ses bras ne sont que des illusions. 

Il est juste un peu bizarre, Samuel, c’est un ado. 

On va prier pour lui. 

——

« Putain mec, faut que tu m’aides. »



Mateo, il ne le connait ni d’Eve, ni d’Adam.


Mais Mateo, il a l’air de le connaître, Samuel, parce qu’il s’installe à côté de lui comme si de rien n’était, yeux verts suppliant rivés dans les siens et Samuel, il est jaloux, d’instinct, parce que jamais ses yeux verts ne seront aussi beau que les siens. C’est injuste, il pense, mais Mateo ne lui laisse pas le temps d’en débattre. 



« J’arrive grave pas au problème de maths qu’la prof nous a filer, tu l’as compris? »



Bien sûr que Samuel l’a compris, Mateo le sait parfaitement bien. Tout le monde sait que Samuel, c’est le gamin qui sait tout sur tout. Un pauvre cas sos qui passe sa vie le nez fourré dans son bouquin de maths. On lui parle pas, à Sam. 

Il est tout maigre, laid, plein de marques et de traces et il est probablement drogué et dangereux. Il parait même qu’il fume. 

Samuel hoche la tête, regard fuyant.

« Meeeec! »

Les mains bronzés du garçon saisissent celles pâles de Samuel qui, faute de réaction appropriée dans son lexique, ne bouge pas d’un poil. 



« Tu peux m’aider? Tu peux? Ca me sauverait grave la vie. »


Bien sûr qu’il peut l’aider, c’est pas comme s’il avait autre chose à faire. Et puis, s’il lui disait non, il avait peur que les filles de la classe l’assassine dans son sommeil. Sérieux. 

Il hoche à nouveau la tête. 



« Putain Sam, si tu savais comme j’te kiffe. »



Mais oui, mais oui. Samuel se contente de lui demander patiemment le problème dont il parle, avant d’autant plus patiemment commencer à lui expliquer les subtilités des maths.

Mateo est, surprise, un élève turbulent. Il rit fort, il parle fort, il s’impose fort, il n’a pas peur, il n’a pas de soupçons, pas d’angoisse qui lui noue la gorge.

Mateo, il ne le connait pas, pourtant il en a l’impression. Il a l’air d’être le type simple mais populaire parce que ses pommettes saillantes, son teint méditerranéen, ses yeux verts brillants et son sourire et rire sont communicatifs. Il est social et peut-être, peut-être bien que le pincement au coeur qu’éprouve Sam à chaque fois qu’il le regarde est de la jalousie. 

Mateo s’en fiche, il n’a pas de pincement au coeur, il veut juste qu’on lui explique son exercice de math. Il n’est pas jaloux parce qu’il n’y a rien en Samuel qui pourrait rendre jaloux. Flasque, muet, petit Samuel.

Samuel explique, du mieux qu’il le peut, avec patience acharnée, à Mateo qu’il se trompe dans le calcul et l’application de la formule et que, vraiment, c’est tout con. Et Mateo écoute avec un large sourire qui ne s’efface même pas lorsqu’il fronce les sourcils de réflexion. Samuel est jaloux de son nez, il découvre. Rien de surprenant, il avait tout à envié au garçon.



« Sam, mec, t’es d’la bombe, » lui dit-il avec une certaine affection et familiarité qui lui brûla la gorge.

Il lui offre une cannette à moitié bue de jus d’orange avant de filer à nouveau dans la foule, l’air réjouie. 



——

Mateo, il ne le connait pas du tout. 



——

Julie, il la connait. 

Elle lui pique des cigarettes presque tous les jours avant de s’asperger de parfum parce que sa mère la tuerait si elle la voyait tenir le bâton à cancer.

« Ma mère est indienne, t’sais, » qu’elle disait tout le temps, comme si ça expliquait quoi que ce soit. 

Julie est grande, presque autant que lui, mais elle est très fine et toujours habillée de manière impeccable. Elle sent bon et elle a les plus merveilleux yeux du monde. D’un brun très foncés, ils pétillent de bonne humeur en permanence et vous regarde avec attention, comme si, vraiment, ils vous voyaient, vous écoutaient.
Samuel la trouve fascinante, Julie. 

Ils ne sont pas dans la même classe, toutefois cela n’empêche pas la jeune fille de parfois venir s’assoir sur son bureau en permanence pour lui offrir des chips et les manger bruyamment tout en lui parlant du dernier achat compulsif de son père. 

Aujourd’hui, l’achat est un tapis.

« Samuel, tu devrais le voir. J’ai jamais vu un truc aussi hideux de toute ma vie. C’est impossible de mettre du rouge et du bleu ensemble, pas comme ça. Et les motifs! Les motifs, Sam! »

Elle aime l’appeler Sam, tellement qu’il en oublie parfois de la corriger, mais pas de la même manière qu’il ne corrige pas Mateo. Mateo, il ne le corrige pas parce qu’il ne pense pas être à sa place de le corriger. Julie, c’est juste… Julie. 

La jeune fille grogne de désespoir, puis fourre une poignée bien fournie de chips dans sa bouche.

Il essaie de ne pas être trop jaloux.

——

Mateo est un putain de problème.

« Sam, tu peux pas fumer! C’est mal. »



Samuel roule des yeux pour la dixième fois de la journée, la millième au moins depuis qu’il connait Mateo. Soit environ 3 mois. 

Ces temps-ci, le garçon semblait être déterminé à le suivre partout où il allait puisqu’à chaque fois qu’il regardait par dessus son épaule, le latino était là. Comme la putain de peste. 

Sans doute aurait-il du être plus en colère, et peut-être que c’était l’habitude, mais parfois il était presque amusé de le voir débarquer en insultant les cigarettes de tous les noms.

Aujourd’hui est un jour comme ça. 

Doucement, il ôte la cigarette de ses lèvres; il n’a même pas le temps de dire quelque chose que Julie l’a déjà collé à ses lèvres.



« Thanks Sam. »


Dépassé, Samuel ne peut qu’ouvrir et fermer la bouche face à l’air triomphal de Mateo et celui innocent de Julie. Il soupire. 



« Ok, déjà, c’est Samuel. Ensuite, je fume si je veux, le Jesus espagnol là. Et c’est ma cigarette, Julie. »



Liant la parole au geste, il reprend la cigarette que s’était appropriée la jeune femme sous le regard scandalisé de Mateo. Puis, tranquillement, il se la remet au bec. Julie, imperturbable, se contente de reprendre la conversation.



« Mais Sam c’est tellement mieux! Ca sonne, genre, Ding! 



- Je veux pas m’appeler Bing, Julie. 

-Rooh, c’mon, Chandler l’aime bien, son nom! »



Samuel ne comprenait qu’environ 10% des références de Julie, n’ayant jamais été un fan de télé - et y ayant un accès très limité- cependant, à force de traîner -involontairement- avec la jeune fille, il avait fini par comprendre que 80% de ses références venaient de F.R.I.E.N.D.S. Elle lui avait fait promettre de le regarder avec elle, un jour. Ou plutôt, un mois, vu la longueur de la série.

Le blond plisse les yeux, conscient que rien ne changera l’avis de Julie sur la question de son nom. Il préfère tirer sur sa cigarette et ignorer les nouvelles protestations de Mateo. Protestations que se noyèrent dans le regard ennuyé de Julie.

Les deux sont un drôle de combo, il s’en rend compte, mais pas un mauvais. Tout deux sont grands, élancés, ont les cheveux foncés, les yeux pétillant et la peau olive. A côté d’eux, Samuel se sentait quelque peu alien, lui et sa peau pâle, ses cheveux blonds, ses yeux ternes et sa silhouette désagréable.

Il n’a pas l’impression d’être à sa place.

——

Madeleine s’inquiète. Encore.

Samuel est impressionnée par sa capacité à gérer tant de choses à la fois tout en s’inquiétant pour lui comme une mère poule s’inquiète de ses poussins. Elle tourne autour de lui, l’entraîne faire du shopping, le titille en permanence et lui fait de somptueux gâteaux dont il mange une part ou deux, la culpabilité au ventre. 
Que Madeleine s’inquiète, c’était une chose. Il en avait l’habitude au bout de 16 ans. Mais que Madeleine diffuse l’information dans son micro-cercle d’ami, c’était autre chose.

Mateo était un énorme poids sur son dos. Littéralement.



« Sam! Saaaam! Tu vas bien? T’as bien manger ce matin? Tu veux du café? j’en ai plein! t’as fumé combien de cigarettes? On a cours en quelle salle? »



Samuel a la vague impression que s’il ne finit pas assassiner par les sauts que Mateo fait sur son dos, il va finir asphyxier sous ses questions.

Julie le fixe en silence pendant de longues minutes sans jamais lui poser de questions, mais il le sent, elle se demande. Elle se demandait déjà avant, jaugeant les longues manches, ses yeux fatigués. Il aime sa discrétion, toutefois ça n’empêche pas son estomac de se tortiller dans tous les sens.

Mateo lui laisse rarement le temps d’avoir cette désagréable sensation.

« On a cours en D09, idiot. »



Il ne se plaint même pas de ne pas avoir reçu de réponses à toutes ses questions, trop occupée à être offensé et à draguer la terminale à sa droite. 


——

Bien évidemment, un téléphone portable est la pire idée du monde.

——

« Arrête de fumer. »

« Hey Samuel! Je viens sur Paris ce week-end, tu me guides? »

« T’AS MANGER??? »

« DEBOUT SAM DEBOUT »

« T’as regardé Star Wars hier? »

« omg g vu la meuf la plu hot mec »

« Regarde Friends. »

« Saaaam j’me suis fait largué »

« J’t’ai mis de la mousse au chocolat au frigo xoxo »

« Tu peux venir, Samuel? »

« sam »

« SAM »

« SAMUEL »

« SAMUEL MARECHAL »


——

Peut-être que s’il jetait accidentellement le téléphone de Mateo dans les toilettes, il aurait un peu la paix.

——

Le problème avec Mateo et Julie, c’est que ce sont des littéraires. Ou, plus précisément, décidément pas des matheux. Par déduction, Samuel a bien compris depuis longtemps que les deux allaient préférer la L à la S. 


Se retrouver seul ne lui avait jamais posé de problème auparavant, au contraire. Le moins de personnes qui le connaissait dans sa classe, le mieux. A présent, même la conversation incessante de Mateo lui manque. 

Le bon côté des choses, parce qu’il y a un très bon côté, c’est qu’il peut se concentrer dix fois plus sur ses études, ce qui est une très bonne chose parce que les écoles adorent quand on a 18 de moyenne dans les matières scientifiques.

Le moins bon côté, c’est l’anxiété. Loin des conversations du métisse, le regard des autres lui pèse de plus en plus sur les épaules, et chaque murmure lui donne l’impression d’être jugé. Il pensait être passé au delà de tout cela, il avait même recommencé à prendre sagement ses repas, ranger les pointes. Les efforts se sont trouvés futiles dès octobre, et ce malgré la masse de messages qu’il reçoit.

Le coeur battant, la gorge serré, il s’empresse de fermer son tiroir en un sursaut à l’entrée fracassante de Luc.

——

Luc a mieux grandit que lui, c’est un certitude. Le nez droit, le sourire enjoué, une silhouette déjà svelte et des yeux verts magnifiques, il est bien loin devant son frère, à 12 ans seulement. Il n’est pas jaloux - il se tue à se le répéter. 



« Samuel, j’ai un problème. »



Tout de suite, il assume qu’il s’agit de maths (c’est toujours de maths, pas qu’il s’en plaigne), toutefois le frère ainé ne voit ni cahiers, ni feuilles, juste les joues rougies du plus jeune et son sourire gêné. Un problème. Samuel fronce des sourcils, l’incitant en hochant la tête à reprendre la parole. Le garçon referme la porte derrière lui, fait quelques pas dans la pièce tout en regardant un peu partout comme si le regarder droit dans les yeux l’embarrassait. 



Peut-être qu’il est le problème; l’idée l’effleure. 



« C’est… C’est assez bête, te moque pas, mais, euh, y’a cette fille, Claire? »



Ah. Une fille. Samuel cligne bêtement des yeux, incapable de comprendre pourquoi quelqu’un viendrait un jour lui parler de ça, avant de se rendre compte qu’il est le grand frère et que Luc a probablement de grands espoirs en lui. Raté. 



« Et, ben, tu vois, elle est super belle, mais, tu voiiiiis, faut lui parler et c’est trop la loose, tu vois? »



Il hoche la tête, essayant d’avoir l’air expert en la matière alors qu’en réalité, à part Madeleine, Solange ou Julie, il n’a aucune expérience quelle qu’elle soit avec les filles, et encore moins de « tu me plais, sort avec moi » expérience. Mateo lui disait souvent que c’était zarb. Julie haussait les épaules. Madeleine lui pointait du doigt des jolies filles, lui demandait comment ça allait avec Solange tout en lui faisait un sourire explicite sur ses pensées, qu’il ne comprenait jamais. Solange riait parce que son petit Samuel ne changeait pas. 

Luc n’a pas de chance de l’avoir comme frère.



« Bref, je l’aime bien, quoi. Tu crois que j’dois faire quoi? J’lui dis quoi? Et si elle m’aime pas? »


Samuel a grande peine à s’imaginer que quelqu’un ne puisse pas aimer Luc; après tout, le garçon a tout pour plaire et un caractère en or. 
Le plus âgé fait semblant de réfléchir sous le regard attentif du plus jeune, avant de tout simplement sortir son portable de sa poche, composer le numéro du plus connaisseur dans le domaine. Il regrette immédiatement. 

Il entend à peine la première sonnerie que déjà la voix de Mateo lui éclate le tympan.



« SAM! QU’EST-CE QU’IL SE PASSE?!!? TU VEUX QUE JE VIENNE?!? »



Samuel peut entendre la ponctuation dans chacun de ses mots. 


« Je vais bien, je t’appelle pour Luc.

-MON DIEU IL VA BIEN? J’ARRIV-…

-Il va bien, Mateo. Il veut te poser une question. 



-Oh, okay! Cool! Tu m’as fait peur aussi, à m’appeler comme ça! J’ai cru qu’il y avait un mort, sérieux.»



A son goût, c’est un peu exagéré. Il appelle assez souvent des gens. Juste pas Mateo, tout simplement parce qu’il sait pertinemment qu’il en a pour trois heures s’il le fait. Les sms sont bien assez. 

Sans autre forme de procès, il donne le téléphone à Luc qui semble particulièrement soulagé d’entendre Mateo puisqu’il sourit immédiatement d’une oreille à l’autre. 

Il n’est pas jaloux, pas vraiment.



Peut-être que s’il se l’encre dans la peau, le message passera mieux.

——

Au premier jour de la rentrée en terminale, Julie asperge ses cheveux de spray coloré orange pétant en le convainquant qu’il s’agit de spray coiffant. Inutile de préciser qu’il ne la laissera plus jamais s’approcher de ses cheveux.

Le résultat est désastreux, bien sûr, et attire irrémédiablement l’oeil de tous, à son plus grand inconfort. Mateo rit, sourit, joue dangereusement avec le spray et finit par s’en retrouver couvert sous les applaudissements de Julie et Samuel a un peu moins envie de rentrer chez lui. 



Et puis ils se séparent et Samuel veut s’enterrer vivant, le plus vite possible.

On le voit, on le voit beaucoup trop. Il a très envie de s’enfuir, d’aller fumer tout son paquet, mais le regard déjà accusateur de son professeur de physique l’en empêche. La boule dans la gorge, les murmures, les regards, l’estomac qui se tord, la respiration qui s’accélère, la vision qui se brouille; il panique. 



« Mec, tes cheveux déchirent. »



Habillé de la manière la plus flashy et ridicule du monde, Zyad Maleh se pose tout naturellement à côté de lui, yeux rivés sur lui, sourire tordu aux lèvres, portable en main. T-shirt rouge et pantalon orange, le garçon ne semble pas le moins du mon déranger par le regard des autres.



« Ils vont t’enterrer si tu les écoutes, tu sais? »



A peine plus haut qu’un murmure, à peine assez pour qu’il l’entende, le ton brute mais le sourire amical. Zyad est grand, athlétique, dégage une sorte d’élégance et possède le plus beau nez qu’il ait jamais vu. Sa peau basanée lui rappelle celle de Mateo, toutefois ses yeux bruns en amandes, encadrés de longs cils noirs, lui seront à jamais caractéristique. Difficile de regarder l’adolescent sans les remarquer, eux et son nez droit, allongé, légèrement pointu. Bien sûr, il est jaloux. 



« Je sais. »



Bien sûr qu’il sait, il sait depuis des années.

——

Zyad n’a pas mis longtemps à s’adapter; au bout de deux heures, il avait déjà coupé son nom et lui montrait des photos de sa copine, une certaine Sophie, une jeune fille aux grands yeux chocolat et cheveux châtains, enrobée, indéniablement charmante.

Samuel n’a jamais quelqu’un d’aussi amoureux. Rien de bien compliqué, honnêtement. Il n’a jamais vu Julie avec quelqu’un et Mateo a plus des ‘conquêtes’ que des amours de sa vie. C’est touchant, mignon, ça lui donne un peu la nausée toutefois il ne trouve pas cela désagréable, pas du tout.



Il s’amuse à imaginer Julie en amoureuse transi et l’image est assez pour le faire sourire le reste de la journée.

Zyad, il découvre, est une véritable bouffée d’air frais.

——

Il ne sait plus quand exactement il a décidé d’être chirurgien, probablement depuis qu’il est tout petit. Depuis l’accident. L’idée est fixe, enregistrée, malgré le regard désapprobateur de ses parents. Rien n’a jamais changé cela, au contraire.

Alors il est heureux d’apprendre qu’il n’est pas le seul, pour une fois.

——

Bien sûr, ses parents n’aiment aucun de ses amis.

Julie passait encore jusqu’à ce qu’elle se rase un côté du crâne et se fasse une coloration rouge (« ma mère a faillit tomber dans les pommes » qu’elle disait avec le sourire).
Mateo avait toujours été leur hantise sans que Samuel ne puisse vraiment comprendre la raison, mis à part son teint de peau. Luc, lui, l’adore. La mère de Mateo, à l’instar de son fils, est une fan inconditionnée de Samuel.

Zyad, c’était un peu la grosse goûte d’eau qui avait fait déborder le vase; à ce niveau, ils pensaient carrément qu’il se foutait de leur gueule.



Alors forcément, à chaque fois que Solange vient, c’est l’apocalypse de joie; une fille blanche, de bonne famille, catholique, avec une coupe de cheveux normale, c’est le top du top. 

Solange, elle, elle adore ses amis, et elle adore Samuel et Samuel l’adore alors oui, pour lui aussi, elle est top.

Solange fume, Solange boit, Solange n’est la petite fille modèle que devant les parents et ça leur convient bien à tous. 

Alors ils sortent, ils boivent, ils fument et Mateo les fixe et leur prend leurs cigarettes et Solange s’approche un peu trop et ils rient tous et c’est bien, c’est très bien.

Et puis il boit un peu trop, et il s’isole et il pleure et pleure et pleure et Julie lui caresse les cheveux et Zyad lui parle et Solange serre ses mains dans les siennes et Sophie lui donne à boire et Mateo est énervé, très énervé.

Et Samuel, Samuel les aime tous tellement qu’il s’en déteste encore plus et plus encore.

——

Il met plusieurs jours à convaincre Mateo que ça n’en vaut pas la peine. 



——

Ses parents désespèrent quand il obtient le bac mention excellent et rentre à l’école de médecine.

« Tu sais, la plupart des parents seraient super fier d’avoir un fils en école de médecine, mais non, les miens espèrent toujours qu'un matin, je vais me réveiller et me dire que la littérature, c’est toute ma vie. »

Zyad rit de bon coeur alors qu’ils sortent de cours, accablé par le travail qu’ils ont à faire en ce début d’année. Ca ne dérange pas Samuel; ça l’aide à avoir les idées ailleurs le soir lorsqu’il trouve qu’il reprend du poids.

« Ca, c’est clair. Imagine la joie des parents de Mateo si elle était en école de médecine? »


Mateo et école de médecine n’allait pas dans la même phrase, sous aucune condition. Sa tête doir en dire long sur sa pensée puisque son ami éclate de rire rien qu’en le regardant.



« Ouais, t’as raison, imagine pas ça, tu vas te faire du mal. »

De toute façon, Samuel le trouvait très à sa place en langues. Ca avait toujours été son truc, les langues.

… Et Julie aurait été très fière de celle là, très, très fière. Il commençait à peine à maîtriser l’art des blagues en tout genre, mais elle lui affirmait souvent qu’il était un élève récalcitrant, alors il ne savait plus où se placer sur l’échelle.

« Au fait, tu viens manger à l’appart ce soir j’espère, parce que Sophie a prévu de faire ses fameuses pâtes à la carbonara et elle veut tout le monde à la table. »

A contre-coeur, il sourit.

« Bien sûr, je ne manquerai ça pour rien au monde. »



——

C’est censé aller mieux. C’est censé être une crise d’ado, un problème typique, un truc qui se soigne; pourtant tous les soirs, il prend sa brosse à dent et se penche sur les toilettes.

——

Il ne compte même plus les fêtes auxquelles il se fait traîner; souvent, il ne s’en rappelle même pas.

Encore plus souvent, il ne sait même pas où et chez qui il est, entraîné par Solange ou Mateo dans la folie du moment. Celle de chez Julien, un ami de Mateo, il ne risque pas de l’oublier. 

Pierre Herlin est là, aussi grand que dans ses souvenirs, aussi effrayant, si ce n’est plus. Il a perdu de sa superbe pourtant, de lourdes poches foncés reposent sous ses yeux gris et son corps élancé est courbé comme si son poids était de trop. Il n’a pas l’air en très bon état, et pourtant, déjà, Samuel le jalouse.

Il a un bras autour d’une belle rousse, un sourire narquois perché sur ses fines lèvres et un verre déjà vide en main. Il parle avec un grand blond, pâle et long, le même sourire tordu lui fend le visage.

Samuel fait déjà demi-tour; une seconde trop tard. 



« Samuel Maréchal! Quelle surprise! »



Sa voix n’est pas bien forte, mais cela ne l’empêche pas de raisonner dans ses tympans. Plus grave qu’il ne s’en souvenait, toujours aussi méprisante et amusée. 



« Vient, vient là que je te vois! Mais c’est que le porcinet a maigri, dit donc! Ah, mais les sourcils sont les mêmes, hein? »



'Dommage' murmure son ton.

Ses jambes bougent toutes seules comme elles l’avaient fait tant de fois par la passé et bientôt il est à la hauteur de Pierre dont les yeux vifs le scrutaient de la tête aux pieds. 


« C’est malheureux comme la perte de poids ne nous réussit pas tous aussi bien, n’est-ce pas? Tch tch tch. »



Malheureux. Samuel bloque tant bien que de mal les rires moqueurs, immobile, yeux verts rivés sur le cou de Pierre; il sait qu’il ne va pas s’en sortir comme ça. Et les voilà, les doigts qui s’enroulent sur sa mâchoire, le force à le regarder droit dans les yeux. La pitié, la méprise, l’amusement, tout ça, il s’y attend. Mais de près, d’aussi près, les yeux gris sont ternes, comme les siens. 
Il secoue la tête, comme désespère parce qu’il voit avant de le lâcher pour passer une main dans ses cheveux blonds, comme tant de fois auparavant. Ca va faire mal. 

Mais ça ne fait pas mal. 

Pierre laisse tomber sa main, une autre se pose sur son épaule, serre.

« Il y a un problème? »

La voix de Zyad est puissante, basse; il la reconnait à peine. Julie glisse sa main dans la sienne, serre, doucement, si doucement qu’elle en calme son coeur affolé. Ca va aller, ça va aller Samuel. Tu n’es plus tout seul, tu sais?

Pierre scrute Zyad, prend en considération les muscles tendus sous son t-shirt, sa carrure imposante, son regard noir. Son regard passe sur Julie qui se tient parfaitement immobile à côté de lui, impassible, yeux bruns scotchés dans les siens.
Il fait froid, ou peut-être bien que ça n’est que lui. 

Finalement, le brun repose son regard sur Samuel, grand sourire aux lèvres, soudain jovial. 



« Bien sûr que non! Juste de touchantes retrouvailles entre deux anciens bons amis de collège, n’est-ce pas, Sam? »

Le surnom lui fait serrer la mâchoire, la boule dans la gorge remonte. Il hoche la tête rapidement sans lever les yeux. La main de Pierre effleure à nouveau ses cheveux mais s’en va bien vite. 



« C’était un plaisir de te revoir, Sam. »



——

Personne ne dit rien à Mateo de peur de provoquer une bagarre; trop occuper à flirter dans un coin, ce dernier n’avait rien remarquer, à leur plus grand bonheur. Samuel fume la moitié de son paquet de cigarette avant de retourner chez Zyad et Sophie, son logement de fortune.

Pierre s’évapore à nouveau de sa vie, le miroir, lui, n’en est que plus présent.

——

C’est une bataille quotidienne; lui, le miroir, la nourriture, ses amis, sa famille, la pointe.



Luc le fixe avec suspicion à chaque fois qu’il dit qu’il a mangé chez Solange.
Son père lui pose des questions dès qu’il effleure un peu trop son bras, sourcils froncés.
Sa mère prie. 

Mateo l’emmène si souvent manger chez lui que l’appartement et sa famille deviennent sa deuxième maison; la rue d’à côté son nouvel évier. 

Zyad et Sophie l’invitent si souvent à dormir chez eux - leur appartement est plus proche de l’école, une si bonne excuse- que sa peau le pique chaque soir.

Julie le prend par les mains, puis ne dit plus rien. Elle vient avec lui jusqu’à la bibliothèque, l’invite à regarder la télé avec elle, caresse doucement ses poignets comme si elle cherchait à apaiser le sang qui pulse dans ses veines. 

Solange sourit, le traîne dehors, le complimente, lui parle du temps, des putains de kanjis qu’elle essaie d’apprendre sans grand succès. Puis elle le serre fort dans les bras, lui dit combien elle l’aime, combien elle l’adore, combien elle est heureuse d’être avec lui. 



Et le miroir, le miroir le fixe, lui murmure qu’il y a encore du boulot, ici et là, et que peut-être, avec quelques kilos en moins, il peut ressembler à quelque chose.




——

Il n’y arrive pas, il n’y arrive pas, il n’y arrive pas, il n’y arrive pas, il n’y arrive pas, il… 

——

« Ah, j’ai plus de clopes, je vais en chercher. »



Zyad lui fait un vague geste qui signifie certainement « va en paix » dans le jargon des gestes de Zyad. Samuel enfile son manteau, dévale les escaliers, frissonne dès qu’il met le nez dehors. Il doit faire 1, voir 2 degrés, pas plus en ce soir de Mars. La rue est déserte, comme il les aime.
Son repas lui pèse sur l’estomac et sur sa conscience, mais il s’est promis de le garder, promis et promis et promis, encore et encore. Ce soir, ce soir il pouvait le faire. 

Le froid lui pique les yeux, et c’est en baissant la tête pour le frotter qu’il le voit, étaler dans les poubelles qui bordaient parfois les rues du quartier. Certaines, vertes, avaient été renversés. Au milieu des ordures, il ressemble à un prince déchu, déçu et abandonné par la vie. Samuel est confus. Il devrait être heureux, peut-être? Avoir un sentiment de soulagement? Une vengeance accomplie? Il n’était pas sûr de vouloir une revanche, quelle qu’elle soit. 

Il considère, un instant, le laisser là à pourrir et geler dans la rue. Mateo disait qu’il ne méritait pas beaucoup mieux. Mais il s’arrête. Il le regarde.
Le sang séché recouvre une partie de son visage, il ne semble pas en très bon état, le roi. Il semble endormi - peut-être même mort. Sa peau est pale, plus encore que d’habitude, et les poches sous ses yeux sont encore plus présentes que l’année d’avant. Samuel s’approche, doucement, comme de peur de provoquer une réaction violente.

Il est surpris de constater que deux yeux gris s’ouvrent pour le fixer alors qu’il est à deux pas de lui. Fatigués, enfoncés, vitreux, ils n’ont plus rien de charmant. Les cheveux noirs retombent tristement sur son front, certaines mèches collées par le sang sec. Un éclair de lucidité traverse son visage, puis un sourire se dessine sur ses lèvres.



« Ah, Sam. Si tu vas me cracher dessus, fait le vite, j’ai pas toute la nuit. »



Samuel reste immobile un certain moment avant de s’accroupir à côté du brun qui se contente de le suivre du regard, comme ennuyé. Il passe une main sur les bras du garçon, définitivement pas assez couvert pour la saison, appuie doucement pour voir si rien n’est cassé. Il regarde les jambes et n’y trouve aucune anomalie de type fracture.

« Tu peux te lever? »



Sa voix est étrangement calme, mesurée, le surprenant lui même. Pierre ne semble pas remarquer, trop occuper à le regarder avec suspicion.

« Pourquoi? Qu’est-ce que tu me veux, Sam? »

Samuel ne sait pas. Mais il a une formation - en quelque sorte- et Pierre pourrait être un patient et il peut pas juste le laisser crever dans la rue, c’est hors de question. Il le connait. C’est sa responsabilité. 
Il soupire. 



« Je vais t’emmener chez mon ami, on va soigner le plus gros. »

L’air ennuyé revient sur son visage, toutefois Samuel remarque qu’il s’agit plus d’un regard vaquant, hagard que celui d’un garçon qui s’emmerde vraiment. Il hume une réponse, laisse sa tête dodeliner.

« Lequel? L’arabe ou l’espagnol? »

Samuel ne souhaite pas savoir comment Pierre connait Mateo.

« Chez Zyad. »



A nouveau, le brun hume en réponse, toutefois il commence à se redresser en grimaçant. Samuel l’aide, effleure sa peau glacée. Sans y donner plus de reflexion, il retire son manteau et lui met sur les épaules; Pierre ne proteste même pas.
Le lever est un exercice compliqué et périlleux, surtout à cause du manque de force commun aux deux garçons. Pierre est plus lourd qu’il n’y semble et Samuel beaucoup léger qu’il n’est raisonnable. Ils manquent de tomber plus d’une fois avant de parvenir à le hisser sur ses pieds, et là encore, le brun doit s’appuyer lourdement sur lui pour pouvoir arriver à se tenir un minimum debout. 


« Tes épaules sont pas confortables, » est la seule remarque de Pierre, la tête dodelinant dangereusement.


Ils se traînent lourdement pendant ce qui leur semble être des heures, leurs têtes s’entrechoquants, leurs pieds s’emmêlants, leurs forces diminuants drastiquement. Une fois rentré dans le hall de l’immeuble, Samuel le laisse tomber lourdement - par accident- sur le sol, épuisé. Pierre proteste. Bruyamment. Samuel s’assoit sur son dos, sort son téléphone.

« Zyad? Tu peux descendre deux minutes? »



Zyad est aussi heureux qu’un oiseau sans ailes lorsqu’il voit la victime. Il marmonne entre ses dents que Samuel aurait du le laisser crever dans un coin, toutefois il ne bronche pas plus que cela. Il ne fait pas pour autant attention à l’état du blessé et le hisse sur ses épaules sans précaution, extirpant un long gémissement plaintif du garçon ainsi que quelques injures qui lui aurait valu un passage à tabac en d’autres circonstances. Zyad a l’air d’être prêt à le laisser tomber par terre.
Samuel soupire à nouveau. 



« Si j’étais toi, Pierre, je me la fermerais. Zyad n’est pas un mec très patient. »



——

Sophie se contente de remarquer avec un air pincé qu’elle lui fera payer le pressing pour la housse du canapé.

Zyad fait remarquer à Samuel, à mi-voix, qu’il y a plutôt intérêt que Mateo ne se pointe pas, sinon ça va être la guerre.

Pierre grelotte de froid. Il l’enroule dans une couverture, demande à la gentile Sophie de préparer un thé chaud, puis se met à nettoyer le visage de son patient. Celui-ci ferme les yeux et reste parfaitement immobile et silencieux tandis que Samuel découvre coupures et hématomes. Il désinfecte, vérifie que le nez n’est pas dévié - il ne l’est pas-, marmonne à Pierre qu’il va avoir le plus magnifique des coquarts avant de s’attaquer aux bras.

Piqûres sur piqûres, marques sur marques.

Pierre le fixe comme s’il s’attendait à une réaction quelconque - dégout, joie, pitié. Mais Samuel, Samuel il se demande juste comment, pourquoi? Pierre a tout, tout pour plaire, tout pour réussir, tout, tout, tout. Alors il ne dit rien, il ne réagit pas. Il se contente de vérifier que rien n’est infecté. Puis, mécaniquement, il tâte les jambes, vérifie qu’il n’y a rien d’anormal. Des hématomes, forcément, il s’en doute. Il tâte le torse. Pierre grimace. 



« Tu devrais aller voir pour tes côtes. »

Le brun roule de yeux, tend à nouveau son bras devant lui.

« Avec ça?

-Surtout avec ça. »



Il ne répond pas, regard rivé sur son visage comme s’il essayait de le décrypter. Samuel se garde bien de lui rendre la tâche plus simple. Il se redresse, définitivement. 

« Tu aurais besoin de point de sutures pour l’arcade sourcilière et tu devrais vérifier tes côtes. Et ton taux de drogue. »



Pierre ne bouge pas, et d’un coup, sa main est sur son bras et sa manche est remontée. Samuel arrache son bras de sa main, plus paniqué que furieux. Il n’avait pas le doit d’avoir ça aussi, il avait assez de lui comme ça. 

Il s’attend à de la moquerie, un sourire narquois, de la satisfaction, mais comme un miroir de sa propre réaction, il n’y a rien, que du silence.

Sophie lui tend le thé et il la remercie.

——

Pierre laisse de l’argent pour le pressing et s’en va en clopinant dès que son corps le lui permet.

« Tes os sont pas confortables, Sam. »

——

Samuel n’aurait jamais pensé un seul instant que franchir une porte aux toilettes pouvait changer sa vie.

Jeudi 23 Avril 2015, jours de cours très chargé, Samuel passe la porte des toilettes. Son portable vibre, puis tombe dramatiquement dans la cuvette, emportant avec lui le message de Mateo. Les messages de Mateo. 

Samuel grogne, tente de rattraper le téléphone avec dégoût, perd l’équilibre, part en arrière. 

La porte s’ouvre et il est sur le cul. 



Dans le sens propre et le sens figuré du terme.


Caractère

Samuel, c’est un garçon déterminé; quand il a une idée en tête, impossible de la lui enlever - enfin, essayez quand même très fort lorsqu’il dit qu’il va vous faire le repas du soir, parce que vous allez le regretter toute votre vie sinon. Un jour, il a dit qu’il allait être chirurgien, eh bien il va être chirurgien, peu importe que ça déplaise aux autres. Très peu influençable, solide comme un roc, Samuel ne baissera jamais les bras - plus jamais. Il sait ce qu’il veut, sait ce qu’il va faire et fera la chose jusqu’au bout même s’il doit y laisser des plumes - ou de cuisines. Parfois, il fait des compromis pour le bien de tous (« Sam, les casseroles… »), toutefois cela reste rare. D’un côté, c’est assez agréable d’avoir quelqu’un qui sait pour vous, d’un autre c’est assez dérangeant, même si Samuel est bien trop gentil pour laisser les autres dans l’impasse à cause de lui (« Bon, ok pour Frozen alors. »). Attentif, calme, intelligent et toujours prêt à donner un coup de main, il est toujours celui vers lequel on se tourne pour un avis ou pour résoudre un problème, parce que Sam, il a un peu la réponse à tout. Pas toujours la bonne, certes, mais il ne prétend pas l’avoir, non, c’est juste que c’est réconfortant d’avoir quelqu’un d’aussi solide avec une réponse, n’importe laquelle, quand on est face à un mur. 
Le truc fun avec Samuel, c’est qu’il est très sérieux, tout le temps. En quoi est-ce drôle, vous vous demandez? Tout simplement parce qu’il prend tout au sérieux, sans se poser de questions, même la chose la plus ridicule. On peut appeler ça de la naïveté si on le veut, s’en est une forme, mais il croit les gens sans autres formes de procès jusqu’à ce qu’il réalise ou qu’on lui annonce qu’il a été royalement roulé. Il ne connaît pas l’ironie, le sarcasme, le second degré, les blagues en général parce que chez les Maréchals, on ne blague, oh non mes amis. C’est exactement comme le nom le dit, presque militaire. Bien sûr, il y a des occasions où l’on rit, ça n’est pas non plus la prison, loin de là, c’est juste que tout est si…Premier degré. Il s’initie progressivement au second degré, mais sa progression est lente, et souvent on le prend également trop au sérieux; l’arroseur arrosé, comme on dit, on se fait prendre.
C’est pas non plus un coincé, Samuel, bien qu’on puisse le croire aux premiers abords. Il aime rire, s’éclater, être ridicule, faire la fête, toutefois son plus grand kiffe, c’est de regarder de loin, jusqu’à ce qu’on vienne le chercher. Il n’est pas timide à proprement parler, cependant il ne se joint pas à d’autres personnes à moins qu’il n’en ai l’ordre on qu’on l’y emmène. S’il ne se sent pas désiré quelque part, il n’y ira pas, c’est tout simple. Il faut toujours un peu le pousser, mais dès qu’il est lancé, il s’intègre facilement au groupe. Au fond, il est très attachant, le bonhomme. Facilement impressionable, il n’est pas rare de le voir s’exclamer en s’émerveillant devant quelque chose ou quelqu’un. De plus, étant très curieux, vous aurez immédiatement son attention dans ces cas là, tel un vrai gamin, il en redemandera encore plus. Il n’est pas stoïque comme beaucoup ont tendance à le croire, au contraire, c’est un garçon souriant et agréable lorsqu’il n’a pas le nez plonger dans un livre.
Il n’en reste pas moins réservé et plus complexe qu’il n’en a l’air. Se plaindre ou se vanter n’est pas quelque chose qu’il fait naturellement, comme ça, au premier venu. Il ne dira jamais que cet exercice est trop compliqué mais cherchera de lui même la solution sans lâcher l’affaire. Il ne dira jamais non plus qu’il est incroyablement complexé par son physique, intimidé par le regard des autres, jamais à l’aise dans sa peau ou dès qu’il doit enlever un vêtement. Ca se voit, ça se sent, surtout si on le connaît relativement bien, ça n’empêche pas qu’il ne le dira jamais à haute voix. Pas particulièrement parce que c’est son affaire et personne n’a à y fourrer son nez, mais plus parce ça n’est pas naturel pour lui. De même s’il se blesse, ça ne sera pas un réflexe naturel pour lui d’aller voir quelqu’un - même si son bras est clairement cassé. Samuel aura toujours cette éternelle impression de déranger quelqu’un de toute manière, de par sa simple présence, alors dire qu’il s’est un peu tordu le bras, ça ne lui viendrait même pas à l’idée.
De toute façon, l’estime de soi et Samuel, ça ne va pas ensemble. Samuel, il ne s’aime pas, que ce soit de l’intérieur ou de l’extérieur. Il ne peut pas concevoir que quelqu’un puisse le trouver charmant, ou agréable, ou juste quelqu’un de sympathique. Dur pour lui de croire que quelqu’un veut vraiment de lui, apprécie vraiment sa compagnie, et ça n’est pas faute d’essayer.
Il essaie, Sam, parce qu’il est comme ça, il est têtu, déterminer. Il essaie, il essaie très dur. Il essaie mais la première idée ne lui sort jamais du crâne.
Samuel, il souffre. Il est malade et il le sait, vraiment, il le sait.
Il essaie.

Physique

Samuel pense que la beauté intérieure est plus importante que celle extérieure, ce qui veut bien tout dire. Il n’est pas canon, le Sam. Pas hideux, mais certainement pas canon. Pas de quoi éclater d’un rire nerveux en le voyant, hein, rien de bien méchant - il le prendrait très, très mal, d’ailleurs. On ne va pas tourner autour du pot, si Samuel est banal, c’est déjà pas mal. On aime ses yeux verts -merci papa-, on rit de ses épais sourcils foncés - t’aurais pu garder ça, papa- qu’il essaie désespérément de cacher, on adore ses cheveux blonds raides mais indisciplinés - sympa, maman-, on voudrait embrasser ses joues rond- ah, non, ça il n’a plus, tout comme il a fini par perdre les poignées d’amour qui le complexait tant quand il était adolescent. Il n’a jamais été obèse, Samuel, mais ça serait mentir de dire qu’il n’a jamais été enrobé. Et ça l’a rendu malade, tellement malade que même maintenant, quand il se regarde dans un miroir, il les revoit, ces bourrelets, les entend, les railleries, le déteste, son corps. Pourtant, il est fin maintenant, maigre même (« Samuel, tu manges que ça? »); mais c’est jamais assez, ça ne le sera jamais. Il a beau avoir les traits angulaires et affirmés à présent, dans le miroir, il se revoit des années avant lorsque tout était rond et flasque.
Mais c’est ridicuuuule, les mecs, ça a pas de complexe, hein? Mon cul qu’ça a pas de complexe. Sam, tout le complexe. Son nez est trop pointu, son menton trop en avant,  ses sourcils beaucoup trop gros, sa peau est trop blanche, et… mon dieu, c’est de la graisse sur sa cuisse? Il n’y a rien qu’il aime, tout qu’il voudrait jeter et tout recommencer. Son mètre 73 est à peine assez, ses 54 kilos toujours trop (« Ca pèse combien, une vache? »), ses épaules trop étroites, ses pieds trop petits. Sinon, aucun complexe, hein. Jamais. Parfois, il aime ses yeux, puis il se souvient qu’il devrait porter ses lunettes plus souvent, fait la grimace et se remet à les détester. Enfin, il s’estime heureux d’avoir toujours la vue, lui.
Et puis, Samuel, il connaît pas la mode. Pour aimer la mode, il faut avoir une beau corps, et lui, ben. Il est gros, vous savez. Il met des tenus sobres, jette un t-shirt sur ses épaules, enfile un sweat, un jean, un père de basquets défoncées et c’est bon, il est prêt. Pas de besoin d’accessoire, encore moins de s’occuper de ses cheveux ou mettre un peu plus de couleur vives. C’est sobre, c’est bien, ça le couvre bien. Avec un peu de chance, personne ne remarquera les kilos qu’il vient de reprendre.
Pourtant, bien mis à son avantage, l’on pourrait presque le dire beau; comme quoi, tout est souvent une question de style.



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Souhaitez-vous être Parrainé ? (makeup)
Est ce votre premier perso...
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♦ ...Dans ce forum ? Encore plus grave.

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MARÉCHAL Samuel — Heaven comes to he who waits

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