Ce jour-meme.. dans la bibliotheque?

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Ce jour-meme, dans la veranda, Keiko avait regarde la jeune fille qui souriait. Un vrai sourire cette fois. Keiko ne savait pas si il allait durer longtemps. Non il ne s'en doutait meme pas, il ne pensait qu'a ce petit sourire etirant les levres delicates de la jeune fille aux blonds cheveux. Elle semblait heureuse un peu. Et il etait heureux egalement, heureux d'avoir pu lui faire oublier ses larmes ravalees par une sorte de fierte que chaque etre humain avait inconsciemment. Pour lui le bonheur se manifestait habituellement par toutes sortes de gestes affectueux, des calins, et autres niaiseries. Il etait relativement calme, contenant sa joie pour mieux admirer celle d'Eva qui s'epanouissait, timide, et prete a se refermer a tout instant. Ses joues s'empourprerent. De la gene? De la timidite? Il ne savait pas trop, n'etant pas un grand specialiste des emotions et encore moins de leurs manifestations. D'accord, elle voulait bien l'accompagner. Il aurait voulu l'aider a se lever, c'etait poli d'apres ce qu'il avait compris. Mais deja elle s'etait levee, ramassant le livre qu'elle semblait avoir oublie, le depassant.

Il sourit, se demandant ou elle l'amenerait, et la suivit a grands pas, ayant tot fait de la rattraper, quoique elle courait plutot vite la petite Eva. Ils continuerent leur course un moment, apres quoi Keiko ralentit la cadence, ayant un petit point de cote. Ce genre de choses etaient toujours douloureuses, et malheureusement frequentes pour qui ne pratiquait pas souvent la course. Enfin, ils ne marcherent pas longtemps, l'endroit ou l'amenait la dame n'etait pas aux etages qu'il avait vaguement apercu, sans oser s'y aventurer tres profondement pour le moment. Se cantonnant a la cuisine, aux couloirs, au hall d'entree. Et a la veranda, bien entendu. Elle tourna la poignee, pour ouvrir la porte et pour qu'ils rentrent (bien sur, ce ne sont pas (encore) des fantomes). Ce que vit Keiko l'etonna, le fascina, le subjuga. C'etait un endroit immense. Immense, avec tant de livres.... Tant de livres, il n'avait jamais vu un seul endroit ou il y avait tant d'ouvrages a la fois. Et meme de sa vie, il n'avait jamais vu tant d'ouvrages. C'etait si stupefiant, beau, merveileux, mais cela impressionnait tant l'illettre qu'il en etait un peu intimide. Tout ce savoir... encore inaccessible, pour lui, pauvre ignorant.

Il s'avanca timidement dans la salle, se demandant ce qu'il faisait la, lui si gene. Jetant un regard a la dame un peu devant lui, il tenta de prendre la parole, comme ayant peur de souiller ce lieu sacre avec sa voix si ignorante

"C'est..... grand. Vous vous y retrouvez, dans tous ces livres?"

Saurait-elle retrouver un livre qu'elle aime bien, ou un auteur, facilement? Il y avait tant d'etageres, de quoi en donner le tournis... et l'endroit etait deja si beau pour lui meme, bien plus que le hall d'entree, et de meilleur gout

[desole x_x']

Sujet: Re: Ce jour-meme.. dans la bibliotheque? Mer 30 Jan 2008 - 20:33

Eva avait déja une idée toute faite d'où amener Keiko en partant de la véranda. Ce n'était pas bien dur à deviner , la bibliothèque évidemment. Bien que celle du pensionnat ne soit pas follement accueillante et ce n'était ni un lieu où l'on pouvait se faire le plaisir de rencontrer des personnes sympathiques bon lecteurs ou juste dont la compagnie est agréable. Non cet endroit elle s'y retrouvait toujours seule, avec comme compagnie les personnages de ses romans, parfait pour les rêveurs solitaires. Seulement être solitaire n'est pas un avantage à Eva, rêveuse et romantique l'est-elle encore? Sûrement bien qu'elle ne le montre plus, comme nous disions tout à l'heure dans la véranda la jeune fille est réduite à l'état d'une assiette vide. Assiette pas très intelligente d'ailleurs.

Passons. La jeune tête blonde miraculeusement réussit à avancer assez vite jusqu'a la bibliothèque sans trop se blesser , juste à un moement où elle s'est fait chancelante vers l'avant.

Arrivée devant cette porte qu'elle connaissait si bien elle empoigna la poignée ( quoi de plus logique ) , et la tourna pour ouvrir à Keiko et elle même l'entrée de l'une des pièces giganteques du pensionnat regorgeante d'écrits datants de toutes époques.
Un délice pour les rats de bibliothèques comme elle, et une nouvelle saveur pour les nouveaux venus dans le monde de la lecture.

"C'est..... grand. Vous vous y retrouvez, dans tous ces livres?"

Eva tourna la tête sans sourire vers Keiko, elle pu prendre en compte de nouveau la taille du jeune homme qui le dépassait de plusieurs têtes.

-Hum oui , je cherche un peu partout et je finis toujours par trouver . Elle fit quelques pas vers l'avant. Vous..tu aimes quoi comme genre d'histoire? Demanda-t-elle avec une petit sourire en coin.

[oulah t'inquiète moi aussi x_____x]

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Elle posa son regard sur lui, elle etait mignonne quand elle parlait comme ca, meme si elle aurait ete plus rayonnante avec le sourire. Il songea tout de meme que c'etait mieux qu'un sourire force comme dans la veranda. Mais stop, il fallait arreter tout cela, il lui avait promis qu'il ne lui dirait plus rien qui la fasse pleurer, qu'il ne ferait plus de faux pas. Mais dans l'ame d'enfant de Keiko, parfois tout ne se passait pas de la bonne maniere... Il reprimait les questions qui lui venaient a l'esprit, il se concentra sur la reponse que la voix douce d'Eva venait de lui soumettre. Il reflechit un instant, regardant les livres. Ils n'avaient meme pas d'etiquettes, se dit-il. Ils etaient tout rapieces, pour certains, d'autres etaient en relatif bon etat. Dans la bibliotheque ou sa mere prenait quelques livres pour les lui lire le soir, les livres avaient tous une petite etiquette, pour pas qu'on les vole, opour qu'on les reconnaisse. Mais il y avait egalement des lettres et des chiffres enigmatiques sur la reliure qui avaient toujours intrigue Keiko. Il avait en vain cherche de comprendre. Sa mere lui avait un peu explique, mais il ne se rapelait plus de ses paroles. C'etait bete, mais c'etait ainsi... Eva le tira de ses pensees avec un sourire un peu creux, meme si teinte d'une certaine curiosite, et une question. Quel etait le genre d'histoire qu'il aimait? Il reflechis, et dit avec le sourire, ce meme sourire rayonnant et rempli de vraie joie qui le caracterisait:

"J'aime les histoires grecques ! Et les aventures des heros ! Meme si parfois les histoires d'amour, c'est embetant, comme ces trucs, ca finit toujours mal..."

Les amantes de Zeus finissaient assez mal parfois, a cause de la jalousie d'Hera. C'etait triste, et il ne comprenait pas les subtilites, comme le fait que Zeut etait un sacre coureur de jupons et que Hera preferait le voir chez elle plutot qu'a batifoler avec d'autres deesses, des nymphes ou meme des humaines. Pour lui c'etait juste triste que ca finisse comme ca. Et Narcisse etait tombe amoureux de lui-meme, laissant la nymphe Echo mourir de tristesse. Les histoires d'amour les vraies, c'etait toujours comme ca? Il ne voulait pas d'amour, sic 'etait le cas. Enfin, de toutes facons, comme tout "petit garcon", il rejetait l'amour et tout ce que ca representait, les baisers sur les levres lui arrachaient un "berk" ou une grimace prononcee, cela s'arrangerait peut-etre avec l'experience. Regardant Eva, il se posa une question, enfin... plusieurs, plutot, qu'il ne se gena pas de poser.

"Vous aimez les histoires d'amour, vous? Ou alors les choses comme la peau de chagrin de... euh... de... Bazac? Mon papa il m'a dit que un jour je pourrai lire des auteurs tres tres connus et tres celebres, et que ca serait interessant.. Tartre, ou Lanouille."

A faire se retourner Sartre et Anouilh dans leur tombe. Il n'avait compris dans les noms des auteurs cites par son pere que ceux qui avaient une connotation amusante,e t qu'il avait deforme a son gre. Sans se rendre compte que ses paroles etaient remplies de fautes de francais comme la "repetition" de connu et celebre, qui veulent dire la meme chose, et d'un dedoublement du sujet. Pour une personne comme Eva, peut-etre cela choquerait-il. Mais l'esprit du garcon vagabondait deja ailleurs, il avait apercu quelque chose d'interessant et il monta sur l'une des echelles que la bibliotheque avait a la disposition pour prendre un livre. Il tendit la Peau de chagrin de Balzac a Eva, claironnant

"Je l'ai trouve, je l'ai trouve ! "

Il essaierait de le lire, qui sait... il comprendrait peut-etre.

"J'aime les histoires grecques ! Et les aventures des héros ! Même si parfois les histoires d'amour, c'est embêtant, comme ces trucs, ça finit toujours mal..."

Elle hocha de la tête. Oui la plupart du temps ça finissait assez mal (pour les humains surtout) à cause de la jalousie et la colère des dieux. De toute manière même sans être des histoires grecques, les histoires d'amours ne finissent pas souvent biens. Ou alors elles s'effacent. On dit que l'amour ne dure que trois ans. Au-delà de ce nombre est-ce qu'elles se terminent mal? Ou alors elles stagnent et dévient. Petit à petit on ne se lasse de l'autre? Il prend moins de place pour nous? Difficile à dire, après tout ce n'est qu'un point de vue scientifique cette histoire d'amour qui ne dure pas. Vu que Eva se situe du côté plus romantique de la chose (bien que des fois elle se rend bien compte que rien n'est comme dans les livres et en particulier depuis ces derniers mois) laissons-nous croire que tout dure et reste étincelant.

"Vous aimez les histoires d'amour, vous? Ou alors les choses comme la peau de chagrin de... euh... de... Bazac? Mon papa il m'a dit que un jour je pourrai lire des auteurs très très connus et très célèbres, et que ca serait intéressant.. Tartre, ou Lanouille."

La jeune fille retint un rire aux déformations du nom des auteurs que voulait citer Keiko. Comme toujours il s'exprimait un peu maladroitement, elle ne dit rien, s'en fichait d'ailleurs. Ce n'est pas son enfant elle ne va pas lui faire son éducation. Cette pensée lui broya le cœur. "Son enfant", elle se souvint de Mina qui l'avait tant de fois appelé "Maman". De plus, elle non plus ce n'était pas sa mère qui avait fait son éducation. Ah quelle cruelle songerie venait-elle d'avoir. Sa bouche hésitait à le corriger. Mais elle se résigna. Après tout elle aimait bien qu'il parle ainsi.

Keiko se dirigea vers une des étagères et grimpa à l'échelle sans aucun souci. Ce qui d'ailleurs surprit Eva qui n'était jamais parvenue à escalader cette échelle sans tomber et s'écraser lamentablement au sol.
Il revint avec un exemplaire de la peau de chagrin l'air triomphant.

"Je l'ai trouvé, je l'ai trouvé ! "

"Ah oui c'est lui...il doit y en avoir plusieurs exemplaires. Tu vas le prendre?" Demanda-t-elle un petit sourire au coin des lèvres.

[désolée pour le retard XD]

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Keiko tenait entre ces mains l'exemplaire sale du livre, la couverture ecaillee laissait voir les inscriptions. Une vieille editions mais ce genre de livres plaisait a Keiko, c'etait pls drole ! Mais le mieux etait lorsqu'il y avait des images. Le garcon se mit donc automatiquement a ouvrir le livre apres avoir epoussete d'un geste brusque, soulevant un peu de poussiere. Les pages etaient en relatif bon etat, peu jaunies par le temps, meme si un peu elimees sur les bords. Les yeux noirs de Keiko parcoururent les pages, trouvant que l'ecriture etait petite, voire illisible, cela le desola un peu. Il avait l'habitude des grandes lettres de son livre d'ecriture. Serait-il capable de lire si petit? Il y avait trop de mot, cela lui fit un peu peur. Serrant legerement les levres, il feuilleta rapidement pour tomber sur quelques gravures. Oh, quelques images. Ce lire devint moins effrayant mais il y en avait si peu. Il etait si habitue a lire des livres pour enfant, ou il ne fallait que reconnaitre un mot, une belle illustration du mot se trouvant a cote et les syllabes bien coloriees dans de jolies couleurs. Refermant le livre en meme temps que ses paupieres, il ne savait que penser. Il devrait un jour ou l'autre se lancer, pour devenir intelligent. Bien entendu, son quotient intellectuel ne lui permettrait sans doute pas d'apprecier un livre dans toute sa dimension artistique mais peut-etre reussirait-il a apprecier l'histoire telle qu'elle est, comme un conte, une fable.

Peut-etre debuterait-il par un livre plus simple... Peut-etre y avait-il des livres pour enfants, dans la bibliotheque. Il rouvrit les yeux et jeta un regard mele de curiosite, d'excitation et d'une certaine peur au livre, tandis qu'il caressait doucement la reliure, du bout du doigt. Eva lui avait demande si il allait le prendre. Resserant l'etrinte de sa main autour de la couverture, il se gratta la tete, d'un air gene, et dit d'une petite voix, revenant vers Eva

"Les petites lignes me font peur."

Il avait a moitie enfoui son visage dans son echarpe blanche. Il ne savait pas du tout comment se comporter. Cela la ferait rire. Dans un sens, tant mieux si elle riait. Mais dans l'autre, il ne saurait ou se mettre. Il etait si bete. Il n'en avait que vaguement conscience, mais cela le genait un peu. Il finit par rouvrir le livre, et demanda a Eva, fixant ses pieds

"Vous savez lire ca? Moi ca me donne.. le vertige.."

C'etait serieux, meme si cela pouvait faire rire. Elle, elle devait etre si douee... Il leva des yeux admiratifs sur Eva, lui faisant un petit sourire. Elle etait si intelligente, si parfaite ! Il avait decrete sans trop le savoir qu'elle serait sa nouvelle idole de la culture

A sa demande, Keiko pressa d'autant plus son étreinte sur la couverture et se donna un air embarrassé. Et parla très bas, comme si elle venait de lui poser une question de mathématiques incompréhensible et qu'il se trouvait forcé de répondre. Encore pire comme si elle s'apprêtait à le gronder. Heureusement que ce n'était aucunement ces cas .
Le jeune homme lui avoua donc, intimidé .

"Les petites lignes me font peur."

Elle haussa un sourcil. Les petites lignes? Voulait-il dire qu'elles le terrifiaient dans le sens propre de l'expression, ou bien lui donnaient-elles mal à la tête? Ou est-ce qu'il les pavés écrit en petits décourageant . Sa mémoire lui souffla que également petite les petites lettres toutes serrées dans de grandes pages lui avait fait reposer ses lectures. Mais qu'elle âge avait-elle à cette époque? Ou combien printemps lui possédait-il? Sa bouche n'osait pas prononcer cette question, son esprit se doutant bien que ce serait déplacé et pourrait passer pour ironique et méchant. Comment ne pas être curieuse à ce sujet murmura-t-elle dans son for intérieur. Tracassée ses dents vinrent mordiller sa lèvre inférieur.
Entre-temps Keiko reprit.

"Vous savez lire ça? Moi ça me donne.. le vertige.."

Là elle ne pu s'empêcher d'échapper un rire, et le regarda dans les yeux ( en levant la tête ), un regard ( oeil serait plus juste) rieur .

" Eh bien ça ne me donne pas le vertige mais ça me fait très souvent tomber en fait. "

Tomber dans un plusieurs sens du terme. Celui auquel elle songeait se trouvait évidemment être ses perpétuelles chutes dans le pensionnat. Cause de ses bleus et ses pansements. Mais l'on pouvait également se référer au fait qu'à force de rêver dans les livres, sa "chute" s'était avérée plus lente plus douloureuse. Arraché à ses songes comme on arrache une dent disait Prévert. Causant donc des blessures une fois de plus. Comme quoi les livres peuvent être très dangereux pour la santé.

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Son idole ne put empecher un rire franchir ses levres. Mais il ne se sentit pas trop honteux. Le rire d'Eva etait different des autres rires. Peut-etre etait-il plus spontane, cela le rassurait davantage, meme si il craignait toujours qu'elle le prenne pour un imbecile. Ce qu'il etait, mais il esperait se depetrer de ce probleme. C'etait impossible, mais l'espoir faisait vivre. Keiko tenta un malheureux regard envers Eva, malgre qu'elle lui fasse baisser les yeux assez souvent, lui n'osant pas affronter la jeune fille. Il n'etait qu'une pale figure, ridicule. A cote d'atres, il s'etait toujours senti un peu oppresse, grotesque... Il s'etait meme un peu rendu copte de son inconscience et de sa betise, ce qui ne pouvait pas lui apporter que du bien, car il ne pouvait y remedier, et l'instant apres... il avait oublie, et riait. Arrivant finalement a regarder Eva, le jeune homme la vit sourire avec douceur;. Elle repondit a son tour.

Elle lui dit que cela ne lui donnait pas le vertige, mais que cela la faisait souvent tomber. Que voulait-elle dire par la? Keiko haussa legerement les sourcils, perplexe. Il n'arrivait pas a deceler la tristesse et la certaine amertume qui se cachait derriere cesparoles en apparence naives. Pourquoi tomberait-elle? Cela voulait dire que les petites lignes lui faisait perdre son equilibre? L'image d'Eva lisant un livre puis s'ecrasant sur le cote sans elegance se traca dans l'esprit du jeune homme qui se demanda si tous les gens cultives tombaient en lisant. Il n'en avait pas vu dans la rue, et les gens qui etudiaient dans le parc juste avant qu'il n'entre dans le pensionnat ne tombaient pas non plus alors qu'ils etudiaient des choses tres compliquees et ecrites en tout petit sur un livre aux bords abimes. Il en conclut que ce n'etait qu'Eva qui tombait en lisant, mais cela ne lui repondait pas sur la cause de cette chute soudaine et inexpliquee. Il demanda alors a la jeune fille, decide a elucider ce mystere

"Ca.. ca ne vous fait pas trop mal de tomber?"

La chute avait plusieurs sens, et sa question pouvait aussi etre comprise autant sur le plan physique que psychologique, sans trop qu'il ne s'en rende compte. Mais peut-etre que c'etait parce qu'elle lisait trop qu'Eva etait si abimee... Il s'approcha alors de la jeune fille, avec une expression curieuse, pour toucher un peu le bandage qui lui enserrait la tete, recouvrant son oeil.

"C'est a cause de ca que vous avez mal partout?"

Eva employait des mots parfois un peu alambiques pour l'esprit du jeune homme, qui se contraingait a poser des questions sans doute stupides, mais il preferait ne pas rester ignorant...

Mal? Certes, une douleur qui lui empoignait les os les écartaient sans vergogne, en arrachant un à un les artères les muscles, laissant déverser le peu de ce qu'elle avait mangé durant la journée, ainsi qu'un liquide au goût ferreux. Tant que ça? Pourtant tout s'était calmé ces temps-ci. Mais il faut bien une image pour donner l'idée d'une douleur. Une autre un peu moins exagérée : vous vous faites mal en voulant tourner une page de livre, la feuille vous a coupé le doigt. Aie.
A la question de Keiko elle ne répondit que par un sourire. Réponse universelle le sourire, avec le "oui ça va" et le "non c'est bon" . Ses épaules se soulevèrent et retombèrent avec désinvolture. Réponse très constructive grâce à laquelle le jeune homme pourra avancer grandement dans la vie.
Une nouvelle question, une hésitation à répondre . Mal partout? Que voulait-il dire par là? Elle tenta de se souvenir du moment où elle avait cité une telle parole. Mais se souvint que ses multiples pansements pouvaient laisser perplexe.

"Oui c'est ça." Soudain après ses mots un éclair rose et orange éclata au milieu d'eux.
Un énorme boule de poils toute ronde avec deux yeux verts globuleux et une bouche dissimulée sous sa fourrure, cligna des yeux les jaugea du regard l'un après l'autre et leur lança de sa belle voix de soprano:

"Bijour les djeunz ça coule Raoul?" Deux longs bras vinrent tapoter la tête du jeune pauvre et innocent Keiko. Puis dans un rebond il se laissa tomber sur une table et sortit une tasse de café de sa fourrure par un troisième bras.
"Moagl ça vlagl" Dit-il tout en buvant le liquide noirâtre sentant le chien mouillé et le feu de bois. Mais d'où pouvait-il venir? Il arrivait régulièrement qu'au pensionnat d'étranges créatures fassent apparition, tout comme des frites et des pizzas mutantes ou des nounours de 12 mètres de haut.

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