Surpriiise.

- Tu es sure de vouloir faire ça, Abby ?

Toutes les deux plantées en face du pensionnat, elles se regardaient en biais, comme impressionnée, sans savoir ni comment ni pourquoi, ni trop comment elles avaient finies ici –enfin, si ; une promenade en forêt, sans doute ; un moment d’égarement. Elles avaient la main à plat, collée à leurs fronts, à la façon d’une visière ; ça n’empêchait pas le soleil de les faire grimacer.

- J’sais pas. On sait même pas si cette fichue baraque est habitée ! Elle se tut. Mais d’un côté...c’est vraiment curieux, hein ? On a envie de rentrer.
- J’y vais, si tu veux. Voir si la voie est libre.

La blonde lui lança un regard surpris, et elle se justifia :

- Hé ! C’est pas comme si je risquais quelque chose, ahum.
- ...Ok, mais tu te dépêches, hein ? J’veux dire, j’appelle la police, si t’es pas revenue, dans...5 minutes, ouais !
- Oui, mon chou.

Elle lui fit un salut exagérément ingénu, puis poussa la lourde porte du pensionnat.
Elle se referma presque aussitôt derrière elle ; elle mit cela sur le compte du vent, parce que c’était beaucoup moins effrayant que d’imaginer quelque chose d’autre ; aussi elle reporta son intention sur ce qui lui faisait face –l’élégant escalier, les gravures torsadées du plafond, le lustre large, le plancher propre, brillant et lustré ; on aurait dit un de ces décors, un de ces vieux décors, un souvenir du cinéma du début de siècle, un hommage aux chignons tirés et aux tailleurs chic.

De ce fait, c’était beaucoup trop luxueux pour être abandonné ; on aurait dit un musée, et elle entendait presque les pas du gardien, creux sur le carrelage froid, avant de penser : si c’est habité, je n’ai pas à être là. Terriblement réaliste : elle n’avait pas à être là. Elle adressa un coup d’œil à la porte, puis s’immobilisa dans le silence : c’était une fichue chance de ne pas avoir été entendue tout à l’heure.
C’est à ce moment là, quand elle s’apprêtait à se retourner, quand elle s’apprêtait à partir, que son regard croisa le panneau ; hésitante, d’abord, elle fit finalement quelques pas sur la pointe des pieds –dans la mesure où la hauteur de ses talons le permettait- vers les messages. Après s’être faite, dans l’ordre, accusée d’avoir commis l’erreur de sa vie; rassurée à propos de cette même erreur; puis menacée de mort, le teint de la jeune fille avait viré à l’exsangue.

Elle sentait ses jambes flageolantes sous elle, puis jeta à la porte un regard de défi, sans toutefois oser l’ouvrir ; réaliser serait horrible. Elle pensait à Abby, dehors, et elle reprenait peu à peu le contrôle d’elle-même ; puis ses yeux retombèrent sur les écritures, et ce fut comme si il n’y avait rien d’autre que ça.
Aussi, essayant de se calmer, elle croisa fermement les bras, les sourcils haussés : elle avait simplement envie d’être la victime d’une mauvaise blague, maintenant, et elle ruminait, nerveuse, en attendant quelqu’un –une explication, s'efforçant de conserver un air indifférant, avec peine toutefois.

- Eh ! Elle fit, la voix rauque.

Il n'y avait personne -ils étaient tous dehors, sans doute.

Plus d'une semaine s'était écoulé depuis que Riku avait résilié son contrat avec son Shikigami, Kogenta. Ce dernier était retourné vivre dans le monde fantôme appelé Fukumaden, Il avait revu plusieurs Shikigamis qu'il avait combattus avec Riku. Il n'avait toujours pas revu Rangetsu, son rival aussi issu de la famille Byakko, depuis la grande bataille contre le Jin-Ryu. Son Toujinshi ne devait pas encore l'avoir libéré.
Ses journées se répétaient incessamment entre siestes et chasses au Youkais, son seul point de distraction, mais bientôt devenant lassant. Toutes ses aptitudes et ses techniques de combat que Riku avait trouvé pour lui étaient remises à zéro comme a chaque fin de contrat, ce qui a chaque fois l'agaçait particulièrement. Cela est établit ainsi pour chaque Shikigami afin que leur futur Toujinshi les fassent évoluer a leur guise. Mais il pouvait s'écouler un certain laps de temps entre plusieurs Toujinshi, plusieurs centaines d'années en général.

Apres l'aventure qu'il venait de vivre avec Riku, il ne pouvait se résoudre à attendre autant de temps avant qu'un humain forme un nouveau contrat, et le pire c'est qu'il avait fini par s'attacher a Riku. Il n'y avait qu'une seule solution, arrivé a s'échapper du Fukumaden. Mais la tache est difficile. Dans chaque secteurs du monde fantôme se trouvent une centaine de Shoji (portes traditionnelles japonaises) disséminées entre le ciel et la terre et conduisant aux autres secteurs aléatoirement, dont une seule permet de regagner le monde des humains. Le pire c'est que cette porte est bien connue de chaque Shikigamis, car elle apparaît devant eux a chaque fois que leur Toujinshi on besoins d'eux.

Apres avoir traversé plusieurs secteurs, il trouva que la méthode du hasard n'était pas la meilleure choisie. Il décida alors d'orienter ses recherches. Il se souvint alors d'un endroit qu'il avait exploré avec Riku lorsqu’ils cherchaient les sceaux pour vaincre le Jin-Ryu. Dans ce secteur se trouvait un autel au milieu d'une clairière. Autour de cet autel la clairière était divisée en 4 saisons, Le printemps, l'été, l'automne et L'hiver. L'une des 4 était obligée d'être traversée pour l'atteindre. Kogenta entreprit la route vers ce lieu. Deux jours de marche lui furent nécessaires pour y arriver. Il opta pour traverser la partie printemps de la clairière. C’était sa saison préférée. Quand il voulait se reposer il s'installait toujours sur les branches des cerisiers en fleur. Ne s'attardant pas a contrecœur dans ce décor il parvint à gagner l'autel. Les seaux était toujours la gravé dans le bois du planché. Riku était capable de les activer grâce au "joyau de lune "qu'il avait trouvé dans les ruines du temple du Ten-Ryu. Seulement étant désormais seul, il ne savait pas trop comment s'y prendre pour ouvrir le passage sans le cristal. Il avait beau chercher, il ne voyait pas comment faire et commençait a s'énerver

Une idée lui vint alors a l'esprit. Utiliser une des incantations que Riku prononçait pour lui conférer des techniques de combat. Et pas n'importe laquelle. La toute première qu'il avait utilisée. Il se plaça au centre du sceau et plaça sa main droite en face de lui en joignant les deux doigts.

"(Mouvement vers la gauche) SHIN, (Mouvement vers le Haut) KAN, (mouvement vers la droite) DA, (Mouvement vers le bas) RI !"


Le sceau se mit alors a briller, et une lumière bleue l’entoura alors et un Shoji apparut puis ouvrit. Mais impossible de voir ce qu’il y avait de l’autre coté. Il s’avance et passa la porte. Il sentit alors le sol se dérobé sous ses pas et entama une grande chute. Il y avait de la lumière partout autour de lui et ne distinguait que les silhouettes des portes passé a toute vitesse devant lui.

Au bout d’un moment il sentit se cogner contre quelque chose de dur Il s’agissait d’un sol carrelé. Une forte douleur se répandit instantanément dans tout son corps ce qui n’était pas pour arranger son humeur. Il comprit qu’il était arrivé à destination. Il se releva tant bien que mal et commença à découvrir du regard l’endroit où il était arrivé. A première vu cela ressemblait a une de ces veilles bâtisses construites pas les humain. Un grand hall avec un escalier. Il devait être dans l’entrée. Pour avoir le cœur net d’être bien arrivé a destination il entrepris l’idée de sortir a l’extérieur. Mais se retrouva retenu par les grandes portes d’entrées qui refusaient de s’ouvrir. Son humeur allait de pire en pire.

"Hey ben ca commence bien !"

Il se décida par la suite a trouvé quelque chose pour forcé les portes. Si au moins il possédait encore la technique lui conférant son épée ca aurait été réglé en deux temps trois mouvement. Mais hélas ce n’était pas le cas. En retournant en direction de l’escalier il vit qu’il n’était pas seul. Un humain ou plutôt une humaine s’y trouvait justement.
Il entreprit de lui poser quelques questions avec son amabilité habituelle qui le caractérisait bien.

"Hé toi ! On est ou ici ? et comment qu'on sort ?"

Elle se sentait décidemment bien seule, ce qui renforçait d’autant plus sa peur : OK, ils étaient tous morts, là dedans, ou quoi ?! Il était aisé d’imaginer que la maison appartenait à un psychopathe, mais dans ce cas, la porte, comme toutes les autres portes du monde, était censé s’ouvrir : elle n’était pas verrouillée, bon sang !
...Enfin. En principe...
...Et Dieu sait à quel point Olivia était remplie de principe.

- Eh ! Reprit-elle, un peu de colère dans la voix, cette fois

Elle commençait à monter les escaliers lorsqu’un mouvement la fit se retourner aussi sec ; quelqu’un, une personne, une personne et non pas quelque chose, venait de tomber, tomber de nulle part, tomber sur le sol dans un bruit mat ; elle entrouvrit les lèvres de surprise, mais ne se manifesta pas encore, maintenant qu’elle le voyait se diriger vers la porte –faire ce qu’elle-même n’avait pas pu.
Ce fut, sans surprise, un échec ; toutefois, son cœur se serra, la vérité lui apparaissant pour la première fois crue, nue, imposante et surtout, surtout, irréfutable. Elle était loin d'être une de ces personnes qui se dévalorisent sans cesse -au contraire- mais il apparaissait comme quelqu'un de plutôt puissant, et il n'y était pas allé en douceur, avec la porte; par conséquent, elle était à peu près persuadée qu'elle avait moins de force que lui.
Et que ça s'annonçait mal.

Elle le regardait avec curiosité, déjà, mais ce ne fut que lorsqu’il se retourna dans sa direction qu’elle prit conscience de la couleur de sa peau.
De sa peau rayée.
De sa peau rayée de bleu.
Et puis, oh, mon dieu, ses yeux rouges, si bien qu’elle se demandait déjà si il était albinos, ou malade, ou juste bizarre, déformé ; ou bien alors déguisé ? Ouais ! Un pauvre mec déguisé en chat albinos ! Rien que ça, forcément !

Il lui posa une question, le ton peu amène : profitant alors de sa supériorité apparente, elle haussa les sourcils et sourit, narquoise ;

- Tu parles mal, chaton !

Si la présence de l’homme déguisé en CHAT –parce qu’elle refusait qu’il SOIT autre chose que ça, ou qu’on puisse l’appeler d’une autre façon que ça ; aussi elle ne trouvait pas juste de la part de l’inconnu d’apparaitre par les airs d’autant plus déguisé, alors qu’elle menaçait de faire une crise d’angoisse à tout moment (omettant ainsi qu’il n’en savait absolument rien)- lui changeait les idées, elle ne savait pas ou est-ce qu’elle comptait aller comme ça. Seulement, elle était convaincue que dans une situation aussi critique que celle-ci, ou même, plus généralement, dans n’importe quelle situation, une personne devait obligatoirement prendre les choses en main : il DEVAIT, elle en était persuadée, y avoir un dominateur. Et, en l’occurrence, elle ne désirait pas se faire dominer par un homme –qui plus est déguisé en chat.
Ce qui était surement réciproque.

- Allez ! Tu peux faire un effort, mon chou ! Ajouta-t-elle après quelques secondes, accompagnant ses paroles d'un clin d’œil appuyé, les mains glissées sur les propres hanches dans une pose qu'elle espérait assurée -ses jambes ne tremblaient déjà plus.

Humeur assez mauvaise, elle se retrouva encore plus amplifiées par le fait que l’humaine le défiait par les paroles. Rien ne pouvait l’agacer le plus au monde que de ce faire traiter de chat. La famille des Neko étaient bien loin en dessous de celles des Byakko dans le classement. Se faire traité de la sorte revenait à se faire dégradé au plus haut point. Enfin c’est ce que lui ressentait. Il serra le poing devant lui. Déjà qu’une amie de classe de son ancien Toujinshi le prenait pour une réincarnation de son défunt chat il avait eu plus que son compte ses dernier mois. Comme ca la demoiselle voilait jouer la répartie avec lui, pas de problème ca il s’avait faire mais du genre a s’emporté très facilement. Le désavantage d’être un esprit de combat.

"C’est qui que tu traite de chaton morveuse ? Tu sais à qui tu parle au moins ?"

La tension montait il commençait à se sentir bouillir de l’intérieur. A peine une trentaine de seconde qu’il était arrivé dans le monde des humains et voila déjà une première confrontation. Ses doigts bougeaient nerveusement un peu à la manière des cowboys du farwest avant de tirer. Toujours en fixant l’humaine d’un regard défiant. De la il en profita pour l’analysée physiquement. A la posture, a la façon de réagir elle n’était certainement pas Toujinshi. Bien dommage, il aurait bien aimé combattre un éventuel Shikigami pour se défouler. Bien que maintenant qu’il était libre et maitre de lui-même il pouvait faire ce que bon lui semblait, mais même par colère il ne se voyait pas attaquer directement un humain. Quoique connaissant son cas il n’était jamais vraiment sur de ses réactions. Pour ne pas trop attiré l’attention dans la barque il préféra laisser passer la tension pour le moment coté. Mais se garda quand même un objectif dans le coin de la tète.

"Humpf… En fait non pour l’instant je n’ais pas que ca à faire. Je m’occuperait de ton cas plus tard".

Sans ajouter un mot il tourna le dos a l’humaine et revint vers la porte. Puisque elle n’était pas coopérative il faillit qu’il trouve un moyen lui-même pour regagner l’extérieur. Il s’adossa contre le mur et ferma les yeux quelques instants pour se concentrer dans sa réflexion.
Si cette porte refusait de s’ouvrir par le douceur, alors peut être qu’elle céderait par la force. Mais de simples coups ne seraient pas suffisants… il faudrait quelque chose de plus puissant... du genre les techniques de combat. L’ennui c’est que seul un Toujinshi pouvait faires les incantations avec le drive d’invocation.
Il rouvrit les yeux d’un coup en ayant une pensée. Pour venir ici et ouvrir le Shoji il avait prononcé une des incantations. Peu être que cela allait marcher pour les techniques, de toute façon il n’y avait qu’une seule façon de le savoir.
Il se plaça juste au pied de l’escalier face la grande porte. Et plaça sa main en joignant les deux doigts en face de lui. Il refit les mêmes gestes et récita la même incantation que celle qu’il avait faite pour Venir

"SHIN – KAN – DA – RI !"

(Aperçu de la technique)