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 «La véritable réalité est toujours irréaliste.» - Franz Kafka [LIBRE]

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«La véritable réalité est toujours irréaliste.» - Franz Kafka [LIBRE] _
MessageSujet: «La véritable réalité est toujours irréaliste.» - Franz Kafka [LIBRE]   «La véritable réalité est toujours irréaliste.» - Franz Kafka [LIBRE] Icon_minitimeLun 5 Nov 2012 - 1:54

J’aimerais vous poser une question. Pensez-vous que le destin est tout tracé ? Que l’histoire de chacun est écrite ? Que notre mort est déjà prononcée ? Que chaque épreuve que nous allons croiser au court de notre existence à son résultat pré-écrit ? Comme si nos échecs et nos erreurs devaient êtres ? Comme si rien n’était évitable ? Moi je le pense. Si votre destin est de mourir demain écrasé par une voiture et que vous avez moyen de le savoir, vous n’allez pas sortir de chez vous, afin d’éviter cette tragédie. Ainsi, vous pensez avoir contourné la mort, entravé les funestes plans du destin. Mais non. Il n’en est rien. C’était votre destin de vouloir contourner une mort et d’y « parvenir ». Tout est déjà écrit. Et le libre arbitre, alors ? Le libre arbitre divin, nous permettant de choisir ! Oui, il existe d’une certaine façon. Nous pouvons choisir. Mais il est écrit ce que nous allons choisir. Je vous raconte tout ça, mais il est clair que ce n’est que mon avis. Avis ou opinion, là pour illustrer ce tournant qu’a prit ma vie. Je ne serais pas là par hasard.

C’était écrit.

L’automne est arrivé. Les feuilles ambrées ou sanguines virevoltent dans les tourbillons frais de ce vent saisonnier, colorant de multiples et chaudes couleurs les paysages ternes de ce début Novembre. Depuis quelques temps, le ciel se voile de fins nuages pâles, rendant ce plafond infini grisou et morose. La température extérieure prévient de l’hiver qui semble vouloir se faire précoce. Bientôt, les arbres semés dans cette splendide forêt se dénuderont, couvrant le sol d’un tapis végétal sur lequel les pas des habitants de ces bois chuinteront mélodieusement, se joignant à la symphonie des brises de l’arrière-saison.

Pour être sincère, le paysage dans lequel se déplace Seth est vraiment envoûtant. Une si belle étendue d’arbres comme celle-ci aura vite fait de se changer en un magnifique tableau naturel d’ici un moment. Cet environnement enchanteur n’a pourtant pas assez de grâce pour que le jeune homme daigne y prêter une quelconque attention. En cet instant, il marche sur des feuilles mortes saupoudrées de gravier terreux sous lesquelles la litière sylvestre abrite lombric et cloporte, petites bestioles bien utile à l’écosystème mais dont aucun intérêt n’est à porter. Oui, c’est ce à quoi pense véritablement le brun lorsqu’il arpente ce lieu. Il ne se préoccupe en rien des majestueux arbres qui l’entourent : il avance sur ce sol et observe ses pieds réaliser cet acte, donc il préfère penser à ce qui se trouve sous ses pieds plutôt qu’à quelque chose avec laquelle il est coupé de contact. C’est logique, voyons.

A vrai dire, il n’imagine même pas que parallèlement, à une quinzaine de mètres, un maigre troupeau de sanglier fouille et remue la terre au pied des chênes, dans le but de remplir leur pence des quelques glands tombés du géant d’écorce. Si seulement il y songeait, peut-être penserait-il à lever la tête et tendre l’oreille. Il aurait put entendre que, plus près, un lapin gambadait à la recherche d’un dernier fruit à se mettre sous la dent… Mais Cooper est uniquement focalisé sur le micro-monde qui grouille à chaque endroit où il pose les pieds. Toutefois, cette pensée sera bien vite remplacée par une autre, tirée de la précédente, entraînant un nouveau flux de rêveries. Vous l’avez deviné, Seth pourrait être synonyme de rêvasser.

Passons, ce n’est pas pour épiloguer sur le joyeux peuple de la forêt que monsieur se rend dans ces fourrés. Non madame, ce garçon part à un rendez-vous rejoindre deux les personnes qu’il apprécie le plus : Alice Ogg et Cédric Suhelt. Ce dernier est le cousin de Seth et est âgé de 24 ans. Il fait ses études dans une école de médecine, sur Londres (vive le train l’matin), adjacente à celle d’hôtellerie et restauration que fréquente Cooper. Cédric à fait se rencontrer Alice et Seth il y’a de ça 1 an. Depuis, ces deux là entretiennent une relation très complexe et ambiguë… Dont Cédric reste sans détail.

Toujours est-il que ces trois jeunes gens sont très proches et ont pour tradition de se retrouver chaque dimanche, en milieu d’après midi, dans une clairière déserte de la moindre civilisation. Le vent, la pluie ou la neige ne pourra rien contre cette habitude, puisque le trio a eut pour idée de construire un modeste abri pour les jours peu commodes. Certes, cette cabane s’approche plus d’un cabanon de jardin que d’un palace, mais le but n’étant pas d’y vivre, ils firent outre. Et lorsqu’on a que quelques planches et une poignée de clou sous la main… Le résultat ne peut qu’être des plus basique ou modique –pour ne pas dire médiocre-.

Enfin, revenons-en au promeneur. Il n’a pas semblé changer d’état d’esprit, depuis le moment où il est entré dans la forêt, jusqu’à celui où il avance depuis une dizaine de minutes. Le regard fixement rivé au sol, une démarche décidée et très mécanique, les mains dans les poches… Une attitude détachée et complètement interdite à n’importe lequel des évènements extérieurs. Il a un but, se rendre à ce lieu, et c’est pourquoi il ne passera pas par quatre chemins ou ne s’arrêtera pas pour contempler le ciel au bord des larmes. Quoiqu’à présent il ne semble plus y être et paraît vouloir éclater en sanglot. Doucement, quelques gouttelettes tombent sur la forêt et chantonnent de leur voix cristalline de petits « plic ! » et « ploc ! ».

Levant la tête pour faire face à ce ciel chagriné, Cooper mit fin à sa cadence supposée imperturbable et plissa les yeux comme pour mieux distinguer par quelle fente dans les nuages explosera la pluie torrentielle et son orage grondant. Ouvrant plus grand ses mirettes, il eut l’air de se perde durant une fraction de seconde dans ce plafond d’un gris éblouissant. S’en apercevant, il secoua la tête comme pour chasser un début de songe, puis se décida à presser le pas. Ses enjambées se firent plus grandes et rapides, écrasant bruyamment le minuscule royaume tapis sous les feuilles qu’il s’imaginait tout à l’heure. Le nimbostratus (un problème contre les nuageologue ?) se mit à grogner. Après la tristesse vient la colère, sans doute.

A mesure que Seth avançait, la pluie se faisait plus insistante au dessus de sa tête, au point de former un rideau d’eau des plus violents, puisque le vent sembla vouloir se joindre à la fête. Désormais au pas de course, le jeune homme ne pouvait s’empêcher de fantasmer sur l’intérieur sec et protégé du petit cabanon qu’il avait bâti. Ce faisant, il savait très bien qu’une telle pluie n’en viendrait pas même à bout et qu’il pourrait fumer en paix, sans que la pluie ne joue les pompiers.

Le Vieux fauteuil et cette pauvre couverture miteuse sauraient le réconforter de cette trempée, dès son arrivé. … A moins qu’il ne soit pas le premier à entrer ? Dans ce cas, il ne pourrait rien fumer, puisque ni Alice ni son cousin n’approuve la consommation de tabac et/ou substance illicite. A cette pensée, il décida d’appeler Cédric, pour savoir où ils en étaient –elle et lui cheminant ensembles-. C’est qu’aucun de ces trois gredins n’habitaient à moins de 20-25 minutes de l’endroit… Il sortit alors d’un geste furtif son téléphone, alla dans ses contacts prioritaires et pressa le bouton « appel ».

    Allô ?


Une réponse rapide mais plutôt essoufflée. On pouvait entendre la respiration désordonnée de Cédric, et deviner son rythme de marche marathonien.

    …Ouais, Ced’, c’est Seth. Vous êtes où ?


    Sous une p*tain d’pluie mon gars. J’arrive à peine à situer où, par rapport à la cabane… J’pense pas qu’on arrive avant au moins dix minutes, même en courant. On a dû s’écarter du chemin mais c’est la galère de repérer nos arbres avec ce temps.


« Nos arbres ». Ces arbres qu’ils avaient décidé de mutiler tout les 3 mètres d’un triangle cerclé, pour se souvenir du chemin de la prairie.

    Et toi ? T’es arrivé ?


    Nan, ben nan… T’entends pas la pluie, au téléphone ?


    Justement non, d’où ma question. J’entends un sifflement bizarre derrière ta voix et ça grésille. Je dois pas capter, j’espère qu’on est pas paumé… Bref !, j’te laisse j’ai presque plus de batterie et Alice a pas prit son portable… A toute’ !


    Bisou, Seth !


Dit une voix lointaine. Alice…

    Bisou.


Il baissa son portable devant sa poitrine et contempla l’écran échanger son fond « appel en cours » pour celui de l’écran d’accueil, après qu’un bruit de frottement confirme qu’ils avaient bien raccroché. Désormais son attention fixée sur autre chose que des paroles, Cooper reprit son rythme endiablé en se félicitant de ne pas avoir perdu les triangles cerclés de vu, ce qui lui avait permit de ne pas se perdre et donc lui promettait la place du Vieux fauteuil. Un sourire en coin comme il avait l’habitude de les faire s’étira sur son visage pour témoigner de l’agréable perspective qu’est celle d’atteindre rapidement le cabanon. Puis, un nouveau stock de pensées fut livré à son esprit.

C’est alors qu’il se souvint des commentaires de Cédric sur ce qu’il parvenait à entendre depuis son téléphone. Un sifflement ? Même lorsqu’on n’a pas de réseau, notre cellulaire ne nous fournit pas comme excuse un piteux… Sifflement. Seth douta qu’il s’agisse d’une excuse pour mettre fin à cet échange téléphonique : son cousin n’est vraiment pas du genre à faire ça, surtout à lui. Puis à force de réfléchir à l’origine de ce bruit, le brun se réprima en concluant qu’il était idiot de se prendre la tête pour une défaillance d’appareil électronique. Satisfait de cet accord et les idées claires, il chercha un nouveau signe du regard pouvant lui indiquer la dernière ligne droite.

Mais rien.

Aucun des arbres environnant ne comportaient la moindre entaille volontaire dans leur robe de bois. Les sourcils du brun se froncèrent d’incompréhension. Une si petite inattention lui aurait-elle valu de perdre son chemin ? C’est pas vrai…, ronchonna t-il. Une remontée de panique vint assécher sa gorge. Comprenez bien qu’il s’inquiète d’avantage de sa place sur le fauteuil que d’être perdu dans des bois, à 15h, au mois de Novembre. Autrement dit, le confort importait actuellement plus que la nuit tombant lentement sur des bois fortement éloigner de son chez-lui.

Comme qui ne tente rien n’a rien, Seth avança droit devant lui avec l’espoir de déboucher à un extrême de la forêt, afin d’obtenir au moins une sorte de vue d’ensemble… Et c’est à force de marcher qu’il vit se dessiner les contours d’un genre de manoir géant. Quoique non. C’était plus grand que géant. Une bâtisse aussi large qu’un lycée, pouvant sans doute comprendre le même effectif. Mais ayant pourtant l’apparence d’un manoir, une habitation, et non pas celle d’un hôtel. Pour être sûr de ne pas halluciner, Cooper se retourna et observa longuement la forêt, à l’attente de la moindre anomalie.

Toutefois, les arbres restaient des arbres, le sol ne se bombait pas et ne se creusait pas non plus. Le ciel restait ce ciel rageur, vomissant sa peine sur toute la végétation aux teintes auburns. Enfin pour être sûr, il regarda ses mains sous toutes les coutures et se décida à approcher de la bâtisse. Un tel truc au beau milieu des bois, ayant son propre espace vierge d’arbre. Quelque chose de si immense, encore jamais remarqué alors que son toit pourrait fissurer le ciel… Il avait était très inattentif pour ne jamais s’apercevoir de la présence de ce… Cette… habitation. A compter que c’en soit une. De l’extérieur rien ne pouvait l’affirmer.

C’est pourquoi Seth choisit de sonner à la porte.

Si quelqu’un lui ouvre, il prétextera être perdu ce qui ne sera qu’un semi-mensonge. Si non, il poussera la porte. Si elle est fermée… Il appellera Cédric. Décision prise, il monta les cinq marches qui menaient à la large porte à l’air massif. Il observa la poignet avec attention, puis frappa son poing contre le bois de cette entrée, étant donné l’absence de sonnette. Vous savez, ces trois frappes qu’on donne avec les articulations repliées de nos doigts, avec les phalanges. Ces frappes qui commencent par deux coups aux percussions moyennes et le dernier au son un tantinet plus aigu. C’est le genre de frappe qui donne le soupçon de glauque et de suspense à votre journée.

Ainsi dont, le jeune homme posa anxieusement ses yeux d’argent sur la poignet, devinant qu’elle tournerait si quelqu’un était là, mais avec l’intime conviction que, si la porte venait à s’ouvrir, elle grincerait. L’attente dura un très, très court instant. Durant ce laps de temps, un genre d’écho, une résonnance des trois coups qu’il avait donnés à la porte cognait dans son esprit. Comme un gong signant l’arrêt de jeu. Finalement, la porte s’ouvrit. La poignet ne tourna pas. La porte ne grinça pas non plus. Quelque chose dans l’air sentait… Pas un arôme très naturel. Rien d’ordinaire. Rien de connu. Un parfum frémissant.

La porte s’était donc ouverte sans un bruit. Normal… Une fraction de seconde, plusieurs émotions et sensations prirent d’assaut l’esprit, l’estomac, le cœur, la gorge et les yeux de Seth. Froid, panique, dégout, peur, plaisir, tristesse, excitation, chaleur, pression, amusement, doute, surprise, confiance. Malgré l’énergie que lui pompaient tant de sentiments, un autre, plus fort que les précédants, le poussa à entrer. Il était sûr au fond de lui qu’il devait entrer, et qu’il avait quelque chose à faire là-dedans. Là-dedans ? Comme si c’était une chose particulière, quelque chose de spéciale ? Comme s’il s’agissait d’autre chose qu’un somptueux bâtiment ? Oui.

Ca y est. Il était entré. Une expression d’horreur et d’incompréhension était collée à son visage. Il ne bougeait pas. Rester figé dans ce hall au décor si noble et gracieux lui faisait du bien. Respirer le stressait encore plus, en fait. Immobile, il se sentait bien. Ses yeux ne bougeait pas, fixaient inlassablement de larges escaliers menant sur un palier à deux sens opposés. Sans bouger le moindre cil, ni même ses iris d’acier, il distinguait, dans un flou de paralysie, le restant de la pièce. Un sol vif. Rouge. Des murs aux couleurs varié, ornés de tableau dont la représentation restait incertaine puisqu’il avait choisit de ne pas bouger d’un puce…un style mural pas très uni, en somme, mais …

CLAC !

Soudainement, un spasme traversa tout son corps et fut particulièrement sonnant au niveau de son échine au point de l’en faire frissonner. Mais suite à ce grand bruit et la surprise qui l’accompagna, Seth sortit de sa torpeur, de son coma, de sa léthargie. De son état de choque, clairement. Pourquoi était-il rentré déjà ? Pour témoigner du moment entre lequel il toqua et celui actuel, seul un souvenir vaporeux et désagréable fut mit en preuve dans son esprit. Comme s’il était entré en transe durant une courte minute. LA minute. Une minute cruciale, puisqu’elle avait été celle d’un choix : entrer ou rester dehors ? Merde alors, qu’est-ce qu’il se passe…

Maintenant qu’il avait reprit ses esprits, Cooper essaya de comprendre. Il ne se souvient pas de la raison qui l’a poussé à entrer. Mais il sait qu’elle était justifiée par quelque chose de stupide. Mais raisonné. Raisonnement stupide, donc. Eh vas-y que je m’embrouille à nouveau…, grommela le brun en son for intérieur. Ce n’était pas clair. Mais pour avancer –‘faut bien, il a pas bouger d’un pouce…-, il lui faut analyser. C’est partit ! Il arrive devant ce bâtiment. Ensuite il toque à la porte. La porte s’ouvre et il… il… a irrévocablement envie d’entrer parce qu’il est trop curieux seulement quelque chose de dingue se dégage dans l’atmosphère de ce manoir de dingue et c’est cette même chose et un surplus d’émotion qu’ils l’ont fait entrer en état de choque et… C’est ça ?

    Mumphi !


Est-ce que je rêve ou… Ce bruit qui le coupa de ses analyses était très familier à Seth. Aussi se baissa t-il pour découvrir un tas de poil apparemment très soyeux et onctueusement rutilants… Et violet, par extension. La petite boule de poil mauve et rebondit semblait « flotter » aux pieds de Cooper tout en piaillant de petits « mumphi ! » au son fluet. Il ne fallu pas plus de temps au brun pour comprendre qu’il s’agissait de … son… ami imaginaire. Hrm’. On a tous était jeune, d’accord !? Hors donc… Son ami imaginaire, surnommé Mumphi, ou Mister Mauve. A mieux le regarder maintenant, il ressemble à un pokémon. Silencieux, Seth jaugea la pelote avec amusement. Prenait-il tout ça pour une blague ?

    Je dois vraiment être complètement mort pour halluciner à ce point…


A ces mots, il plongea sa main dans la poche de sa veste pour en sortir un paquet de cigarette. A la base, le carton devait contenir 11 cigarettes et 2 pétards roulés par ses soins. Sauf que… bah si. Tout était là, vraiment. Il n’avait rien fumé. Rien. Il était clean. C’est dingue ça… Brusquement, la boulette violette qui elle, n’avait pas cessé de couiner des « mumphi » à tout va, se stoppa et deux petite perle grises devant être ses yeux se mirent à briller parmi sa fourrure dense lorsqu’il s’arrêta net devant Seth, complètement déboussolé et riant nerveusement d’une situation pareille.

    Eh ! Tu t’fous de moi ? J’arrête pas de t’appeler et tu me tape l’ignore comme un ingrat ? Viens plus pleurer dans ma délicieuse fourrure, lâcha la bestiole d’une voix affreusement roque et grave, venant casser complètement l’image innocente de ce semblant de Rondoudou©.


Cooper considéra de nouveau la boulette de poil et s’accroupit pour mieux la voir.

    J’avais oublié que tu avais une voix pareille, Mister Mauve, remarqua calmement Seth en souriant comme un benêt.


    Elle a quoi ma voix ? , marmonna Mumphi. Il aurait eu des épaules qu’il les aurait sans doute haussé. Ecoutes, tu m’as oublié durant toutes ses années et j’t’en veux. N’espère pas t’en tirer aussi facilement… Mais je vois bien à ta tête d’attardé que tu ne comprends pas ce qu’il se passe, alors j’vais t’aider. Montes-moi sur ton épaule, gamin.


Le jeune homme s’exécuta sans poser de question. Rien de tout ce qu’il entendait et voyait ne lui paraissait normal. D’habitude, il aurait dit « faute à la drogue, tout va bien ». Mais son paquet était pourtant là pour affirmer, confirmer ardument ce qu’il aurait aimé être faux : Tout ceci ne pouvait qu’être vrai puisqu’il ne dormait pas. Et pourtant, désemparé devant tant d’incohérence (le fruit de son imagination se réinvite à sa mémoire et lui parle), Cooper décide de faire comme si tout ça était une blague, dû à de l’alcool… Mais loin d’être la réalité, en tout cas.

    Très bien. Maintenant, avance jusqu’à ce mur et lis les messages qui sont sur le tableau de liège. T’as compris ?


    Oui, répondit-il simplement en avançant, le regard dans le vague, avec toujours, ce sourire complètement idiot peint au visage.


Il arriva devant ledit tableau, inspira, détendit ses épaule et se mit à lire intérieurement avec négligence, comme si ça n’allait servir à rien. Pourtant, dès le premier paragraphe du premier bout de papier achevé, les sourcils du brun se froncèrent et ses yeux reprirent une lueur de conscience et de sérieux. Entre Mister Mauve et ces messages, ce sont les messages qui, malgré la dinguerie des propos qui y était rédigés, pourront convaincre Seth. C’est ce qui semble le plus sensé. Ce qui convaincrait n’importe qui de réfléchit, qui se pose des questions. Cooper est réfléchit et se pose des questions. Après avoir reprit confiance et s’être convaincu un minimum qu’il s’agissait bien là de réalité (pouvoir lire clairement écarte le fait qu’il s’agisse d’hallucinations de l’effet d’alcool ou de drogue, de rêve…), le jeune homme se décida à ouvrir la porte.

Il s’en approcha, avec hésitation. Ce geste déciderait d’une fatalité. Soit la porte s’ouvre et ces messages sont du flan, proposant à nouveau l’option de l’irréel et de la follie. Soit la porte est fermée et lire la suite serait d’autant plus inquiétant. Au fond de lui-même, Seth était de plus en plus persuadé qu’il ne rêvait pas, ce que Mister Mauve ne manqua pas de remarquer.

    Vas-y petit, essais, l’encouragea ce dernier.


Et c’est ce qu’il fit. Mais rien ne se produit. La porte était bel et bien fermée. Complètement. Totalement. Même s’il avait voulu tirer, il fut sûr qu’elle n’aurait même pas tremblé, bruité, cliqueté. Une sueur froide humidifia son t-shirt et sa chemise. Le stress le gagnait peu à peu, mais au moins il était sûr d’une chose : c’était sincèrement la réalité.

La flamme des bougies posées sur les chandeliers muraux ou du lustre accroché au plafond attirèrent son attention, sans vraiment de raison. Il les observa tour à tour tout en songeant au but de cet endroit. Il repensait au quelques mots qu’il avait lu : magie ? Prisonnier ? Avant de ne se perdre d’avantage dans ses réflexions et de céder à la panique plus qu’il ne l’avait déjà fait, il s’en retourna lire la suite du message et les autres, par la suite.

    Spoiler:


Ces seules phrases suffirent à le convaincre totalement, entièrement et irrévocablement. Tout ce qui était inscrit sur ce papier ressemblait à ce qu’il sentait et lui arrivait. Bien que ce n’en fusse que le début… Cette fois il était sûr que tout ce qu’il vivait été vrai. Mister Mauve était devenu réel. Comme par magie. Et la magie existe. Il en est victime. Mais il est question d’un pouvoir. Il en était maître donc, d’une infime partie de magie. Mais qu’est-ce que ce serait ? … Il finit de lire les messages.

Le deuxième message avait dû être écrit par une fille à la joie de vivre. Elle parlait du manoir comme d’un superbe endroit. Qu’au début ce n’était pas facile, mais que par la suite on s’y faisait. Pas du tout convaincu pour ce qui était de prendre l’habitude de vivre enfermé à jamais, Seth arqua un sourcil et envia la demoiselle de tant d’optimisme. Il caressa l’espoir qu’un jour, lui aussi sourirait de cette vie. Mais il en douta et seul un rictus tremblant signifia cette pensée.

Le message d’après ressemblait à celui que laisse la direction d’un établissement à son personnel. Mais ce… fantôme ? Ne devait pas être commode pour déposer un tel texte en guise de prévention. Cooper nota dans un coin de son esprit d’aller se promener en forêt dès le début du printemps. Puis il réalisa : Une forêt ? Il pourra donc continuer de respirer l’air extérieur ? Etait-ce la forêt par laquelle il était entré ? Mais comment être prisonnier si on nous laisse se promener dehors ? A ces interrogations il imagina diverses réponses, comme des champs magnétiques/barrières invisibles, des limites magique, un truc qui vous pousse à ne pas dépasser telle zone… De la magie. Il se faisait de plus en plus à cette idée. Alors que 20 minutes s’était passées, peut-être moins, seulement.

La dernière note était sans aucun doute la plus glauque. Un passage important nous informait que, contre toutes attentes, non ! nous n’étions pas morts. Mais que nous devions en quelque sorte, abandonner notre vie d’avant, l’oublier. Que cette endroit était « scellé » de l’intérieur, et que ce que nous y verrons, même notre imagination ne saurait le décrire. Ca, c’était les lignes Informations. Le reste du message laissé à penser que certains prisonniers n’étaient pas des plus cordiaux. A cette idée, Cooper se demanda combien de personne avaient pu faire l’erreur de rentrer. Combien étaient-ils tous, dedans ? Qui étaient-ils ? Si il y a un fou, un meurtrier, pourquoi pas une dizaine ? Rencontrer des gens sympathiques et normaux était une priorité.

Grlgrlgrglrglrrrrrrrrg….

Et manger aussi, apparemment.

    On dirait que quelqu’un à faim…, se moqua la voix vraiment trop caverneuse de Mumphi.


En soupirant, Seth prit Mister Mauve dans ses mains et le regarda d’un air suspicieux.

    Bon. Merci de m’avoir fait lire tout ça. Je garde bien espoir de me barrer un jour, crois-moi. Mais je vais en attendant, devoir me faire à l’idée de vivre ici.


    Bien parlé, petit !


Seth eut un sourire malicieux.

    Tu connais un peu le coin ? La cuisine, par exemple…


    Eh bien, je suis ravi que tu m’poses la question ! Mais non, navré. Je suis arrivé un chouille avant toi et j’ai lu le tableau, c’est tout.


Un long silence s’en suivit. Au point où ils en étaient, mieux valait se presser de rire de tout, plutôt que d’en pleurer. Aussi Cooper sourit-il à la boule de poil. Un sourire franc et vrai, qui vous donne envie de sourire. Mumphi le lui rendit, puis Seth le reposa au sol.

    Eh, qu’est-ce que tu fiches ? J’ai les papattes fragiles ! Portes-moi.


    Je t’ai vu flotter tout à l’heure, tas d’poil.


    Surveille ton langage, gamin ! Si y’a bien une chose que je t’ai pas dite quand t’étais gosse, c’est que j’ai sale caractère et qu’j’m’énerve vite !, menaça, très peu crédible, ledit tas de poil.


    J’avais remarqué. J’ai l’impression que t’es du genre ronchon. Et c’est assez ironique quand on y réfléchit, ton physique et ta voix…, expliqua t-il d’une voix songeuse. Ca ne colle vraiment pas…


Mister Mauve ne releva pas et se contenta de flotter autour de Cooper en marmonnant comme les vieux le font lorsqu’ils se sentent seuls… Il a bien vieilli, lui… D’au moins 15 ans… C’est suite à cette pensé que Seth soupira en souriant avant d’avancer sur le long tapis rouge. Il attendrait dans le coin quelques minutes, au cas où une personne viendrait à se pointer, puis il irait s’aventurer dans le manoir afin de trouver ailleurs une présence et de se familiariser avec sa nouvelle demeure.
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«La véritable réalité est toujours irréaliste.» - Franz Kafka [LIBRE]

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