Je ne vois rien ! [PV 1° personne]

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J'avais froid, j'étais encore dehors. On pouvait entrevoir des petites traces de bottes dans la neige, des marques qui venaient de loin, de tout au bout de la clairière. Le paysage hivernal avait revêtit son habit de blanc, la verdoyante praire n'était plus. La désolation du froid l'avait obligée à se couvrir de son manteau immaculé.
Immaculé... Non, je pense que ce n'est plus le mot. Des hommes mauvais avaient fait couler le sang, ils avaient teinté le blanc de rouge, sans pitié, une innocente, ils en avaient extirpé toute trace sanguine. Le sang, là encore. Il était collé à mes chaussures, bien que je courrai, encore et plus loin, pour ne plus le voir. Il coulait, même encore sur moi.
Et, là, se tenait devant moi ce grand manoir, cette sorte de bâtisse immense. On aurait cru qu'elle chatouillait les nuages de son extrémité. Mais d'apparence gothique, morbide mais pas rudimentaire, ses arches et ses pointes gigantesques la rendait, de loin, la plus impressionnante des constructions.
A l'heure où je vous parle, soyez certains que la vue m'avait déjà quittée. Encore, j'avais tellement froid et peur de cette neige souillée et que Père et ses hommes me retrouvent. Je serrais fort dans mes mains, le fouet de métal qui avait maints fois claqué sur mon corps.
Je n'avais pas encore réfléchi à l'endroit où je pouvais être, ni ce que ce lieu était et ce qu'il m'apporterait. J'étais dans l'ignorance, mais le malaise et la peur me collait à la peau. Je fis un pas lent, ce qui marqua une trace dans la neige. Rassurez-vous, dans la logique, je n'ai perdu la vue qu'après avoir entr'aperçu ce lieu massif. Alors, je posai mes mains glacées sur la porte de fer, tâtant doucement avec mes doigts, afin de trouver la poignée.
Lorsque mes mains rencontrèrent une bosse, mes poings se fermèrent dessus et je fis tourner mon poignet. La poignée pivota et la porte s'ouvrit en grinçant. Un grand froid s'engouffra tout à coup dans ce que je pensais être un couloir. Il n'y avait pas beaucoup de bruits, donc j'en déduisais que peu de personnes n'appréciaient flâner ici.
Quelques voix, quelques échanges rapides de mots, des voix fades et déprimées. Maintenant que j'étais entrée, c'était là que je me demandais où étais-je. Mais saviez-vous que lorsque 1 de nos 6 sens ne "fonctionne" plus, les autres sont renforcés ? C'est grâce à mes sens, donc, que je pouvais sentir la présence des murs. Je m'approchais lentement, en tâtant les murs, puis en me déplacant sur le côté (comme un crabe =P), toujours très doucement.
A un moment, mes mains touchèrent une sorte de grand carré en liège. Je m'avancai et toucha plus haut. J'en déduis que c'était un panneau. Mes mains touchèrent, plus bas, des feuilles puis des punaises, à en voir la texture.
Je me reculai, puisque j'entendai des gens grogner, sans doute d'autres personnes qui voulaient voir le panneau d'affichage. Il y avait au moins un petit groupe pressé. Et je me retournai. Je sentis la présence d'une personne. Nous étions face à face, du moins, d'après mes déductions. Je lui demandai :

- Ah, hum, excusez-moi, pourriez-vous me lire ce qu'il y a d'écrit sur ce panneau ?

Sujet: Re: Je ne vois rien ! [PV 1° personne] Dim 18 Jan 2009 - 13:29

Le café avait fort mauvais goût ce matin. Ses vapeurs amers lui faisaient regretter de ne pas avoir sagement pris un chocolat, mais celui-ci réveillait moins.
Eva arpentait doucement les couloirs, sirotant de temps à autre sa tasse, en prenant bien garde de ne pas salir le sweat bleu qu'elle avait emprunté à une camarade le matin-même. Et c'est par cette ballade, qu'elle eut la chance inavouée de croiser une jeune fille certainement amateur de sadomasochisme, rien de très étonnant en somme. Malheureusement celle-ci perdait de la crédibilité, en marchant tel un lourd crustacé contre les murs du pensionnat.
Intriguée, ses pas la menèrent à la nouvelle prisonnière.

Celle-ci semblait embarrassée -normal-, de ne rien y voir? Qu'elle était la nécessité de se couvrir les yeux si on ne voit déjà rien, Eva ne s'attarda pas sur la question vu qu'elle ignorait si son interlocutrice était bel et bien handicapée d'un sens.
En tout la scène aurait pu être une belle farce, une aveugle qui demande à une borgne de lire pour elle. Ceci dit il aurait été encore moins chanceux de tomber sur une des multiples personnifications de l'étrangeté du manoir.

«Désolée, ce panneau dit que vous êtes enfermée ici»

Marmonna-t-elle en baissant la tête, sans prendre la peine de lire le panneau, connaissant évidemment l'éternelle litanie de l'entrée. Bien que celle-ci fut désormais égayée par l'écriture guillerette de Kyoko.

«Mais...il y a déjà beaucoup de monde.» Elle ne prit pas la peine d'énoncer la suite du programme, pouvoir et animaux fantastiques, se doutant qu'elle ne risquait pas d'être pris par le plus haut sérieux. Le temps où les gens entraient sans se poser des questions, avait déjà dû s'évanouir depuis des années.