«T'ES VRAIMENT TROP CHIANT COMME MEC!»

Et paf claquement de porte. Cela devenait une habitude pour ce cher blond de quitter sa chambre dans des accès de colère. Cette fois c'était contre Mail qui avait eu le malheur de faire ce qu'il faisait d'habitude, c'est à dire jouer aux jeux vidéos sans rien dire. Ce qui aujourd'hui avait exaspéré Nao qui tentait désespérément de faire la conversation, et en gage de punition puérile il était sorti de la pièce après lui avoir piqué un paquet de cigarettes caramélisées, et quelques canettes d'alcool. Il hésitait entre les foutre à l'eau ou mettre le feu à quelque chose pour calmer ses nerfs, pas les fumer ni boire non certainement pas. Sa peau en pâtirait ainsi que ses dents, et ruineraient ses heures de douche intensive, d'étalage de crème, d'épilation, de brossage de dents, d'application de produits en tout genre qui servent communément à "garder la peau lisse et jeune".
L'idée de brûler quelque chose ne lui semblait pas trop mauvaise, et qui veut papier veut : bibliothèque. Sans oublier d'emprunter un appareil numérique dans la chambre numéro 4, appartenant à Allen Winters qui par chance devait geeker quelque part dans le GGL.

---



Certes personne ne s'aventurait fréquemment dans ces lieux. Mis à part les rats comme elle, les paumés comme elle, les gens qui ne trouvent rien à faire de leur matin comme elle, les dépressifs et enfin les misanthropes. Et malheureusement la seule espèce connue, la plus méprisante de tout le pensionnat se trouvait là.
A quelques mètres.
Sans s'en rendre compte, et par réflexe, la borgne venait de se recroqueviller dans les bras d'une étagère, fixant alternativement l'autre borgne dément, et son ouvrage sur les textiles à travers les âges, passionnant.

Elle aurait dû songer rien qu'un instant à sortir, histoire de ne pas paraître louche, mais à vrai dire Morgan l'effrayait quelque peu. C'est vrai il semblait dénuer de toute compassion, ne s'entendait avec personne, et s'était permis de la juger de façon bien cruelle la dernière fois. Tout un programme qui ne permettait pas pour l'instant leur prochaine entente.

Voilà, chopée. Eva regarda curieusement le livre que le jeune homme tenait entre ses mains, écoutant d'une oreille ses questions. Quel ton sympathique, elle se sentait petite enfant après avoir fait une bêtise.

« Je ne me cache pas.»

Gémit-elle. Mais sa justification fut coupée par l'arrivée d'un autre blond (ça se reproduit vite, comme les emopunky de Bastille).

---

Chouette, pile le jour où il prévoyait un barbecue, on lui offrait deux invités d'office. Un sourire sardonique étira les lèvres de Nao, qui avançait déjà en faisant chavirer ses hanches (ça avait le don d'exaspérer certains). Bon changement de programme. A mi-chemin des deux gentils angelots, une idée lui vint. Il fit demi-tour et attrapa une chaise au passage, et bloque la poignée de la porte entre les barreaux du dossier. Scène qui méritait d'avoir comme titre : mais-non-je-ne-suis-pas-du-tout-louche.
Retournement naoesque, sourire éclatant et déhanchement.

«Heeey mes adoréééés. Alors on s'amuse bien? Vous lisez quoi de beau? Vous saviez que l'autre jour c'était la Saint Valentin? Vous avez reçu des cadeaux? Ah mais non le chocolat c'est QUE pour les dépressifs, et les cadeaux QUE pour les gens qui ont des amis, zut alors.»

Haine presque injustifiée envers les pauvres borgnes. Bon Eva pas vraiment, c'est juste qu'elle avait une tête de bonne victime. Par contre Morgan...
Arrogant, il vint vers eux en faisant claquer ses talons, cachant dans son dos les armes du crime.

«Heureusement Tonton Nao a pensé à tout, Eva ramène-toi ma jolie, Morgan tu veux bien t'asseoir là?» Son menton désigna un fauteuil derrière le dos du misanthrope, et comme poussé par une envie de bonne action, il aida celui-ci à s'y installer en le poussant d'une main dessus. D'ailleurs le contact de ses doigts manucurés contre ce torse plat le fit frémir. Se mordant la lèvre il dévoila tel un spam humanisé son équipement plus ou moins louche.

«TADAAAAH! De quoi faire ripaille hein?» Léger silence perplexe.

Plan numéro un : énerver Morgan, réussit. Évidemment c’était là la chose plus facile, le problème c’est qu’en plus d’avoir énervé le pauvre homme, ce gueux en question venait de méchamment le piquer en retour. La réflexion le fit sourire, et sans prévenir (ô Nao que vous êtes pleine de surprise), son talon 5cm aiguisé de méchanceté vint s’appuyer violemment contre le joli abdomen de Morgan (ô Nao que vous êtes saiksi). Visiblement il n’appréciait pas la référence à "le travesti blond de l’autre jour".
Dont il écrasa l’image dans sa tête tout en écrasant pied sous cuissarde sur ce pauvre misanthrope, espérant secrètement qu’il fasse une attaque tout de suite.

« Jaloux ? T’en fais pas je pense plus à toi en me branlant qu’à n’importe queeel travesti. » Susurra-t-il, mais ses yeux disaient plus quelque chose du genre : muahahahahahaha.

Eva avait daigné sortir de son trou, regardant la scène avec quelques indifférences, ça devait être la routine entre ceux-là , comme la bonne vieille salutation amicale entre Gorgeou du Poitou et Margarette du Touquet. Salut ça va chérie ? Ouais ouais pose ton pied là.
Donc elle comptait bien s’éclipser discrètement, repoussant l’idée du sort du pauvre borgne à quelques mètres d’elle. Malheureusement malgré sa discrétion plus entraînée que celle de Nao, celui-ci la rappela.

« Evaaa reste iciiii je te priiie. »

Chantonna-t-il en prenant les poignets de Morgan, les mesurant d’un coup d’œil. D’accord on pouvait commencer à se douter quelles idées tordues se tramaient dans l’esprit sombre du sympathique éphèbe.

« En quel honneur ? »

Marmonna-t-elle en se retournant, et fatalement elle fut confrontée à une terrible fusillade qui aurait pu l’abattre au sol si elle n’avait pas été oculaire. Le regard peu amène du blond lui indiquait la prudence dont elle faisait preuve à obéir bien sagement. Un hoquet lui resta dans la gorge, faisant mine d’être très las de tout cela elle revint vers eux.

« Bien. »

Conclut Nao, et retrouvant la compagnie de son prisonnier il se lança dans l’explication la plus concrète de son programme de saint valentin en retard. « Alors c’est simple Morgan, on va trinquer et tirer quelques lattes d’accord ? Faut savoir se détendre dans la vie, regarde t’es touuuut crispé, tu vas finir vieux avant l’âge. Allez Eva toi aussi, rapproche-toi un peu faut que je te dise un truc. »
Elle s’exécuta quelque peu énervée et pressée de partir, mais ça n’allait pas être le cas, Nao lui saisit le crane, semblant la dévorer alors qu’en fait il se contentait de siffler (oui comme un serpent, fourchelangue tout ça) dans son oreille, à voix basse.

« Bon alors écoute tu vas prendre cet appareil et tu fais tout ce que je te dis sinon dès ce soir tu auras le droit à ce que tout le monde soit au courant de tes pires conneries, tu devrais faire attention Eva les gens bourrés ça parle un peu vite. »

Ricanement automatique, il enfourna l’appareil photo dans les mains moites de la jeune fille, son œil se baissait vers le sol, ne voulant pas laisser traduire sa peur et son horreur à tous.

Et en retirant sa cuissarde de son appui, sa main se faufila dans sa poche, son postérieur vint s’asseoir sur les genoux de Morgan, plaçant ses jambes de part d’autre de la chaise. Limite si il s’était trouver tout seul dessus on aurait pu croire qu’il comptait enfanter un hybride immonde qui aurait pu servir de mascotte à Ikea (une chaise avec des bras et des cheveux blonds). Et brandit fièrement sa canette sous leurs nez.

« Tu l’ouvres ? »

Traductionao: Ouvre.

Ouh que c’était agréable d’être le méchant de Disney. Nao jubilait intérieurement, en voyant Morgan se transformer en petit poisson rouge, happant l’air une fois hors de son bocal. L’ennui c’est que c’était lui qui polluait l’air, lui le personnage principal, le grand méchant loup, le truand, la drag-queen ou la danseuse de cabaret sur sa chaise.

Eva restait pétrifiée, regardant tour à tour le borgne et son bourreau. Elle n’aimait ni l’un ni l’autre, ne voulait aider ni l’un ni l’autre, mais ne désirait pas non plus devoir ramper sous terre à chaque fois qu’elle croiserait Helen, Mail ou Keiko. L’espèce de fausse sainte nitouche déflorée, qui mangeait secrètement quelques ecstasy quand on ne la voyait pas, en compensation des autres pilules qui semblaient de moins en moins fonctionner. Et qui sait ce qu’elle avait pu un jour dire à cet homme lors d’une cuite.
Et surtout, si Morgan, maître en l’art de révulser les approches, doué d’un dégoût vomissant envers Nao qui aurait bien pu repousser celui-ci avec une violence inexplicable, si lui pliait juste sous les quelques petites taquineries, que pouvait-elle bien faire ? En plus, si cela se savait, Morgan serait le premier à la mépriser. Il pouvait bien apprendre lui un peu, ce que c’était de croire qu’on peut vivre tranquillement en restant seul, dans le pensionnat, ce qui égalait l’impossible.

Nao bouillonnait, grisé. Les doigts inutiles du misanthrope tentant de le repousser, son visage qui s’empourprait, il y voyait un gamin qui se cachait pour ne pas se faire gronder. Les gouttelettes éclatèrent sur son visage, sans doute l’acte de plus grande violence dont son prisonnier avait été capable depuis le début. Pauvre petit, cependant il ne semblait entièrement se démonter. Normal c’était Morgan.
En y réfléchissant bien le mieux serait d’en plus l’humilier, noyer sa fierté, piétiner son orgueil, et massacrer son honneur à grands coups de marteau.

« Oh c’est bien tu attends la suite. »

Ne prenant pas la peine d’essuyer son visage, ses yeux se posèrent sur la canette ouverte, comme si il avait s’agit d’un splendide ouvrage qu’on venait de réaliser. Ce qui n’était pas complètement faux.
Ses idées se bousculaient au portillon, pour peu son crane risquait d’exploser, mais non le super shampoing protecteur utilisé le matin même veillait sur ses neurones (mais lesquels…). Bon il valait mieux commencer par le plus évident.
Il but une gorgée de bière pour se calmer (très logique), et prit gentiment l’arrière du crane de Morgan, l’agrippant. Son nez frôlait le sien, ce qui l’amusait car il imaginait bien toute la répugnance à son égard qu’il devait éprouver. Serrant ses mèches quasi-déteintes dans ses doigts, le bord de la canette vint se placer aux lèvres brûlantes du pauvre garçon qui aurait mieux fait de mourir tout de suite.

« Bois. »

Et sans même attendre son consentement, il tira sa tête en arrière pour pouvoir mieux y placer la kronenbourg qui vint lui violer les lèvres, le faisant avaler de force des gorgés d’alcool, heureusement (ou pas) pour lui ça débordait un peu. Le long de son menton.

« J’ai des allumettes quelque part sur moi. »

Traductionao : essaye même pas de refuser la bibine ou je nous fous le feu en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire. D’un coup d’œil coopératif il fit signe à Eva d’immortaliser la scène.
Tremblante, elle regardait dégoûtée le cliché qu’elle se devait de prendre, Nao insistait du regard mais comme la bonne petite ne s’exécutait pas il prit la peine d’ajouter :

« Ils sont sympas Helen et Mail non ? »

Clic clac. Désolée Morgan.

Revenons à celui-ci se dit le blond heureux de voir que tout marchait comme sur des roulettes. Balançant l’assassin de Ritchie par-dessus son épaule (c'est-à-dire l’alcool) avant que sa jolie peluche toute blanche ne s’étouffe (de rage ?), il admira avec joie le travail. Vraiment pas très propre tout cela.
Mais ça lui apprendrait à cet abruti, monsieur je-suis-très-pur-moi, avec des insultes à la noix genre pitoyables humains ou des choses comme ça. Non mais franchement, à croire qu’on l’avait pas assez bizuté au collège. Relâchant peu à peu sa prise sur la chevelure de Morgan qui contrastait soudainement avec sa peau, ses doigts revinrent s’ancrer à sa main droite, de toute manière il avait de quoi le faire tenir.

« Eh beh dis donc, c’est pas très propre tout ça, nous sommes couverts de bièèère, c’est bête. Soupir. Faudrait pas rester comme ça hein ? »

Oh que c’était bon d’être le fourbe, bon certes il l’avait déjà pensé précédemment, mais on ne change pas non plus la façon d’obtenir un orgasme, ni de se mettre une gifle, et ni de bien se brosser les dents. Enfin, ne dérivons pas.

Étreint d’une piètre solidarité, son visage se gardait à une distance un peu près respectable (selon lui) de sa victime, son cœur battait à gros rythme, cadençant la danse malsaine qui faisait tournoyer ses pensées. Nao nettoya d’un doigt le menton de Morgan, puis d’un autre, et fit glisser sa main le long de sa nuque jusqu’à…re-clic-clac. Il venait de le menotter. Sympa.

« Wouh te voilà propre comme un sou neuf, et serra petit à petit les bracelets en fer à ses poignées, bon, serrait, tu as le choix entre me laver le visage comme un grand –sans les mains-, ou me cracher dessus comme un misérable et t’apitoyer sur ton sort pour diverses raisons à la suite. » Ô Nao vous êtes un saint, on devrait vous dédiez une statue.

« Quoi quoi ? »

Rigola-t-il en écoutant trembler les cordes de Morgan, et se gaussait de plus belle en devinant les efforts stupides que celui-ci tentait pour le repousser. A son peu de surprise, l’abdication se fit plus vite et plus facilement que prévu, du moins c’est ce qu’il eut tort de penser ne serait-ce qu’un instant.
Il n’avait pas prévu tout à fait cela. Certes le peu de cervelle qu’il possédait lui avait permis de deviner que évidemment le borgne ne serait pas très coopératif, mais de là à s’en prendre à son pauvre nez.

Le coup lui fit partir la tête sur le côté, un cri de douleur lui échappa, ainsi que quelques injures qui se firent déchiqueter entre ses dents, qu’on aurait pu traduire en langage soutenue par : ah putréfaction de bazar ça fait vraiment bobo espèce de vilain bonhomme. Quelque chose de très approximatif.
Ses yeux venaient de rougir, ses joues aussi d’ailleurs, alors que l’autre abruti essayait de se justifier ? Ohlalalala non ce n’est pas de ma faute, c’est mon front il est parti de sa propre volonté et avec force sur ton nez, réaction naturelle.
Eva crut bon de tenter sa chance, afin d’éviter la suite à cette histoire pathétique, bien que tenant plus à s’enfuir d’ici qu’à aider ces deux clowns. Mais à peine fit-elle deux pas vers eux que…

« DEGAGE ! »

Un choc brutal lui ébranla la mâchoire et la joue, le nez. Et son corps vacilla, pour retomber lourdement au sol, visiblement bien sonnée par le coup de poing que venait de lui mettre Nao. Bon au moins ça retirait un problème à Morgan : aucun risque qu’elle coopère en tant que photographe. Bonsoir je m’appelle Eva, et je suis très inutile à la société, merci de votre écoute.

Ça de fait, il détourna lentement la tête, réfléchissant à toute vitesse, ce qui en soit était plutôt inutile, car quelqu’un comme lui ne nécessitait pas vraiment de faire grande réflexion pour trouver une quelconque vengeance envers ce stupide-malappris-de-misanthrope. Son visage vint s’enfouir dans la gorge de l’idiot en question, tremblant légèrement. Entendre ce pouls battre à grande vitesse le berça, comme si chaque battement l’encourageait à être de plus en plus…fourbe.
Ses dents se dévoilèrent dans un sourire carnassier, serrant sa prise sur les bras du martyr, il entreprit de lui mordre gen-ti-ment la lobe de l’oreille, se plaignant encore légèrement de la douleur. Il faisait chaud, et les goûtes d’alcool, de larmes, et son savon aux amandes douces (un peu de douceur dans ce monde de brutes), rien ne parvenait à rafraichir sa soif. Il frôla le contour de sa nuque jusqu’à sa bouche, par le bout de ses lèvres encore entrouvertes, imaginant lui salir grain de peau par grain de peau, c’était ballot mais à moins de se laver avec de l’acide Morgan aurait dû mal à prendre une douche.

« Tu crois que tu vas mourir ? »

Murmura-t-il plein de satisfaction, avant d’entreprendre une fouille sur lui-même d’une seule main. Il sortit de sa poche le paquet de cigarettes volé à Mail, et une boîte d’allumettes.

«Les clopes c’est à notre cher geek, elles sont sucrées, par contre les allumettes c’est à moi, on en fumera une après pour se détendre. »

Du moins pour te détendre (moi je tiens à ma peau). Il secoua la boîte, laissant entendre les rires furieux des petits bâtons inflammables qui roulaient les uns sur les autres sur l’air du : je vais te cramer la gueuuu-euuule ou les pouuu-moooon-ooons. Ou accessoirement tout autre chose qui puisse servir de tas de bois. Dommage qu’être misanthrope ne veuille pas dire être fait de bois, ni toucher du bois, bref.
Il déposa les deux paquets entre leurs cuisses après avoir pris et enflammé une allumette, prenant garde à maintenir les mains de Morgan, il dit défiler le long du torse de celui-ci, prenant garde à ne pas l’effleurer. Lentement, très lentement, en regardant la flamme s’agiter dangereusement.

« Mais non je déconne. » Et il souffla dessus, la fumée remonta jusqu’à leurs narines, et bloquant les coudes de Morgan avec ses cuisses (rohlalalala 8D) il déchira simplement son vêtement avec ses mains.

« Comme ça ça va plus vite, je suis pas con non plus. »

Comme c’était drôle. Sa méprisable face peinte d’un sourire arrogant se rapprocha de la sienne, de toute manière il était presque foutu d’avance.

« Alors Morgan, à ton avis tu devrais faire quoi ? »

Frustré, oui c’était tout à fait ça il était frustré. Toute la terre lui semblait horriblement horripilante, les garçons lui semblaient tous ressembler à des saletés d’androgynes qui lui rappelait ces espèces de pleurnichardes, la naine et la grande gigue. Et toute cette privation devenait insupportable, tout comme s’il s’était retrouvé un titan ou un cyclope condamné au tartare, par le simple que leur laideur ne permettait pas qu’il puisse séjourner sur terre. Lui laid ? Non mais puis quoi encore, pourquoi pas Morgan attirant pendant qu’on y éta…quoique.
Nao y méditait vaguement, s’intéressant plus à ce qu’il allait pouvoir faire pour rendre Morgan aussi inoffensif qu’un antivirus de chez avast.

Bon en plus ce pauvre ignorant, qui passait à la bibliothèque pour s’éloigner de la gente humaine peuplant les lieux, et ne savait même pas comment se sortir de là ? Les jeunes d’aujourd’hui ne lisaient décidément pas assez.
Il soupira, comprenant que tant qu’on en restait là il n’arriverait pas à grand-chose. Ce visage qui se retenait de pleurer, c’était rageant.

« Bon alors pas le choix, je vais me charger de ton éducation. »

Il entreprit de reculer un peu son derrière, prisant avec ses cuisses le bassin du pauvre petit poisson blanc qui aurait mieux fait de mourir asphyxié les minutes précédentes. Leur position devenait inconfortable, mais valait mieux s’assurer d’abord qu’on ne lui résiste plus avant de la changer.

« Première leçon : tu devrais m’obéir bien sagement et te laisser faire, comme ça après tranquille tout ça, je te laisse partir tout le monde est content. C’est assimilé ? On passe à la pratique. »

En réalité il n’avait dû mettre que peu de fois les pieds dans un quelconque bâtiment pédagogique.

Abaissant sa nuque, ses lèvres vinrent s’appuyer sur son thorax, à sa plus grande surprise son épiderme ne possédait aucun système de protection anti-contact, du genre des balles de plomb s’échappant des pores pour lui trouer la tête. Non juste les battements de son cœur qui fusillait sa poitrine. Chouette. Un baiser s’y déposa, puis un autre, et au fur et à mesure que Nao s’emparait du torse de Morgan en l’embrassant avec une indécence redoutable, il resserrait ses doigts dans les omoplates de celui-ci, lui ayant pris les épaules sans s’en rendre compte. Ses longues jambes pourvus de cuissardes le gênait, il les écarta un peu pour éviter de trop ceinturer le misanthrope, qui comme il l’avait deviné, n’était pas censé dire au revoir à la vie à l’instant même, étrangler par le corps gluant d'un blond égocentrique et frustré
. Bien que ça aurait été préférable pour lui comme il l'évoquait avec tant de tendresse et de sincérité.

Cela devait faire un sacré bout de temps que sa bouche n’avait pu se ravitailler de chaire humaine, depuis le bal en fait, et de…Garry.
Oh que c’était rageant. L’énonciation de ce prénom dans sa tête déjà embrouillée ravitailla sa colère. Les cigarettes tremblaient entre eux, ahanant, ses mains se lacèrent autour de la gorge du borgne, il parvint enfin à avaler une gorgée de salive, et rien que pour le plaisir de savoir qu’il manquait de tuer quelqu’un rien qu’en étant au naturel, sa langue passa sur ses babines, prêt à faire son petit-déjeuner. Il lapa les lèvres de Morgan, desséchées, se désaltérant ou les désaltérant. Ses ongles prisaient désormais ses hanches, puis sa paume se plaqua contre l’abdomen.

« Je présuuume que tu n’as jamais embrassé de garçon ? Enfin les fois où tu étais bourré ça compte pas évidemment. Ni de filles peut-être. Tu as bien de la chance selon les insultes que l’on me donne on peut me situer entre les deux. »

Du moins les insultes que lui administraient ce cher feu Ritchie.

« Seconde leçon : comment survivre durant des négociations. Alors c’est encore très simple, je t’embrasse contre ton gré et qui sait par quoi ça peut continuer, ou bien tu m’embrasses (sans m’empoisonner par ton venin verbal) et je retire une jambe ou un bras. »

A vrai dire ses cuisses commençaient à souffrir de courbatures, et l’excitation mêlé aux fourmis dans ses jambes lui donnaient l’atroce envie de se libérer lui-même. De toute manière ses négociations étaient tout aussi vraies et abordables que le prix d’un bic mac au fast-food du coin, c'est-à-dire plutôt bidons.
En parlant de bidon, son ventre le brûlait. Peut-être que finalement on l'avait bel et bien empoisonner, ce qui le poussait sans doute à détenir assez de force et de folie à tout cela. Morgan ce sale serpent avait dû le mordre à un moment ou un autre, oui voilà il le méritait.

Enfin, il avait largué les amarres de ses yeux. Morgan pleurait. Et il n’y avait rien de plus plaisant. Nao songea un instant à se laisser aller par toute l’étrange excitation que lui prodiguait ce petit bout d’eau qui sillonnait la joue du misanthrope. Tombant de plus en plus bas, l’emportant avec lui, incroyable mais vrai : Morgan devenait complètement stupide.
Il venait de parvenir à l’empoisonner, le rendant idiot, tremblant, et profondément masochiste. Ce visage troublé par une larme, ça lui rappelait quoi déjà ? Rien à faire, on lui offrait une tête et un corps sur un plateau d’argent, inutile de se soucier de l’apéritif qui le précédait.

« Mais c’est bien parce que je te déteste que c’est excitant andouille. »

Rit-il, ben oui que c'est logique.
Son talon foulait légèrement le sol, il venait de parvenir à y faire passer le bracelet de l’appareil dessus, il remonta lentement son pied, comme un sceau récupéré à la mer.

« Bon et bien décrispe-toi un peu dans ce cas, sinon tu vas vraiment avoir mal. »

Clic Clac.

Tout en immortalisant ce moment, ses lèvres happaient frénétiquement les siennes, il gardait les yeux ouverts, profitant de cette méchante pelle pour chercher un quelconque trouble dans les yeux de l’agressé. Un air pitoyable et pathétique de chien vaincu, quelque chose d’appétissant.


Dégageant ses deux jambes de Morgan, il aurait pu laisser croire celui-ci rien qu’un instant que oui enfin, enfin il le libérait, le laissait courir dans les champs les fleurs, sans sa compagnie malfaisante. Mais non en fait, il délaça juste à l’arrache ses deux cuissardes. Une fois ses jambes nues il se sentait déjà plus libéré. Ah mais que diable, ce n’était ni à lui de se mettre à poil ou de se sentir à l’aise (ou pas). Interrompant l’échange buccal, ses doigts se faufilèrent sous le peu de chemise flottant sur le dos du jeune homme, qu’il arracha en brisant les coutures à coups de griffes. Animal.
Ses pattes glissaient le long de ses vertèbres, sur la nuque, extirpant toute pureté rien qu’en enlaçant son dos. Le sang lui battait la tempe, il se trouvait encore trop serré. Ses genoux flirtaient délicatement avec les côtes de Morgan, ravivant une brûlure dérangeante dans son abdomen. Tout ça, il n’y allait pas encore assez fort, jamais il ne parviendrait à démonter cette tête de lego blanchis avec aussi peu d’idées.

Nao défit le haut de son vêtement, recherchant un peu d’air non abusé à travers leurs respirations, ça allait être dur. Attrapant la chaine des menottes, il ramena les doigts de pauvre petit bambi vers lui. Longues branches pâles, dégarnies de couleurs, ça n’avait rien qui puisse attiser sa faim pour l’instant. Bon certes ses pratiques culinaires étaient à remettre à question, il décida donc d’apporter un peu de sauce (salive) sur ses espèces de courgettes ragoutantes (doigts) qu’on lui servait. Autrement dit il venait d’avaler avec précaution l’index de Morgan. Ravi de trouver des inspirations très peu originales pour causer la mort cérébrale de celui-ci. Alors que sa langue s’enroulait lascivement autour, ses poumons se soulevaient violemment dans sa poitrine, crevant d’envie de libérer son hilarité. De le railler et le pousser tout au fond du ravin qu’il venait de nommer "humiliation", pour les touristes.

Sans doute devait-il se répéter mais : c’était grisant.
Ayant du mal à contenir ses élans de fauve assoiffé de chair fraîche (poésie quand tu nous tiens), il relâcha l’appât. Essoufflé, la sueur le piquait un peu, brisant lui-même ses protections, ou plutôt ce truc qui l’encombrait bourré de fils et de tissus nommé chemise, il la balança donc par-dessus son épaule. Se sentant déjà plus à l’aise, ou : Nao l’exhibitionniste.
Gardant les menottes en sa possession, ses jambes se décalèrent légèrement, il plaque une main contre la cuisse de Morgan avant de grommeler.

« Décoince-les tes jambes, ou je te préviens je les écarte moi-même, c’est trop demandé ? »

Il n’allait quand même pas vraiment le violer…L’esprit de Nao en rupture de compréhension nous est presque impossible à atteindre, résultats des recherches lors des prochaines fouilles.

Nao entendait à peine ses plaintes, il partait déjà un peu trop loin, sa raison s’embrasait sous l’excitation. A condition qu’il en ait possédé une un jour. Morgan lui semblait d’une laideur attirante, stupide chose perdue, un peu comme une de ces filles qui pensaient que le monde pouvait être à leurs pieds, alors que lui en quelques heures ils parvenaient à détruire toute une vie d’illusions grossières et ridicules. Grosses comme des panneaux publicitaires derrière lesquelles on se cache l’air de dire : "en fait je suis trop cooool ". Il devenait une punition pour les autres, où était le mal de punir quelqu’un en tort ? Où était le problème de donner un bon coup de pied au derrière d’un têtu qui enchainait gaffe sur gaffe ?
Mais pourquoi cherchait-il à se donner une conscience tranquille, ici il n’y avait que lui auquel on livrait le rôle du "méchant salaud ", quelle importance de se justifier. De toute manière personne ne s’en soucierait, personne ne le pardonnerait, et tant mieux.
Mais comme la clémence est un don fait pour tous, et aussi que leur position en plus d’être limitée ne lui permettait pas d’agir comme bon lui semble, en somme d’empirer les choses. Et poussé par une gratitude inconnue et un égoïsme surdimensionné, dans un geste précipité il défit les liens qui enserraient le misanthrope, et déposa les menottes à terre.

« Pas de bêtises sinon je t’attache une main à un pied. »

Grinça-t-il en l’enlaçant. Prit d’une envie tortueuse de garder près de lui ce corps, et de s’y attacher jusqu’à en arracher chaque morceau de peau. Il respirait un grand coup dans son épaule, contenant une foultitude d’idées et de vices. Son cœur hurlait libération, prêt à égorger ses os pour se frayer un passage à travers sa poitrine. Nao regardait droit devant lui, Morgan était dans ses bras, seulement dans ses bras. Même accolés l’un à l’autre, à moitié fondus, pour l’instant les deux garçons se trouvaient en solitaire, ça n’allait pas.

Un gémissement lui perça la bouche, il se remit à l’embrasser, mordant avec avidité les surplus d’épidermes roses qui causaient son trouble, "vomissant " des litres de salive dans sa gorge, ses doigts coulèrent le long de ses côtes, un léger frisson lui parcourut le bras quand il remarqua l’absence de taille resserrée et de généreuses hanches dont il avait coutume. Sa tête glissa le long du torse de Morgan, comme illustrant sa bonne conscience s’écroulant le long d’une façade lisse, dont on ne voulait pas se séparer du fond. Il remarqua d’ailleurs l’absence du chemin pubien normalement présent chez la gente masculine, mais vu couleur capillaire de ce garçon-ci c’était bien évident que d’éventuelles pilosités puissent apparaitre sur une peau si blanche. La position demandait un effort de souplesse considérable, qui le fatigua avant même qu’il ne puisse entamer quoique ce soit.

Agacé Nao saisit le borgne par le bassin, et le leva du siège. Ils vacillèrent ensemble un instant, ses dons inconnus de blond expérimenté lui permettaient d’embrasser violemment sa victime tout en se dirigeant vers une cible. Il l’écroula dans un canapé qui se trouvait miraculeusement dans les environs. Quel jour de chance.

Enfin il passa au-dessus de Morgan, et remit sa tête dans le creux de l’abdomen de celui-ci, ne s’attardant pas de nouveau avec ses histoires de poils. D’ailleurs il remarqua qu’il était le seul à moitié nu, ne portant plus que son short et ses divers bijoux.
Ses lèvres vinrent se poser dans le nombril du borgne, il l’effleurait seulement, cherchant à vérifier le bon fonctionnement des habituelles zones érogènes chez ce pauvre type, qu’il maintenait par le bassin. Ses mèches blondes ruisselaient en pluie contre son ventre, il rampait presque tout près de celui qu’il devait dominer. Râpant de la langue son épiderme, pour peu qu’il eut un quelconque venin dans les dents il aurait bien planté ses canines dans la côte de Morgan, rien que pour le plaisir de le voir se tordre de douleur.
La main de Nao se glissa dans l’intérieur de la cuisse de petit bisounours des neiges (en panne de surnoms pour Morgan), et le serpent ondula de tout son long, pour replacer son visage face au sien, cherchant peut-être une quelconque réaction aux caresses lascives dans son entre-jambes, autre que de lui vomir à la figure tout de même.
Il reprit possession de sa bouche, quand son ongle vint se heurter contre ce qui devait être un zipper, sa gorge s’ébranla dans un râle de retenu, il cessa tout mouvement, seul sa voix qui tremblait légèrement souffla.

« Hum, ça va ? »

Un sourire ironique se dessina sur son visage sans qu’il ne le veuille, pourquoi poser une question aussi stupide, il découvrait avec lui-même à quel point sa perversité n’avait d’égal que sa cruauté. La question en sous-entendait une autre ce pendant : ça va encore assez pour que je te déshabille ou tu veux mourir tout de suite sur ce canapé ?

[word c'est trop un noob, il me souligne Raptor, ATTENTION ANGIE INTERDICTION DE LIRE ;O; ET A TOUTES LES ÂMES TRES PURES AUSSI! *ou sinon vous payez l'entrée du topic*]

_

« C’est un peu tard pour que je puisse te laisser. »

Souffla-t-il, contraint d’avouer que si désormais il cessait tout ébat/viol/défoulement charnel il risquait d’empirer sa frustration.
Ses yeux voguèrent distraitement sur le visage de Morgan. Perturbé, sa honte et son dégout qui lui lacérait précédemment les membres, l’emprisonnant de tout mouvement contradictoire aux désirs du jeune blondinet, venait de désormais remonter jusqu’à ses joues les colorant d’un feu incroyable. Limite séduisant. Et occupé à observer ce phénomène de foire, il tressaillit quand les menottes ciselés de l’animal (la gentille brebis donc) coursèrent le long de son dos. Une inspiration profonde l’aida à retrouver le fil de ses pensées, d’ailleurs cela lui semblait pratiquement anormale qu’il s’excite pour un rien. Son abstinence de vie sexuelle devait être beaucoup plus grave qu’il ne le pensait, sans négliger qu’il n’y a que dans des fantasmes de détraqués qu’on puisse imaginer le misanthrope faire une chose pareille. Plaquant sa main sur celle qui lui tiraillait le short, il l’aida à faire coulisser son dernier habit (on excepte le sous-vêtement), qui doucement pris l’ascenseur de non-retour le long de ses mollets. Désormais en boxer quelconque, genre celui à cinq euros avec la bande élastique affichant une marque au hasard de toute manière il y avait plus intéressant, comme par exemple la soudaine animosité que possédait ce vêtement, certainement la dernière chose capable de contenir Nao (ou pas). Il jeta un œil sur son bassin, constatant le renflement que causait ses délires maniaques de frustré de la vie, il fallait le comprendre aussi, Morgan était si adorable en rôle de pauvre petite bête.
Pauvre petite bête qui lui susurrait des mots tendres à l’oreille, déclaration enflammée à laquelle un ricanement sarcastique fut répondu.

« C’est un peu tôt pour dire ça. »

Autrement dit : le pire ne t’est pas encore arrivé mon cher, accroche-toi bien au revêtement du canapé.

Ses doigts firent lentement descendre la braguette déjà prisonnière, avec un peu de mal car ses mains lui semblaient un peu moites, une véritable mélodie érotique que d’entendre le zip céder sous ses efforts, il n’eut même pas le temps de compter les secondes qu’il s’attaquait déjà aux boutons en fer, qui risquèrent leur vie en se laissant défaire par les doigts agités du blond.
Enfin les jambes arquées du borgne furent mises à jour, modèle : vierge effarouchée plutôt embarrassée. Là en l’occurrence et dans un sens profondément hétérosexuelle Morgan n’était pas puceau, mais en présence de quelqu’un comme Nao il ne pouvait être que le plus démuni des démunis. Celui-ci s’abaissa jusqu’à son bassin, laissant ses mèches frôler sa peau à vif. Il faisait froid dans la pièce, et sans agir assez vite les pauvres garçons risquaient bien un bon rhume à se geler et se réchauffer.

Fantasmant gravement sur les scènes à venir, il fixait avec avidité le morceau de tissu restant, ayant la grâce d’un raptor en rut. L’animal dévoila griffes et crocs, et attrapant par des pincettes l’élastique du sous-vêtement machiavélique, il le retira pour en faire une boule de vêtement inutile qui fut éjecter à côté des autres cadavres de pantalons, chemises, et cætera.
En proie à une folie et un taux de fourberies surdimensionnées, un rire étouffé lui échappa, il lança un dernier regard tranchant à Morgan.

« Bonne chance. »

Nous épargnerons d’ailleurs le misanthrope à se fatiguer pour avoir la pensée cohérente suivante qui risquerait énormément de le fatiguer : connard.

Ses lèvres se déformèrent dans une forme de cœur un peu outrageante, et s’avança sans demander aucune permission, se permettant d’éduquer la libido plate et décourageante de Morgan. Le fourbe démoniaque, honteux personnage sorti un jour de l’utérus d’une pauvre mère qui voudrait sans doute l'euthanasie si elle savait à quel point son fils était devenu un pervers sans foi ni loi, qui s’occupait de faire découvrir à un gentil phobique de la population les joies sales de la fellation.
Sa langue s’emparait du désir incontrôlé de Morgan, il engageait des faux mouvements de recul pour revenir, le plongeant dans un délire vicieux abondant d’exaltations, il sentit ses propres poils se hérisser. Depuis combien de temps n’avait-il pu autant s’amuser ? Il n’arrivait même pas à regretter de n’être qu’un fauve.
Les ongles proprement manucurées de la bête en question s’aventurait sur les hanches inexistantes de sa proie, massant de la paume ses muscles contractés à l’impossible.

Les omoplates de Nao se contractèrent, il ne s’arrêtait pas comme l’aurait souhaité Morgan, et frôla du bout des ongles sa main qui lui tenait la nuque. Il perpétua le supplice durant six longues minutes et des brins de secondes. Ciselait progressivement de la langue l’organe, ça sentait le fauve, la débauche, prouvant que même le pire des innocents ne pouvaient résister à ce genre de chose, et à lui surtout. Sa paume dessinait des cercles dans l’intérieur de ses cuisses, cherchant à faire céder les muscles irrités, il ne pouvait pas l’informer qu’on ne pouvait prendre son pied en restant comme ça. De toute manière il n’aurait pas compris, tête de mule.
S’emparant de son propre plaisir en écoutant les plaintes désordonnées et la voix non désirée du misanthrope. Puis un dernier coup de langue, un ultime traitre de va-et-vient (celui qui laisse beaucoup de faux espoirs) et le blond releva la tête, laissant errer un sourire arrogant destiné à tous.

Sa joue se déposa sur le ventre crispé de Morgan, caressant lentement ses épaules et les côtes contractés, prêtes à se briser à la moindre marque d’affection érotique faussement sympathique. Mimant une tendresse déconcertante, avec laquelle il enlaça le jeune homme pour le soulever contre lui. Nao s’adossa au canapé, emprisonnant sa proie dans ses bras, un peu comme il l’aurait fait avec un enfant. La respiration lui manquait, en rythme saccadé il tentait de marmonner quelque chose, et ce fut un faible son qui pu enfin trouver un passage à travers ses lèvres humides.

«Nh Morga…n… »

Soupira-t-il sans pouvoir continuer sa phrase, désormais il faisait un peu froid pour eux. Un faible gémissement lui échappa, il réfléchissait à la manière la moins perturbante pour déflorer de façon anal-ogue à celle d’une relation un peu près normal l’espèce d’épave entretué par son esprit sa morale à la noix son corps et ses réactions de vieil adolescent abstinent. N’ayant aucun lubrifiant plausible à proximité, mis à part leur salive. Mais son cher "compagnon" risquait l’infarctus s’il lui demandait une chose pareille, l’ingrat.

« C’est pas désagréable mh ? »

Évidemment que non, il le savait très bien. Mais le demander semblait être une complaisance morbide, jubilant du trouble qu’il semait. Oubliant également qu’on finit par tout se ramasser dans la tronche.

Ricanement sourd, ses doigts trottèrent le long de sa nuque, il les plongea dans la broussaille de mèches quasi laiteuses de Morgan, massant lentement son crane sous lequel devait régner le plus grand désordre imaginable, comparable à la chambre n°2 (pièce de tous les vices). Un malaise le prenait, un désir bestial l’entretenait, et la crainte d’éjaculer sans prévenir le saisissait. Pas qu’il eut des problèmes de ce côté-là, mais n’étant pas habitué à une passivité aussi déconcertante son corps commençait à se lâcher peu à peu, réclamant ce qu’on pourrait nommer "saletés". Un peu comme le mec devant sa télé (pas Mail) qui réclame une foultitude de chips, de coca, de saucisson, tout cela.
Ses yeux se fermèrent, afin de stabiliser les spasmes qui attaquaient ses bras. Réglé sur mode automatique, il caressait Morgan sans s’en rendre compte, préparant ses lèvres à frémir sous l’effort qu’il allait faire pour formuler quelques mots. Raclement de gorge.

« Continue un peu, j’vais craquer et te faire mal sinon. »

La mise en garde aurait bien pu rester en option, bien que cela apparaissait plus comme un chantage qu’autre chose. Nao geignit, et entrouvrit les paupières, battant sympathiquement des cils comme un petit chaton tout innocent qui demande la pâté à son esclave (appelé aussi maître par les humains).

« Con…tinue s’il te plait, n’im…n’importe quoi merde. »

Là ça ressemblait quand même trop à une supplication, mais c’était le cas, sa voix s’était éteinte légèrement sur le dernier mort. Ses ongles s’enfonçaient un peu sévèrement dans l’épiderme blanchâtre de la victime, s’en rendant vaguement compte il relâcha faiblement sa prise.

Peut-être qu’il aurait dû se taire, peut-être. Ses yeux scrutèrent ceux de Morgan, y décelant un mauvais présage, une mauvaise plaisanterie, soit il était excellent élève soit il devait vraiment, terriblement, absolument lui en vouloir.

Ses jambes gigotaient faiblement, il restait emprisonné de cette première attaque buccale, écoutant ses nerfs céder un à un, ses lèvres tentaient de ne pas décrocher des siennes, il ne voulait pas respirer, juste s’emparer des arrogants tissus de chair enflés par leurs roulages de pelles intensifs. Des soupirs écrasés s’entrechoquaient dans sa gorge, se bousculant les uns les autres, désespérant de ne pouvoir s’enfuir du cou gracile qui tremblait sous la caresse insupportablement lente du précédemment dit misanthrope (on pouvait commencer à avoir des doutes).

Nao haletait, rageant d’un plaisir masochiste à se faire presque SOUMETTRE par lui, oh maille goude oh maille goude. Sa pupille se dilatait, faiblissant sous le manège impitoyable, certes c’était à sa demande qu’on venait de le bâtir. Mais ça tournait à une vitesse frustrante, la lenteur érotique d’un mollusque spécialisé dans le lap-dance, quelque chose dans le genre.

Les nerfs à vifs, à fleur de peau, des longues plaintes semblaient lui parvenir de ses muscles, jubilant des cajoleries maléfiques, las d’attente, des gouttes de sueurs frémissaient sous ses spasmes, accompagnant la chorégraphie de leurs bras, jambes mains, lèvres, on pourrait citer toute l’anatomie, préciser les noms scientifiques mais c’est également tellement plus simple de dire qu’ils faisaient l’amour, ou bien un viol, ou pas. Tout ça devenait extrêmement compliqué.

Le jeune blond se tordait comme un ver, mais une pression sur son bas-ventre le stoppa brusquement, son globe oculaire glissa vers le bas…hey il faisait quoi là ? Non…quand même pas…SERIEUX ? En vrai l’étonnement de Nao était beaucoup moins clair dans sa tête : agreuuuuh (comme dirait la déesse).
Son dos se cambra violemment, laissant un long craquement résonner à ses oreilles, l’étranglant alors qu’il tentait de libérer son impression par une plainte incompréhensible, râle animal qui lui semblait peu évocateur de ce qu’il voulait dire qui devait plus être : "Oh putrane de sale enfoiré je te hais mais j’apprécie quand même beaucoup saleté de sa maman. " Bon certes on devinait que le borgne n’avait pas fait ça toute sa vie, mais ça devait dater d’un bon moment qu’il n’avait pu se permettre de tel plaisir. Déglutinant avec peine, ses lèvres se desséchaient peu à peu sous ses happements d’air, sa main gauche se glissa sur le crane de Morgan, caressant négligemment le cuir chevelu. Les frissons lui parcourant la colonne se battaient en duel avec toute la chaleur provoquée par cette simple plaisante idée du borgne ; son abdomen brûlait, ses poumons avec.

« Pu…taaaaaaaaiin. »

Geignit-il, alors que les bras du fourbe personnage lui enlacèrent la taille. Enfin, il ne prit même pas la peine de l’insulter (ou de le remercier), rattrapant ses longues minutes insupportables, douloureuses de désir. Nao saisit brusquement son adorable amateur, prisant avec envie sa bouche, le balançant en-dessous de lui. Prêt à l’écraser sous une humiliante/géniale/pénible/masochiste insinuation, la fusion des corps tout ça, révisez bien vos cours. Les dents serrées, il murmura entre deux mordillements du lobe de l’oreille du futur dépucelé (dans un sens purement gay et joyeux bien évidemment)

« Meurs. »

Sympa le soutien. Par un effort surhumain il parvint à s’engager doucement d’abord dans la jolie croupe de jeune éphèbe de Morgan, ressortant assez vite le temps de laisser une légère habitude. Et rompant tout contact avec sa patience, l’irrésistible besoin d’en avoir plus le fit craquer. Il s’avançant soudainement plus rudement, se re-calmant, et reprenant ensuite ses longs va-et-vient.
Il fallait savoir que ce genre de réjouissance s’accompagnait souvent de souffrance, étrange mélange masochiste, mais ça devait être ce passage du maaaal au bieeen ou du bieeen au maaal, qui en causait toute l’euphorie.
A vrai dire Nao se fichait bien de savoir si ça allait le traumatiser ou pas, tant qu’il chantait à ses oreilles de longues plaintes ou cris lascifs. Bon chanter n’était pas le terme on vous l’accorde. Sa langue dessinant de grandes arabesques sur la pomme d’Adam de Morgan, alerte à toutes réactions, s’abandonnant aux membres étiques du borgne, entrechoquant parfois leurs flancs. Ses accélérations auraient manqué de les casser d’ailleurs. Courage la prostate bénie n’est plus très loin.

Le système nerveux du blond s’emmêlait sous la débauche, tendu au maximum un cri lui échappa. Oups. Il venait d’atteindre le point G (ou P vu que c’est ici une affaire de mâles), une fois, deux fois, bref plusieurs fois, et se lâcha sous un orgasme féroce, libération de jouissance, de crispation, de désir, d’animosité, de liquide séminal, de lui, d’eux, tout ce que vous voulez tant que c’est sale gluant profondément sensuel et jouissif (donc oubliez les fleurs).
Cambré, immobilité brisée par des longues inspirations qui soulevaient sa poitrine, Nao s’affaissa sur Morgan, s’allongeant tant bien que peine au-dessus de lui sans l’écraser, tentant de calmer ses impressions précédentes de l’éminent orgasme.
Argh pitié une pompe à air. Aveugle il préféra fermer les yeux, de toute manière trop embrumés pour déceler quoique ce soit.

Nao s’engouffra dans la gorge de sont…amant détesté. Ricanant. Mais qu’est-ce qu’il racontait ? Sa mère ? Oui sans doute qu’il avait dû naitre de quelque part, mais tu vois Morgan pour sortir de l’utérus de ta chère maternelle il faut que ton père butine la fleur, et non pas toi. Un Œdipe mal géré sans doute. Mais là ça devait être grave, aurait-il accepté de se faire déflorer le derrière par lui rien que pour soulager sa frustration de petit garçon ?! Gawd, comment ça c’était lui qui venait de forcer un peu ? Tout est bien qui finit presque bien, après tout, même si l’autre racontait n’importe quoi.

« Forcément abruti, ta mère est pas monté comme ton père, tu serais carrément défoncé ou quoi ? Si j'avais su je me serais un peu calmé. » Mensonge sur la dernière phrase

Soupira-t-il en laissant trotter ses orteils le long de leurs jambes dénudés. L’absence totale de couverture provoque quelques frissons sur les délicats poils du jeune homme, qui se mirent au garde à vous un par un. Argh c’est vrai ils venaient de faire leurs affaires dans la bibliothèque, et bien que le canapé soit confortable il n’allait pas suffire à les réchauffer.
Les options suivantes s’offraient : se rhabiller, rester coller, tenter la technique du barbecue mais il réservait ses allumettes à d’autre projets.
Nao tenta de légèrement se décaler, et grimaça.

«Oulah, toute cette glue...»

Délicate comparaison, nous remercions les entreprises Nao& cie d’avoir comparé le liquide séminal mâle à de la UHU, désormais la concurrence va faire faillite.
Embrassant encore délicatement le borgne, léchant les quelques gerçures et infimes plaies restées en souvenir des brûlantes pelles et mordillements précédents, il sentait son énergie se canalisé dans ses membres, qui trainaient de par et d’autre du fauteuil et du corps sympathique de son éphèbe empoisonné. C’était le cas de le dire.
Soudain, un vague rappel attira son intention, il tourna la tête vers la chaise où avait commencé l’impitoyable torture transformée en scène à la loucherie improbable. Un vague son lui mit, la puce à l’oreille. S’appuyant sur un coude, il déposa sa joue dans une main nonchalante, étirant ses lèvres dans un sourire légèrement carnassier.

« Attends c’est pas tout à fait terminé, j’avais dit qu’on fumerait un peu, et j’ai encore un truc à te montrer. Déglutissant le peu de salive lui restant, il tenta une vague intonation. Evaaaaaaa ? Ramène les clopes et les allumettes en vitesse petite vicieuse. »

A quelques mètres plus loin, la forme censée être abattue au sol pour de longues heures, bougea au sol, tout en même temps que Nao laissait balader ses doigts sur le torse épuisé de Morgan, attendant que la pauvre petite borgne arrive jusqu’à eux.

Elle se maudissait, à quel fichu moment avait-il pu remarquer, c’est vrai que précédemment il avait été trop occupé pour la voir recroquevillé. Tout ce temps ses paupières étaient demeurées fermement closes, laissant le soin à son ouï de tout comprendre. Maintenant elle ignorait comment allait-elle pouvoir se sortir de là.
Son œil pivota légèrement vers les corps des deux garçons, elle devait certainement être en plein délire, c’était complètement impensable. Gênée d’assister à un tel plateau elle se remit à fixer le sol en apportant ses biens à Sieur Nao. Celui cherchait mollement d’une main trainante à tâtons, les sous-vêtements aux pieds du petit nid personnel improvisé. Rangeant celui du dit misanthrope dans sa main (celle du misanthrope) pour enfiler directement son short , ce qui lui avait demandé le cruel effort de s’asseoir et donc de se séparer du reposant corps respirant la sueur bestiale et la débauche de Morgan. Cependant ses doigts restaient enroulés autour de sa nuque, ne désirant pas rompre tout contact directement.

« Le bizutage de blonde écervelée. »

Souffla-t-il en prenant dans ses mains le paquet de cigarette et les petits bâtons inflammables.

« Bon comme je suis trop sympa, on va faire un partage équitable, j’en prends une, Morgan en prend une et toi tu vas tout fumer cool non ? »

Oh que c’était vil. Elle n’avait jamais fumé, ne voulait pas vraiment, quitte à se défoncer de l’intérieur ses pilules louches lui paraissaient amplement suffisantes. De plus ses cigarettes, elles étaient à…

« N..non. »

Murmure inutile, le blond posait déjà les deux paquets à côté de lui, la tête tournée vers le second borgne. Jouant des gammes sur son cou, do ré mi fa sol la si do et inversement.

« Tu distribues s’teuplé Morgan ? »

« Deux ? T’es pas très généreux. »

Ricana-t-il en frottant l’embout rouge de l’allumette contre la boîte, un, deux, et paf ça fait des flammes. Rajoutant un troisième bâtonnet magique dans les petites lèvres tremblotantes d’Eva, et embrasa une par une leurs cigarettes respectives. Il se contenta de garder la sienne dans sa main, et vint se rasseoir, observant les réactions du spécimen.

La borgne saisit tant bien que mal les trois cigarettes, tirant sans le vouloir une latte pour laisser sa gorge tousser d’ignobles borborygmes. Jambes frémissantes, le sol lui semblait si proche, si apaisant, elle aurait préféré s’y écrouler tout de suite que de devoir continuer. Mais en croisant les prunelles vertes cruelles de son bourreau, elle préféra abdiquer.
Glissant deux clopes dans les doigts de la main gauche, et une dans la droite, elle tentait tant bien que mal de les consommer. Mais la fumée l’étouffait, lui piquait l’œil, elle le ferma, laissant les relents sucrés au tabac lui pourrir la bouche. Auparavant elle avait trouvé cette odeur presque agréable, en ce moment même rien ne pouvait être plus ignoble.
Les morceaux de nicotine, le goudron, le mercure, le dissolvant , le carburant de fusée, le détergeant, le monoxyde de carbone, l’essence, l’insecticide, l’antimite l’arsenic et le caramel. Le tout multiplié par trois, et vous obteniez un magnifique orchestre de toux de plaintes, de fumées mal crachés.

« Wouh courage Evachoute, tu vas y arriver. »

Sourire doucereux, Nao n’avait même pas commencé à fumer, plus occupé à observer le spectacle. Quelle abrutie. Il matait ses jambes tremblantes, hurlant leur désir de se mettre à terre, laisser tomber le corps lourds qui semblait mener son autodestruction. Quelle horreur, des flux de salives se retenaient de jaillir de la bouche ébranlée de la demoiselle, le blond tourna la tête vers Morgan l’air le plus sérieux du monde.

« Elle va y arriver hein ? »

Une senteur caramélisée enveloppait leur scène, donnant un goût cruel à l’acte, elle renifla un bon coup, écrasant ses paupières l’une contre l’autre. Encore une latte, encore une, une des trois sœurs commençait déjà à disparaître sous ses doigts. Encore une quinte de toux, allez du nerf.
Eva tenait fébrilement les trois mégots, et les écrasa par terre d’un coup de bottine. Heureuse de voir leurs cadavres gémirent sous sa semelle. Sa respiration était devenue rauque, et avant même qu’elle eut le temps de dire ouf Nao lui tendait déjà trois autres saloperies.

« …Il en reste combien ? » Demanda-t-elle timidement.

« Après celles-ci plus que quatre. »

Répondit-il en toute amabilité, écrasant aussi le mégot auquel il n’avait pas touché, trop passionné par la jouissance de voir cette idiote s’étouffer sous les volutes de "brume carbonisée ".

« Je veux pas. »

Ses pieds essayèrent de la reculer, mais la main du blond lui agrippa le poignet, la ramenant. Bref échange oculaire, d’accord c’est lui qui gagnait. Elle allait les fumer, il les enflamma, elle les fuma. Reprenant la longue torture de ses poumons .

« Tu peux t’asseoir si tu veux. »

Ses gambettes ne bougèrent pas, il poussa de l’orteil sa cheville. Ce simple mouvement brisa son équilibre, elle tomba à genoux à travers les denses vapeurs de tabac, ne cessant de tirer latte par latte, les cils rabattus au possible sur ses cernes.

« Hihi, et toi Morgan tu t’en sors ? »