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 Tout ce qui est atteint est détruit [PV Baka]

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Tout ce qui est atteint est détruit [PV Baka] _
MessageSujet: Tout ce qui est atteint est détruit [PV Baka]   Tout ce qui est atteint est détruit [PV Baka] Icon_minitimeVen 2 Jan 2009 - 22:59

Phrase de Montherlant

Solon Poliade s'était réveillé face contre le sol de la cuisine. Il avait mal à la tête mais qu'importait? Il s'était relevé, difficilement certes mais le jeune homme fut sur ses deux pieds quelques instants. Il passa sa main dans ses cheveux noirs d’ébène et regarda autour de lui. Plus personne n'était là. Il retomba au sol et se sentit vraiment pitoyable.
Dans les recoins sombres de la salle, riait silencieusement le Diable qui se frottait les mains. Qu'était devenu le petit garçon qui se promenait avec Dieu dans la poche?
_______________________________

Il s'était laissé guidé par le hasard, ce qu'il ne savait pas c'était que le Diable l'avait saisit par la main et traîné jusqu'au dehors. Qu'il faisait froid! La neige tombait un peu, une fine couche blanche s'était déposée sur les brins d'herbe verte. Dans le ciel gris pas un seul bruit seulement le silence, l'horrible silence emplit de peur. Solon tremblait de froid, il leva la main pour y voir déposer les cristaux neigeux fondant. Son souffle formait des petits nuages dans l'atmosphère avant de s'échapper, loin pour mieux mourir ailleurs.

Le Diable le siffla, inconscient du danger, Solon se dirigea vers celui ci et alla se jeter dans ses bras. Il entra dans la salle aux miroirs. Le vent glacial l'avait entouré de ses deux grands bras gelés, le jeune garçon grelottait de froid. Il enleva son chapeau, des millions de Solon le regardaient. L'humain voulu reculer mais les portes s'étaient refermées derrière lui, dans un grand fracas. Le démon l'avait piégé dans son antre.

Solon posa sa main sur le verre et se dévisagea. Il ne se reconnaissait plus. Il soupira, un petit cercle de buée déformée se forma sur la glace. Le cuistot se regarda, il était à quelques centimètres de son reflet. Quelle ironie, lui si confiant autrefois était devenu un craintif humain. Ses yeux dont la noirceur concurrençait l’encre étaient fatigués de briller. La vie s’était évaporée de ce corps affaibli. Ses mains osseuses caressèrent la surface lisse du miroir. Qui était-il ? De son unique main, il toucha son visage creusé par la fatigue puis passa sa main dans ses cheveux longs. Qui …était-ce ?

Il ferma les yeux, sentant le dégoût et la peine monter en lui. Le dégoût de sa peine. Quand le dégoût de soit même enivre les sens et qu’il convainc l’être qu’il n’est plus bon à rien. Il prit sa tête dans sa main et pleura un peu. Parce qu’il était juste un peu triste…oui juste un peu. Comme un petit enfant qui avait perdu sa maman depuis très très longtemps. Comme un petit enfant esseulé ayant peur sans ses parents. Le démon rodait dans le coin, il posa sa main sur la frêle épaule du garçon.
Solon avait froid…très froid. Il sursauta, quel était ce courant d’air qui venait de le frôler ? Un long frisson lui parcouru l’échine. Il se retourna, l’invisible danger ria silencieusement. Le « jouet » de la vie commençait à fortement l’intéresser. Affolé, le jeune homme recula, il se heurta à un autre miroir. Son souffle se bloqua dans sa trachée. Quand avait-il quitté l’entrée ? Solon se retourna, il était piégé, littéralement enfermé par lui même. Les innombrables Solon se regardèrent, perplexes, terrifiés. Son cœur battait à tout rompre, sa main devint moite et son regard s’égara parmi ce paysage terrifiant qui frôlait le narcissisme. Lui…lui encore lui.

C’était comme si les miroirs étaient amusés de le reproduire. Peut-être un jour allaient-ils se lasser ? Il y eut un bruit. Le jeune homme comme un petit garçon sursauta et se cogna contre l’un de ces miroirs. Il s’écroula contre celui ci et s’assied alors, épuisé. Pourquoi lui ? Encore et toujours…il fallait qu’il lutte. Il avait lutté pour devenir plus fort physiquement. Il avait lutté pour regagner confiance en Dieu. Il avait tout simplement lutté pour vivre. Le résultat ? Il était faible, physiquement tout aussi bien que psychologiquement. Qu’il était facile de le manipuler !

Le Diable éteignit les Lumières. Il agissait tellement mieux dans le noir. Solon cligna des yeux, pourquoi les lumières s’étaient éteintes ? Un problème d’éclairage allait l’achever ; il rejeta sa tête en arrière et observa les lampes qui venaient de mourir. Il tendit l’oreille, c’était calme, seul son souffle quasiment inaudible semblait résonner en lui. Son sang s’engouffrait douloureusement dans son moignon. Il grimaça.

Les ombres s’approchaient de lui, il s’était rendu depuis longtemps. Autant mourir, si on ne pouvait pas servir. Les enfers allaient convenir au monstre qu’il était devenu. Il ne devait pas manquer à quelqu’un, surtout qu’ici il avait très peu de connaissances. Peu importait.

Le petit garçon regardait avec crainte les ombres qui l’embrassaient dans le noir. Il se recroquevilla en gémissant. Où était la Lumière ? Il tremblait. Le pauvre petit garçon allait se faire dévorer tout cru par les monstres qui rodaient entre les miroirs. Il farfouilla dans sa poche de sa seule main de demi-cadavre. Où était la Lumière ? Panique, sa respiration s’accéléra, ses poumons lui faisaient mal…terriblement mal. Il voulait la Lumière. Il voulait, la chaleur de la Lumière. De sa poche il tira son ami. La Lumière noire se débattait entre ses doigts puérils et chassa les Ténèbres.

Le Démon se carapata cependant, Solon était atteint et comme disait Montherlant, « Tout ce qui est atteint est détruit » Encore fallait-il savoir de quoi souffrait le jeune garçon. D’un manque d’amour ? D’un manque de confiance en soi ? Qu’importait encore une fois.
Quelqu’un approchait, Solon leva les yeux de son ami « Dieu » qui trônait comme un prince dans sa main. Qui était-ce ? Il se releva et tenta de fuir. Peut être était-ce encore le Démon.
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Tout ce qui est atteint est détruit [PV Baka] _
MessageSujet: Re: Tout ce qui est atteint est détruit [PV Baka]   Tout ce qui est atteint est détruit [PV Baka] Icon_minitimeDim 15 Fév 2009 - 13:48

Vendredi 12 Décembre 2008


« Amen »

Prononça symboliquement Sœur Emanuelle Logan, anciennement sœur du couvent de Sainte Marie de PI, et aujourd’hui seule pensionnaire représentante du clergé dans ce lieu étrange, que tout le monde semblait aimer à nommer « Pensionnat Interdit ».
Ema se signa, et, jeta un regard à Superbe, la Pie couleur soleil que l’on appelait très familièrement « Alter Ego Astral ». Pour Emanuelle, Superbe correspondait d’avantage à ce petit personnage diabolique insistant des dessins animés cartoons qui passaient à la télévision et qu’elle regardait avec sa défunte sœur Elisabeth, le samedi matin, quand il n’y avait pas école, et qu’elle n’était pas en âge de lire la Bible.
Superbe voleta tout autour de la pièce taillée dans du marbre, en slalomant entre les colonnes qui se dressaient sur son chemin. Elle y était venue, comme tous les jours, depuis son arrivée, pour s’entretenir avec le Très-Haut, et s’apprêtait maintenant à prendre congé de lui. Sans plus se préoccuper de Superbe, elle sortit du temple et leva les yeux vers le ciel nuageux. On était en décembre, et le vent, froid et mordant, faisait gonfler sa robe et l’ébouriffait. Il faisait de plus en plus froid en cette saison, et elle regrettait de ne point s’être couverte d’avantage avant de venir ici. Elle finit par détacher ses pupilles d’un marron foncé de la voûte céleste, avant de se diriger vers la forêt, de laquelle dépassait, haut, froid, et macabre, le pensionnat qui les retenait tous prisonniers de son pouvoir.

Mais en réalité, l’ambiance à l’intérieur de cette sinistre battisse était tout à fait différente de l’idée que l’on pouvait en avoir. Après tout, dans une dizaines de jours, les pensionnaires, aussi isolés et prisonniers soient-ils, fêteraient tous la naissance d’un être sup…
Non, en réalité, tous se moquaient de la naissance de Jésus, la seule chose les intéressant étant le fait de pouvoir faire couleur le vin à flot, de s’offrir des cadeaux, et de rivaliser d’orgueil et de prétention en s’habillant de la manière la plus provocante possible, le tout arrosé d’un air de fête commerciale.
Il était plus qu’évident qu’aucun pensionnaire, à part de très rares exceptions comme elle, aspiraient à célébrer cet événement de manière plus traditionnelle. Mais demander à des jeunes de choisir entre une lecture de la bible et les chants de noël au coin du feu et une boum à la Sophie Marceau, et leur choix sera vite fait ! De plus, Emanuelle était bien trop fière pour s’abaisser à de pareils sondages sur les pensionnaires autour d’elle. Elle monta quatre à quatre les marches de l’escalier principal, menant du Hall jusqu’au premier étage, Superbe sur ses talons, et, une fois arrivée dans sa chambre, qu’elle partageait avec des filles rose bonbon et autre excitées de la cafetière qui papotaient des heures le soir en gloussant comme des débiles sur leurs nouvelles tenues ou sur les « beaux » samouraïs ténébreux.

Sans commentaire.

Et cette année, elle devrait se résigner à passer les fêtes seules. Pour la deuxième fois consécutive, qui plus est. Elle regrettait de point pouvoir passer cette fête, qui était, avec la Paque, la plus importante du calendrier chrétien, avec les autres sœurs du couvent… La Mère supérieure, et sa phobie maladive des animaux, sœur Claire, et ses longs cheveux blonds, ceux, plus éparses et blanc, de sœur Clotilde. Sœur Lucie, qui devait avoir 14 ans désormais, sœur Loris, sans doute toujours aussi maladroite, sœur Amainte, et son goût prononcer pour le mâchage des feuilles de menthe… Sœur Gabrielle. Sa santé, si fragile du temps où Emanuelle vivait encore parmi elles, s’était-elle améliorée ? Sœurs Léone et Catherine, ainsi que leur parfaite synchronisation dans la récitation des prières, sœur Destinee, et son accent québécois, sœurs Ariel et Paris, qui chantaient toujours en duo « Il est né le divin enfant » pour la fête, sœur Cassandre. Tiens, elle ne se rappelait pas de grand-chose sur celle-là… Et enfin la plus jeune, sœur Juliette. C’était-elle remise de l’épisode du chaton ? Ema espérait que oui…

Dimanche 14 Décembre 2008


Emanuelle regarda d’un air peu convaincu l’affiche collée non loin de la porte de sa chambre, sur celle menant au dortoir des pensionnaires nées dans des roses. Une affiche d’un rose…très légèrement voyant était épinglée sur le battant de bois, décorée d’une écriture, d’une signature, et de dessins particulièrement douteux. « Et puis si vous venez pas vous serez punis ! ». La blague. Emanuelle voyait mal deux gamines près pubères de 14 ans venir lui faire la moral et lui donner une fesser si jamais elle ne pointait pas le bout de son nez à cette « fête ». (Et d’abord, qu’est-ce qu’un « Bishi » ?) Décidément, le niveau mental de cet endroit baissait dangereusement de jour en jour ces derniers temps. Ema fronça les sourcilles d’un air réprobateur, et se détourna de l’affiche. Ce genre de choses étaient ridicules, commerciale, et contre le véritable esprit de noël. Elle exprimerait son indignation en passant exprès devant la porte de la salle en fête le soir de noël, à un moment où elle serait grande ouverte, pour montrer son indignation.
- C’est démodé comme façon de protester…
Emanuelle foudroya du regard le seul être au monde, hormis ses parents et sa sœur, qui osait la défier avec une telle insolence : Superbe, son Alter Ego Astrale, qui partageait malheureusement avec un lien psychique et affectif fort qui lui permettait de toujours savoir ce qu’Emanuelle pensait ou ressentait. Chose qui l’agaçait prodigieusement…
- Je ne désire pas entendre l’avis d’un oiseau couleur jaune poussin qui est réputé pour ses dons de vole à la tire.
Rétorqua Emanuelle en se retournant dans un geste théâtrale en en s’éloignant à grands pas de son interlocutrice, tandis que, derrière elle, elle n’en doutait point, Superbe restait coite, rouge de s’être fait refermer le bec par une « p’tite vierge en robe bouffante style paumée-de-la-vie ».

- Je dis juste que si tu veux manifester, il vaut mieux brûler des voitures…Comme on voit à la télé !
Emanuelle se contenta de lui claquer la porte du dortoir au nez. Cette pie était siiii bavarde, avec un comportement qu’Emanuelle approuvait siiii peut ! Elle se laissa glisser le long de la porte en chêne avec Superbe martelant de l’autre coté le battant avec une fureur extrême. Cette Alter Ego était d’un pénible… De plus, elle ne voyait pas en quoi sa façon de protester était démodée ! Bon, il était vrai qu’elle aurait largement préféré que tous soit du même avis qu’elle et organise un fête selon sa vision de noël…
Elle releva la tête soudainement. Après tout, il n’y avait peut-être pas pensé. Elle se releva, ouvrit la porte à la volée (Et superbe, dans son élan, alla s’écraser contre une armoire) et se dirigea vers l’antre des…heu…Kyochi machin.

Elle frappa à la porte, et une fille, dans une tenue hautement scandaleuse selon le point de vue d’Ema, ouvrit.

« Ouiiiiii ? C’est un beau garçooooon ? »
Demanda-t-elle en ouvrant la porte, tandis qu’Ema s’agrippait à sa croix en entrant dans l’antre du démon.
- Pourrais-je m’entretenir avec…heu..Une des « Kyochi » ?
- Kyoko et Miss Chichi ne sont pas la pour le moment ! En leur absence, je prends tous les messages ! <3
- Ce serait pour une proposition pour la…fête…
- Bien, veillez remplir ce formulaire !
S’exclama Key Pen-machin en lui tendant une feuille rose parfumé à la fraise chimique.

Samedi 20 décembre 2008


- QUOI ?! Ma proposition de crèche vivante au milieu de la salle de fête et ma listes de chants de noël à été refusée ? Mais c’est impossible !
Pleurnicha Ema, le Jeudi matin, en trouvant la feuille rose qu’elle avait remplit quelques jours plus tôt agrémentée d’un « refusé » avec des cœurs.
- Les méchants ! Ils ont refusés mes supers idées, c’est trop nul ! Tant pis, S’exclama Emanuelle en se ressaisissant, je ferais une crèche moi-même et je demanderais aux autres de venir la voir !
Décida-t-elle en montant au grenier pour tenter de dénicher une boite de santon et de quoi préparer la crèche.

Mercredi 24 Décembre 2008


Le feu crépitait dans la cheminée, sur la table basse, la crèche et les santons étaient installés. La bible gisait sur le velours d’un des fauteuils. Et pourtant, Ema n’était pas satisfaite. Pas satisfait du tout, même.

- Mais où sont-ils tous ? Ils ne veulent pas voir ma crèche ? Ils doivent être à une fête de DEBAUCHES !
Cria-t-elle, hystérique, par la porte du salon vers la salle à manger, sous le regard rieur de Superbe.

Vendredi 02 Janvier 2009


- Les méchaaants ! Personne n’est venuuuuuu ! Ouiiin !
Pleurnichait Emanuelle deux jours après le nouvel an, qui ne s’était toujours pas remise de ce bas de la part des autres, dans le couloir. Superbe se contenta de ricaner, ce qui eu pour effet d’irriter encore plus Emanuelle. Par moment, elle avait vraiment envie de tuer son propre Alter Ego et de le crucifier quelque part avec une plaque gravé « Voilà se qui arrive quand on embête Ema et qu’on va pas voir sa crèche ». Elle n’en pouvait plus de ses bardages et de ses petits airs suffisants… Elle s’engouffra à toute vitesse dans un tourna et ouvrit le première porte qui lui tomba sous la main pour échapper à la tyrannie de cette pie. Elle se retourna. La Salle des miroirs. Qui avait dit que l’on ne pouvait pas se noyer dans un miroir, déjà ?

Spoiler:

[désolée du retard, et merci à Netha pour son cadeau de noel ! ^^]
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Tout ce qui est atteint est détruit [PV Baka] _
MessageSujet: Re: Tout ce qui est atteint est détruit [PV Baka]   Tout ce qui est atteint est détruit [PV Baka] Icon_minitimeDim 8 Mar 2009 - 21:44

Courir, courir...plus vite. Il était seul, tout seul dans le noir absolu. La seule lumière qui lui restait était la flamme fébrile qui trônait dans son cœur. Une toute confiance en Dieu tout puissant. Qu' importait si il n'existait pas, il venait de lui donner sa raison de vivre, la preuve qu'il n'était pas seul au monde. Y croire, c'était déjà espérer. Et ne dit-on pas que l'espoir fait vivre? Une douce chaleur montait en lui, il avait peur, oui peur. Il savait qu'il avait changé, il n'avait pas accepté ni sa nouvelle vie, ni sa nouvelle apparence. Cependant, il était toujours l'enfant qui avait peur du noir. Mais cette chaleur si maternelle qui l'enveloppait, cette odeur qui montait de son écharpe...Il ferma les yeux et esquissa un sourire. Il pleuvait dans sa tête, un torrent de souvenirs l’assaillait. Peut –être qu’un jour, il trouvera le bonheur. En attendant, il suffisait de faire celui des autres. Fallait-il écouter ce que les autres voulaient pour faire leur bonheur et non pas essayer de le deviner ? Voilà une toute autre question.

Il n’avait plus personne à décevoir, tout à recommencer. Il lui fallait juste un nouveau but, plus satisfaisant, pour lui. Prendre en considération ce que les autres veulent, c’est bien gentil, cependant à force de s’oublier on finit par se tuer. Mourir, abandonné, disparaître. N’être plus qu’un fantôme que les autres côtoient pas habitude. Mais que fallait –il pour sortir du lot ? Parmi cette fourmilière noire d’êtres immondes qu’il aimait de toute sa folle bêtise, qu’était-il lui ? Oui, parce qu’en chacun de nous il y a la semence de Dieu qui ne cherche qu’à pousser, un petit grain de folie amoureux qui ne cherche qu’à aimer, une fausse impression de pouvoir aider son prochain. Parce que ce monde n’est qu’hypocrisie et rêves brisés, parce que la vie n’est qu’une succession d’épreuves, parce qu’on est rien. Pour qui te prends tu ? Toi, qui cherches à t’échapper semblait lui dire les surfaces lisses réfléchissantes auxquelles il se heurtait.

Solon cessa de courir. Qui était –il ? Pourquoi luttait-il ? L’odeur de l’enfance venait de se dissiper, il était de nouveau isolé. La pluie était restée, son bruit strident le faisait souffrir. Non, il ne voulait plus se souvenir, non, tant pis pour Dieu, tant pis pour l’enfance, tant pis pour sa mère : Non.
La folie peut s’excuser par amour, ici, la folie ne pouvait pas s’excuser et l’amour n’excusait plus rien. S’excuser…excuser quoi, excuser qui ? Il éclata de rire. Un rire pur, cristallin qui envahit la salle. Le jeune homme continua son chemin dans le dédalle aux miroirs, il marchait à l’aveuglette, riant toujours.

Il se heurta à quelque chose, surface moins lisse. Dans le noir, il ne pouvait rien distinguer ; pas même le bout de son nez. Le cuistot tendit sa main devant lui, à hauteur de visage. Il sursauta, hoqueta, il ne riait plus, il n’était pas seul, il n’était plus seul.


-« Qu…qu’est-ce que ?! Pardon ! Je…je suis désolé …je.

Il se confondait en excuses, balbutiait, s’étranglait presque. Solon était pétrifié, ses membres ne voulaient plus répondre à ses appels désespérés. Retire ta main du visage de cette personne, RETIRE TA MAIN. Sa joue était douce, ronde et lisse. Son souffle régulier l’apaisait. La folie se cachait derrière la détresse. La détresse laissa place à la curiosité, comme un enfant qui voulait découvrir le contact, comme un homme qui voulait apprendre la vie. Il prit cette personne dans ses bras, lentement, l’entourant de son moignon. Pas un bruit, seuls leurs souffles.
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Tout ce qui est atteint est détruit [PV Baka] _
MessageSujet: Re: Tout ce qui est atteint est détruit [PV Baka]   Tout ce qui est atteint est détruit [PV Baka] Icon_minitimeSam 6 Juin 2009 - 10:51

Emanuelle errait elle aussi depuis plusieurs minutes dans le labyrinthe. Elle se souvenait autrefois avoir entendu dire que, dans ce genre de lieu, tout changeait, pour paraître déformer, laid. Elle n’avait pas peur de voir son reflet dans un miroir, non, mais plutôt que le miroir ne se mette a montrer la vérité plutôt que le mensonge.

Car pour elle, ici, tout était déjà laid et déformé. Tout avait changé, et on ne pouvait rien y faire. Si ce que l’on racontait sur els miroirs étaient vrai, alors ils ne pourraient refléter que la vérité, la seule est implacable vérité, une vérité qui écraserait tout, qui brillerait plus fort que toutes les autres lumières, et qui finirait par dissiper les ténèbres des mensonges et de la tromperie.

Or, avait-elle vraiment envie de connaître la vérité ?

Elle avait tant espérer pouvoir un jour sortir de ces ténèbres, ces ténèbres qui vous enveloppait, vous rongeait, anéantissant petit à petit toute forme d’espoir. Elle croyait encore si désespérément qu’un jour, elle pourrait revoir cette lumière si pur, si éclatante, du monde d’au-dehors. Comme disait le proverbe, l’herbe parait toujours plus verte de l’autre coté de la barrière. Mais malgré tout, c’était cet espoir, aussi infime soit-il, de pouvoir sortir d’ici un jour, qui lui avait permit de combattre les ténèbres. Or, si elle découvrait la vérité, et qu’elle perdait cet espoir, elle sombrerait corps et âme.

Un bruit retentit au loin dans le labyrinthe, comme des clochettes. Emanuelle sursauta, et se retourna brusquement, la main accrochée à son crucifie, un air un peu apeuré sur le visage. Elle espérait qu’il n’y avait pas encore un de ces psychopathes qui menaçaient de te tuer avec elle dans ce dédale de miroirs.

Elle avançait désormais presque à l’aveuglette, sa main toujours crispée sur son crucifie, de plus en plus inquiète, tourbillonnant dans le labyrinthe à la recherche de la porte. Il fallait qu’elle sorte, elle était en train d’étouffer. De l’air, il lui fallait de l’air, elle devait sortir…

Le bruit se rapprochait de plus en plus, sans qu’elle arrive à s’en éloigner, malgré tous ses efforts. Un cri perçant lui sortit de la bouche quand soudain, quelque chose de chaud se jeta sur elle, l’enlaça, tandis qu’elle continuait de crier dans notes suraigus.


- So… Solon ?!

Hoqueta-t-elle, surprise à l’extrême. Le souffle coupé par l’émotion, elle dégagea maladroitement son bras gauche (le droit s’agrippait toujours à son crucifie comme un naufragé à sa bouée) et enlaça maladroitement à son tour Solon, sans trop savoir quoi faire, l’esprit encore en mode « choc » après ce qu’elle venait de « vivre ».

- Ca ne va pas, mon fils ?

Réussit-elle à articuler d’une toute petite voix, en tentant de redevenir maîtresse d’elle-même et retrouver une respiration à peu prêt normale.
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Tout ce qui est atteint est détruit [PV Baka] _
MessageSujet: Re: Tout ce qui est atteint est détruit [PV Baka]   Tout ce qui est atteint est détruit [PV Baka] Icon_minitimeJeu 23 Juil 2009 - 15:48

Dites moi, dites moi juste ce qui retient les amis ? Ce qui retient l’amour ? Ce qui fait que nous avons des acquis ? Il n’avait jamais rien eu sinon que du vent et de l’imaginaire, sinon que déceptions puériles et idéaux inaccessibles. Avoir. Qu’est-ce que c’est que de posséder quelque chose ? Solon ne possédait rien. Il n’était rien. RIEN. Petit terme de quatre lettres ravissantes formant un mot laid voire hideux. « Chose sans importance ; bagatelle. » C’est fou, le maître des baguettes réduit à une simple bagatelle. On peut s’amuser d’un rien.
Un cris puis le silence, étonnant silence.
Dans les ténèbres riait le démon se délectant de l’instant comique. Les humains sont si fragiles, il est si aisé de les briser, de les morde, de les écraser. Une fourmilière d’insectes inutiles qui jouent. Joli jeux d’apparences, de lumières et de paillettes. Jeu de reflets. Miroir et ténèbres. Que pouvons nous voir dans les ténèbres sinon les masses informes et terrifiantes des monstres qui peuplent nos cerveaux mutilés ? Torture de l’esprit et manipulation. Là une forme étrange, bossue ! Un bruit de tissu. Respirations entrecoupées, corps ahanants. Tintements de miroirs. Pesants regards effrayés.
Dites moi ! Racontez moi ce que c’est que de vivre ! Oui vivre, vivre et mourir sans regret, sans remord, sans avoir une quelconque rectification à faire sur son lit de mort. Parce que la mort c’est quoi ? La fin de l’insecte périssant sous une semelle crasseuse, à coté d’un chewing-gum rose, dont l’abdomen est pendouillant.
Est-ce que Solon allait bien ? Oui, très bien, bien mieux. Quand il s’ennuie, l’homme exploite toutes ses ressources psychologiques pour s’inventer un quelconque malheur ou un problème. Parce que la vie est banale et tranquille lorsqu’on a rien. Mais l’ennui quand on s’ennuie c’est qu’on ne trouve jamais rien à faire.
Solitude. Une amie dont on se passerait bien n’est-ce pas Solon ? Oublier qu’on est seul grâce à l’imaginaire. L’imaginaire permet de survivre dans un monde de brutes dépourvues de sentiments, il est bien plus aisé de s’enfermer dans un monde à soi. Les gens sont tellement préoccupés par leur propre existence qu’ils en oublient les autres. Les mères oublient leurs gosses aux parkings, les pères oublient leurs femmes au restaurant, et même les enfants finissent par oublier leurs parents dans des maisons de retraite. Le summum de l’oubli se trouve sous terre, quand on oublie le mort enseveli.
L’odeur. L’odeur d’une femme. Fraîchement humectée ; comme une fleur un matin encore recouverte de la rosée. Sucrée. A laquelle on a envie de goûter. Pas comme du chocolat noir ou au lait encore moins blanc. Juste envie de se pencher au dessus d’elle et de tendre les lèvres pour subtiliser sa saveur. Le plus beau met unique au monde, celui du désir. Comme une rose inaccessible si mignonne que l’on va voir pour tenter de la cueillir avant que le temps ne la flétrisse. Son cœur si proche du sien. Ce réconfort, ce fourmillement dans ses doigts, ce moment d’intimité où le malaise se mêle au sentiment de chaleur intense.
Adieu déréliction, bonjour compagnie d’existence, camarade du malheur. Après tout, quand on est coincé dans un château pour l’éternité même au delà de la mort, que le corps redevenu poussière laisse place à un esprit vagabondant mais toujours pensant, atrophié, que faut-il faire ? Construire quelque chose malgré tout, bâtir un futur pour pouvoir regarder son passé sans se sentir misérable, profiter du présent pour avancer. Pour ne pas terminer à la poubelle comme un vulgaire insecte, une bestiole écrasée d’un coup d’un seul. Pour vivre pleinement il faut accepter de souffrir, s’élancer dans le vide …et voler. Non, pas de supplications, cesse de te plaindre Solon :« Achève moi, je souffre. Achève moi je n’en peux plus. Achève moi je te dis. » c’est tout ce que tu sais dire ! Pitoyable être vivant. Lève les yeux une dernière fois vers le ciel pluvieux et fais moi un sourire.
Solon leva les yeux vers le plafond, son souffle balaya quelques mèches de la jeune femme. L’homme esquissa un sourire. Après la pluie, le soleil perçait enfin. Il suffit de chasser ses démons, de tendre la main et d’attraper la volonté pour se fabriquer une existence.

Cette voix. Frêle, douce, familière, hurlant. Elle semblait venir d’un lointain passé. Pourtant quand l’avait-il réellement entendue ? Hier ? Avant-hier ? Il y a un mois ? …peut-être un an ? Non, juste une petite semaine, depuis dimanche dernier à vrai dire: à la messe. Sœur Emmanuelle L. Il posa sa main sur le crane de la sœur qui criait dans des tons suraigus à en faire trembler les miroirs.


-« Ne t’en fais pas, tout va bien, …j’ai fini par comprendre que tout allait bien.
Le démon non loin de là ne comprenait pas tout, il haussa les épaules, plissant les yeux avant d’étendre un grand sourire pervers sur son hideux visage. Aurevoir Solon.
L’enfant qu’il était venait de sortir la tête de ses draps et avait vaincu ses peurs démoniaques.
La lumière revint enfin, illuminant la salle de milles éclats. « lumière, spectre polychromatique. » : Arc en ciel.
Le petit cuisinier baissa son regard et observa le visage d’Emanuelle.


-« Merci d’être avec moi, Ema. Murmura -t’il.
Et c’est alors, sans desserrer son emprise sur cet être vivant… Non, il ne l’aimait pas d’un amour aussi étrange qu’il ne l’avait ressenti pour la première fois auprès d’Inaya, non, ce n’était pas de l’amour. Juste du désir. Un désir puéril et amusant. Etait-ce mal ? Il retint son corps, suspendu au dessus de la religieuse. Oui, c’était mal. On ne joue pas impunément avec les sentiments d’une jeune demoiselle et encore moins avec une jeune demoiselle qui concrètement, avait prononcé ses vœux. Mariée à Dieu hein ? Il resta muet, resté penché juste à quelques millimètres du visage de la femme interdite. Son chapeau glissa à terre et roula jusqu’au pied d’un miroir.


-« Femme de Dieu, considérez mon acte comme le gage de mon amitié et de toute ma reconnaissance pour avoir cheminé à mes côtés dans les ténèbres.
Il lui donna un baiser. Un tout petit baiser d’enfant. Un bisou de rien du tout. D’un sou. Ses lèvre se rapprochèrent d’abord avant de venir s’écraser contre la bouche de la jeune demoiselle. Doucement.
Cela n’avait rien de pervers, c’était même peut-être ridicule. D’un pervers ridicule. Ses mains desserrèrent la taille d’Emanuelle. Les seuls témoins de cette scène furent les millions de reflets qui les imitèrent. Des millions de petits baisers prudes irréfléchis.
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MessageSujet: Re: Tout ce qui est atteint est détruit [PV Baka]   Tout ce qui est atteint est détruit [PV Baka] Icon_minitime

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