Il y a des fois où il vaut mieux ne rien faire. [ Emrys Sulwyn ]

À quoi pensent un adolescent lorsque c'est l'été ? Aux vacances. À quoi pensent un prisonnier lorsque c'est l'été ? Bah, en fait il n'y pense pas étant donné qu'il se trouve en prison ... donc, à quoi peut bien penser un adolescent emprisonné par une famille d'Inconnus en été ? Certains c'est tuer le temps, d'autres se tuer soi-même ... Allen Winters faisait plutôt parti de la catégorie qui tuait le temps et lui, plus précisément, c'était avec son ordinateur portable ! Mais ces temps-ci, son ordinateur avait un peu perdu de ses ressources addictives ... quand on est no life dans la vie, on a tout de même des choses à faire, mais ici ... Bon. Allen était obstiné à vouloir garder sa réputation de geek ! Dès que l'on parlait d'un petit gars avec un ordi, c'était de lui qu'on parlait !

Bref, c'est donc pourquoi au lieu de rejoindre les autres dehors ou d'espionner Kyoko et Sven, il décida de rester à l'intérieur et plus précisément : dans le salon. C'était un endroit calme et reposant où il pouvait librement poser son ordinateur à la place du service à thé un peu poussiéreux (qu'il déplaça d'ailleurs par terre pour plus de place). En attendant que son jeu charge, il se décida à jeter un petit coup d'oeil à une haute armoire où étaient entreposées quelques tasses en porcelaine et divers sachets avec des feuilles de thé. Curieux, il en sentit quelques-unes en essayant de deviner quel genre de saveur cela pouvait avoir ... mais il manqua de vomir à certaines odeurs.

Ensuite, se disant que ça ne lui couterait certainement rien, il s'approcha du piano à queue. Il ne s'y connaissait pas beaucoup en musique bien que dans sa jeunesse il avait déjà eu des cours (et puis, musclé comme il est dans ses doigts, ça ne doit pas être si dur) ; il appuya sur quelques touches au hasard pour former une sorte de ronde de notes sans véritable signification jusqu'à ce qu'il entende la petite musique significative de la fin de son téléchargement ! ... Malheureusement tout ne passa pas vraiment comme il le fallait ...

Oh, quel joyeux juron que voilà ! Il ne faut pas s'inquiéter, Allen ne devient pas fou en hurlant comme ça sans raison … Après avoir interrompu son semblant de mélodie, il s'était dirigé un peu trop hâtivement vers son ordinateur et bouscula maladroitement l'immense armoire qui, déséquilibrée, lui tomba dessus … Heureusement qu'il avait des réflexes à force d'embrocher des orques à deux heure du matin, sinon il aurait fini en crêpe.

C'est donc dans une position assez inconfortable qu'il se trouvait : se tenant tant bien que mal debout en tenant l'armoire bien trop lourde pour ses petits bras ! Ses genoux faiblissaient de plus en plus, le poids de l'armoire augmentant et le sol se rapprochant ...

Il devait certainement se dire que, putain, il avait besoin d'aide.

[désolée, ce n'est pas extrasensoriel ._.]

Droite, gauche, droite, gauche...? Emrys haussa les épaules-ce qui était devenu son geste favori depuis deux minutes-et prit à nouveau à droite. Comme il l'avait déjà dit, la droite, c'était un bon point de départ. Ce n'était pas grand, c'était PIRE que grand : ça ne faisait que quelques minutes qu'il marchait et il avait pourtant l'impression que ça faisait des heures qu'il repassait dans les même couloirs. Un soupir frustré s'échappa d'entre ses lèvres, et il alluma nonchalamment la cigarette qu'il tenait entre ses doigts, ne songeant pas un seul instant que ça pouvait gêner qui que ce soit. La fumée de cigarette n'était pas très agréable pour les poumons, c'était un fait. Mais franchement, qui ça aurait gêné, ici? C'était censé être vide. Alors zut, et voilà. Pour l'instant il n'avait pas croisé de cruel monstre assoiffé de sang-ce qui était logique puisque c'était VIDE, ici. Techniquement, tout du moins. C'était censé l'être. Donc, par voie de conséquence, c'était vide. Et il était coincé dedans, comme l'imbécile qu'il était.

Ça devait être bien, d'être un génie, de temps à autre.

Ce fut le bruit d'un piano-enfin, de la musique-qui attira l'attention du jeune homme. En plus de s'être perdu dans une maison abandonnée, le voilà qui se mettait à délirer. Et pourquoi pas un concert, tant qu'on y était? Il s'arrêta au milieu du couloir, et fixa un instant la porte par laquelle s'échappaient les quelques notes de piano qu'il avait cru entendre, tirant une bouffée de sa cigarette. Elles se ressemblaient toutes, ces maudites portes ; s'en était complètement affolant. L'espace d'un court instant, un frisson parcourut l'échine du garçon et une question stupide lui vint à l'esprit : est-ce qu'il s'y habituerait un jour? Si ce qui était écrit était vrai, il devrait rester ici. Enfermé. Pour le restant de ses malheureux jours. Et il était alors probable, s'il survivait, qu'il connaisse les lieux par cœur.

Dès lors, le simple fait de savoir que cette porte lui était totalement étrangère le rassura. Enfin, juste avant qu'il n'entende des échos de voix. Un écho de voix, plus précisément. Et pas un cri de joie, il en était certain. Il haussa les épaules-ça allait devenir nerveux, à ce stade là-et écrasa sa cigarette sous son talon avant d'appuyer sur la clenche. Ça pouvait difficilement empirer de toute façon.

"Hn?! A, Attend! Je vais t'aider!"

D'accord, ce n'était pas profond, ce n'était pas très explicite, mais bon : Hn, c'était un son tout à fait valable quand on voyait quelqu'un-alors que bon sang, c'était VIDE ici-qui allait se faire manger par une méchante..., armoire. Elles étaient de plus en plus vicieuses avec le temps.

Emrys ne réfléchit pas vraiment-pas comme s'il le faisait d'habitude, m'enfin...-et aida le garçon a redresser l'armoire comme il pouvait. Ce n'était pas un colosse, l'autre non plus visiblement ; qu'à cela ne tienne, à deux c'était tout de suite beaucoup plus simple.

"Tu as failli te faire tuer par une armoire,dit-il en se tournant vers lui le plus naturellement du monde, comme s'il venait de lui demander s'il aimait le thé. Une armoire."

Pour un peu, il aurait mimé l'armoire. Il ne fallait pas trop lui en demander, pas à cet instant précis.

"Les armoires marchent, ici?"

Évidemment. Et les pingouins parlaient. Et son nom, non, ne lui parut pas indispensable. Pas sur le moment, en tout cas.

[J'ai l'impression que beaucoup de choses sont extrasensorielles, ici.XD]

Il n'avait pas crié à l'aide. Il ne le pouvait pas de toute façon étant donné que l'effort de ne pas se faire écraser par l'armoire lui coupait le souffle. Soudain, une peur le submergea … celle qu'il allait certainement finir en fantôme comme d'autres pensionnaires … ce serait terrible ! D'accord il pourrait foutre la frousse à ses copains pour s'amuser mais cette différence ...brr, il n'aimait pas vraiment y penser ! Bref, au lieu de penser à la mort, son attention fut prise par un son de voix ! Oh ! Miracle ! Un paumé n'était pas allé se promener dehors ou avait fini de dormir ! Génial. Le poids de l'armoire enlevé, ce fut comme une libération pour Allen :

Tu as failli te faire tuer par une armoire. Une armoire.

Le geek fronça les sourcils et resta silencieux devant la phrase bien louche que venait de lui dire l'inconnu … C'était quoi comme style de pensée, ça ?

Les armoires marchent, ici ?

Nouveau silence. Allen se permit alors d'examiner de la tête aux pieds (assez impoliment d'ailleurs) le jeune homme qui l'avait secouru. C'était une personne plutôt banale, il devait se dire. Il devait certainement venir de son époque et avait certainement le même âge que lui. Il s'attarda sur ses vêtements qui étaient plutôt chaud et les compara aux siens plus décontractés … AH ! Allen éclata alors de rire et tout en se tenant les côtes, il lâcha :

Il s'arrêta assez soudainement puis fit un sourire qui ne se voulait pas moqueur mais qui le fût, par habitude :

C'était assez étrange, voir risible, qu'un pensionnaire soit encore surpris de certaines choses ! Après avoir été victime d'un faux meurtre, d'une sorte de Battle Royal dans le parc et avoir vu des fantômes et tout ce genre de truc ... Allen trouvait encore le moyen de rire sur des armoires qui bougent.

Emrys n'avait pas pensé un seul instant qu'il avait pu dire quelque chose de stupide, pas le moindre instant. Le jeune homme avait été plus que sérieux dans ses paroles, d'un sérieux presque mortel en vérité. Plus sérieux que lui c'était la mort, simple. Alors pourquoi son interlocuteur-puisque oui, c'était un homme, sans rire-le regardait avec les sourcils froncés de la sorte? Pour la peine il les fronça de même, l'air de se demander ce qu'il lui voulait. Quelle idée de dévisager les personnes de la sorte, il savait que c'était impoli au moins? Emrys passa ses mains sur sa veste par réflexe, tout en se demandant s'il n'avait pas quelque chose sur le visage, par hasard. Le garçon avait eu la douleur de découvrir qu'elle n'avait pas tout à fait séché depuis qu'il était rentré, mais il se sentait curieusement mieux quand il l'avait sur lui. Et il fallait avouer que c'était fichtrement plus pratique que de la porter, dans un sens.

Aaaaah? Il riait, maintenant? Emrys cligna plusieurs fois des yeux, se demandant ce qui pouvait le faire rire à ce point. Parce que c'était drôle de risquer sa vie à cause d'une armoire? Ou alors avait-il dit quelque chose qui portait à rire? Il ne voyait pas quoi, mais il n'y avait pas trente-six mille solutions. A moins qu'il ne soit complètement barge, bien entendu-mais il préfèrerait exclure cette possibilité, c'était beaucoup plus rassurant.

« Aaaaah ixdé … t'es nouveau c'est ça ? »

Emrys aurait voulu lui exprimer sa profonde vexation, mais il réussit simplement à avoir envie de rire de même. Le stress, sans doute : il ne voyait que ça. Parce que nouveau..., nouveau, nouveau, NON. Il allait bientôt partir, il n'était que de passage ici. C'était évident.

Et...ixdé? Ixdé...?

« Désolé, je me demandais dans quel genre de monde il peut y avoir des gens qui pensent que les armoires attaquent des gens … Je me suis juste cogné dedans, mec ! Et elle est tombée. C'était un ac-ci-dent. Bref, donc comme tu viens d'arriver, on t'a déjà fait le topo ? »

Le jeune homme tordit sa bouche dans une légère moue, tentant de retenir le sourire qui voulait absolument se former sur ses lèvres. Il se sentait curieusement de bonne humeur, à présent ; enfin, il ne comptait pas s'en plaindre. C'était toujours agréable de se sentir l'envie de rire, mais il trouvait cette réaction franchement déplacé, en l'occurrence. Le stress, le stress..., quelle plaie. Il aurait aimé fumer, mais ne pouvait pas s'y résoudre pour autant. Bah...

"Dans celui-là, évidemment? répondit-il en haussant les épaules, enfonçant ses mains dans ses poches. Et c'est tout sauf drôle, c'est..., oh, j'arrive pas à m'exprimer, c'est tout. Laisse tomber!"

Il regarda brièvement autour de lui, se mordant la lèvre inférieur. Oh, un ordinateur? Remarque, ça, il connaissait : ça faisait une curieuse touche de modernité dans ce salon, vraiment. Clairement, ça n'avait pas sa place là. Remarque, à bien y réfléchir, ce garçon non plus n'aurait rien du avoir à faire là.

"Le topo? Eh..., j'ai lu un panneau, quoi. Très sympa'. J'attends de me réveiller, pour l'instant. En attendant, je tue le temps. Et toi qu'est-ce que tu fais là, au juste? Tu habites là?"

Il fit une brève pause, puis reprit.

"C'est glauque, quand même."

Glauque, ex-a-cte-ment. C'était glauque, et comme il l'avait dit il attendait de se faire pincer et de se réveiller. Il préférait croire qu'il était mort plutôt que croire qu'il avait pu atterrir dans une sorte de lieu-hanté-bizarre-duquel-on-ne-sort-pas-évidement-c'est-pas-drôle-sinon-LAULE.

Et de très loin.

Hum. Le nouveau prétendait avoir tout compris grâce au panneau (d'ailleurs, il n'était pas super explicite, surtout celui de Kyoko, quoi ! Totalement ridicule … Il n'y avait bien que la chevalière pour rattraper le reste du lot !) mais Allen pensait totalement le contraire. Il devait sûrement se dire que c'était un mauvais rêve, une farce … totalement normal. Lui aussi à son arrivé avait été comme ça, bien que son temps d'adaptation fut assez rapide étant donné qu'il n'était pas tant que ça attaché à la vie du dehors … mais lui ? Peut-être était-ce quelqu'un qui avait des choses intéressantes derrière lui, une histoire, un chez lui, des amis, une petite amie (ou un petit ami, tiens !) … Allen fit la moue en réfléchissant à comment il allait bien pouvoir expliquer que le réveil que son interlocuteur attendait n'existait pas … ou en tout cas, pas encore.

Le jeune geek réfléchit un instant puis jeta un coup d'œil vers son ordinateur qui l'attendait sagement. Il tendit alors ses bras vers le haut pour s'étirer et se dirigea vers le fauteuil juste en face de la machine électronique où le mot « PLAY » s'illuminait à l'écran, comme attendant que l'on clique sur lui. Il fit un geste de la main tout en proposant à l'autre de s'asseoir :

Alors que l'autre lui répondait, le dénommé Allen cliqua sur la touche entrée et une douce petite musique se fit entendre suivi d'une cinématique que le jeune garçon laissa passer pour remettre son regard sur le nouveau.

Lui qui voulait y aller doucement, ce n'était pas réussi.

La cinématique était fini et Allen abandonna momentanément son opposant pour choisir les capacités, la classe et le physique de son avatar.

Bon. Un rêve, un asile, ou peut-être la mort. Il n'y avait que ces trois solutions qui lui venaient à l'esprit tandis qu'il continuait de sourire à son interlocuteur, les mains dans les poches. Si c'était un rêve alors il finirait par se réveiller, c'était inscrit dans l'ordre des choses : on rêve, on se réveille, on s'endort, on rêve, on se réveille. Donc il devrait se réveiller. S'il était dans un asile..., bon, cette possibilité lui paraissait peu probable, très peu probable, mais sait-on jamais. Peut-être était-ce un endroit où l'on faisait des expériences sur des personnes désignées? C'était possible, il était certain que des endroits comme celui-ci devaient exister à travers le monde. Quant-à la mort..., c'était de loin la plus terrible de ses hypothèses, mais n'était-elle pas fondée? Il ne savait pas à quoi ressemblait la mort, et si quand on allait au paradis on passait à travers un grand tunnel de lumière, aller en Enfer pouvait très bien ressembler à cette grande porte qui ne menait pas là où on pensait qu'elle menait. Dans tout les cas il aurait voulu pouvoir s'en aller, prestement, maintenant, dans les plus brefs délais. C'était dans ce genre de moment qu'il ne pouvait s'empêcher de penser des choses stupides, du style 'si je suis en retard, il va manger sans moi'. Stupide. Profondément stupide. Pas le genre de choses qui importaient, en ce moment précis. Pourtant, ça l'obnubilait presque. Il fallait qu'il rentre, et à l'heure encore! Son père s'inquièterait, s'il ne se dépêchait pas. Ses amis aussi. Tout le monde s'inquièterait, et si peu de personnes à la fois.

Emrys se contenta de suivre du regard l'autre garçon quand il lui répondit, tout en se plaçant devant son ordinateur. L'été? Il fit une moue désapprobatrice, tout en se disant qu'il était au début du printemps, chez lui. Chez lui, et ici aussi, techniquement. C'était le printemps, et il pleuvait averse, comme d'habitude. Pas ici, à l'évidence. Étaient-ils seulement en Angleterre? A bien y réfléchir, il commençait à en douter. Emrys sursauta légèrement quand il lui proposa de s'assoir, tout en se présentant. Allen Winters, Allen Winters. Hm. Ce nom ne lui disait rien, il ne savait même pas pourquoi il cherchait à s'en rappeler.

"Ah, Emrys." Il hésita un instant, puis décida de s'assoir-à priori le fauteuil ne le mangerait pas, donc il ne craignait rien. Techniquement. "C'est Emrys Sulwyn."

Le jeune homme regarda l'écran de l'ordinateur d'un œil curieux, haussant un sourcil. Ahun. Un jeu, peut-être? Il n'avait jamais été très technophile, et même s'il savait utiliser un ordinateur, comme un peu tout le monde selon lui, il n'y passait pas ses journées, loin de là. Alors les jeux..., ce n'était pas son fort, disons. Il préférait sortir, le grand air, tout ça. Il n'avait jamais vraiment compris les personnes tout à fait casanières, qui auraient choisi leur ordinateur, leur télévision ou leur console plutôt qu'une sortie à la mer ou à la campagne, par exemple. Sans doute une question de caractère.

Il ne détacha son regard de l'écran que quand il parla de nouveau-et pour dire quoi : il n'allait pas sortir d'ici avant longtemps? Évidemment, il ne fut pas pris d'une brusque envie de rire ou de sourire ; comment aurait-il pu, dans de telles conditions? Il avait l'impression désagréable que plus ça allait, plus son rêve prenait des dimensions réelles et étrangement matérielles. Ça ne faisait que peu de temps qu'il avait poussé cette porte, et déjà il était pris de la puérile envie de fermer les yeux et de se dire qu'il n'était jamais, jamais rentré ici.

"Sauf? Sauf ce qui se passe, j'imagine? demanda-t-il en fronçant les sourcils. Et j'imagine que ça doit être cool, évidemment..."

Mon Dieu mon Dieu..., il poussa un long soupir-qui récapitulait à peu près tout ce qu'il aurait bien pu vouloir dire-et passa sa main sur son visage. C'était pas comme s'il voulait rester ici, et il ne voulait pas DEVOIR rester ici. C'était pas un verbe qu'il aimait, devoir. Pour sûr.

"T'es vachement détendu pour quelqu'un qui censé être enfermé, c'en est stressant."

[désolée du retard de réponse >_< la prochaine fois n'hésite pas à me taper ! ]

Un soupire, quelques mots … Allen allait cliquer sur le bouton qui validerait son personnage mais Emrys … oui, Emrys lui posa une question sur sa position, sur son air détaché : « détendu » qu'il avait dit. Le geek laissa son doigt en suspend à quelques centimètres du clavier tout en regardant (mais sans le regarder) l'autre adolescent qui se tenait devant lui. Soudain, un sentiment étrange l'envahit et son envie de jouer parut secondaire. Il lâcha un juron entre ses dents et ferma le clapet de son ordinateur portable tel un enfant lassé de son nouveau jouet. Cette image fut tout de suite accentuée lorsqu'il croisa les bras et fut prit d'un rire nerveux :

Des souvenirs de ses premiers jours naïfs et surtout des différentes épreuves qu'il avait enduré comme le faux meurtre de sa... de cette stupide Kyoko ou encore ce cauchemar dans le parc. Était-il devenu fou ? Lui qui d'habitude se donnait une caricature d'adolescent désinvolte, Allen ressentait comme de la peur … lui, le légume sans vie et mouton pendant son temps libre, avait le sentiment que sortir … Non. Il revint à la réalité. De toute façon, ça ne changeait rien à sa vie d'origine que d'être enfermé. Sans les tortures des I., ce serait peut être même pas mal comme endroit : pas de prise de tête, une indépendance propre, de la nourriture en veux tu en voilà ! C'est à ses pensées qu'il se reprit. Allen posa ses bras sur les accoudoirs du fauteuil où il était assis et fit un sourire à Emrys, tout de suite prenant un ton plus assuré :

Allen posa son regard sur un coin vide du salon, comme si quelqu'un s'y trouvait. Il fit mine de réfléchir puis ajouta :

Hum, plus il s'avançait dans ses arguments et plus il se sentait dire n'importe quoi le Allen … Il prit une grande inspiration et se leva :

[Compris, la prochaine fois je te finis à coup de pelle!XD

Non, sérieusement j'ai déjà attendu beaucoup plus que ça, no soucy.^^']

Est-ce qu'il allait appuyer ou pas? Suite à sa remarque, Allen semblait s'être suspendu dans son geste et s'être plongé dans une sorte de réflexion n'appartenant qu'à lui seul. Et comme dans ce genre de moments le temps semble toujours s'allonger, Emrys eut presque l'impression que ce silence dura des heures et des heures et des heures et des heures. Il regardait l'autre d'un air interrogatif, se demandant ce qui pouvait bien lui passer par la tête-ou s'il avait dit quelque chose de mal, sait-on jamais. C'était vrai que, selon lui, il avait l'air détendu. N'étaient-ils pas coincés dans une sorte de prison, d'où ils n'étaient pas censés pouvoir sortir? Non? La possibilité que ce garçon, devant son ordinateur, puisse avoir abandonné l'idée de sortir ne lui avait même pas traversé l'esprit un seul instant. Parce que, purement et simplement, ce n'était pas possible. Quand on se faisait enfermer quelque part et qu'on entendait le bruit du verrou, on était censé frapper contre la porte jusqu'à ce qu'on accepte de nous laisser sortir, que quelqu'un passe par là et ouvre la porte. Qu'on nous pince et nous réveille de ce cauchemar. Jamais Emrys n'avait été enfermé quelque part sans espoir d'en sortir-sans rire-si ce n'était dans la vie elle-même. Et encore, her : la mort n'était pas là pour rien. Il y avait toujours une porte de sortie.

En principe. Le jeune Anglais faillit sursauter quand l'ordinateur se ferma, sortant de ses rêveries. Tiens, il en avait déjà marre? Quoi que le terme 'déjà' était un peu hasardeux : ça faisait peut-être des heures qu'il était planté devant, pour peu qu'il en sache. Un rire nerveux, bras croisés, et Allen reprit la parole. Ses yeux bleus restaient plantés sur son interlocuteur, comme cherchant à déterminer s'il lui mentait ou lui disait la vérité. Trois ans? Il balaya d'un léger mouvement de tête toute pensée de ce genre, net et catégorique : il ne resterait pas ici trois ans, certainement pas. Impossible. Se sentant naïvement rassuré par ses vaines affirmations, Emrys réussit à rendre un semblant de sourire à son interlocuteur. Le but n'était pas d'avoir l'air de la personne la plus antipathique du monde, de toute façon. Et ce même si ces histoires de fantômes lui semblaient ridicules, et qu'à moins de ne le voir de ses yeux il ne pourrait décemment pas le croire. Allons, il voulait bien admettre qu'il était possible qu'il soit coincé dans une sorte de grande..., bâtisse, mais de là à croire aux pouvoirs ou aux fantômes, non. Non, non.

Emrys passa sa main dans ses cheveux en bataille, suivant Allen du regard quand il se leva, sans bouger lui-même pour autant. Non pas qu'il aimait trop son fauteuil pour bouger, juste qu'il..., ne savait pas.

"J'avais un lac et un Parc aussi, près de chez moi, fit-il remarquer en fronçant légèrement les sourcils. Mais je n'étais pas enfermé, au moins."

Il fit une légère moue, penchant sa tête sur le côté.

"Le GGL...? Et, une activité..., hm, je ne sais pas..., j'aime marcher, parler..., manger, évidemment?"

Le jeune homme aux yeux bleus rit légèrement, détournant son regard de son interlocuteur. Faux. Mais personne ne lui avait ditde dire la vérité, à part peut-être sa conscience-qui ne se réveillait que quand ça l'arrangeait, de plus. Il ne savait pas quelle 'activité' citer, encore moins quelle activité sûre et sans danger. Cet endroit n'était pas rassurant mais plutôt sinistre et désagréable, de son point de vue. Se retrouver dans une pièce qui l'était encore plus que les autres n'était pas une idée qui l'enchantait particulièrement.

Le cimetière non plus, d'ailleurs. Puisqu'apparemment, les locataires risquaient de lui rendre visite. Aha.

SUITE DU TOPIC

+