Le bruit de ses pas était étouffé par la terre moite ; il avait plu la nuit dernière. Elle marchait en de grandes enjambées, observant la forêt sombre qui l'encerclait, curieuse. Elle ne se rappelait plus du pourquoi elle était ici, ni comment y était-elle arrivée. Mais ce n'était pas grave, après tout, tout était tellement joli ici, avec ces fleurs, cette herbe verte, ces grands arbres au feuillage épais.
Lizbeth se souvenait juste qu'elle fuyait quelqu'un. Ou quelque chose. Si elle l'avait oublié, c'est que ça n'était pas important, après tout.

Le bruit de ses pas était étouffé par la terre moite ; il avait plu la nuit dernière. Lizbeth cligna plusieurs fois des yeux et tourna sa tête de tous les côtés. Comment était-elle arrivée ici ? Cette forêt était très belle. Pourquoi était-elle ici ? Elle fuyait quelqu'un. Ou quelque chose. Tout était tellement joli ici...

Quelqu'un te poursuit.
Fuis.

Comme un flash, l'image d'un homme en noir apparut soudain devant ses yeux. L'homme avançait vers elle.
Se souvenant soudain, elle accéléra le pas et courut bientôt comme elle ne l'avait jamais fait, les larmes cheminant sur ses joues et les sanglots lui renversant le coeur.

Tout à coup, elle se figea dans son élan. Un bâtiment plus qu'imposant se découpa dans la noirceur environnante. Quel drôle de bâtisse, songea-t-elle. Pourquoi était-elle ici déjà ? Lizbeth avait l'impression que ses pertes de mémoire étaient de plus en plus fréquentes et conséquentes.
Est-ce que ce serait mal d'entrer dans ce manoir ? Mais non, bien sûr. De toute façon, on lui pardonnera si elle fait des bêtises. Confiante, souriante, mais plus que tout la curiosité la rongeant, elle se dirigea vers l'imminente porte.
Alors qu'elle l'ouvrait, elle se rappela de l'homme en noir. Prise de peur et d'effroi, elle se précipita à l'intérieur et referma violemment le battant.

Une sueur froide mouillant sa nuque, Lizbeth se retourna et découvrit un hall exigu. Et à ses côtés, un énorme lion qui la toisait.

Elle hurla.

[Bon, je suppose que ce post tombera dans l'oubli, même si ça me plaît pas x) Tant pis.]

Lizbeth était abasourdie. Que faisait un lion adulte dans ce hall ? Un cirque ? D'abord terrifiée, elle était rapidement devenue fascinée par la carrure de l'animal, les muscles qui saillaient sous sa peau et sa cambrure majestueuse. Ses yeux la dardait d'un regard franc et averti.
Avide et débordante de curiosité, elle tendit une main vers la crinière rousse et poussa une exclamation de surprise au contact rêche.

- Tu n'as pas changé.

Elle fit un bond en arrière. Euh ! C'était pas attendu ça ! Un lion dans un hall mystérieux elle pouvait encaisser, mais un lion qui PARLAIT ! Quoique, en fait, dans les contes que lui lisait sa maman avant de dormir.

- Évidemment, ça m'aurait étonné que tu te souviennes de moi.

Lizbeth pencha la tête sur le côté. De sa vie, jamais elle n'avait vu ni connu de lions. C'était l'un des seuls caprices que ses parents n'avaient pas voulu lui céder : un lion de compagnie. Malgré tous les arguments (pas très constructifs) qu'elle avait pu opposer, malgré toutes les larmes qu'elle avait (feint de ?) versé, malgré les crises qu'elle avait piqué au beau milieu du salon, jamais ils n'avaient plié. La rouquine se souvenait encore de la petite Lizbeth, huit ans, boudant dans sa chambre durant cinq jours consécutifs. Elle avait toujours été passionnée des animaux sauvages et on lui en refusait le roi ! Qu'à cela ne tienne, elle n'en démordrait pas. Malheureusement, jamais on ne lui céda ce cadeau, et elle du bien s'y faire. Avec l'âge, elle quémanda d'autres présents plus réfléchis, toujours aussi égocentrique.

- Je ne vous connais pas ! opposa-t-elle, irritée, en fronçant des sourcils.
Pour qui se prenait ce lion ?
- Souviens-toi, Beth.

Beth...

- Regardez mère !
- Oui ma chérie ?
- J'ai dessiné mon lion ! Puisque vous ne voulez pas m'en offrir.
- Il est très beau. Comment s'appelle-t-il ?
La petite Lizbeth plisse son front satiné.
- Je ne sais pas. Comment doit s'appeler un lion mère ?
- Les lions sont réputés pour être cruels. Et si vous l'appeliez Hadès ?
Lizbeth sourit de toutes ses dents.
- C'est un très joli nom ! puis se penchant sur son dessin : Tu t'appelleras Hadès., lui chuchota-t-elle.

***

- Hadès ! Ha-dès ! chantonne Lizbeth, se promenant dans les bois.
L'interpellé apparaît près d'elle.
- Oui, Beth ?
Il a un air bienveillant.
- Je peux monter sur ton dos ? demande-t-elle, excitée.
- Tu vas tomber., affirme-t-il.
- Tu ne me feras pas tomber., affirme-t-elle à son tour.
- Je ne peux pas te le promettre.
Elle n'en a cure et grimpe sur le dos de l'imposant animal. Celui-ci soupire.
- Aller ! Marche maintenant ! rit-elle joyeusement.
- S'il me plaît., répond-il, mais il avance tout de même.
Boum ! Lizbeth s'est trop agitée et est tombée au sol. Elle pleure.
- Chut... - Hadès s'approche d'elle et lui caresse la joue de son museau. Je te l'avais bien dit, que tu tomberais.
- Mais... moi... snif... je pensais... que..., sanglote-t-elle, le genoux éraflé.
- C'est fini, maintenant.

Lizbeth venait d'avoir un flash-back, comme il le lui arrivait si fréquemment en ce moment. Elle resta silencieuse puis, hésitante, se lança :

- Ha... dès ?
Celui-ci acquiesça. On croirait qu'il sourit, mais c'est indescriptible.

- Hadès ! - Elle se jeta sur lui et l'étreignit avec force. Elle pleura à chaudes larmes et Hadès posa sa tête au creux de son épaule.
Mais soudain, Lizbeth se figea. Elle se releva mais garda la tête baissée. Toute trace de pleurs s'était envolée.

Tout à coup, une voix froide, polaire, et sardonique, s'éleva dans sa gorge et c'est une tout autre Lizbeth qui parla :

- Tu crois que je ne t'ai pas vu ?
La double personnalité de Lizbeth se tourna alors vers l'endroit où était assis le Shikigami.

Perché en haut de la balustrade il attendait la suite des événements, un peu comme quand les humains regardaient une série a la télévision. D’où il était il parvenait à entendre les voix. Celle de l’animal et celle de la jeune fille. Il se retint de rire en votant la réaction de la jeune humaine quand l’animal avait prit la parole. Il avait pensé a la réaction de stupeur quand Riku son précédent Toujinshi l’avait invoqué pour la première fois, ne connaissant rien a l’univers qui lui était propre… et par ailleurs il avait du tout lui apprendre de se coté la, ce qui avait rudement mit ses nerfs et sa patience a rude contribution. Au vue de la situation, dans le hall visiblement les reconnaissances entre la jeune humaine et son animal n’étaient pas encore d’actualité. Ou peut être avait-il pensé ca trop, vite quelques instants après il cru entre apercevoir une lueur dans les yeux de la jeune humaine avant qu’elle ne saute au cou de son animal. Evident cette scène n’était pas sans lui rappeler certains souvenirs.

Apres un farouche combat contre rival de toujours, Rangetsu of the Byakko, issu de la même famille que lui, et après avoir été la seule fois de sa vie vaincu par se dernier, le pacte avec Riku son précédent Toujinshi avait été rompu. Celui-ci avait perdu instantanément tous souvenir depuis sa rencontre avec Kogenta, et lui-même errait dans les enfers du monde fantôme d’où il était issu, la ou allait chaque Shikigamis après une défaite pour un certain lapse de temps. Errant dans cet endroit il se s’était demandé comment une chose pareille avait pu arriver… et le pire c’était qu’il s’était attaché a son Toujinshi, bien qu’il ne le souhaitait pas pour éviter de vivre les sentiment qu’il éprouvait après une éventuelle défaite. La chose auquel il ne s’était pas attendu c’était la volonté de Riku pour essayer de retrouvé la chose qu’il avait oubliée car il avait la sensation que c’était important.

Ayan trouvé un ancien Toujinshi au cœur du monde fantôme Kogenta lui raconta ce qu’il avait vécu depuis leur pacte. Sans crié gare un shoji était apparut devant eux et Riku en était sortit, Il se souvint l’avoir vu foncer sur lui a ce moment la, le pacte avait été reformé et Riku avait retrouvé ses souvenirs, une première dans l’histoire Toujin. De temps en temps il repensait a Riku, Ensemble ils avaient accomplis de grandes choses, et avaient remit de l’ordre dans le monde.

Il continuait de contemplé ses retrouvailles, quand l’atmosphère changea d’un coup… ou plus précisément l’attitude de la jeune humaine, qui lui paraissait soudain beaucoup moins enfantin, d’autant plus qu’elle avait prit conscience de se présence.

"Tu crois que je ne t'ai pas vu ?"

Pour autant ce changement d’attitude lui enlevait en rien le sourire, arrogant qu’il affichait habituellement. Bien au contraire voila qui devenait intéressant.

"Tien donc quelle surprise ! Une double personnalité, qui l'aurait crut ! Surtout en voyant cette frimousse… enfin...on ne sais jamais sur quoi on va tomber ici, moi qui croyait m’ennuyer..."

La jeune fille, ou la jeune femme dans le cas présent, eu un grand sourire teinté de méprise à ces mots. Étrangement, ses prunelles vairons s'étaient désormais unifiées en un or soutenu ; l'absinthe avait disparu. Soudain ennuyée, elle croisa ses mains entre elles et les tordit nonchalamment. Sa voix devint alors faussement enfantine, contrariée, aux accents doux et puérils :

- Je ne pensais pas que Lizbeth serait assez stupide pour entrer dans ce manoir, dit-elle, imitant les bambins penauds, comme pris en faute. J'aurais du mieux la surveiller. Après tout, elle est tellement...

Elle abandonna son ton de fausset et afficha un rictus narquois :

- ... naïve.

Puis s'approchant de la balustrade où était assis le jeune Shikigami, elle lança, doucereuse :

- Je m'appelle Lizabeth., se présenta-t-elle en mimant la révérence. Mais bien sûr, tu peux m'appeler Liza, souffla la dénommée du bout des lèvres.

Afin de terminer sa tirade en beauté, elle passa une main dans ses longs cheveux et la retira, faisant ainsi voler les boucles rousses.

- Pour vous servir, termina-t-elle.

- Non, tu n'as pas compris. Je m'appelle Lizabeth. Elle...

Elle adressa à ses mains un regard méprisant, avant de revenir à Kogenta.

- ... c'est Lizbeth, cracha presque le double de la dénommée.

Puis, passant d'un état d'âme à un autre, elle observa d'un air ennuyé le hall où elle se trouvait.

- Je crois savoir où nous sommes, fit alors Lizabeth. Mais Lizbeth ne le sait pas, évidemment, ajouta-t-elle d'un ton condescendant.

Elle s'approcha donc du tableau d'affichage et lut sans aucune surprise les informations qu'il délivrait. Enfin, le double, ou l'original ?, se retourna vers le Shikigami, s'ennuyant vraisemblablement.

- Je crois déjà savoir quel pouvoir je détiens. Il est assez fâcheux que je doive rester ici pour l'éternité, je l'avoue. Mais évidemment, il est impossible de sortir de cette enceinte. Quant à toi, commença-t-elle d'une voix menaçante en se tournant vers Hadès. Je pensais que tu veillais à ce qu'elle ne fasse pas bêtises !

Sans attendre une quelconque réaction, légèrement excédée, elle alla interpeller de nouveau à Kogenta :

- Excuse-moi, pourrais-tu m'indiquer où se trouvent les dortoirs ? Ou bien m'indiquer quelque chose qui pourrait à son tour m'indiquer où se trouvent les dortoirs, compléta-t-elle sans sourciller.

Il comprenait la différence, rien que par le retrait ou le rajout d’une seule lettre par rapport a l’autre nom. Effectivement il s’agissait bien la de caractère et de personnalité bien différentes. Ce qui l’intriguait dans la personnalité de Lizabeth, était qu’elle n’avait aucun doute sur le lieu ou elle était, bien qu’elle affirmait que son " autre elle " ne le savait pas. Même le fait d’avoir lu le panneau ne provoquait aucune surprise.
D’ailleurs en revenant vers lui elle lui parla qu’elle connaissait déjà son pouvoir, et lui fait comprendre de manière détournée que cela ne lui plaisait pas d’être enfermée ici.

"Moi au contraire je trouve ca distrayant"

La jeune humaine se détourna quelques instant pour s’adresser a l’animal avant de revenir vers lui et de lui demander quelconque information sur les dortoirs. Le seul hic est qu’un Shikigami n’ayant pas besoin de dormir si ce n’est pour récupérer après un combat très, très dur, il n’était jamais allé. D’autant plus que au vu de se personnalité il se serait pris la tête avec les gens qui partageraient sa chambre.

"Désolé non, je ne sais pas ou c’est… je n’ai pas l utilité de me reposer."

Kogenta jeta un regard en coin à l’animal avant de le déporter sur la jeune humaine. Quelle curieuses personnes, et surtout quel était son but…

"et maintenant que tu est ici pour un bout de temps, que compte tu faire ?"

Elle haussa les sourcils quelques instants, puis afficha une moue dédaigneuse :

- Malheureusement, ce n'est pas à moi d'en décider. Lizbeth a un contrôle presque total de ce corps. Je n'apparais que de temps en temps. Bien qu'ici, termina-t-elle en fixant ses mains d'un air étrange, l'on dirait que je puisse venir à ma guise.

Lizabeth planta alors ses yeux d'un or soutenu dans ceux de Kogenta.

- Je me fiche de ce qui peut bien lui arriver dans cet endroit. Je dois juste la garder en vie.

Sa voix était cinglante et l'on sentait l'amertume en suinter. Lizabeth méprisait Lizbeth ; devoir partager ce même corps, prisonnière, devoir partager les pensées futiles de cette adolescente égocentrique, et surtout devoir la protéger sans quoi elle mourrait avec elle... Elle secoua la tête, acerbe ; puis regarda de nouveau ses paumes.

- Je vais bientôt m'en aller. Ici, la mémoire de Lizbeth ne connaît plus de pertes. Quant à toi, menaça-t-elle en se tournant vers le lion, lorsque tu vois qu'elle s'apprête à faire une imbécillité, empêche-la !
- Tu aurais tout aussi bien pu le faire, contra Hadès de sa voix aux accents lourds.

Lizabeth le foudroya du regard puis s'adressa à nouveau au Shikigami :

- As-tu une idée d'où elle doit aller ? lui fit-elle, le coin de sa bouche s'incurvant vers le bas : elle n'aimait pas l'idée de demander de l'aide à une personne.

Lizabeth pressentit que bientôt son laps de temps serait écoulé et qu'elle allait s'effacer une fois encore. Fixant toujours ses paumes avec rancoeur, elle ressentit l'amertume profondément ancrée dans ses chairs. Intérieurement, elle poussa un soupir furieux ; qu'est-ce qu'elle haïssait sa condition ! Le temps où elle exerçait fièrement ses meurtres était désormais révolu depuis près de dix-sept ans.

Interceptant alors la question de son interlocuteur, la jeune fille se résolut à le regarder dans les yeux. Un regard franc. Elle rabaissa soudain ses mains puis combla de quelques pas la distance qui avait subsisté entre eux. Ainsi, la voix pesante et comme teintée de mystère, elle lui accorda avec un sourire en coin une demi-réponse :

- Lizbeth et moi sommes deux personnes différentes.

Elle se tut, son sourire disparu. Une expression grave l'avait remplacé.

- Nous sommes deux âmes pour un seul corps. Deux esprits, deux personnes, deux entités, pour une seule enveloppe charnelle. L'une est de trop. Mais il est impossible de savoir laquelle.

Alors, sa voix lourde de sens cessa de claironner dans l'enceinte du hall, et l'œil droit de Lizabeth devint un peu plus vert encore.

Maintenant il savait, il s’agissait bien de deux personnes différentes, il n’avait encore jamais vu ca ni chez les humains ni chez les Shikigami. Il avait déjà bien entendu parlé d’interchangement d’âmes et de corps mais jamais de deux esprit dans le même. Et d’un autre coté il trouvait ca assez amusant bien qu’il ne savait pas encore pour qu’elle personnalité il avait une préférence. Il sentit que le pouvoir de cette dernier était en déclin, rien qu’en l’entendant perdre de l’intensité dans sa voix et aussi par la le changement de couleur de son œil. Il lui vint une idée, il n’aimait pas se mêlé des affaires des autres mais il décida d’ajouté son grain de sel dans l’affaire. En y réfléchissant ca devait être frustrant de ne pas avoir pleinement contrôle de son corps et de devoir le partage avec quelqu’un d’autre.

"En y réfléchissant, j’ai peu être le moyen de vous aider."

Il se leva de la rambarde et ferma les yeux , il leva sa main gauche juste devant son visage et garda juste l’index et le majeur de levé.

" il fit un mouvement ver la gauche SHIN un mouvement vers le haut KAN un mouvement vers la droite DA et un mouvement vers le bas RI"


Un croix bleu s’était formée dans les air a l’endroit ou il avait fait son incantation. Il y eu un flash éblouissant et a la place de la croit se trouvait un carte. Kogenta la prit dans sa main.


"Tu vois ceci ? C’est une carte de sceaux Toujin. Grace elle j’ai la possibilité de bloqué un de vos deux esprit dans ce corps."

La carte qu’il montrait disparut de sa main et il croisa les bras

"Quand vous saurez a qui des deux revient ce corps, il suffira de me trouver et je vous aiderais… mais uniquement a ce moment la… mais je ne vous force en rien a accepté ma proposition, c’est a vous de voir."

Comme pour ponctuer la fin de sa phrase le grelot de sa queue tinta. Sachant que la personnalité avec qui il discutait était en train de partir il lui adressa un bref signe de la main

"Je pense que nous nous reverrons. Lizabeth"

Il n’en n’était pas vraiment sur, mais il était presque convaincu que c’était elle qu’il reverrait la prochaine fois

Lizabeth était restée silencieuse. Son oeil droit devint plus vert encore entre temps, et elle savait que chaque battement de cil lui était compté. Cependant, si l'on s'y attardait un peu, on aurait vu s'apercevoir que son regard brillait d'une étrange lueur.
Un plan incongru se forma alors dans son esprit. Toute son atrocité antérieure semblait s'être ravivée aux mots de Kogenta. Elle s'imagina berner ce Shikigami, elle s'imagina en train de jouer la jeune fille en détresse, de donner le rôle de la méchante à Lizbeth. L'idée de mentir lui effleura l'esprit et pas une seconde elle n'hésiterait... Car elle se savait sans aucun doute l'intruse de ce corps. Et en aucun cas elle ne s'y délogerait pour mourir.

Mais son stratagème expira avant même d'avoir vu le jour, et le visage de Lizabeth s'assombrit soudain : Lizbeth protestait. Désormais, grâce à elle, elle connaissait tous les détails de leur condition qu'elle n'avait jamais subodoré avant ; et le message était clair : elle ne se laisserait pas faire.

*Ce corps est le mien !* hurlait-elle dans la tête de Lizabeth, si fort qu'elle se sentit tanguer.

Alors, elle capitula. Ces arrières-pensées fourbes se tasseraient dans un coin en guettant leur heure. Mais en attendant, elle devrait se contenter de ce demi-corps et de ses apparitions brèves.
De toute façon, elle avait bien continué ses meurtres tout en étant dans cet enveloppe et sans que Lizbeth sans apercevoir auparavant... peut-être pourrait-elle continuer dans ce pensionnat... Qui sait ?

- Je ne peux pas accepter, lança alors Lizabeth, sa voix froide et cruelle étant remplacée peu à peu par les intonations puériles de Lizbeth. Car pour tout te dire...

Elle fit une pause, lui souriant une dernière fois. Un joli sourire exceptionnellement, ni tordu, ni en coin, ni sardonique.

- C'est moi qui disparaîtrait alors.

Enfin, elle se détourna. Ce n'était sûrement pas la dernière fois qu'elle le reverrait, qu'elle soit Lizabeth ou Lizbeth.
De toute façon, elles avaient maintenant d'autres chats à fouetter. Oui... car elles ne savaient toujours pas où aller.

L'oeil droit était redevenu entièrement vert ; l'absinthe brillait dans son orbite et le sourire qui s'incurva sur les lèvres roses ne laissa plus aucun doute sur l'identité de cette personne. Lizbeth fixait Kogenta d'un air curieux et enfantin. Elle avait évidemment assisté à toute la scène, du début à la fin, mais sa colère était intériorisée. Maintenant, elle connaissait le chemin pour aller aux dortoirs, elle pouvait s'en aller sans un mot et oublier jusqu'à l'existence du Shikigami, comme elle l'avait souvent fait dans les mondanités de Londres.
Cependant, il lui semblait que ce n'était pas la chose à faire. Alors elle s'approcha du jeune homme, lui sourit en une avalanche de fossettes et de dents blanches, et le remercia :

- Merci pour ta proposition, lui dit-elle avec chaleur. Mais je crois que c'est plus compliqué que ça en a l'air. Nos deux âmes sont étroitement liées depuis bientôt dix-sept ans, et je ne pense pas que ce soit aussi simple.

Lizbeth fit une pause, et pencha la tête sur le côté, faisant ainsi tressauter plusieurs de ses boucles rousses.

- Merci aussi de m'avoir indiqué le chemin. Je pense que je pourrais me débrouiller maintenant...

Elle s'inclina amicalement puis se tourna vers Hadès, son alter ego.

- Viens Hadès, nous y allons, lui fit-elle en s'appuyant légèrement sur le dos de celui-ci.

Elle sentait son masque de maturité de flétrir peu à peu et les coins de sa bouche tressaillir ; il fallait au plus vite qu'elle quitte cette pièce. D'une pression sur l'épaule, elle en informa silencieusement le lion qui comprit immédiatement et la suivit sans plus tarder.
Enfin, lorsqu'elle fut hors de la vue de Kogenta, elle craqua : ses paupières papillonnèrent, son dos se courba et elle se laissa glisser le long du mur. Les larmes cheminaient sur ses joues et Lizbeth étouffa ses sanglots dans la crinière de son ami. Elle était tellement fragile et vulnérable par rapport à Lizabeth ! Elle lui enviait son détachement, ses manières doucereuses...
Tout comme elle aurait aimé avoir la sagesse, la discipline, et la maturité...