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| Un saladier pour pierre tombale [Petra] | |
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| Sujet: Un saladier pour pierre tombale [Petra] Lun 20 Déc 2010 - 22:57 | |
| Cela faisait, quoi, plusieurs mois, presque un an peut-être, qu'ils s'étaient vus, pour la dernière fois, et qu'il l'avait tuée. C'était bientôt l'anniversaire funèbre de la mort de Petra Traümer, délicieuse jeune alcoolique, adorable petite idiote, sombre défunte perfection. Emily disait vrai, et il ne s'attendait pas à voir le contraire se produire, l'ombre de son acte planait toujours sur son esprit, et réduisait à néant la plupart de ses tentatives de s'affranchir de ce qu'il avait été. Il essayait, pourtant, probablement beaucoup grâce à sa meilleure amie vampire, qui semblait presque mieux connaître les émotions humaines que lui, de socialiser un peu, de s'amuser, de connaître tous ces gens auxquels il tournait le dos, sur lesquels il crachait auparavant tant de fois. Il essayait d'être autre, y parvenait, parfois. Le bilan n'était pas si noir. Il aurait pu faire pire, bien pire, si il n'avait pas voulu se sortir de la mauvaise passe dans laquelle il s'était engagée. Il y avait des choses que l'on ne pourrait effacer, mais il fallait recouvrir cette vilaine fresque d'une couche de peinture plus pétillante, d'une nouvelle mosaïque, qui raviverait un peu ces vieilles couleurs fades et écaillées. Il y parvenait, petit à petit, et il avait le sentiment qu'en y travaillant encore un petit peu, il pourrait enfin se faire connaître sous un autre nom que celui du phobique de la population un peu siphonné. Ou simplement à ne plus faire peur aux nouveaux venus.
Pour changer, il ne s'était d'ailleurs pas paré de noir. Quand on le connaissait bien, le voir s'habiller ainsi relevait du miracle, de l'exception, ou du fait qu'il avait tout mis à laver. Et la plupart du temps, c'était pour remplacer l'ébène par le gris foncé. Dément. Aujourd'hui, il n'avait pas fait preuve d'une originalité folle – vous ne le verrez pas de sitôt arborer du violet vif ou de orange fluo – mais il avait ceint ses épaules d'une chemise blanche et avait enfilé un pantalon vert forêt, que complétait une cravate un peu plus sombre. La matinée s'annonçait radieuse jusqu'à ce qu'il entrouvre les volets. Gris, gris, gris. Même pas de neige. Voilà qui compromettait sa balade matinale habituelle. Lorsque Nao – ou Mail, ou encore Zack, il n'en avait rien à faire – l'apostropha en des termes peu polis afin qu'il ferme cette putain de fenêtre, il obtempéra, haussant les épaules. Il n'aurait qu'à prendre un petit déjeuner copieux et rallongé, puisque la nature était contre lui. Cela ne lui ferait pas de mal. Heureusement, à cette heure, la cuisine était relativement vide. Sur le trajet, il rencontra ce qui ressemblait à Periple et la salua, avisant qu'elle sortait justement de la cuisine. Sa compagnie n'aurait pas été désagréable, mais il ferait sans.
Morgan s'assit donc, livre préalablement emprunté à la bibliothèque à la main, une tartine enduite de confiture dans l'autre. Il venait de mettre son café à chauffer. Encore un peu ensommeillé, le borgne dégusta son croissant jusqu'à la dernière miette, se servit du café, et se sentit d'humeur de reprendre une tartine, cette fois simplement beurrée. Il s'avança jusqu'au frigo afin d'en prendre, et se retourna pour revenir à sa place.
« Wah ! »
Le cri lui avait échappé, ainsi que le beurre, qu'il rattrapa de justesse avant qu'il ne s'écrase par terre. Le hasard soit loué, il n'était pas encore ouvert, et le pliage de son emballage ne l'avait pas trahi. Il regarda la forme qu'il venait d'apercevoir, ayant besoin de confirmer ses impressions... Mais, oui, une jeune fille était bel et bien pliée en quatre, côtoyant avec peine le sucre et la farine, dans un des renfoncements du mobilier de la cuisine. Il se gratta la tête, stupéfait, et demanda tout à fait civilement à la chevelure dorée – seule chose qu'il voyait réellement – une brique de beurre à la main, le couteau qui lui aurait servi à l'étaler dans l'autre.
« Euh, que faites vous ici ?... Ce n'est pas très pratique pour prendre son petit déjeuner. » |
| | | Sectaire iguano-stellairienne Petra Traümer
+ Pseudo Hors-RP : Mooney • Age : 29 • Pouvoir : Persuasion • AEA : Marmotte la Marmotte • Petit(e) ami(e) : EMRYS SULWYYYYYYN <3 RP en cours : LA VIE EN ROSE (Claris Linden) Messages : 1647 Inscrit le : 09/11/2008
| Sujet: Re: Un saladier pour pierre tombale [Petra] Lun 20 Déc 2010 - 23:42 | |
| Cesse de respirer aussi fort, Petra. Calme-toi. Ne te fais pas remarquer. Tant que tu ne fais pas de bruit, il ne fera pas attention à toi. Efface-toi du décor, n'existe plus pour quelques minutes, le temps que Morgan parte de la cuisine. Ce n'est pas très dur, allez, tu l'as déjà fait des milliards de fois. C'est devenu ton quotidien, depuis... Depuis un an. Il t'a tué un peu avant Noël. Tu as oublié quand précisément - était-ce une semaine, un mois, deux jours ? Tu t'en fous. C'est approximativement un an. Tu ne t'es pas amusée à compter précisément, tu avais autre chose à faire. Un an. La vache. Un peu plus de deux ans dans le pensionnat, dont la moitié noyée et coulée sous des litres de vodka, l'autre moitié plongée dans des souffrances brûlantes. Un an, la vache. Tu as survécu un an. Et là, tout va s'arrêter. Tu avais déjà frôlé la mort à plusieurs reprises. Il y avait eu cette fois avec Emily, au café. Cette autre fois où Morgan était entré dans la bibliothèque alors que tu y étais, et tu t'étais enfuie par la fenêtre avant qu'il ne te repère. Il y avait encore eu cette fois-ci, et cette fois-ci aussi, et cette fois-là. Mais jamais tu ne t'étais retrouvée dans une situation aussi critique : coincée dans la même pièce que le monstre, sans possibilité de fuite. Là, tu es encastrée entre deux meubles de la cuisine, sous un évier, à l'emplacement où se trouvait autrefois un placard à produits d'entretien. Et évidemment, ce matin, tu as baissé ta vigilance. Ne jamais faire ça, Petra ! A chaque fois que tu l'as fait, ça a mal fini. Aujourd'hui, tu t'es retrouvée, le visage nu de tout masque, les cheveux libres. Tu ne portes qu'un simple slim noir, et un pull col V de la même couleur. Pas d'affaires derrière lesquelles tu pourrais te cacher. Tu n'as même pas eu le réflexe de prendre un couteau, comme tu le fais si souvent. Tu veux ta mort, ou quoi ? Oui. Un an, c'est long. Un an à espérer l'inespérable, l'impossible qui ne se réalisera jamais, c'est terrible. Au fond de toi, n'as-tu pas essayé d'attenter à ta propre vie, en te promenant sans prendre aucune mesure de précaution habituelle ? N'as-tu pas, consciemment ou non provoqué le destin, pour mourir, enfin, pour de vrai cette fois ? Chaque seconde qui passe est une goutte de plus dans la coupe de tes malheurs, qui est maintenant pleine. Pauvre ange sans s'en rendre compte à en finir. Morgan finira par savoir, Morgan finira par te tuer. Pourquoi lutter, puisque toujours la Mort gagne ? Mais cette part de toi qui croit encore au bonheur, à l'amour, à la joie de voir la lumière du jour, elle, n'a pas envie de mourir. Tu es déchirée, n'est-ce pas ? Tu as toujours été déchirée. Et maintenant, te voilà, tremblante, au fond d'un placard, à tenter à la fois de disparaître et d'apparaître. Terrée au fond de ton trou, tu vois les jambes de Morgan, dans un pantalon vert, se diriger vers le frigo. Tu l'as aperçu brièvement lorsqu'il est entré dans la cuisine, tu t'es cachée dès que tu l'as reconnue, et maintenant, tu ne peux que l'observer. Si jamais il te voit, tu es foutue. Il ouvre le frigo, le ferme, retourne vers l'endroit où il était tout à l'heure et... fait tomber un paquet de beurre. Pousse un petit cri. Merdasse. Repérée. Foutue, foutue, foutue. C'est vraiment con. Il va te tuer, il va te tuer, il va te tueeee... Ah non. Oh la blague, il ne te reconnaît pas. Sans doute est-ce parce que ton visage est un peu dans l'ombre, qu'il n'est pas habitué à tes cheveux blonds. Il fait une réflexion sur la banalité de ton refuge. Il parle de bouffe. Ah oui, toi aussi, tu es venue pour bouffer. Mais tant pis, on mangera plus tard... si on a encore un estomac entier, non perforé par un couteau à beurre. Bon, on fait quoi ? Tu ne sors pas, tu ne bouges pas, c'est une bonne idée. Ne bouge pas de là où tu es. Dis une connerie et espère qu'il partira.
"Shhh... Je joue à cache-cache avec mes amis imaginaires. Il ne faut pas qu'on me trouve."
Pas mal, ça. Même sobre, tu dis de belles phrases profondes, toi. |
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| Sujet: Re: Un saladier pour pierre tombale [Petra] Mar 21 Déc 2010 - 11:58 | |
| Alors qu'il la scrutait, il tenta d'associer les cheveux d'or à quelqu'un du pensionnat. Cela ne pouvait pas être Fay, les cheveux étaient bien trop longs. Eva avait les cheveux plus ternes. La chevelure de Sindy étaient parsemés de mèches d'un rose vomitif. La tignasse de Garry était plus courte... Il passa encore quelques jeunes filles (il en vint même à évoquer Nao) en revue avant de laisser tomber. Bon, ce devait être une nouvelle, parce qu'il n'arrivait vraiment pas à rattacher un nom à cette crinière dorée. Elle tressaillit lorsqu'il l'interpella, et garda avec entêtement l'anonymat pourvu par ses lourds cheveux dorés. Il haussa un sourcil et les épaules, prêt à se détourner. Ce devait être un lendemain de cuite pour cette jeune fille, ou énième folie due au pensionnat, il ne fallait pas prêter attention à si peu de choses. Les gens un peu fêlés étaient monnaie courante, entre les psychopathes, les dépressifs, les suicidaires, les gentils dérangés, les inoffensifs simplets... Il allait se rasseoir sans plus lui prêter attention – du moins essayer – lorsqu'elle lui répondit, toujours enfoncée dans son coin de mur.
Il avait déjà entendu cette voix débiter des choses bien plus étranges, voire complètement crétines, surtout lorsque sa propriétaire était sous le coup de l'alcool et se mettait à se battre avec des armures. L'entendre dire qu'elle jouait à cache cache avec des amis imaginaires n'aurait donc rien eu d'étonnant, si sa malheureuse détentrice n'était pas six pieds sous terres – du moins l'espérait-il pour sa mémoire. Il se raidit considérablement, et posa le couteau et le beurre sur la table, machinalement, avant de jeter un nouveau regard à la jeune fille. Mais non, non, ce n'était pas Petra. Il avait autrefois tellement bu ses paroles qu'il se croyait capable de reconnaître ce timbre particulier entre mille, même lorsqu'elle chuchotait, murmurait presque comme elle l'avait fait là, mais cela faisait bien longtemps qu'elle avait disparu. Ses sens devaient s'être émoussés. Il émit un petit ris nerveux avant de pouvoir récupérer son sourire jovial. Quoi qu'il en était, cette pauvresse était vraiment folle, comme beaucoup.
« Oh, d'accord. Je n'aimerais pas interférer dans ce jeu qui m'a somme toute l'air très intéressant... » répondit-il, ses paroles aussi sentencieuses qu'elle les avaient connues un an plus tôt. Il faisait des efforts, tout de même, pour ne pas paraître trop désagréable ! Cela faisait partie de ses résolutions, et cela faisait quelques mois qu'il les tenait sans trop de problèmes, s'accommodant bien à son nouveau mode de vie. Le borgne retourna donc à son occupation principale, c'est à dire se préparer son petit déjeuner. Il s'y remit en essayant de faire abstraction de la jeune fille, mais son immobilité avait quelque chose d'angoissant, et il ne put s'empêcher de lancer des oeillades discrètes à l'endroit où elle se terrait. Il crût percevoir un petit tremblement de sa part. Qu'avait-elle fait pour que ses amis imaginaires la recherchent aussi activement ? La boudaient-ils ? Après avoir tartiné son morceau de pain, il allait commencer à la grignoter en se remettant à lire le livre qui était dans son autre main, lorsqu'il entendit un petit bruissement venant de l'antre de la jeune fille.
« Euh, mademoiselle... De la farine vous coule dessus. »
En effet, le sac de farine semblait s'être percé, peut-être à cause d'un faux mouvement ou du poids de son contenu, et couvrait de poudre la demoiselle aux cheveux d'or. S'il s'était permis de faire cette remarque plutôt évidente, c'est qu'elle n'avait pas bougé d'un centimètre pour faire cesser le désastre.
« Outre le fait que vos amis vous trouveront bien plus facilement, ce n'est pas très propre. Venez là, je vais vous aider à nettoyer ça... »
Il s'approcha de nouveau et lui tendit la main pour qu'elle se lève, se penchant dangereusement vers elle, attrapant de l'autre main le gros sac de farine pour le faire basculer d'un côté où il cesserait de se répandre plus. Maintenant, il fallait nettoyer tout cela. Le sol, le tiroir, la demoiselle. |
| | | Sectaire iguano-stellairienne Petra Traümer
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| Sujet: Re: Un saladier pour pierre tombale [Petra] Mar 21 Déc 2010 - 18:33 | |
| Tel un œil porteur de malédiction, Morgan te scrute. Il s'interroge. Puis, sans doute incapable de comprendre qui est en face de lui, soit à cause de ta chevelure blonde, soit car il est suffisamment persuadé que ta vie s'est arrêtée il y a un an, soit pour ces deux raisons conjuguées ensemble, voire pour d'autres que tu ne trouve pas, il te laisse en paix et repart. A l'intérieur de ta poitrine, ton cœur tambourine à en crever. Morgan prépare son petit-déjeuner, sans poser d'autres questions. Calme toi, calme toi, maintenant. D'ici un quart d'heure, il l'aura avalé et repartira. Tout va bien se passer. Alors arrête de flipper, fais-toi discrète, disparais quinze minutes. Quinze minutes et puis ce sera fini. Les sables du temps s'écoulent sur ton corps. Tu les sens parfaitement : ils partent du haut de ton crâne, glissent dans ta nuque, s'écoulent le long de ton dos. Ce poids des quinze minutes te pèse si fort que tu les ressens, comme s'ils existaient réellement. Terribles. ... Morgan te regarde à nouveau. Cache-toi ! Cache-toi ! Cache-toi ! Terre-toi au fond de ton nid, sois absorbée par l'obscurité ! Il ouvre la bouche, il te parle, il t'a coincé sans doute ! De la farine ? C'était de la farine. Ce que tu as prit pour une matérialisation de ta crétinerie de folie hallucinatoire n'est que de la farine qui se déversait sur toi, sac percé, poudre échappée. Tu as l'air conne, ma belle. Et Morgan qui s'approche de toi, qui te tend la main pour t'aider à virer tout ça, c'est pire que tout. Tu ne peux pas refuser de saisir sa main. Tu ne peux pas te faire voir au grand jour. Tu ne peux pas te permettre de prendre un risque, si ? Mais le risque est partout. Que choisir ? Tu décides de prendre le risque d'être vue clairement, à la lumière des spots de la cuisine et de celle qui vient des fenêtres, plutôt que de prendre celui de causer des interrogations persistantes à ton pire ennemi. Tu prends sa main, Petra, tu te hisses hors de ton trou. Tu flippes. Il va finir par se rendre compte que c'est toi, là, en face de lui. Il n'hésitera pas une seconde. Il faudra être rapide, plus rapide que lui. Localise où sont rangés les couteaux, ça te sera utile pour la suite.
"Je suis Tatiana."
Nom à chier, mais ce n'est pas grave. Les couteaux sont à deux mètres de toi, un peu sur la droite, pendus au mur par des petits crochets de métal. Il y a même un hachoir. Si jamais la situation dérape, tu auras intérêt à agir vite. Mais pour le moment, calme-toi. Plus tu auras l'air effrayée, plus Morgan s'interrogera. Et plus Morgan s'interrogera, plus il se méfiera. S'il se méfie, il trouve. Alors respire doucement, apaise la lueur effrayée de tes yeux. Détends-toi, petite Petra, tu ne risqueras rien.
"Tant pis pour ma cachette."
Elle tente une ébauche de sourire, lèvres fermées, l'intérieur d'elle-même totalement agité. Pas évidant d'avoir l'air d'une fille normale. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Un saladier pour pierre tombale [Petra] Mer 22 Déc 2010 - 19:31 | |
| Morgan releva la jeune fille, observant fugacement son minois au passage. Ah, elle n'avait aucune raison de se cacher, elle était très jolie, et ses yeux bleus étaient superbes. Mais une gêne demeurait dans l'esprit du borgne, et il déglutit, mal à l'aise. Il fit cependant en sorte de ne pas incommoder la jeune fille en essayant de ne rien en laisser transparaître sur son visage, bien que cela se remarquât probablement lorsqu'il la remit sur pied un peu brusquement, détournant l'œil. Plus il la regardait, plus quelque chose le tourmentait, une petite voix dans son esprit, qui lui criait ce nom, mais il rechignait à l'entendre.
En l'évitant soigneusement du regard, il prépara le nécessaire pour laver toute la farine qui s'était écoulée dans le tiroir comme dans les cheveux de la jeune fille. Ses gestes étaient machinaux, un peu nerveux. Alors qu'il ramassait toute la poussière blanche dans la pelle, il l'écoutait se présenter. Tatiana. Ce prénom sonnait faux, avec cette voix. Ce n'était pas une voix à s'appeler Tatiana. Ce n'était pas non plus un visage à s'appeler Tatiana. Mais, quoi, voilà qu'il avait ce genre d'idées reçues ? Depuis quand avait-on une voix ou une tête à s'appeler comme ceci ou comme cela ? A n'allait pas, mon petit Morgan... Après avoir déblayé la majeure partie de la poudre, il se mit à éponger du mieux qu'il pouvait le reste. Ce n'était pas souvent qu'il faisait le ménage, mais il sentait une ferveur nouvelle l'empêcher de laisser la jeune fille le faire, en dehors de la galanterie. Cela peuplait le paysage, en ne l'obligeant pas à la regarder. Du moins, pas tout le temps, car il ne pouvait s'empêcher de lui jeter de petits coups d'œil de son organe valide.
Il sentit un climat étrange s'installer. Le jeune homme incurva les sourcils, un peu crispé, et finit sa tâche, avant de se relever et de se laver les mains. Tatiana n'avait pas beaucoup bougé, et l'avait regardé faire tout du long. La politesse devait l'empêcher elle-même de s'éloigner, de partir, et vu sa folie douce, peut-être ignorait-elle comment faire pour remettre la cuisine en l'était dans lequel elle l'avait trouvée. De plus, son visage laissait entrevoir une inquiétude teintée de gêne. Du moins, c'était ce qu'il voyait. Le borgne lui sourit légèrement, et pour meubler la conversation, lui fit remarquer
« C'est marrant, vous me faites penser à quelqu'un que j'ai connu. »
Non, ce n'était pas marrant du tout. Mais c'était un peu ce qu'il ressentait. Il aurait presque émis l'hypothèse que c'était la petite sœur de la jeune fille qu'il avait connu par le passé, s'il ne savait pas déjà qu'elle avait été fille unique. Une cousine, une jumelle cachée, une parente éloignée, un sosie, un clone. Il se rapprocha un peu d'elle, évitant toujours de la regarder, et se mit enfin à manger ce qu'il avait préparé.
« Mais bon, ce n'est pas vraiment possible. D'où venez-vous, Tatiana ? » |
| | | Sectaire iguano-stellairienne Petra Traümer
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| Sujet: Re: Un saladier pour pierre tombale [Petra] Jeu 23 Déc 2010 - 23:24 | |
| L'oeil unique de Morgan semble tenter d'associer ce nom faux à ton visage. Il a l'air d'essayer d'effacer de son esprit, malgré ses souvenirs qui encore et encore reviennent, l'identité de Petra pour la remplacer par celle de Tatiana. Poser sur tes traits une nouvelle personne, totalement inconnue. Ce regard verdâtre interrogateur te perturbe, te blesse. Qu'est-ce qui le différencie de celui qu'il te portait en tentant de te tuer ? Et de celui qu'il avait lorsqu'il t'aimait ? Quelle est la variation entre les divers Morgan que tu as connu, Petra ? Y en a-t-il une ? Ce Morgan que tu vois dans cette cuisine est le même Morgan que celui qui a voulu ton amour et celui qui a voulu ta mort ; ces multiples visages se rejoignent tous dans le portrait de cet individu inquiétant et terriblement dangereux. Et sans doute n'avait-il pas changé depuis un an, resté le même monstre que celui qui t'a tué dans la Salle des Miroirs. Mais l'envie de retourner dans ses bras, dans sa chaleur, retrouver l'affection qu'il te portait et le bonheur qu'il t'apportait, face à cette crainte incommensurable, te déchire. Morgan est trop de choses pour que tu puisses réagir normalement devant lui. Ce Morgan, abaissé à quelques mètres de toi, qui nettoie le sol que tu as sali, geste d'humilité profonde, te touche et te fais de la peine. C'est fou comme il a l'air tendre, aimable. Un individu qui le perçoit comme un inconnu ne verrait qu'un agneau, à l'allure singulière certes, mais si gentil. Il ne te demande pas d'aide, et tu es trop sidérée par cette vision d'un Morgan sympathique que tu ne penses même pas à lui en donner. Cette image se retrouve aussitôt plombée par la chape de métal qu'impose ton instinct de survie : cet homme est un tueur. Il ne faut pas se fier à lui, ni à qui que ce soit d'autre. Puis il te fait une réflexion sur ta ressemblance avec quelqu'un qu'il a connu. Et tu comprends qu'il finira par comprendre, tôt ou tard. Si ce n'est pas dans la seconde qui suit, ce sera dans l'heure, dans la journée ou dans le mois. Il finira par savoir que c'est toi, oui, toi qui est debout, là, parfaitement vivante. Que se passera-t-il alors ? Ce ne sera pas pour la seconde : le borgne semble retirer cette idée de la tête. Mais on ne peut pas vraiment en être sûr... Reste sur tes gardes, petite Petra. Méfie toi, ma belle. Maintenant, il te pose une question sur ton origine. Et du tac-au-tac, tu dis :
"Moscou."
Sage idée. Avec un nom celui que tu prétends avoir, mieux vaut jouer la carte tradi. En plus, tu as des origines partiellement russes, en plus des allemandes, non ? Il ne t'a jamais parlé d'un éventuel voyage à Moscou qu'il aurait eu la chance de faire. Le risque sera au niveau de l'époque. Évoquer ton appartenance au XXIIème siècle sera délicat, Morgan risquera de comprendre. Te faire passer pour une gamine de son époque sera tout aussi dangereux, tu pourrais te trahir au moindre geste. On avisera selon la situation. Alors que tu enlèves avec un bout d'essuie-tout la farine qui s'est logée dans tes vêtements et tes cheveux, tu lui demandes pour meubler, éviter un silence pesant qui causerait des réflexions trop intensives.
"Et vous ?"
L'empêcher de raisonner sur toi, d'assembler les pièces du puzzle -la disparition de ton cadavre, cette Tatiana qui n'est que toi... Voilà la seule solution. Après, il faudra espérer ne pas le recroiser trop souvent. Si c'est le cas, tu devras agir. Et craindre, encore. La dernière fois, tu n'avais pas assez craint sa fureur, au milieu des miroirs qui reflétaient ton orgueil insolent, et il t'avait attrapé avant que tu ne puisses faire quoi que ce soit, petite brindille désemparée.
On raconte souvent aux enfants qu'il faut se méfier du Grand Méchant Loup. Mais les parents oublient trop souvent de leur mentionner le Renard Galeux. On le croit fragile, faible et prêt à vous aider en échange d'un peu d'aide en retour, et en effet il vous protégera parfois du loup. Puis vient le moment terrible où le Renard retrouve sa nature de fourbe et vient vous donner un coup dans le dos, juste entre les deux omoplates. Il vous dépouille et part trouver une nouvelle victime à embobiner et à avoir. Il peut avoir de multiples visages : galeux, boiteux, aveugle... Mais qu'importe son apparence : il agit toujours avec cruauté. Qui était le Grand Méchant Loup de ton histoire, Petra ? Tu l'ignores. L'alcool, la luxure, le pensionnat, Emily ou même Nao ? Le Renard Galeux, par contre, est évident. Dans la suite de l'histoire, il est conseillé d'euthanasier le Renard Galeux en prétendant le soigner, pour éviter la mort. |
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| Sujet: Re: Un saladier pour pierre tombale [Petra] Mer 6 Juil 2011 - 14:24 | |
| Moscou, Moscou... Des images floues lui arrivèrent, bien que ces noms n'aient plus aucune signification pour lui maintenant. Des années dans un endroit dont on ne pouvait sortir brouillaient un peu les pistes et rendaient futile la question des origines. Tout le monde parlait le même langage, et le Pensionnat s'évertuait à rester profondément occidental dans sa conception même, probable reflet des goûts des propriétaires. Il revoyait simplement quelques cours de lycée, communisme, guerre froide, de vagues souvenirs de Place rouge ou de ballets, quelques notions de russe qui ne servaient décidément plus à rien, des noms de gens qu'il avait côtoyé, Vlad, Anya... Petra ?
« Paris » marmonna-t-il machinalement, avant même de se rendre compte qu'il avait répondu.
Il hésita un moment, se dit qu'il valait mieux de nouveau meubler la conversation, de peur que cela ne retombe, de peur que l'attention ne se fixe plus sur ces yeux bleus, ces grands yeux bleus qui le regardaient, un peu inquiets, un peu désapprobateurs, derrière le paisible sourire de Tatiana. Il aurait tellement aimé être celui qui déblayait la farine de ses longs cheveux blonds. Juste pour goûter la chaleur de sa nuque, et se rassurer, se dire pour de bon que ce n'était rien qu'une illusion, et enfin pouvoir... Vite. Il fallait parler. Il lança un pitoyable, tant il était téléphoné :
« Ça n'a plus grande importance, maintenant. »
Ahah. Phrase qu'il ressortait à des générations d'enfermés comme lui, phrase que des générations de prisonniers pourraient redire aux autres, c'était si original, c'était si... Navrant. Il tenta un rire, presque effrayant de nervosité. Allez souris, Morgan. Souris. Tu t'étais promis de ne plus être un ours, et de parler aux autres, d'apprécier leur présence, de te mêler un peu plus à eux... Il regarda la nourriture qu'il avait sortie, et se leva pour demander plus poliment
« Petra, vous voulez manger quelque...? »
Petra. Encore elle. Petra, Petra, Petra. Petra. Ces grands yeux bleus quand il avait passé ses mains sur sa nuque blanche et avait serré. Ses yeux bleus, bleus.
« Tatiana, euh, Tatiana, excusez-moi. »
Il lui sourit de nouveau, et s'expliqua avec une certaine gêne.
« Je ne suis pas bien réveillé. Vous voulez manger quelque chose ? |
| | | Sectaire iguano-stellairienne Petra Traümer
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| Sujet: Re: Un saladier pour pierre tombale [Petra] Jeu 7 Juil 2011 - 15:09 | |
| [Puisque tu m'as fait attendre six mois, je me venge : je bâcle ! ] Avoir l'air normal, ne pas sembler connaître Morgan, dire quelque chose de gentil sur Paris lorsqu'il annonce qu'il y vivait... Ce n'est pas évident, mais ces petits détails peuvent te faire survivre, Petra. Tu ne t'es jamais retrouvée aussi proche de lui depuis votre altercation, jamais aussi proche de la Mort personnifiée. Il a toujours l'air aussi triste, mais la jeune fille ne veut pas s’apitoyer sur lui. Il ne mérite pas une once de pitié, ce fou, ce maniaque, ce tueur violeur taré, monstre. Il ne faut pas perdre cette idée de vue. Ce serait tellement facile d'adhérer à son point de vue, de le consoler, de lui remonter le moral, de lui dire que ce n'est pas grave puisqu'elle a survécu, finalement. Oui, parfois, Petra a envie de céder et de retourner auprès de lui, de se faire obéissante, propre, sans excentricités et sans alcool, sobre dans l'allure et dans l'état de santé. S'excuser auprès de lui, lui expliquer qu'elle n'était pas dans un état normal, qu'elle s'est sentie mal, qu'elle n'aurait jamais dû. Ce serait tellement bien. Mais non : c'est avant tout un fou, un péril qu'il faut abattre ! Ou au moins fuir... N'aies pas pitié de lui, n'aies pas pitié de lui, Petra ! Ne craque pas ! C'est lui le coupable, dans cette affaire, pas toi !
« Petra, vous voulez manger quelque...? »
Merde. Il t'a grillé. Son subconscient t'a grillé. Et bientôt, toute sa personne se rendra compte du mensonge de la jeune fille. Il y a ce hachoir deux mètres derrière toi, Petra. Prépare-toi à le prendre, vite. Il faudra réagir à la seconde même où il comprendra. Brusquement, Morgan se corrige. Tatiana, Tatiana, enregistre ce nom, crétin, même si c'est un nom de merde et que tu en as un autre sur le bout de la langue. C'est Tatiana devant toi, la petite blonde moscovite, et non plus la Petra exubérante que tu aimais tant, Morgan, et que tu as tué. Il te propose à manger, maintenant...
"Je veux bien de la brioche, s'il y en a."
Tu marques une pause, tu ne sais pas quoi dire pour prolonger ; tu regrettes aussitôt. Il ne faut pas de plat, de temps mort dans cette conversation. Il faut le prendre au piège de la discussion, pour l'empêcher de raisonner. Trouve quelque chose, dis quelque chose.
"Vous avez connu une Petra avant de venir ici, c'est ça ?"
Tu vas jouer les petites demoiselles arrivées ici récemment, curieuses de savoir le passé des autres, de se faire des amis et d'avoir des potins sous la dent. Tu rajoutes, avec un petit sourire, tandis que tu t'assoies sur le plan de travail de la cuisine :
"Une petite amie ?"
Et tant pis si ça le met mal à l'aise, s'il éprouve des remords : c'est de sa faute.
Dernière édition par Petra Traümer le Jeu 1 Sep 2011 - 13:57, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Un saladier pour pierre tombale [Petra] Jeu 1 Sep 2011 - 13:03 | |
| Une petite amie ? Morgan figea son sourire pour protéger la façade, pendant qu'il colmatait les fuites en arrière plan. Il prépara la brioche pour Tatiana, et la lui tendit sans rien dire. Mais il ne resta pas coi bien longtemps, une mauvaise habitude qu'il avait prise à côtoyer des gens – quelle idée saugrenue. Mais que dire, que lui dire ? Il finit par détacher à grand peine les premiers mots qui le sortit du silence :
« J'aurais aimé. C'est une histoire assez triste à entendre. »
Il s'assit en face de la jeune fille, maintenant qu'il ne pouvait plus affairer ses mains, qu'il n'avait plus rien à faire qui lui donnait un prétexte pour bouger, changer de sujet de discussion, détourner les yeux, ou se taire. Il continua, déroulant le fil de ses pensées.
« C'était une très belle femme, aux excentriques cheveux roses qui se mariaient étonnamment bien avec ses grands yeux bleus. Je l'ai connue alors qu'elle venait tout juste de rentrer, et je crois que ça a été le coup de foudre, bien que je ne me lie que très peu aux gens, à l'époque. De plus, notre relation avait commencé d'une façon plus ou moins houleuse ! Dispute, danse guindée, mauvaise cuite … Et ça a continué, elle me donnait toutes les raisons de la détester : alcool, conduite vulgaire, insultes à mon égard... Mais j'ai continué à la côtoyer, d'abord par ce que je croyais être des accidents, puis par ce que je m'imaginais être l'habitude. Elle a fini par me faire sourire, j'ai fini par vouloir l'aider à sortir de la spirale infernale dans laquelle elle s'était engagée. »
Morgan sortit son paquet de cigarettes, machinalement, continuant à chercher quelque chose à faire de ses doigts pour éviter qu'ils ne trahissent toute trace de nervosité. Mais il se ravisa, et le poussa sur la table, vers la jeune fille.
« J'avais pas mal dérivé moi aussi : sexe, cigarettes, et haine de plus en plus grande envers le genre humain, dont Petra comme moi faisions malheureusement partie. Je n'étais pas bien, je me raccrochais à elle, je me posais des questions sur mes sentiments, et elle ne se rendait compte de rien, emprisonnée dans son alcool et ses propres illusions... J'étais dans mon délire persuadé qu'elle était la clef de tous mes problèmes, et l'idéalisais au point de l'asexualiser, de lui enlever toute liberté de mouvement... De l'emprisonner. »
Il joint les mains, à regarder Tatiana, guettant la moindre de ses réactions, sans néanmoins cette fois marquer de véritable pause.
« Quand je l'ai surprise avec un amant, dans ma propre chambre, et probablement pas le premier... Nous n'étions pas ensemble, certes, mais je l'ai mal pris. J'ai commencé par m'enfuir. Elle m'a rattrapé pour je ne sais quelle raison dans la salle des miroirs, et sous l'oeil de nos infinités de doubles, nous nous sommes disputés, la tension a explosé, je l'ai insultée, je l'ai agressée... »
Il ferma ses mains sur le vide
« Je l'ai tuée. »
Morgan tenta de décrypter le visage, les gestes de Tatiana. Essaierait-elle de s'enfuir ? Il continua néanmoins
« Je l'ai tuée, dans un accès de colère, ce n'était même pas de la folie, ce serait présomptueux, et stupide, de penser ça. Juste de la colère, et de la bêtise. J'ai serré mes mains sur son cou, et elle a cessé de bouger. Je suis encore lâchement parti, me rendant compte de ce que j'avais fait. Et quand j'ai repris mes esprits, que j'ai voulu l'enterrer... Elle s'était évanouie. Stupide, n'est ce pas ? Peut-être que tout cela n'était qu'une illusion des I, me suis-je dit. Ou la terreur et la tristesse ont brouillé mes souvenirs. »
Il baissa brièvement le regard, avant de le replonger de nouveau dans les yeux de Petra. Il émit un rire bref.
« Je suis désolé de vous embêter avec ces histoires ennuyeuses autant que glauques. C'est encore votre regard qui m'y fait penser. » Il sourit doucement. « Peut-être est-elle en vie quelque part. Sans doute me hait-elle, quel que soit l'endroit où elle est : le ciel, l'enfer, ou les limbes du pensionnat interdit. Et elle aura raison, car j'ai été un être infantile et cruel, ainsi qu'un imbécile. Je n'ai pas cessé de m'en vouloir depuis ce jour. J'ai voulu changer, en sa mémoire, ou dans l'espoir de pouvoir lui parler un jour, face à face, calmement, devant une brioche, et un bon café. Je sais un peu mieux cuisiner, maintenant. Je ne hurle plus sur les gens sans raison. J'ai découvert que je n'avais pas de raison de haïr l'univers. Voire de pouvoir un jour l'aimer, comme je l'aimais elle, et comme je l'aime toujours. »
Ses doigts effleurèrent doucement sa tartine. Sans trembler. Sans se crisper. Tout était si calme, maintenant que...
« Mais je n'ai jamais su t'aimer correctement, Petra, » conclut-il en un souffle, ses yeux verts rivés dans les siens. |
| | | Sectaire iguano-stellairienne Petra Traümer
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| Sujet: Re: Un saladier pour pierre tombale [Petra] Jeu 1 Sep 2011 - 16:59 | |
| Tu aurais mieux fait de te tirer de là, Petra. Dès qu'il t'a vu, trouver une excuse et partir de la cuisine. Là, tu es prise à ton propre piège. Tu pensais tenir un petit moyen de te venger, de le faire souffrir, de lui rappeler son ignominie. Et regarde où tu es maintenant : coincée face à ce monstre qui te déballe tout sans broncher. Putain, il est capable de tout raconter à la première inconnue venue. Non, tu n'es pas une inconnue : il a comprit. Tu as beau faire croire que tu es une Tatiana, une Russe fraîchement arrivée, ce gars te connaît sur le bout des doigts. Alors tu as foiré. Voilà. Un an et demi que tu te caches, et tu as foiré lamentablement. De toute façon, tu es une merde, Petra. Emily te l'avait bien dit, l'année dernière : tu es une lâche, une conne, une faible, une salope, une fille facile, une alcoolique, une hypocrite, une égocentrique... Toute insulte inventée par le genre humain peut s'appliquer à toi. Parce que tu es une merde. Putain, Morgan a comprit. Mais toi, tu ne t'en rends pas vraiment compte. Et probablement lui non plus. Il doit probablement penser qu'il est crevé et malheureux, qu'il fait sans cesse une erreur. Mais ce "je n'ai jamais su t'aimer correctement, Petra" révèle le fond de son esprit. Il sait que c'est toi. Et toi, dans un état de choc, tu balbuties sans réfléchir, les yeux baissés au sol :
"Arrête de m'appeler par mon vrai prénom, Morgan..."
S'il ne pige pas maintenant, il est vraiment abruti. Toi, tu l'es aussi. Totalement sonnée. Tu viens d'entendre toute sa version des faits, et tout se bouleverse dans ton esprit. Et les mots d'Emily te reviennent à l'esprit : tu l'as détruit, il est détruit. Il est une victime, lui aussi. Et quelque chose d'autre te frappe : il t'aimait, ce garçon. Vraiment. Et c'est probablement la seule personne a t'avoir réellement aimé dans ce pensionnat, et peut-être même dans ta vie en général. Parti comme c'est, c'est la seule personne qui t'aimera d'une façon aussi intense, aussi possessive, de toute ta vie. Et là, tu te dis que c'est con, parce que même si vous étiez super différents, si jamais tu avais su tout ça à temps, avant que tu ne sombres trop dans la déchéance, peut-être que ça aurait pu marcher. Maintenant, plus personne ne t'aime. Et tu réalises ce que tu viens de dire. Tu ne sais pas ce que tu dois faire, ce que tu viens de faire. Tu t'es trahie de façon irrattrapable. Tu lâches brusquement le paquet de cigarettes que t'as passé Morgan, tu relèves la tête. Tu vois cet œil vert que tu n'avais pas vu depuis un bail. Il y a moyen qu'il te bute dans les minutes qui viennent. Et toi, tu es pétrifiée. Tu ne sais pas s'il faut attraper la scie à pain qui a servi à couper la brioche, si tu dois partir en courant, rester là et attendre sa réaction ou l'embrasser. Ton cœur fond mais ta tête explose. C'est un monstre, mais un monstre qui t'a aimé. Conneries. Il aimait la fille aux cheveux roses, pleine de vie, la Petra pleine de vie qui dansait, ivre, dans les couloirs. Qu'es-tu maintenant ? Une créature à l'allure affreusement banale, aux cheveux blonds fadasses, aux pensées fadasses, qui rumine perpétuellement les mêmes réflexions atroces sur ce monde qui l'a toujours détesté. Tu t'es un peu transformée en Morgan, avouons-le. Sauf que lui n'a jamais eu à craindre pour sa vie. Et qu'il a toujours eu le dessus, il l'avait dans la Salle des Miroirs, il l'a eu inconsciemment durant un an et demi, il l'a surtout maintenant ; tout le monde a toujours eu le dessus sur Petra. Elle avale sa salive, de longues secondes passent encore. Elle regarde au sol, devant elle, Morgan, au sol, Morgan, devant elle, au sol, rien, au sol... Enfin, elle se décide en repensant à ses dernières paroles.
"Alors on a la brioche. Et tu sais bien que je préfère le thé au café, mais je suis prête à en prendre pour qu'on puisse... discuter calmement."
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| Sujet: Re: Un saladier pour pierre tombale [Petra] Jeu 1 Sep 2011 - 21:18 | |
| L'étincelle dans ces yeux bleus, cillant sous l'effet de la surprise, ne trompait pas, pas plus que sa tignasse blonde ne dissimulait les traits qu'il s'était figuré pouvoir effleurer tendrement, un jour, et qu'il n'avait fait qu'absurdement agresser, autrefois. Et tout comme l'identité de Tatiana/Petra ne faisait plus aucun doute, quiconque pouvait voir gravé sur son propre visage les sentiments contradictoires qu'il avait ressenti pour elle. Une ride de souvenirs douloureux s'inscrivait au creux de ses sourcils, une angoisse arquait ses lèvres en un sourire poli et un regard qui signifiait tout ce qu'il aurait aimé faire pour se faire pardonner se devinait au fond de son unique pupille, braquée sur l'existence de la seule fille qu'il aie jamais aimée au point de...
« Tu préfères Tatiana, tout compte fait ? »
Pas d'insulte, ou de provocation inutile dans la voix. Une simple constatation sur le ton de l'anodin. Et un sourire qui s'élargit malgré lui, car même face à celui qu'elle avait toutes les raisons de haïr du plus profond de son être, elle gardait la flamme qu'il avait jadis aimée, et qu'elle n'avait fait qu'étouffer brièvement sous un voile, incapable de l'éteindre, et lui alors incapable de l'apercevoir. Et alors qu'il perdait son temps à se perdre dans sa lente contemplation, l'esprit encore vide de ce qu'il avait étalé sur la table, exposé à la jeune fille, celle-ci fit une concession qui l'étonna, étant donné les circonstances, et il laissa échapper un début de rire, vite rattrapé par la façade sérieuse qu'exigeait la situation, incapable néanmoins de museler son allégresse nerveuse. Il se leva placidement, versant doucement le liquide qui restiat dans la cafetière dans une deuxième tasse, et armant de nouveau la sienne..
« Je me suis fait au goût du café. Et ça te ferait certainement du bien. »
Morgan profita de son mouvement pour fermer nonchalamment la porte qui donnait sur le couloir, lançant auparavant un petit regard à Petra en l'appuyant d'un geste, signifiant qu'elle n'aurait pas à s'en faire. Il n'allait pas l'enfermer, couper sa retraite si elle souhaitait partir, étant donné que de toutes manières, il n'avait aucunement l'envie de lui faire du mal. Il souhaitait simplement que les affaires privées le restent un minimum, bien que cela n'empêche en rien les intrusions malencontreuses d'un autre pensionnaire, malheureusement...
Il se rassit alors, deux tasses en main, qu'il distribua galamment. Il but en premier : non, la boisson n'était pas empoisonnée... En tous cas, une chose était sûre : il préférait toujours le thé. Néanmoins, la boisson amère l'avait bien aidé, pendant cette dernière année... Ne serait-ce que pour réguler un peu sa consommation des petits bâtonnets de mort qu'il avait passés à Petra. Mais maintenant, que dire ? Que lui dire, ou que lui demander ? Trop de choses se bousculaient, et cela débouchait sur un vide intersidéral. Mais c'est sans doute Petra qui aurait le plus de questions à lui poser... aussi lui laissa-t-il la parole, la brioche au milieu, le café en main, tel qu'il l'avait alors souhaité... |
| | | Sectaire iguano-stellairienne Petra Traümer
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| Sujet: Re: Un saladier pour pierre tombale [Petra] Jeu 1 Sep 2011 - 22:42 | |
| "Non, je déteste ce prénom, mais je me fais appeler comme ça depuis un bail, maintenant. Une question d'habitude. Et puis Petra est morte. Mais tu peux me nommer comme ça, si tu veux."
La situation est vraiment bizarre. Elle est en train de discuter calmement avec Morgan, autour d'une tranche de brioche et d'un café, comme si de rien n'était. La révélation de son identité s'est faite de façon trop naturelle, son ami n'a montré pratiquement aucun signe de surprise ou d'excitation. A croire qu'il était au courant de tout depuis le début. Ou alors qu'il n'avait rien comprit à ce qu'il se passait. C'est ce qui se passe en tout cas dans l'esprit de Petra. Oui, Morgan sait qu'elle est vivante. Oui, il est dans la même pièce qu'elle. Pourtant, elle ne bouge pas, toujours assise sur le plan de travail, une tranche de brioche à la main Elle en avale un morceau en regardant le jeune homme se mouvoir vers la porte de la cuisine, qu'il referme soigneusement. Peut-être va-t-il tenter de l'agresser. Ou pas : son visage semble bienveillant. Est-ce lui, ce borgne si doux, poli, qui a voulu l'assassiner dans la salle des miroirs ? Celui qu'elle a tant craint durant des mois ? Morgan, le monstre qu'elle avait rencontré, l'homme réduit en miettes que lui a décrit Emily. Un agneau. Les yeux écarquillés, totalement immobilisée par ce qui se passe, elle scrute son ennemi juré en quête de la moindre trace d'animosité, du moindre comportement menaçant. Mais rien : il lui sert une tasse de café et la lui donne.
"Merci."
C'est tout ce qu'elle arrive à murmurer. Puis le silence s'installe. Il ne semble pas vouloir commencer, briser la glace. Mais Petra encore moins. Que se dire ? Elle a tant de choses à lui dire, à lui demander, mais tant de raisons de se taire, et une sorte de mur de béton, dans son esprit, l'empêche de parler. La dernière fois qu'elle a discuté avec Morgan fut un moment atroce où ils s'étaient traités de tous les noms et il avaient prit un malin plaisir à appuyer là où ça fait mal. On voit où ça les a mené. Pire qu'une brouille entre amis. Alors que dire ? Par quoi commencer ? Petra boit une gorgée de café pour se donner du courage, le goût amer lui tire une légère grimace.
"Quoi de neuf, Morgan ?"
C'est d'une connerie. Petra ne peut pas s'empêcher de pouffer de rire. Quelle amorce de discussion ridicule. "Quoi de neuf", c'est pitoyable. C'est surtout un rire nerveux, en fait. La situation est trop étrange : à la fois terriblement intense et molle, dramatique et commune, stressante essentiellement, mais pourtant si calme. La jeune fille s'arrête rapidement, mordille sa lèvre inférieure en regardant le contenu chaud de la tasse qu'elle tient entre ses mains. En voyant Morgan, elle s'attendait à tout, sauf à cette situation. Jamais elle ne pensait à ce dénouement pour la tragédie qui s'était nouée il y a plusieurs années maintenant.
"Je pensais que ce moment aurait plus de... classe. Je pensais aller te tuer, en fait, Morgan. J'avais préparé des milliers de plans pour ça, mais je n'ai jamais eu les tripes de les mettre à exécution."
C'est irréel. Un café avec Morgan. Le scénario auquel elle s'attendait le moins. Son esprit torturé avait toujours imaginé des scènes dramatiques où elle allait le tuer en pleine nuit, après l'avoir ligoté et expliqué tout ce qui s'est passé, où elle révélait à tous les pensionnaires dans un discours enflammé l'horreur des actes du misanthrope, où même ils se battaient en duel et elle mourait dans la vérité et la dignité. Mais jamais elle n'avait pensé à le recroiser autour d'un verre et de lui avouer son identité aussi facilement. Du délire.
"Je n'ai jamais eu les tripes de faire quoi que ce soit. J'ai rien fait de constructif de ma vie."
Pause, puis elle continue, d'une voix très neutre.
"J'ai pas bu d'alcool depuis notre... altercation, ça m'a remis les idées en place."
Et là voilà qui, comme à l'époque où elle était amie avec Morgan, commence à faire des confidences spontanément. Auprès de lui, quoi qu'il ce soit passé entre eux, elle ressent toujours ce bien-être qui l'aide à se détendre. Il faut l'avouer : il lui a manqué. |
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| Sujet: Re: Un saladier pour pierre tombale [Petra] Lun 5 Sep 2011 - 23:50 | |
| Cette situation avait certes quelque chose d'irréaliste, il n'en restait pas moins acteur. Petra lui demanda d'abord s'il avait quelque chose à raconter, mais il ne trouva pas d'anecdotes stupides à raconter dans l'immédiat. Mince. Quelque chose de terriblement quelconque aurait été bienvenu à ce moment, mais il se contenta d'accompagner le gloussement de Petra par un rire aux airs de toux. Sa voix ne devait pas encore être habituée aux vrais rires. Déjà que ses lèvres s'habituaient aux sourires, il ne fallait pas en demander trop à la fois. Encore un silence, un aveu. Il hocha gravement la tête, une sueur froide le raidissant un peu sur le dossier de sa chaise. Se savoir l'objet d'envie d'assassinats était légèrement déstabilisant, bien qu'il ne doute pas qu'elle n'aurait en effet jamais eu le courage de mettre ses plans en œuvre. Comme lui n'aurait jamais osé s'approcher de son agresseur s'il avait été dans sa situation.
Et une petite confession, enfin. Timide, mais déjà esquissée. Les vieux réflexes revenaient. Elle lui parlait, et il lui répondrait, la rassurerait. Car là avait toujours été son rôle, lorsqu'ils se côtoyaient encore... Il se rappelait les hallebardes, les coussins... Ou même le bal... Et encore d'autres moments découpés dans la toile des souvenirs, qui s'obscurcissait au dur et à mesures qu'ils avaient descendu tous deux dans leurs enfers personnels.
« Je suis content qu'on puisse se parler dans nos états respectifs. Lucides, tous les deux, enfin. »
Le borgne regarda son paquet de cigarettes, et admit :
« Je n'ai pas vraiment fait de progrès au sujet de mes addictions. Mais... Je pense être un peu plus apte au dialogue que... qu'avant cette... altercation. »
Si ce n'était pas une invitation, il ne savait pas ce que c'était. Morgan n'ayant jamais été très doué pour parler clairement. Il prit sa tasse entre ses mains, et la tourna un peu, regardant le liquide sombre. L'odeur du café lui plaisait plus que le goût, se dit-il, en portant la boisson à ses lèvres. Une gorgée, une autre.
« Ne crois pas que tu n'aies rien fait de.. de constructif de ta vie. Tu as été une jeune fille merveilleuse, il y a juste eu quelques mauvais choix, et quelques... mauvaises rencontres », termina-t-il en reposant sa tasse de café en évitant le regard de la jeune fille. |
| | | Sectaire iguano-stellairienne Petra Traümer
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| Sujet: Re: Un saladier pour pierre tombale [Petra] Sam 10 Sep 2011 - 19:04 | |
| Petra ne peut s'empêcher de sourire légèrement en entendant les mots de réconfort de Morgan. Il a toujours su trouver les mots, même les plus faux, pour lui remonter le moral. "Une jeune fille merveilleuse". C'est juste un minuscule sourire qu'elle essaie de dissimuler, mais un sourire quand même. Elle ne veut pas trop lui montrer ce tout petit bonheur de le revoir parce qu'elle ne peut pas oublier que parmi ses fameuses "mauvaises rencontres", Morgan est au sommet du classement. Elle a tout de même du mal à croire qu'elle puisse avoir bâti quelque chose d'utile dans sa vie. Avant son emprisonnement, c'était le néant complet de sa jeunesse, ces décennies où elle a plus profité qu'offert. Et dans le pensionnat, qu'a-t-elle fait ? Surtout de la merde. Alors oui, elle a agi de façon constructive : elle a fait découvrir à Sindy que lorsqu'on brûle une porte dans la cave, après elle est définitivement brûlée ; elle a changé un garçon en homme, et ce à plusieurs reprises ; elle a empêché la plupart de ses congénères de boire de la nocive palinka aux abricots... Mais quoi d'autre ? C'est bien tout. Pratiquement trois ans dans le pensionnat, trois ans où elle a été inutile au monde. Mais si lui le dit...
"Je t'ai amené des trucs positifs, par exemple ?"
Elle failli lui parler de la description de lui faite par Emily. Un homme détruit, presque suicidaire, une chose amorphe, sans énergie et sans volonté. Par sa faute. La rouquine n'a pas mâché ses mots et a osé mettre tous les problèmes du borgne sur le dos de Petra. Mais il n'apprécierait sans doute pas trop se savoir que sa meilleure amie était dans la confidence depuis plusieurs mois. A peu près six mois non ? Soit un tiers de l'existence de Tatiana qui vient de s'arrêter. Elle n'a pas beaucoup vécu, cette petite blondinette. Née au mois de novembre, elle n'a pas eu une vie sociale très développée : elle a uniquement rencontré une fille sympathique, Nino, un garçon fort doux, Faust. Voilà les deux seules personnes avec qui elle a réellement noué des liens. Sinon, le néant pour cette pauvre créature qui doit maintenant retourner dans l'ombre. Morgan au courant, le masque Tatiana est condamné à disparaître. Cette parenthèse de sa vie devra se terminer, Petra donnera son vrai nom aux gens ; pourquoi se cacher. Et il faudra reprendre une existence à peu près normale. Pas celle de l'ancienne Petra... Pas celle là, c'est dégueulasse. Mais peut-être une vie où elle aidera les autres, non ? Elle pourrait essayer de faire quelque chose de mieux que ces dernières longues semaines.
"Et toi, tu es devenu quoi en dix-huit mois ?
Ou l'art de savoir ce qui s'est passé. Est-ce qu'il a voulu se suicider ? Est-ce qu'il a voulu devenir meilleur ? Est-ce qu'il a raconté à beaucoup ce qui s'est déroulé dans la Salle des Miroirs ? |
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| Sujet: Re: Un saladier pour pierre tombale [Petra] Lun 19 Déc 2011 - 11:22 | |
| Morgan dut réfléchir quelques secondes pour répondre aux questions de Petra. Ce qu'elle lui avait apporté ? Il ne s'était jamais vraiment posé la question, pour lui son amour ne se résumait pas à de simples mots, et sa haine s'en était passée. Mais avec la douce passivité de cette matinée, il pouvait ramasser les papiers déchirés qu'avaient été ses pensées, éparpillées dans la grisaille claire et vide de son passée. Il s'humecta les lèvres, posant ses mains sur le rebord de la table.
« Ce que je suis devenu... »
Il avait fallu le dire pour qu'il puisse revoir le film qu'elle tentait de faire revenir à la surface, masqué douloureusement sous une capeline d'aveuglement.
« Je suppose que... Enfin, je ne vais pas te mentir, c'était... assez... difficile. »
Et un peu pathétique, se retint-il d'ajouter, pour préférer traduire par :
« L'acte que j'avais pensé commettre.... C'était bien pire que ce que j'aurais pensé, pendant toutes ces années, quand je haïssais le monde au point de vouloir vivre dans un endroit où toute trace d'humanité aurait été annihilée, et où voir un être humain se débattre avec sa vie me dégoutait le plus au monde. Je pensais que l'acte de tuer était déplorable, mais je n'imaginais pas le quart de l'anéantissement moral qui en résulte. »
Et voilà, il intellectualisait encore un peu trop... Il avait toujours eu tendance à jouer au psychologue du pauvre avec les autres. Avec lui-même, c'était plus rare. Il sourit maladroitement à la jeune fille qui lui faisait face.
« Du moins, c'est grâce à toi que j'ai été anéanti. »
L'absurdité de la phrase le fit rire.
« Je veux dire... Avant, aurais-je prêté autant attention à la vie, à ce qui se passait autour de moi, aurais-je donné une quelconque importance à ce qui se déroulait sous mes yeux ? Emily m'a déjà ouvert les yeux, et c'est toi qui m'a pris la main pour... disons, me guider sur ce chemin. »
Que ce soit volontaire ou non, la jeune fille aux cheveux roses, vivante ou morte, c'était toujours elle qui avait été la clef de voûte de tous ses agissements récents. C'était elle qui lui avait fait faire des bêtises, apprendre de ses bêtises, se relever, marcher, regarder devant, et non plus ses pieds, au risque de se prendre les branches de la raison en pleine poire. Même maintenant, quand il la regardait, il... Mais ne nous étendons pas sur cet unique oeil, dont l'expression voulait tout dire.
« Mh. J'ai fait des efforts... enfin, j'ai essayé de te rendre.. hommage.. Ou, je ne sais trop quoi. Je voulais juste que ça ne se reproduise plus. Que personne n'aie plus à avoir ce genre de comportement. J'essaie de sourire, de parler aux gens, de m'intéresser à eux. Ça.. J'ai l'impression que ça commence à marcher. Je ne peux pas m'empêcher d'être ronchon de temps en temps, c'est tout de même pas en un jour qu'on me verra devenir Keiko. »
Il s'interrompit, contemplant de nouveau Petra. Blonde, sa véritable couleur... Les yeux bleus, le teint un peu blafard. Elle avait changé d'attitude, d'apparence. Il la reconnaissait malgré tout, comme il l'avait toujours reconnue, ivre, débauchée ou généreuse.
« Et toi ? Comment... »
Il ne sut que préciser dans sa question, tant il voulait en poser. Comment ça s'est passé ? Comment ça va maintenant ? Comment es-tu restée invisible à mes yeux dans ce bâtiment fermé ? Comment... |
| | | Sectaire iguano-stellairienne Petra Traümer
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| Sujet: Re: Un saladier pour pierre tombale [Petra] Lun 26 Déc 2011 - 21:52 | |
| Petra écoute, passive. Elle aimerait des regrets, des excuses, des paroles qui expliquent qu'il était con. Mais rien de ce genre. Morgan n'évoque jamais de tels sentiments, il ne fait que raconter à son interlocutrice qu'il a essayé de changer, que ces changements ont été possibles grâce à elle, grâce à sa mort. Oui, c'est le sacrifice de l'agneau aux cheveux roses qui a permis l'élévation du héros borgne : telle est la vision des choses que semble rapporter le garçon. Nulle évocation de sa faute. Le meurtre est mal car il anéantit celui qui le commet, mais pas celui qui en est victime, pourrait-on croire en écoutant ce garçon. Mais c'est faux. C'est faux ! Petra a été écrasée, réduite en miettes et chaque jour un peu plus tuée ! Elle a eu le malheur de survivre à sa mort, et que constate-t-elle ? Que l'on se fout de la victime, on sauve la peau du criminel renard dont les ruses se sont usées et qui se réfugie sous un ultime masque. Regardez-moi, je suis Morgan Poulenc et je suis un héros qui lutte contre le crime dans le pensionnat, parce que ça fait trop mal d'être criminel. Connard. Petra, sans rien dire, serre les poings, serre les dents. Monte la tension, monte la rage et baisse la passivité. Elle est las de lutter contre cet ennemi, contre lequel elle s'est secrètement battue durant trop de temps ; et depuis qu'ils ont commencé à se reparler, elle n'a plus eu envie de le tuer. Mais là, là... ce type est un abruti, un monstre, égoïste et imbu de lui-même. La jeune fille s'apprête à exploser. Elle aimerait lui arracher les yeux, lui lacérer la peau, le castrer à la hache, le découper membre par membre, rondelle par rondelle, lui déchiqueter les organes et ébouillanter son cerveau. Plus que jamais. Elle écoute Morgan terminer son discours plein de bons sentiments et d'amour-propre. Il lui pose une question qu'il n'est pas foutu de terminé. Parce que ce crétin réalise peut-être que le criminel n'est pas la seule victime dans un crime.
"Comment j'ai continué à vivre ?"
Elle lui décoche un regard noir et, à son tour, parle. Emily et Morgan ont eu leur raison des faits, mais Petra aussi a sa vision de la réalité. Et on a beau lui expliquer qu'elle a détruit le garçon, elle peine à croire en sa culpabilité.
"J'avais peur que tu me retrouves. Alors j'ai coupé tous les ponts, j'ai changé de vie. Ce n'est pas facile ici. Si j'avais été dehors, j'aurais changé de pays, je pense, mais ici, tu n'as pas le choix. Les seuls endroits où j'ai pu fuir étaient le grenier, la cave, les placards, les passages secrets, les cagibis, les gardes-mangers, les recoins les plus isolés des couloirs qui mènent à rien, où personne ne va. En presque deux ans, j'ai dû me lier d'amitié qu'avec deux personnes. M'enfin, si on peut appeler ça de l'amitié."
D'ailleurs, il faudra leur expliquer un peu la situation, à ces gens-là. "En fait, je ne me cache plus, et appelez-moi Petra, je préfère." Ça va être cool...
"Et comme je n'avais rien à faire, j'ai passé beaucoup de temps à penser, à lire. J'ai réfléchi à des milliers de façons de te tuer, j'ai même pensé à la sorcellerie. J'ignore ce qui m'a retenu de le faire jusqu'à maintenant, et ce qui m'empêche d'ailleurs de le faire maintenant. Tu ne t'imagines pas comme j'en ai l'envie. Peut-être est-ce parce que moi, je sais ce que c'est d'être butée, Morgan. Tu ne peux pas te figurer à quel point c'est horrible."
Et le torrent va se répandre. Bonjour colère.
"Parce que tu es bien mignon en disant que tu as souffert, que tu as été anéanti. Et elle a été bien gentille ta poufiasse rousse qui m'a pratiquement fusillé en m'expliquant que je t'avais pratiquement tué. Mais toi, qu'as-tu fait ! Qu'as-tu fait, Morgan Poulenc !"
Son visage devenait rouge, elle hurlait presque.
"Tu es un monstre égoïste, Morgan Poulenc ! Je ne suis plus rien, je ne peux plus rien faire. Et là, je ne sais pas ce que je vais devenir. Tu es pire que les fondateurs, connard égoïste ! Tu as tué, et tu n'as aucun remord. La seule chose que tu trouves à reprocher à ce que tu as fait, c'est les conséquences que ça a eu sur ton putain d'état mental déjà bien bas, connard !"
Toujours assise sur un meuble de cuisine, elle manque de s'effondrer. Et si, finalement, elle tombe au sol, à genoux, le visage entre ces mains, trempées de larmes. La voix de colère devient lents sanglots.
"Et toi, tu as toujours le dessus. Je sais pas comment tu fais pour ne pas avoir de remords comme ça, tu m'as fait tellement mal. J'aimerais tellement pouvoir te buter, Morgan. Tu ne t'imagines pas. Te buter, une bonne fois pour toute, puis boire un verre de vodka et coucher avec le premier venu. Mais je ne peux pas... Je ne peux plus rien faire... J'aimerais ne jamais t'avoir rencontré."
Morgan ne lui a rien apporté de bon, elle en est persuadée. |
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