La liberté retrouvée...[PV Allen]

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Lerena n'aurait su dire pourquoi elle avait absolument tenu à se rendre dans cette étrange bâtisse, qui, au premier coup d'oeil, lui faisait songer à l'un de ces pensionnats pour jeunes filles dans lesquels nombre de camarades qu'elle avait connu avaient passé leur scolarité, là où elle-même avait suivi un enseignement à domicile, auprès d'un précepteur très compétent, ses parents estimant que, de cette manière, leur fragile enfant n'aurait pas à souffrir de l'inévitable esprit de compétition qui régnait en ces lieux plus agités qu'ils ne le laissaient paraître.
Malgré elle, ses pas la conduisaient jusqu'à cette propriété, ses pas lents et gracieux, dignes d'une fille de bonne famille. Elle traînait derrière elle deux malles, l'une contenant ses vêtements préférés et quelques vivres, la seconde abritant toutes ses peluches adorées. Toutes, à l'exception de sa peluche favorite, Krusty, son chien bleu, qui trônait fièrement sur l'une des valises, tenant à l'aide de petites sangles qui l'empêchaient de tomber. Lerena n'aurait jamais supporté d'enfermer Krusty. C'était un reste de sa tendre enfance, qui l'avait persuadé que son chien bleu était vivant et qu'il préférait demeurer en liberté, plutôt que de se retrouver enfermé avec toutes ses autres peluches.
Lerena arriva finalement à la porte de cette bâtisse. Elle lâcha une de ses malles, celle qui contenait ses vêtements, et poussa ladite porte, avant de reprendre sa valise et de rentrer. Ses yeux s'écarquillèrent devant la beauté de l'endroit. C'était vraiment très joli, presque semblable aux manoirs dans lesquelles la jeune demoiselle avait eu l'occasion de se rendre, lors de dîners où sa famille avait été conviée. Alors qu'elle s'émerveillait devant la vue qui s'offrait à elle, la porte se referma brusquement, lui tirant un petit cri surpris. Un peu effrayée, elle détacha sa peluche de sa malle et serra le chien bleu dans ses bras, tremblant quelque peu. Puis, d'une voix frêle, elle souffla, ne parvenant pas à crier de son timbre pour le moins fluet :

"Veuillez m'excuser, y aurait-il quelqu'un ? Je...Je m'excuse de mon impolitesse pour être entrée sans votre permission, mais..."

Elle s'interrompit, un peu mal à l'aise, ne sachant trop comment continuer sa phrase. Puis elle prit une profonde inspiration, étira un grand sourire sur ses lèvres avant de poursuivre :

"Je serais enchantée de rencontrer le Maître de ces lieux, cette demeure me semble tout simplement magnifique. Me feriez-vous l'honneur de profiter de votre présence ?"

Lerena rajusta sa tenue, une robe faite de dentelles, où se mêlaient un beige doux, un jaune semblable à celui des tournesols et un blanc pur, puis elle attendit une éventuelle réponse.

« Nanana with you and nanana with you … Harmony, harmony, oh love ! »

Allen avait laissé les meuporgs et autres serveurs saturés pour des activités plus solitaires. Vous avez peut-être reconnu l'air du jeu de plate-forme Robot Unicorn Attack ? Le thème était tellement débile. Tellement débile que ça en devenait addictif. C'était fou ! Simplement, étant le seul mec populaire (hum ...) à posséder un ordinateur et donc à avoir accès à ce jeu, cela attisa les convoitises ! Ah ça non, il n'aimait vraiment pas quand les gens touchaient à son bébé ... Déjà qu'il tolérait quelques potes ... Déjà qu'il se retenait de ne pas couper les mains grasses de Stucru qui se permettait de se faufiler tel un rat dans sa chambre et ... Brr. Rien que d'y penser, des frissons parcoururent l'échine du garçon. Bref, ayant eu marre de l'attroupement de groupies autour de lui dans le lieu où il se trouvait précédemment, il se mit en quête de calme. Calme qui fut cependant dérangé par une voix lointaine ... qu'il ne comprit pas d'ailleurs. La voix était tellement basse mais ... était-ce au moins humain ? Encore une fois, Allen se fit une petite frayeur qui ne dura pas cependant. Avoir peur d'un chuchotement ? Tssk. Ses pas se transformèrent en enjambées et il se retrouva en face d'une porte fermée qui mènerait, s'il l'ouvrait, vers le hall d'entrée. Ce qu'il avait entendu venait sans doute d'une nouvelle recrue du pensionnat ?

À nouveau, un son se fit entendre de l'autre côté … Pourquoi Allen ne comprenait-il pas ? Était-ce à force d'écouter de la musique à fond avec ses écouteurs ? Non, quand même pas ! Bon, soudainement et pour pimenter un peu sa journée, le geek décida de faire quelque chose de super malin … Déjà, il déposa son petit bijou technologique non loin de là afin d'éviter tout risque de casse. Ensuite, de ses petits bras il frappa aussi fort qu'il le pouvait sur la porte à plusieurs reprises et de façon saccadées. Tel un esprit frappeur.

« QUI. OOOOOSE. »

Ah. Que c'était mature, n'est-ce pas ? Il continua son petit tour et arrêtant ses bruits et chercha du regard ... ah ! Un rideau ! Sans ménagement, il l'arracha de sa tringle et l'enfila autour de lui, ne pouvant s'empêcher de glousser. C'est alors que la porte s'ouvrit avec fracas et une inquiétante silhouette fantomatique (ou en tout cas, qui se voulait fantomatique) la franchit :

« QUI. OOO...HA ! Haaa ! »

C'est ce qu'on appelle dans son jargon : un fail. Tout excité par son coup magistral, en essayant de s'avancer vers la nouvelle venue, Allen s'était maladroitement empêtré les jambes dans le tissu et retrouva de tout son long au sol. Quel fantôme effrayant, n'est-ce pas ? Pendant un instant, il tenta de se débattre ... mais abandonna vite, ne bougeant plus, mort de honte.

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Lerena sursauta lorsque des coups furent brusquement frappés à une porte avoisinante puis elle laissa échapper un autre petit cri, très fluet, effrayée par ce son terriblement bruyant et surtout inattendu. Elle serra sa peluche Krusty contre sa fine poitrine, son corps secouée de petits tremblements. Qu'est-ce que cela pouvait donc bien être ? Et cette voix qui résonnait, cette voix affreuse et emplie de violence, à qui appartenait-elle ? Peut-être n'aurait-elle pas dû rentrer ici...Peut-être aurait-il mieux valu qu'elle trouve refuge ailleurs ou continue sa route, cette route à laquelle elle n'était pas parvenue à attribuer un horizon...du moins jusqu'à ce que cette demeure occupe sa vision et ne l'envoûte quelque peu, la poussant à s'y rendre et à entrer. Mais maintenant, il était trop tard, elle était bel et bien rentrée dans cette demeure et ses jambes étaient trop tremblantes pour la soutenir et lui permettre de s'enfuir dans une course gracile, digne de son rang. Toutefois, son corps retrouva une certaine mobilité lorsque, subitement, la porte, d'où provenaient ces bruits de coups désagréables et cette voix effrayante, s'ouvrit, dévoilant un...un...
Lerena déglutit avant de réussir à articuler, plaquant lentement sa main, qui ne tenait pas sa peluche, devant sa bouche, ses réflexes de fille de bonne famille ne la quittant visiblement pas, même en pleine panique :

"J-Juste c-ciel ! Un f-fantôme !"

Lerena commençait à s'enfuir, se dirigeant donc de son pas gracile vers la sortie et atteignant la porte, lorsqu'elle entendit la voix du fantôme se déformer d'une bien étrange façon, ce son suivi d'un bruit sourd. Elle s'arrêta et, sa curiosité reprenant le dessus sur sa frayeur, elle se retourna, observant un spectacle pour le moins...spécial. Visiblement, le fantôme qui avait fait naître chez elle pareille peur n'était nul autre qu'un jeune homme, qui semblait avoir à peu près son âge. Son accoutrement, au regard de la demoiselle, lui semblait assez étrange, ce qui la poussa à penser qu'il était probablement un serviteur des lieux, un prolétaire qui n'avait pas la chance d'avoir suffisamment de moyens pour s'acheter des tenues élégantes, ou tout du moins décentes.

"Monsieur ? Vous portez-vous bien ?"

Serrant sa peluche bleue contre elle, Lerena s'approcha de lui d'un pas lent avant de lui tendre la main pour l'aider à se relever :

"Je m'excuse de cette intrusion en-dehors de toutes convenances, Monsieur...Est-ce pour me sermonner quant à mon comportement incorrect que vous avez monté cette comédie ?"

Lerena étira sur ses lèvres un grand sourire aimable avant de reprendre, de sa voix douce et fluette :

"N'eût été votre malheureuse chute par la faute de ce tapis, que je vous assure de ne point trouver caustique, vous auriez réellement pu m'effrayer, Monsieur. Je me dois de vous féliciter pour votre performance."

Elle attendit qu'il veuille bien prendre sa main pour se relever, toujours ce même sourire aux lèvres.

Monsieur ? Vous portez-vous bien ?

Non. Pas du tout. Comment pouvait-il bien se porter alors qu'il venait d'avoir la honte de sa vie ? Heureusement qu'aucun de ses copains était présent et qu'il n'y avait que cette fille, là, la nouvelle pensionnaire. Il ne bougea pas d'un cheveu, face contre terre, se demandant toujours quoi faire. Se relever et courir ? Non, encore plus honteux et bizarre. Allen sentit alors l'inconnue approcher et faire un mouvement vers lui.

Je m'excuse de cette intrusion en-dehors de toutes convenances, Monsieur...Est-ce pour me sermonner quant à mon comportement incorrect que vous avez monté cette comédie ?

Ah, il comprenait un peu mieux pourquoi il n'arrivait pas à entendre la jeune fille ! Sa voix était si douce et semblait si fragile ... pas comme quelques filles qu'il connaissait qui parlaient fort et criaient volontiers ou gloussaient comme des petites poules. Parmi elles, si ça avait été une victime de sa petite mascarade, elle n'aurait sans doute pas hésité à le frapper pour se venger de la frayeur occasionnée. Le geek remarqua aussi que la manière de parler de l'inconnue faisait vraiment vieux jeu ! Elle venait d'où celle-là, du Moyen-Age ? ... Hm, le truc c'est que c'était tout à fait possible.

N'eût été votre malheureuse chute par la faute de ce tapis, que je vous assure de ne point trouver caustique, vous auriez réellement pu m'effrayer, Monsieur. Je me dois de vous féliciter pour votre performance.

Allen n'était pas vraiment sûr d'avoir compris la suite de mot, là. Hu. Elle se moquait de lui ou pas ? Bon, il décida de lever enfin les yeux et vit alors que le mouvement plus tôt avait été fait par une main tendue qui se voulait salvatrice pour lui. Cette main appartenait donc à une fille, portant à son autre extrémité une peluche de chien bleu. Il remarqua derrière elle, quelques valises ... Ouah, elle était équipée dites donc ! C'est la première fois que l'adolescent voyait quelqu'un arriveravec des bagages. Pendant un moment il se demanda où elle avait bien pu puiser la force nécessaire pour porter tout ça ...

Je serais enchantée de rencontrer le Maître de ces lieux, cette demeure me semble tout simplement magnifique. Me feriez-vous l'honneur de profiter de votre présence ?

Malgré toute la bonne volonté du monde, Allen était trop fier pour accepter la main tendue vers lui ! Il se releva donc par ses propres moyens, le rideau toujours enroulé autour de lui à la manière d'une toge. Dans un mouvement théâtral, il prit un pan de ce rideau et le remit en place sur son épaule tel un certain empereur romain. Il tenta de regarder de haut la jeune fille … ce qui n'était pas dur en fait, étant donné sa grandeur. Haha.

Hey, toi, comment tu me parles ? JE suis le maître du lieu. Et JE te tiens prisonnière à présent ! Hahahaha … Hu ? »

Cependant, voilà, le Destin a voulu qu'aujourd'hui ce ne soit pas le jour d'Allen ! Le rideau était vieux et pleins de poussières … un nid idéal pour les araignées. La petite bestiole, dont les plus savants vous traiteront d'inculte si vous utilisiez le mot " insecte " pour la désigner, sortit de nulle part et se faufila dans la chevelure du jeune homme avant de se retrouver sur son nez, interrompant le rire machiavélique. Proche de ses yeux, l'arachnoïde n'en semblait que grandie ! C'est pourquoi, sans vraiment réfléchir, Allen frappa la pauvre petite bête avec la paume de sa main … recouvrant son visage d'un liquide marron dégueulasse.

Yeeeerk, bordel pourquoiii …

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Lerena ne s'offusqua guère quand le jeune inconnu refusa sa main, préférant se relever seul. Elle était habituée à faire face à la fierté des hommes, une fierté qu'elle ne remettait pas en cause et qu'elle avait appris à respecter, une fierté dont elle-même ne disposait pas. Elle, elle aurait volontiers accepté cette main tendue, cette aide, pour se remettre sur ses jambes. Mais les hommes étaient les hommes et elle n'était pas bien placée pour critiquer leur positionnement. Son éducation lui avait appris à savoir rester en retrait lorsqu'il était nécessaire de le faire, en particulier pour éviter de froisser son interlocuteur, quoi qu'il ait pu faire, quand bien même elle trouverait ça légèrement stupide. Elle continua de sourire, un sourire qui s'élargit quand le jeune homme se drapa dans les rideaux à la manière d'une toge, sans doute une autre preuve de sa fierté masculine, avant de lui annoncer d'une voix autoritaire qu'il était le Maître des lieux et qu'elle serait sa prisonnière. Elle s'approcha encore un peu plus de lui, joignant ses mains dans un mouvement frénétique, et demanda d'une voix enthousiaste, quoique toujours frêle :

"Est-ce vrai, Monsieur ? Me voilà retenue ici ? Sans possibilité aucune de m'échapper, jusqu'à ma mort ?"

Elle ne put retenir une exclamation joyeuse. Si elle se trouvait détenue ici, elle n'aurait jamais à retourner chez elle, par la force, et à épouser cet homme qu'elle n'aimait pas. Ce destin qu'elle avait fui ne serait plus jamais le sien ! Elle ne savait pas trop ce que le Maître de cette demeure lui réservait, mais cela n'avait pour elle aucune importance. De toute manière, son esprit était trop pur, trop innocent, pour envisager quelque chose de mauvais. Peut-être cherchait-il simplement une amie pour s'amuser ? Lerena en serait si enchantée !
Subitement, le Maître des lieux se retrouva avec une araignée sur le visage et l'écrasa d'un geste pour le moins malheureux, tachant sa peau d'un liquide pour le moins répugnant. La jeune fille tira aussitôt un mouchoir en dentelle, où étaient tissé ses initiales, avant d'essuyer le visage du jeune homme en soufflant d'une petite voix :

"Veuillez m'excuser, vous vous êtes sans doute occupé de cette pauvre bête pour que je n'ai point peur, n'est-ce pas ?"

Une fois qu'elle eut terminé de le nettoyer, elle roula son mouchoir en boule et le rangea dans la valise à vêtements, dans le sac de toile prévu pour ses affaires sales. Ce faisant, elle lâcha sa peluche. Elle ne s'aperçut qu'au bout d'un petit moment qu'une copie exacte de son chien bleu adoré était apparue et s'adressait à elle de cette manière :

"Ca fait un bail, hein, Lerena ?"

Apercevant ce prodige, ne notant pas la présence de sa propre peluche là où elle l'avait posée, elle cria avant de se cacher derrière le Maître de maison, tremblante :

"Est-ce là sorcellerie ? Comment...?

-Arrête de t'effrayer comme ça, c'est moi, c'est Krusty ! Tu te rappelles de moi, hein ?"

Lerena resta cachée derrière le jeune homme, soufflant d'une voix apeurée :

"K-Krusty ? Mais comment diable cela est-il possible ? Monsieur, sauriez-vous...?"

Elle nota alors que sa peluche était toujours à l'endroit où elle l'avait laissée, inerte, et que, pourtant, son exacte copie, qui, en plus, parlait et bougeait, se trouvait devant elle. C'était véritablement incompréhensible...

Avant qu'il n'ait pu faire quoi que ce soit comme utiliser le rideau pour s'essuyer le visage, ce fut la nouvelle qui, avec son mouchoir, s'en occupa. Elle avait fait ça spontanément, sans qu'il n'ai eu à ouvrir la bouche. Mais ! Ce n'était plus un enfant ! Bon. Il n'allait pas se mettre en colère pour ça. Il murmura un faible remerciement et fit la moue, se disant qu'il devait vraiment avoir l'air stupide. Cependant il n'était pas certain que cette fille le pensait aussi ! Elle semblait si gentille … trop peut-être. Par des mouvements doux et gracieux, elle se dirigea vers ses valises et rangea le mouchoir. Elle disait être heureuse d'être enfermée, hein ? Elle était bizarre ! Pourquoi ne trouvait-elle pas ça étrange qu'un mec enroulé dans un rideau moisi débarque et dit être le maître des lieux et qu'elle serait enfermée à jamais à ses côtés ? Ça ressemblait à un synopsis de film porno tout ça … Non, elle elle était toute joyeuse, remerciant presque Allen. Les filles, alors !

Alors qu'elle était encore un peu occupée de son côté, Allen vit comme un éclair bleu vif du coin de l'œil et un chien, l'exacte copie de sa peluche d'ailleurs, apparu. Fronçant des sourcils devant l'étrange situation, il ne dit rien et ne pensa pas à interpeller la demoiselle et passa son regard de la peluche inerte à celle animée. Ce n'est seulement quand l'animal parla qu'elle le remarqua.

« Ça fait un bail, hein, Lerena ? »

La réaction fut quasiment immédiate ! L'inconnue (Lerena d'après la peluche) se cacha derrière Allen dans un petit cri aiguë … Habitué à cela et comprenant tout de suite la situation, le geek ne fit que lever un sourcil tout en fixant le chien bleu. Sa voix était masculine et donnait une drôle d'impression dans un corps aussi mignon. De plus, les deux personnes n'avaient pas du tout la même façon de parler, l'une étant plus polie et distinguée.

« K-Krusty ? Mais comment diable cela est-il possible ? Monsieur, sauriez-vous...? »

Les yeux du geek se posèrent à présent sur la jeune fille toute tremblante. C'est sûr que voir un chien qui parle revenir du monde des morts comme ça, ce n'était pas banal. Bon, il se devait de la rassurer un peu … De toute façon sa première tentative pour l'effrayer avait échoué minablement.

« Oh ! Ça va, t'inquiète. C'est que ton A. E. A. … Alter Ego Astral, quoi. Tu vois, c'est un truc que tu as dû imaginer quand tu étais petite puis qui POUF a disparu. Tout le monde qui vient ici en a un … des fois. »

Oui, Allen, malgré ses années enfermé ici ne connaissait ni son pouvoir, ni son AEA. Il essayait de montrer aux autres qu'il s'en fichait mais bon ! Il aimerait vraiment avoir un pouvoir super classe du genre faire tout péter, gérer l'orage ou pourquoi pas faire apparaître des chips même si le paquet est vide ! Bref, il se décala pour ne plus faire barrière entre les deux vieux " amis " et pointa du doigt un tableau près d'un des murs du Hall.

« Tu devrais peut-être lire ça, hein, ça t'aidera à ne plus poser de questions bêtes. »

Il s'arrêta un moment et se dit qu'il commençait à avoir chaud dans ce tissu moisi ... Allen décida alors de l'enlever, le laissant traîner par terre et s'épousseta, ses vêtements envahis par la poussière et les oeufs d'araignée. Erk. Ceux-ci étaient alors assez simples d'ailleurs : un t-shirt noir et un jean. Pourquoi se compliquer la vie, n'est-ce pas ?

« Ici, c'est un genre de manoir magique en fait … en gros … »

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Lerena écouta religieusement les propos de celui qu'elle pensait toujours être le Maître des lieux, hochant la tête quelques fois pour lui montrer qu'elle prêtait attention à ses paroles et qu'elle n'était certainement pas distraite, même si elle était quelque peu effrayée. Apparemment, son ami imaginaire que ses parents lui avaient convaincu de laisser de côté était de retour. Après quelques instants, la demoiselle s'en réjouit et, lentement, prit Krusty dans ses bras, le serrant contre elle. Elle était si contente de le retrouver, malgré la peur que cela avait causé. Il lui avait tellement manqué...Durant son enfance, il avait été son meilleur ami, son confident et, malgré ses manières rustres, il avait été un véritable grand frère pour la jeune fille, ses conseils l'aidant à avancer et à garder le sourire, peu importe la situation.
Krusty se pelotonna contre elle en gémissant d'une voix plaintive, son visage pelucheux se déformant dans une grimace déçue :

"Seize ans et toujours aucune poitrine...Quelle tristesse ! Contre quoi je vais pouvoir me blottir, moi ?"

Lerena rougit terriblement devant ses propos, cachant son visage derrière l'une de ses mains. Elle souffla le nom de son ami imaginaire d'une voix offusquée avant de se tourner vers le supposé Maître des lieux et de s'excuser de toutes les manières possibles, le teint grenat, restant toutefois d'une politesse remarquable. Ceci fait, elle demanda pardon une dernière fois avant de se tourner vers le panneau d'affichage qu'on lui avait conseillé de lire. Les messages ne la perturbèrent pas vraiment, en tout cas pas d'une mauvaise façon, à l'exception de celui qui faisait mention d'une forêt et d'animaux pouvant faire la chasse aux hommes. Elle fut très intriguée lorsqu'elle découvrit que, visiblement, elle disposait d'une sorte de pouvoir. Est-ce que cela faisait d'elle une sorcière, comme dans les histoires qu'elle lisait parfois ? Peut-être bien...Songeuse, elle relit les mots plusieurs fois avant d'avoir un petit sursaut. Elle avait complètement oublié de se présenter à son interlocuteur ! Quel manque de politesse de sa part !
Elle reposa Krusty au sol, qui protesta un peu, voulant rester dans les bras de son amie, avant de se tourner vers l'inconnu et de faire une révérence d'une grande élégance :

"Je manque à tous mes devoirs. Je me nomme Lerena Evergreen. Vous pouvez m'appeler par mon prénom ou, si vous préférez, Miss Evergreen. Je suis enchantée de faire votre connaissance."

Elle se releva, reprenant une posture droite et gracieuse, observant son interlocuteur. Il ne ressemblait vraiment pas à un Maître de maison...Mais Lerena n'aurait jamais osé remettre ses propos en question, certainement pas. Krusty, lui, ne s'en priva pas. Il s'avança vers le jeune homme, le scruta de la tête aux pieds avant de lancer :

"Ecoute, gamin, tu vas peut-être tromper une fille aussi naïve que Lerena, mais ce ne sera pas pareil avec moi ! Qui t'es, au juste ?"

Lerena reprit Krusty et le serra contre elle, avant de s'excuser une nouvelle fois :

"P-Pardonnez-lui, il...il n'a pas connaissance des convenances..."

Son interlocuteur non plus, apparemment, au vu des paroles qu'il lui avait lancé, mais la jeune fille n'en fit pas la remarque.

Un peu en retrait, Allen, croisant les bras et faisant pianoter ses doigts sur sa peau, observait ce couple improbable se réunir. Un chien et sa maîtresse. Un plombier et sa princesse. Cette réunion sentant fort l'amitié, l'amour, la tendresse et les câlins sucrés aurait pu être touchante … si l'animal n'avait pas été en fait qu'un gros pervers. Les paroles de Krusty firent virer les joues de Lerena à un rouge intense. Et c'était compréhensible ! Quant à Allen, en entendant ça, il s'était figé quelques instants dans une expression intense de wtf avant de plaquer sa main contre son visage alors que la jeune fille se répandait en excuses … Bon, ce n'était rien, ce n'est pas comme si, entres amis, ce n'était pas normal de se moquer de la poitrine des jeunes filles ! Le geek ne se privait surtout pas de son côté avec Kyoko par exemple. Mais bon, c'était sûrement le fait que ce soit une peluche qui le dise à une demoiselle semblant aussi fragile qui le fit réagir ainsi.

Un silence s'installa alors que Lerena lisait le tableau, parfois cassé par les bâillements de l'adolescent. Il se souvenait que le panneau d'affichage n'existait pas à son arrivée à lui, c'est sûr que là c'est bien plus pratique : pas besoin de réexpliquer à l'infini les bases même du pensionnat. Pouvoir, alter ego, maison de fou, trop de routine ! Seulement, heureusement que pas tous les secrets du manoir n'étaient révélés … sinon ça serait bien trop ennuyant pour les nouveaux ! Tiens, en parlant de s'ennuyer, Allen regarda la porte qu'il avait passé un peu plus tôt et où justement il s'était vautré magistralement. Non loin d'elle reposait encore sans doute son ordinateur chéri qui l'attendait impatiemment ! Il fallait qu'il aille le chercher. Ensuite, le garçon allait sûrement rajouter quelques petits détails à …

« Je manque à tous mes devoirs. Je me nomme Lerena Evergreen. Vous pouvez m'appeler par mon prénom ou, si vous préférez, Miss Evergreen. Je suis enchantée de faire votre connaissance. »

Bah tiens, quand on parle du loup. Le jeune homme sorti de ses pensées tourna son regard vers elle et se dit que, comme appellation, Lerena suffirait. Tiens, d'ailleurs c'est vrai qu'elle devait encore le prendre pour le dirigeant de l'établissement haha ! Le vouvoiement avait tellement de classe. Pour une fois que quelqu'un le respectait à sa juste valeur, hein ! ... (certes basée sur un mensonge mais chut.) Allen allait donc répondre mais ...

« Ecoute, gamin, tu vas peut-être tromper une fille aussi naïve que Lerena, mais ce ne sera pas pareil avec moi ! Qui t'es, au juste ?
- Ho, calmos Ero-peluche ! »

Cette douce appellation fut accompagnée d'un aimable geste d'affection à l'égard du chien. L'adolescent voulu lui tapoter la tête mais, craignant de se faire mordre, ne fit en fait que simuler l'action à une certaine distance de sécurité. Au cas où.

« C'est bon je me présente ! Winters. Allen Winters au rapport ! Mais vous pouvez m'appeler Grand Maître … Voir Seigneur Winters ! Ou pourquoi pas … »

Voyant bien que le chien allait sûrement encore réagir, Allen se reprit tout de suite en faisant la moue :

« Rooh, ça va ! Je plaisante. Ok, j'suis pas le Maître des lieux ! D'ailleurs je crois pas que tu les croiseras un jour … Ils sont du genre plutôt … mystérieux. Je suis qu'un pensionnaire, comme toi maintenant. Mais ça semble pas vraiment te déranger … »

Il laissa une pause puis plaça les mains dans ses poches, décidant à se montrer un peu curieux :

« Dis donc, tu viens d'où pour être aussi maniérée ? »

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Lerena eut un petit sourire intrigué face aux paroles de son interlocuteur, alors qu'il s'adressait à Krusty. Calmos ? Ero...peluche ? Quel était donc ce langage étrange auquel elle ne comprenait mot ? C'était tellement...curieux.
D'après ce que disait Krusty, il n'était visiblement pas le Maître des lieux, comme elle le pensait au départ. A moins que son ami ne se trompe, dans son habituelle inconvenance. Elle s'apprêtait à le réprimander, tandis que l'autre jeune homme esquissait un geste affectif vers lui, lorsque son interlocuteur reprit finalement la parole, se présentant comme étant Allen Winters et l'autorisant visiblement, dans sa grande bonté, à l'appeler Grand Maître ou Seigneur. Le sourire de Lerena se fit poli et respectueux. Apparemment, Krusty s'était trompé et il était véritablement le Maître de ce domaine. Alors qu'elle s'apprêtait à le nommer d'un des titres qu'il lui avait confié, Krusty montra les dents et l'autre s'empressa de rectifier en précisant qu'il n'était nullement le maître des lieux et qu'il y avait peu de chances que Lerena vienne à les rencontrer. La demoiselle ne se montra nullement déçue et continua à sourire doucement tandis que le jeune homme lui faisait conjointement remarquer que le fait de se retrouver pensionnaire ici n'avait pas l'air de la déranger et qu'elle se montrait quelque peu...maniérée. Tiens donc ? On ne lui avait jamais fait cette remarque...C'était bien la première fois qu'on lui disait une chose pareille. On la considérait comme distinguée, polie, aimable...mais jamais comme...maniérée ?
Lerena réfléchit un peu avant de fournir une réponse à Allen, tenant à ne pas ouvrir la bouche inutilement ni inconsidérément, une attitude qu'elle n'aurait jamais osé adopter, certainement pas :

"Eh bien, je viens de Londres...J'ai quitté mon manoir pour échapper à mes obligations et trouver un nouveau lieu à vivre. J'espérais trouver une place de domestique, cuisinière ou gouvernante quelque part, mais me retrouver ici est, je dois l'avouer, bien plus plaisant. De cette manière, je n'aurais jamais à devenir la grande personne que mes géniteurs souhaitaient que je fusse..."

Elle serra tendrement Krusty contre elle, un geste qui provoqua un sourire de contentement chez la peluche, avant qu'elle ne reprenne et ne déclare à Allen, provoquant chez son ami une réaction d'étonnement et un soupir agacé :

"Vous savez, si vous le désirez, je peux vous appeler comme vous souhaitiez que je le fasse avant que vous ne me révéliez la vérité. Ca ne me dérange pas du tout. C'est à vous de choisir vos préférences quant aux manières que je dois adopter envers votre personne...Seigneur Winters ou Grand maître, à votre convenance."

Lerena lui adressa une nouvelle fois un tendre sourire, attendant de sa part une quelconque réponse, tandis que Krusty quittait l'antre de ses bras et grimpait sur son épaule pour la sermonner et lui dire qu'elle n'avait pas à se montrer aussi courtoise envers lui.

"Tu as vu comment il se comporte avec toi ? A ta place, je lui en aurais déjà collé une !"

Après un "Voyons, Krusty !" un peu offusqué, Lerena eut un petit rire.

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