Elle est née. Chose, il faut l’avouer, pas très novateur. Elle naquit non désirée par ses parents. Chose qui sort déjà un peu plus de l’ordinaire mais reste dans le concevable. Un père alcoolique, une mère infidèle et elle. Une ‘famille’. Une soit disant famille qui se déchira en plusieurs endroits. Sa mère allait voir ailleurs et tout particulièrement sur le trottoir d’en face, son père qui, une fois rentré de son arrhassent travail de postier, s’enfonçait dans un fauteuil, plusieurs bouteilles de bière autour de lui et elle, simple spectatrice de cet enfer. Le jour où sa mère annonça à son géniteur qu’elle le quittait fût le début de la fin. Le soir même, sa mère avait disparu avec le voisin d’en face, laissant seule la petite fille qui ne comprenait pas grand-chose. Pleurer ne fit pas revenir sa mère pour autant. A partir de ce jour, se ne fût plus les bouteilles de bière qui jonchaient le sol mais des bouteilles d’alcool fort, rendant son père groggy quand il ne criait pas et énervé quand il ne sommeillait pas. La première fois qu’il la frappa, elle avait une dizaine d’année. Elle avait criée puis pleurée mais personne n’était venu. Son père avait fini par se calmer et était retourné devant la télévision alors qu’elle avait fui dans sa chambre. Cette situation se répétait souvent lui laissant diverses séquelles allant du simple bleu jusqu’à la lèvre fendu où la pommette ouverte. L’école de quartier dans laquelle elle allait avait d’ailleurs appelée son géniteur pour savoir la provenance de ses blessures et il avait simplement expliqué qu’elle était tombée dans les escaliers. L’école l’avait cru et elle n’avait pas osée dire la vérité.

Un jour, elle rentra une nouvelle fois dans l’appartement miteux qu’elle occupait avec son père. Une bouteille de bière vola en sa direction. Par réflexe, elle l’évita, laissant le projectile s’éclater contre la porte à peine fermée. Mais des éclats de verre rebondirent contre la paroi, la touchant à la joue, juste sous l’œil droit. Cette entaille, elle se disait souvent que c’était la faille qui avait fait voler sa vie de petite fille en éclats. Elle avait mûrit trop vite, son père l’ayant arraché de son enfance. Sa vie était le clichée même de la vie d’une fille malheureuse. Mais elle refusait de se laisser abattre. Oui, elle avait peur de son père. Oui, elle avait peur de cette atmosphère qui se créait dès qu’elle rentrait chez elle et oui elle était terroriser mais refusait de se l’avouer.

C’est vers cette période de sa vie qu’Hélia s’enferma doucement dans un mutisme. Elle quittait l’appartement à la nuit tombée et montait sur les toits de l’immeuble. Qu’importe les conditions météo, elle observait inlassablement le ciel. Et elle imaginait, laissant son esprit vagabonder librement. Elle imaginait une sorte de félin, ressemblant à un guépard mais aux dimensions plus petite, qui lui tenait chaud dans l’air glacial de la nuit. Cette petite boule de poil qui se blottissait contre elle, l’aimant alors que l’amour lui manquait.

Seize ans. Sa vie se poursuivait inlassablement, restant pratiquement la même mis à part que le petite félin avait disparu. Sa mère lui avait envoyée une lettre pour lui donner de très brèves nouvelles et lui annoncer en passant qu’elle aurait bientôt une petite demi-sœur. Ô grande joie… Comment sa mère pouvait avoir un autre enfant alors qu’elle n’avait même pas été capable de l’élever ? alors qu’elle n’avait pas su l’aimer ? Une question sans réponse. Hélia grandit, elle mûrit plus rapidement que les autres adolescents. Les coups portés par son géniteur ne l’atteignaient plus. Bien sûr elle avait mal, bien sûr le fait de rester de longues minutes sur le sol, crachotant par fois du sang, ne lui enlevait en rien sa douleur mais elle était comme habituée. S’habituer à la douleur physique… elle ne croyait pas cela possible…

Et puis un jour, elle partit. Fourrant des vêtements dans un sac et n’oubliant pas son casque audio ainsi que son mp3, elle quitta l’appartement sans un regard pour son père. Son père n’en avait de toute façon rien à faire, avachis comme il était sur le canapé, un verre de téquila à la main. De la tequila… cet homme la dégoutait.
Elle marchait dans la nuit, se laissant happer par l’obscurité. Devenant simplement une ombre parmi tant d’autres. Un sourire étirait ses lèvres fines. La ville lui appartenait. Tout comme sa liberté.

Un portail. Elle le traverse. Elle est attirée. Indéniablement poussée par une incroyable envie. Elle voit une imposante porte de bois. Une magnifique porte. Elle la pousse. Elle entre. La porte se referme.

Hélia à mûrit. Trop vite. Trop tôt. Mais c’est ainsi. C’est la vie et pas le paradis. Sa liberté, elle l’a acquise et elle ne supporterait pas de la perdre à nouveau. Elle a trop souffert bien qu’elle refuse de se l’avouer. Elle est têtue et a mauvais caractère. Elle ne supporte pas qu'on lui manque de respect mais n'en porte qu'à peu de gens. En fait, elle ne plie pratiquement jamais l'échine, ayant raison même lorsqu'elle a tord. Ayant vécus toute sa vie seule, elle a la fâcheuse manît de rembarrer tout le monde et n’accorde sa confiance que très, très, très difficilement. Son temps libre, elle le passe en hauteur sur un toit, généralement de la musique sur les oreilles, observant simplement la voute céleste. Son élément c’est autre que la nuit. Pourquoi ? Elle seule le sait et elle n’a aucune envie de le révéler.

Vous savez, vivre en étant une enfant battu, ça forge. Ca forge de l’endurance et de la résistance. Mais sa forge aussi une haine. Cette haine qui ne la quitta jamais vraiment bien qu’elle soit calme et passive tant qu’on ne vient pas la ‘chercher’. Qui s’y frotte s’y pique. Pendant toutes ses années, où brimée, elle subissait, elle s’est mise à observer la population nocturne de la rue et à s’entrainer. Elle sait donc se battre bien que cela reste un dernier recourt. Un recourt qu’elle n’hésitera pas à utiliser.

Elle ne se lit avec quelqu'un que difficilement. Bien qu’elle se refuse à l’admettre, elle a peur. Elle a peur de l’autre. Et encore plus des hommes. Une séquelle qui ne la quittera surement jamais. Ce qu’elle veut ? Elle ne se l’avoue pas mais simplement de l’affection de la part d’un être humain serait…