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 Crocheter une serrure quand on n'a jamais de barette dans les cheveux, c'est con. - Ether Empolham

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Crocheter une serrure quand on n'a jamais de barette dans les cheveux, c'est con. - Ether Empolham _
MessageSujet: Crocheter une serrure quand on n'a jamais de barette dans les cheveux, c'est con. - Ether Empolham   Crocheter une serrure quand on n'a jamais de barette dans les cheveux, c'est con. - Ether Empolham Icon_minitimeVen 2 Mar 2012 - 22:16

    Le paon se déplace lentement. Il fait la roue, et son plumage est autant de yeux qui épient, qui reçoivent des informations. Valora cligne des paupières un dixième de seconde. La paon a disparu dans l’écho d’une voix qui en appelle une autre: « Léon! »

    Elle n’est plus certaine de l’avoir vraiment vu. Elle se demande si l’herbe de Finn n’était pas trop forte. Ça ne fait jamais ce genre d’effet, normalement. Elle est peut-être plus faible que d’habitude. Elle a eu une sale journée la veille et celle qui s’annonce n’a pas l’air mieux. Valora se frotte les yeux, trouve la lumière trop puissante, et comme si ses souhaits étaient des ordres, elle croit voir les luminaires perdre un peu d’intensité. Bien sûr, ça ne doit qu’être ses pupilles qui se sont rétrécies.

    Maintenant qu’elle n’a plus rien à faire ici, qu’il n’y a plus de paon à croire observer, Valora tourne les talons en grognant contre « ce salaud de Maguire qui me refile de la merde ». Elle tourne la poignée, attire la porte vers elle et. Et rien. La serrure fait un bruit singulier, ce bruit qui nous apprend que le verrou est tourné. Qui, pour Valora, annonce l’épreuve corsée du crochetage. Évidemment, c’est toujours Finn qui s’en charge, après tout, c’est l’homme, qu’il le prouve. Mais il a appris à Valora, « au cas-où ».

    Alors la voilà, Valora, accroupie, le nez collé contre la porte, les yeux à hauteur du trou de la serrure. Un jeu d’enfant, vraiment? Pas quand on a encore sur soi le sperme d’un sale mec. Pas quand on est enfermée dans un endroit qui, une fois la surprise et l’émerveillement passés, file les jetons, et pas quand on est dans les vapes H24.

    D’ailleurs, crocheter une serrure, c’est moins facile que ça en a l’air. Quand Finn l’avait montré, Valora avait dit:

    — Allez Finn, amène-moi à la party de Aidan O'Connor, y aura de quoi bouffer!

    Et Finn avait fini sa démonstration parce qu’il pensait que Valora serait suffisamment morte pour accepter de le faire avec lui. Ce qui s’était avéré véridique.

    Valora se demande pourquoi elle n’a pas de portable. Si Finn l’aimait autant, il aurait pu lui en offrir un. Mais c’est bête. C’est bête parce que Valora sait pertinemment que si elle ne roule pas sur l’or, Finn et ses cinq frères et soeurs non plus. La vérité c’est que Valora commence à paniquer et que, cerise sur le gâteau, les lustres, appliques et autres luminaires commencent à clignoter dangereusement.

    Comme la tension monte, le clignotement se fait plus violent, encore et encore, jusqu’à ce que les ampoules s’éteignent. Dans le noir, dans ce manoir, Valora tressaille. Qu’est-ce que c’est chiant, les vieilles baraques d’Irlande!

    — À l’aide?

    Valora ne se fait pas d’illusion. Personne n’est venu alors que la lumière déconnait, personne ne viendra. Tout court. Elle se gratte le coin de l’oeil. Franchement, elle avait jamais été aussi dérangé par ses yeux que depuis ce jour. En même temps, rien ne va aujourd’hui: elle ne s’est pas lavée depuis quarante huit heures, elle est recouverte de sueur, elle s’est faite abandonnée au beau milieu de nulle part, elle se retrouve coincée dans ce château de merde, dans le noir et surtout, tout le monde se fichera de savoir ce qu’elle est devenue.

    Ils penseront juste qu’elle est crevée dans un coin, d’overdose, de saut d’une falaise, de viol. Peu importe, le fait est que Valora disparue, c’est un éléphant qui se lève et libère le terrier d’un lapin. Hallelujah, quoi.


Dernière édition par Valora Eaton le Sam 10 Nov 2012 - 11:44, édité 2 fois
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Crocheter une serrure quand on n'a jamais de barette dans les cheveux, c'est con. - Ether Empolham _
MessageSujet: Re: Crocheter une serrure quand on n'a jamais de barette dans les cheveux, c'est con. - Ether Empolham   Crocheter une serrure quand on n'a jamais de barette dans les cheveux, c'est con. - Ether Empolham Icon_minitimeSam 3 Mar 2012 - 22:54

    Je me demande encore ce que je peux bien faire ici, c'est la question vicieuse à laquelle il est impossible de répondre. On peut seulement dire que c'est le destin, c'est la vie, c'est ce qui était pré-tracé. Et on peut surenchérir en disant que la vie est bien faite, ou mal faite, selon la situation des gens coincés ici. Dans mon cas, je ne sais pas si c'est un mal pour un bien, ou un bien pour un mal. Ici ou là-bas, on souffre pareil. On peut sûrement dire qu'on peut commencer une nouvelle vie. On peut changer de vie, mais on ne peut pas changer de personne. Et ceux noyé sous la nostalgie? Qu'est ce qu'ils deviennent? Se morfondre et déprimer jusqu'à que leur jauge de vie soit au plus bas? Qu'est ce qu'on devient, pour ceux qui auraient préféré crever en paix dans un monde leur appartenant? Une putain de semaine que je suis ici, je ne sais toujours pas ce que je suis censé faire. Perdu. Complètement largué, en train de pisser du remord. Ça m'énerve. Je préfère sortir de là et continuer une vie de chienne devant des gens qui me connaissent, qui peuvent compatir ou avoir pitié. Je n'ai pas besoin de ces gens, tous autant dans la merde que moi. Je ne comprends pas ce que j'ai fait pour me fourrer dans un tel bordel.

    Aujourd'hui encore, je me vois errer sans fin dans le hall, comme un fantôme regrettant quelque chose, la mort incrusté dans le cerveau. Dans l'espoir d'essayer de sortir. Dans l'unique espoir d'apercevoir quelqu'un s'échapper. Je ne crois pas que ce soit impossible. Mais pour le moment, je n'ai pas le choix que de me résigner. Je suis inapte à m'intégrer. Je ne savais pas ce que signifiait l'angoisse, la peur, l'horreur. Maintenant, je commence à le découvrir et à y prendre goût. J'ai peur. Je plonge dans un mélange de sentiments quelconques, des sentiments tout court. Et j'ai peur. Et j'en ai honte. Car un mec qui a peur est un trouillard sans nom, un mec qui pleure est une tapette à ne jamais l'oublier, un mec qui largue sa meuf après l'avoir sauté la veille est un enfoiré de première classe. Qui a inventé ces putains de normes? Et puis même. J'ai quand même peur, et donc je me rabats sur des futilités. Je me rabats sur des mots dégueulasses et des gestes désagréables.

    Mais il n'est pas méchant pour être méchant. Il est méchant par défaut, il se fait connard par besoin, il joue les enfoirés pour une bonne cause. Il n'est qu'un animal meurtri par le temps, un vieux lion qui a perdu le pouvoir parce qu'il a perdu un combat. Il se justifie, donnant des excuses à la pelle. Il est cet homme, canne et défaite à la main, qui attend qu'on lui ouvre la porte pour s'orienter vers une vie plus sale, plus chienne. Tu vois, c'est le gamin, plus loin, l'air morose, le regard éteint. L'esprit et l'âme gisant sur le sol, inertes. Tu vois? Son cœur crie, hurle et pleure. Il saigne. Il a mal et commence à se faire ronger par l'angoisse et la panique. Il n'est qu'un homme qui se veut fier et grand, mais qui tient son cœur sanguinolent dans une main, caché derrière son dos. Regarde le, il est triste.

    Alors que je me tiens adossé sur un mur, immobile, je la vois. Elle vient d'arriver, je ne l'avais pas vu avant. Merde, je n'ai pas pu voir comment elle est arrivée là. J'aurais bien voulu savoir le processus d'une arrivée. Je me sors une clope. Je l'allume et regarde la jeune faire. Même de loin, j'arrive à voir que son visage est ravagé par drogue. Elle me ressemble, physiquement. Je fronce les sourcils, je la regarde faire ses conneries et ferme ma gueule jusque là. Seul. Et rien que le fait de voir une humaine, me rassure. Elle demande timidement de l'aide, j'aurais presque pu rire si j'en avais eu le courage. Je m'approche d'elle, clope au bec.

      — Hé, la moche. J'crois que t'as saisi la situation.


    Je lui tends une clope. Je déteste parler aux gens de cette façon. Mais pour le coup, je n'ai pas pu ignorer la gamine. Elle me parait trop humaine, trop comme moi, trop identique. Elle me tire la compassion du corps, je me sens ridicule. Je n'ai pas mis longtemps pour dégager de là. Faut que je bouge, ça me fout les boules comme je me fous la chair de poule. Accélère le pas, putain.

    Tu peux le deviner rien qu'avec sa voix, tu le rassures intérieurement. Il te remercie inconsciemment, même si finalement, il fuit. Tu peux aussi le comprendre par, suis-moi. Ou un encouragement, style, bonne merde.
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