Sweet twenty-first birthday, brother dear. {POSTE UNIQUE}

Le spectacle sur lequel les yeux verts de Nikoleta se posèrent lui ôta sur le champ l'usage de la parole. Elle mit un moment avant de comprendre ce qui se passait, observant simplement ce qui l'entourait dans le plus grand silence. La demoiselle se tenait debout devant une grande porte de bois, qui donnait sur un hall lumineux et richement décoré. Un hall comme on en trouvait dans les beaux châteaux Européens, qu'elle n'avait pu contempler qu'à travers le papier de certains livres d'Histoire. La vision était des plus inattendue et, si elle s'était écoutée, Nikoleta aurait simplement fait demi-tour pour oublier tout ce qui venait de se passer. Fermer le rideau sur un événement qu'elle ne comprenait pas était sa manière de fonctionner depuis toujours -et elle ne s'en était jamais plainte, ça lui assurait une certaine tranquillité d'esprit. Mais pas de réponses, malheureusement. Quand enfin la parole lui revint et que ses lèvres purent bouger, tout ce qui s'en échappa fut un petit 'oh' médusé. Pour une raison qui lui échappait, elle ne pouvait détacher son regard de cette scène troublante.

N'avait-elle pourtant pas poussé la porte de l'épicier ? Elle se revoyait clairement mettre sa main sur la clenche et se glisser rapidement à l'intérieur du magasin pour échapper à la foule compacte des rues d'Athènes. A présent, elle n'entendait plus le moindre bruit. Plus de conversations, plus de cris, plus de coups de klaxon lancés à tort et à travers. Juste un silence terriblement oppressant. Nikoleta remit correctement la lanière de son sac à mains sur son épaule, perdue et déstabilisée. Où était-elle ? Pourquoi n'était-elle pas chez l'épicier ? Il était tentant de penser que la boutique avait simplement était refaite de fond en comble, mais Nikoleta avait beau souvent occulter ce qui l'embêtait, le mensonge aurait été trop gros. Ce n'était pas la boutique de l'épicier, ce n'était à priori aucun bâtiment d'Athènes. L'architecture ne correspondait pas, elle était trop différente. Elle appartenait à un autre temps et un autre pays.

Où se trouvait-elle, en ce cas ? Prise d'une peur panique à la lente réalisation qu'elle n'était pas chez elle, Nikoleta se tourna prestement vers la porte et saisit la clenche, qu'elle poussa vainement plusieurs fois d'affilées. Rien à faire; Cette porte était bloquée. Elle tira, poussa, sans obtenir de meilleur résultat que la première fois. Une exclamation à la fois surprise et désespéré s'échappa de ses lèvres. Certes, ses bras étaient fins et ne possédaient pas la force d'un homme; Mais aussi facilement que cette porte s'était ouverte dans un sens, elle aurait du s'ouvrir aussi aisément dans l'autre. Faute d'idées plus brillantes, la jeune femme aux longs cheveux se tourna de nouveau vers le hall, cherchant des les murs et les décors une quelconque indication qui puisse l'aider à sortir d'ici. Inutile de préciser qu'elle ne trouva rien, et c'est à ce moment-là qu'elle vit le panneau, avec toutes ces feuilles accrochées à lui. Méfiante, elle s'en approcha doucement, les talons de ses chaussures résonnant sur le sol. Elle lissa nerveusement sa jupe, avant de baisser le regard vers les lignes manuscrites.

Son monde s'effondra à peine le premier message terminé. Tout ceci n'avait strictement aucun sens, mais les mots semblaient pourtant portés par une implacable logique qui lui écrasa le cœur tout entier. Elle lut les autres messages pour s'assurer d'une vérité que son esprit n'était pas encore prêt à assimiler, et une fois qu'elle eut fini, porta sa main à sa bouche, comme paralysée.

« Non... »

On devait se jouer d'elle, pensa Nikoleta, au bord des larmes. Elle avait du travail, mince, elle devait rentrer chez elle ! Ses parents, Maria et son frère l'attendaient pour fêter à ce dernier un joyeux anniversaire. Et le soir, ils devaient aller assister à l'ouverture des Jeux Olympiques. La demoiselle se raccrocha à ces deux évènements qui étaient d'une importance capitale pour elle. Elle tenta de calmer les battements de son cœur, sans succès. Tout comme la porte, ils étaient sourds à ses appels répétés. Malgré tout, elle fit l'effort de faire quelques pas en arrière, portant sur le grand escalier un regard hésitant. Si tout ceci n'était qu'une mascarade, ce qu'elle espérait ardemment, elle devrait pouvoir trouver quelqu'un à l'étage qui puisse lui expliquer comment sortir de cet endroit. Un bâtiment possédait plusieurs issues, celui-ci ne pouvait pas faire exception. Qu'on lui montre le chemin, et elle se débrouillerait ensuite.

Alors qu'elle gravissait les marches à une allure prudente, regardant autour d'elle dans le même mouvement, elle se senti soudain stupide dans sa jolie robe et ses talons, avec ses cheveux bouclés et ses yeux maquillés. Elle s'était faite belle pour une occasion dont elle n'allait peut-être au final pas même profiter. Cette pensée la ravageait, aussi décida-t-elle de ne plus y penser et se concentrer sur ce qui l'entourait.

Marche, Nikoleta, marche. Ne pense à rien d'autre, seulement à trouver quelqu'un. Puis après tu pourras sortir d'ici. Oui, tu pourras sortir d'ici.