Repose en paix, petite souris...[PV Jeremiah Burton]

Skweek skweek, faisait la souris.

Skweek !

Paupières papillonnantes ; lumière.

Skweek skweek skweek, fait-elle encore, de concert avec le doux ronron du chat.
Je fronce les sourcils et plisse les yeux alors que ces derniers combattent vainement contre l’aveuglant néon – Mahaut avait, semble-t-il, laissé la lumière allumée- .

Skweek skweek… Je sens ma paupière gauche convulser alors que mon cerveau imaginatif et encore noyer dans l’onirisme s’agite. Skweek ! Mes yeux s’ouvrent grands alors qu’un long frisson me passe dans le dos. Je ferme les yeux et soupire, puis, retenant mon souffle, je glisse ma main gauche à ma droite et tâte le lit jusqu'à ce qu’elle tombe sur la petite masse chaude et humide.

SKWEEK !

Oh pitié, que cela soit Sir.Lisbeth!

Me retournant péniblement, je découvre la petite chose, la souris, grise et touffue, tachée de petits points vermeils et poisseux. Ce n’était pas Lisbeth, la souris qui se transformait en homme, c’était tout bonnement une souris ordinaire. Je reste un moment ainsi, à la contempler avec un air blasé et des yeux vitreux, mon regard se tourne ensuite sur Cheshire, mon Aea de chat, qui ronronne en m’observant paisiblement avec ses grands yeux nacrés et rieurs, il avait regardé la souris, puis moi, puis encore la souris, puis encore moi…Pendant un instant je crus qu’il allait dire quelque chose, mais non : Cheshire était encore et toujours un chat totalement ordinaire malgré son titre d’Aea…Aea manqué, oui !

Je m’assois sur mon lit en faisant attention de ne pas encrasser la pauvre souris grise, je m’étire un bon coup et regarde l’heure sur l’unique horloge de la pièce: 22h03. Super…Mes colocataires devraient bientôt rentrer de leurs journées – je suis même étonnée qu’aucune ne soit là- et je leur léguerai la chambre pour leur nuit alors que moi j’activerai la mienne.

Soit.

Laissant la souris et Cheshire sur mon lit, je file dans la salle des douches rattachée à mon dortoir.

L’eau d’abord fraiche devint rapidement chaude, puis brûlante, puis de nouveau simplement chaude. Je laissais l’eau couler ; le jet puissant claquait contre mon dos, détendant tous les muscles, l’humidité pénétrant ma gorge asséchée par le sommeil et adoucissant mes yeux irrités par le restant de fatigue. Rien de mieux qu’une bonne douche et le doux parfum du savon à la vanille pour bien commencer la ~~journée~~ nuit.

Skweek… Faisait encore faiblement la souris alors que Cheshire faisait ronron de plus en plus fort. Il avait une patte sur elle, une douce patte, sans sortir les griffes ni rien, juste pour bien lui faire comprendre qui était le patron.

-Cheshire ! Dis-je brusquement. Pluuuss de souris, compris? Il me toisa de ses yeux grands ouverts, mais ne fit rien pour me faire comprendre qu’il avait pu comprendre. Stupide Aea…

Et j’en fais quoi, moi, de la souris ? Je ne peux pas seulement la jeter : elle est encore vivante…

Je ne peux pas la laisser là et je ne vais surement pas la guérir pour la remettre dehors et qu’un autre Aea félin- ou un pensionnaire félin- la rattrape et la tue.
Merde.

||*|

Alors après m’être séché les cheveux, maquillée, fait les cheveux, habillée et toute autre chose que Mahaut, qui était arrivée entre temps m’avait encouragé à faire, j’avais doucement récupéré la souris – qu’elle n’avait pas vu, Dieu merci- et Cheshire et j’étais sortie du manoir.

Il faisait bon dans la cour : frais, mais sec de sorte à ce je malgré les minces bretelles noires de dentelle et la courte jupe violette –recouverte, tout comme le haut, de la même dentelle noire- de ma robe, je n’eus pas froid. La souris qui tremblait de tout son être, de nervosité, dans ma main finit par rendre l’âme. Je voulais simplement aller la déposée dans le sous-bois, mais sa mort me zappa de moral et du coup j’ai fini par aller au cimetière.

Installée à mon banc habituel, celui à côté de la crypte dont, d’ailleurs, la porte était encore défoncée depuis qu’Il l’avait ouverte. J’ai enterré la souris sous le banc et, sur un caillot, j’avais gravé avec une roche, sur le côté du bac :

Ici git :

Souris-grisse-qui-n’est-pas-Lisbeth,

Paix à son âme.

Enfin, pauvre souris. Ça m’avait vraiment mis le cafard. La mort dans l’âme, j’étais restée assise sur le banc, à fixer la porte de la crypte, ce qui, puisque à l’instant ne me faisait que penser à Lui, me déprimant d’avantage.

C’est quand même ironique, que ce soit dans un manoir de fous, plein magie et de monstres que les histoires de mecs viennent me déranger !

Allez Alea ! Oublie-le, ton psychopathe charismatique! Se taper l’autre psychopathe aux mèches blanches, c’est déjà ça!

Je pousse, un long soupire, et ferme les yeux.
Quel début de soirée de merde, quand même.

|*||

Cheshire était parti je ne sais trop où et lorsque la nuit fraiche devint matin frisquet, je rapatrie pour le manoir, seule.

Une fois au manoir, mon premier réflexe fut d’aller me laver les mains, car elles étaient pleines des terres et de…microbes de souris morte…

Il devait être quoi ? 2h du matin? J’étais fatiguée, déprimée, j’avais envie de filler au lit, mais je savais que si je le faisais, mon cauchemar me reviendrait et je passerais une douloureusement nuit à trembler et à hurler alors que mon bourreau, un inquisiteur des années 1700, allumait mon bûché, encore et encore, avec son rictus sadique, alors que le feu embraserait ma peau, et que, pour une quelconque raison, je sentirai comme si j’y étais vraiment.

Nuit ou jour, c’est du pareil au même : le même rêve, les mêmes sensations. Mais de jour, mes colocataires ne dorment pas et par conséquent, je ne les réveille pas ! Ce qui fait que je me sens moins coupable! Tout cela pour dire que je ne peux aller dormir tout de suite ! Je dois attendre le matin. Je n’étais pas trop d’humeur à aller lire dans la bibliothèque, oh, mais pas du tout !

Je voulais seulement m’encrasser et végéter… Oh! La salon, des sofas, les moelleux sofas !

Avoir un mirage d’aise, je vais au salon et, comme je le voulais si violemment depuis les dernières minutes, je m’affaissai sur les coussins d’une causeuse bien confortable. Les premiers instants furent presque jouissifs : repos, dodo. Mais après un moment de repos, mes membres étaient engourdis et mon ventre pris d’une inexplicable nervosité fébrile.

Je n’arrivais pas à dormir…

Exaspérée, je me lève et après avoir fait les quatre cents pas dans la pièce, je vais m’asseoir au piano. Je pianote d’abord n’importe quoi. Puis un petit air macabre de funérailles – tout ça pour une souris, rohh, je suis pitoyable- puis ce fut cette chanson dont j’avais trouvé la partition dans la bibliothèque et qui m’obsédait depuis.

Il y avait quelques choses d’ensorcelant, de stressant mais de relaxant à la fois.

Frissons, sursaut : la porte venait de s’ouvrir, quelques autres notes plus tard, je me retournais, le cœur battant à cause de la surprise.

+

Please, mommy, play song for me. I can’t sleep…

« On s’imagine la vie. Mais qu’est-ce que la vie? Ce n’est pas ceci. Cette utopie sans fin qui gobe la chair, l’esprit. Va-t-on vraiment y finir? Une asile sans retenu. Un conte de fée qui se transperce en conte d’horreur. Le loup qui mange le Chaperon rouge. La pomme qui tue Blanche-Neige et qu’il n’existe pas de prince. Alice qui se fait couper la tête par la Reine de Cœur… La face cachée. »

Même pas vingt-quatre heures d’enfermement et Jeremiah se croit complètement perdu, dans le néant, dans les limbes. Tout juste après son enfermement dans le hall, le jeune homme avait traversé une bonne partie du manoir pour trouver un sortie avec son nouveau compagnon le petit renard. La panique d’être enfermé dans ce monde avait fait disparaître toute trace d’alcool dans son sang. D’ailleurs, il n’avait pas remarqué sur le moment, mais Jeremiah entend constamment un petit cœur battre à côté de lui. Comme s’il avait collé son oreille sur le torse d’une personne. Ça le rend dingue. Il ne sait pas pourquoi il entend ça et d’où ça vient.

Il n’avait aucun arrêt pour ce supplice. Boom-boom… Boom-boom… Boom-boom. Aaaaaahhhhhhhh!!!!!! Jey était sur le point de péter une crise. Il se sentait fatigué, il n’avait plus du tout envie de chercher une sortie pour le moment. Tout ce qu’il désirait était de dormir. Jeremiah avait vu quelques petites bestioles rôder dans les couloirs, mais il ne s’en préoccupait pas. Tout ce qu’il voulait c’est se trouver un côté sans déranger personne. Du moins, il n’avait pas envie qu’on le repère.

Oh! Une porte… qui s’ouvre!!! Jeremiah sortit à l’extérieur, suivi de son petit renard. La lune diaphane venait lécher chaque silhouette des arbres et autres objets. Sans hésité, c’était bien la cour de ce manoir. Le terrain semble immense! Le Canadien tourna un peu sur lui-même, cherchant une bâtisse au loin qu’il pourrait reconnaître. Rien du tout. Pas qu’il ne reconnaissait rien… C’est qu’il n’y avait rien à l’entour. Du moins, il n’y avait pas de tour ou de gros immeubles à logement du centre-ville. Erf… On laisse tomber, il n’en peut plus. Ce battement de cœur qui lui donne mal à la tête, ses jambes qui sont complètement engourdies. Dormir. Tiens, un arbre. Ça devrait suffire. Quand le soleil va se lever, il repartira chez lui bien tranquillement. Il s’allongea et s’endormit peu à peu, malgré le battement de cœur.

~~~~~~

Mpfh… Les sourcils plissés, les yeux un peu collés. Jeremiah secoua la tête pour se dégager le visage du poil roux collé sur lui. Le renard avait passé la nuit avec lui… Pourquoi donc? Qu’est-ce qu’il lui doit cette petite bête? Étonnement, il faisait très clair… Quelle heure pouvait-il être? À voir le soleil, il devait être passé midi. Jey avait réussi à dormir malgré le soleil. Pour ne pas se faire repérer encore une fois, il se contenta de rester à l’extérieur du manoir toute la journée, malgré la faim, malgré l’ennui. En fait… Il se préoccupa de son compagnon et du battement de coeur qu’il entend sans cesse.

~~~~~~

La nuit avait tombé. Enfin. Jeremiah avait vu de loin des gens qui se promenaient. Des gens ordinaires, autant qu’il y en avait des plus étranges. Bref, il osait enfin sortir de sa cachette et retourner dans la grande maison. Le jeune homme avait faim et soif, mal au crâne, mal au dos. Bref, une belle joie. Tout ce qu’il voulait c’était rentrer chez lui. En plus de ce foutu battement de cœur. PUTAIN! QUELQU’UN PEUT ARRÊTER ÇA!?? Jeremiah baissa la tête vers le petit renard en soupirant.

- Bon… Tu me fais le guide? Je connais rien ici… et j’aimerais bien trouver la cuisine. Tu comprends?!

Le petit canin regarda Jeremah, cligna des yeux. Il secoua ses grandes oreilles rousses en faisant un petit bruit, nee nee nee. Le jeune homme l’observa encore plus. Ce renard possède vraiment les mêmes manies que son ami imaginaire. Si c’était VRAIMENT lui?! Bref. Ça serait con de penser ça. Jeremiah se mit en marche, voyant bien que le renard n’a pas de réaction plus convainquant à sa question. Il prit le pas pour se mettre à la recherche de la cuisine.

Plus il avançait dans les couloirs, plus c’était tranquille, mais à la fois inquiétant. Cette immeuble semble pleine de vie… et pourtant. Après un certain temps, Jey entend une musique en sourdine. Les notes vibrantes d’un piano. Le son semblait longer les murs, une musique magnifique. Son pas se fit un peu plus vite. La musique vint chercher la curiosité du jeune homme, au point d’en oublier le battement de cœur. Il s’approcha de plus en plus, la musique se faisait plus clair.

Sans gêne, Jeremiah ouvrit la porte qui donnait sur un salon. Quelques notes jouèrent encore et stop! La personne au piano le fixa. Booboom-booboom-booboom. C’était fort et rapide. Jey regarda la jeune fille, stupéfait. Elle semblait surprise de son arrivé. Il faut dire que ne s’attend pas toujours de voir quelqu’un à cette heure-là. Booboom… boom-boom. Deux cœurs? Il secoua la tête pour reprendre conscience en continuant de regarder la demoiselle.

- Pardon… Continue, c’est beau ce que tu joues.

Le jeune homme se contenta de glisser brièvement un sourire sur ses lèvres et l’effaça aussitôt. Il entra dans la pièce et se laissa tomber sur un fauteuil, confort! Son corps ne voulait plus suivre, il devait être cerné jusqu’aux joues. Il soupira doucement de bien-être en fixant droit devant lui et finit par retourner son regard vers la jeune femme qu’il ne connaissait pas du tout. Elle ressemblait un peu à Blanche-Neige, dis donc. Il espérait qu'il ne l'importunait pas trop. Jeremiah adore la musique, il serait dommage que son malaise l'emporte. La musique qu'elle jouait lui faisait oublier le battement de cœur. De plus, à ce moment, il venait de doubler.

Cette porte qui s’ouvre n’aurait pu être qu’un courant d’air venu du hall spécialement pour me faire regretter de n’avoir peut-être pas bien fermé la porte.

Mais non.

C’était quelqu’un.

C’était un homme. La pièce était obscure, la pénombre m’empêchait de bien le voir et la clarté provenant du hall derrière lui l’encadrait d’un joli halo lumineux et condamnais son corps à n’être plus qu’une silhouette sombre. Sans voir de détails, c’était une silhouette très masculine, plus virile que beaucoup d’autres jeunes hommes du manoir, avec des épaules bien larges et une mâchoire carrée.

- Pardon… Continue, c’est beau ce que tu joues.

Mes joues s’empourprèrent. Très peu de gens m’avaient entendue jouer et c’était pour moi presque intime. Je jeune homme alla tout bonnement se jeter sur le sofa, celui-là même ou j’avais essayé de dormir, moins d’une demi-heure plutôt. La porte désormais fermée et mes yeux réajustés à la pénombre, j’eus droit à un meilleur aperçu de lui. Le moins qu’on puisse en dire, c’est que c’était un beau mec ! Avec des traits bien carrés, des cheveux sombres et un petit air rebelle…des piercings, aussi. Enfin, un beau mec si ce n’était qu’il avait l’air totalement crevé.

Ainsi je ne continuai pas.

Au lieu de me retourner vers le piano, je m’étais levée et j’étais allée vers lui. Doucement, d’un pas souple et silencieux, malgré ses cernes profondes et son air général qui traduisait tourmentes et douleurs, c’était vraiment un beau mec. J’eus le réflexe typiquement féminin de mettre un peu d’ordre à mes cheveux en me rapprochant, puis de lisser ma robe de dentelle en passant lentement mes mains le long de ma taille. Arrivée près de lui, un peu à sa gauche, je pris le temps de bien l’observer et de détailler tout le caractère de ses jolis traits.

En sommes il me semblait être un jeune adulte, surement plus vieux que moi, mais de peu.
Pour son style un peu délinquant et surtout sa physionomie générale très attrayante, je m’étonnais de ne jamais l’avoir remarqué...

Je m’assieds sur le coussin de gauche de la causeuse, bien droite et avec les mollets sagement croisés, un peu en angle. Je lui accorde un léger sourire complaisant en l’observant encore : en observant ses yeux perdus et fatigués, en notant l’ombre d’incompréhension qui lui tachait encore les traits malgré sa tentative de détente.

-Tu es nouveau. Dis-je doucement, d’une voix suave.

Simple affirmation.

Certain jour, les nouveaux, je leur balançais les règles de vie du manoir et je les conduisais a leurs chambres, pires encore, je leur disais simplement ou trouver les dortoirs et je les larguais. D’autre fois je leur faisais timidement la conversation. Cette fois, eh bien… Eh bien il était vachement sexy, le mec, alors je pouvais bien le…lui…parler un peu ?

À vrai dire je n’étais pas tombée sur des nouveaux depuis longtemps. Et depuis j’avais certes un peu changée- le sex, la drogue, surtout le sex…des petits trucs, vous savez- , j’aurais été si gentille s’il avait été moche ? Peut-être pas…

Passons.

Je lève doucement une main vers lui, sentant ma bague argentée devenir pesante et chaude alors que me glisse mes doigts sur un masque imaginaire placé à seulement un demi-centimètre de son visage. Ce poids soudain signifiait qu’il avait, comme je l’avais deviné, mal quelque part. Pas trop quand même, c’était dans le supportable, peut-être un simple mal de tête ?

Cette bague, je l’avais ensorcelée, c’était un puissant charme de guérison. Trop puisant pour être utilisé pour un mal de tête. Je n’avais eu l’occasion de m’en servir que sur Chess ! En fait, il avait été mon seul et unique cobaye, Chess : une fois pour une guérison, une autre pour un antisort – le pauvre s’était retrouvé avec les mains immenses, mauves avec des pois jaunes, gracieuseté des I.-

Enfin bon.

Je lui souris à nouveau, gentiment.

-Mal de crâne ? Susurrais-je avant de pincer les lèvres.

Pardon, c’est vraiment n’importe quoi XD Si c’est court c’est que les cinq-six tentatives de suite c’était de l’abus ! Enfin, j’espère que ça te va quand même ^^ ’

+

« … Oui, faire face à un conte de fée… »

À peine une minute après que Jeremiah se soit assis, il vit la pianiste se lever et s’approcher de lui. Étrangement, le battement de cœur se fit un peu plus fort… D’ailleurs, le cœur avait un rythme plus normal, mais avec quelques bonds vifs. Par réflexe, Jey fronça un peu les sourcils, il ne comprenait rien de ce qui se passait dans sa tête. Est-il devenu cinglé? Pourquoi faut-il qu’il entend ça à chaque fois qu’il croise quelqu’un? Peu importe, mieux oublier ça, surtout dans son état. Bien qu’elle ne lui avait adressé encore aucun mot, elle vint s’asseoir à côté de lui. Mh. Il se laissait regarder, elle semblait si intrigué par son visage. Jey se contentait de la contempler aussi, en attendant une phrase ou un mot de sa part. Ouais, bah, elle fait vraiment penser à Blanche-Neige… La peau très claire et les cheveux d’ébène. C’est joli. Par contre, ce qui lui frappait le plus, c’était ses yeux. Un vert impressionnant, même plutôt étrange. Le jeune homme continua son regard sur elle. Une posture bien droite, comparé à lui, complètement "évaché". Quand il remonta ses yeux à son visage, il vit son sourire plutôt doux.

- Tu es nouveau.

Une belle voix, une voix douce comme celle de sa mère. C’est réconfortant dans un endroit pareil. Cela était si évident qu’il soit nouveau?! Il faut dire que si cela fait depuis plus d’un an qu’elle soit ici. Il est certain que cette fille se doute qu’il le soit. Jey fit doucement un hochement de la tête pour confirmer son affirmation. Il prit une respiration, sa tête lui bourdonne, et allait souffler une phrase, mais ses mots s’arrêtèrent dans sa gorge. Il vit la main de son interlocutrice se placer proche de son visage. Mais que fait-elle? Son regard se tourna sur sa paume, sur ses doigts. L’étrangère ne le toucha point, mais elle restait très proche de sa peau. Encore une de ces personnes avec des dons étranges? Jeremiah ne savait pas trop s’il devait dégager sa main ou la laisser faire. Ce fut sa curiosité qui l’emporta, il se laissa faire.

Ce court temps de silence le laissa froid, tout semblait long. Il voulait savoir ce qu’elle faisait! Faudrait mieux l’arrêter finalement?! Quoi que… Elle ne semble pas menaçante, loin de là. Après quelques secondes, qui semblaient interminables, elle finit par lui glisser quelques mots.

- Mal de crâne ?

Comment a-t-elle deviner ? Quoi qu’avec la gueule que Jeremiah tirait, il était un peu évident que ce soit ça. Il souffla un petit grognement en se passant une main dans les cheveux.

- Mh. Oui… Comment le sais-tu?

Le jeune homme tourna son regard vers la main de l’inconnue qui s’était éloignée un peu. Sans gêne, il leva la sienne pour attraper sa main et tourna la paume vers le haut. Ses mirettes cherchèrent un détail qui serait évident dans sa main. Rien, une main bien normale d’humain. Jey cligna les yeux une fois et finit par relâcher la main de son interlocutrice. Il commençait vraiment à être fatigué pour agir comme ça, sans prévenir. Il la fixa intensément.

- T’es pas normale…

BOOM-BOOM. Raaahhh! Mal de crâne de merde! Il fronça le nez en posant sa main contre son front. Il ferma les yeux en soupirant et rouvrit aussitôt. Il allait lui tirer les vers du nez. Oh oui! Il faut qu’il comprenne ce qui se passe ici. Jeremiah se tourna un peu pour faire face à elle. Il s’accota sur ses propres cuisses pour se rapprocher d’elle un peu.

- Bon… Dis-moi. Qu’est-ce qui se passe ici? Y’a rien de normal depuis que je suis arrivé…

Après quelques mots, il sentit sur sa jambe quelques choses se frotter. Il baissa son regard et vit la fourrure rousse, tiens, le Spark. Il passa une main sur son dos pour le flatter et finit par le grattouiller derrière une oreille.

- Déjà, j’ai ce renard qui me suit partout ou presque. C’est quoi ce délire qu’on a un animal qui nous suit?!!

Jeremiah s’arrêta de parler un instant, il était en train de perdre patience. Il soupira encore une fois et se réinstalla au fond du canapé. Il était mieux de se relaxer, sinon il fera fuir la personne qui pourrait le renseigner. Il la regarda tranquillement en prenant de grandes respirations. Si au moins, il n’avait pas mal à la tête.

- Mh. Oui… Comment le sais-tu?

Il avait pris ma main. Je lui avais souri.

Je l’avais observé avec amusement alors qu’il la scrutait, les yeux plissés et les sourcils froncer par l’effort que son mal de tête rendait plus ardu que ça auraient dû l’être.

Il observa sans rien trouver d’étrange sur ma main parfaitement lisse et blanche, omettant visiblement de suspecter les quelques bagues qui ornaient mes doigts.

-Juste comme ça…

L’explication au long aurait plutôt été : tu souffres, c’est évident, mais tu n’as pas de blessure visiblement. Tes symptômes sont des yeux vitraux et fatigue évidente… Les mouvements généraux de ton corps ne laisser pas deviner d’autres maux…. Donc bon…Tu sembles avoir un mal de tête.
Simplement.

- T’es pas normale…

Mon visage s’étire en un nouveau sourire. Je plonge mon regard dans le sien, pétillant d’amusement, haussant les sourcils d’une manière entendue, le mettant silencieusement dans la confiance qu’il avait raison. Il s’était approché ; penché vers moi, comme s’il avait voulu me dire quelque chose ou m’entendre dire quelque chose.

- Bon… Dis-moi. Qu’est-ce qui se passe ici? Y’a rien de normal depuis que je suis arrivé…

Oh, alors, c’est qu’il est encore plus nouveau que je le croyais. Si ça se trouvait, j’étais sa première rencontre ? Ou peut-être avait-il rencontré quelqu’un de silencieux. En tous les cas, le pauvre ne semblait point avoir réalisé sa situation.

-Oh pour ça…C’est normal, c’est si tout avait été normal que ça aurait été anormal. Dis-je d’une voix doucement sirupeuse. «Tu as lu le panneau ?» Continuais-je ensuite presque trop jovialement. «Si tu l’as lu, tu sais tout…» Mais je compris, lorsqu’il enchaîna avec son Aea, qu’il n’avait sans doute pas lu ledit panneau, sinon, il me semble que ça aurait plutôt sonné :’’, mais c’est quoi cette histoire de AEA’’. Donc c’est qu’il était vraiment, vraiment nouveau ici.
Pauvre petite créature perdue.

-Ce sont supposément d’anciens amis imaginaires qui reviennent ici pour toi. Ils peuvent être ton guide, ton ami…Mais ils peuvent de mettre dans de beaux draps. Enfin, ca dépend de comment tu l’avais imaginée quand tu étais petite, je crois….

Je crois, parce qu’en fait, moi, mon AEA n’était pas un ancien ami imaginaire. Le jeune homme s’était réinstallé au fond du canapé. Alors que lui s’éloignait, c’est moi qui s’étais approchée, penchée vers lui, une main enfoncée à la bordure de son coussin, tout près se sa jambe.

-Mais ce n’est pas très important tout ça, tu verras, le plus amusant est les gens…Plein de gens, plein de gens différents. Et plein de choses à faire avec eux…Des choses amusantes….

Et en même temps, de le voir aussi démunie et de jouer ainsi la mystérieuse jeune fille louche, ça procurait une espèce de plaisir : une espèce de sentiment de… pas de supériorité, mais de…Pouvoir? L’impression d’avoir les choses en mains, peut-être ? Qu’importe, c’était amusant. Je n’avais habituellement que faire des nouveaux, mais j’avais cette soudaine envie de m’occuper de celui-là. Parce que je suis une douce fille? Peut-être un peu…Parce que je n’ai pas trop le moral ? Parce qu’il est ‘’hot’’ ? Les deux probablement….

Qu’importe….

Je descendis les yeux sur son Aea qui me toisa momentanément aussi. Cheshire, mon AEA, n’était nulle part en vue.

Je me demande si le sien, il parle.

Il était temps, je sais 8D

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