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 In the Wrong Place, at the Wrong Time.

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Pensionnaire
Baek In Ho
Baek In Ho

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MessageSujet: In the Wrong Place, at the Wrong Time.    In the Wrong Place, at the Wrong Time.  Icon_minitimeDim 11 Nov 2012 - 21:55

    C'est Baek In Ho, qui arrive à la fin de sa vie. Ou peut-être le début.

    Une dernière porte et c'est le toit, une dernière porte et il pouvait avoir une vue sur le ciel, une dernière porte et il pourrait crever sous les balles. Tiraillé, sa volonté de vivre et son envie de finir fièrement dans le milieu coinçaient. Et lorsqu'il traversa cette dernière porte, haletant, le fusil fermement en main, il s'arrêta net. La porte s'était automatiquement fermée sous le coup de la puissance avec laquelle il l'avait poussé. Trop fatigué de ce qu'il venait de vivre, pensant peut-être qu'il était mort, arriva dans le pensionnat interdit. Mais triste.

    Peut-être parce qu'il était désoccidenté, au même titre que la désorientation, c'est-à-dire subtilement détourné de l'Orient. La mort lui donnera raison de ce monde, mais il se savait pas mort. Parce qu'il croyait aux idées de paradis, parce qu'il savait qu'après la guerre, ce n'était pas totalement ça. De toute façon, l'après-guerre n'existait pas pour lui. Il avait dû abandonner toute forme de vie saine en se faisant traîner sous une pluie de bombes. Il ne comprit pas tout de suite, il ne voulu pas comprendre tout de suite. Encore secoué par un monde où on manquait de saigner de l'oreille à un moment ou à un autre en se faisant violemment déchiré le tympan, il perdait le fil. À peine arrivé dans un endroit si silencieux, il sentit toute la douleur d'un coup. Ayant tout accumulé, et surtout parce qu'il n'était pas le seul à avoir un corps dans un état pareil. Au milieu de ce silence insurmontable, ses jambes lâchèrent et se retrouva au sol, fusil déchargé sur lui.

    Baek In Ho avait mal partout, il ne pouvait se le supporter. Avoir mal alors qu'il était probablement encore en guerre, il avait mal et en souffrait atrocement alors que tout le monde était dans la même situation pourrie. Les oreilles déchiquetés par ce silence trop soudain, par un silence à faire vomir des enfants atteints par la famine. Honnêtement, il serait bien en train de pleurer dans les bras de sa mère. Il aurait bien aimé laisser le bonheur briller un peu. Mais il se retrouvait dans une situation bien gênante, avec des locaux qu'il n'avait jamais vu de sa vie, et qu'il ne pensait jamais voir de sa vie.

    In Ho se tenait dans le hall, à terre, le fusil entre ses mains tremblantes. Il était fatigué, il avait mal, il avait étrangement des frissons d’effrois. À vrai dire, ce n'est pas qu'il voulait encore entendre ces sonorités réguliers, ta ta ta ta, des armes ennemis. Ces bruits immenses de tank, des tanks. Il fallait qu'il y retourne, il y avait des tanks, et son régiment avait besoin d'aide. Même si ce n'était que l'aide d'un pauvre garçon qui venait à peine d'apprendre à tenir une arme. Un garçon qui venait d'apprendre à ôter la vie d'autres personnes, exactement similaire à lui-même. Lui, même seul, avait l'impression qu'il pourrait aider. C'était surtout qu'il ne voulait pas s'attirer la tristesse de ses camarades, des soldats adultes qui seraient venus en aide, qui enterreraient les corps. Mais pas de trace de son corps, ce serait, terriblement triste.

    Sa mère était encore là-bas. À guetter sa venue, ou la venue d'autres soldats qui seraient venus présenter leurs condoléances avec déchéance. Ils diraient qu'ils étaient désolés, qu'ils n'avaient pas réussis à trouver son corps. Et sa mère ferait l'hypothèse que le corps de son fils aurait été carbonisé, tellement que seuls des cendres indéfinissables seraient son fils. Il l'imaginait pleurer, alors que Baek In Ho, lui, allait plutôt bien dans un lieu inconnu. Un endroit qui lui faisait pire que peur, l'inconnu le sublimait, et il n'était plus qu'un tas de cendre de là où il venait. Alors il fallait certes qu'il s'adapte, mais il ne pouvait s'y faire. Trop moderne, trop nouveau, trop jamais vu.

    Baek In Ho, affaibli, d'une couleur pâle cadavérique, pleurait dans le hall. À gorge déployée, en hurlant des mots coréens, qu'il était désolé, qu'il ne voulait pas. Qu'il pensait à sa mère, et qu'il l'aimait. Ses jambes ne pouvant plus supporter le poids de son corps trop lourd, il n'arrivait pas à se lever. Le visage déformé par les larmes, In Ho dans un endroit lugubre, se traînait difficilement jusqu'au panneau d'affichage, ou peut-être, qu'il comprendrait.

    À sa plus grande frayeur, il comprit. Il ne savait pas vraiment bien lire, mais ces phrases là, étaient compréhensibles. Magie n'est pas le premier mot qui lui était parvenu, il n'arrivait plus à réfléchir. Un silence de mauvais augure s'installait, et ses hoquets s'entrechoquaient avec chaque instant de silence. Une fois qu'il se sut séquestré, il n'arrivait plus à retenir sa douleur intérieure. Il hurla, toujours assis, toujours le corps meurtri par la guerre. La seule chose dont il fut capable, fut de crier, aidez-moi. Aidez-moi, résonnait dans le hall, des sanglots mélangés, des hoquets lourds accompagnant. In Ho ne pouvait plus supporter le fait de vivre, à présent.
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MessageSujet: Re: In the Wrong Place, at the Wrong Time.    In the Wrong Place, at the Wrong Time.  Icon_minitimeDim 11 Nov 2012 - 22:49

    IN THE FACE OF PAIN THERE ARE NO HEROES.

    Le Pensionnat est plongé dans l’obscurité. C’est la nuit, ce moment juste avant l’aube, où la lumière tire sur le rouge, mais si foncé qu’on croirait l’apocalypse au dehors. Le Pensionnat, c’est déjà un peu l’apocalypse, de toute manière. Je me promène dans les couloirs, je m’y perds, j’y perds le temps, l’ennui. Je suis en chemise de nuit. Ou plutôt, un vieux truc qui traînait dans un tiroir d’une des armoires de la chambre. Une chemise en coton qui tombe sous mes genoux, avec une rangée de boutons nacrés en ligne droite sur le devant. J’ai libéré les premiers boutons de leur entrave, je respire mieux sans. La chemise est pleine de motifs en forme de tasses de café. Ça me paraît familier, dès que je l’ai sortie de sa cachette. Et puis, j’ai deviné pourquoi: ma mère avait quasiment la même, si mes souvenirs sont bons.

    En une année, la mémoire peut nous jouer des tours. Parfois, je me colle contre la porte d’entrée, et je me rappelle de mon arrivée au purgatoire. Dehors, Swann Casey qui déboule dans sa caisse de merde, à l’intérieur, moi qui me démène, mon œil à travers le trou de la serrure, le vide de l’autre côté, le vide intersidéral. Et puis Ether, derrière moi, Ether et sa canne de vieux, sa jambe trébuchante et son air bougon, mauvais. Je me suis jamais sentie aussi mal, même pendant un bad trip. Y avait juste trop d’éléments qui me rendaient folle. Y en a toujours autant, toujours beaucoup trop de moyens de perdre la tête ici. Je l’ai déjà perdue, un peu. Je veux sortir. Je ne sais pas comment.

    Quelqu’un pleurait, plus loin. Ou plutôt, chialait, miaulait comme un animal malade, crevant. À Ennis, le bruit de chats qui se bat est une berceuse ordinaire. Y a toujours pire ailleurs, hein. Je ne me presse pas, j’avance toujours à pas mesuré, un pied devant l’autre, littéralement. Le cochon qu’on égorge est foutu, c’est trop tard, pas la peine de courir vers lui, il sera là dans deux minutes, deux heures ou deux ans. Il est rentré, ce débile complet, il est rentré et il est coincé ici pour une foutue éternité. Je tripote le dernier bouton, le roule entre mes doigts. J’ai pas à être nerveuse, mais c’est comme ça à chaque fois que je rencontre un “nouveau”. Parfois, y en a des carrément effrayants. Je préfère les éviter, je fais demi-tour et je vais à la cuisine me défoncer, parce que je perds le sommeil pour une semaine avec une trouille de pisseuse.

    Vu les cris, j’ai affaire à un garçon. Humain, j’espère. Pitié, les bêtes de foire, c’est pas du tout mon truc. De là où je suis, je devine une ombre sur le sol, agenouillée sur elle-même. De là où je suis, je fixe l’applique murale la plus proche, et l’ampoule vacille sous l’effet d’une utilisation forcée. Lumière légère, tamisée, je ne veux ni éblouir la silhouette geignant, ni me péter la rétine. Je plisse les yeux, ajuste mes pupilles et observe le nouvel arrivant. Un être humain, ok, mais c’est un putain d’étranger là. Un bridé, comme dirait ce connard de Seoirse. Jamais croisé un jaune de ma vie à Ennis. Je suis même pas sûre qu’il y en ait un seul dans tout le Comté de Clare.

    Je dirais qu’il a mon âge, même si finalement, c’est vachement dur de donner un âge à un bridé. Je crois qu’ils se plissent comme un vieux raisin après quarante ans. Avant, impossible de dire si ce type a dix ans, ou le double. Mais vu sa taille, et sa corpulence, il doit avoir mon âge. Je ne sais pas s’il a deviné ma présence, sans doute. Il faut être un peu simple pour ne pas se rendre compte de ma “capacité”. Je ne sais même pas d’où ça vient. Cet endroit renforce certainement les visions ultra-lumineuses que je me tapais quand j’étais trop perchée. Hallu de merde. Endroit de merde. Connard de Swann Casey.

    Je me concentre à peine, lorsqu’il appelle à l’aide juste à côté de moi, mes oreilles vibrent et toutes les lumières alentours s’éteignent brutalement. Mon crâne cogne, je frotte mes tempes d’un air las. Je ferme les yeux, et je me calme. Je m’accroupis, à hauteur d’yeux du pauvre gars, et la lampe à poser du guéridon tout près nous éclaire, et fait jouer des ombres chinoises contre le mur adjacent.

    — Moi aussi j’ai appelé à l’aide, au début.

    C’est marrant, je suis presque rassurante. Il faut croire qu’à force d’entraînement, je suis plus douée pour les réconforter tous. Il faut dire que Noreen a été une bonne expérience sur ce curriculum un peu particulier. Je pose mes deux paumes sur mes genoux repliés, histoire de me donner une certaine contenance. Je penche la tête sur le côté, observe la figure en larme du gars en face.

    … Je viens à peine de remarquer qu’il est armé.

    Aussitôt je me relève, abasourdie. C’est quoi ce type, c’est quoi son problème à lui? C’est sûr, il vient pas de se faire niquer comme une pauvre merde. Ou alors, le sens du verbe “niquer” change complètement de sens! Je passe une main dans la frange qui retombe sur la tempe gauche de mon visage. Panique, tension, nervosité. Je frotte le bout de ma tennis abîmée sur le parquet, je réfléchis à toute vitesse, mais pas assez vite pour ma bouche, qui dégaine déjà.

    — D’où tu tiens ça, je m’exclame d’une traite, comme si j’avais peur que l’air inspiré durant ma prise de parole était contaminé par une maladie très très grave et très très sale. Et puis, d’où tu viens?

    Presque rassurante, moi? J’ai dit ça?

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MessageSujet: Re: In the Wrong Place, at the Wrong Time.    In the Wrong Place, at the Wrong Time.  Icon_minitimeMar 13 Nov 2012 - 18:23



    Sous des sanglots sincères et amères, une voix se fit entendre. Une voix féminine, mais In Ho ne fit pas attention. Il ne se rendit pas même compte qu'il comprenait cette langue, alors qu'il se savait foutu. Un bruissement, un frémissement et elle avait commencé à hausser la voix, de manière brusque, incongru. Il levait enfin la tête pour apercevoir son interlocutrice, et ouvrit de grands yeux, abasourdi par ce qu'il avait sous les yeux. Une fille, sacrément vulgairement vêtue, et occidentale, comme il en avait jamais vu. Ce premier contact lui fut fatal, il baissa les yeux, rougit du mieux qu'il pu et ne répondit pas tout de suite. Gêné à l'extrême, il ne savait pas quoi en penser. Ce visage gracieux si occidental, si différent de tout ce qu'il avait pu voir, même en temps que fils de paysan ni riche, ni pauvre. Ce regard si contraignant contre les yeux de sa propre mère si attendrissant. Malgré tout, il sentait qu'il y avait quelque chose qui clochait. Son ton désinvolte venait de changer si violemment, il essaya de chercher le pourquoi du comment.

    Comme tout être humain normal, qu'il imaginait, c'était évidemment son arme déchargée. À vrai dire, il avait éprouvé la même chose en voyant cet engin si rudement fabriqué, si mal intentionné qu'il en avait senti des frissons sur tout le long de son échine. Il ne voulait cependant pas lâcher sa machine à retirer des vies, des têtes, des bras, des jambes. Instinctivement, et se sentant lui-même en danger dans ce lieu perturbant, il se rassurait en étreignant de toutes ses forces son seul moyen de s'éloigner de ce monde surgelé par sa folie. Il ne pouvait démentir au fait qu'il pouvait paraître effectivement menaçant, ignorant et paniquant avec l'engin dans les bras, le visage encore étouffé par ses pleurs. « D'où tu tiens ça ? ». Inspiré par la peur de la femme devant lui – ne sachant lui donner un âge, il maugréa, doucement, encore trop secoué par la misère, mais tout de même le plus poli possible.

    — Sauvez-moi, s'il-vous-plaît.

    In Ho laissa tragiquement traîner sa phrase avec l'air d'avoir oublié sa question, sa logique humaine de demander pourquoi il tenait un fusil – inactif et inutile, certes, entre ses bras d'homme maigre. « Et puis, d'où tu viens ? ». Tout aussi logique comme type de questionnement, visiblement prévisible. Mais le pauvre, content de comprendre, content d'avoir pu trouver un semblable, un humain à part entière. Elle saurait peut-être pourquoi ? Comment ? Incertain et fatigué, il ne répondit pas tout de suite à sa dernière question. Embrumé. Troublé. Attristé. Les tympans explosés par les précédentes détonations. Crevaison de son stress culminant, déflagration de sa raison restante, éclatement de sa nervosité au grand jour. La guerre, c'était la guerre. Et il leva les yeux, éploré. Enfin, d'une voix grave et regorgeant de dégoût, il bafouillait, tout bas, timide.

    — C'est déchargé, madame. C'est la guerre, madame. Derrière la porte.

    In Ho se voulait aussi calme et rassurant que possible. Sa voix tremblotante et son chuchotement le mettant à vif, il baissa une nouvelle fois la tête. Croiser le regard de cette femme lui était encore plus insupportable que s'accrocher fermement à un fusil en état de marche. Il baissa les yeux, frôla des yeux les jambes devant lui, enfonça la tête dans ses genoux sales. Il ne voulait pas qu'il soit traité de quelconque pervers alors que la mauvaise, qui s'habillait familièrement, c'était elle et pas lui. N'osant même plus relever la tête de ses genoux, il murmura.

    — Je dois repartir.

    Aucun commentaire sur la manière dont elle était vêtue, mais elle devait sûrement l'avoir remarqué. Il voulait dire, repartir, dans ce trou de cadavre, éviter de souiller son âme et l'honneur de famille en pourrissant dans un monde qui ne lui appartenait sûrement pas. Il ne considérait pas sa destinée comme étant aussi tragique, possiblement dramatique. Sa patrie l'attendait, sa nation avait besoin de lui. C'est ainsi qu'il résonnait toute sa vie, toute l'intégration de son existence dans le fin fond du trou dans lequel il était quelques minutes auparavant. Dans ce foutoir, chaotiquement mortel. Une tristesse nichée au bout du fusil, fleur dans le cœur. Il préférait encore mourir à l'aise, la main de son ami et compagnon dans la sienne, que vivre en galère, muni uniquement de souvenirs et de son outil venu de l'enfer. Ce n'était pas sa faute s'il ne pouvait pas s'empêcher de brailler des mots incompréhensibles, d'implorer son malheur et de pleurnicher comme un gosse. Abandonné par la vie à 18 ans, sacrifié par l’État à 18 ans, fixé une dernière fois par sa mère à 18 ans. Regrets.

    C'était tout ça, la guerre.
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MessageSujet: Re: In the Wrong Place, at the Wrong Time.    In the Wrong Place, at the Wrong Time.  Icon_minitimeMer 14 Nov 2012 - 18:35

    HUMANS ARE SUCH FRAGILE CREATURES... THEY’RE WEAK YET THEY CARE FOR OTHERS. THEY HAVE NO POWERS, YET THEY DESPERATELY TRY TO PROTECT OTHERS…

    Sauvez-moi, s’il vous plaît.

    C’est déchargé, madame. C’est la guerre, madame. Derrière la porte.

    Je dois repartir.


    Clignement de paupières, mains tendues devant ses mains – tout ceci est réel, je dois me comporter comme si tout ceci était réel. J’ai acquis plusieurs réflexes, au Pensionnat. Retrouver ses esprits, un tant soit peu qu’il m’en reste un seul, en fait partie. Je bats des cils, j’inspire, je lève les mains à hauteur d’yeux, j’expire, je plie un peu les genoux. Genoux pliés. Ici, le sang-froid est une affaire de survie, comme l’isolement et la transparence. Pas la transparence qui dévoile toutes vos pensées, la transparence qui vous met nu, vous rend vulnérable, faible. La transparence de l’homme invisible, la transparence du caméléon. Évidemment, quand je pense “transparence”, son parfait opposé m’apparaît. La Paon est de retour, sonnez les cloches.

    L’aigrette en couronne me fait presque mal aux yeux, tant elle est visible de loin, loin. Et il crie, il braille, il criaille, « Léon! Léon! ». Le bruit est si fort que je me bouche les oreilles. Je ne me souvenais pas d’un tel vacarme, au zoo. Mais qu’il est proche, ce paon, le Paon. Ici, on a tout le temps d’étudier, de s’intruire comme une putain d’intello. Mon goût pour la lecture est comme une honte pour moi, une sorte de péché. Valora qui lit, c’est un blasphème. Valora qui brûle un livre, bénédiction. C’est comme ça, on a du mal à se défaire d’une image, même si elle est fausse. Enfin, je me suis surtout renseignée sur les paons. Pourquoi est-ce que j'étais pourchassée par un putain d'animal à yeux faussement mystique.

    Mon paon est un mâle. Et moi, je suis une femelle. Alors là où il attrape la lumière et la transforme en plumes colorées, là où il sort du noir, moi je m’y réfugie, moi je sors de la lumière. Sur moi, la lumière n’est qu’un révélateur d’horreurs, sur lui... Le Paon n’existe que lorsque ses plumes se détendent et qu’il fait la roue, n’est-ce pas? Comme il étale les plumes de sa queue, je fais un éventail de mes doigts, et je fixe la petite tête du paon. Le garçon, pauvre petit garçon, était toujours accroupi, la tête entre ses jambes.

    Je descends mon regard vers les miennes, de jambes. Elles sont nues, et je devine la gêne de cet homme, qui n’est finalement encore qu’un enfant. Je frotte un mollet contre l’autre, presque gênée. J’en ai presque oublié l’arme à feu, la raison de ma panique, le sujet de mon réflexe d’apaisement. Tout me revient comme un élastique qui me claquerait l’œil, la joue, la lèvre. Ça fait mal, ça picote, ça brûle, et puis plus rien, anesthésie. Si seulement je pouvais ressentir ce sentiment plus souvent... Ne rien ressentir, justement. Nada, niet, rien. Le néant. Mais là, le souvenir est imprimé sur ma rétine, trop tard. Le chinois est bizarre. Je ne saurais dire s’il me méprise ou s’il se réprouve lui-même. Pas rancunière, cette fois, je décide que c’est lui, qui est misérable, qu’il doit bien se faire pitié, avec son arme déchargé – déchargée, quelle blague!

    C’est qu’un pauvre gosse, un gamin qui a la voix de travers, mal assurée. Un enfant, encore un fils à sa maman, qui ne sait pas trop quoi faire pour être un homme, s’il faut faire quoi que ce soit pour en être un. Comment m’accomplir, montrer ce que je crois valoir? Est-ce qu’il croit valoir quelque chose? Pas de chance si c’est le cas, il ne pourra jamais prouver ce qu’il est, s’il est cette chose incroyable. Le Pensionnat, c’est la dernière chose que tu vois, juste la dernière chose. Tu vois des tas de trucs avant, plus ou moins, mais cet endroit, c’est bien la dernière chose que tu vois. Et tu finis invariablement par traîner toujours au même endroit, toujours dans les mêmes couloirs, soit t’essayes de traîner en groupe, soit tu traînes tout ton soûl en solitaire, mais tu fais toujours la même chose, toujours. Tu traînes.

    Je lève les yeux.

    — Tu l’as vu, je m’écrie. Tu l’as vu, ce paon! C’est sûr que tu l’as vu!

    Le paon a disparu. Il ne reste pas longtemps, et tant mieux. Il me fait flipper, cet animal. Quand je le vois, j’ai toujours l’impression qu’il veut me faire passer un message à la con, genre, comme si j’étais un prophète, ou bien lui, j’en sais rien, j’ai séché le caté petite. J’aime pas trop la dimension philosophique qu’il se donne, c’est rien qu’un foutu paon, qui chie et piaille à longueur de temps, pas Sigmund Freud. Que mon inconscient reste où il est, inconscient.

    Même pas une plume sur le parquet en bois. Rien du tout. Bordel, ça m’énerve, que quatre-vingt pourcents de mes pensées se résument à, rien, rien du tout, néant, nada, niet, zéro, vide. À Ennis, c’était compréhensible, les vingt pourcents restants étaient constitués de “merde”, “où sont mes clopes”, “ta gueule Finn”, “TA GUEULE FINN”. Au Pensionnat, c’est vide et, mais qu’est-ce que c’est que ça. Choc et inanité. De quoi finir par frapper son front contre un mur ad vitam.

    Je dois repartir.

    Moi aussi, mon chou. Rien que pour jeter un coup d’œil, j’ai besoin de sortir. Je pose une main sur son crâne, et je tripote nerveusement une mèche de ses cheveux.

    — On le doit tous, sauf les grands tarés.

    Y en avait.

    Je me penche en avant, et d’un coup sec, je relève le bonhomme par les aisselles. Une fois debout, j’époussette ses épaules, je tapote le haut de ses bras. Courage.

    — Tu as lu les papiers là-bas? Tu as compris?

    Papiers incompréhensibles parce qu’impossible à concrétiser dans les faits, la réalité. Je les ai même pas lu quand je suis arrivée. J’avais autre chose à foutre – trouver une porte ouverte – et finalement, carrément autre chose à foutre – suivre Ether, good idea. Je n’ai parcouru le tableau d’affichage que très longtemps après, en passant devant par hasard. Je savais déjà tout, mais ce fouilli m’a tout de même embrouillée. C’est compliqué de dire « considère-toi comme mort, car ici tu l’es »? Brutal mais efficace.

    Puis, l’arme revient au premier plan de ma concentration. Je me détourne du bridé, prends l’arme entre ses bras fatigués. Doucement, doucement. Faudrait pas l’énerver, manquerait plus que ça. Je pose le fusil loin, au fond de la pièce, pas contre le mur, mais à terre, pour éviter qu’en tombant, il y ait déflagration. J’en connais des choses. Seoirse s’est pointé avec un flingue, un jour. Ce fut le seul jour où Noreen m’a apprise un truc vraiment utile, autre chose qu’une formule de maths. Gérer un mec avec une arme potentiellement dangereuse. Plein de mots, une arme est dangereuse.

    — Sérieux, d’où tu viens, je demande, en revenant vers lui, l’air le plus intéressé possible.

    Autant dire que c’était pas gagné gagné.
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MessageSujet: Re: In the Wrong Place, at the Wrong Time.    In the Wrong Place, at the Wrong Time.  Icon_minitimeVen 16 Nov 2012 - 21:11

    — Tu l’as vu. Tu l’as vu, ce paon! C’est sûr que tu l’as vu!

    In Ho n'avait rien vu. Depuis qu'il était ici, il ne voyait plus rien. Il n'entendait plus rien. Et ne voulait plus rien. Il se repentait intérieurement, simultanément, il réfléchissait à folle allure pour trouver un moyen de sortir d'ici. Ignorant la femme, il soulevait les pires frayeurs qu'il pouvait s'imaginer. Les phrases pourtant affichés ne s'évaporaient pas de ses pensées aussi déchargées que son fusil. Je vous souhaite la bienvenue, en tant que pensionnaire, dans votre nouvelle et éternelle demeure. Le frisson le plus sincère du monde lui parcourait le dos, redressant ses poils cramés un par un, jusqu'au dessus de son crâne, de ses cheveux bouffi. La bienvenue, en tant que pensionnaire. Nouvelle et éternelle demeure. Le cœur du malheureux coréen battait de plus en plus vite, paniquait à vue d’œil, et plus il réfléchissait, plus il se sentait impuissant. Cette impuissance ne le rendait pas plus déterminé, il jouait au crève-cœur, décidément trop démonté par la réjouissance de se retrouver enfermé.

    In Ho lève la tête fébrilement, faiblement. Il n'en a pas envie, il aimerait rester des années, mort dans cette position, inconfortable. Il secoue la tête tout en refusant de croiser le regard de la femme étrange. Et vulgaire, parce qu'elle avait dit « grands tarés ». Le coréen n'était certes pas le plus distingué ni le plus courtois de son temps. Mais de là à dire, grands tarés à des personnes qu'elle ne connaissait certainement pas, il la trouvait tout simplement d'une vulgarité sans précédent. Asseyez-vous confortablement sur le sol dur, et faites comme lui, profitez de la froideur du carrelage par-terre, les fesses bleues par la solidité de ce sol sévère. Devant les cuisses serrés de la demoiselle, il faisait mine de regarder l'animal, qu'il ne voyait pas et qu'il n'avait jamais vu de sa vie. Qu'importait de voir un animal rare quand il ne pouvait le dire à personne. À une pensée bien trop faible, il se surprenait à retrouver les larmes de tantôt. Il était tellement occupé à essuyer les flots de larmes de son revers de manche de son vêtement militaire.

    En vérité, les larmes venaient aussi en partie à cause de l'inquiétude, de la perte de la guerre. Et si, ils perdaient la guerre ? Et si, sa nation avait perdu et qu'ils se retrouvaient tous à se faire crever par les nord-coréens le plus cruellement possible ? Et si, ils se faisaient colonisés et qu'ils subissaient exactement ce qu'ils avaient subis lors de la colonisation japonaise, quelques dizaines d'années plus tôt ? Et si, sa mère se faisait égorger parce qu'elle n'était bonne à rien ? Et si elle se faisait déporter pour devenir la femme la plus prostituée et la plus honteuse du monde ? Il en avait assez, de toutes ces questions. Il devait trouver un moyen de retourner de là où il venait, quitte à découvrir l'horreur de ses propres yeux. Quelque soit le nombre d'années qu'il mettait, quelque soit le monde qu'il croisait, il ne voulait plus douter, hésiter. Il ne voulait plus de ces questions stupides qu'il se posait à lui-même, il voulait la vérité, le vrai, une certitude qui faisait qu'il serait en vie. Et aussi à cause de la chaleur, il faisait une température agréable, ici. Alors qu'il vivait dans un froid effroyable depuis des semaines, depuis sa naissance tout compte fait. La chaude atmosphère qui se dégageait de cet endroit frigorifiant le touchait au plus profond de lui. Si seulement il avait pu emmener sa mère, au moins. Si seulement il pouvait protéger ses amis et compagnons de régiment dans cet endroit. S'il avait su plus tôt.

    Alors qu'il se voyait extrêmement remonté à bloc, la femme étrange et vulgaire, le remit en place dans son trop de dynamisme. Il se forgeait d'elle, un nouvel adjectif la définissant. Étrange, vulgaire et audacieuse. Presque intrépide. Elle était belle, mais vulgaire et atrocement excentrique, excessivement ivre de ses gestes. Il la dépassait bien d'une tête au moins, mais elle entreprit de lui détourner l'arme qu'il portait pour aller la poser quelque part. Ça avait dû être lourd. Et ne redoutait-elle pas qu'il allait mal réagir ? La femme était encore inférieure, trop faible et impuissante pour aller de l'avant ainsi. Est-ce qu'ils avaient la même façon de penser ? Est-ce qu'elle savait qu'elle n'avait même pas le droit de s'afficher ainsi devant les yeux d'un homme presque majeur ?

    Il fronça les sourcils et alla reprendre son arme. Qu'il étreignait plus qu'avant, pour ne pas qu'il la perde. C'était son seul moyen d'attache à ce qu'il venait de vivre, à ce qu'il allait vivre à partir de ce présent. Il tremblait toujours, le nez qui coulait, les yeux encore trop larmoyants mais ce n'est pas ce qu'il voulait montrer. Il vint se poser devant la femme étrange, et lui enleva son épaisse veste pour la lui poser sur l'épaule. Sa veste sale mais assez chaude de sa propre chaleur devrait lui faire comprendre qu'elle devrait se couvrir plus à l'avenir. Attentionné, un brin, peut-être pour sa propre conscience. Et il se décida à répondre à sa dernière question, bien que ce soit la seule réponse qu'il allait lui donner. Instinctivement, de manière la plus militaire possible, il s'écria, regardant droit devant lui.

    — Baek. In. Ho. Corée du Sud, régiment 71, nous devions protéger la dernière ligne de défense. Pourriez-vous, m'aider à repartir, s'il-vous-plaît ?
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In the Wrong Place, at the Wrong Time.  _
MessageSujet: Re: In the Wrong Place, at the Wrong Time.    In the Wrong Place, at the Wrong Time.  Icon_minitimeDim 18 Nov 2012 - 18:36

    CLOSE SOME DOORS. NOT BECAUSE OF PRIDE, INCAPACITY OR ARROGANCE, BUT SIMPLY BECAUSE THEY NO LONGER LEAD SOMEWHERE.


    — Baek. In. Ho. Corée du Sud, régiment 71, nous devions protéger la dernière ligne de défense. Pourriez-vous, m'aider à repartir, s'il-vous-plaît?

    Je cligne des paupières, je me frotte les yeux. Il n’y a rien. Pas d’eau, pas de sel, pas de buée pour obstruer la vue. Pourtant, ce qu’il avait fait, Baek-In-Ho, c’était émouvant, c’est certain. N’est-ce pas? Comme un mirage, je le vois aller récupérer son arme, sa stupide arme. Ici, la scène est comique, j’aurais pu rire aux larmes de l’absurde de la situation. Seulement, je suis juste restée perplexe, toujours à la même place, figée parce qu’embarrassée. Je tourne à peine la tête, juste la tête, sur le côté, et puis je le suis du regard, jusqu’à ce qu’il revienne devant moi, gentil automate. Ne jamais perdre de vue un homme qui tient une arme. Une arme, même déchargée, elle pèse plus lourd qu’un poing fermé.

    Et puis il pleurait, il pleurait. Il chialait tellement que j’en avais envie de tirer son pantalon informe et de vérifier si je m’adressais bien à un homme. Sérieusement, quelqu’un peut-il pleurer autant? Mais le plus drôle, le plus triste, le plus perturbant, c’est ce qu’il a fait après. Son arme entre les bras, il a réussi à poser sur mon épaule, dans un équilibre fragile, sa veste dégueulasse. C’était gentil, galant même, au siècle dernier. Oui, ce type n’appartient clairement pas à la même époque que moi, je n’ai pas les yeux pleins de larmes, vous vous rappelez? Je vois très bien que ce gars-là ne vient pas du XXIème siècle. Me voilà une réponse. Une réponse que j’ai du dénicher seule, tellement le chinois est désespérant dans ses réponses, ses contraires de réponses, ses silences.

    Alors, je me rends compte que je devrais chialer, moi aussi. Chouiner au moins. Mais Val’ ne pleure pas. Valora elle cogne un mur, se pète une phalange, insulte l’infirmière aux Urgences et rentre chez elle la fierté au fond des chaussettes. Je. Ne. Pleure. Pas.

    La Corée, alors. Dans mon crâne, les informations défilent. Les plus marquantes, d’abord, celles dont je me souviendrai à coup sûr toute ma chienne de vie. Il y a un an, je n’étais pas ici, j’étais dehors, j’étais en Irlande, en... 2001. 2001, le onze septembre, Pékin aux Jeux en 2008. Je ne verrai jamais 2008... La Planète des Singes. Rien sur la Corée, rien. Le onze neuf avait envahi les écrans, les esprits, le terrorisme avait été inventé. La Corée, c’était loin, c’était obscur, embrouillé. La Corée du Sud, la Corée du Nord, c’étaient des histoires dont on n’avait pas besoin. Nous, pauvres anglophones, étions obnubilés par nos frères. Le reste du monde, on s’en branle. Enfin, moi je me foutais de tout, même de deux tours écrasées à la con.

    Je comprends rien, bordel.

    Il y a certaines choses dont je suis sûre et certaine. 1, Baek-In-Ho est coréen, 2, il fait partie de l’armée, 3, il est teubé. Il doit être assez vieux, pour faire la guerre, du côté du Pacifique il n’y a pas de mouvement international depuis un bail. La Corée du Sud est juste à côté – logique – de la Corée du Nord. Ça doit avoir un lien. Ne savaient-ils pas lire, là-bas? C’est stupide, ici, tout le monde comprend tout le monde, et le langage passe aussi à l’écrit, alors son correcteur de langues made in Pensionnat doit être en marche. Donc il est idiot, ou encore sous le choc, pour me poser une telle question – la seule, depuis le début.

    — Soit, bien, très bien. (Silence.) Non! Mais non, ça ne va pas très bien. Garçon, as-tu la moindre notion du bien et du mal? Ici, bienvenue, tu es dans l’œil du cyclone. Le mal, c’est tout ce qui t’entoure, et parfois même, à l’intérieur de toi. C’est dommage, ouin-ouin et tutti quanti.

    Je me rapprochai de lui, d’un pas alerte. Mes deux mains collées sur ses épaules, je le secoue une fois, vivement.

    – Maintenant: stop. Tu veux sortir d’ici? Génial. Pour trouver la sortie de secours, il va falloir que tu fasses quelque chose. Croire dur et fort que tu es coincé ici pour l’éternité, peut-être même pire. Sans ça, l’espoir rongera tes actes et ce sera trop tard, l’endroit t’aura englouti. Pigé?

    J’avais besoin de reprendre mon souffle. Je ne m’étais jamais prise la tête à ce point, mais, de toute façon, chaque arrivée est différente et aucune habitude n’est possible ici. Je tourne la tête sur le côté et j’observe la statue de marbre derrière nous. Aucune habitude, ici, c’est la routine.
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MessageSujet: Re: In the Wrong Place, at the Wrong Time.    In the Wrong Place, at the Wrong Time.  Icon_minitimeSam 24 Nov 2012 - 22:03

    In Ho essayait vainement de se tenir le plus droit et le plus immobile possible sous les secousses de la jeune femme étrange. Il la trouvait de plus en plus louche, il hésitait à se couper un doigt voir s'il ne rêvait pas, s'il n'était pas mort sous la pluie de balles, le scénario le plus crédible, en soi. Et puis elle parlait, elle parlait, In Ho comprenait tout. Le plus humiliant, c'est qu'il savait qu'elle avait raison. Ses mots lui déchiraient les derniers espoirs qui résidaient en lui mais elle avait affreusement raison. Il ne pouvait approuver, à vrai dire, même s'il savait ô combien elle était la voie à suivre, acquiescer serait comme accepter sa vie ici. Accepter et chercher bêtement la cause de son transfert dans cet endroit immense. Il savait que sans elle, la femme bizarre, il serait perdu. Mais sous l'effet de la provocation, il s'écria.

    — C'est impossible madame! Si je ne peux pas sortir maintenant, je ferais en sorte que je puisse sortir d'ici quelques heures. Je ferais tout pour sortir d'ici, je pousserais la porte s'il le faut, je détruirais mes deux bras si la porte ne cède pas. Il faut que je rentre, ce n'est pas un besoin madame, ni une envie! C'est une obligation, je n'ai pas le droit d'accepter la réalité si je veux rentrer.

    Le ton haussé, criard, Baek In Ho déversait malgré lui encore quelques larmes sur ses manches mouillés. Il craquait, il était à bout de cette histoire absurde. Il savait qu'il ne pouvait pas sortir, mais la réalité le rongeait, il n'avait pas envie de finir comme tous les autres, qui semblaient tout accepter même s'ils n'avaient qu'une envie, sortir. Voir l'extérieur, voir sa vie et ses proches pour leur annoncer qu'ils sont encore en vie. Soulevant toutes les douleurs des familles et crucifiant les heures de solitude et de pleurs. Il dégagea poliment les mains de la femme de ses épaules et se courba légèrement. Habitude de politesse, plus un réflexe qu'une vraie marque de respect.

    — Je suis désolé de ma maladresse envers vous, madame. J'y vais, maintenant, veuillez m'excuser.

    Il se releva lentement. Il soupirait toutes les cinq secondes, il ne voulait pas se dire qu'il était dans un espèce de coin de paradis par rapport à l'endroit où il se trouvait. Peut-être qu'il serait même mieux ici, plus à l'abri que là où sa vie risquait d'être détruite par un éclat d'obus. Il ne connaissait pas le nom de la madame mais ça ne le dérangeait pas, ce genre de choses ne se demandaient que très peu aux inconnus restant inconnus. Ses paupières lourdes l'invitaient à chercher et trouver le sommeil mais il n'en voulait pas. Il marchait, plus le plus fièrement possible, retenant encore et encore ses maudites larmes en grimaçant le plus laidement possible. Il n'en voulait pas non plus, de cette faiblesse. La seule chose qu'il trouvait à faire après avoir perdu sa vie était de pleurer, sans cesse, intérieurement puis extérieurement. C'était encore plus triste que de perdre dix de ses amis au combat. Maintenant, il ne pouvait même plus prier sur leur tombe, leur raconter qu'ils avaient gagné la guerre, qu'ils allaient demeurer de valeureux soldats de 1953. Il ne pensa même pas demander à la femme si elle y connaissait quelque chose. Si elle savait qui avait gagné cette satané guerre inutile. Il espérait secrètement que quand il allait y retourner, l'unification aura déjà eu lieu. Et qu'il retournerait dans une Corée prospère avec sa mère qui l'attendrait. Impossible. Impossible. Acharné par son besoin d'être là-bas, auprès des autres. Des siens. Obsédé par l'envie d'étreindre sa mère et ses amis entre ses bras.

    Il avait dit qu'il y allait, mais il ne savait même pas où, il ne voulait pas savoir où. Chercher des personnes qui étaient dans le même cas que lui, peut-être. Mais sa démarche morbide ne dura pas longtemps. Sous l'effet de la malnutrition, la fatigue accumulée durant ces dernières semaines, son peu d'heures de sommeil et tout l'effort surhumain poussé par les combats l'avaient complètement épuisés. Sa raison et sa conscience désaltérées, il perdit connaissance et s'effondra sur le sol dur. Le bruit de son fusil cognant le sol semblait fracassant, sûrement aussi fracassante que la situation qu'il venait de vivre. Les joues trempées, il gisait parterre, les yeux clos, presque mort. Il avait faim, il avait froid, il était sale et était fatigué, nerveux, stressé.

    In Ho ne savait pas quoi faire après qu'il allait certainement perdre connaissance. En fait, plus il y réfléchissait, plus il se perdait. Plus ses pensées se mêlaient dans un fouillis impossible et tout de suite, il pleurait. Alors il essayait de chasser l'avenir de son cerveau, il essayait de prétendre que son futur n'existait pas. Il s'encourageait, s'auto-persuadait. Il allait vivre, y retourner, coûte que coûte. Malgré les apparences, Baek In Ho était le plus sûr de lui, le plus déterminé, le plus décidé. Le plus irréaliste, le plus rêveur, le plus craintif en contrepartie. Il n'aimait plus l'avancement de sa vie, il n'aimait pas le dénouement de sa pitoyable histoire. Il fallait réfléchir.

    Mais pas maintenant, In Ho se reposait sur le sol le plus confortable qu'il n'avait jamais senti de sa vie. Il dormait, au chaud, sur un sol encore plus moelleux que son lit.

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MessageSujet: Re: In the Wrong Place, at the Wrong Time.    In the Wrong Place, at the Wrong Time.  Icon_minitimeDim 25 Nov 2012 - 21:43

    Don’t just think about the ones you've lost. You can’t get back what you’ve lost. What is that you still have? Rise it to the top.

    Il part. C’est aussi simple. Il part. Ce qui est moins évident, c’est la direction qu’il a prise, là où il part. Moi, quand je me suis rendue compte du piège, j’ai couru vers la porte, j’ai essayé d’en sortir. Mais où va-t-il, qu’essaie-t-il? La seule sortie existante, je le sens instinctivement, c’est la seule entrée qui existe. Sort par où tu es entré, fais-toi aspirer dans l’autre sens. Je suis perplexe. Où Baek. In. Ho. Compte-t-il aller? En partant vers l’opposé, en s’éloignant de la seule ouverture au monde tel que nous le connaissons, chacun avec sa perception de ce même monde. Je fais volte-face comme il s’en va, le suivant du regard. Je ne peux plus rien pour lui.

    Alors que je le regarde partir, seul, et que je pense à me rouler un joint avec l’herbe que je cache sous mon matelas, j’ouvre la bouche sans même y réfléchir, inconsciemment, et je lance, sans crier:

    — Valora, moi c’est Val’.

    Et puis, je lui tourne le dos, et je m’adosse à la porte verrouillée, cette putain de porte qui nous aura tous fait chier, pleurer, mourir à l’intérieur.

    — Gamin, je marmonne pour moi-même.

    Il deviendra fou. Pas comme les autres, qui s’éclatent à rechercher des bouts de papier comme s’ils participaient à la course d’orientation à l’anniversaire du gosse de riche du coin. Comme si on allait pouvoir sortir de cet enfer, comme si on allait pouvoir en sortir. Et dire que la majorité de ces crétins ne voulaient même pas dégager, retrouver leurs vies. La mienne elle valait pas grand chose, mais au moins, j’avais un but, des rêves, des emmerdes. Ici, j’ai rien, personne ne sait qui je suis, personne ne me voit, personne ne se voit vraiment. Les gens changent lorsqu’ils s’habituent à vivre ici. Comment peut-on s’habituer à vivre lorsqu’on se sait mort?

    Et puis, tout à coup, il tombe. Enfin, ça me semble soudain, à moi, mais il ne marchait pas droit, il n’avait pas l’air à l’aise. C’est normal, comment peut-on réagir normalement, posément, calmement, lorsqu’on découvre l’entourloupe, la supercherie de cet endroit? Le Pensionnat nous rend fous.

    — Hé, je m’exclame tout de go.

    Je m’élance vers le corps étalé sur le parquet. Je dérape en arrivant à sa hauteur. Le pauvre, quand même. Il est arrivé avec une arme, il débarque d’un tout autre lieu et d’une toute autre époque que la mienne, je le sais, je ne suis pas idiote, ces problèmes surpassent les miens les doigts dans le nez. Je m’en veux d’avoir été aussi sèche, aussi brutale. Mais je ne suis pas mieux, je n’ai pas de formation en psychologie, je ne me revendique même pas spécialiste comportementale, je suis aussi perdue que lui. Aussi larguée, paumée.

    — Réveille-toi, hé, réveille-toi!

    Je le relève avec le peu de force que je trouve dans mes bras. Beaucoup, apparemment. Ou alors est-ce lui qui est si léger, si maigre sous ses vêtements, son uniforme sale? Il me fait de la peine. De la peine, comme une soeur pour un frère, comme une maman pour son fils. Je bascule son poids contre mon épaule, et je le secoue un peu. J’ai l’impression de passer mon temps à le secouer, ce gars.

    — On va aller dormir dans un lit, Bek, d’accord. Tu veux bien m’aider, je ne sais pas si j’aurai la force de te supporter tout le chemin. Après, promis, je te laisse dormir. Mais tu ne vas pas dormir sur le sol, n’est-ce pas?

    Je suis une maman ours. Du bout de l’index, je range une mèche de cheveux ébène derrière une oreille, une caresse que je veux aussi douce qu’une plume. Soit, Valora et plume sont aussi éloignés que propreté et égout, mais on peut tout apprendre, si on prend le temps. Je reprends mes forces en m’arrêtant une seconde, le poids du corps de Bek contre le mien, et je reprends la marche. Tout ira bien.

    — Tout ira bien.
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MessageSujet: Re: In the Wrong Place, at the Wrong Time.    In the Wrong Place, at the Wrong Time.  Icon_minitimeDim 20 Jan 2013 - 14:16

    Il demandait à n'être qu'éveillé de son cauchemar écœurant. Écœurant car inconnu, cauchemar car inconnu. Au moins pouvoir se réveiller parmi les cadavres, au moins pour pouvoir pleurer sur sa fierté, au moins pour entendre les mots doux, on a gagné. La douce secousse qui le berçait l'atteignait soi-disant un peu, le corps relevé, le visage touchant la peau de la fille, il peinait à ouvrir les yeux. Non pas qu'il ne l'entendait pas, mais plus qu'il ne voulait pas entendre. Elle murmure des promesses qui seront tenues, elle lui disait qu'il fallait qu'il l'aide. Mais In Ho était avant tout découragé, il doutait s'il pouvait même aider. Il se foutait dans la conscience qu'il n'était plus capable de rien, qu'il n'était plus rien, c'était pire que la déprime, c'était pire. Mais il secouait lui aussi ses dernières forces, pour quitter le sol chaud et aller se mourir contre le corps de la jeune fille.

    Il était désolé. Il était sacrément navré pour elle, d'être tombé sur un être pitoyable pareil. Il était aussi reconnaissant. Il était vraiment content de l'avoir eu elle, pas un autre. Un peu de réconfort, pas de froissements quelconques. Il aimerait la remercier de lui avoir dit que « tout ira bien ». Tout n'ira forcément que plus mal, certes. De la manière la plus improbable possible, ils réussirent à changer de place. Valora, la fille étrange, venait de lui dire les mots les plus doux et les plus effroyables qu'il pouvait entendre sur cette Terre, encore faudrait-il qu'ici soit une Terre. Tout ira bien. In Ho dormait déjà à moitié, il était fatigué plus que quiconque. D'avoir peut-être trop pleuré, d'avoir peut-être trop crié là où il était censé s'éteindre, peut-être d'avoir trop exagéré en dépit de la situation. Lui, d'habitude si calme, avec de l'espoir comme de la joie de vivre, lui, et son doux rire démesurément flegmatique.

    Reposé, il n'ira pas mieux. Tout ira bien, mais tout ira bien sans lui. Tout semble paisible et pacifique, c'est ce qui l'anéantit, parce que savoir pour lui seul un lieu pareil, c'était seulement et complètement déraisonnable. La détente qu'il pouvait obtenir en ce lieu était tout autre que celle qu'il aurait pu avoir chez lui, mais perturbé, cette détente ne pouvait qu'être inquiétude, une fleur nommé patience était la seule chose qu'il était capable de contempler. La placidité et la tranquillité de Valora lui faisait peur, il avait peur de devenir comme elle. De ne plus être paniqué, il savait très bien que la panique allait bientôt partir pour laisser place à ce caractère placide sans encombre.

    Il aurait voulu ne jamais se réveiller.



    PS : je suis navrée de l'attente ! je ne sais pas si tu souhaites continuer, du coup j'ai nuancé un peu la fin.
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MessageSujet: Re: In the Wrong Place, at the Wrong Time.    In the Wrong Place, at the Wrong Time.  Icon_minitime

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