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 Daltoniens [Libre]

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"HONK HONK HONK"
Krahan
Krahan

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RP en cours : Blood, toil, tears, and sweat

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Daltoniens [Libre] _
MessageSujet: Daltoniens [Libre]   Daltoniens [Libre] Icon_minitimeSam 19 Jan 2013 - 16:26

    Imaginez-vous un homme qui n’a jamais vu le moindre objet en verre. Le verre est un concept totalement impossible pour lui, comme le vert pour le daltonien. Quand les Européens arrivaient en Afrique ou en Amérique, ils obtenaient des ressources très précieuses, de l’or, des esclaves en l’échange de simples billes de verre. Ces objets paraissaient irréels. Comme des larmes devenues solides. Comme une manifestation des esprits de la nature.
    Alors imaginez-vous un homme qui n’a jamais vu le moindre objet en verre, une fois confronté à une fenêtre. C’est fait ? Maintenant, imaginez-vous que cet homme est un être plus petit que la moyenne, d’environ un mètre soixante-dix, très trapu, aussi musclé qu’un bœuf et aussi poilu qu’une femme qui n’a jamais rencontré de cire ni de rasoir. Ajoutez un pagne en peau de bête et une lance au bout duquel se trouve un silex. Voilà ? Cool. Vous trouvez que c’est une scène amusante ? Cocasse ? Délirante ? Fascinante ? Inintéressante ? Impossible peut-être ? Pourtant, elle a lieu, là, dans le hall d’entrée.
    Notre homme en pagne, c’est Krahan. « Fils du grand Skarom, chef du clan du Roc Vert » ajouterait-il d’un ton impérieux. Et donc Krahan, dans le hall d’entrée, regarde la fenêtre. Qu’est-ce donc que cet air devenu solide ? Derrière, il voit des choses qui semblent exister ; mais ne serait-ce pas plutôt une forme de peinture, sur cette forme de morceau de caverne qu’est la grotte ?
    Voilà bien une demi-heure qu’il est entré dans le pensionnat. Mais il ne sait pas ce qu’est un quart d’heure ; il n’a absolument pas la même notion du temps. Pour lui s’est écoulé quelques pouces sur la clepsydre, quelques doigts de soleil. Oui : Krahan va être dans la merde pour comprendre de ce que l’on parle ici.
    Il chassait, courrait après un animal quand il a glissé, trébuché et roulé le long d’une pente. En dévalant, il est entré accidentellement dans une grotte étrange. Le sol est lisse comme l’eau d’un lac paisible, couvert de bois, des objets étranges et inconnus sont partouts, la forme de cette caverne n’est pas usuelle. Un rocher de bois – si si – s’est immédiatement posté devant la sortie, l’enfermant désormais. Il a essayé de l’enlever, mais rien à faire, elle ne bouge pas. Merde. Inquiet, Krahan fronce les sourcils. Comment est-ce possible ? Il ne veut pas rester ici… Cet endroit, il est malsain. Il sent… la malédiction. Il sent le Sapiens.
    Les Hommes Autres, comme il les appelle, à défaut des mots savants que nos archéologues ont élaborés, ont des odeurs parfois très différentes. Mais le chasseur expérimenté saura toujours reconnaître le fond commun de ces centaines de parfums variés. D’où qu’ils vaillent, quoi qu’ils fassent, Krahan les reconnaîtra toujours, ces monstres tueurs. Cet endroit est habité par les Autres, il en est certain. Et ils doivent être terriblement forts pour avoir réussi à enfermer leur victime sans qu’il ne puisse les apercevoir. Des diables, des créatures malsaines, des esprits mangeurs d’âme qui viennent hanter vos nuits !
    Krahan fonce contre cet objet qui lui est inconnu – il apprendra plus tard qu’il s’appelle « porte ». Il essaie de la forcer, de la casser, il la frappe de ses poings et de ses pieds ; mais rien à faire, elle ne bouge pas. Il est enfermé. De rage, Krahan commence à frapper tout ce qui se trouve à sa portée : cet espèce de meuble bizarre – un fauteuil -, la teinture qui couvre la paroi de la caverne – une tapisserie… Il panique, hurle. Sans comprendre. Des bouts de papier expliquent tout, dans un coin de la salle, mais Krahan ne sait pas lire. Serait-il seulement capable de comprendre ce qu’est l’écriture ? Des symboles qui traduisent des sons, des sons qui traduisent des mots, et des phrases et des messages entiers que l’on fait parvenir ? Comme ça, à partir de simples petits traits ? Impossible à enregistrer. Il n’a même pas idée d’aller voir ce qui est écrit.
    Il hurle encore. Un long hurlement, celui de l’enragé qui comprend qu’il est foutu, de l’homme dont on arrache tous les espoirs. Le cri finit par s’éteindre. Il respire bruyamment, comme un chien qui halète. Il est enfermé. Et bientôt, il le sait, des hordes de Sapiens vont se ruer sur lui et le dépecer. Ils ne font que ça, ces monstres. Des tueurs, des exterminateurs. Ils ont déjà buté pratiquement tout son clan. Et maintenant, c’est lui qu’ils vont tuer.
    Krahan n’est pas le genre d’homme qui pleure. Il s’exprime par la destruction. Une table basse Louis XV y passe : cassée en deux au milieu de la salle. Il ne comprend pas, il ne comprend rien. Il ne comprend pas cette fenêtre qu’il regardait tout à l’heure, cette porte qui lui bloque l’accès vers l’extérieur, ces meubles qui ne lui sont pas familiers – comment ont-ils été conçu bon sang ? Par quelle sorcellerie a-t-on pu faire tant de choses ? Lui ne connaît que le bois, la pierre et les tentures de peau. Lui ne connaît pas le monde moderne. Ni même l’Antiquité. Juste le bois, la pierre, la peau et le sang versé.
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Daltoniens [Libre]

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