[SUITE DE CE HOT TOPIC]

Pendant le voyage, Kurogane n'avait pas pipé mot, trop occupé à jeter des coups d’œil furtif autour de lui pour il ne savait trop quelle raison. Plus particulièrement que d'habitude, il se faisait parano et n'avait guère envie de se faire déranger alors qu'il se trouvait avec Emrys.
Celui-ci ne semblait d'ailleurs pas avoir été dérangé par son silence, l'ayant comblé magnifiquement. Le samouraï se sentait un peu nul de ne pas rendre le flot de parole que lui offrait si généreusement son compagnon mais, de ce côté-là, il n'y pouvait rien. La seule chose possible était d'espérer qu'il ne le peinait pas.

Le parc était calme, comme à son habitude, bien que quelques couples purent être aperçus ici et là, roucoulant et ne faisant pas attention à eux. Tant mieux.
Sans trop réfléchir, Kurogane les menait du côté de là où il avait l'habitude de s'entraîner.

Emrys fut plus que ravi de sentir Kurogane acquiescer silencieusement à sa proposition — même si okay, techniquement, il n'avait rien acquiescé du tout. Mais se mettre en route devait bien vouloir dire la même chose, non ? Il l'aurait dit, s'il n'était pas d'accord. N'importe qui aurait protesté au lieu de se mettre à marcher, c'était la base de tout. Enfin peut-être pas de tout, mais peu importe. Il se comprenait.
Littéralement accroché à son bras, le britannique se fit deux trois fois la remarque que le samouraï n'avait rien d'ordinaire, et qu'en vertu de cela il ne communiquait peut-être pas non plus comme les autres (quoi de plus normal) ; heureusement, face au doute terrible de ses intentions, il se rassura chaque fois en songeant que s'il ne l'emmenait pas au parc, alors il l'emmènerait ailleurs de tout aussi parfait. La question ne se posait pas. Un homme de valeur comme lui n'aurait jamais osé lui faire le moindre mal, c'était l'évidence même. Il n'avait rien à craindre.
D'autant que même s'il lui avait marché dessus, il n'était pas certain qu'il aurait réussi à s'en formaliser.
L'idée avait quelque chose de vaguement effrayant, remarquez. Il se rendait bien compte que ce n’était pas tout à fait normal ; la partie de lui qui réfléchissait encore tentait de blâmer plus que son propre pouvoir, mais il l'écoutait à peine. Si son amour pour le nippon dépassait l'entendement, il n'y pouvait strictement rien.
A part l'aimer, donc.

Autant dire qu'il s'y appliquait avec une belle énergie.

« ... Et je me demande si Soren va bien, tiens. Tu le connais ? Je suis sûr que tu le trouverais génial ! »

Présenter son âme-sœur à sa presque-famille était une étape importante, mais il ne comptait pas les brûler non plus. Un peu de patience.
Appuyé contre son épaule, il jeta un coup d’œil au parc alentours. Il n'était pas trop sûr d'où ils se rendaient exactement, dans la mesure où il avait juste dit "le parc" et que ça n'aurait pas pu être plus vague, mais Kurogane avait l'air de savoir où il allait.
Bon point pour lui. C'était à se demander s'il avait le moindre défaut.

« Et comment ça se fait que t'es célibataire ? C'est bizarre. Je veux dire t'es beau, t'es grand, t'es cool, t'es gentil, t'es respectueux, t'es patient... »

Sur quoi il continua donc d'énumérer des qualités au hasard, fort de la théorie selon laquelle "Kurogane a toutes les qualités, même pas besoin de vérifier pour le savoir".


hs ; Emrys réfléchit trop dsl c lamour

Emrys était tellement pétillant de bonne humeur, tellement ... bavard. Cependant, si d'ordinaire ça aurait pu le saouler complètement et qu'il lui aurait bien demandé gentiment de la mettre en veilleuse ... Eh bien, là, c'était bien la dernière chose qu'il avait envie de faire. Il était capable de supporter beaucoup de chose quand il respectait les gens mais, Emrys, c'était la première fois qu'il lui parlait vraiment.
Pourtant, dans son cœur, l'impression de le connaître depuis des années persistait.
Et il aimait sa voix plus apaisante qu'irritante.

Lorsqu'il commença à le complimenter, la gêne vint parer de pourpre le visage du samouraï. Jamais personne ne lui avait parler de cette façon, bien au contraire. Il n'avait pas le temps de remettre en question ses paroles - pourquoi, après tout ? Emrys ne pouvait être que sincère. Sans qu'il ne s'en rende compte, un sourire bête s'était dessiné sur son visage mais, heureusement, celui-ci disparut aussitôt que Kurogane se rendit compte qu'ils étaient arrivés.
Il reconnaissait l'arbre, à demi-caché derrière des buissons qui venaient faire paravent pour un minimum d'intimité. Ce n'était jamais suffisant, mais bon ... De là, ils avaient aussi une vue dégagée sur le lac.
Il faisait particulièrement beau aujourd'hui, il avait l'impression.

Se retournant vers Emrys, Kurogane lui prit doucement les mains instinctivement.

« J'ai l'habitude de m'entraîner par ici. C'est ... un joli coin, non ? »

Il ne savait pas du tout pourquoi il était ainsi, presque gêné. Il souhaitait très fort que le lieu plaise au jeune homme ...

Les yeux d'Emrys papillonnèrent du visage de Kurogane jusqu'aux mains qui tenaient à présent les siennes, positivement fasciné par le joli contraste de leurs peaux et le fait, plus important en soi, qu'il lui tenait les mains mon dieu.
Tout concentré qu'il était à tenter de calmer les battements hyperactifs de son cœur en liesse, il faillit bien ne pas entendre ce que le samouraï était en train de lui raconter. Seule la petite pointe de panique ressentie en se rendant compte qu'il avait raté les premiers mots le poussa à se concentrer sur les suivants, yeux de nouveau plongés dans les siens, l'air bête mais non moins intéressé par la moindre de ses paroles — qu'il buvait, assez littéralement.
Il aurait pu lui réciter une liste de courses qu'il aurait applaudit ses talents naturels en haïkus, à ce stade, mais ce n'était pas la question. Et puis sa diction méritait clairement d'être félicitée. Il parlait très bien. Sa voix était très jolie.
Enfin, belle. Virile. Bref. L'adjectif mélioratif de son choix.

Avoir l'habitude de faire la cour aux filles l'handicapait un peu, pour le coup. Mais qu'à cela ne tienne ! Habitué ou pas, il trouverait quoi dire pour faire chavirer son cœur de garçon.

« Oui ! C'est très joli, répondit-il, sourire béat aux lèvres, tout sauf pressé de devoir glisser ses doigts loin des siens. Et puis ça a l'air tranquille... »

Il n'était pas trop sûr d'en quoi c'était une bonne chose, mais il faisait confiance à son instinct. C'en était une. Sans doute que battre des cils en public aurait eu quelque chose de gênant, même pour lui.
Oh, et Kurogane était peut-être un peu timide. Ça expliquerait sa réserve.

« Et y'a le lac ! fit-il remarquer très intelligemment, l'air ravi par cette découverte. Tu t'entraînes à quoi, ici ? »

A être parfait, sans le moindre doute. Malheureusement, si cette certitude ne manquait pas de véracité, elle péchait côté précision.
Or, des précisions, il en voulait plein.