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 Je délace tes arabesques. [Antoine]

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Leia Sørensen
Leia Sørensen

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• Pouvoir : Rendre les murs transparents. L'énervez pas, elle a une prédilection pour les salles de bain et les chambres à coucher.
• AEA : Une sympathique souris de laboratoire du nom d'Hedvig.
• Petit(e) ami(e) : En voilà une question judicieuse.

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Je délace tes arabesques. [Antoine] _
MessageSujet: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeSam 31 Jan 2015 - 4:35

Et j'enlace nos sémaphores
tout cela du bout des doigts.
feat Antoine de Landerolt.


    Lorsqu’elle ouvrit les yeux ce matin-là, l’obscurité faillit la faire hurler.
    Leia s’extirpa de son lit, où elle avait passé la nuit recroquevillée dans une position des plus inconfortables, de la manière la moins gracieuse qui soit et se précipita sur la fenêtre. Bien que volets laissent filtrer la lumière du jour de façon évidente, elle n’en fut pourtant tout à fait sûre qu’une fois les battants repoussés, lorsqu’un flot rayonnant se déversa dans la pièce en même temps qu’une bourrasque glaciale.
    L’air parvint au fond des poumons de la jeune femme, qui soupira en s’effondrant sur le rebord de la fenêtre, appuyée sur ses bras croisés. Elle battit des cils sur ses yeux bruns, détaillant chaque silhouette découpée dans la brume avec un plaisir qui ronronnait au fond de sa poitrine.

    Et en-deçà, la peur tambourinait à sa porte en hurlant.

    Ça avait commencé le plus bêtement qui soit, en réalité. Si elle essayait de s’en rappeler – et ça ne pouvait pas lui faire de mal, de se concentrer sur quelque chose de précis – c’était environ une semaine plus tôt. Dans une pièce quelconque où un individu lambda avait décidé d’installer une sono et de passer une musique quelconque en distribuant les bières à tout-va. Leia avait remarqué que les nouveaux venus s’adaptaient remarquablement à ces occupations nocturnes. Quand des anciens lassés laissaient leur place, il y avait toujours quelqu’un pour la prendre.
    Donc elle était en train de discuter avec quelqu’un. Impossible de se souvenir qui. Un ami de ce quelqu’un était arrivé avec de la weed. Rien de très important. Ce n’était pas ça qui avait balancé un coup de pied dans une cloison fragile, dans son cerveau ; même pas la fumée des joints qu’elle avait elle-même refusé.
    Eh mec, à ton avis ça fait quoi à un aveugle d’être défoncé ?
    En y repensant, le type avec son sac de hash était vraiment un abruti. Mais cela n’influençait malheureusement pas le résultat, qui était qu’au lieu de penser à Alejo – ce qui aurait été logique, étant la seule personne aveugle de son entourage – la rouquine avait failli fondre en larmes. Comme ça. D’un seul coup.
    Juste. Pourquoi.
    Leia serra les doigts sur les manches de sa chemise de nuit. Ce n’était pas le froid qui la faisait trembler.
    Il y a deux jours, Hedvig lui avait dit quelque chose. Impossible de se souvenir quoi.
    Parce qu’elle ne l’avait pas entendue.
    La jeune femme referma la fenêtre d’un coup sec, manquant coincer ses doigts tremblants dans l’encadrement. Mais son geste manquait de vigueur. Elle avait toujours été bonne pour faire semblant. Même quand ça n’allait pas. Même quand ça n’allait vraiment pas. Mais cela faisait deux jours qu’elle n’avait pas quitté sa chambre, mangeant à peine, dormant la plupart du temps en demandant à ses colocataires de ne pas la réveiller.
    Et elle était terrorisée.
    La peur rampait sous sa peau, l’attaquant sournoisement sous ses paupières closes, à lui bondir dessus comme un fauve affamé. Froide, coupante, ne la laissant pas en paix. Elle avait peur. Tout le temps. A en gémir entre ses doigts, endormie ou non. A n’en plus savoir quand les jours succédaient aux nuits.
    Cela donna le coup de grâce à son masque de chair, et toute la lassitude qu’elle contenait depuis un moment lui tomba dessus d’un coup. Et avec elle, les sempiternels retours sur ce qu’elle avait raté. Ce qu’elle avait mal fait. Ce pour quoi il aurait été tellement mieux de disparaître – n’est-ce pas ? Il suffisait de demander à ses poignets, qui avaient assez pleuré comme ça. Elle n’en pouvait plus. Et paradoxalement, elle en venait à se moquer de tout. A tout laisser filer. A ne plus savoir.

    Tout ce qu’elle voulait c’était que la peur la laisse tranquille. C’est comme ça que dans la soirée qui suivit, sans réfléchir, la jeune fille se leva, enfila un pull bleu marine et un jean clair et sortit de sa chambre avec l’air de n’avoir pas pris le jour depuis des années.
    Marcher la rasséréna un peu. Le fil de ses pensées se fit moins chaotique, à mesure que ses pas avalaient les mètres sur du parquet craquant : petit à petit, son cœur se calmant, c’était comme si elle expirait les unes après les autres toutes les tensions accumulées ; les rancœurs, les culpabilités et les aigreurs, l’angoisse, la fierté, la crainte, la méfiance, tous les problèmes qui filaient et s’en allaient, ne laissant que cette coquille de chair qu’est tout un chacun lorsqu’il cesse de penser.
    Tous égaux devant la nature.
    Youpi. La rouquine s’arrêta au hasard d’un couloir avec cette sensation de vide triste dans l’estomac, ne sachant trop qu’en faire. Elle n’était pas douée pour donner des formes, belles en tout cas, à ce qui n’en avait pas. Cependant elle n’eut pas à chercher bien loin : surnageant quelque part à la lisière de ses réflexions diluées, il y avait une pensée, à la présence bien trop forte pour n’être qu’un détail fruit de divagations. Et elle le savait que cette idée était là, obsédante, à la suivre alors même qu’elle s’inquiétait à s’en rendre malade pour tout autre chose. En repoussant la peur elle lui donnait tout le champ libre.
    Mais en évoquant à nouveau l’expression fugace dans un regard brun qu’elle avait cru intouchable, Leia se rendit compte que cela ne lui paraissait plus une si mauvaise chose.
    Et pourtant ça faisait mal. Comme un éclair à chaque évocation. Pire même que les mains d’Alejandro depuis quelque temps – la sensation d’avoir effleuré l’incassable et de l’avoir cassé.
    La jeune fille croisa les mains dans son dos et pensa à Antoine pour évacuer la terreur qui glissait ses doigts moites sur sa nuque. Mais pas seulement.
    Ce n’était pas tant la culpabilité qui faisait que cette idée fixe la poursuivait. Elle avait déjà fait du mal à d’autres. Elle avait déjà blessé des gens qu’elle aimait.
    Sauf qu’elle n’avait jamais cru. Elle n’avait jamais cherché à comprendre. Pas Antoine. Elle ne lui avait jamais fait confiance. Et aussi…
    Ses doigts liaient et déliaient des nœuds, tandis qu’elle restait seule dans un couloir toujours aussi désert. Puis la jeune femme esquissa un pas, puis deux. Très simplement, elle s’efforça de se remémorer où le français passait ses soirées en règle générale : comme si on l’avait soudain mise dans une de ces stalle pour chevaux de course sans lui demander son avis. Comme si, comme le cheval, elle avait pris conscience que se demander s’il fallait ou non franchir la porte n’avait aucune importance.
    C’est qu’elle était tellement fatiguée. D’elle. Du monde. De tout. Qu’au final plus rien n’avait grande importance ; mise à part peut-être cette vision lancinante qui seule à ce moment-là revenait lui heurter la poitrine.

    Elle le trouva quelques pièces plus loin, lorsqu’elle poussa en silence la porte du salon sur ses gonds bien huilés. Là non plus, il n’y avait personne. Comme si un metteur en scène plus malin que les autres avait fait évacuer le plateau sans la prévenir, histoire de ne pas lui fournir la moindre excuse.
    Pour le coup, il n’aurait pas eu besoin de se donner tant de mal.
    Ce qui n’empêcha pas Leia de reculer, quittant l’entrebâillement de la porte pour s’appuyer au chambranle à l’extérieur. Elle jeta un regard à ses mains, puis tira les manches de son sous-pull sur ses poignets tailladés de marques blanchâtres.
    C’était stupide, lui murmura avec un pincement au cœur une petite voix au fond d’elle-même. Ça ne pouvait pas être aussi simple.
    Ou peut-être que si, songea la norvégienne en tirant un feutre de sa poche, considérant ses mains à nouveau.
    Elle hésita sur les mots à tracer. Parce qu’une requête lui paraissait un peu exagérée dans sa situation. Parce qu’elle n’avait pas d’excuses. Elle l’écrivit quand même, et son cœur se serra en remarquant à quel point ces mots sincères étaient aisés à écrire. En les contemplant, elle eut la sensation que tout ce qu’elle savait d’elle-même n’avait aucune crédibilité, et tout ce qu’elle croyait la définir pas la moindre force. Comme découvrir un trompe-l’œil quand on ose s’en approcher.
    Tu crois vraiment que c’était si facile ?
    Elle eut à nouveau envie de pleurer. Seule l’idée qu’elle n’était pas là pour se morfondre et s’apitoyer sur elle-même la retint.
    Coucou Sven. Ta sœur est la pire des menteuses.
    Reste avec ton rouge, puisque tu l'aimes tant.

    Ne pleure pas Leia. Ne pleure pas. Ce n’est pas ton style. Et ça ne sert à rien.

    La jeune fille oscilla encore un instant sur ses talons, dans le couloir. Elle se sentait si lasse. Si lasse qu’elle ne voyait même pas l’utilité d’hésiter encore. Quelque part, une partie d’elle se demandait vaguement si ce n’était pas inquiétant.
    Sans doute que si. Et alors, ce n’était pas non plus la première fois.
    En silence, Leia se glissa dans l’entrebâillement de la porte, et se dirigea vers le canapé d’un pas léger. Ne pas savoir ce que faisait Antoine là à cette heure ne la gênait pas plus que cela, tant qu’il était seul à le faire. Même si elle le réveillait, cela ne la poursuivrait pas jusqu’à la fin de ses jours – on ne se refait pas.
    Leia atteignit le canapé par-derrière et glissa les mains sur le dossier en un instant d’ultime hésitation. Puis elle plia les genoux, ses coudes glissèrent en appui sur le dossier et ses doigts se glissèrent doucement dans les mèches dorées du jeune homme avant de venir se poser sur ses yeux.
    Sauf qu’elle n’alla pas jusqu’à lui demander de deviner de qui il s’agissait. Elle se contenta d’éloigner ses mains jointes à distance raisonnable pour qu’il puisse lire au creux de ses paumes :

    JE SUIS DÉSOLÉE.

    Ciel, qui donc lui avait appris le français.



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Antoine de Landerolt
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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeDim 8 Fév 2015 - 22:29

...

Il aurait pu creuser des tranchées entre les étagères à force d'aller et venir sans cesse, et il avait tant trié qu'il pouvait jurer se souvenir de tous les titres de tous les livres et leur place exacte dans la bibliothèque ; jamais pensionnaire ne s'était montré si dévoué au rangement – compulsif, mais le résultat restait le même.
Antoine détestait la poussière, il détestait quand un livre sortait du rayonnage ne serait-ce que d'un court millimètre. Il détestait le désordre et puisque sa vie n'était qu'un immense amas de n'importe quoi et qu'il n'arrivait ni à jeter le superflu ni à garder l'essentiel, il reportait sa mauvaise humeur sur le mobilier.

N'arriverait jamais le jour où il fracasserait une armoire de désespoir ; pas que l'envie lui en manquât, mais s'il se laissait aller de la sorte, autant se jeter tête la première par la fenêtre, ça aurait été tout aussi rapide et bien moins douloureux de surcroît. Il avait l'impression d'avancer à tâtons dans une pièce où un gouffre l'attendait. Il ne savait pas où le sol finirait par se dérober sous ses pieds, mais il savait en revanche qu'il le ferait inéluctablement. Il se sentait bête à rester assis et remplir ses journées de vide alors qu'il aurait certainement pu faire quelque chose – et ça même si on lui avait comprendre que question prise de tête, il n'était pas le plus atteint dans ce grand manoir. Restait à se persuader que sa présence n'avait pas un effet défenestration immédiate et... chaque fois qu'il y pensait, il tournait le miroir dans l'autre sens. Ce n'était pas la première fois de sa vie que ses traits trouvaient à ses yeux quelque chose de répulsif, et il savait qu'avec le temps, cette impression finirait par se dissiper. Tout passe avec le temps, il suffit d'attendre : eh, c'est pour ça que tu restes là à te tourmenter ?

Mais ce qui avait marché une fois n'allait pas fonctionner une deuxième fois, et Antoine savait parfaitement pourquoi. Ce n'était pas de son cœur froissé qu'il s'inquiétait, mais du sien, et ça, même les semaines n'y changeaient rien. Elle lui avait fait mal, bien, et après ? Il n'avait pas été le lui demander, mais il aurait mit sa main au feu qu'elle le savait pertinemment. A partir de là, ce n'était plus son problème ; s'il saignait, c'était à lui d'endiguer la peine, et à personne d'autre. Il avait fait avec des années durant et continuerait autant de fois qu'il le faudrait pour enfin apprendre la leçon. Mais elle ? Qu'il avait l'air beau à se donner des airs désintéressés et jouer au plus fin quand il n'osait pas prendre une main pour dire « je suis là. »
Il s'était dit, pour se donner bonne conscience, qu'elle le faisait sûrement bien toute seule ; il savait bien que non.

Hypocrite, hypocrite.

Il n'y avait plus rien à ranger. Il avait passé la journée à tout changer de place dix fois de suite pour tromper l'ennui et mieux hanter les couloirs sans but précis. Quoiqu'il fasse, qu'importe à quoi il puisse occuper ses mains, le vide lui revenait sans cesse à la figure et l'empêchait de se concentrer. Le pire dans tout ça, c'est qu'Antoine n'arrivait pas à savoir si ça avait été le cas depuis le début, ou si cette sensation avait empiré depuis sa visite inopinée à l'infirmerie. Les jours passaient trop vite et il ne se souvenait plus du tout premier jour.
Et ça ne lui ressemblait pas de se dire qu'il allait mourir là. Il aurait peut-être dû trouver Emrys pour l'embêter, ça l'aurait sans doute réveillé. Un coup d’œil à l'heure tardive l'en dissuada avant même qu'il ait pu quitter la bibliothèque. Un livre quelconque sous le bras, il marcha jusqu'au salon – un des seuls endroits où il se sentait à peu près à l'aise malgré le monde qui l'occupait. Jour de chance pour lui, les derniers retardataires ne tardèrent pas à vider les lieux une petite heure après son arrivée. La mine grise, Antoine poussa un profond soupir. Il n'avait pas envie de retourner dans sa chambre ; il n'avait pas envie de croiser Alejandro.
Mais si je n'avais pas été là, elle ne l'aurait jamais fait.

Il était abonné aux sentiments fugaces, de ceux qu'on ne parvient jamais à saisir et qui nous manquent toute une vie par la suite. S'il avait pu arrêter le temps, car à chaque nouveau jour, il avait peur d'apprendre une mauvaise nouvelle – alors il aurait pu se détendre un peu. Ça faisait longtemps qu'il n'en avait pas senti l'angoisse. Il s'en serait passé. Ça lui rappelait méchamment, comme une piqûre lancinante, qu'il n'était pas aussi insensible qu'il aimait s'en donner l'air.

Dieu sait s'il serait allé la chercher un jour. Sûrement que non, il était trop occupé à se dire qu'Alejandro ferait l'affaire et qu'elle s'en remettrait. Le temps, il fallait juste du temps. L'inquiétude et la culpabilité tomberaient définitivement en morceaux.
Il se détestait à un point...

Les lignes serrées du livre se brouillaient par intermittence et il avait du mal à garder les yeux ouverts. Au lieu d'aller se coucher pour arrêter de dodeliner de la tête (ce qui rendait sa lecture tout à fait inutile), il persista à visser son regard aux pages blanches. S'il fallait qu'il tombe de sommeil, eh bien, il tomberait de sommeil ! Quelqu'un finirait bien par le réveiller, avec tout le boucan que se plaisaient à faire certains toute la nuit durant. Ça oui, pour d'autres que lui, cet enfermement n'était qu'une immense fête dans laquelle le but était de crier le plus fort possible.
Il n'avait rien entendu parce qu'il ne prêtait plus aucune attention à ce qui se passait autour de lui. Il relisait pour la troisième fois une phrase qui lui échappait quand un contact inattendu le figea tout entier. Ses mains lâchèrent la couverture de cuir tandis que d'autres ôtaient le salon à sa vue, l'espace d'un court instant.

Non, il ne serait pas retourné la voir, parce qu'il avait peur.

Il se mordit la langue jusqu'à se faire mal. Et si on lui avait demandé de se jeter à l'eau ? Tu es désolée, pour toi ou pour moi ?
Il y eut un silence presque embarrassé, puis Antoine retrouva son souffle ; il n'avait pas remarqué qu'il avait arrêté de respirer. Il leva les mains, lui prit doucement les poignets et les écarta. Il n'osait pas serrer, avait presque peur d'y retrouver du rouge s'il les lâchait.

Il ne s'y attendait pas et ne savait pas quoi dire. Il ne pensait pas non plus qu'elle serait revenu le voir.

« C'est vrai, ça ? » lui demanda-t-il sans méchanceté ni amertume dans la voix ; il n'arrivait pas à raviver la colère puisqu'au fond, il s'en sentait pour moitié responsable.
Il serra, un peu. Ils s'étaient enfuis à tour de rôle. Et maintenant ?

Il avait peur de n'être capable de rien et même s'il lui en voulait toujours un peu (tout au fond), il ne voulait pas la voir aller plus mal par sa faute.

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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeSam 14 Mar 2015 - 23:42

    Non sans un tressaillement, Leia abandonna ses poignets au jeune homme. Elle ne savait pas bien quoi faire de plus. Elle ne savait pas non plus quoi répondre, après tout. Vraiment, tu me demandes ça à moi ? Tu tires direct au cœur. Elle sentit quelques gouttes de mercure glacial perler dans sa poitrine, de la peur cristallisée.
    C’est vrai, c’est faux, ça m’est égal.
    C’était dur de vivre avec les autres. Avec leurs défauts et leurs insupportables qualités. C’était dur de composer avec eux et la vie en même temps. Leia ne savait pas faire ça. Elle n’était pas douée. Elle avait lâché prise devant un futur sans espoir pour un monde de faux-semblants où elle pouvait jouir d’un contrôle illusoire. S’y était perdue ; à aller et venir en tous sens, courir, s’arrêter, se recroqueviller dans un coin et puis se relever, chancelante, dans une danse désarticulée qui ne ressemblait à rien.
    Et surtout, dans laquelle personne ne pouvait suivre ses pas.

    Ou alors, il y a toujours l’alternative passage clouté. Quand le destin s’amuse un peu.

    Je suis fatiguée.

    Dans un réflexe inutile, ses lèvres s’entrouvrirent, avant qu’elle n’y morde. Elle était désolée. Vraiment. Ça n’aurait pas dû se passer comme ça, elle n’aurait pas dû mal juger, elle n’aurait pas dû craquer. Elle s’était trompée. Elle n’avait pas compris. Elle avait peur, elle était perdue, elle allait pleurer – et puis elle ne voulait pas qu’on lui fasse mal, elle ne voulait pas faire mal, elle ne savait pas quoi faire, elle ne comprenait rien, elle était désolée. Elle aurait voulu comprendre. Elle ne savait pas si c’était vrai ou si elle cherchait à s’en convaincre. Et elle rêvait toujours de passages cloutés et de feux rouges. Et toi, tu rêves de quoi ?
    Tu es jolie Leia, tu peux faire ce que tu veux. Il faudrait être un peu bizarre pour rêver de moi.
    Eh. Dis.

    Mais ses doigts n’étaient pas assez rapides. Ils n’étaient pas là, coincés entre les mains d’Antoine, mais enroulés autour de sa propre gorge, à l’étouffer. Et rien ne sortait. Tant de rouge partout. Des sanglots, des échos, des murmures angoissants.
    La jeune femme fit précautionneusement glisser ses mains entre celles d’Antoine et se décala sur le dossier pour s’y appuyer, la joue sur une main, l’autre bras pendant dans le canapé. Elle fixa ses doigts où l’encre avait bavé quelques lettres, le cœur serré.
    Le vrai, le faux, au fond à quoi bon ?
    Tant de mots qui se pressaient derrière ses lèvres closes, carbonisés. Et les mains sur sa gorge qui l’étranglaient. Il n’y avait que sur elle qu’elle ne serrait pas du bout des doigts.

    J’en ai marre.
    J’en ai marre.
    Je ne veux plus être Leia.

    Soupir dans des poumons compressés. Un peu cuivre triste, pour une fois. Cuivre oxydé.
    On crie tous, mais personne n’entend.

    La jeune femme alla chercher son feutre dans sa poche sans même y faire attention, et reporta son attention sur ses deux mains, tendues face à elle par-dessus le dossier qui la soutenait.
    Tout le monde crie, tout le temps…
    Je suis égoïste, pardon, pas ta faute, oublie-moi, oublie-moi, on remet à zéro ? Je ne te comprends pas. Je n’aime pas les autres. Je ne sais pas vivre toute seule. Je n’aime pas vivre avec les autres.
    Et toi ?
    Eh.

    Tu ne me dis rien.

    La rouquine fixa la phrase tracée sur le dos de sa main. Elle en aurait grimacé. Pas qu’elle n’ait pas l’habitude de voir écrit autre chose que ce à quoi elle pensait. De toute façon rien dans son corps ne lui obéissait.
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Antoine de Landerolt
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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeSam 18 Avr 2015 - 3:13

...

Antoine se demanda presque s'il n'en faisait pas trop ; n'était-ce pas son genre de sacraliser les sentiments, la moindre faute, la moindre larme ? Comme si chagrin d'amour rimait invariablement avec noyade. Sa vie avait tout d'un mauvais roman à la prose pédante dont il ne supportait plus les tournures. Fuir et laisser tomber, c'était ce qu'il savait faire de mieux : ses mains la laissèrent glisser sans une protestation. Il avait peur que, de toute façon, sa gorge nouée ne sorte que des bêtises dont il regretterait amèrement le manque de délicatesse quelques heures plus tard. Lui non plus n'était pas le mieux placé pour exiger la stricte et unique vérité.
Elle est pluriel, tu sais. Donne-moi n'importe laquelle, je m'en contenterai.

Antoine avait pris l'habitude de se détester au point même de l'oublier. Il détestait tout autant les autres et les nœuds inextricables que leurs mensonges formaient. Collés les uns aux autres, même les plus belles déclarations perdaient leur sens, et qu'elles soient écrites ou murmurées, la sincérité leur faisait défaut. Antoine n'aurait pas mieux vécu seul : il aurait mieux vécu entouré de gens auxquels il tenait exclusivement. Mais, parait-il, le monde n'est pas aussi bien fait.
Et ceux auxquels il tenait lui mentaient aussi. Il hésita à se retourner de peur de deviner quelque chose qu'il ne voulait pas voir dans les yeux de Leia. Il était si aisé de faire passer la peur pour de la détermination, aussi triste et butée soit-elle en son fond. Il pouvait se lever, la repousser, ses doigts clameraient qu'il ne voulait plus d'elle – alors qu'il avait peur de la lâcher s'il l'attrapait. Il jeta un œil à son livre, à ses mains, se souvint comme il était plus simple de se dépêtrer de ce piège, autrefois. Pourquoi ne pas réciter les vieilles lignes d'un poème auquel tout le monde pouvait s'identifier ? L'amour était un bien commun.

Et lui, s'il ne pouvait pas le dire de vive voix ?

Antoine pinça les lèvres sans s'en rendre compte. Et toi, désolée de quoi, que me dis-tu ? Il songea à jouer les statues de pierre ou à ne rien ajouter ; à dire ce qu'il savait si bien formuler, à savoir de longs silences que personne ne pouvait décrypter. Mais à quoi bon ? Il avait laissé quelque chose dans l'infirmerie qu'il ne pouvait pas récupérer. Autant que les larmes aient servies à quelque chose. Leia, et si on jouait à parts égales ?
Et si jamais je ne peux pas le dire de vive voix...

Antoine se retourna et se saisit du feutre que la jeune fille tenait. Il aurait presque aimé lui dessiner des moustaches à l'encre indélébile : tout pour ne pas devoir se mettre à nu – ou au moins tenter de le faire. Il ne savait pas si elle voulait lire ça, encore moins s'il avait envie de le voir étalé en plein milieu de sa paume. Il détestait toujours autant ces mots. Hypocrites. Sales. Faux. Trop superficiels et trop profonds à la fois. Mais c'était ça, ses petits caprices et sa vision du monde. A-t-on envie de le voir plus noir à tout va.
J'ai peur, si tu savais.

« Petit, j'ai connu une femme qu'on a blessée et qui a préféré se noyer plutôt que continuer à vivre. Sauter dans l'eau quand on ne sait pas nager, c'est un suicide, n'est-ce pas ? »

La pointe du feutre quitta les lettres calligraphiées comme sur un parchemin. La dernière fois, c'était faux. C'était pour faire semblant, comme un enfant. Il ferma le poing sans soupirer ni la regarder.

« Je ne sais pas si tu sais nager, Leia. L'autre fois, tu m'as fait peur. »

Sincèrement.

« Alors je n'ai rien dit. »

Il lui en voulait tellement qu'il allait la lui donner, la vérité, et tant pis si ça le répugnait, tant mieux si ça gênait la menteuse. Antoine fit mine de lui rendre son feutre et en profita pour lui dessiner une moitié de moustache, comme un enfant. Comme un enfant. Puis il ouvrit la main et ne la quitta pas des yeux pour la mettre au défi de se moquer, de rétorquer quoi que ce soit, de faire le moindre pas – en avant ou en arrière.
Oui, c'est facile à dire.
Moi non plus je n'aime pas ça, mais

Je t'aime

quand même.
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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeJeu 7 Mai 2015 - 0:11

    Une valse au fond du gouffre, c'était bien ce qui leur fallait. On faisait bien ça à son époque, non ? Entre les miroirs. Elle ne savait qu'esquisser des pas tremblants sur un béton triste et noir. Mais au fond, au fond. Où était la différence ? Entre couler et couler, tourner et tourner, le temps importait peu. La perdition est chronophage.
    Les yeux à moitié fermés derrière ses longs cils, Leia suivit du regard le froissement du papier lorsqu'Antoine tendit la main, attrapant son marqueur comme il attrapait ses lèvres. Si vite, taquin ou sans pitié.

      « Petit, j'ai connu une femme qu'on a blessée et qui a préféré se noyer plutôt que continuer à vivre. »

    Main contre le cuir tiède, Leia fit glisser son pouce sur la pulpe de ses doigts. Le regard un peu dans le vague. Les mots sonnaient bizarrement, comme si le silence n'y était plus habitué. Ou qu'elle ne reconnaissait pas le son de sa voix. C'était peut-être un silence qui leur était propre, un silence pas uniquement fait d'absence de son, qui absorbait toute communication vocale et la rejetait de l'un à l'autre en un écho affaibli, déformé.
    Mais c'était paisible. Chaud, un peu. Un peu amer au fond, ou salé ; tiraillant au fond de la gorge.
    Je ne sais pas si tu sais nager...
    Au fond peu importe ; parce que...

      « Alors je n'ai rien dit. »

    Leia ferma les yeux.
    Tu m'as repêchée, non ?
    Le noir l'assaillit, gela le sang dans ses veines et rouvrant ses paupières. Les lettres à l'encre noire au creux de la paume du jeune homme tremblèrent devant ses yeux.
    Et puis, tout doucement, sa gorge se serra. Murmurés, criés, sanglotés, ris ou mentis, peu importait. Et impossible de savoir pourquoi ces mots, ces simples mots, pourquoi ils faisaient si mal. Tant de mal et tant de bien à la fois. Elle ne savait seulement pas si c'était les regrets ou quelque chose comme de la joie, diluée mille fois, qui menaçait de la faire suffoquer.
    C'était bête hein ? Alors qu'il y avait tellement de "mais" et de "si". Et de "pourquoi".
    Hein, pourquoi ?

    La jeune fille pinça les lèvres, et se pencha par-dessus le dossier pour couvrir de sa main la paume d'Antoine. Son autre main se tendit lestement, attrapant le feutre, et en un instant elle passa par-dessus le fauteuil pour lui atterrir à moitié dessus. Estimant visiblement que le truc qu'il lui avait tracé sur la figure méritait mille fois plus une réponse, sur le moment, que ce qui faisait briller ses yeux mouillés, elle batailla un moment pour lui rendre la pareille. Après quelques instants passés à écraser à moitié le français de son poids récemment soulagés de quelques kilos supplémentaires, elle réussit maladroitement à lui tracer une moitié de moustache sur le visage. Le résultat n'était pas fameux parce que ses doigts tremblaient, et puis sa vision était trouble par moment : elle devait battre des cils pour ne pas faire un carnage au marqueur noir. Et puis ses joues se retrouvèrent trempées et, serrant ses lèvres tremblantes, Leia ne réussit pas à repasser sur son oeuvre d'art. Alors elle lâcha bêtement le feutre par terre et fondit en larmes.
    Et pour le coup, les pleurs dignes de film romantique étaient bien loin. La rouquine se retrouva en un instant à sangloter sur l'épaule du jeune homme sans pouvoir s'arrêter, comme une enfant, presque incapable de respirer.
    Oh, simples mortels.

    Et c'était ridicule. Elle ne savait pas bien si elle aurait protesté, boudé ou ri devant ces stupides demi-moustaches et ce climax de théâtre trop ironique pour être vrai, si elle n'était pas en train de hoqueter misérablement. Elle ne savait pas trop à quel point, de l'extérieur, elle ne se serait pas reconnue. Mais c'était juste trop, disaient ses poignets fatigués en tentant d'essuyer ses larmes. Pas de traces de maquillage ni de traces de sang, juste ces réponses qui n'en étaient pas de serments que personne ne voulait prononcer. Et elle avait mal d'en être, au fond, heureuse.

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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeSam 25 Juil 2015 - 0:49

...

Antoine serra brièvement les dents derrière ses lèvres closes, persuadé de n'avoir rien à regretter – et rien à perdre, puisque les deux allaient souvent de paire. Il lui avait tout dit sinon avoué à demi-mots, et si elle avait été trop stupide ou butée pour comprendre, grand bien lui fasse, il éclairait sa lanterne. D'eux deux, il n'était plus celui qui se cachait derrière des excuses minables ou une carapace d'antiseptique à espérer que le temps guérisse ce qu'il avait amoché en premier lieu. Il n'avait plus rien de légitime à lui cacher et peut-être que le savoir ne l'aiderait pas à aller mieux, mais et après ? Comment recoller les morceaux avec la moitié du jeu encore en poche ? Mon dieu Antoine, mais tu te justifies. Tu t'étais dit que tu allais essayer de la comprendre, pas de l'aider.
Si peu habitué à la nudité quand elle prenait la forme de quatre petites vérités, il ne se sentit pas soulagé un quart de seconde. L'appréhension lui nouait les muscles malgré son refus catégorique de baisser la main ou les yeux. Impossible de décrypter ce qui passait dans les yeux de Leia ; il ne bougea pas lorsqu'elle tendit la main vers lui et recouvrit les mots, mais le cœur n'y était pas.

Persuadé qu'il était de n'obtenir qu'un faible écho en retour, il étouffa un cri surpris au milieu de sa gorge, un bras devant la figure pour se protéger de la pointe du feutre. Aussi fins que soient les bras de Leia, ils eurent raison de sa faible résistance et il n'eut ni l'idée ni le courage de la repousser pour retrouver sa liberté si mesquinement dérobée. Une demi-moustache sur le visage plus tard, elle sanglotait et il lui lançait un regard singulier, partagé entre soulagement et surprise. Il avait pensé qu'elle le laisserait là et remballerait toutes les décisions qu'elle avait pu prendre avant d'entrer (si seulement elle avait hésité) : qu'une fois de plus, il pourrait se targuer d'avoir planté le jeu du cœur avec un talent que personne ne lui envierait jamais. Larmes de crocodile ou non, il devait avoir touché quelque chose, et ça, quoi que ce soit exactement. Il ferma les yeux un trop court instant.
Es-tu réellement triste, ou bien...

Antoine savait toujours quoi faire de ses mains et de ses bras ; la seule exception à la règle, c'était la position dans laquelle il se retrouvait et qui l’embarrassait toujours. Sa sœur ou un autre, il n'avait jamais été doué pour consoler. Le constat navrant qu'il avait fait couler plus de larmes qu'il n'en avait séché ne l'attrista pas. Ce qui le tracassait, c'était de rester là, les bras ballants, à attendre la fin de longs hoquets qui n'en finissaient pas. La peur du rejet dominait toujours, tapie dans un angle mort de son esprit. Il serra les dents, les poings, les lèvres, se trouva mille fois stupides tout en ne quittant pas les poignets de Leia des yeux. Il n'allait pas reculer après avoir comblé l'écart entre eux. Il y avait sûrement encore beaucoup de distance, mais toujours moins qu'à l'infirmerie, où l'odeur de médicaments avait paralysé son cœur. Boum, boum...

« Ça va aller ? » laissa-t-il alors s'échapper, outré sur l'instant d'une telle banalité, mais incapable d'en dire plus. Avait-il besoin de grands discours pour la convaincre d'arrêter de pleurer ? Avait-il besoin de la convaincre d'arrêter de pleurer tout court ? Elle ne pesait rien sur lui, elle était tellement mince.
Antoine aurait eu bien du mal à avoir pitié d'elle, mais il ne voulait pas la savoir mal au point d'en faire trembler ses épaules ou ses joues. Ses mains se levèrent comme pour la saisir mais s'arrêtèrent à mi-chemin, trop maladroites pour continuer.

Antoine ne savait pas apaiser ses propres doutes. Alors ceux des autres ? Il se faisait sourire. Il aurait aimé, pourtant, mais la dernière fois qu'il l'avait touchée...
Je n'ai plus jamais osé après ça.

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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeDim 2 Avr 2017 - 23:44

    Ceux qui ont pour leitmotiv ce "pleure, ça te fera du bien !" répété bêtement jusqu'à la nausée, sont des imbéciles. C'était ce que Leia avait toujours pensé. Un regard moqueur, une grimace de mépris, et ils se retrouvaient irrémédiablement classés dans la case de ceux qui ne comprennent rien, et ne comprendront jamais.
    Pourtant, alors qu'elle bataillait avec une rage intérieure à calmer les hoquets qui tentaient de l'étrangler, la jeune fille ne pouvait se mentir sur un point : les larmes, comme la crue furieuse d'un fleuve, semblaient tout emporter sur leur passage et nettoyer sa tête, sa poitrine, ne laissant derrière elles qu'une sensation de fatigue creuse et humide. Nul doute que la Leia de tous les jours aurait trouvé ça ridicule.
    A la faveur d'une accalmie, la rouquine parvint à inspirer une goulée d'oxygène salvatrice, et ses hoquets se calmèrent un peu. Elle en profita pour renifler discrètement et s'écarter d'Antoine, hocher vaguement la tête pour calmer ses interrogations. Elle ressentait à la fois l'envie de détourner les yeux et d'aller se planter à l'autre bout du canapé pour évacuer la gêne, mais aussi la crainte que rompre le contact physique ne remettre brutalement tous les compteurs à zéro.
    Elle avait toujours peur qu'en ce monde, ce qui ne se décomptait pas du bout des doigts sur la chair n'ait aucune valeur aux yeux de quiconque.
    Un nouveau reniflement, et la norvégienne s'assit dans le canapé, les genoux repliés contre sa poitrine. Elle entreprit de s'essuyer les yeux avec les manches de son pull.

    N'importe qui de normal aurait pu en profiter pour balbutier quelques mots embarrassés, voire grincheux qui, même sans porter de sens particulier, auraient pu contribuer à détendre l'atmosphère. Leia n'avait pas ce pouvoir. Un bref instant, elle se sentit démunie, de ne pas pouvoir tout expliquer d'un coup, ou rien du tout, mais au minimum de meubler le silence à grand renfort de la spontanéité brouillonne de la langue. De ne pas avoir réussi à lui dire qu'elle l'aimait à son tour, en dépit de l'effort qu'il avait fait et qu'elle ressentait encore comme une brûlure sur son épiderme.
    Un bref instant, elle sentit le mépris d'elle-même à l'orée de ses sens, prêt à se jeter sur son corps trop frêle à la moindre incartade.
    Le feutre noir avait roulé sur le parquet. Leia le contempla d'un air maussade qu'atténuait l'humidité de ses yeux. Puis elle se pencha pour le récupérer d'une main, tout en signant de l'autre.

    T'es bête.

    C'était à la fois l'équivalent chez elle d'une tentative pour détendre l'atmosphère, et une constatation bien trop terre-à-terre. Bien sûr qu'il était bête. N'importe qui lui adressant, à elle, une déclaration pareille, était bête. Elle espéra tout de même qu'il ne comprendrait pas le sens de son geste.
    Leia se recala dans le fauteuil, le feutre entre les doigts. La pointe hésita un instant sur son poignet encore vierge. C'était dur de s'exprimer quand tout était aussi en désordre dans sa tête. Ça faisait des années, peut-être même plus d'une décennie qu'elle avait abandonné l'idée de faire le ménage là-dedans. Alors si elle se perdait elle-même dans ses raisonnements, comment espérer aligner deux pensées cohérentes sur le dos de sa main, et que quelqu'un d'autre les comprenne ?

    C'est nul de pas pouvoir parler.

    Un autre jour, elle aurait certainement trouvé la tentative à mourir de rire.
    Mais aussi obscur et embrouillé que cela puisse paraître, c'était là, c'était une tentative de communication, et c'était déjà mieux que rien. Et puis, Antoine avait fait le premier pas. Quelque part, elle se serait sentie coupable de ne pas lui rendre la pareille.

    J'ai pété les plombs. Je suis désolée.

    La rouquine ne savait pas bien si la facilité avec laquelle elle enchaînait les vérités la fascinait ou la terrifiait. Elle avait l'impression étrange d'être plongée dans un congélateur géant ; un magicien aurait tourné un interrupteur et figé le temps, l'espace, et tous ses neurones antagonistes. C'était comme si ses organes flottaient et qu'elle ne contrôlait plus rien.
    Est-ce que c'était la peur qui l'avait anesthésiée ? En était-elle arrivée au point de se moquer de tout ?
    Un silence en calligramme.

    Je suis juste pas


    Je pensais pas que ce serait
    important

    Pour toi. Leia se mordit les lèvres et tourna la langue dans sa bouche, une fois, deux fois. Au final, elle l'écrivit.

    pour toi

    Ce qui est nul dans le fait de ne pas pouvoir parler, c'est toutes ces pensées à la seconde qui s'envolent parce que la main est trop lente pour les plaquer avant qu'elles ne disparaissent. Tout en se mordillant les lèvres, Leia fixa sa main, insatisfaite, tremblante, presque. S'ordonnant de continuer à respirer.
    Elle replaça nerveusement une mèche écarlate derrière son oreille puis, de frustration, s'appliqua à poser des points de suspension, un à un, sur la tranche de sa main.


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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeLun 17 Juin 2019 - 18:34

...

Antoine se souvenait avoir été lâche plus d’une fois ; il l’aurait été une nouvelle fois, si elle n’avait pas comblé elle-même la distance qu’il s’était imposée. Il aurait pu l’ignorer toute une éternité jusqu’à ce que la blessure se résorbe et disparaisse – si tant est qu’elle guérisse un jour, il avait tant de mal à laisser l’eau filer sous les ponts… Il était resté un enfant en manque d’affection à bien des égards, et comme un enfant il pouvait se montrer têtu et cruel.
Pas cruel au point d’en apprécier les larmes, même celles qui séchaient. Il prit avec un sourire le signe qu’elle lui adressa – une gentillesse à la Leia, sans le moindre doute, peut-être méritée. Il laissa son corps se détendre après tant de tension, les muscles douloureux, en particulier celui sous sa poitrine. Un malaise ne l’aurait pas surpris, il était allergique aux sentiments et à la vérité ; ou plutôt, il s’y était rendu allergique. Il aurait été le dernier à admettre que parfois, dire « je t’aime » ou « je suis faible » pouvait se montrer cathartique.

Paradoxal, puisqu’il se sentait mieux à présent qu’en plusieurs semaines à broyer du noir. Il n’aurait pas pleuré, simplement parce qu’il était trop habitué à garder le silence et encaisser, encaisser, sans rien montrer. Personne ne lui avait demandé de le faire, il s’était pris tout seul au piège.
L’histoire de sa vie. Il sautait de toile en toile, en s’étonnant au bout du chemin de s’être empêtré dans ses mensonges.

Il avait toujours sa langue, au moins. Pas Leia. S’il voulait se taire, il le pouvait, et s’il voulait crier, il n’avait qu’à le faire. Il n’imaginait pas un monde dans lequel le silence aurait été de mise par obligation. Il aurait voulu le briser (il aimait trop la contradiction) et s’y serait écorché les poignets.
Comme toi.

Il secoua la tête, trop effrayé à l’idée de la couper dans son élan pour élever la voix qu’ils se partageaient. Et puis, qu’aurait-il pu ajouter ? Que cela arrivait à tout le monde, que « pardon » ne voulait rien dire, que ce qui était fait était fait ? Il ne se faisait pas confiance, il avait la délicatesse d’un morceau de verre aux bords saillants. Comme à l’infirmerie, il craignait d’empirer les choses, de blesser sans le vouloir – ou en le désirant très fort pour mieux le regretter ensuite. Il avait cru, à la belle époque, que se montrer élégamment infect briserait les chaînes de l’affection une à une. Par deux fois, on lui avait prouvé que ce n’était pas le cas. Sa solution miracle n’était pas un poison mortel.
Le temps n’était pas un meilleur allié, juste un traître.

Il serra les dents, effrayé d’être mis à nu, dépouillé de tout faux semblants. Il laissa filer un souffle qu’il ne se souvenait pas avoir retenu, les yeux rivés à ses propres mains. Elles servaient à beaucoup de choses, étreindre n’en était pas une. Il était trop rigide, trop dégoûté pour ça. Pas assez honnête, trop passionnel. Le mensonge et la passion n’allaient pas de pair, il déconseillait même à quiconque de les associer sous peine de devoir tendre l’autre joue. Ah !
Il ne pouvait pas dire qu’il s’en moquait, à quoi bon ? Il avait fait tout ce chemin, ce n’était pas pour s’écrouler au beau milieu de la route.

« Moi non plus. » dit-il très simplement, la voix moins égale qu’il l’aurait aimé. Et ça aussi, c’était l’histoire de sa vie. Je pensais que ça irait, je pensais que ça ne voudrait rien dire, ne me regarde pas, ne me parle pas, mais laisse-moi te détester quand même.

Il était profondément égoïste.

« Je voulais vraiment que tu ne me manques pas, mais regarde-moi ? (il écarta les bras, à moitié amer, à moitié ironique) Je fais tout de travers. »

A croire qu’il se voulait du mal. Qu’il voulait pleurer et regretter, pour avoir quelque chose à faire, un but à remplir.
Puisque l’amour était sale, autant s’épanouir dans son strict contraire.

Il était stupide.
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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeJeu 25 Juil 2019 - 23:42


« Moi non plus. »

Les épaules de Leia se raidirent, son feutre s’arrêta sur un point près de son poignet, et l’encre commença à coloniser les veinures de de sa peau. Elle ne savait plus ce qui faisait mal ou pas. Elle avait trop pris l’habitude d’être blessée.
Mais Antoine n’avait pas fini de parler. Puisque c’était lui qui avait la voix pour deux.

« Je voulais vraiment que tu ne me manques pas, mais regarde-moi ? » Sa voix lui faisait mal, mal, depuis qu’elle en saisissait les accords. « Je fais tout de travers. »

C’était comme si l’interstice laissé entre ses bras et la vulnérabilité de son expression n’étaient là que pour laisser à la jeune fille l’occasion de s’y engouffrer.
Ce qu’elle fit.
D’un coup, avant même de s’en rendre compte. Comme si attendre une seconde allait l’éloigner à nouveau, pour ne plus jamais le ramener. Elle sentait cette distance qu’il lui imposait et n’en voulait plus. C’était sa faute, certes. Dans ce cas, puisque les volets étaient grand ouverts et la porte fermée à double-tour, elle s’en moquait, elle rentrait par la fenêtre.
Avant qu’il ait pu faire un geste pour l’en empêcher, elle avait réinvesti sa place sur ses genoux, contre sa poitrine, contre son cœur. Pris son visage entre ses mains, glissé ses lèvres sur ses joues et ses paupières.

Parce que c’était ses yeux, qui lui faisaient ça. Ses yeux, qu’elle avait fuis, lorsque la vérité s’y était frayé un chemin à coups de hache. Tu me mets au supplice. Comme un piège à loup refermé d’un coup sur son cœur.
Ah.
Ah, c’était ça.

C’était trop, de penser qu’elle pouvait être à l’origine de ça. C’était terrifiant. Impossible à affronter. Mais tout autant impossible à laisser en l’état.
Elle avait grandi, sans doute, un peu.
Et elle ne supportait pas – elle ne supportait pas de voir cette souffrance, le mépris, le dégoût, la peur, le sarcasme, tout le reste, dans ses yeux. Elle n’en voulait pas. Ça n’avait rien à faire là.

« Pardon. » Articulèrent ses lèvres en silence.

Pardon, pardon, pardon. Je t’aime, je ne veux plus te voir comme ça.
Je m’en fous que tu aies toujours été comme ça.


Les yeux clos, Leia laissa un moment son front contre celui d’Antoine, écoutant seulement le rythme et l’accord de sa respiration – resta là à souhaiter si fort de pouvoir tout effacer, tout corriger. Juste qu’il soit là, dans ses bras. Juste qu’il la pardonne. Que pour une fois dans sa vie elle réussisse à faire ce qu’il faut.
La rouquine reprit quelques centimètres d’écart, plus par crainte que par envie. Elle posa deux doigts sur ses lèvres. Le silence s’étendit un peu. Elle sentait qu’il fallait qu’elle le dise. Qu’elle le dédommage pour tous ces silences et ces mots crachés comme de l’acide. Mais pas seulement. Parce qu’il avait été là pour elle. Et qu’il était parti pour elle. Et que ce n’était pas juste, et qu’elle ne voulait plus lui faire ça.
Elle ne l’avait jamais dit, à personne. Parce qu’elle ne voulait pas l’écrire. Elle ne voulait pas voir la vérité plaquée sous ses yeux de manière indélébile. C’était trop dur. Alors elle attrapa un coussin proche, un moche qui ne manquerait à personne, et écrivit rapidement dessus, sans regarder. Ce fut difficile de marquer une pause en le tournant vers Antoine, le temps qu’il puisse lire.

« Le garçon que j’aimais est mort quelques mètres devant moi, il y a 4 ans. C’était… »

Sale. Laid. Atroce. Du sang et le reste, partout. Etalé sur du noir et blanc. C’était plus lui, plus rien, même plus un être humain. En une fraction de seconde. L’instant d’avant il était là. L’instant d’après, il n’y avait plus que le moteur du camion et les échos du klaxon, et il n’y serait plus jamais.
Ce n’était pas normal, et ce n’était pas juste.
Et elle n’avait pas cessé de hurler depuis.
D’un coup sec, elle rabattit le coussin à côté d’eux, sur le canapé. Comme s’il lui brûlait les mains. Il n’existait plus. Il n’était plus là.
Mais il n’y avait pas que ça. Pas que les noyées et les victimes des passages piétons. Elle savait qu’elle ne pourrait pas lui faire tout comprendre mais elle voulait essayer. Il fallait qu’il sache que ce n’était pas sa faute. Elle ne se le pardonnait pas. Elle signa lentement de la main gauche, appuyant bien sur chaque concept.
Regarde, je fais attention.

Les gens qu’on aime, tu sais. Sa main libre détacha puis dévala les mèches blondes d’Antoine comme si c’était la première fois. Ils mentent. Ils s’en vont. Ils s’en foutent.

Alors moi, j’ai arrêté. J’ai eu peur. Je suis partie. J’en avais marre.

Donne-moi une seule raison d’avoir pensé que tu aurais été différent.


Lasses des mots, ses deux mains se rejoignirent dans la même caresse sur sa nuque, et ses lèvres embrassèrent son front, ses tempes, ses joues, s’égarant jusqu’à sa bouche.

Elle n’aurait pas dû se cacher les yeux comme ça, s’enfoncer dans le déni et la danse comme ça, laisser de côté ce qui était complexe parce qu’elle le pouvait et que c’était facile. C’était trop simple de préférer les rires légers et sans contraintes, de se dire qu’on aurait tort de les briser pour l’incertitude et des marches difficiles à grimper. C’était trop agréable de juste rester blottie dans un confort sans angoisses et pétales de roses et sans eaux troubles. De se retrancher sur l’affection droite et chaleureuse d’Alejo pour ne pas avoir à se heurter à la passion maladroite et désespérée d’Antoine. De prendre ce qu’on voulait quand on voulait. De se dire que de toute façon, tout le monde s’en moquait.
C’était d’une cruauté à en mourir.
Elle n’aurait pas dû.

Elle ne le ferait plus.

Alors s’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît.

Ça va aller, d’accord.


Dernière édition par Leia Sørensen le Ven 30 Aoû 2019 - 15:57, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeVen 16 Aoû 2019 - 21:20

...

Le silence lui brûla immédiatement les lèvres, lui donna envie de les rouvrir sans raison ; de parler, de le combler, fût-ce à coups de couteau. Il avait tant eu l’habitude qu’il se perde en sanglots qu’il ne lui faisait plus confiance. Celui sur lequel il avait laissé Leia dans l’infirmerie le hantait sans cesse.
Il ne mentait pas quand il disait qu’il n’avait jamais voulu qu’elle lui manque – il avait posé ses mains sur elle presque sans y penser, parce qu’elle était là et lui aussi, que c’était facile, que c’était bon. Le reste, c’était son cœur qui s’en était chargé, tout seul comme un grand. Tout ça parce qu’il n’avait pas eu le courage de se l’arracher de la poitrine ; il avait choisi le mauvais moment pour ne pas être lâche.

A moins que souffrir n’en vaille la peine, quelques fois.

Le poids de son corps sur le sien le fit sursauter, ses mains et ses lèvres aussi. Elles balayèrent des larmes qui n’y coulaient plus, un peu à retardement, et il sentit sa poitrine se serrer comme on froisse une feuille de papier. La douleur lancinante lui donna envie de pleurer encore – mais pas forcément de tristesse, non.
Serre les dents, sois un homme, ne leur cède rien. Rien. Il allait lui falloir du temps pour accepter d’être faible, d’être parfois mis à nu, de ne pas tout comprendre, de ne pas tout maîtriser. Cela finirait par venir, et le reste avec, comme les vagues sur le sable. Petit à petit, il ne resterait rien de ces voix sifflantes. Les yeux de Leia les supplantaient.

Il entendit son pardon comme s’il avait résonné dans l’air, et ses doigts trouvèrent sa taille. Ce silence-là n’avait rien de délétère, il pesait à peine sur son cœur grippé par l’attente. Il ne se sentait plus raccroché à elle uniquement par des lèvres ou des mains, sur le fil d’un plaisir qui ne durait pas – et maintenant qu’il l’avait, il ne voulait plus la lâcher. Il avait trop peur qu’elle s’en aille et se blesse, qu’il ne soit pas assez fort pour l’en empêcher.

Qu’il souffre de savoir que sa présence lui importait si peu qu’elle…

Elle s’éloigna, juste assez pour lui permettre de chercher ses yeux. Antoine ne savait pas ce qu’il espérait y trouver, mais il n’y lut aucun rejet et le silence, toujours plus long, ne lui claqua pas à la figure comme toutes les autres fois. Ce n’était pas un « non », pas un « va-t’en », pas un blanc tâché de rouge.

Le silence, mais pas le vide.
Je ne veux plus que tu sois seule.

Le bruit du feutre contre le tissu précéda des lettres qui s’emmêlèrent devant ses yeux. Ça aurait été trop leur demander de se ressembler pour autre chose que des cris et des sanglots silencieux. Pas étonnant qu’ils se soient cassés la figure ; il n’y en avait pas un fichu de rattraper l’autre, coincé sur une berge ou au bord d’une route.
Les larmes, c’est de l’eau. Quand les lettres disparurent d’un mouvement sec, le visage de Clara en fit autant.

Il n’avait pas eu à la voir sur son lit de mort, c’était déjà ça de pris.
Mais Marie, elle…

Les courbes que tracèrent les doigts de Leia accaparèrent ses pensées ; elles ricochèrent un peu contre Clara, contre Marie, contre ce qu’elle avait perdu elle, s’égarèrent encore ailleurs au contact de sa peau. Les gens mentent (tous), ils s’en vont aussi (il n’y a aucune exception). Lui aussi mentait et claquait des portes, prenait la fuite par la fenêtre quand la porte était fermée. Il n’aurait jamais prétendu le contraire – mais, et Hedvig pouvait en témoigner…

Il ne s’en moquait pas.

Il voulait la voir sourire, détestait la faire pleurer, faisait demi-tour une fois son visage disparu parce qu’il n’arrivait pas à la chasser de son esprit. Elle était partout, et il ne la haïssait jamais autant qu’au bras d’Alejandro. Parce qu’il était humain, et que ça faisait mal.
Il pouvait se répéter mille fois qu’il l’aurait laissé couler avec ses poignets blessés, il savait qu’il ne l’aurait pas fait. Aurait tendu la main, quitte à se noyer avec elle.

Le simple fait qu’il accueille ses baisers comme une bouffée d’oxygène et s’agrippe à elle comme un noyé à sa barque le trahissait.

Il joignit ses lèvres aux siennes, presque avec urgence, une main dans ses boucles carmin. Il avait peur qu’elle s’évapore, ou ne tombe en morceaux. Elle n’était pas en porcelaine, mais un mot de travers suffisait parfois – il le savait.

« Je mens. Je suis parti, aussi. C’est vrai. (il la serra un peu plus contre lui) Mais je ne m’en fiche pas. Et m’en aller, je n’en ai plus envie. »

Pas de bulles. Je ne mens pas, cette fois, juré.
Quelle hardiesse.
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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeVen 30 Aoû 2019 - 15:55

Elle avait toujours aimé qu’il la serre un peu.
C’était comme si son étreinte insufflait de l’oxygène dans ses poumons plutôt que de les compresser.

« Je mens. Je suis parti, aussi. C’est vrai. Mais je ne m’en fiche pas. Et m’en aller, je n’en ai plus envie. »

Alors on a qu’à rester là.
Parce qu’on était bien, là. Loin du monde. Hors de tout.
Et peut-être qu’avec un peu de chance, juste un peu, personne viendrait les chercher.
Ses lèvres posèrent un baiser dans son cou, deux, puis son visage y resta, tandis qu’elle croisait les bras derrière sa nuque. Yeux mi-clos, la jeune femme écouta les battements de son propre cœur ralentir. Les muscles qui se détendaient, un à un, dans sa poitrine. Elle avait encore envie de pleurer, elle détestait ça, mais pour rien au monde elle ne se serait éloignée. Elle glissa une main dans le col d’Antoine, le long de sa nuque, contre sa peau. Ecouta le bruit de sa respiration. Elle était bien, là. Il n’y avait nulle part ailleurs où elle aurait voulu être.

Sauf que la nuit avait ses limites.

Les muscles de son dos se nouèrent soudain en une chaîne douloureuse, suivant l’axe de sa colonne vertébrale.

Elle allait devoir parler à Alejo.

Cette idée toute simple, cette évidence, balaya son bien-être comme un coup de vent d’automne et lui tira un frisson. Elle en eut instantanément mal au ventre. La gorge nouée. Elle ne voulait pas.
Comme c’était facile, de prendre de bonnes résolutions. De se décider à devenir courageuse. A agir en adulte.
Courageuse, elle l’avait jamais vraiment été. Et adulte, n’en parlons pas.
On lui en avait pas vraiment laissé l’occasion non plus.

Autant pour éviter de s’engluer dans cette perspective que pour empêcher le silence de se croire maître des lieux, Leia ramena une main entre eux et signa machinalement :

Va falloir faire un truc pour tes cheveux si on se retrouve ensemble.

C’était si peu, comme humour, que ça en ressemblait presque à un gémissement de détresse lancé comme une bouteille à la mer. Mais d’un autre côté, c’était comme si elle n’avait pas plaisanté là-dessus depuis des siècles. Ca remontait gonflait presque des bulles de rire dans sa poitrine. Bittersweet is how I taste.
L’habitude revint au grand galop, et elle se lova contre la poitrine du jeune homme comme un chat alangui de sommeil. Elle n’aurait pas refusé de passer la nuit dans cette position, pour être honnête. Cela faisait des mois que rien ne l’avait étreinte d’autre que les doigts blêmes de draps glacés et la gueule étouffante de l’obscurité. Ses amants n’avaient rien de tendre.
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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeDim 1 Sep 2019 - 2:34

...

Antoine n’étreignait pas souvent pour consoler (il le faisait si mal), encore moins pour fermer les yeux et écouter les notes d’un souffle chaud contre son cou – hormis les nuits sans lune où il regardait quelqu’un d’autre dormir. Mais il faisait clair, et Leia avait chassé l’obscurité avec ses caresses, alors il se permettait de déposer les armes, ouvrir les poings et se dire que quelque part, tout ne se finissait pas à l’eau ou au milieu d’une route.
C’était tellement dur, pour lui, de ne pas voir le mal dans chaque geste, de voir ce maudit verre à moitié plein ; il n’allait pas guérir en un jour, et Leia non plus. Mais ils pouvaient essayer, au lieu d’échanger des coups et des mots qui fâchent. Il avait avoué tenir à elle, il avait encore les mots en mains (littéralement) et ne voulait pas revenir là-dessus. Ce qui est fait est fait.

Et pour une fois, je ne mens pas, je ne m’enfuis pas, je ne te laisse pas glisser entre mes doigts.


Leia brisa le silence d’un geste, l’arracha à la chaleur de son corps pour lui faire une remarque sur ses cheveux – ah, ça faisait longtemps, tiens. Quand ils pouvaient encore rire avant de se retrouver entre les draps, avant qu’elle et Alejandro…
Ses pensées s’arrêtèrent sur lui, sur ses yeux qui ne voyaient rien, la façon dont Leia lui tenait le bras ; de l’affection, ou une comédie qui n’en valait pas la peine. Antoine n’avait aucun doute sur le fait qu’elle tenait à lui, il n’aurait pas été si amer sans cela. Si on se retrouve ensemble ?

Et lui, que devient-il, dans toute cette histoire ?

Son visage songeur, elle ne le vit pas, et il n’y avait rien dans son étreinte pour l’inquiéter, l’alarmer, l’en déloger brutalement.
Ses doigts glissèrent le long de ses mèches teintes, et il ne réprima pas le sourire qui accapara ses lèvres malgré lui :

« Tu es juste jalouse, j’ai compris. Tu peux l’admettre. »

Je ne dirai rien. Tant d’envie et d’admiration dans les yeux de sœur, ça l’aurait tué de devoir les couper. Un jour, peut-être – quand le fantôme de Marie aurait rejoint celui de Clara. Chaque chose en son temps, chaque pas à la fois ; il n’avait pas envie de briser la danse.

Ils avaient mis tant de temps à s’accorder. Pourtant, il prit le risque d’ajouter, car il devait savoir :

« Qu’est-ce que tu comptes faire, à propos d’Alejandro ? »

Retourner vers lui, lui dire qu’elle l’aimait ? Elle pouvait être hypocrite, mais elle lui aurait sans doute concédé qu’il valait mieux que ça. Mieux qu’elle, peut-être. Et c’était peut-être égoïste de sa part, mais il n’avait pas envie que tout lui retombe dessus. Certes, il ne pouvait pas les voir, mais les murs avaient des oreilles.
Il devait l’apprendre de ses doigts à elle, sans ça, ils allaient tous frôler le drame.

Le drame, oui. Il avait eu quinze ans, il avait été stupide et à fleur de peau, lui aussi. Il avait vu des gens se disputer et se déchirer pour moins que ça. Lui avait mordu pour bien moins que ça.

Tu n’es même pas obligée de lui dire que c’est moi.
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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeJeu 5 Sep 2019 - 6:30

« Tu es juste jalouse, j’ai compris. Tu peux l’admettre. »

Leia lâcha un rire muet qui fit frémir ses épaules étroites. Oh oui, clairement la moitié des filles de la planète enviaient sa chevelure digne d'une princesse de conte de fée à s'en pâmer. Mais elle n'estimait pas avoir quoi que ce soit à lui envier - et s'il voulait se battre, elle pouvait bien l'étrangler avec ses cheveux à elle.
Tout à la réflexion centrée sur ses mèches rouges, Leia fut prise au dépourvu quand Antoine rouvrit la bouche :

« Qu’est-ce que tu comptes faire, à propos d’Alejandro ? »

Sa mâchoire se crispa, son regard devint fixe. Elle s'était pas attendue à ce qu'il pose la question si franchement, si vite. A force de tourner autour du pot, sans doute.
Sans doute que c'était plus facile pour lui de mettre les pieds dans le plat maintenant - après tout, il ne l'avait jamais aimé, Alejo.
Leia se mordit les lèvres. Ce genre de réflexion n'aidait clairement pas, mais la question l'avait mise sur le qui-vive. Comme dans l'attente d'une accusation ou d'une gifle. Ou juste parce qu'elle mettait le doigt sur quelque chose que la norvégienne n'anticipait qu'avec angoisse.
Et puis son ton était différent. Ca sonnait étrange dans sa bouche, presque...
Raisonnable.
L'absence de sarcasme ou d'une quelconque taquinerie la mit mal à l'aise, sans qu'elle réalise sur le moment que c'était plutôt bon signe. Elle se rétracta un peu, façon bernard-l'ermite. Ses yeux dévièrent en coin.

La base. Me faire insulter en espagnol. Lapider en place publique. Un truc comme ça.

Qu'est-ce que tu voudrais que je fasse.
Bon, d'accord, ce n'était pas la réponse la plus mature possible. Rien de très constructif là-dedans à part "oui oui je vais faire quelque chose et pas rester assise là".
Mais ça faisait mal d'y penser. Et elle n'était pas idiote et égocentrique au point d'aller raconter à Antoine pourquoi.
Ca, c'était son problème, et il ne pouvait pas l'aider à le gérer. Sans compter qu'elle ne savait pas bien elle-même comment faire.
Sans doute que dans le cas contraire, toute cette histoire aurait pris fin bien plus longtemps auparavant.

Quant à savoir quelle était la meilleure tactique à adopter... Plutôt "Salut, en fait voilà, je te quitte, bye" ou "Hey, alors tu vois, je suis raide dingue de ce type que tu détestes, alors salut" ? also i slit my wrists hard lolhgfd Choix cornélien dites donc. Tant de possibilités et un seul choix possible. Sa frustration était intense.
Sans compter qu'elle pouvait très bien faire comme si de rien n'était - voilà, ça n'a juste pas marché, on reste amis, tout le blabla classique - et ça lui ferait mal à elle mais sans doute moins à lui ; mais ensuite ? Elle doutait de l'idée même d'un Antoine sage et prévenant, qui ferait profil bas ne serait-ce que quelques mois. Rien qu'envers elle, mais bien plus envers Alejo.
Ca allait le tenter. Le démanger. Il était intenable, dans le genre.
Elle et Antoine, ça ne passerait jamais inaperçu.
Une fois ce fait posé, le train des questions gênantes défonce les barrières dans un hurlement de freins.

Leia se renfrogna, essayant de faire le tri dans des possibilités qu'elle n'avait pas envie d'envisager - littéralement aucune d'entre elles - et comme d'habitude, ses mains s'animèrent par réflexe pour noyer le silence dès qu'il s'installa :

... Au fait, c'est toi qui a viré la porte de la salle de bain ?

Question innocente d'un côté, peut-être vaguement un rappel à l'univers qu'ils n'étaient pas plus mature l'un que l'autre d'autre part - ou peut-être que c'était juste ce qu'elle aimait penser.
Est-ce qu'elle le croyait capable d'aller jusqu'à des âneries pareilles pour tourmenter Alejo ? Oui, totalement.
Ce n'était pas gentil, mais compréhensible.
Après tout on s'ennuyait vite, dans le coin.
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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeVen 6 Sep 2019 - 4:41

...

Se faire insulter – Antoine ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel, mais sans sourire. Alejandro, insulter quelqu’un, le lapider en place publique ? Seigneur, sortez les violons. Consignez ce jour dans les annales, pour que les futurs historiens puissent s’y pencher. Il laissa l’ironie et le sarcasme dans sa gorge, parce qu’il savait pertinemment que ce n’était pas ce dont Leia avait besoin. Il savait que c’était dur pour elle, qu’elle allait devoir faire un effort, qu’elle aurait sans doute préféré qu’il ne lui pose pas la question et la laisse reléguer le problème dans un coin de son esprit.
Il ne voulait pas être cruel, il voulait juste que les choses soient claires. Peut-être que ça n’empêcherait pas Alejandro de l’insulter, mais…

Ah. Alors qu’il faisait tant pour lui. C’était à n’y rien comprendre. Ce garçon avait vraiment besoin d’une liste de tous les gentils gestes qu’il avait eu en sa prés –

Les mains de Leia firent dérailler ses pensées. Ah. Oui. La porte de la salle de bain. Sa grimace répondit pour lui mais il chercha comment nier le fait sans mentir, ou se laisser le bénéfice du doute. Quoi. Ça aurait pu être n’importe qui d’autre, c’était aussi la porte de sa salle de bain à lui, après tout. Pourquoi figurait-il en tête de sa liste de coupables ?

Vraiment, Antoine. Vraiment ?

« Possiblement, répondit-il en détournant le regard, mais je suis innocent jusqu’à preuve du contraire. »

Ce qui n’allait pas être difficile à prouver, en soi, puisqu’Emrys l’avait peut-être répété autour de lui ; « lol et autres mdr, j’ai vu Antoine se trimballer avec la porte de sa salle de bain qu’il a arrachée pour embêter son colocataire, ensuite il a ruiné mon dîner en amoureux ce bâtard ». Ça aurait bien été son genre. Tout pour le calomnier.
Il ne pouvait pas non plus dire à Leia qu’il l’avait enlevée à cause d’elle. Qu’il s’était dit qu’embêter Alejandro lui ferait oublier son visage et le souvenir du sang sur ses poignets. Rouge contre blanc. Qu’il s’ennuyait trop mais certainement pas d’elle, puisqu’elle savait que c’était faux.

Tu as dévié la conversation.

« Je le laisse tranquille, si tu préfères. Enfin, j’essaye. »

Aller embêter l’aveugle était comme aller chercher des noises à Emrys dans son temps libre : c’était devenu une seconde nature. Il n’était pas aussi calme et nonchalant qu’il aimait le suggérer, et à moins d’avoir envie de broyer du noir, il ne tenait jamais en place. Il n’était pas gentil, non plus, et il se souciait trop peu des autres pour faire un effort.

J’essaye, c’était criant de bonne volonté. Ça n’aurait pas été de trop, avec ce que Leia devait lui dire. Ne pas envenimer la situation, voilà qui était mature. Le laisser tranquille, le laisser respirer, arrêter de profiter du noir pour lui jouer des tours.
Oui mais, oui mais. Il était encore amer.

Il mit sa main sur celle de Leia avec un soupir. Ne pas avoir de contrôle sur la situation le terrifiait, mais il allait devoir apprendre à nager en eaux troubles de temps en temps.
La vie n’est pas toujours ce qu’on veut qu’elle soit.
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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeSam 28 Sep 2019 - 1:52

Ah, voilà. Il aurait fallu qu’elle soit sacrément bouchée et persuasive pour se convaincre que ce n’était pas lui, maintenant, vu la tête qu’il tirait. Pas qu’elle en ressente particulièrement le besoin, ceci dit. Antoine était pas des plus sympas, il aimait emmerder le monde, il prenait pas de gants, et ça lui avait jamais posé de problème, à elle. A la limite, cette blague-là était si immature qu’elle pourrait se moquer de lui un peu.
Ça avait perturbé Alejo et ça l’avait empêchée d’aller se doucher là, mais au fond, il y avait bien plus grave.

« Possiblement, mais je suis innocent jusqu’à preuve du contraire. » C'est ça, beau gosse.

L’idée d’Antoine se baladant dans les couloirs avec une porte eut quand même le mérite de lui faire ravaler un rire. Comment est-ce qu’il avait fait. Genre. Elle arrivait pas à se représenter.
Pendant que son esprit à elle tentait de se fixer sur ce genre de stupidité marrantes, Antoine ne perdait pas le nord, de son côté.
Leia fit la moue. C’était bien le moment d’être mature, hein. Paie tes 4 ans de plus, allez.
C’est bon, t’as rien à dire. Tire sur tes manches et ferme-la pour une fois.

« Je le laisse tranquille, si tu préfères. Enfin, j’essaye. »

La rouquine se mordit les lèvres et fixa le vide, mal à l’aise. Ce n’était pas qu’elle n’appréciait pas les efforts et l’aide – ou plutôt, pas encore – mais elle ne savait pas bien quoi en fair. Le travail d’équipe, c’était plutôt nouveau. Chez elle, ses amis s’étaient fait la malle il y a longtemps – et ils avaient raison. Ses frères la chamaillaient en permanence et ne prenaient rien au sérieux. Sven était toujours là pour l’écouter, mais question action, elle ne pouvait jamais lui en demander beaucoup. Il y avait eu Egil. Avant. Le reste du monde était contre elle, ou elle contre lui - et ne parlons pas de l’autre connard et sa clique, qui avait toujours été cent fois plus un problème qu’une solution.
Et elle avait osé critiquer Antoine, hein. Elle avait pensé et dit des horreurs, parce qu’on projette ce qu’on sait du monde sur les autres, comme si tout n’était qu’une grosse soupe bien homogène.
Bébé, je t’ai fait mal ?
Elle serra les dents, et ses doigts sur ceux du français. Ne pas s’éparpiller.
Essayer. Ok. Elle acceptait, elle prenait, mais pour la rassurer, il allait falloir un peu plus que ça.
Avoir toutes les pièces en main, encore, toujours, eh oui.

Leia croisa les siennes autour de sa taille, emportant celle d’Antoine au passage.

Essaye, oui.

Un silence complet passa, tandis que la jeune fille faisait toujours tourner les engrenages dans sa tête, à les en faire surchauffer.

De toute façon ça lui plaira pas. Dans un mois ou dans un an.

Ça lui serrait la gorge, mais c’était comme ça. Elle était pas stupide, elle avait pensé à un milliard de combines pour passer toute l’histoire sous silence et revenir à zéro, mais elle savait que cela ne serait pas possible. Même sauver les meubles serait difficile. Alors oui, il pouvait essayer de ne pas trop pourrir la vie d’Alejo pour un temps. Ce serait gentil. Ce serait le minimum.

Pas besoin d’étaler toute l’histoire non plus. Et je sais pas. Sois un peu sage en public un moment.

Un minimum, histoire de donner le change, pas vrai. De toute façon ça finirait par péter, tout ça. La norvégienne leva un regard sceptique vers son compagnon, pas dupe :

J’ai des doutes sur ta capacité ou ta volonté à faire ça.

Plus que des doutes. Elle aurait été époustouflée. Ne pas rendre la monnaie de sa pièce à l’espagnol ? Arrêter le sport national qui consistait à lui pourrir la vie à un rythme presque quotidien ? Ne pas crâner un minimum ? Antoine ?
L’idée de se mettre à la place du français n’avait qu’à l’effleurer pour qu’elle sache que son orgueil à elle, une fois blessé, ne l’aurait pas toléré. L’autre aurait payé le prix fort. Quoi qu’il arrive.
La pire, ça restait elle, pas vrai.
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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeDim 29 Sep 2019 - 18:12

...

A force de n’avoir aucune apparence à sauver, Antoine en avait oublié le goût des compromis ; amer sous la langue et difficile à avaler. Un petit effort, allez, ce n’est rien à côté de ce que tu as vécu ces derniers mois – ces dernières années, si on veut remonter un peu plus loin. Les autres, il les connaissait par cœur. On observe le monde une fois, on prend des notes, on serre quelques mains, on mord quelques lèvres, et on a fait le tour, vu ce qu’il y avait à voir ; les gens d’ici n’étaient différents qu’en surface.
Pour le reste, Antoine savait à quoi s’attendre.

Evidemment qu’Alejandro allait se vexer, leur en vouloir, peut-être lui chercher des noises s’il réussissait à le trouver dans ce dédale de couloirs. Il lui reprocherait exactement ce qu’il se passait : elle m’a quitté pour toi. En était-il désolé ? Est-ce que des larmes ou des cris l’auraient touché ? Non.

Si ça peinait Leia, il avait mal pour elle, mais ça s’arrêtait là. Toute l’histoire, il n’aurait été la raconter à personne. Il n’avait pas passé l’âge des méchancetés gratuites (la porte en témoignait, encore que, de son point de vue, c’était bien gentillet), mais n’avait plus le cœur à briser des miroirs pour se prouver qu’il était le maître incontesté et que rien ne l’atteignait jamais. Ah. S’il avait pu secouer un peu cet adolescent perdu qu’il avait été, il l’aurait fait. Avec le recul, tant de choses si effrayantes à l’époques n’avaient en réalité que peu d’importance.
Avoir été détesté d’emblée en arrivant dans cet endroit maudit avait fait son effet. Il était redevenu le petit garçon qui mordait les mains à la volée pour n’avoir à parler à personne.

Quel caractère, Antoine. Personne ne t’aimera jamais, si tu es aussi désagréable.
Et je m’en fiche bien, mère.

Sans bulles de savon. Comme quoi il lui avait fallu les coups de bâton pour s’apercevoir que l’honnêteté pouvait avoir du bon.

Et en parlant de ça…
Yeux plissés, le jeune homme laissa ses doigts glisser entre ceux de Leia. Des doutes sur sa capacité et sa volonté, hmm ? Nul besoin de préciser que le gentil garçon qu’il était le prit très mal. Son âme en ruines se mit à pleurer ce manque de confiance avec une ardeur peu commune. Douter de lui, à ce point !
Il n’y avait pas idée.

« Tu doutes ? Alors que je suis bourré de talents et de volonté et que je ne déçois jamais ? »

L’ironie lui tira un demi-sourire. Il la chatouilla pour lui faire passer l’envie d’insulter sa motivation à toute épreuve – essaye, hein, il n’était pas encore le saint patron des causes perdues et si ça pouvait la tranquilliser, il était prêt à faire des efforts.
Face aux faits et à Alejandro, la chose allait peut-être être plus difficile, mais il se lançait le défi de résister à l’envie de lui faire une plaisanterie vraiment lâche sur sa cécité. Quelque part, tout au fond, il se sentait coupable de quelque chose et ça lui pinçait le cœur. Tout à l’arrière, c’était ténu, mais ça suffisait.

Il ne regrettait rien que le temps perdu, pourtant.
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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeJeu 31 Oct 2019 - 17:01

Monsieur était parfaitement conscient de ses travers, c’était bien.

« Tu doutes ? Alors que je suis bourré de talents et de volonté et que je ne déçois jamais ? »

Ben voy-
Les doigts du français sur ses côtes lui tirèrent un glapissement muet et des contorsions de protestation qui l’envoyèrent rouler sur ses genoux. Elle attrapa la main coupable pour s’en protéger tout en ravalant un fantôme d’éclat de rire. Fourbe va.
Un coussin de mèches rouges en oreiller sous sa nuque, Leia leva des yeux bruns sans fard vers Antoine pour demander d’une seule main :

Je peux dormir avec toi cette nuit ?

Ni jeu, ni inflexion particulière dans ses doigts ou ses traits. Elle ne cherchait pas à brûler qui que ce soit. Ce n’était pas comme si elle dormait tout le temps avec Alejo, loin de là. D’ailleurs depuis quelque temps elle dormait surtout toute seule. Entre les bras de ses fantômes.
Il ne se poserait pas la question.

Juste dormir pas. Dormir. La traduction automatique du pensionnat lui menait la vie dure, parfois. Difficile de savoir ce qui pouvait être interprété dans quelle langue, et Leia n’avait jamais été très bonne en linguistique.

Son regard dériva légèrement en portant la main qui la torturait à ses lèvres. Pas besoin de franchir le seuil de la pièce pour se souvenir à quel point son monde, en ce moment, était effrayant. Obscur, peuplé d’ombres tremblantes dans tous les coins et de flammes de bougies prêtes à s’éteindre. Elle angoissait le jour, elle angoissait la nuit, comme perpétuellement plongée dans de l’eau froide.
Le silence lui faisait peur. Le rouge lui faisait peur. Ses yeux et ses mains aussi.
Dans ce marasme collant qui noyait les jours, elle ne se sentait pas capable d’affronter Alejo.
Ça s’arrangerait avec le temps, sûrement. Il fallait être patiente. Mais l’obscurité la guettait à la porte et elle avait peur.
Alors elle ne voulait pas être toute seule.
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Antoine de Landerolt
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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeMer 6 Nov 2019 - 22:44

...

Ses rires muets lui tirèrent un éclat, mais il s’avoua vaincu sitôt sa main prisonnière de la sienne. Il se remémora un peu mal à propos le rouge de l’infirmerie, le tranchant des ciseaux et le bruit de son cœur qui craque, mais se força à tout mettre sous clé. Ce n’était pas le moment d’y penser – il ne voulait pas oublier, mais il y avait un temps pour chaque chose et il voulait la voir sourire, pas la voir pleurer. Regarde tous les efforts que l’on a fait, je m’en voudrais de les gâcher.
La précision de Leia le fit rire, et lever un peu les yeux au ciel, il est vrai – dormir, oui, quoi d’autre ? Non, elle n’aurait pas fait ça à Alejandro. Lui n’en aurait ressenti aucune peine, pas la moindre petite trace de culpabilité, mais ce n’était pas de ses sentiments qu’il était question.
On n’a rien fait d’autre, à l’époque. Je trouve ça un petit peu triste, maintenant.

Mais au diable le temps perdu ; Antoine était bien placé pour savoir qu’il ne reviendrait pas. Quant au reste…

Il se pencha pour embrasser Leia sur le front. Chaque geste lui rappelait à quel point elle lui avait manqué, et il avait le cœur noué. Sa voix n’en laissait rien paraître, mais il n’empêche – il n’aimait toujours pas se sentir aussi vulnérable. Lui aussi avait les veines fragiles.
Il allait devoir s’y faire, comme de beaucoup d’autres choses. Il n’allait pas s’ennuyer, le temps qu’elle trouve le courage de quitter Alejandro.

Tant d’efforts à fournir, seigneur, on se croirait à Paris.

« Bien sûr. De toute façon, je suis un modèle de chasteté, tu ne risques rien. »

Il fit glisser sa main de ses lèvres à sa taille, pour la redresser et l’éloigner un peu de lui. Un modèle de vertu, la main sur la Bible : tu ne désireras pas la femme de ton prochain. C’était beaucoup en demander à un simple homme, mais à défaut de ne pas la désirer, il pouvait au moins ne pas la toucher.

Il promena rapidement ses yeux bruns le long des murs du salon. Personne.

« Si quelqu’un nous voit comme cela, il va se poser des questions. Les gens ont l’esprit mal placé. »

Les derniers mots furent prononcés avec un sourire, et il récupéra le livre qui avait atterri à terre et dont il ne se rappelait plus une seule ligne. Il était tard, mais cela ne voulait rien dire, pas au Pensionnat ; les habitués avaient des mœurs nocturnes et ils n’étaient pas à l’abri d’une nouvelle cargaison d’imbéciles. Il en avait croisé une fois, qui avaient dérangé sa lecture en hurlant sur un oui-ja. Il n’en avait pas cru ses yeux.

On en voit des choses, ici, si tu savais.

Et puisque l’endroit était réellement hanté, il n’aurait pas osé tendre la main aux esprits frappeurs. C’était un coup à se faire assommer. Peut-être Halloween était-il venu plaisanter avec eux…
Il se leva, et ne lui proposa pas sa main uniquement car tout le monde n’était pas aveugle comme Alejandro. Il ne devait pas l’apprendre de bruits de couloir.
Mais Leia avait beau sourire, il n’avait pas envie de la laisser toute seule.

« Tu viens ? »

Juste au cas où.
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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeLun 25 Nov 2019 - 21:11

Le contact de ses lèvres tira un sourire à Leia et lui fit glisser les mains derrière sa nuque, entre ses mèches blondes. Ohhh ça c’était chaste dis donc. Antoine de Landerolt. Roi des baisers sur la joue. En fait, quelque part, ça lui serrait le cœur, mais pas de manière si désagréable.
Elle était encore désolée, et bien consciente qu’elle ne méritait pas un pardon aussi facile.

« Bien sûr. De toute façon, je suis un modèle de chasteté, tu ne risques rien. »

L’habitude manqua lui laisser un air dédaigneux sur les lèvres, qui s’entrechoqua par accident avec un début de rire. Elle ne savait plus trop quoi faire d’elle-même, il fallait bien l’avouer. Elle se laissa redresser, et les mains d’Antoine lui laissèrent une trace d’insatisfaction sur la taille.

« Si quelqu’un nous voit comme cela, il va se poser des questions. Les gens ont l’esprit mal placé. » Poursuivit-il, alors qu’elle accrochait son sourire au passage.

La jeune fille le regarda récupérer son livre et se relever en ramenant les jambes contre elle sur le canapé. Elle vacillait rarement, mais dernièrement tout était à l’envers, donc. Est-ce qu’il se moquait ou est-ce qu’il était vexé ? Ou est-ce que c’était de la bonne volonté, uniquement ?
Elle avait aimé vivre dans un monde où on superposait le vrai et le faux jusqu’à en brouiller les contours.
Maintenant elle en aurait presque hésité.

Sois pas idiot.

Sa question à peine évaporée et avant qu’il ne s’échappe, la norvégienne s’était mise debout sur le canapé pour l’attraper par le cou et l’embrasser à la commissure des lèvres. S’il croyait qu’elle allait le lâcher. S’il croyait qu’elle avait peur.
La peur avait son emploi du temps réservé à autre chose. Un emploi du temps chargé.

« Je suis fatiguée. » Expliqua-t-elle en remuant les lèvres distinctement, bras croisés derrière la nuque du jeune homme. « Et. J’ai une question, du coup. »

Elle battit des cils d’un air innocent, puis sourit. Une main s’extirpa du dos d’Antoine et signa près de son visage :

On va où comme ça, là ?

L’avantage flagrant de l’internat, n’est-ce pas.
L’autre main glissa sur son épaule, puis le long de son bras, et elle entrecroisa ses doigts entre les siens, tout simplement. Personne ne verrait, personne n’y croirait. Et même, elle était prête à prendre le risque.
Parce qu’il faisait si sombre.
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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeMer 27 Nov 2019 - 23:07

...

Ses doigts et ses lèvres, auxquels il ne s’attendait pas, le rendirent un peu triste d’être « chaste » et un « modèle de vertu » ; mais il avait promis, et il ne voulait pas gâcher ce qui ressemblait encore un peu à un miracle. Tu casses tout ce que tu frôles, tu devrais éviter de trop la toucher – non ? Il chassa les voix jusqu’à l’arrière de sa tête. Il voulait tenir le fort tant qu’il était motivé et ne soupirait pas sur Alejandro. Ça prendra le temps que ça prendra, et en attendant…
Ses lèvres s’étirèrent contre les siennes. Il avait les épaules légères de toute cette tension évaporée, et ses vieux fantômes n’allaient pas lui gâcher la vie. Il y veillait. Il ne savait pas encore comment tout cela allait finir, mais pour une fois, il n’allait pas imaginer le pire.

Seigneur, qui suis-je.

Occupé à regarder ses lèvres, ses yeux tardèrent un peu à suivre les courbes que sa main traçait dans l’air. On va où ? Il fit mine de réfléchir, serra ses doigts entre les siens et se promena un instant le long des couloirs du Pensionnat. Il n’y avait pas mille solutions, alors…
Sans lâcher son livre ni son sourire, il s’arracha à son étreinte pour passer un bras dans son dos et un autre sous ses genoux. Il la fit basculer, sans lui mettre totalement la tête à l’envers. Il lui fit un clin d’œil.

« Danser. »

Il lui remit les pieds à terre en riant, et ses doigts raccrochèrent les siens. Il agita le livre qu’il avait volé à la bibliothèque plus tôt – et dont il ne se rappelait plus la moindre ligne. Que racontait-il, déjà ? Il n’avait que des suites de lettres embrouillées à l’esprit.

« Ramener ça avant qu’on ne soit réveillés en pleine nuit par la bibliothécaire qui tient absolument à récupérer son bien. »

Son ton avait beau être léger, il pensait la menace relativement sérieuse. Certains pensionnaires s’étaient pris des coups plutôt violents, à faire les imbéciles entre les étagères. Si elle pouvait assommer quelques personnes, qui aurait pu lui assurer qu’elle n’allait pas se matérialiser au pied du lit pour leur faire regretter leur insolence.

« Promis, je ne partirai pas avec la porte. »

Au cas où collectionner les battants ne devienne une habitude. Ne jamais sous-estimer l’ennui, surtout mêlé à l’amertume ; mais tu vas mieux, n’est-ce pas ?
Certes. Mais avant que tout ne soit réglé…

Le temps que son esprit s’habitue au calme et à avoir la peau de Leia contre la sienne sans penser aux ciseaux et au carrelage de l’infirmerie. Sans avoir envie de lui prendre les poignets pour s’assurer que tout allait bien.

Allez, Antoine. Tout va bien.
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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeMer 25 Déc 2019 - 12:41

Danser, puisqu'on ne sait faire que cela.
Un peu trop vraie, rarement aussi peu chargée de menace, la valse fit rire Leia, qui n'opposa aucune résistance. Elle oubliait facilement qu'il pouvait la soulever comme rien, occupé qu'il était à craindre de la toucher.
La norvégienne retrouva le sol comme à regret, rapidement dissipé par les doigts d'Antoine entre les siens. Ses yeux caressèrent les pages du livre dont elle l'avait si cavalièrement tiré.
Sans excuses ni remords.

« Ramener ça avant qu’on ne soit réveillés en pleine nuit par la bibliothécaire qui tient absolument à récupérer son bien. »

Sourire, encore, rapidement remplacé par une grimace entendue.
Elle s'en était pris des coups de bouquins, baguette, tablettes et tout ce qui s'ensuit, la Leia, depuis qu'elle était coincée ici. La faute à son caractère angélique et sa légendaire retenue.
Et à l'autre extra-terrestre qui passait beaucoup trop de temps là-bas pour qu'on ait pas envie d'aller y faire des descentes pour le simple mais exquis plaisir de l'emmerder.

« Promis, je ne partirai pas avec la porte. »

Ses zygomatiques, allez. Un peu de compassion pour elles Monseigneur, elles ne sont plus habituées.
De même pour les portes, on va se calmer sur la kleptomanie un peu, en effet, c'est mauvais pour la santé tout ça. Le dos, les articulation - t'es pas tout jeune, Antoine, chéri.
Son psy aurait eu plein de choses à dire sur la question.

Ouais, c'est une mauvaise habitude ça, jeune homme.

Tire les manches sur tes poignets, fillette, tire, tire.
Garde les yeux ouverts.
Regarde bien où tu mets les pieds.
Serre ses doigts, ne les lâche pas.
Entre dans la danse et tout ira bien.
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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeLun 20 Avr 2020 - 17:35

...

Une mauvaise habitude, ah ! Alejandro s’en était remis, la porte avait été remontée, rien qui ne vaille plus qu’une petite réprimande. Ce n’était pas sa faute si l’ennui le poussait aux pires vices – encore que, c’était bien innocent en comparaison de ce qu’il avait fait, de l’autre côté de cette porte qu’il ne pouvait pas arracher.
Un petit soupir lui gonfla la poitrine. Il n’avait pas envie d’y penser. Il n’allait pas se changer en un claquement de doigts et un baiser (parce que même Marie n’y était pas parvenue, alors les autres…), mais s’il pouvait laisser Alejandro tranquille le temps que Leia s’en occupe comme une grande, ce serait un premier pas. Quelle miséricorde, Seigneur, je suis si généreux.

L’espagnol ne l’aimerait pas plus pour la grande bonté qu’il allait avoir de ne plus piétiner allègrement son espace vital, mais Antoine pourrait au moins s’en laver les mains. Se dire « je n’ai pas empiré la situation » sans la moindre bulle. Ça n’allait pas être drôle, alors il pouvait au moins faire un effort. A sa mesure, à sa portée.

Oh, il va nous détester pour ça. Mais que peut-on y faire.

Antoine ne comptait pas lâcher l’affaire parce qu’elle écorchait les sentiments fragiles et délicats d’un autre. Je ne t’aime plus signifiait au moins que l’on avait aimé un jour.

Il ne lâcha pas les doigts de Leia, même en dehors du salon. Elle pourrait secouer son poignet pour le forcer à céder si jamais ils avaient le malheur de rencontrer quelqu’un, mais en attendant, il dansait.
Il avait attendu si longtemps, il estimait avoir le droit de la tenir contre lui. Ils ne faisaient rien de mal.

Il avait encore des questions à poser, des choses à éclaircir (même à la chandelle), mais elles attendraient un peu. Chaque chose en son temps.
Pour ne faire fuir personne.

c court:
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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitimeLun 20 Avr 2020 - 22:11

ce spoiler est ma dernière marque de décence:
Spoiler:
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MessageSujet: Re: Je délace tes arabesques. [Antoine]   Je délace tes arabesques. [Antoine] Icon_minitime

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