♣ This Mother-Infected Fairytale William Mary Hufflestring
| Sujet: LOST & FOUND [ POST UNIQUE ] Mar 16 Aoû 2011 - 1:32 | |
| LOST & FOUND «Beware the shady mouths, for they, not unlike the wolf, will eat you alive my little red riding hood. » - Il passe les portes, curieux, sachant pertinemment qu’un détail ne tourne pas rond. Sa main crispée sur la poignée, il promène son regard sur la pièce vieillie. Comme a-t-il pu atterrir dans un endroit pareil ? Le plus ancien manoir de la ville est celui de son père. Il est venu en marchant, bordel ! Pourquoi n’a-t-il pas rebroussé le chemin ?
Pour disparaitre. Parce que cet endroit, tel un incube, attire les innocents.
‘ Mais je ne suis pas innocent. ‘
Il fixe le vieux papier peint avec consternation, minaudant contre son manque de bon sens, sans vraiment signifier ses reproches mentales.
Parce que disparaitre, c’est tout ce que tu as toujours désiré. Tu es heureux d’être damné.
‘ Damné ? Sottises ! Idioties. Je suis simplement perdu, inconscient du chemin qui mène chez moi. ‘
Effectivement. Où te trouves-tu ? Où appartiens-tu ?
Accordant un dernier regard perplexe vers l’extérieur méconnu, il lâche la porte et laissent les battants craquer sournoisement. Le décor rappelle vaguement celui d’un film d’horreur. Classique. Quoiqu’après avoir passé son enfance à patauger dans les déchets d’une fosse sceptique, ce décorum ne l’impressionne que par son détail ahurissant. Des escaliers, autant imposants qu’étonnant serpentent vers de abysses inconnues perdues en hauteur. Des toiles de poussière parsèment le plafond ci et là. L’habitation nécessiterait une femme de ménage. Mieux vaut ne pas trop s’attarder, seul des gens potentiellement instables ou attardés laisseraient leur maison dans un tel état. Le fait reste qu’il ignore complètement comment rentrer chez lui, considérant qu’il ignore comment il a abouti sur ce coin de terre méconnu.
« Est-ce qu’il y a quelqu’un ? Voyez-vous, en fait, je me suis . . . », alors qu’il s’apprête à entamer une longue série de phrases pour expliquer sa présence dans la demeure inconnue, ne sachant trop s’il espère en sortir ou non, un couinement attire son attention. Fluette et presqu’inaudible. William cherche la source du bruit des yeux, s’attendant à trouver une poupée émaciée trainant dans un coin. Mais, non. À la place, il voit un rat, tout rond, gris cendre, qui trottine en cercles nets sous ce que semble être un large tableau de liège. William s’approche perplexe. Ce rat est la copie conforme de son ancien compagnon imaginaire. Le jeune homme le fixe longuement, presque perturbé, avant de conclure qu’il serait peut-être plus sage de rebroussé le chemin jusqu’à une demeure davantage hospitalière. Quel genre d’hôte laisse la vermine filer chez eux librement ? Le rongeur à ses pieds n’a rien d’une souris des champs, pour sûr ! La bestiole couine de nouveau, s’accrochant au rebord de son pantalon sombre. Mary ignore s’il devrait secouer sa jambe ou si regarder la créature s’égosiller à grimper le long de son membre est plus satisfaisant. Il choisi de prendre le rat entre ses paumes et de le caresser affectueusement. Ce n’est pas tout les jours qu’il rencontre un sosie d’Alfred.
En ayant fini avec le rat pour l’instant, son attention se porte sur le babillard. Des feuilles contentant quelques lignes sont retenues par une punaise défraichie. Relaxé par la perspective d’une courte lecture, William parcours les mots. Le sentiment est familier, mais le contenu déroutant.
Il pense d’abord à une farce, sa raison lui susurre l’impossibilité d’une prison aussi intangible. Toutefois, une parcelle de lui murmure que c’est dans l’espoir qu’il rencontre une telle expérience incongrue, une telle échappatoire, qu’il a poursuivi son chemin sur la route inconnue. De plus, les auteurs de ses notes particulières précisent que la situation ne relève pas d’une maigre blague de mauvais goût.
William, yeux rivés sur les feuilles, expression fermée, regard interdit, sens son monde vaciller. À vrai dire, il ne sait pas s’il devrait hurler de désespoir ou sauter de joie. Il ne décèle que l’anxiété tenace qui le martèle.
‘ Et puis quoi maintenant ? ‘, Ose-t-il se demandé, incrédule. Devrait-il réellement accorder de l’importance à l’encre jeté sur la liasse jaunie ?
Tenant toujours le rongeur dans une de ses mains, songeant distraitement à l’adopter lorsqu’il sortira d’ici, William agrippe de nouveau la poignée de la porte. Il la tourne lentement, puis la pousse sans succès. Il répète la manœuvre, fébrile. Il tremble sous le nouvel échec. Ses yeux s’embuent malgré lui, par la faute d’une émotion qu’il n’arrive pas à discerner. Il n’entend les planches du sol craquer tout près, indiquant l’arrivé d’un individu, qu’après quelques longues secondes.
William opte de continuer sa charade et clignant des paupières pour se débarrasser des éventuelles larmes, il lutte pour retrouver une certaine quantité de maitrise.
« Je suis désolé. Je me suis égaré et j’ai aperçu votre manoir. Pourriez-vous m’indiquer le chemin vers la station d’essence la plus près ou me laisser utiliser votre téléphone ? J’ai oublié mon cellulaire et n’ai aucun autre moyen de contacter qui que ce soit. »
Pourtant, son portable gît tranquillement dans sa poche arrière. Le poids du bidule technologique rassurant, mais sans plus. William veut comprendre où il se trouve. Du moins, c’est ce qu’il croit.
Il patiente de longues secondes, s’attendant à voir apparaitre une silhouette d’un moment à l’autre. Pourtant, rien ne se passe. Personne ne surgit d’entre les ombres. Le rat couine doucement, mais, mis à part cela, le silence s’est de nouveau installé. Un peu comme si le craquement sourd entendu il y a à peine une minute n’avait jamais existé. La peur s’attache à ses côtes, rampe le long de son intestin et lui susurre de fuir, de décamper, tandis que sa raison le sermonne en lui rappelant que la porte est infranchissable. Une fenêtre ? Il n’en aperçoit pas. Puis, au fond, ce qui prédomine, c’est la curiosité, indomptable et excitante. William s’y accroche pour ne pas sombre à ses anxiétés.
Il fait un pas vers l’avant, se surprenant à figer au moindre craquement. Il enchaine ses mouvements lentement, comme pour tester la tangibilité des lieux. Puis, un rire, strident et soudain lui semblant venir de partout à la fois résonne dans le piètre hall. Mary abandonne sa curiosité et la peur tire les rênes de sa conscience. Il détale à toute vitesse dans les escaliers. Une fenêtre. Il doit trouver une fenêtre. Un carreau, une vitre. Quelqu’un. N’importe quoi.
Par pitié.
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