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 You_Cant_Escape_You_Know [Libre]

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You_Cant_Escape_You_Know  [Libre] _
MessageSujet: You_Cant_Escape_You_Know [Libre]   You_Cant_Escape_You_Know  [Libre] Icon_minitimeSam 3 Déc 2011 - 22:46

Haletante, une jeune femme d'une petite vingtaine d'année claquait la porte du pensionnat derrière elle. Ses longs cheveux noirs enchevêtrés couvraient en partie sa tête baissée, dissimulant son visage des regards indiscrets, et lui donnant comme un air fatigué, glauque. Adélaïde s'adossa à la porte, ses bras ballants ne cherchèrent pas à retenir le large sac de sport contenant une partie de ses affaires, qui tomba mollement au sol.
Elle même ne tarda pas à le rejoindre, d'une manière à peu près similaire, se laissant glisser le long de la grande porte jusqu'au sol froid. Inspire, expire, meuf. Calme toi, ils sont plus derrière toi. Mais où es-tu ?
La fuyarde daigna lever le regard et haussa un sourcil. Elle n'avait jamais été aussi perplexe de sa vie entière. Que foutait un truc qui avait une pure tronche de manoir au milieu de la forêt d'une île de pauméland ? Son regard de glacier longea la rambarde en bois ouvragé qui montait et montait jusqu'au sommet d'un escalier.
De toute façon, elle ne comptait pas rester ici : elle devait y retourner. Elle devait les aider, les sauver, ils devaient fuir cette saloperie d'école. Là. Au plus vite.

Ses jambes refusèrent de lui obéir quelques secondes, encore traumatisées de la course effrénée qu'elle venait d'avoir. Ces médecins étaient vraiment tarés et sans aucune putain de morale. Puis, enfin, elle se redressa et toute sa hauteur, se retourna, prête à affronter tout ce qui serait là dehors. Si c'était des alliés, ça serait pas mal, mais fallait pas trop espérer.
Inspire, expire, et presse cette foutue poignée.

Re-presse cette foutue poignée.

Encore une fois.

Met un coup de pied dans la porte.

Lâche un juron pour exprimer ton désarroi.


« Putain ! »

Un autre coup de pied, pour la route.
La porte n'avait pas bougé d'un pouce. Non, pas du tout. Elle était purement et simplement verrouillée. Et Adélaïde, enfermée. Enfermée, genre, aucune fenêtre dans cette pièce à la con. Aucune possible échappatoire. Et pourtant, elle avait bien su entrer ! Alors pourquoi l'inverse poserait-il problème ?
Elle essaya, probablement par désespoir, d'ouvrir la porte dans l'autre sens, en tirant, en poussant. Idée stupide qui ne changea strictement rien à la situation. Mais elle aura essayé.
Technique de professionnel, la jeune femme posa son pied un peu au dessus de la poignée, et d'une puissante impulsion de tout son corps et de ses appuis, voulut forcer le passage... Ce qui fut particulièrement sans effet, et l'ex-cobaye avait de quoi se sentir vaguement ridicule.

« Non non non ! »

La voix brisée, désespérée, elle ne retint pas un cri enragé de plus.
Nouveau coup de pied, dans son bagage cette fois-ci, qui glissa d'un air parfaitement indifférent sur le sol. Logique, me direz-vous : c'est un sac. Mais si un sac pouvait ressentir ne serais-ce qu'un chouilla d'empathie pour le mélange de colère et d'angoisse qui grondait dans la tête de la jeune corse, elle apprécierait grandement le geste.

Dernière solution, se retourner, et faire face à ce nouvel environnement sorti de nulle part.
Un soupir, las, et la brunette se mit à faire le tour complet de la pièce, en commençant par ce tableau à droite de la porte. Avec de la paperasse punaisée.
P'tain, qu'il écrivait mal, ce type. Adélaïde plissa les yeux et entreprit de lire, consciencieusement.
Avant de lâcher un méchant juron que je ne citerais pas, et de se cogner la tête contre le panneau de liège.

Elle s'y cogna une deuxième fois.
Et comme on dit, jamais deux sans trois.
Maintenant, t'arrêtes tes conneries et tu prends ton sac. C'est parti. Mais peut être...
Qu'une petite sieste s'impose.


Vous connaissez la nacolepsie ? La seule maladie au monde capable de vous faire vous endormir au beau milieu d'un passage piéton. La seule qui peut excuser un élève de dormir en cours. Et qui peut aussi excuser un élève endormi au milieu d'un passage piéton pendant son heure de cours.

S'il est rare d'observer de tels cas, vous pourrez ici à même le sol découvrir celui d'une jeune femme vêtue d'un jean déchiré, de baskets boueuses, ainsi que d'un t-shirt bleu foncé terne recouvert d'une chemise à carreaux rouge et noire entrouverte parsemée d'éclats de branches et de feuilles.
Coup de chance, elle ne ronfle pas.
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William Mary Hufflestring
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• Pouvoir : Je suis une ombre.
• AEA : Alfred, le rat perspicace au mutisme éternel.
• Petit(e) ami(e) : Nous sommes tous enfermés ici et vous trouvez le moyen de penser à copuler ? Je rêve.

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Bless the Spawn of Hell | Mahaut de Clairlac.
Pourquoi un corbeau ressemble à un bureau ? | Alea Miller.
Those Things are so Boring ~ | Halloween.
Smuggling of Vodka in the Room of a Reader | Holly Addison.
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Mesmerizing Hues. Marie-Colombe Mazarin.
L'heure du thé, c'est sacré. | Alexandra Blackwood.
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MessageSujet: Re: You_Cant_Escape_You_Know [Libre]   You_Cant_Escape_You_Know  [Libre] Icon_minitimeDim 4 Déc 2011 - 6:14

On s’habitue rapidement à l’odeur de mort, d’agonie, qui hante le moindre recoin du château. L’endroit semble en déchéance permanente, coincé quelque part enter les limites incertaines qui séparent la vie et la mort. On se familiarise avec le papier peint des lieux, glissant nos mains gantées contre sa surface poreuse. Les symboles le décorant demeurent un mystère, paraissent changer constamment. On apprend à reconnaître les gens dangereux, la rousse droguée jusqu’à la moelle qui se pavane avec des talons de dix centimètre, le grand ténébreux au sourire facile qui cache, entre ses replis, un douteux amant préférant la jeunesse à la maturité.

En trois semaines, William se considère intégré au quotidien du pensionnat. Il se nourrit toujours exclusivement de ce que Toya, l’énergique dirigeante du Glossy Gloomy Lovyou, veut bien avoir l’amabilité de lui préparer, n’osant point s’approcher des cuisines. Le jeune noble passe le plus clair de son temps à naviguer posément entre le GGL, la bibliothèque, la chambre d’Alea Miller ou celle de Holly Addison. Il a appris comment pallier sa crainte du large manoir, s’est remis de la nouvelle impliquant la présence passée de sa mère en ce même lieu.

La tête lui tourne lorsqu’il s’attarde trop sur ce courant de pensée, ce faisant, il évite de se regarder dans le miroir, évite la couleur lilas et, par-dessus tout, ce qui touche de près ou de loin à Rudy. Inutile de valser en plein dans la folie, lorsque cette dernière se voit simple à contourner. N’est-ce pas ?

Ses chaussures lustrées claquant contre le bois vieilli du parquet, William ne se surprend plus vraiment a toujours finir par terminer dans l’enceinte ancestrale du hall d’entrée. Après tout, il se trouve directement sur le chemin de quiconque souhaiterait descendre, il est nécessaire de passer par le hall tous les jours. Les cuisines et le GGL se trouvent au rez-de-chaussée et, malgré l’incongruité totale des habitants du pensionnat, la plupart ressentent encore le besoin de se nourrir. La jeunesse éternelle n’empêche pas la faim, au grand malheur de Mary, qui aurait nettement préféré pouvoir continuer de lire tranquillement dans son lit.

Il s’accorde un instant pour observer le hall, regarde les portes bariolées de sang séché (certains pensionnaires font, apparemment, des entrées plutôt sanglantes), d’écorchures et d’autres déboires non-identifiables avec nonchalance. La famille les gardant tous enfermés doit être sacrément puissante, pourtant, les portes peuvent s’ouvrir. Il y a une issue, pour sûr. Sa Suzeraine, sa mère, en était la preuve. De son vivant. Maintenant, elle croupît six pieds sous terre dans le confort d’un tombeau fleurit.

William soupire, désabusé, son regard circulaire se heurtant contre une figure solitaire qui a trouvé de bon sens d’ignorer le danger s’échappant du pensionnat pour s’allonger, de toute sa longueur, sur le plancher. Bonjour l’instinct de survie défectueux . . .

La demoiselle arbore une foulée de mèche sombre, son expression reflète une sérénité sournoise que William ne peut s’empêcher d’envier. Il jalouse tous ces nouveaux s’arrivant qui se sont vu épargner la panique et l’horreur des lieux. Lui s’est précipité, mût par la peur et la dénaturation, par l’obscénité de la contradiction vers les profondeurs des lieux.

Le souvenir de sa rencontre chamboulante avec Holly lui arrache un sourire, alors qu’il détaille la nouvelle arrivante de ses iris améthyste. Elle parait négligée, l’état de ses vêtements totalement opposé à la tenue sophistiquée que porte Mary. Ses chaussures couvertes de boues lui indiquent qu’elle devait se trouver à l’extérieur ou qu’elle se contre-foutre éperdument de ses biens personnels. Le riche héritier sent une pointe de dédain ramper le long de son échine. Quel manque de classe !

Hm.

Tout de même, vaudrait mieux ne pas la laisser moisir ici. Qui sait qui sera le prochain pensionnaire à dévaler la volée de marche menant au rez-de-chaussée. William refuse d’avoir une mort sur la conscience, le pensionnat en lui-même déjà bien trop stressant, contraignant. Inutile d’ajouter d’autres soucis au lot déjà présent.

Du bout de sa chaussure, face à l’incapacité de réprimer le dégout que lui inspire l’aspect de la jeune femme, pousse doucement l’épaule de l’inconnue. Pas qu’elle soit repoussante, simplement négligée. Ses traits sont plutôt agréables à observer dans l’ensemble, doux, avec un petit quelque chose de frais. Il la secoue de la semelle, prenant toutefois grand soin de ne pas lui infliger de douleur.

« Il serait sage de vous réveiller. L’endroit vous parait peut-être douillet, mais je vous assure que les pires canailles rôdent par ici. »

Puis, l’ébauche d’une pensée insuffle à Will le souhait évident ci-contre.

Faites qu’elle ne soit pas une déjantée, faites qu’elle ne soit pas folle. ‘ Goddammit please, not again !

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MessageSujet: Re: You_Cant_Escape_You_Know [Libre]   You_Cant_Escape_You_Know  [Libre] Icon_minitimeDim 4 Déc 2011 - 12:17

Tout aussi frustrant que cela puisse être, et paraître, Adélaïde n'avait jamais cessé de rêver de liberté, quel que fut le nombre d'années depuis lequel elle était enfermée. Rêver de devoir prendre le bus pour aller en cours, rêver de le louper. Rêver de paysages, de grandes étendues qu'on peut fouler du pied sans être poursuivi, sans aucune restriction, sans limites.

Si elle n'avait pas poussé cette porte, elle aurait pu y gouter. Mais comment pouvait-elle savoir qu'à l'inverse, cette porte était plus une condamnation qu'une libération ? Si elle avait pu se plaindre là bas, dans cette école, qu'allait-elle penser de ces lieux macabres...
Elle voyait déjà arriver les regrets. Pourquoi avait-elle fui, pourquoi avait-elle poussé la porte d'un endroit inconnu, sans méfiance aucune ?
Trop tard pour revenir sur ses pas. Les messages étaient bien clairs, et après ses tentatives d'ouvrir cette grande porte, ils ne pouvaient qu'être vrais. Ou être d'excessivement mauvaises blagues. Du genre, de très mauvais goût.

Son sommeil ne fut pas de longue durée : Non seulement le sol était très inconfortable, mais en plus y'avait comme un truc, une tentative extérieure de la réanimer. Un mouvement qui aurait pu se confondre avec une action quelconque rêvée. Dans ces moments là, c'est le hasard qui prime, on ne choisit pas réellement sa réaction. En tout cas, l'instinct d'Adélaïde avait choisi la méfiance.

Avant même d'ouvrir un œil, son bras prit les devants pour balayer la chose qui l'avait poussée. Quelle surprise, sentir sa main s'agripper à une chaussure. Excuse-moi, quoi ?

« Heein ?... »

Voix endormie, froncement de sourcils, et un œil ouvert pour voir une belle chaussure bien propre et brillante. Pas tellement son genre, en fait. Elle préférait avoir l'air d'une clocharde qu'avoir l'air « balais dans le fondement ». La jeune femme était encore quelque peu dans le paté. Tellement qu'elle pourrait ouvrir un magasin de terrines. Quelques mèches balayaient son visage et elle les repoussa d'un geste, puis repoussa la pompe cirée qu'elle n'avait pas encore lâché. Remontant un peu les yeux, elle osa un regard vers le visage du jeune homme, au travers du rideau de cheveux qui recommençait à lui tomber devant la face.

Une seconde lui suffit enfin pour se remettre les idées en place : si d'habitude elle ne se gênait pas pour prendre son temps, ici le contexte était parfaitement différent. T'es pas chez mémé, meuf. Et l'angoisse revint aussi vite qu'elle était partie.
Un nouveau tour d'horizon, il lui semblait que la pièce n'avait pas changé de tronche, non.
Elle se redressa, en position assise, une de ses mains allant chercher instinctivement la poignée de son sac, l'autre passait dans ses cheveux, pour la recoiffer provisoirement, puis regardait le mec, l'air classe, qui lui faisait face.

« J'ai pas peur des canailles. Déclara-t-elle premièrement, l'air indifférente. Elle en avait vu beaucoup. Et quand on doit discuter diplomatie avec un caïd doté d'un extraordinaire don, du genre qui peut te réduire en miettes en moins de dix secondes, vaut mieux pas être trouillard. Deux questions : J'suis en plein cauchemar ? Et, les papiers sur le mur là bas, c'est une blague ? »

Adélaïde ne tarda pas à se redresser de toute sa hauteur, supportant son sac à l'épaule, fixant son interlocuteur dans les yeux. Interdiction de mentir. Elle allait perdre patience, et espérait que ce petit manège n'était que le fruit de son inconscient, malgré le réalisme effarant de la chose.
Aussi, elle ne tenait pas à expliquer le pourquoi du comment elle était tombée endormie là. Si elle devait vraiment rester ici, on ne tarderait pas à comprendre. Et puis, rester polie sera amplement suffisant pour cet inconnu, qu'elle respectait : il aurait pu lui mettre un coup de tatane, s'il le voulait.
Quelle poisse. Elle avait envie de hurler mais c'était pas très décent et elle risquait bien de passer pour une tarée. C'était comme si vous vouliez vous échapper de prison pour finalement vous retrouver dans une asile à la place.

Devrait-elle tout recommencer à zéro ? Que les gens s'habituent à elle ? C'était chiant d'avance.

Là d'où elle venait, pour le moment, y'avait des aspects similaires : Des gens qui avaient l'air vachement cheulous, des canailles, on était enfermé sans la moindre chance de fuite... Ou très peu : Qui sait si la tentative du jour avait porté ses fruits ? Elle ne saurait jamais.
Y'avait comme une expression d'agacement sur son visage.
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MessageSujet: Re: You_Cant_Escape_You_Know [Libre]   You_Cant_Escape_You_Know  [Libre] Icon_minitimeMar 6 Déc 2011 - 3:30

Ne pas ressentir la peur qu’engendrent les lieux relève de l’inconscience. William claque sa langue contre son palais, persifflant mentalement contre l’arrogance de la nouvelle venue. Il doute que les canailles dont elle parle soient aussi dangereuses que celles qui rampent le long des parois du pensionnat. N’a-t-elle pas remarqué les arabesques de sang vieilli qui décorent la porte ? Inconsciente. Ne ressent-elle pas l’atmosphère hideuse qui empoisonne l’air ? Ingénue.

Au moins, maigre consolation qui n’en est pas vraiment une ; elle s’est réveillée. En s’agrippant à sa chaussure, probablement dans l’intention de stopper, d’analyser une possible menace extérieure, certes. Mais . . . mais au moins elle ne s’adonne plus à être une proie vulnérable et facile pour le prochain psychopathe de service. Voilà un semblant de bonne nouvelle pour elle. La seule qu’elle se verra octroyer en ce jour fétide, très certainement. William la regarde de haut, alors qu’elle le lâche, secouant modiquement son pied pour se défaire de l’illusion du touché. Il n’arrive pas à se défaire de ses préjugés . . . elle lui rappelle les clochards qu’on trouve en train de quémander pour un dollars ou deux dans les stations de transport en commun. Elle semble le contemplé d’au travers ses cheveux, mais William a vite fait de se retourner, ajustant son mince nœud papillon distraitement. Une telle apparence incite à la pitié ! Peut-être . . .

Hm. Si elle comptait parmi les sans-abris peuplant la Terre, peut-être sa venue au manoir était-elle une bonne chose au final. Elle n’aura plus froid. Soit, Mary a vite fait de se réprimander. De telles assomptions faites à l’arrache sont odieuses et ne reflètent point son statuts supérieur. Il tâche d’ignorer son malaise face à la dame visiblement moins gâtée par la hiérarchie que lui-même et l’écoute affirmer qu’elle ne craint pas les canailles.

Retour à la case zéro. Il hausse un sourcil et reprend ses airs de snobinards innés. Lui qui est si charmant à l’habitude, il ignore pourquoi, mais cette demoiselle l’indispose plus qu’il ne le faudrait. Le gentleman en lui se perd dans la contemplation douteuse qu’il se fait de la jeune femme.

« Deux questions : J'suis en plein cauchemar ? Et, les papiers sur le mur là bas, c'est une blague ? », demande-t-elle en se relevant.

Il tique. C’est toujours un moment de contemplation silencieuse qui l’immobilise lorsqu’il entend cette question. Les plus crédules croiront sans réfutation les pages, mais la majorité se voit doté d’un bon sens suffisant pour soupçonner une farce. Le truc, en ce qui concerne cette situation précise, la blague est erronée, l’impossible ; la vérité. Il soupire ? Comment se doit-il d’annoncer à cette loque qu’elle a marché tout droit vers l’éternité, vers l’emprisonnement.

« Un cauchemar ? Possible. Nous aimerions tous, ou presque, que cet endroit perfide ne soit qu’un distant rêve désagréable. . . »

Il esquisse un geste circulaire, théâtral, qu’il accompagnerait très certainement d’un extrait de Molière si la situation ne s’avérait pas aussi néfaste, et désigne le hall dans toute splendeur ancestrale. Laisse ses prunelles violettes coulées sur la longueur du papier peint, jusqu’à sur le lustre cristallin qui semble prêt à tomber, pour finir sur les lourds battants se referme suite à l’arrivée de chaque pensionnaire. Il fronce, imperceptiblement, des sourcils. Son expression se renfrogne, se rembrunit.

« Pourtant ce qui vous entoure est bien réel. Nous pénétrons tous dans le manoir par le biais de ces exécrables portes. Vous aurez beau essayer n’importe quoi, les brûler, les gruger, elles ne vacilleront jamais. »

Il ne voit pas réellement l’utilité de se présenter amiablement, ses manières et contacts interpersonnels ayant subis un énorme choc culturel depuis sa propre entrée dans le château. Il se revoit, il y a à peine un mois, apeuré et bien plus innocent, quémander gentiment un téléphone. L’innocence et l’ignorance se sont vues remplacer par une méfiance sans frontière. Qui sait qui se cache derrière un masque. Le visage le plus angélique peut dissimuler le pire des monstres. Lui-même est particulièrement instable à ses heures. Loin d’être dangereux, mais suffisamment aliéné pour prouver être inquiétant. Il accorde un bref regard à la jeune femme, maintenant debout, maintenant enhardie. Le luxe des perles lui siérait bien mieux que les épaves effilochées qui lui servent de vêtements. Il retient une nouvelle grimace, puis consent mentalement à expliquer à la demoiselle les principaux critères résumant le pensionnat interdit.

Toutefois, inutile de gaspiller sa salive en répétant des paroles déjà lu. Ce faisant, pour s’assurer de ne pas faire la conversation à cette créature pour rien, il pose une question toute simple. Suivi d’une affirmation armée de bienséance. Peut-être les bizarreries du manoir l’épargneront-il s’il se répand en bonne action. Ah ! Quelle superstition idiote. À peu près aussi accablantes que les guenilles de la jeune femme.

« Vous avez lu les messages provenant des pensionnaires ? Si vous avez des questions, posez les maintenant. Je crois que ni vous ni moi ne désirons croupir dans ce hall immonde plus longtemps que nécessaire. »

Le hall est magnifique pourtant, si l’on enlève les toiles d’araignées et la poussière. William en est parfaitement conscient. Toutefois, contempler les portes lui ayant imposé un châtiment faisait régner une instabilité autrefois dissociable de sa personne, l’empli d’une haine toute particulière. Une rage innommable qu’il ne peut qu’associer à Chelsea. Faute de mieux.
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MessageSujet: Re: You_Cant_Escape_You_Know [Libre]   You_Cant_Escape_You_Know  [Libre] Icon_minitimeMar 6 Déc 2011 - 20:34

Son interlocuteur, bien qu'un petit peu plus petit qu'elle, semblait porter un air immensément hautain dans ses veines. C'était particulièrement agaçant, aux yeux d'Adélaïde qui devait supporter son regard. Des yeux violets, tiens, c'est pas commun. Mais bon, ce type en général avait l'air assez peu commun. Et puis, le lieu où elle se trouvait l'était aussi, pour changer.
Soutenant son regard, la jeune femme ne retint pas le sien à fureter quelques brefs instants sur cette pièce. Elle avait quelque chose de glauque, lugubre. Si les éclats de flammes, de flash intenses qu'elle avait vu avant d'entrer ici avaient quelque peu altéré sa vision, sa petite sieste lui avait permis de distinguer pleinement le sang qui maculait la porte, ancien. A vrai dire, elle avait l'impression que ça faisait partie du décor. De l'ambiance.
Mais elle continuait de croire qu'elle n'en avait pas si peur que ça. Après tout, d'où elle venait, c'était pire : le blanc éclatant et médicamenteux, pire que nous raconter quelles horreurs avaient pu avoir lieu, nous laissait le loisir d'imaginer ce qui avait pu se dérouler avant que la femme de ménage ne passe un coup d'éponge sur de vaines batailles oubliées.

Elle fronçait un petit peu les sourcils à l'écoute de son mystérieux interlocuteur, quelque peu énervée mais pas encore encline à déverser son ressenti sur un mec qui ne faisait que l'aider. Son problème ? Il pouvait pas arrêter de tourner autour du pot, une seconde ? Il pouvait pas juste répondre « Non c'est pas un cauchemar t'es ici pour la vie ma vieille » ? Bon, adaptons à l'homme, et ça donnerait quelque chose d'un chouilla plus sophistiqué, mais au diable les périphrases.

Voilà. Il l'avait dit.
Elle était putain de coincée ici pour toute sa putain de vie. Fantastique.
Par un on ne sait trop quoi de magique. Fantastique.
Si elle avait bien lu, les élèves étaient dotés d'un pouvoir. Elle qui n'avait pas eu le loisir d'en attraper un par le passé, contrairement à sa foutue narcolepsie, la voilà récompensée. La question subsidiaire se posait donc : Quoi donc ?

« Cool, c'est bien ma veine, moi qui rêvais de vivre plus de vingt ans, j'suis servie. »

Ne put-elle s'empêcher de commenter.
Malheureusement, elle aurait préféré vivre plus de vingt ans à l'air libre. Fat chance.
Elle croisa les bras, hésitant entre différentes attitudes à avoir. Scepticisme, pessimisme, indifférence, faire comme si tout allait bien ? Sans aucun doute la dernière ferait partie du lot. C'était tout à fait son genre. Particulièrement au milieu d'un tas d'inconnus, et encore plus particulièrement si ils avaient tous l'air de péter plus haut que leur cul, comme celui en face de lui...
Toutes ses pensées qui se bousculaient dans sa tête étaient plus ironiques les unes que les autres : elle comptait bien se sociabiliser, sinon qu'elle vie de merde elle allait avoir... Juste, pas question qu'elle finisse sapée comme ce type là pour des besoins d'intégration. Fallait pas exagérer.

« Ouais, j'ai lu leurs mots d'amour, ouais. J'ai bien quelques questions. Genre : Tu m'ferais une petite visite guidée ou je me démerde ? »

Du fait de croupir dans ce hall, elle, ça ne la dérangeait pas : c'était peu agréable, mais dépaysant et beaucoup plus reposant que le blanc agressif et acéré qui lui avait collé à la rétine six années durant. S'il savait à quel point elle s'y connaissait, en matière de croupir quelque part.
Les salles de classe, les chambres, puis l'infirmerie à ses heures perdues. Elle avait même eu l'honneur incommensurable de passer un moment éveillée dans le bâtiment des laboratoires. Plus précisément la pièce barbare du nom de « Salle de Torture ». Elle avait eu l'occasion d'en savoir beaucoup. Surement trop, d'où ce petit passage qui visait à la réaligner, et qui n'a fait que la braquer d'autant plus. Nous ne nous attarderons pas sur le sujet, qu'Adélaïde balaya mentalement.
Si elle n'avait pas poussé cette porte, elle aurait peut être pu lancer toutes sa connaissance à la face du monde. Cracher sa haine de ces types en blouse blanche qui foutaient en l'air la vie de centaines de gamins pour le bon plaisir d'un vieux fou...
Mais ça n'était pas le moment de penser à tout ça. Vraiment pas.
Elle avait crispé sa mâchoire l'espace d'un instant, et dé-serrait ses poings.
Le moment était d'agir comme si de rien n'était.
Adélaïde épousseta un instant sa chemise, grimaça presque imperceptiblement en voyant l'état de ses pompes, puis croisa les bras, supportant son sac d'affaires de l'épaule,
Elle songeait qu'aux messages lus, les pensionnaires n'étaient pas tous comme lui. Seulement, elle savait qu'ils pouvaient être pire, mais à quel point ?
Elle aurait bien l'occasion de le constater, que celui-ci accepte de lui faire visiter ou non.

« Adélaïde Guillory, enchantée. »

Si se présenter juste après avoir posé une question pouvait sembler inapproprié, dites moi exactement qu'est ce qui n'aurait pas semblé inadapté à ce moment précis ? Et puis, c'était assez horripilant de ne pas connaître le nom de la personne à qui l'on parle. Sérieusement.
Peut être que le « enchantée » avait semblé un petit peu trop cérémonieux, pour les préavis qu'Adélaïde avait de l'homme ici présent, mais finalement fallait relativiser. Et puis elle n'avait pas l'inspiration de trouver une autre formulation de ses pensées un peu plus... vraie.
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MessageSujet: Re: You_Cant_Escape_You_Know [Libre]   You_Cant_Escape_You_Know  [Libre] Icon_minitimeJeu 15 Déc 2011 - 19:09

L’élocution d’une arrogante mégère dopée à la modernité brusque ses oreilles sans grande douceur. L’insolence résonne mauvaisement à l’intérieur de ses parois auditives, cette familiarité vulgaire qu’elle instaure l’indispose. La rue, ou peu importe d’où elle peut bien avoir la malchance de provenir, ne devait pas être un lieu très cléments. Il lorgne les baskets salies, puis soupire posément. N’importe quoi vaudrait mieux que l’enfermement à vie, que la décadence de cet exécrable lieu qui se joue de l’humanité. Ce manoir sans pitié qui torture les gens au prix de l’amusement d’une famille de détraqués. Malgré son dédain, ses prédispositions venimeusement hautaines, il trouve la force de compatir. Apprendre que nous nous voyons enfermé pour l’éternité à venir n’est pas bien simple, évoque une foule de sensations contradictoires qui tentent de vous plonger dans une démence certaine. Grands, petits, laids, jolis ; ils sont tous dans le même bateaux, voguant contre leur gré vers l’infini de la folie.

Lente déchéance, inquiétante et putréfiante que nul n’aurait pu s’imaginer.

Le château est traitre, changeant, mouvant ses parois aux rythmes des ambitions des I. Seul Rudy et une poignée de pensionnaires éplorés, dont Leï, dont sa mère, ont su déjouer la candeur horrifique des fondations mouvantes. On apprend rapidement comment se situer dans l’enceinte de cette prison victorienne, suffit simplement d’un sens de l’orientation minime. Certains endroits, dont la cave, tout particulièrement vaste et effrayante, prouvent être peu recommandable et foncièrement différent à chacune de vos visites. William évite ces lieux comme la peste. Ça et les cuisine, redoutant avec une hargne palpable la proximité du réfrigérateur l’ayant aspiré deux semaines auparavant.

« Vous guidez ? », demande-t-il, un brin condescendant. Il n’apprécie pas l’idée de déprendre d’autrui, même s’il si voit souvent contraint depuis son arrivée ici. Mary tente modiquement de saisir la désorientation qui doit animer la dame et sa crasse, la sienne s’avérant de plus en plus distante chaque jour.

L’enfermement collectif est un état auquel on ne peut que s’habituer. Malgré nous.

« Je le peux bien. Le manoir est composé de quatre étages renfermant diverses pièces nécessaires au bon fonctionnement de notre ménage forcé. Vous trouverez, au rez-de-chaussée la salle à manger, le salon, la somptueuse salle de bal du manoir, le Glossy Gloomy Lovyou, ainsi que les escaliers menant à la cave. Endroit que j’éviterais, si j’étais vous. Il y a aussi les cuisines, mais . . . le mobilier de cette salle à de drôles de tendances alimentaires . . . »

Il baisse les yeux, hoche la tête pour appuyer ses propos, se perd momentanément dans le souvenir détestable de sa chute vers les enfers. Pire que les poulpes. Rien ne l’avait autant effrayé avant. Heureusement que la magnifique Mahaut, maternelle et constante, avait été présente pour l’épauler lors de cette cacophonie intérieur, de cette perte de direction impromptu. Il s’extirpe hors de ses méandres, pose le regard sur la nouvelle venue, intensément, le plus poliment possible malgré sa suffisance naturelle.

Noblesse oblige.

« Au premier étage vous remarquerez la présence des dortoirs, le pensionnat lui-même nous assigne nos chambres. Vous devez déjà posséder la vôtre. Mis à part les dortoirs, vous trouvez une salle de bain, l’infirmerie et mon lieu favori, la bibliothèque. »

Il esquisse un bref sourire, balaye une fois de plus l’inconnue, Adélaïde, apparemment d’un œil critique, vaguement plus doux, plus compréhensif. Les mots, la littérature, sait opérer ce charme calmant sur sa personne. Il cligne des yeux, paupières masquant des iris améthyste l’instant d’une seconde ou deux. Sait-elle lire ? Apprécie-t-elle la beauté de mots justement placés, de phrases élégamment tournées ? Considérant sa manière de s’exprimer, ces prédispositions surprendraient grandement William, mais qui sait. L’éloquence se cache partout, guette les recoins les plus inattendus.

« Au deuxième étage se trouvent des salles que je n’ai toujours pas eu l’audace d’aller explorer. Rumeurs affirment qu’elles sont passablement étranges. Soit. Le troisième et dernier étage abrite un grenier poussiéreux qui cache une mystérieuse véranda fleurie. Un endroit agréablement particulier, il parait. »

Rien à ajouter sur le compte des deux derniers planchers de l’établissement. Ils sont plus étroits, dépourvus de salles superflues, renferment plus de secrets que l’ensemble des autres emplacements. William n’a aucune explication a fournir et ne s’étendra certainement pas dans le récit cahoteux de son aventure passée dans la saleté du grenier. Une poupée brusquée, le genre de malpropreté qu’il ne pourrait identifier à la jeune femme lui faisant face. Il l’imagine mieux à l’extérieur, à courir les bois à la recherche d’une civilisation égarée.

Hmph. C’en est aggravant. Il tique, se refoule et force un sourire. Il relève d’une rareté indéniable qu’il se montre heureux de faire de nouvelles rencontres. Spécialement lorsqu’elles semblent posséder le calibre social de chats de gouttières affamés. Il s’incline légèrement vers l’avant, une révérence aux intonations moqueuses. Il hésite un bref instant à révéler son réel prénom, mais se ravise, tait sa paranoïa. Elle s’est présentée d’abord . . .

« William. Ravi de faire votre connaissance. »

Il se redresse, bien droit, arborant la richesse d’habits bien pressés, finement alliés, velours et soie se côtoient avec la grâce de cygnes enchantés, parcourant le tissu de teintes ombrageuses et de textures détaillés.

« Je me rendais à la bibliothèque, avant de vous remarquer. Je peux vous faire visiter le rez-de-chaussée, c’est le seul endroit où vous risquez de vous perdre. Les couloirs sont d’infâmes traitres qui adorent écarter les résidants de leur chemin . . . »

Les cuisines, encore et toujours résonne en son sein comme une manipulation machiavélique. Puis, il est préférable de penser à cette pièce plutôt qu’à d’autres sujets plus perturbants. Sauvegarder son esprit, sa raison. Survivre.
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MessageSujet: Re: You_Cant_Escape_You_Know [Libre]   You_Cant_Escape_You_Know  [Libre] Icon_minitimeJeu 15 Déc 2011 - 21:29

Toujours bras croisés, l'air presque grave, Adélaïde se retenait de se mordre la joue tant son interlocuteur avait un caractère incommensurablement pénible. Il pouvait pas arrêter deux secondes, l'air condescendant ? Tout de suite genre monsieur s'habille bien... Enfin, bien... Disons plutôt Monsieur sort de l'argent par tous les trous et les gaspille en fringues qui coutent la peau du derche, juste pour se donner un style /je suis élégant et je te conchie/ ? C'était surement ça, oui. En tout cas tout dans son attitude confirmait cette phrase. Espérons.
En outre, la jeune femme repensait à ce qu'elle ratait, de l'autre coté de cette porte.
Quelle merde. Elle était enfermée pour de bon. Est-ce que ça lui épargnerait vraiment une mort précoce ? Ou ce pensionnait allait rapprocher encore un petit peu plus son enterrement ?

Une petite victoire pour la brune, qui esquisse un sourire en écoutant les descriptions de monsieur. Elle tâcherait de garder en mémoire cet inventaire des pièces qui seront pour un bon nombre essentielles à sa survie, et … essentielles tout court, quoi. Il semblait qu'il appréciait la salle de bal. Absolument pas étonnant. Elle, ça n'était absolument pas son genre, mais peut être serait-elle obligée d'y faire un tour un de ces quatre, au moins pour sa culture générale.

Elle ne fit pas vraiment attention à ses commentaires. De drôles de tendances alimentaires, hein... On fait avec ce qu'on a. Adélaïde fut déjà bien contente d'avoir à priori une chambre qui lui était attribuée. Cool. Et une bibliothèque, ça pouvait être intéressant aussi. Au moins on peut s'occuper un chouilla. Même si elle avait déjà trouvé maintes manières de s'occuper lorsqu'on est enfermé, en six ans.

Les descriptions très superficielles des deux étages supérieurs intrigua énormément la jeune femme, qui haussa un sourcil à ce moment là. Elle irait y faire un tour, aussi. Ça lui rappelait l'école où elle a passé ces quelques dernières années... Des endroits secrets, peu recommandables, des secrets à découvrir, des choses qu'il ne fait pas bon savoir généralement. Si elle avait de très mauvais souvenirs liés à cela, elle avait aussi eu quelques bonnes surprises, et parfois un bonheur peut résulter d'un malheur.
Bon, c'est pas une généralité, mais elle n'en avait rien à faire, elle n'avait plus grand chose à perdre maintenant qu'elle était là... Elle n'avait plus grand chose à perdre depuis longtemps, et le peu qu'elle avait su récupérer, elle l'avait perdu en entrant ici.

A l'ironique révérence de « William », elle rendit une gracieuse révérence de danseuse, détonnant quelque peu avec son style actuellement fort débraillé, souriante et un chouilla moqueuse. Ouais, elle avait un peu envie de le provoquer, ce gus. De le provoquer ou au moins de le rendre plus apte à la causette. Une vraie discussion, pas un mélange de politesses hypocrites poussées par une pitié à couper au couteau.
Une fois redressée, elle mit ses mains dans ses poches, à l'aise.

« Bah écoute, ouais, j'te suis. »

En espérant que ça ne le dérange pas trop qu'une pauvre fille aux sapes pas tout à fait riches ni tout à fait neuves lui parle, Adélaïde se dit que faire la discussion ne serait pas une trop trop mauvaise idée. Qui sait, peut être lui aussi pouvait avoir ses bonnes surprise. Ou alors il pouvait aussi se faire baisser dans l'estime de la damoiselle.

« Dis, on dirait que ça fait longtemps qu't'es ici, tu f'sais quoi avant ? Genre, d'où tu viens, quoi.  »

Question personnelle, oui, mais c'était intriguant, un gus pareil, quand même. Elle aurait pu tomber sur n'importe quoi, ici, mais celui là allait bien avec le papier peint, il devait probablement sortir du même genre de milieu... Riche à n'en point douter, tout aussi noble... Deux notions qu'elle trouvait parfaitement dérisoires et inutiles. Comme pas mal de notions en fait.

« Aussi ça m'arrangerait qu'on passe par un endroit où j'pourrais me changer, pasque la balade en forêt c'était pas brillant... »

Elle grimaçait quelque peu en évoquant cette balade, et passait une main dans ses cheveux, léger signe de malaise. Une bien épuisante errance champêtre, ouais. Si sa chemise était ébréchée par le bois et les échardes, et quelques feuilles devaient encore errer de ci de là dans ses cheveux, l'ennui le plus grand était la masse terreuse de ses chaussures. Ça n'était pas par pitié pour le plancher, mais il est assez désagréable de marcher là dedans.

La brunette n'avait pas spécialement envie de déballer son aventure. Du moins pas sans que son interlocuteur ne lui aie un peu parlé de lui. Si il pouvait parler de cet endroit, au passage, ça serait cool aussi. Il fallait dès maintenant commencer à amasser des informations. C'est qu'elle avait pris l'habitude, Adé, des endroits clos : Toujours en apprendre le plus pour maximiser ses chances. Chances de fuites ou au moins chances de survie...
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MessageSujet: Re: You_Cant_Escape_You_Know [Libre]   You_Cant_Escape_You_Know  [Libre] Icon_minitimeVen 30 Déc 2011 - 5:34

Telles les poupées ballerines qui trônaient dans les boîtes à musique de ses jeunes cousines, Adélaïde esquisse une révérence gracieuse, qu’elle présente avec une aise pratiquée. Mouvement théâtral très certainement moqueur, mais William ne s’en offusque pas vraiment, trop agréablement surpris pour ce méprendre. Quel revirement ! Ça détone avec son physique disgracieux, avec son élocution presque crue, montre une facette apte de la jeune femme. La rigidité du sourire de William fond un brin et il masque habilement un rire, léger et souple, d’un revers de main, boutonnières frôlant vaguement ses lèvres pâles. L’image qu’elle présente lui saute aux yeux, rigolote et irréelle. Le genre d’irréalisme banal qui côtoie régulièrement le monde extérieur, ces situations inusitées qui se terminent souvent sur des blagues simplettes. C’est frais, doux et amène une nostalgie bourgeonnante au sein du cœur de William. Bien que le manoir où il a grandit et la pression sociale ne lui manquent pas, il regrette la liberté du monde extérieur, regrette les performances de dramaturge qu’il donnait en cachette, allant à l’encontre des vœux de son paternel. Tout cela lui semble si lointain maintenant . . . un paradis intouchable.

Alors que la nouvelle pensionnaire se redresse, le mince sourire de William disparait, se voyant remplacé par ses airs neutres habituels, horriblement frustrant pour certains. Il l’entend acquiescer, et hoche lui-même la tête pour signifier sa compréhension, son accord final. Jouer le guide touristique à l’intérieur du cirque des horreurs pour la dernière cliente malchanceuse ayant le plaisir de se voir octroyer la damnation ultime. Ultime, car tout le monde sait bien qu’il y a un bon nombre de choses qui s’avèrent être bien plus horribles que la mort. La mort est douce, la mort est clémente. On la fuit dans l’espoir de pouvoir continuer d’avancer, suivant un instinct débraillé et faussé par la modernité. Pourtant, en la fuyant, on trouve pire, des souffrances inimaginables. William a bien du mal à imaginer un endroit plus tordu que le pensionnat. Bien sûr, il sait que la terre est peuplée de déboires atroces et sanglants . . . pourtant l’idée d’une agonie lente, d’une asphyxie mentale interminable au cœur d’un château satanique, lui paraît plus odieux, plus désespérant. Ses doigts lui démangent, la nervosité le ronge. Quels genres de démons sa mère a-t-elle bien pu affronter dans cet endroit.

Il tait ses pensées brusquement, un soubresaut presqu’imperceptible soulevant son corps. Il ne doit pas s’attarder sur cette femme, sur sa Reine.

. . .

Par où peut-il bien commencer, quelles pièces seraient les plus capitales à connaître en premier ? Il songe immédiatement à la cuisine, mais se ravise. Non, il lui pointera la direction de ces lieux perfides, mais ne l’y accompagnera certainement pas. Plus jamais il n’entrera dans cette pièce, ne s’approchera de ce réfrigérateur gourmand. Oh non ! Il se rappelle trop bien les vomissures, le froid mordant de la cave, la peur, la peur de se retrouver seul, d’être séquestré pour de bon dans le noir. Traumatisé ? C’est peu dire . . .

« Dis, on dirait que ça fait longtemps qu't'es ici, tu f'sais quoi avant ? Genre, d'où tu viens, quoi. »

Longtemps ? Non pas vraiment, trois maigres semaines, même pas un cycle lunaire complet. Ces vingt-et-un jours lui suffisent amplement, cette sortie inexistante dont tout le monde parle se faire presque tentante, mais chercher les pages du Rudy lui apprendrait des secrets qu’il préfère ignorer à jamais. Sa Suzeraine doit demeurer parfaite . . . Il plonge son regard améthyste dans celui d’Adélaïde, la jaugeant silencieusement. Pourquoi voudrait-elle savoir cela ? Y’a-t-il un quelconque mal à lui répondre ? Il médite là-dessus, la tension martelant ses nerfs s’accentuant. Les bottes boueuses l’indisposent de nouveau, il s’imagine leur odeur contraignante. Et elle, d’où sort-elle pour être ainsi débraillée ? William soupçonne de nouveau l’itinérance, mais se ravise, encore honteux d’une telle mesquinerie.

« Je doute qu’on puisse considérer quelques maigres semaines comme ‘longtemps’ mais soit, je conviens qu’elles me sont amplement suffisantes. »

Il compatit avec les pauvres âmes, telle celle de Mahaut ou de Toya qui arpentent les couloirs du pensionnat depuis des années. La simple perspective menace de lui causer une crise d’angoisse, car peut importe combien de fois par jour il cherche à le nier, à le rationnaliser, ils sont tous prisonniers, enfermés, de vulgaires rats. Il ne supporte pas l’enfermement . . .

« Avant d’atterrir ici, je vivais en Angleterre, tout près de Londres. Ce que je faisais . . . ? », William esquisse une moue pensive, brève et frappante, ses iris se déposent sur le sol avec un embarras froid, dévastateur. La contradiction de ses regrets, de ses désirs, partir ou continuer.

« . . . je suppose que je cherchais à m’échapper. »

Les situations grotesque s’étant enchevêtrée douloureusement les une par-dessus les autres, William n’a pas vraiment eu le luxe de discuter de ses regrets, n’en a pas vraiment eu l’opportunité ou l’envie. Ce n’est pas son genre de se confier, ce faisant, les mots explosent hors de sa bouche, chuchotements renfermant une émotion imprécise, indéfinie, dangereusement contradictoire. Désire-t-il vraiment déguerpir du pensionnat ? Il se mordille inconsciemment la lèvre inférieure, détournant son visage, le baissant juste assez pour que sa crinière d’un brun profond vienne dissimuler ses traits. Il ne veut pas obtenir la réponse, aussi couard cela puisse-t-il paraitre. Trop penser le tuerait, le tuera.

Malaise, moment étrange qu’Adélaïde brise avec une nouvelle requête. Se changer ? Il leur faudrait monter au premier étage pour cela. Il accorde un regard à la tenue, recouvrant quelque peu ses prédispositions hautaines et hoche exagérément lentement de la tête, promenant son regard de manière éloquente le long de la figure de la nouvelle arrivante.

« . . . Les chambres sont à l’étage du haut, vous préférez que je vous amène là-bas ? Les placards offrent des vêtements à volonté, vous aurez un vaste choix . . . »

Il se retourne, sans vraiment attendre de réponse, faisant quelques pas hésitants en direction de la cage d’escalier. Politesse William. Politesse. Il se retourne, bien que très peu curieux, trop perturbé, trop perdu.

« Et vous, comment êtes-vous arrivée en ces lieux machiavéliques ? »
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