C'est bien ici la fête ? [LIBRE]

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Neliana avait tout préparé pour la fête qui s'annonçait ce soir. Apparemment c'était un genre d'anniversaire groupé, et elle avait été en quelques sortes invitée par l'ami d'un ami dont c'était la fête. Vous suivez ? Il s'était dit qu'elle pourrait foutre l'ambiance, faire de la musique, faire la pitre, ce genre de choses. Et comme chacun, il y avait la petite contribution rituelle.
On lui avait dit qu'il fallait entrer dans un grand manoir, qui avait plusieurs locataires, quelque chose dans ce style là. C'était plus ou moins à l'autre bout de la ville alors elle connaissait pas trop le coin, sinon qu'il était réputé pour les gens friqués et les grosses bagnoles.

Alors comme tout le monde, elle arrivait avec sa guitare sur le dos, et les deux bras occupés : L'un supportait un plat de pizza, et l'autre tenait fermement un sac plastique contenant quelques bouteilles, de plastique et de verre, et pour sur, y'avait pas que du coca-cola là dedans... En tout cas les deux bras imploraient une pause, ça commençait sérieusement à tirer.
C'était sûrement cette porte là, et au pire si elle se trompait, ben elle ferait demi-tour.

Elle posa le plat à pizza au sol et le poussa du pied tout en ouvrant la porte pour entrer. La porte se referma bruyamment, hop là, ça c'est fait !

Neliana s'avança vers les escaliers où elle déposa ses lourd bagages. Elle se permit même de se décapsuler une bouteille de Desperados, qu'elle entama d'une longue gorgée. Son regard erra sur la déco à laquelle elle n'était absolument pas habituée. En fait, ça lui rappelait clairement les visites qu'elle avait fait dans des musées, ou les peintures des bouquins d'histoire. Elle grimaça, elle détestait ces périodes de ses cours d'histoire. Et coté décoration elle préférait le plus moderne. Ou au moins le moins aristo que ça.
Puis, elle faisait assez tâche, elle et sa despé, dans ce hall d'entrée. Elle et son T-shirt à l'effigie de Rainbow Dash, fière pégase de My Little Pony, elle et ses converses d'un rouge éclatant, elle et son jean déchiré peinturluré recousu et customisé à l’extrême. Si le papier peint n'était pas ultra coloré, il ça ne faisait que la faire ressortir et détonner par rapport à son entourage.

Pire que pire, il faisait plus froid à l'intérieur que dehors, et la rouquine se résolut à croiser les bras après une nouvelle gorgée de boisson. On pouvait entendre une mouche voler. Même un putain de moustique. Heureusement y'en avait pas, sinon la jeune fille serait déjà partie les poursuivre pour leur régler leur compte. De manière rationnelle, et à coups de cul de bouteille.

Afin d'essayer de … Disons, passer le temps, car elle était probablement en avance, et d'autres entreraient par cette porte, elle sortit sa guitare de sa housse, but une autre gorgée de Desperados et entreprit de jouer quelques refrains de sa connaissance, chantant et tapant du pied dans le rythme.
Elle se retenait ardemment de piocher dans sa propre pizza, y'avait une limite quand même...

[Imaginez qu'elle chante une chanson random d'un groupe sympa, genre, The Offspring.]

Gelé, le vent avait accroché mes cheveux dans une esquisse de sauvagerie à mon égard. Cristallisant mes cils, il opacifiait mon regard dans la sublimation des yeux humains, soulignant la froideur du bleu en hiver. Je n’osais rompre le gel venant former sur mon visage une pellicule scintillante, faisant tout juste frémir les rares centimètres cube encore réchauffé par une certaine pugnacité de mon corps. Concentré sur mes pas, j’avançais en silence, mes doigts glissés dans mes poches, pressant mes hanches dans une inconsciente recherche de chaleur. La porte d’entrée n’était pas loin, mais il me fallait traverser un sentier me démotivant particulièrement.
Le froid… je m’y sentais pourtant tellement vivifié, d’habitude. Mais s’était emparé de mes membres une raideur qui émoustillait la douleur et arrachait à mes lèvres des soupirs de mécontentement. Pas crissants dans la neige, je franchissais en silence les dernières foulées, ignorant les quelques rares individus encore présents dehors, pour me concentrer sur la porte. Objet de valeur et d’art à la fois, elle faisait se juxtaposer un symbolisme de force, de sévérité, et étrangement, d’arrogance… Mes prunelles se baladèrent sur la lourde poignée, que je caressais du bout des doigts, faisant s’effleurer le velours et le fer ouvragé. Mes doigts se refermèrent sur le bouton sculpté, et j’ouvrais la porte, précédé par un jeune homme aussi frigorifié que moi. Nous pénétrâmes dans un hall spacieux. Sans un mot, le jeune homme s’éloigna, se mêlant à l’épaisseur de la banalité, plongeant vers des décors qu’il connaissait certainement mieux que moi. J’étudiais du regard le lieu. Pourquoi étais-je rentré là ?
Quelle question.
Parce que je l’avais voulu. Cependant, il n’y avait aucune motivation à cette nécessité. Peut-être le bâtiment en lui même m’avait interpellé. Je ne sais pas, je ne savais plus. J’avais cherché à fuir le froid. J’avais vu des gens entrer. J’avais cédé au bête instinct du troupeau, laissant mes pas me guider jusqu’à l’intérieur. Je me sentais étrangement bien. Sortant mes mains gantées de mes poches, je posais mon regard sur quelques jeunes glissant près de moi, comme des ombres. Je les dévisageais. Ils avaient un regard étrange. Pendant une seconde, le temps se fit éternité. Que se passait-il ? Où étais-je ? Aucune crainte, ni angoisse, je chutais sur place, à folle allure, dans un vide infernal, sans en comprendre la raison. Manque de repère. Où étais-je ? Mes yeux se plissèrent. J’accrochais du regard une fille. Besoin. Besoin vital de comprendre. Sinon j’allais me perdre, et je sentais que ce serait terrible. Mon cœur repartit lentement. Je décrispais mes doigts, et approchais.
Cheveux blonds et yeux verts. Profil eurasien, longuement côtoyé ; mise à l’aise rapide. Ici, les gens étaient multiples. Diverses. Mais c’était elle qui m’attirait. Je me rendis près d’elle, claquant dans mes foulées les pans de mes vêtements sobres. Sobres et noirs, ils rivalisaient de contraste aux effets trash que portait la fille. Un trash mode fillette. Ses Converses rouges m’attiraient presque tout autant que ses cheveux blonds ou ses yeux verts. En femme, on aurait dit Lun. Plus petite, peut être. Je me glissais à ses côtés, posant mes doigts sur son épaule, signalant ma présence. Poli, Zack.

« Excuse moi… Tu sais où on est ? »

Evidemment ; j’avais besoin de repères.

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Un courant d'air glacé raviva l'attention de Neliana, la réveilla de son absence, où elle jouait patiemment de la guitare. Elle n'avait pas fait attention, elle n'avait pas suivi ce qui s'était passé, sinon que la lourde porte claquait à nouveau, fermée. Une gorgée de sa boisson plus tard, elle fronça les sourcils. Aujourd'hui, à Toulouse, il faisait plus de 25°C et elle était en t-shirt, alors pourquoi un courant frigorifiant s'était allé de la sortie vers elle ?
Avec le courant était venu un homme. Impressionnant, ce type là, d'ailleurs. Mais tout aussi impressionnant qu'il était, la question qu'il osa était particulièrement étrange.
Comment ça, où il est ? Il était entré ici sans savoir, égaré demandant son chemin à la première jeune fille venue ? Étais-ce une mauvaise technique de drague ? Probablement pas.

« Comment ça, où on est ? Attends une seconde. »

Incrédule, et portée par un espoir vain, elle se leva vers la porte, poussa la poignée. Tira la poignée. Mais rien ne se passe, la porte ne bouge pas. Comme si elle n'avait jamais bougé et ne pourrait plus jamais bouger.
Soupir las, agacé, et Neliana marmonnait.

« Pas encore... »

Pas encore quoi, dites vous ?
La rouquine ne vous le raconterait probablement pas.
Si tout pouvait paraître normal, d'où elle venait, il ne fallait pas se fier aux apparences. Et un instant de relâchement pouvait vous piéger, vous piéger de telle sorte que si vous pensez « Mais c'est impossible ! », l'auteur de tous vos soucis vous répondrait posément « TGCM »*
Le fait qu'une porte ne se rouvre pas après qu'on l'ait fermée, c'était pas tout à fait le genre de choses auxquelles Neliana aurait pu s'attendre. Soit, elle ferait avec. Peut être que son amie ne voulait pas perdre des invités ? C'était stupide comme réflexion, et la demi-portion tapait du pied, pensive.

« Ben, on va dire je sais pas. »

Puis son regard s'accrocha à nouveau vers le panneau d'affichage qu'elle n'avait pas daigné lire. Elle avait pensé à un bête écriteau de la mairie, ou du concierge. Elle le désigna d'un signe de tête.

« C'truc là pourra peut être te renseigner. Enfin nous. J'ai même pas envie d'le lire tellement c'est blasant. »

Elle finit sa bouteille au goulot, jusqu'à la dernière goutte avant de la remettre dans son sac, hésitant à en sortir une deuxième. Fallait pas qu'elle passe carrément pour une alcoolique. Mais il ne fallait pas devenir inconvenante avec l'homme perdu. Elle afficha un grand sourire.

« T'as soif ? J'ai quelques alcools, vodka, manzana, bière, et du coca et du jus de fruit. Et d'la pizza aussi si t'as un creux. »

Ouais, décidément, c'était beaucoup trop cheulou pour être les lieux d'une fête. Neliana passa une main sur son visage, qui glissa jusqu'à passer dans ses cheveux, les réarrangeant momentanément. Craquant, n'y tenant plus, elle vint se poster elle même devant le panneau d'affichage pour lire ce qui y était marqué, aussi vive et rapide qu'une tornade de couleur douée de conscience (quoi que ça c'est relatif).
Et son sourire était devenu une grimace.

Mes yeux se noyèrent une seconde dans les émeraudes violentes de la gamine. Je me perdais. Je crois que je me perdais. J’avais plongé dans un océan sylvien, et me retrouvais terrassé par les flots menaçant de submerger ma raison. Je me souvenais de tout ; du besoin de faire les promesses, des moqueries de l’Empereur envers les Samouraï, de ses yeux verts à lui, que j’avais prit pour un petit garçon et qui au final était bien plus vieux que moi. De la souffrance de son masque africain, caché sous son visage d’eurasien, du mot qui s’était reflété dans ses yeux quand je lui avais dit que j’étais japonais. Mes prunelles bleues qui brûlaient de ce désir de se voir enflammé par cette haine rongeant ma tête avec une adroite acidité. Le besoin d’exister et celui de tuer, le tout mélangé dans un ressenti passionnel et fulgurant. J’ignorais sa réponse à cette mêm question qui quelque instant auparavant m’avait porté sur des espoirs fols et insensés ; faisant se décoller ma pensées sur des débauches inadmissibles. Je crois que c’était cet air, vibré et vibrant, partition inaccessible de notes aux accords m’arrachant des soupirs de frustration. Plus sérieusement, les gars… qu’étais-je venu faire ici ? J’étais mort ? Un rire sans joie m’échappa, tandis que je tournais, pivotant mon corps souple vers la demoiselle qui cherchait à ouvrir la porte. Cherchait. J’avais étrangement compris qu’elle n’y arriverait pas dès que ses doigts se furent refermés sur le bouton métallique. Pourquoi ? Instinct masculin, peut être. Je la regardais se démener une seconde, puis ramenant contre mas poitrine mes bras, étirais mes lèvres en un sourire tendre. Elle se retourna de nouveau mes moi, et affrontais mes yuex bleus, calmes et souriants, autant que mes lèvres.

« Ben on va dire je sais pas. »

« Intéressant. »

Je relevais mes doigts droits jusqu’à mes cheveux, et rejetais en arrière mes cheveux. Hors de question d’aller perdre mon temps contre une porte refusant de s’ouvrir ; je n’en avais ni le désir ni la nécessité, ni le besoin, ni même le temps. Mes accumulations me laissèrent une seconde pantois, puis je soupirais, et déposais mon regard sur le sol, légèrement déçu. Que faire pour ne pas céder à l’ennui ? Elle se rangea du côté raisonnable du Yin, m’invitant à sortir de toute oisiveté, en m’indiquant un panneau. Je relevais le visage, animal endormi, et attribuait à son être un regard particulier. Intérêt. Who are you ? Je plissais mes paupières dans l’éclat amusé de mes yeux, et glissant mes doigts dans mon dos, adoptant une attitude d’enfant de chœur, me rendais près du panneau. Les mots, une fois à portée de regard, défilèrent dans mon esprit, s’équilibrant les uns entre les autres dans une structure syntaxique et correcte, compréhensible. Théoriquement compréhensible. Plus physiquement, moins quantiquement, je ne comprenais pas. Les mots, qui, la seconde auparavant, défilaient, s’étaient maintenant stagné. Pensionnat interdit ? Mon visage se fit masque impassible ; travail de ces six dernières années. Six dernières années m’ayant servi de lien entre l’adolescence et l’âge adulte. J’étais un adulte. J’étais un masque tragique. Mes yeux immobiles, caressaient d’un regard vide le mot à l’aspect officiel. Derrière moi, la voie de la fille encore inconnue résonna dans un étrange écho.

« T’as soif ? J’ai quelques alcools, vodka, manzana, bière, et du coca et du jus de fruit. Et d’la pizza aussi, si t’as un creux. »

Je me forçais à arracher l’etreinte de mes yeux à cette surface poreuse et encrée. Elle ne méritait pas mon intérêt. Il fallait que je m’en persuade. Hagard, halluciné, je me retournais vers la fille, tandis qu’elle me rejoignait pour lire à son tour. MA voix s’échappa doucement d’enstre l’interstice rosé de mes lèvres.

« Si tu as du thé, ce serait avec plaisir. Je crois que je vais en avoir besoin. … merde… pourquoi suis-je là ? »

Mes yeux, déstabilisés, arrachés à leur équilibre précaire, fouillaient le plafond, à la recherche d’indice.

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