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| Un brin de ménage ne serait pas du luxe! [Pv Zack] | |
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Invité Invité
| Sujet: Un brin de ménage ne serait pas du luxe! [Pv Zack] Mar 2 Avr 2013 - 9:31 | |
| Puisque sortir de ce bâtiment n’était pas envisageable, du moins pour le moment, deux options s’étaient présentées à moi pour quitter le hall d’entrée. J’aurais pu gravir l’imposant escalier de marbre, ou choisir d’emprunter l’une des portes qui s’ouvraient dans ses flancs. J’avais opté sans hésiter pour la seconde possibilité. Autant faire les choses dans l’ordre et commencer par visiter le rez-de-chaussée. Après tout, c’était souvent là que je trouvais les pièces les plus potentiellement intéressantes. J’aurais tout le temps d’entamer l’exploration des étages supérieurs plus tard.
Et il n’était bien évidemment pas question de perdre ces projets d’exploration de vue. J’avais bien l’intention de parcourir ce gigantesque manoir jusque dans ses moindres recoins. J’avais gardé de mon enfance un goût immodéré pour les excursions d’explorations en tout genre. Combien de fois avais-je parcouru les bois en compagnie des gamins d’un nouveau village et de mon cher vieux Pantoufle ? Combien de fois avions-nous exploré le dédale des rues sinueuses d’une nouvelle ville ? Il y en avait tellement que je ne pouvais plus les compter. Mais comme jamais, au grand jamais, une Vagabonde n’aurait eu les moyens de se payer une maison assez grande pour y mener des aventures dignes de ce nom, explorer un labyrinthe de pièces inconnues était resté un rêve d’enfant.
Bien entendu, je n’étais plus une enfant. J’étais maman, désormais, et j’avais des responsabilités. Mais ceux de mon peuple ont toujours su qu’être responsable et suivre ses rêves n’était jamais incompatible. L’aventure était notre essence même, après tout, la chose pour laquelle nous vivions. Le vent du Nord nous indiquait des voies, des chemins à suivre, des opportunités à saisir, et puis nous franchissions le pas, partions là où nos cœurs nous guidaient.
Ces couloirs se ressemblaient tous mais, pour un œil attentif, étaient tous différents. C’était comme d’observer une armée de frères, à tour de rôle. Parfois, on voyait une table basse dans un coin, ou un objet abandonné qui jonchait le sol. A d’autres moments, c’était une légère fissure dans le mur qui attirait mon attention. Peu de passants, en revanche, ou alors seulement aperçus de loin. J’aperçus aussi quelques portes, mais elles étaient verrouillées, aussi m’en désintéressai-je rapidement.
La quatrième avait un aspect différent. Peut-être aurais-je dû dire « les quatrièmes », car le battant était double. En bois, elles semblaient usées, mal vieillies. L’une d’elles portait une plaque de métal à moitié rouillée sur laquelle était gravé le mot « Cuisines ». La cuisine était l’âme d’une maison, et l’un des endroits – avec la boutique – où je passais le plus de temps. L’intérieur avait intérêt à être dans un meilleur état. J’aurais juré que ces portes pendaient légèrement sur leurs gonds. Cette impression se confirma lorsque je voulus les ouvrir, car elles résistèrent légèrement sous ma main, puis s’écartèrent avec un grincement sonore. L’odeur me prit aussitôt à la gorge, me faisant presque vaciller. C’était une véritable infection ! Ca sentait…un atroce mélange d’humidité, d’œufs pourris, de poisson brûlé et de…était-ce du tabac froid ? Je fronçai les sourcils. Qui pouvait être assez malsain pour fumer dans une cuisine ? Cela me dépassait. Je portai avec inquiétude mon regard sur ma petite Magdalena. Par chance, elle ne broncha même pas. Son adorable minois au teint plus halé encore que le mien, et pourtant parsemé des mêmes tâches de rousseur qui ornaient mon nez, resta parfaitement lisse et détendu. Ouf ! La plupart du temps, il suffisait d’un rien pour la réveiller mais, parfois, elle avait un sommeil de plomb. Heureusement que nous nous trouvions dans le second cas de figure. Je ne serais pas parvenue à gérer un réveil tout en me chargeant de la tâche qui m’attendait. Je posai près de la porte les deux sacs de voyage que je portais toujours – et qui contenaient, en plus de quelques affaires, tout mon matériel – déplaçai soigneusement mon foulard traditionnel porte-bébé pour qu’elle repose sur mon dos et plus contre ma hanche, afin de libérer mes mouvements. Il n’était pas question que j’abandonne. Je me souvenais d’un jour – c’était à Prague, me semblait-il – où nous avions installé une chocolaterie dans une ancienne boulangerie. Les lieux étaient dans un état épouvantable, d’autant plus qu’ils avaient été envahis par les rats. Et bien, ma mère, la courageuse Vianne Rocher, leur avait donné la chasse, toute seule, jusqu’à être absolument certaine qu’ils avaient tous péri. Elle avait mis trois semaines à ce que l’endroit soit si impeccable que l’on aurait pu manger par terre, tout ça pour que nous ne restions que deux mois au final. Ma mère n’avait jamais reculé devant la tâche à accomplir, et je pensais, sans me vanter, avoir hérité cela d’elle.
L’endroit était d’une saleté repoussante. L’évier devait être bouché, du moins en partie, car il était rempli d’une eau qui, au vu de sa couleur, devait y croupir depuis un certain temps, et dans laquelle s’entassaient des ustensiles sur lesquels la crasse avaient séché et flottaient des choses non identifiables. La lumière blafarde et vacillante d’une ampoule qui grésillait faiblement faisait luire l’épaisse couche de graisse qui recouvrait les dalles du sol, et dans laquelle s’étaient englué des miettes et d’autres saletés. On pouvait également entendre vrombir un réfrigérateur que j’aurais pu prendre pour l’un de ces modèles de la fin des années cinquante, s’il n’avait semblé aussi vétuste. Il avait l’air d’avoir au moins soixante ans. Les placards luisaient aux aussi, poissés de graisse et sans doute également de substance sucrées. Je les ouvris l’un après l’autre, suspicieuse. Certains étaient vides, d’autres contenaient de la nourriture souvent périmée. Les trois blattes mortes que je trouvai dans l’un d’entre eux, retournées sur le dos comme des scarabées, me confirmèrent que j’allais sans doute devoir mener une fastidieuse croisade contre la vermine. Au moins, ce n’étaient pas des rats. Ces gros rongeurs auraient certes eu l’indéniable avantage d’être plus repérables, mais nous ne pouvions pas nous permettre une morsure. Et puis, avec de la patience et du temps, j’aurais raison de ces insectes nuisibles, foi de chocolatière !
J’ouvris le dernier des placards, craignant – espérant aussi, pour avancer dans mon travail – d’y trouver des représentants vivants de cette espèce qui était d’ores et déjà en voie de disparition. En lieu et place de blattes, j’y trouvai un morceau de tissu noir. Un chiffon ? Tant mieux, je ne risquais pas d’en avoir trop. Je le dépliai pour en connaître les dimensions…et me figeai. Ce n’était pas un chiffon. C’était…je le levai en le pinçant entre deux doigts pour en être certaine, le gardant à bonne distance. Oui, c’était bien…un caleçon.
Je me trouvai dans cette situation pour le moins embarrassante lorsque la porte s’ouvrit à nouveau.- Hors rp:
Voilà, encore désolée pour le retard. J'espère que ça t'ira. Anouk en soubrette y a carrément pas moyen, mais j'espère que mon usage des placards liés sera assez tordu pour toi.
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| | | Pensionnaire Zack Fea
+ Pseudo Hors-RP : Litchi • Age : 35 • Pouvoir : Je ne fais l'amour qu'aux maso. Paumes et doigts ayant l'improbable qualité de découper tout. Viande ou pas. • AEA : Un canin argenté qui ne bave pas et ne remue pas la queue. Constamment colérique et déprimé, il répond au nom de Clad. • Petit(e) ami(e) : L'intemporalité. RP en cours : ~
O La désobligeance du loup. ~ Loeva
O Un brin de ménage ... ~ Blue
O Tranchez fin ... ~ 'Nyme.
O La caresse du ciel ... ~ Soah Messages : 49 Inscrit le : 19/12/2011
| Sujet: Re: Un brin de ménage ne serait pas du luxe! [Pv Zack] Mar 2 Avr 2013 - 12:06 | |
| Dans un feulement animal, je m'arrachais au sommeil, secoué par un de mes compagnons de chambre. Glissant mes doigts dans mes cheveux, dissipant les songes, j'eus juste le temps de remarquer la nudité de mes mains, avant de bondir hors de mon lit, brusquement éveillé. Mais le carnage avait déjà eu lieu : dans un déchirement complet du matelas et des oreillers, les découpes profondes avaient taillé des blessures ouvertes par lesquelles jaillissaient des fibres de tissus et des plumes volatiles. Le souffle court, je contemplais avec consternation le désastre, accompagné par le regard louche de l'homme qui m'avait réveillé. Je soupirais. Bordel. Le port d'un pantalon m'avait assuré de ne pas me retrouvé, au réveil, avec des lambeaux de vêtements, et si la hanche droite de mon bas avait été exposée à mes doigts cette nuit, les dégâts sur le pantalon étaient réellement moindres en comparaison à ce qu'avait pu connaître le lit. Bien. Moi qui me répugnait à dormir avec mes gants, j'allais vraiment devoir remédier à cela. D'un sourire moqueur, mon compagnon de chambre me fit remarquer que les plumes de mes dernières victimes se perdaient dans mes cheveux, et secouant avec résignation mes mèches brunes, me dirigeais vers les salles d'eaux, avec le même enthousiasme qu'un condamné, emportant avec moi les gants de cuir, lesquels consistaient la seule protection contre les lames qu'étaient mes mains.
Lame. Répété 24 fois, le kanji 刀剣 imprimé sur chaque vertèbres. Les bras croisés entre deux miroirs, faisant face à l'un pour mieux observer l'autre, je contemplais le reflet de mon reflet, détaillant avec soin les tatouages ciselés dans le jais, qui répétaient pour chaque proéminence de ma vertèbre ce kanji japonais. Collé à ma peau, le mot « lame », répété pour le support de mon être, dans un tatouage mystérieux. Le bleu de mes yeux s'assombrit, et abandonnant la contemplation d'un mystère que je voulais attribuer à Amaterasu, je me dirigeais au petit trot vers la douche. Ce serait Kami qui serait contente, tiens, en apprenant ça.
Vivre ici n'était pas compliqué. Survivre représentait une épreuve un peu plus ardue. Rejetant mes mèches brunes en arrière, avant d'attraper un sweat shirt gris dont je m'habillais, je remontais les manches, avant d'ôter les gants, en glissant mes doigts sur mes cervicales. Si je me touchais, je ne me coupais pas. Si je touchais un tissus ou un humain, je le découpais dans tout mon geste. L'infime caresse prenait une proportion dantesque, dans ces effleurements. Alors les gants étaient devenus obligatoires. Dans le crissement du cuir, je parais mes mains de cette protection souple et armée, pliant et dépliant les doigts dans des chuintements successifs, avant d'abandonner l'étage. Je ne savais pas quoi faire de ma journée. Tout comme la veille, et l'avant veille, les heures commençaient à se répéter, maintenant que j'avais appris, durant cette année enfermé entre ces murs, les plans des lieux. Il y avait constamment de nouvelles têtes, en revanche, et les relations à créer pouvait se révéler amusante. Savoir que l'on pouvait se créer un ami ou un ennemi pour l'éternité ; figé dans son apparence et dans ses aptitudes. J'y pensais, souriant, en descendant toujours plus bas dans le Pensionnat, saluant quelques fois sur mon passage les gens que je reconnaissais, et me dirigeais vers la cuisine. Cela faisait un sacré moment que je n'y étais pas allé. Je me débrouillais activement pour trouver de la nourriture par un procédé plus habile que de me rendre dans l'endroit qu'on décrivait comme vraiment infâme. Alors, quitte à découvrir l'horreur et le dégoût. Et puis, avec un peu de chance, je rencontrerais certainement des personnes, là bas. Des personnes, qui peut-être, partageraient avec moi cette idée qu'ici, tout était surprenant et amusant. Qu'ici, même si les journées se ressemblaient, on risquait toujours de tomber sur quelque chose qui nous surprendrait, sur quelqu'un qui nous surprendrait, mais qui, de ce fait, créerait avec nous un lien solide et construit autour d'une rencontre sortant du banal. Des gens biens !
J'ouvrais la porte, pour me retrouver face à une femme portant son enfant dans le dos, avec un caleçon à bout de bras.
Au temps pour moi. Dans un souvenir impétueux, remontant de mon adolescence, les images et les couleurs de l'eau se déversant sur le sol pour noyer la laverie et ses monstres de métal, sous des litres d'eau savonneuse, me déséquilibrant, m'avait fait contempler avec incertitude le spectacle d'une gamine rousse de mon âge, un ange ingénu dans sa perfidie innocence, dont la jupe avait glissé jusqu'aux chevilles, me laissant tout le soin de considérer le port de sa petite culotte. Il semblait, que malgré les années passées, le sort s'acharnait à me placer face à des situations opposant des protagonistes discutant autour de sous-vêtements. Quoiqu'ils seraient cette fois nettement plus masculin.
« Qu'avons nous là ? »
Les bras croisés sur ma poitrine, mes yeux bleus dardés sur la jeune femme, je ne souriais pas, quoique sincèrement amusé à l'idée de la voir se piquer un fard. Une jeune maman, avec un bébé dans la cuisine, qui tenait à bout de bras un caleçon ne pouvait pas consister en une scène perverse. Néanmmoins, j'appréciais réellement l'idée qu'elle puisse patauger dans un malaise qui malgré tout, m'arrachait un sourire. J'avançais, en balayant des yeux les immondices qui s'étalaient où que se posat le regard. Je regrettais d'être venu. Il y avait dans la saleté une horreur qui me faisait frémir. Je ne pouvais pas supporter cette crasse qui envenimait le sol, le rendant instable et insécure. Des pellicules de graisse et de pourri ne pouvaient pas convenir à mon besoin de stabilité et d'équilibre. Le maintien du guerrier se faisait avant tout par les hanches, et sur un sol glissant, inutile d'espérer trouver le rythme et le zanshin dans ce genre de situation. Mes doigts gantés vinrent effleurer la cicatrice qui déchirait ma joue.
« Le top, avec ces placards, c'est qu'on ne sait vraiment pas ce qu'ils renferment. Mais tu peux t'estimer heureuse de n'être pas tombé sur un cadavre, je crois. Quoique ça aurait été follement amusant. »
Litchi, Zack, Zakuro. Mes identités valsaient dans ma tête, tandis que j'avançais d'un pas prudent, en évaluant des yeux les tâches de graisse sur le sol. Mes doc Martens absorberaient les premiers dangers, mais je savais qu'à danser sur les terrains dangereux, on finissait toujours par tomber. Je secouais ma tête, et les mèches brunes valsèrent.
« Je m'appelle Zakuro. Vous deux ? »
Sincèrement, je devais reconnaître que la présence d'un enfant m'horripilait.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Un brin de ménage ne serait pas du luxe! [Pv Zack] Mar 2 Avr 2013 - 20:53 | |
| Les battants s’écartèrent pour laisser entrer l’une de ces paires de Doc Martens qui faisaient fureur depuis le début des années 60. J’avais quinze ans lorsque j’en avais réclamé une paire à ma mère, juste pour faire comme les autres filles de mon nouveau collège anglais. La sage Vianne Rocher, jamais prise au dépourvu, m’avait raconté que le docteur Klaus Märtens était médecin de l’armée pendant la Guerre. Ma mère ayant fait partie de la résistance française, tout comme mon père à ce qu’elle m’avait dit, j’avais tendance à lui faire tout particulièrement confiance sur ce genre de points, aussi n’avais-je plus jamais abordé le sujet. Mais je n’en avais pas pour autant voulu à mes amies de l’époque d’en porter. Après tout, ce n’était pas la faute des sédentaires si on leur apprenait à faire au plus simple et à éviter de se poser trop de question sur ce qu’ils portaient, ce qu’ils mangeaient, ou encore ce qu’il se passait chez leur voisin. De toute manière, nous étions reparties trois semaines plus tard, appelées par le vent du Nord.
Je levai les yeux pour observer le propriétaire de cette paire de chaussure. C’était un homme qui devait avoir mon âge, à peu de choses près. Il était du genre musclé, probablement plus tourné vers le sport que vers les arts. Son teint mat, ses cheveux sombres et lisses, ainsi que ses yeux bridés, qui soulignaient clairement ses origines asiatiques, tranchaient nettement avec le bleu de ses yeux. J’avais tendance à faire attention à ce genre de détail, dans la mesure où Magdalena et moi-même avions nous aussi des traits marqués par des origines métissées, tout comme ma propre mère. Ma fille et moi avions nous aussi des yeux bleus, plutôt surprenants pour des descendantes d’un peuple amérindien originaire d’Amérique Centrale. Si cet endroit rassemblait autant de cultures diverses qu’il le laissait supposer, alors ce séjour promettait de se montrer plus intéressant que beaucoup d’autres.
« Qu'avons nous là ? » Je baissai les yeux sur l’embarrassant petit « détail » que, l’espace d’un instant, j’avais plus ou moins oublié. « Là », il y avait une femme avec un bébé sur le dos et un caleçon d’homme dans la main. Je savais pertinemment que c’était de ça qu’il parlait. De quoi d’autre aurait-il pu s’agir ? Je dois bien avouer qu’à cette instant précis, j’étais plutôt gênée. La chaleur qui monta dans mes joues me confirma – au cas où je ne l’aurais pas encore compris – que j’aurais rougi si ma carnation me l’avait permis. Mais j’avais hérité du teint hâlé de mes ancêtres mayas, et il ne pouvait qu’être bruni davantage par le temps que je passais au grand air. Certes, j’aurais sans doute paru bien pâle à côté de ma grand-mère maternelle, Chitza, mais j’avais suffisamment de couleurs pour ne pas m’empourprer lorsque j’étais gênée. Et puis, je tenais de ma mère une certaine aptitude à ne pas montrer les émotions parasites, à ne laisser ressortir que les plus vraies, les plus pures. Ainsi qu’à me ressaisir assez vite, d’ailleurs.
Tout en gardant les bras croisés sur sa poitrine, mon interlocuteur s’avança à travers la cuisine en balayant le sol du regard pour voir tout ce qui s’y était accumulées, en évitant soigneusement les pires immondices. Apparemment, toute cette saleté lui répugnait autant qu’à moi. Je repliai le caleçon, avec le soin dont je ne me départirai sans doute jamais, quelles que puissent être les circonstances, et le posai sur une table minuscule qui n’était guère en meilleure état que le reste – cela dit, cela ne pouvait pas faire de mal à ce sous-vêtement masculin, dans la mesure où il sortait du placard et était déjà dans un état assez déplorable, à mon humble avis tout juste bon à jeter. Je posai ensuite mon regard sur lui et rétorquai, avec cette même désinvolture dont il avait fait preuve. « Je dirais une cuisine. Une cuisine dans un état déplorable, auquel je m’apprêtais à remettre bon ordre. »
Je le vis frôler du bout de ses doigts gantés de cuir une cicatrice qui courait le long de sa joue. Brûlure ? Coupure ? Au fond, peu importait. Je n’étais pas du genre à poser à mes interlocuteurs des questions personnelles, encore moins si je venais à peine de les rencontrer.
« Le top, avec ces placards, c'est qu'on ne sait vraiment pas ce qu'ils renferment. » J’avais effectivement cru comprendre que ces placards étaient pleins de surprises. Mais quelque chose dans la manière dont il l’avait dit, peut-être dans son ton, me souffla qu’il voulait dire autre chose, quelque chose qui m’échappait. Il poursuivit avant que je n’aie eu le temps de formuler la moindre question. « Mais tu peux t'estimer heureuse de n'être pas tombé sur un cadavre, je crois. Quoique ça aurait été follement amusant. » Je pinçai les lèvres, mais j’avais suffisamment côtoyé ma mère – dont je me savais être le portrait craché – pour savoir qu’une lueur dans mon regard devait trahir mon amusement. « A vrai dire, j’en ai trouvé trois. » Répondis-je en ouvrant l’un des précédents placards, celui dont les trois occupantes avaient connu une mort douce comparée à celle qui attendaient leurs consoeurs insectes. Là, devant la conserve de champignons périmée, il y avait…deux corps de blattes. Incrédule, je me frottai les paupières et regardai à nouveau. Mes yeux s’écarquillèrent. « C’est pas possible ! Il y avait trois blattes mortes dans ce placard. Elle ne peut pas être partie comme ça ! » Une invasion d’insectes zombies, comme dans l’un de ces films d’horreur de série b que je ne regardais jamais ? Il ne manquait plus que ça !
« Je m'appelle Zakuro. Vous deux ? » « Moi, c’est Anouk. Et ma fille s’appelle Magdalena. » Je ne pus retenir un sourire attendri. J’aimais tellement ce petit ange ! |
| | | Pensionnaire Zack Fea
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| Sujet: Re: Un brin de ménage ne serait pas du luxe! [Pv Zack] Sam 6 Avr 2013 - 2:10 | |
| Baissant les yeux sur le caleçon masculin, la jeune femme ne me fit pas le plaisir de s'empourprer telle que je l'avais imaginé. Alors, pour franchir l'adversité qu'elle représentait dans sa capacité à ne pas me satisfaire de ses réactions, je m'approchais réellement d'elle. Pas après pas, dans une contemplation du vide des lieux. La puanteur qui s'étalait, couche de crasse après couche de crasses, juxtaposées les unes sur les autres, dans des calamiteuses appendices d'un manteau organiques. Ils sont des centaines, les générations assemblées en ces lieux pour venir disposer des frugalités incestueuses entre les vers et les pommes, les rats et les aliments. Y'en avaient t-ils sérieusement qui prenaient leur repas ici ? Ils m'apparaissaient comme de dangereux inconscients.
« Je dirais une cuisine. Une cuisine dans un état déplorable, auquel je m’apprêtais à remettre bon ordre. »
Une prise de considération évidemment surprise de sa réponse, mais pas le temps de sourire. Pas le temps, pas le moment. Je me stoppais en la fixant avec le plus grand sérieux du monde entier dans les yeux, avant de doucement abaisser mes prunelles jusqu'à ses pieds, lesquels avaient laissés l'empreinte de leur chaussures respectives dans une pellicule de cire, -de crasse-, collée contre le sol. Je gonflais légèrement mes lèvres.
« Bonne chance. »
Pourquoi étais-je rentré ? Par risque du goût ou de l'intérêt ? Pourquoi restais-je ? Il y avait ici un enfant de moins de dix ans, de moins de sept ans, qui dormait sur le dos de sa mère, sensible à n'importe quelle perception maternelle, sensible à n'importe quel changement émotionnel de la femme qui la portait. Il y avait la saleté et la puanteur. Il y avait la crasse, la violence d'un insolite qui se découpe au fond des réserves, dans la graisse parfumée par les effluves salées d'une victuaille brûlée. Dans un coin, reposait la charogne d'un animal à demi ouvert. À demi consommé. Je laissais mes yeux s'assombrirent sous le dégoût violent que représentait l'endroit, et feignant l'ignorer, écoutais la demoiselle s'exclamer à propos de la disparition d'un des cadavres d'un insecte. Plus que deux, mm ? Cela n'avait rien d'étonnant. Cela n'avait plus rien d'étonnant, plutôt. Pas après un an passé ici. Les intempéries mentales qui consistaient à rendre les gens fous marchaient très bien sur la plupart des gens. Mais moi qui avait décidé de croire aux samouraï et aux kami, je ne parvenais plus réellement à être effrayé par ce genre de manifestations. Quoique. La présence supposée d'un réfrigirateur m'insultant de burrito me laissait profondément rêveur.
« Moi, c’est Anouk. Et ma fille s’appelle Magdalena. »
Anouk et Magdalena. Mes yeux bleus se posèrent sur le front de l'enfant. Voilà qui était joyeux, comme destin. Condamnée à ne jamais vieillir, à ne jamais grandir. À rester emprisonnée dans son corps de bébé, et ce à jamais. Un esprit qui évoluerait, qui deviendrait enfant, petite fille, adolescente, jeune femme, femme, puis vieillarde. Un esprit humain enfermé dans un corps ridicule et informe de bébé. De nourrisson. C'était absurde. Réellement absurde, et décourageant. Mes yeux l'abandonnèrent presque à regret, ce bébé du malheur, et je posais mon regard oxygène se planta sur la femme. Sorcière, aurais-je aimé dire. Tueuse de ta propre enfant. Vous seriez un jour deux vieilles éternelles, à ramper dans ces couloirs ; toi portant ta fille sur ton dos, elle ayant l'impression d'être la créature la plus misérable de la Terre. Condamner l'autre à ne pas grandir. Condamner l'autre à ne pas pouvoir vivre. Mais ce n'était peut-être que le pire des concours de circonstances. On ne rentrait dans ces lieux que par erreur. Anour et Magdalena, donc. Elle avait du rentrer avec elle, pour chercher de l'abri, par exemple. Je l'imaginais, maman trempée sous la pluie, serrant contre son sein son enfant, et par crainte des éclairs qui zébraient le ciel, se dirigeait en courant vers le sentier irréel qui faisait s'élever jusqu'à la grande porte du Pensionnat. Elle avait peut-être frappé, mais son poing sur le linteau de bois, dans le vacarme de la tempête, était passé inaperçu. Elle s'était alors rendu compte qu'on ne l'entendait peut-être pas. Alors elle avait poussé la porte.
« Bien. Je crois que je vais t'aider. »
Dans un mouvement sec, du bout de mes doigts gauches, j'ôtais mon gant droit. Ma main mise à nue, j'avisais une couche de graisse réellement collée contre la surface d'une gazinière enduit de noir. Je m'en approchais. Tendant la main, j'évaluais d'un œil strict la distance entre la surface organique et le métal de la gazinière. Considérant que j'avais une marge de trois centimètres, je posais ma main à plat sur la couche de crasse. L'effet fut immédiat. Ciselée dans toute sa largeur, la pellicule huileuse se disloqua, et du revers de la main, je la balayais, pour en faire tomber les débris au sol.
« Mettons tout par terre. Quand ce sera fini, nous passerons un coup de balai général. Je m'occupe de ce qui est trop collé. Je veux bien que tu t'occupes de trouver des outils nous assurant un décapage particulier. Quand ce sera fini, je te ferai le repas. Parce que pour quelqu'un qui est maman et qui ne sait même pas compter le nombre de blatte tuées, tu fais « dangereuse », Anouk. »
Le tout dans une moquerie souriante, et douce. Nous étions là pour un bon bout de temps, de toutes façons. Autant s'amuser. L'un de l'autre représentait une option intéressante.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Un brin de ménage ne serait pas du luxe! [Pv Zack] Lun 8 Avr 2013 - 10:37 | |
| D’une certaine manière, on pouvait dire que je croyais au destin. C’était ce que beaucoup de gens voyaient lorsque je venais à parler du vent du Nord. Mais je n’avais jamais compté sur la chance. Elle faisait une alliée bien trop versatile à mon goût. Un jour, elle était là, et le lendemain, elle vous avait abandonné. Je préférai de loin me fier à mon travail et à ma persévérance. C’est pourquoi, lorsque mon interlocuteur gonfla les lèvres et me souhaita bonne chance, je ne pus empêcher un sourire amusé d’étirer mes lèvres. Après tout, c’était plutôt gentil et, vu l’ampleur de la tâche, parfaitement compréhensible. Il s’était rapproché. Il observait désormais ma fille avec attention, et semblait plongé dans des pensées dont j’ignorais le fil. C’était assez perturbant. Les gens me dévisageaient souvent avec insistance. Les voyageurs gênaient les autochtones où que l’on se trouve, surtout lorsqu’il s’agissait de femmes seules, et encore davantage lorsqu’en plus de vouloir se loger, ils cherchaient à établir un commerce. Être mère célibataire n’avait jamais rien arrangé, bien au contraire. Mais j’étais peu habituée à ce que l’on fixe ma fille de cette manière. Il était encore plus déroutant que me dire que quelqu’un l’étudiait des yeux alors que, perchée sur mon dos, elle se dérobait à mon regard. Il ne pensait sans doute pas à mal. Il était d’ailleurs très probable, en fait, qu’il ne soit pas réellement en train de la dévisager. Mais ce fut plus fort que moi : presque instinctivement, sans vraiment m’en rendre compte sur le moment, je me tournai pour lui faire face, offrant mon visage à ses yeux et lui dissimulant mon dos sur lequel reposait ma fille. « Bien. Je crois que je vais t'aider. » Il était plutôt rare que les gens me le proposent ainsi, surtout lorsque je venais d’arriver quelque part. Généralement, ils me regardaient et attendaient, attendaient de voir quand j’allais flancher et demander un coup de main. Je ne m’autorisais jamais à leur faire ce plaisir. Je me débrouillais toujours par moi-même. Et puis, les Vagabonds ne réclamaient jamais ce qui pouvait être offert, et c’était un point sur lequel j’étais particulièrement fidèle à ma culture natale. Mais ne pas demander ne signifiait pas refuser systématiquement, aussi appréciai-je son offre à sa juste valeur. Après tout, rien ne l’obligeait à participer à ce harassant nettoyage. Il retira brusquement l’un de ces gants. Ca, c’était vraiment surprenant. Vu l’état de saleté repoussante des lieux, j’avais plutôt envisagé de mettre les miens, à vrai dire, pour protéger mes mains. Il acheva de me décontenancer lorsqu’il approcha sa main de la graisse incrustée sur la surface d’une cuisinière à gaz qui, bien que ce soit difficile à dire sous la couche de crasse qui s’y accumulait, semblait être un modèle vraiment récent. Le genre que j’avais peut-être vu en passant devant une vitrine, et encore. Je n’en avais jamais utilisé une comme celle-ci. Cela dit, j’apprenais vite, et elles ne se révélaient au final jamais très différentes les unes des autres. N’avait-il pas peur de se salir ? Compte tenu de l’air dégoûté qu’il avait eu en entrant dans la pièce, j’avais de sérieux doutes. Et puis, à quel résultat pensait-il parvenir ainsi ? Ce n’était pas de la poussière qu’il pouvait balayer d’un geste de la main. Et puis, même la poussière ne partait pas bien à la main, un plumeau étant beaucoup plus efficace. Là, il aurait au moins fallu l’un de ces nouveaux produits chimiques de nettoyages, si pratiques. Il posa alors sa paume nue à même la saleté, bien à plat. L’épaisse couche de graisse luisante sembla alors se fissurer, et il la balaya d’un revers de la main, comme s’il s’était effectivement agi de moutons de poussière. Le tout s’écrasa sans bruit sur le sol, tandis que je sentais mes yeux s’écarquiller. Comment, au juste, avait-il fait ça ?
« Mettons tout par terre. Quand ce sera fini, nous passerons un coup de balai général. Je m'occupe de ce qui est trop collé. Je veux bien que tu t'occupes de trouver des outils nous assurant un décapage particulier. » Et alors, je compris, et me ressaisis aussitôt. C’était si évident, au fond. J’avais déjà rencontré un certain nombre de ces magiciens de foire. Lorsque j’avais treize ans, je me souvenais d’avoir promis un baiser à un jeune forain s’il m’apprenait à faire disparaître et réapparaître une pièce en chocolat. Evidemment, lorsqu’il m’avait réclamé son dû, je lui en avais offert un…en chocolat, que j’avais fait moi-même. Ce n’était pas ma faute s’il ne connaissait pas cette recette de confiseries originaire de Belgique, si ? En tout cas, au grand amusement de l’espiègle jeune fille que j’étais alors, il avait protesté. Zakuro, donc, devait avoir un truc, tout simplement. Peut-être cachait-il une lame dans sa manche, ou quelque chose de ce genre. Pas de quoi fouetter un chat, comme on disait. « Pas mal, ton petit tour. Très impressionnant. Et pratique, avec ça. J’ai des outils, dans ma malle. Et aussi des produits de nettoyage, ce qui pourrait être utile. » Je me dirigeai vers la porte avec l’intention de rassembler mon matériel de ménage, mais ses mots suivant m’arrêtèrent net. « Quand ce sera fini, je te ferai le repas. Parce que pour quelqu'un qui est maman et qui ne sait même pas compter le nombre de blatte tuées, tu fais « dangereuse », Anouk. » Annonça-t-il sur un ton moqueur, mais dénué de la moindre once de méchanceté. Ca, c’était une première. Il voulait me faire à manger ? Il pensait que je ne pouvais pas y parvenir sans aide ? Je savais cuisiner depuis mon plus jeune âge. A vrai dire, les premières spécialités chocolatières que j’avais préparées en autonomie – mais sous la surveillance attentive de ma mère – alors que je savais à peine lire correctement, avaient fait le bonheur d’un village de montagne suisse. Les suisses étaient pourtant, comme chacun le savait, particulièrement connaisseurs et exigeants en matière de chocolats. Bien entendu, bien que le cacao reste ma spécialité, je n’étais pas en reste pour ce qui était des véritables repas salés. Qu’une Vagabonde soit incapable de préparer un repas à sa famille était un nonsense total. C’en était…c’en était si ridicule que s’en était comique ! C’est pour cela que je ne parvins pas à réprimer le fou rire qui me saisit, si violemment que mon hilarité me fit monter les larmes aux yeux. Je ne pouvais plus m’arrêter, c’était tout simplement plus fort que moi.
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