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 [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4

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Delicate Boy
Emrys Sulwyn
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• Age : 31
• Pouvoir : Ressentir les émotions des autres.
• AEA : Bilboquet. L'escargot. Le meilleur. Le plus rose.
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[RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 _
MessageSujet: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeJeu 24 Mai 2012 - 21:18

{ & Halloween s'il veut l'incruster à un moment donné ~ T'hallucines comment je gère, hein, Never ? 8D }

Alors ça, vraiment, non. Non. Juste. Non. Saleté de... !

Emrys fusilla le vide du regard encore quelques secondes, à demi penché par la fenêtre de sa chambre, avant d'enfin en claquer les battants dans un geste brusque. Il passa ses converses à ses pieds, rentra rapidement les lacets pour ne pas trébucher dessus, enfila une veste sombre. Il faisait suffisamment chaud en ce moment pour qu'il puisse arpenter les couloirs en chemise, mais on est jamais trop prudent. Veste, donc. Il était coiffé, avait son t-shirt compressif, était chaussé. Prêt à partir à l'aventure.
Ou, en l'occurrence, à la chasse.
La porte claqua un peu trop brutalement dans son dos mais il ne prit pas la peine de répondre à l'exclamation surprise qui résonna sur sa gauche. Il n'avait pas le temps de s'excuser auprès de quelqu'un qu'il n'était même pas sûr de connaître ; tant pis. Ses pas résonnèrent quelques secondes dans le couloir avant qu'il n'ouvre avec toute la douceur du monde la porte de la chambre n°10. Il était prêt à insulter quelqu'un, à fulminer, à accuser et pointer du doigt – mais rien. Personne. La pièce, vide, ne lui renvoya qu'un insupportable silence. Pas là, hein ? Un bref coup d’œil à sa montre lui indiqua qu'il n'était pas encore treize heure. Donc... Donc quoi ? Il ne connaissait pas l'emploi du temps de tout le monde, malheureusement.
Le britannique referma la porte – sans la claquer, exploit – et repartit à grandes enjambées dans le couloir, direction les escaliers. Il descendit les marches deux à deux, de plus en plus agacé à mesure que le temps passait. Il croisa plusieurs personnes, se sentit tour à tour heureux, ému et profondément stressé et donc encore plus irritable qu'il ne l'était auparavant. C'était ça le problème, avec un pouvoir comme le sien. Ça demandait une attention constante qu'il ne pouvait décemment pas fournir quand il était énervé ou fatigué ; ensuite, c'était un cercle vicieux. Plus il était soumis aux émotions qui l'entouraient, plus son agacement ou sa fatigue empirait. Et plus ça empirait, moins il contrôlait son pouvoir. Il faudrait vraiment qu'il apprenne à mieux le maîtriser s'il voulait éviter ce genre d'inconvénients.

Il traversa un ou deux couloirs, ouvrit plusieurs portes. Sans résultat. Autant dire que devoir parcourir le Pensionnat ne risquait pas de le mettre de meilleur humeur. Au bout de quelques minutes de recherches sans avoir croisé la moindre de ses connaissances (voir Soren ou Iwasara l'aurait sûrement détendu, pourtant) il poussa celle de la cuisine. Trois filles en sortirent avec de quoi grignoter ; il s'engagea dans la pièce et referma la porte derrière lui. Personne. Sans rire. Par acquis de conscience, il souleva tout de même le couvercle d'une casserole qui traînait là. Vide. Aussi rassuré qu'il était frustré, il poussa cette fois-ci les double-battants qui menaient à la salle à manger. Les fenêtres étaient larges et donnaient sur le parc ; il aurait peut-être plus de chance ici que dans sa chambre.

Sur le coup il ne fit pas attention aux personnes qui pouvaient bien se trouver dans la pièce. Il se contenta d'aller se planter devant une des fenêtres, l'air sévère, et de scruter quelques secondes la vue qui s'offrait à lui. Hmmm.. Aucune tâche rose en vue.
Évidemment.
Il tourna sur lui-même, dépité. Prêt à abandonner. Mais aussitôt que ses yeux bleus se posèrent sur une silhouette trop familière à son goût, sa colère revint à la charge. Qu'il vienne d'arriver ou qu'il ait déjà été dans la pièce au moment où lui y était entré, peu importe ; il allait le tuer dans les deux cas. Le dépecer. Quelque chose comme ça. Tant pis s'il venait de finir de manger et qu'il perturbait sa digestion. Au contraire, même. Tant mieux.

« Ah ! »

Et pas un 'ah' soulagé, non. Plutôt un 'ah, comme on se retrouve sale français'. Il rejoint son meilleur ami en quelques pas rapides et le poussa brutalement, paumes contre clavicules.

« Ton truc a volé Bilboquet ! s'exclama-t-il sur un ton aussi indigné qu'énervé, sourcils froncés. Si je le retrouve, je te jure que je le passe au micro-onde. »

Ou l'art de dire 'bonjour, ça va bien par chez toi ?' en quelques mots aimables. Et par 'truc' il entendait bien sûr cette chose hideuse qui lui servait d'AEA. Bon, en toute honnêteté, il n'était pas sûr de qui volait qui à qui, mais ça lui était bien égal. Il s'était levé du pied gauche, était stressé, avait perdu son Ipod, avait renversé sa boisson sur son T-shirt préféré – et n'importe quel prétexte était bon pour éliminer la tension. En l'occurrence, voir son escargot passer devant sa fenêtre sur le dos de cet oiseau stupide avait fini de le mettre de mauvaise humeur. Crier sur Antoine lui permettrait au moins d'avoir la sensation de faire quelque chose d'utile.
Mais bon, il était aussi fondamentalement gentil ; il le laisserait s'expliquer et défendre les droits de son volatile avant de le plumer.


Dernière édition par Emrys Sulwyn le Ven 18 Juil 2014 - 2:20, édité 5 fois
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Antoine de Landerolt
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeVen 25 Mai 2012 - 1:00

Antoine n'en avait, jusqu'à présent, pas grand chose à faire de l'endroit où se trouvait Leopold. Puisque son 'Alter ego astral' pensait par lui-même et était assez intelligent pour se trouver lui-même de la nourriture, il pouvait vivre sa vie au sommet d'un arbre dans la forêt que ça ne le regardait absolument pas. Qu'il vole, qu'il embête les autres pensionnaires, qu'il agresse deux ou trois autres amis imaginaires, ce n'était pas de son ressort. Qu'on ne vienne pas le voir pour se plaindre de son attitude, il n'écouterait rien ! Il avait depuis longtemps évincé cette sale bête de sa vie, et il était donc logique qu'il n'ait pas cherché à savoir où il avait bien pu passer aujourd'hui.

Enfin, jusqu'à ce que, agacé par une bande de filles bruyantes et vulgaires, il ne décide de s'exiler dans la salle à manger pour lire en paix. Son enfermement commençait à devenir sérieusement long, bien plus qu'il n'avait à la base pensé qu'il durerait. Et si extérieurement il était d'un calme olympien, intérieurement, il était à bout. Il devait trouver une solution à son problème, et s'il ne pouvait pas la découvrir en frappant chaque mur du pensionnat à la recherche d'un passage secret, il lirait chaque livre de ce pensionnat jusqu'à trouver un indice. Il devait bien y en avoir un quelque part ! Tout cela était comme un énorme défi pour Antoine, dont l'esprit tournait à plein régime devant cette insolvable énigme. Il trouverait un moyen de rentrer chez lui, il se le promettait.

Malheureusement, son AEA était un imbécile. Que disait-il, un véritable idiot. La porte s'ouvrit à la volée, surprenant le jeune homme aux cheveux blonds, qui leva le nez de son livre, les sourcils vaguement froncés. Quelqu'un qu'il reconnu presque immédiatement s'avança sans faire attention à lui dans la pièce, jusqu'à se planter devant une des fenêtres. Antoine se leva sans bruit et ferma son livre, qu'il posa sur la chaise, curieux de savoir ce que l'anglais aux cheveux noirs avait. Il semblait contrarié, agacé, et à voir sa tête lorsqu'il l'aperçut, il était la cible de sa colère. Soit ça, soit il avait décidé de se passer les nerfs sur lui.

« Ah ! »

Oh. L'un dans l'autre, la manière dont il le bouscula ne lui plu que très moyennement. Il garda une expression digne malgré tout, mais ne se gêna pas pour le fusiller du regard. Qu'avait-il encore à déranger les pensionnaires sans raison ?

« Ton truc a volé Bilboquet ! Si je le retrouve, je te jure que je le passe au micro-onde. »

C'était donc ça, pensa Antoine en poussant un soupir excédé accompagné d'un discret haussement d'épaules. C'était à partir de là que la vie de son AEA recommençait à influer sur la sienne. Comme il le détestait, cet oiseau de malheur. Pas assez pour vouloir qu'Emrys le passe au micro-onde (il ne savait plus exactement de quoi il s'agissait, mais il devinait que mettre les oiseaux dedans ne leur faisait pas de bien), mais assez pour le pendre par la patte à sa fenêtre une fois qu'il l'aurait récupéré.
Sérieusement, voler un escargot rose dont la voix vrillait les tympans, c'était sacrément dérangé, comme idée. Quoi que le Noble aux yeux bruns pensait plutôt que cet enlèvement n'en était pas un, toute consentante que la bête rose avait du être.

« Écoute, répondit-il finalement en ne faisant aucun effort pour avoir l'air aimable, je doute fortement du fait que mon 'truc' ait pu voler ta limace rose. A mon humble avis, il devait être consentant, Leopold n'est pas un criminel. »

Ou du moins ne se rappelait-il pas lui avoir donné ce trait de caractère. Et de la part de Marie, ça aurait été étonnant. Un méchant sourire vint étirer ses lèvres.

« C'est plutôt moi qui devrait mettre ta limace dans une casserole: Tout le monde aurait la paix. »
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeDim 27 Mai 2012 - 21:49

{ Emrys postera plus jamais, son nombre de message est trop cool pour ça. ** }

Emrys avait cru que bousculer Antoine le calmerait ; apparemment, il avait tort. Pas très étonnant, remarque. Voir sa tête lui donnait envie de commettre un meurtre, c'était immanquable. Difficile de croire que le pousser un peu et lui reprocher la disparition de son escargot allait entièrement éliminer la tension. Même le tuer n'aurait pas suffit – quoi qu'au moins, ça aurait eu le mérite de rendre un service à la société. Ce type était insupportable, son Alter Ego était insupportable. En fait, tout en lui était insupportable. Jackpot, donc ?
Son soupir excédé ne fit que l'énerver un peu plus, et si ses sourcils avaient pu être plus froncés encore il n'aurait pas hésiter à le faire. Quitte à avoir une crampe, tant pis. Ce soupir était agaçant. Ce qu'il voulait dire, en tout cas, l'était. Croire que le français allait gentiment se diriger vers la fenêtre, appeler son oiseau – réussir à le faire venir ici, aussi – et lui rendre Bilboquet avec un sourire confus et des excuses tenait de l'utopie pure et simple. Il aurait pu faire preuve d'un peu de bon sens, pourtant !

Se rendre compte que c'était lui qui était venu l'agresser sans raison était pour l'instant au-dessus de ses forces. Et même s'il en avait pris conscience, rien ne disait qu'il aurait changé d'attitude. Pourquoi faire ? Personne ne viendrait lui reprocher d'avoir insulté cet imbécile. Ou du moins ne voyait-il pas pourquoi il aurait été en tort. Parce que mince, il faisait exactement pareil !

Ou l'éternelle question du 'qui a commencé le premier'.

« Écoute, je doute fortement du fait que mon 'truc' ait pu voler ta limace rose. A mon humble avis, il devait être consentant, Leopold n'est pas un criminel. »

Maaaaais bien sûr. Le britannique accueillit cette remarque par un soupir brusque et catégorique. Qu'il aille dire ça à quelqu'un d'autre ; lui était persuadé qu'avec un maître pareil, il ne pouvait être qu'un dangereux criminel à la recherche d'escargots à dévorer tout cru. Comme tout bon français, de toute façon ( et vive les exagérations ). Cette fois-ci tout à fait conscient de sa mauvaise foi – parce que Bilboquet avait l'air plus qu'heureux quand il volait sur le dos de Leopold et que, franchement, il aurait fallu être aveugle pour ne pas le remarquer – il n'osa rien répondre. Il avait beau être énervé, il y avait des limites. Argumenter sur le consentement ou non de son AEA ne ferait que le discréditer, ce à quoi il ne tenait pas plus que ça.

Les bonnes résolutions d'Emrys, si tant est qu'il avait vraiment l'intention d'en prendre, furent balayées par le sourire d'Antoine.

« C'est plutôt moi qui devrait mettre ta limace dans une casserole : Tout le monde aurait la paix. »

Emrys saisit Antoine par le col, plus par impulsion qu'autre chose. Parce que, à bien y penser, il ne risquait pas d'arriver à grand chose en faisant ça. A part froisser le col de sa chemise. S'il avait été plus grand, au moins... Enfin. Il s'estimait déjà heureux de ne pas faire un petit mètre soixante. Inutile de trop en demander à la nature. De toute façon, plus petit ou pas, il pouvait toujours lui faire regretter d'être né. Ou au moins d'avoir insulté Bilboquet. Il pensait en être capable, en tout cas. Sur le moment.
Mais peu importe l'angle sous lequel il regardait la chose, son geste lui semblait à présent complètement stupide. On avait fait plus effrayant qu'un adolescent fin, efféminé et globalement pacifiste en colère. Et quoi, maintenant ? Il le secouait en exigeant qu'il lui rende Bilboquet ? Lui qui passait ses journées à envoyer promener cette chose rose et trop envahissante, il ne savait vraiment pas ce qu'il voulait.

Bon. Tant pis.

« Même Bilboquet vaut mieux que toi, répondit-il d'une voix trop mal assurée à son goût avant de le lâcher et de faire un pas en arrière. Comme le trois-quart des gens ici, en fait. »

Oh. Précision vitale.

« Et c'est un escargot, pas une limace ! »

Sa confiance en lui revint progressivement à mesure qu'il parlait, et avec elle une certaine agressivité. Parce qu'il tenait à son truc rose, malgré tout. Et puis là où lui-même ne faisait que lancer des menaces en l'air contre cet oiseau de malheur, Antoine semblait suffisamment sérieux pour qu'il s'en inquiète. Ça aurait bien été son genre, de faire cuire Bilboquet à petit feu.

« Je me demande pourquoi personne t'as encore fait passer par une fenêtre, grommela-t-il en croisant les bras, à demi tourné vers les fenêtres en question. Ce serait tellement tranquille. »

Moins Antoine et deux ou trois autres insupportables imbéciles, cet endroit aurait eu des airs de Paradis. Ou presque. Pas suffisamment pour qu'il veuille y passer l'éternité, mais suffisamment en tout cas pour rendre l'attente agréable, paisible. Ça n'aurait vraiment pas été de trop.


Dernière édition par Emrys Sulwyn le Dim 9 Sep 2012 - 14:01, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeMar 29 Mai 2012 - 2:06

C'est qu'il faisait presque peur, à s'énerver ainsi, songea Antoine en haussant un sourcil intrigué quand Emrys le saisit par le col. Il ne savait pas exactement ce qu'il comptait lui faire -il était tout de même plus grand que lui-, mais ça risquait de ne pas aller bien loin. Oh, il ne doutait pas un seul instant que l'Anglais devait avoir de la force dans les bras, quand bien même ils étaient fins. Seulement, Antoine était persuadé d'avoir l'avantage, armé ou non, et ne se faisait donc aucun soucis quant au résultat d'une potentielle bagarre. Enfin, si cela amusait Emrys de se prendre des coups, il n'allait pas l'arrêter. Les imbéciles avaient besoin de se défouler de la sorte, c'était connu. Et Dieu savait qu'Emrys Sulwyn était un imbécile.

« Même Bilboquet vaut mieux que toi (et à ces mots il le lâcha pour faire un pas en arrière). Comme le trois-quart des gens ici, en fait. »

Antoine lissa machinalement son col, un petit sourire narquois revenu hanter ses lèvres. Il était évident qu'une limace rose à la voix aigüe et passablement agaçante valait bien mieux que lui. Tout dépendait du point de vue, il imaginait. Lui au moins ne se mettait pas à chanter quand la pluie tombait. Si encore cette limace avait été pourvue d'une voix mélodieuse, mais non. Elle reflétait bien l'état d'esprit de son propriétaire. Ironiquement féminine et très agaçante. Laide, aussi. Il avait vu des animaux bien plus gracieux. Des hommes bien plus gracieux, aussi.

« Et c'est un escargot, pas une limace ! »

Certes, mais ça n'en serait plus un une fois qu'il lui aurait ôté son immonde coquille du dos. Disons qu'il se projetait dans un avenir de plus en plus proche au fur et à mesure que les lèvres d'Emrys bougeaient. Qu'il menace de plumer et cuisiner Leopold: Ils feraient un festin de faucon et de limace, en ce cas. Son AEA, au moins, avait l'avantage de pouvoir voler et aller vite. Bilboquet, il l'attrapait aussi facilement qu'un caillou. Il allait peut-être vite pour une limace, mais il restait tout de même incroyablement lent.

« Je me demande pourquoi personne t'as encore fait passer par une fenêtre. Ce serait tellement tranquille. »

Tranquille ? Antoine n'aurait personnellement pas choisit ce mot, il était loin d'être le plus bruyant des pensionnaires. Lui avait la décence de se coucher à des heures convenables pour le commun des mortels, et se lever à des heures tout aussi convenables. S'il avait hurlé à la mort toute la nuit comme certains énergumènes le faisaient, Emrys aurait eu le droit de dire que sans lui, ça aurait effectivement été calme. Bon, on ne pouvait pas trop lui en demander, pensa-t-il, mesquin. Une femme qui s'habille en homme n'est pas capable d'avoir un jugement correct sur quoi que ce soit.

Mais il allait quand même lui faire payer son audace. Pour une fois qu'il avait trouvé un endroit tranquille pour poursuivre ses recherches, le déranger tenait du crime pur et simple. Assume, à présent.

« Je me demande également, répondit-il sans quitter son sourire, personne n'a du en avoir l'idée. Et même si quelqu'un voulait soudainement me défenestrer, je doute qu'il y parviendrait si aisément. »

Petit silence, avant d'ajouter, le ton moqueur

« Surtout si cette dite personne a des bras aussi fins que les tiens. »

Pauvre petit Emrys. Si faible et mince, que pouvait-il contre lui ? Antoine détestait vraiment cette erreur de la nature qu'était l'anglais aux cheveux noirs, mais jamais il ne s'abaisserait à lui crier dessus. Il aurait été faible de se laisser aller ainsi. Or, il était fort, au dessus de tout ça. Surtout si l'origine de la dispute était une limace rose désirant apprendre à voler. Ridicule. Bilboquet aimait voler, n'importe qui l'aurait vu. Au final, il aurait même du remercier Leopold de divertir son alter ego: Pendant ce temps là, il ne cassait les pieds de personne.

{Trop tard, son nombre de messages n'est plus cool maintenant.**}
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeSam 2 Juin 2012 - 3:54

Reste calme, détends toi. Inutile de s'énerver pour si peu. Il ne faisait que lui donner raison, à agir de la sorte. Il se comportait comme un idiot. Être violent ne menait jamais à rien, jamais. Ça allait juste lui attirer des ennuis, faire de lui le plus immature des deux. Il savait réfléchir, pourtant ; contenir ses émotions, donner le change. Tout ces gestes quotidiens étaient devenus faciles à feindre avec le temps. Pour ne pas inquiéter son père, pour que des imbéciles trop sûrs d'eux le laissent tranquille... C'était devenu un automatisme. Mais depuis qu'il était ici, son pouvoir et l'enfermement avaient mis ses nerfs à plus rude épreuve que ce qu'il aurait pu s'imaginer au premier abord. La violence engendre la violence, la violence est une forme de faiblesse. Emrys avait parfaitement conscience de tout ça. Son père le lui avait répété plusieurs fois. Pourtant il avait beau chercher, il ne lui semblait pas que se taire et rétorquer l'ait jamais sorti d'affaire. Quand les autres se moquaient de lui, que pouvait-il faire ? Il voulait qu'ils aient mal, eux aussi. Qu'ils souffrent. Qu'ils se rendent compte. A quel point ça peut faire mal, un rire. Tous ces rires.
Et en ce moment, il mourrait d'envie de faire perdre son air suffisant à cet abruti.
Garder les bras croisés l'aiderait peut-être. C'est tout du moins la raison pour laquelle il l'avait fait, et si ça ne l'avait pas soulagé ça avait au moins le mérite de tenir ses mains tranquilles. Ça lui éviterait de donner un coup malheureux ou de tout simplement mettre cet espèce d'idiot par terre. Il avait suffisamment encaissé dans sa vie ; maintenant, il rendait. Si Antoine le provoquait, il allait le trouver. Bras croisés ou non. Le britannique espérait simplement réussir à rester diplomate et intelligent jusqu'à être sorti de cette pièce. Sortir gagnant.
Au fond, c'était sûrement ça le problème. Il n'était pas sûr de pouvoir frapper Antoine plus fort que lui ne le frapperait, mais ce serait toujours un combat plus équitable qu'une joute orale. Il n'arrivait jamais à rester calme et composé, à feindre la pitié et à ne pas être blessé par les paroles des autres. Peut-être qu'il prenait tout trop pour lui. Peut-être bien, il n'en savait rien.

Mais Antoine finirait par perdre ce sourire. D'une façon ou d'une autre.

« Je me demande également, personne n'a du en avoir l'idée. Et même si quelqu'un voulait soudainement me défenestrer, je doute qu'il y parviendrait si aisément. »

Bah tiens. Il pourrait peut-être le jeter dans la cave, à la place ? Les sous-sols n'étaient pas très fréquentés, et en tout cas pas par des gens corrects. A part en cas d'escapades ponctuelles. Peu importe. Il n'aurait qu'à l'enfermer à double-tour là-dedans, histoire de voir combien de temps sa fichue dignité tiendrait le coup. Avec un peu de chance, il aurait fini par craquer. Avec un peu de chance, il finirait par craquer.
Ça aurait été dix fois plus simple s'il s'était juste énervé. Mais non, rien à faire : ce crétin restait là, à le regarder avec tellement de condescendance et de mépris qu'il pouvait presque le lire dans ses yeux. Sans crier, sans le frapper. On n'explique jamais assez à quel point s'énerver sur quelqu'un qui joue les inatteignable est agaçant ; ça l'était à un point difficilement imaginable. C'était comme taper dans un verre qui refuse de casser. Qui rit de vos efforts. Qui ne s'inquiète même pas. Antoine n'avait pas l'air inquiet, non. Pourtant il aurait pu le frapper. Il avait envie de le faire. Se retenait de le faire. Qu'est-ce qui pouvait bien le rendre si sûr de lui, hein ?
Soit ce type ne le prenait absolument pas au sérieux, soit il était beaucoup trop confiant. Grave erreur dans les deux cas.

« Surtout si cette dite personne a des bras aussi fins que les tiens. »

Emrys se tourna complètement vers son meilleur ami de toujours, bras décroisés, poings serrés. Il lui lança le regard le plus noir qu'il put lui lancer et, sourcils froncés, s'efforça de ne pas s'approcher pour lui montrer à quel point ses bras fins pouvaient faire mal.
Venant de n'importe qui d'autre, une remarque de ce genre n'aurait eu comme réponse qu'un haussement d'épaule fataliste. Oui, ses bras étaient fins ; vu sa carrure, ils pouvaient difficilement être autre chose. Mais venant de lui, qui savait pertinemment, une insulte aussi banale que celle-là prenait une toute autre dimension.

C'était blessant. Ni plus ni moins.

« Des bras aussi fins ? Répéta-t-il entre ses dents, bien décidé à garder son calme. Tu peux parler, avec le tas de paille qui te sert de cheveux. »

Extrêmement mature, mais il ferait avec. Il souffla dans une ultime tentative pour rester calme et composé. Sans succès.

« Même avec des bras aussi fins que les miens je suis plus viril que toi, de toute façon. » Il fit une pause et ajouta, sur un ton qui se voulait confiant et détaché : « J'en ai strictement rien à faire de ce que tu dis ou penses. »

C'était peut-être faux mais, au moins, il essayait. Les remarques d'Antoine ne méritaient pas d'être écoutées. Il allait s'en tenir à ça et tout irait bien.

Personne ne l'empêcherait d’espérer.


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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeLun 4 Juin 2012 - 15:21

Antoine n'était pas gentil, c'était un fait. N'importe qui l'ayant côtoyé un minimum pouvait s'en rendre compte. En entrant dans le pensionnat, il avait bien été forcé de laisser tomber ses belles apparences, car son pouvoir ne lui permettait plus de mentir et mystifier son entourage comme il l'avait si bien fait chez lui. Que dire alors, sinon la vérité ? Le jeune homme aux cheveux blonds s'efforçait encore de trouver des moyens détournés de mentir, mais il n'y avait rien à faire, ça ne marchait pas aussi bien qu'il l'aurait voulu. Il était donc devenu ouvertement détestable et moqueur, et Antoine ne doutait pas un seul instant que beaucoup de monde ici aurait aimé le voir précipité d'une fenêtre par quelqu'un qu'il aurait un peu trop énervé. Lui-même avouait qu'il aurait mérité une telle chute. Pourtant, il ne se sentait pas plus insupportable que tous ces hypocrites aux sourires faux qui pullulaient au pensionnat. Il les reconnaissait pour en avoir été un pendant dix-huit longues années: Ce jeu ne le trompait pas. Il voyait clair au travers.

Antoine savait donc pertinemment que de un, Emrys allait le frapper s'il continuait à le provoquer et que de deux, ce qu'il avait dit était très blessant. Il avait lancé la fléchette eu centre de la cible, volontairement, et avait obtenu la réaction désirée. Il n'en avait pas honte. Cela lui faisait même plaisir. Emrys aurait du être plus prudent avec son secret, et il ne l'aurait pas découvert. Qu'il soit au courant était la faute du brun, pas la sienne.

« Des bras aussi fins ? Tu peux parler, avec le tas de paille qui te sert de cheveux. »

Cette réplique manqua d'arracher un rire à Antoine, qui se contenta d'élargir un peu plus son sourire pour montrer son hilarité. Tas de paille ? Eh bien, il avait du réfléchir longtemps pour trouver une telle insulte. Ou peut-être avait-il simplement quelque chose contre la couleur de ses cheveux, qu'en savait-il, au fond. Lui les aimait beaucoup, ils étaient fins et brillants, rien à voir avec de la paille, en somme. Pas comme ce tas de charbon qu'il avait lui sur le crâne. Tout le monde n'avait pas de chance.

« Même avec des bras aussi fins que les miens je suis plus viril que toi, de toute façon. J'en ai strictement rien à faire de ce que tu dis ou penses. »

Bien sûr, à d'autres, songea Antoine, que les interventions d'Emrys amusaient au plus haut point. S'il n'en avait 'strictement rien à faire' de ce qu'il disait ou pensait, ils ne seraient pas engagés dans cette ersatz de conversation. Et honnêtement, ça aurait embêté le jeune homme aux yeux bruns qu'Emrys ne porte pas la plus petite attention à ses remarques. Les mots d'Antoine étaient fait pour blesser et susciter l'attention. La réaction. Les jeter dans le vide était une perte de temps. Le Noble se gaussait des susceptibles et de leurs vaines tentatives pour appuyer leur point de vue. Ah, décidément, il n'y avait pas de plus beau spectacle que celui de la bêtise humaine. Les hommes se délectaient des malheurs de leurs semblables, ça n'avait rien de monstrueux; C'était là une chose naturelle. On pouvait nier, on pouvait prétendre être mieux que les autres, mais la souffrance nous faisait toujours sourire.

« Si tu te fichais de ce que je disais, tu ne me répondrais pas. Or, tu viens de le faire. Conclusion ? (Antoine haussa les épaules, une expression à la fois moqueuse et satisfaite peinte sur son visage) Tu ne t'en fiches pas du tout. Oh, puis je doute que tu puisses être plus viril que moi. »

Il jeta un vague coup d'œil vers une des fenêtres, avant de reporter son attention sur Emrys, qui semblait toujours aussi agacé.

« Je dirais que tu es à peu près aussi masculin que ton AEA. Qui soit dit en passant, révèle beaucoup de choses sur ta... Personnalité. »

Ce qui n'était pas faux. Bilboquet était un indice incroyable si on prenait le temps de se pencher sur lui. Sur sa couleur, sa voix aigüe et son sexe. Antoine ne s'en rendait compte qu'à présent, et ça le désolait de ne pas avoir pu le voir avant. Enfin, ça ne changeait pas le fait qu'il avait toujours trouvé cette limace impossible à supporter plus de deux minutes. Tout en parlant et pensant, Antoine était attentif au moindre geste d'Emrys. En effet, s'il comptait le frapper, il n'avait aucune envie de se laisser faire, ni de se faire prendre par surprise. Ici, c'était lui qui avait l'ascendant. Pas le travesti aux cheveux noirs.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeSam 9 Juin 2012 - 15:57

Était-ce son sourire on son regard qui était le plus difficile à supporter ? Emrys se le demandait. Aussi cruels et moqueurs l'un que l'autre. Bons à jeter. Il avait l'impression que ses yeux bruns le transperçaient et ça n'avait vraiment rien de plaisant. C'était un jugement silencieux, une condamnation constante qu'il devait supporter depuis qu'Antoine savait. Ce type, déjà plus qu'énervant, était devenu le pire des parasites. Parce qu'il savait, il avait envie de le frapper. Et parce qu'il savait, il devait s'en empêcher. Cette situation était vite devenue insupportable, et les choses risquaient malheureusement de devenir de plus en plus compliquées avec le temps. Il ne pourrait pas le cacher éternellement.
Mais plus que le mépris ou les moqueries qu'il pouvait inspirer à Antoine, c'était la perspective qu'il puisse à tout moment répéter ce qu'il savait à n'importe qui qui le mettait mal à l'aise. Il n'avait strictement aucun contrôle sur lui. Aucun. Emrys ne savait même pas, en vérité, pourquoi il n'était pas tout de suite aller le dire à qui voulait l'entendre. Pour garder une certaine emprise sur lui, peut-être. Ou juste pour pouvoir le tourmenter encore un peu avec ça. Par pur sadisme ou par esprit de contradiction.
Quelle que soit la raison, il était dans le pétrin. Il aurait mieux fait de tout mettre au clair dès le début.

« Si tu te fichais de ce que je disais, tu ne me répondrais pas. Or, tu viens de le faire. Conclusion ? » Conclusion : vas te faire voir. « Tu ne t'en fiches pas du tout. Oh, puis je doute que tu puisses être plus viril que moi. »

Ah oui, vraiment ? Emrys passa une main dans ses cheveux sombres, crispé. Il aimait sa relation avec les autres pensionnaires. Pour rien au monde il n'aurait voulu qu'elle change. Il se sentait... Bien, ici. Les amis qu'il s'était fait en entrant étaient aussi importants à ses yeux que ceux qu'il avait laissé à l’extérieur, et rien ni personne ne l'empêcherait d'être lui-même en leur présence. Que cette personne soit Antoine de Landerolt ou la Reine mère en personne, peu importe.
Qu'on s'en prenne à sa virilité lui était à proprement parler insupportable. Il n'avait pas encore assez de confiance en lui pour ne pas en être blessé. Chaque remarque sur son visage androgyne, ses épaules trop étroites, ses mains trop petites ou sa voix trop ambiguë était un coup en plus dans son estime de lui. Parce que, au fond de lui, il savait très bien que ces remarques étaient pertinentes. Ils avaient parfaitement raison.

Et c'était tellement... Injuste.

« Je dirais que tu es à peu près aussi masculin que ton AEA. Qui soit dit en passant, révèle beaucoup de choses sur ta... Personnalité. »

Yeux levés vers le plafond, le britannique poussa un soupir ennuyé. Agacé. Blessé. A quoi bon faire semblant de s'en moquer s'il continuait de débiter des idioties de toute façon ? Autant le frapper. C'était tout ce dont il avait envie, sur le moment. Le frapper, lui faire ravaler son sourire, sa fierté et tout ce qui allait ou non avec. Le défigurer, peut-être. Lui donner une raison d'aller mal. C'était tout ce à quoi il aspirait. Lui faire du mal. S'il n'y avait pas moyen de l'atteindre par la parole, alors il se contenterait de lui mettre un coup de poing. Comme ça il pourrait lui dire ce que ça révélait sur sa personnalité, ça aussi.

Dans une ultime tentative pour rester diplomate, il pivota sur lui-même et se dirigea vers les fenêtres. Ne pas le voir aiderait peut-être.

« Le tien porte des rubans,répondit-il avec humeur en scrutant le ciel par la fenêtre. Je dois en conclure quoi, à ton avis ? »

Il se concentra sur le paysage pour ne pas s'énerver plus qu'il ne l'était déjà. Il adorait le parc. Si un endroit pouvait le relaxer, c'était bien celui-là. Ne serait-ce que voir l’extérieur de cet endroit lui remontait un peu le moral. L'herbe, les animaux. La nature. Un nouveau soupir franchit ses lèvres. Et dire qu'Antoine aussi aimait peindre ; il l'en aurait presque dégoûté des pinceaux.

« Et puis Bilboquet est masculin à sa façon, grommela-t-il sans se tourner vers son interlocuteur. De toute façon les escargots n'ont pas de genre défini. Il est ce qu'il veut être, point. »

Pas étonnant qu'il ait choisi cet animal comme ami. Ça prouvait bien que, même s'il ne le savait pas encore à l'époque, il était déjà conscient que quelque chose n'allait pas. Alors si Bilboquet disait être un mâle, peu importe sa couleur ou la hauteur de sa voix, il en était un. Ça n'avait pas à être remis en question.

Emrys regarde par la fenêtre.

Ses yeux clairs passèrent du ciel au lac quand, en périphérie de sa vision, il crut voir un bref mouvement. Il pensa tout d'abord qu'il devait s'agir d'un pensionnaire ou même d'un AEA en train de se reposer près de l'eau ; la réalité n'en fut que plus troublante. Il ouvrit de grands yeux étonnés, effaré et perplexe. Et lorsqu'il détourna son regard vers Antoine, l'espace d'un instant, la surprise avait entièrement pris le pas sur la colère.

« Y'a un - » Il se retourna vers la fenêtre, incapable de s'exprimer correctement, une main appuyée sur le carreau. « Une sorte de sirène dans l'eau, lâcha-t-il platement, trop incrédule lui-même pour avoir l'air convaincant. Avec une... non, un calamar. »

Conscient qu'il ne devait pas avoir l'air crédible malgré son sérieux, il frappa un coup sur la vitre, tourné vers Antoine, pour lui designer le lac. Il y avait un truc dedans, mince !
Même si, il en était sûr, ces deux choses étranges auraient disparues la prochaine fois qu'il poserait ses yeux sur l'étendue d'eau calme. Même lui commençait à se demander s'il ne devenait pas tout simplement dingue.


Dernière édition par Emrys Sulwyn le Sam 8 Sep 2012 - 23:08, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeLun 18 Juin 2012 - 13:59




Emrys regarde par la fenêtre, et trouve :

« Il voit le calamar géant avec une sirène, mais personne ne veut le croire. »

[ACTION 1/4]
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeJeu 28 Juin 2012 - 1:07

Antoine, lançant un regard au livre qu'il avait laissé sur la chaise, derrière lui, pensa qu'il aurait mille fois préféré continuer ses recherches que se disputer avec Emrys. Aussi plaisant que lancer des piques à l'anglais pouvait l'être, ça n'allait nullement l'aider à trouver un moyen de sortir de ce piège grotesque. Or, c'était ce à quoi il aspirait le plus depuis qu'il avait eu le malheur de poser un pied dans ce maudit hall d'entrée. Certes, embêter les autres était un excellent moyen de faire passer le temps, mais il devait faire avancer ses recherches. S'amuser, oui, mais Antoine était assez sérieux pour prendre ses responsabilités en mains et ne pas dépasser les limites qu'il s'était lui-même imposées.
Limites qui avaient depuis des mois et des mois été allégrement dépassées. Le blond en avait assez de tourner en rond dans cette cage sans issue; Il était grand temps de se saisir d'une pince et de tordre les barreaux pour se forcer un passage, qu'importe les efforts que cela coûterait. Emrys désirait également sans doute rentrer chez lui. N'avait-il pas envie de revoir sa famille, ses amis, tous ces êtres chers laissés de l'autre côté de la porte ? S'ils s'étaient supportés, et cette idée amusa le garçon de noble naissance, ils auraient pu faire équipe et trouver un remède à cette maladie qui rongeait peu à peu leur esprit.

Mais comme ils se détestaient, ce n'était pas prêt d'arriver. Au diable les solutions; Antoine décida, dans sa grande bonté, de se focaliser uniquement sur Emrys le temps qu'ils discutaient. Quel grand honneur, il avait sa pleine et entière attention. Le livre, immobile sur la chaise, fut par conséquent de nouveau oublié.

« Le tien porte des rubans. Je dois en conclure quoi, à ton avis ? »

Que ma sœur aimait les rubans, songea Antoine. Seulement, Emrys n'était pas censé le savoir, aussi ne rétorqua-t-il rien au jeune homme qui regardait à présent par une des fenêtres. Leopold étant le fruit de deux imaginations conjuguées tant bien que mal, il n'était qu'à moitié son AEA. Toutefois, comme la deuxième partie appartenait à un fantôme qu'il lui était douloureux d'évoquer, Antoine ne le précisait jamais. Leopold, soucieux sans doute de l'opinion de son maître, ne le faisait jamais non plus. Un très bref instant, Antoine eut un pincement au cœur, mais se reprit presque immédiatement. Au bout de presque trois ans, il allait falloir qu'il s'habitue à son absence.

« Et puis Bilboquet est masculin à sa façon. De toute façon les escargots n'ont pas de genre défini. Il est ce qu'il veut être, point. »


Un sourire méchant étira les lèvres d'Antoine. Il fit un vague geste de la main, inutile car son interlocuteur ne pouvait le voir, avant de répondre à Emrys, cherchant toujours à viser là où ça faisait mal, sans la moindre pitié:

« A sa façon. Tu es masculin de la même façon que lui, en ce cas. Il est bien dommage pour toi que les hommes ne puissent être ce qu'ils veulent être. »

Ils pouvaient choisir de ne pas répondre à l'appel de la nature, de la défier comme le faisait Emrys, mais une telle action laissait des traces qu'on ne pouvait effacer. Ce rêveur avait beau se penser homme et se vêtir comme tel, sous ses vêtements, il n'était rien de plus qu'une femme. Antoine mettait d'ailleurs un point d'honneur à le lui rappeler dès qu'il en avait l'occasion. Ça aurait été bête qu'Emrys oublie de quel bois il était fait, n'est-ce pas ?
Antoine aurait volontiers rajouté quelques propos sarcastiques si Emrys ne s'était pas tourné vers lui, une surprise évidente peinte sur son visage. Son vis-à-vis fronça les sourcils, perplexe.

« Y'a un - Une sorte de sirène dans l'eau. Avec une... non, un calamar. »

Une sirène avec un... Calamar ? Antoine garda accroché à son visage une mine sceptique, alors qu'il avançait pour venir se placer aux côtés d'Emrys. Son regard brun balaya ce qui s'offrait à sa vue, mais il ne vit rien de tel. Il fixa encore un moment le parc, avant de se tourner vers son compagnon, l'air mortellement ennuyé.

« Je pense, et c'est là un conseil pour ton bien, que tu devrais cesser de manger au GGL... De toute évidence, la nourriture n'y est pas saine. »

L'endroit en lui-même n'était pas sain, mais Antoine se garda bien de le dire à voix haute. Sérieusement... Comment avait-il pu voir une sirène en compagnie d'un calamar dans l'eau ? Ça n'avait pas de sens. Aucun.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeMar 3 Juil 2012 - 21:50

S'ils restaient ici, ils allaient tous finir fous à lier. Emrys y avait déjà pensé, plusieurs fois, quand il se reposait dans son lit : l'enfermement rend fou. Pas besoin d'être un génie pour savoir ça. Ils étaient comme autant d'animaux en cage, poussés à bout, forcés de croiser les mêmes personnes du matin au soir, obligés de chercher sans arrêt de nouvelles solutions pour sortir d'ici sans jamais en trouver la moindre. Le pensionnat jouait avec leurs nerfs. Il s'amusait d'eux. C'était évident. Les personnes qui les avaient enfermés ici, qui qu'elles soient, devaient prendre plaisir à observer leurs malheurs. Ils se réjouissaient de les voir se briser les épaules et les chevilles sur une porte impossible à ouvrir. Ils riaient en les voyant se battre, pleurer, se rejeter la faute les uns sur les autres. Ils les rendraient tous fous, sans exception.
Et le pire dans tout ça, le pire, c'était qu'ils n'avaient pas la plus petite idée de comment faire cesser ce manège infernal. Ils auraient dû tous s'entraider, faire des réunions régulières, se tenir au courant, chercher ensemble, s'unir pour mieux penser au lieu de diviser pour mieux régner. Emrys aurait aimé pouvoir monter sur une chaise et mettre tout le monde d'accord, réussir à faire rentrer dans chaque tête que leur priorité était de sortir. Il aurait vraiment aimé. Mais d'eux tous, il n'était jamais celui qui cherchait le plus ou le mieux. Il n'arrivait pas toujours à conserver son calme. Il ne trouvait aucune solution. Et il était là, comme le plus parfait des imbéciles, à se prendre la tête avec Antoine pour une histoire d'AEA. Il aurait dû être plus mature que ça, plus intelligent que ça. Mais voilà, c'était bien ça le problème :
Ils n'étaient que des gosses, tous.
Et si Emrys était d'ordinaire plutôt calme et posé, de ceux qui réfléchissent avant d'agir et qui serrent les dents pour ne pas relancer une dispute, c'était loin d'avoir toujours été le cas. Il se sentait bien, ici. Il ne voulait pas tout gâcher. Il voulait tout bien faire. Ce qu'il ressentait quand il croisait Antoine, en revanche, ressemblait à s'y méprendre à ce qu'il avait pu ressentir envers certaines personnes de ses anciennes écoles. Le genre de personne qui l'avaient poussé à ne plus vouloir sortir de sa chambre. Qui l'avaient fait déprimer, redoubler. Toute cette colère gardée scellée au fond de lui menaçait d'éclater chaque fois qu'il le croisait. Lui ou un autre. Tous les mêmes.
Il avait vraiment, vraiment, vraiment envie de le frapper.

« A sa façon. Tu es masculin de la même façon que lui, en ce cas. Il est bien dommage pour toi que les hommes ne puissent être ce qu'ils veulent être. »

Il était encore au lycée ; comment attendre de lui qu'il agisse comme un adulte ? Il voulait le frapper, s'énerver, faire quelque chose, n'importe quoi pourvu qu'il perde ce sourire stupide, cet air arrogant et méprisable.
Peut-être qu'il était masculin de la même façon que Bilboquet, oui. Mais ça ne voulait pas dire qu'il ne pouvait pas être ce qu'il voulait être, ça n'avait rien à voir ! Il était déjà un homme – il lui aurait juste suffi de quelques piqûres et opérations pour que son corps l'accepte enfin. Mais tout ça, il ne l'aurait jamais s'il ne sortait pas d'ici. Il fallait vraiment qu'ils sortent d'ici.
La remarque du français sur la nourriture du GGL finit de l'en convaincre. Ses yeux bleus balayèrent le parc, avec ce qui pouvait ressembler à un certain désespoir. Évidemment qu'ils avaient disparu. Il était pourtant si sûr de les avoir vu...
Le britannique se mordit la langue pour faire passer la pilule avant de faire un pas en arrière, soucieux de garder une distance de sécurité entre lui et cet idiot. Mieux valait pour eux deux qu'ils n'en viennent pas aux mains.

« Je l'ai vu, marmonna-t-il en passant une main nerveuse dans ses cheveux bruns. Ils ont dû... Partir. Et puis j'en sais rien, je m'en fiche. »

Comme il ne mangeait jamais au GGL – merci Toya – ce n'était certainement pas des muffins radioactifs qui avaient causé ses troubles oculaires. Qu'il n'avait pas, d'ailleurs.

« Tu peux pas arrêter de m'emmerder avec ça, hein ? » Sa voix fut un rien plus violente que prévu, mais il s'en accommoda. « T'as pas à remettre ce je suis en question. Si je dis que je suis un garçon– en disant cela il baissa nettement le ton – c'est que j'en suis un, c'est tout. Fin de la conversation. »

Ses yeux clairs dévisagèrent Antoine avec dureté, témoins d'une colère difficilement contenue.

« Dis le contraire une seule fois et je te promets que tu vas le regretter. »


Dernière édition par Emrys Sulwyn le Sam 8 Sep 2012 - 2:30, édité 2 fois
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Antoine reporta son attention sur le parc, balayant machinalement l'étendue verte du regard. La sensation familière qui le traversa à la vue de cet extérieur qui ne changeait jamais l'agaça profondément. Le jeune homme aux cheveux blonds aurait aimé ne jamais pouvoir se faire à cet endroit, s'y perdre tous les jours et ne retrouver ses repères qu'après de longues heures d'errance; Malheureusement, il commençait à connaître par cœur tous les passages et toutes les pièces. Il était loin, le temps où il pouvait entrer quelque part et se demander de quelle pièce il s'agissait, où elle se situait par rapport aux autres. Sa mémoire était bonne et ne lui avait jamais fait défaut, sa logique et son sens de l'orientation étaient eux aussi intacts. Jamais Antoine n'aurait pensé un jour maudire son intelligence. S'il avait été stupide et irréaliste, il aurait encore pu se plaire ici. Trouver un quelconque point positif à cet éternel enfermement, cesser de se torturer l'esprit à la recherche de réponses qui lui échappaient comme l'eau d'entre ses doigts. Seulement, depuis le début, il n'avait qu'une idée en tête: Sortir. Il abhorrait cet endroit et ceux qui y étaient enfermés. Il détestait ce parc, il détestait ces tables placées sans la moindre logique, ces chaises éparpillées.

Il détestait aussi Emrys. Il savait que le garçon n'était pas détestable, pourtant; Comme il avait des amis et était apprécié en général, il devait même être très sympathique. Et lui, contrairement à ce garçon hypocrite qu'il avait été chez lui, ne jouait pas la comédie. Alors quoi ? D'où venait ce mépris ? Comme si je pouvais le savoir, pensa Antoine. Le fait était qu'il le méprisait, comme pratiquement tous les pensionnaires. Le blond n'allait pas chercher plus loin, il n'en avait pas envie, l'essentiel était là. C'était un imbécile, travesti, ignorant. Lui faire du mal le faisait se sentir mieux, alors...

Ainsi soit-il.

« Je l'ai vu. Ils ont dû... Partir. Et puis j'en sais rien, je m'en fiche. »

Partir, bien entendu. Antoine se contenta de garder sur ses lèvres un sourire moqueur sans rétorquer quoi que ce soit. Lui aussi s'en fichait, ce n'était pas lui qui avait des hallucinations de calamar et de sirène. Fort heureusement. Peut-être l'esprit étroit de l'anglais, sous pression depuis trop longtemps, se détériorait-il. Ça n'aurait guère étonné le blond. Bientôt, il allait faire des crises d'hystérie, et il souhaitait bon courage à la musicienne ratée qui lui servait de petite-amie pour prendre soin de lui.

« Tu peux pas arrêter de m'emmerder avec ça, hein ? T'as pas à remettre ce je suis en question. Si je dis que je suis un garçon
(Il avait alors baissé la voix) c'est que j'en suis un, c'est tout. Fin de la conversation. »

Ciel, que de grossièretés. Antoine tourna vers le noiraud son visage aux accents narquois, cherchant dans ces yeux bleus cette faiblesse qui se reflète chez les gens angoissés. Il n'y avait pas d'angoisse dans ceux d'Emrys, simplement de la colère. Antoine ne s'en formalisa pas, habitué depuis son entrée au pensionnat à ce qu'on le dévisage de la sorte. Ce n'était toutefois pas à lui qu'il fallait en vouloir, mais à ceux qui les avaient amenés ici pour lui avoir donné ce pouvoir qui l'empêchait de masquer son dégoût. La vérité, dans son cas, n'avait pas de bon.

« Dis le contraire une seule fois et je te promets que tu vas le regretter. »

Antoine haussa les épaules, quittant Emrys des yeux pour fixer le ciel. Le noble aurait aimé que la pluie tombe et obscurcisse le paysage; Qu'il soit si bleu était presque une insulte à tous ceux qui, prisonniers, cherchaient un moyen de s'évader. Finalement, Antoine se décida à répondre, sans se tourner vers Emrys pour autant:

« Certes, tu peux prétendre être ce que tu veux. Mais ça ne change rien. Oh, bien sûr, certains t'accepteront tel que tu es s'ils sont au courant. Quant aux autres... »


Il laissa sa phrase en suspend, ne trouvant pas d'utilité à donner une suite à une telle évidence. Les autres le mépriseraient, se moqueraient, le rejetteraient. Beaucoup avaient été mis à l'écart pour moins que ça, la foule était cruelle. Après quelques secondes de silence, Antoine adressa un grand sourire à Emrys, toujours près de la fenêtre.

« Le problème, c'est que la minorité ne gagne jamais. J'imagine que tu es bien placé pour le savoir. »


L'être humain tendait naturellement vers la cruauté. L'effet de groupe était plus fort que tout le reste. Si Antoine citait une réalité décevante, universelle, ça n'empêchait pas ses propos d'avoir cet arrière goût amer de dédain. Il n'était pas gentil, non. Mais ça aussi, ce n'était ni plus ni moins qu'une réalité avec laquelle il fallait composer. Personne n'avait le choix, pas même lui.
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[RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 _
MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeJeu 19 Juil 2012 - 3:29

Après coup, il aurait sûrement mieux fait de ne rien lui dire. Pourquoi s'était-il senti obligé de hausser la voix, hein ? Évidemment qu'Antoine n'allait pas le croire. S'il l'avait gardé pour lui, au moins, il aurait pu se convaincre que tout cela était réel. Personne ne lui aurait dit le contraire. En l'absence de jugement extérieur, il aurait été le seul à pouvoir remettre ses yeux en doute. Il n'aurait pas eu à supporter ce sourire moqueur. Il lui semblait que si le français avait pu lui dire quelque chose à ce propos, ç'aurait été 'mais oui, bien sûr' – sans oublier le ton méprisant qui va avec. Qu'on ne le croit pas, même si c'était d'Antoine dont il était question, l'énervait plus qu'il ne l'aurait pensé. Il n'avait aucune preuve, rien pour lui faire comprendre qu'il n'avait pas simplement été victime d'une hallucination. Il avait l'impression d'être un de ces dingues qui viennent raconter des histoires invraisemblables et incohérentes à des inconnus qui, ennuyés et chagrinés pour ces pauvres malades, s'éloignent à toute vitesse.
Sauf qu'il n'était pas fou. Et que n'avoir aucun moyen de le prouver était plus que frustrant.
Malgré tout, il se résigna à laisser couler cette histoire au fond de son estomac. Inutile d'en rajouter. Insister le ferait passer pour un idiot, surtout s'il n'avait rien d'autre à faire hormis rabâcher ce qu'il avait vu. Ses yeux bleus restèrent donc résolument posés sur son ami de toujours, désireux d'éviter la fenêtre pendant encore un moment. Si cet endroit voulait s'amuser avec ses nerfs, soit. Ça ne voulait pas dire qu'il était obligé de se laisser faire.
Antoine, lui, observait toujours le parc avec un air qu'il jugea presque serein. Si quelqu'un avait passé la porte sans rien avoir entendu de leur conversation, ils auraient presque pu avoir l'air de deux quasi inconnus qui partagent une discussion sans grande importance. Ce n'était pas le cas. En témoigne la tension qui tirait inconsciemment les traits d'Emrys. Être le seul à s'énerver lui donnait l'impression d'avoir un gros désavantage. Et, finalement, ce devait être le cas. La nonchalance de cet hypocrite ne faisait que l'énerver plus encore.
Si seulement il avait pu toucher la corde sensible, lui aussi...
Enfin pour ça il aurait déjà fallu que ce type en ait une, de corde sensible. Chacun ses douleurs et ses secrets. A moins, bien sûr, qu'il n'ait jamais eu de cœur. Pas de cœur, pas de larmes. Pas de douleur. Rien sur quoi insister.

Il devait bien y avoir quelque chose, pourtant. Bien caché derrière son sourire moqueur.

« Certes, tu peux prétendre être ce que tu veux. Mais ça ne change rien. Oh, bien sûr, certains t'accepteront tel que tu es s'ils sont au courant. Quant aux autres... »

L'agacement força le jeune homme à mordre sa langue. Et, sans même qu'il s'en rende compte, son regard se déporta sur les rideaux. Les autres. Eh bien quoi, les autres ? Qu'est-ce qu'il en avait à faire, des autres ? Si Iwasara, si Soren et ses autres amis proches l'acceptaient, il pourrait supporter les moqueries sans problèmes. Il s'efforça de s'accrocher à cette idée. Il voulait avoir l'air détaché, convaincant, sûr de lui.
Donner raison à Antoine ?
Plutôt crever.

« Le problème, c'est que la minorité ne gagne jamais. J'imagine que tu es bien placé pour le savoir. »

Il avait beau ne pas le regarder dans les yeux, difficile de rater son sourire. Si son pouvoir avait été offensif, il aurait été fortement tenté de l'utiliser. Malheureusement, aucune porte de sortie ne s'ouvrit devant lui comme par magie. Il devait répondre. Allez, réponds. Dis quelque chose.
Mais durant quelques secondes qui lui parurent une éternité, il ne trouva rien à dire. Il se rendait bien compte que lui concéder ce point ne voulait pas dire s'écraser à ses pieds ; pourtant, ça lui aurait fait le même effet. Il ne voulait rien lui accorder. Qu'il ait raison ou non. Quitte à, malheureusement, se mettre dans le tort. Ou se contredire.
On réfléchit rarement quand on a l'esprit embrumé par la colère. Emrys n'y fit pas exception.

« Si mes amis font partis de la minorité qui accepte, ça me va, répondit-il finalement en fusillant le Noble du regard. Je me fiche bien de ce que les autres peuvent penser de moi. »

Alors pourquoi s'évertuait-il à garder un aspect si important de sa vie caché aux yeux de tous ? Il aurait au moins dû le dire à certaines personnes. S'il n'en avait rien à faire, c'est ce qu'il aurait fait. Mais il n'y arrivait pas.
Il y avait cru, au début, aux 'juste mes amis' et autres idioties. Mais les amis ne sont pas suffisants quand les autres rient. Ça ne suffit juste pas.
Ça, il n'était pas prêt de l'admettre. Pas ce jour-là. Pas à Antoine.

« Et je ne prétends pas. Je suis. Tu saisis la différence ? »

La nuance lui sembla si personnelle que, en l'énonçant, il dut détourner son regard de nouveau. Il avait intérêt à saisir la différence.
Sinon, il allait la lui faire rentrer dans le crâne d'une manière ou d'une autre.


Dernière édition par Emrys Sulwyn le Sam 8 Sep 2012 - 2:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeMar 14 Aoû 2012 - 22:58

Entre le pensionnat qui jouait avec leurs nerfs et l'attente prolongée, Antoine ne donnait pas quelques mois aux plus fragiles des pensionnaires pour craquer et tenter de s'enterrer vivant dans le parc. Quant aux plus résistants, leur sort ne serait pas plus enviable que celui des faibles d'esprit: Ils resteraient coincés ici pour l'éternité à se démener en vain à chercher une sortie qui n'existait de toute évidence que dans leurs rêves les plus fous. A vivre sans but et sans énergie, attendant un lendemain scrupuleusement semblable au jour qui l'avait précédé. Ou à se crier dessus et se chercher des noises comme il plaisait à Emrys et lui-même de le faire au moins une fois par jour. Pas qu'Antoine s'en plaignait; Ça lui permettait de se défouler et, à moins qu'il ne soit de fort mauvaise humeur, ça l'amusait quand ça ne tournait pas à son désavantage.
L'avantage de taquiner Emrys était qu'il avait un point sensible sur lequel il était aisé d'appuyer lorsqu'on le connaissait. Antoine était sûr de réussir à le mettre hors de lui en quelques phrases bien pensées. Le britannique était prompt aux éclats de colère et certainement également à en venir aux mains si le besoin s'en faisait sentir. Quel dommage. Antoine préférait régler ses conflits à l'amiable, comme un adulte civilisé et censé. Ou d'une autre manière encore, qui ne nécessitait pas d'insultes ou de prises de tête inutile.

Tant que tout le monde y trouvait son compte, il n'y avait rien à redire de la façon dont on réconciliait les deux parties. Enfin, dans les faits, lui et Emrys n'étaient pas prêts de se réconcilier. L'objet de l'amertume était incertain. Antoine pensait même que cette conversation allait contribuer à enfoncer le clou de la haine jusqu'à le faire rentrer entièrement dans le bois. Soit, pensa le noble en scrutant avec un amusement perceptible les traits tendus d'Emrys. C'était comme un jeu dans lequel il était certain de toujours avoir l'avantage, après tout.

« Si mes amis font partis de la minorité qui accepte, ça me va. Je me fiche bien de ce que les autres peuvent penser de moi. »

Ah oui ? Manqua de répliquer Antoine sur un ton mordant empli d'ironie. La situation présente lui plaisait bien; Il trouvait mille erreurs dans les propos du britannique. Mille peurs cachées qu'il pourrait, à force de patience, faire se retourner contre lui. Mille défauts qu'il était tentant de pointer du doigt sur le champ, mais patience. Antoine était un jeune homme à qui la patience ne manquait pas, quelle chance. Il savait se tapir dans l'ombre et bondir au meilleur moment. Seul un rictus vint trahir sur son magnifique faciès les pensées qui se bousculaient dans son esprit en constante activité. S'il se fichait du regard des autres comme il savait si bien le dire, il n'aurait pas caché sa véritable nature. Il aurait assumé jusqu'au bout son déguisement. Comme il aurait été divertissant de répandre la rumeur et voir la réaction d'Emrys et ses amis. Antoine se demanda, sur le coup, combien ne lui jetteraient pas des regards en coin, masqués derrière de louables intentions. Personne n'est parfait.

« Et je ne prétends pas. Je suis. Tu saisis la différence ? »

Oui, Antoine saisissait cette notion, ou du moins le pensait-il. Il n'était pas idiot et comprenait assez bien la personnalité des autres, le genre humain en général. Pour autant, il n'allait pas céder à voix haute ce point à la jeune femme travestie à laquelle il parlait. Il lui ferait le plus subtilement possible comprendre qu'il savait de quoi il parlait, mais ne l'acceptait pas pour autant. Emrys était une femme, et qu'il s'habille en homme ne changeait pas son corps. Sous ces vêtements se cachait une anatomie parfaitement féminine. Alors non; Il prétendait, il n'était pas. Pour l'agacer, Antoine fit un petit 'hmmmm' pensif, l'air de réfléchir, un sourire moqueur encore et toujours pendu à ses lèvres desquelles étaient sorties tant de cajoleries pour plaire

Bien que dorénavant seule l'unique, la brute vérité pouvait en passer le cap. Haut les cœurs; Antoine n'était pas du genre à se laisser aller pour si peu. Emrys était celui qui pâtissait le plus souvent de ses réflexions acides et tant qu'ils seraient au pensionnat tous deux et se croiseraient, ça ne changerait jamais.

« Va savoir. C'est fort personnel, comme concept. Moi, je crois ce que je vois, et je vois...
(Ses yeux bruns scrutèrent lentement le noiraud de pied en cap) Je vois une jolie jeune femme qui s'habille en homme. Rien de plus, rien de moins. »

Provocation. Méchanceté gratuite, qui atteint sans jamais la manquer sa cible. Antoine était un monstre. Un monstre qui, à défaut de pouvoir se parer du manteau des saints en cet endroit, se complaisait dans son aversion et son rejet des autres.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeSam 25 Aoû 2012 - 22:12

{OULALAH l'anglais s'énerve. |D

Mais maintenant qu'Antoine est encore plus sexy qu'avant... Il a aucune chance. 8D

En fait Emrys est moins beau, moins intelligent, moins cultivé et moins grand qu'Antoine. Il a le droit de l'avoir mauvaise. }


Non. Non, Emrys n'était pas un menteur ; encore moins un manipulateur. Il ne cherchait pas à se cacher, ne mentait pas sur son compte, ne se déguisait pas, ne cherchait pas à faire croire quoi que ce soit à qui que ce soit. Il se contentait d'être lui-même. De remettre les choses dans l'ordre, telles qu'elles auraient toujours dû être. Il comblait un mal-être, réglait les aiguilles d'une horloge détraquée. Il se rafistolait, en somme, sans demander l'accord de personne. Etait-ces un crime ? Est-ce que cette fille, là-bas, devait absolument révéler à tout le monde que son bras droit, après une violente fracture quelques années auparavant, était soutenu par une broche ? Est-ce que quiconque ici se sentait obligé de préciser si oui ou non leurs cheveux étaient naturellement bleus, roux, verts ou bruns ?
Alors pourquoi lui serait-il plus hypocrite ou faux qu'un autre, uniquement pour avoir caché un détail sans importance ?
C'était injuste. Profondément injuste.
Et l'avis d'Antoine, même s'il n'y accordait que peu de crédit, comptait malgré tout. Parce qu'il était l'une des rares personnes ici à connaître la vérité, parce qu'il pouvait en parler à tout moment – mais surtout parce que, finalement, il était le seul qui puisse vraiment lui donner son avis sur la question. Alors oui, ce type était pire que désagréable et oui, il devait avoir l'esprit complètement étriqué ; mais pour l'instant, son opinion était la seule qu'il ait. La seule et unique parole qu'il puisse compter comme argent comptant. Parce qu'Antoine, Antoine l'hypocrite, Antoine le monstre sans sentiments, était incapable de mentir.
Ce qu'Antoine dit, Antoine le pense ; impossible de le réfuter. Impossible de le contredire, impossible de l'accabler du titre de menteur. Impossible de ne pas accepter la vérité telle quelle.
Parfois, il n'y a pas plus cruelle capacité que celle d'assurer les autres de sa bonne foi.

Un temps de réflexion, ridicule et sûrement sans objet, permis à Emrys de remettre un peu d'ordre dans ses pensées. En quoi était-ce une qualité, d'être sensible et sentimental ? Ce n'était rien d'autre qu'un fardeau difficile à porter. Tout prendre à cœur était peut-être une bonne chose quand il s'agissait d'aider ou de compatir, mais le revers de la médaille n'en valait parfois pas la chandelle. Être sans arrêt blessé par des paroles lancées au hasard, stresser sans raison, souffrir pour les autres ; les inconvénients ne connaissaient aucune limite.
Il aurait aimé faire abstraction de ce regard posé sur lui. Se dire 'je m'en fiche' et le penser, le penser vraiment. Laisser les insultes et les regards glisser sur lui sans avoir la gorge serrée et les mains tremblantes. Ne pas avoir honte de lui. Ne laisser personne le juger.
Il n'était pas assez fort pour ça. Ne le serait jamais.
Parce que si le regard d'une des personnes qu'il haïssait le plus ici pouvait le mettre mal à l'aise et le faire douter, qu'en serait-il des autres ?

« Va savoir. C'est fort personnel, comme concept. Moi, je crois ce que je vois, et je vois... »

Des pieds ? Des jambes ? Un être humain ? Pourquoi pas un garçon, hein ? Il avait beau garder ses yeux bleus fermement plantés dans ceux d'Antoine tandis qu'il remontait les siens le long de sa silhouette, il n'en menait pas large.
Qu'est-ce qu'il voyait, lui ? Une taille trop fine ? Des hanches un peu trop marquées ? Des vêtements trop larges ? Des épaules trop étroites ? Un visage trop féminin ? Une femme ?
Leurs regards se croisèrent.
Pas un garçon, non.

« Je vois une jolie jeune femme qui s'habille en homme. Rien de plus, rien de moins. »

Une jeune femme qui s'habille en homme. Une jeune femme – qui s'habille en homme, oui, mais une jeune femme. Une fille ; une adolescente.
Tais-toi !
Une fille avec des hanches et de la poitrine, cheveux courts ou non. Une fille qui aime les filles, un garçon manqué, tout mais pas un homme.
Tais-toi, tais-toi tais-toi tais-toi –
Et tous ces e qui le rendaient malade.

« La ferme ! »

Il ne réfléchit pas plus avant de, poing serré, tenter d'atteindre Antoine à la mâchoire. Il ne se dit pas que, peut-être, ce n'était pas la meilleure solution à ses problèmes. Il ne pensa pas que, crispé comme il l'était, sourcils froncés et lèvres tremblantes, l'autre avait pu deviner qu'il allait le frapper. Rien, rien ne réussit à passer la barrière étanche de ses pensées.
Une jolie jeune femme qui s'habille en homme, hein ? C'était bien ça qu'il avait dit ?
Il allait lui montrer ce que la jolie jeune femme pouvait faire.
S'il fallait qu'il lui déboîte l'épaule pour ça, il le ferait. N'importe quoi pourvu que ça lui fasse mal.
Et s'il n'avait pas le dessus, il pourrait toujours s'emparer d'une chaise, le coincer dans un rideau ou bien le plaquer contre la table. Peu importe ; il lui montrerait, coûte que coûte. Il lui montrerait.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeMer 29 Aoû 2012 - 1:47

Il était amusant de voir à quel point quelques mots pouvaient exacerber les émotions d'un individu. En les choisissant correctement, on pouvait faire passer le visage de son interlocuteur par une palette impressionnante d'expressions en tout genre. Antoine avait toujours trouvé ça fascinant, et n'avait pas manqué d'examiner, petit, les réactions des adultes qui discutaient sans faire attention à lui. Bien entendu, cette curiosité n'avait pas alors la finalité peu honnête qu'il lui avait attribué par la suite. Elle avait simplement servi à divertir ces soirées ennuyantes et qui s'étiraient à l'infini; Toute une soirée, pour un bambin, c'est beaucoup trop, presque toute une vie. Pour un homme, ce n'est qu'un petit morceau de sa journée. A présent, il ne pouvait plus utiliser tous ces mots comme bon lui semblait, mais il jouissait comme il le pouvait de la maigre liberté que lui laissait son pouvoir. A savoir: S'il ne parvenait plus guère à susciter l'admiration et le plaisir sur les visages des autres, il arrivait très bien à y imposer la marque de la colère et de l'indignation. Il n'y avait qu'à contempler les yeux tourmentés d'Emrys pour s'en rendre compte. Le pauvre, pensa-t-il avec cette méchanceté qui lui était coutumière, comme la vérité avait l'air de le faire souffrir. S'il ne voulait pas qu'elle le heurt aussi durement, il n'avait qu'à laisser tomber les masques et assumer ce qu'il était. Cesser de se boucher les oreilles et trouver mille formules pour se déculpabiliser.
Ou bien cesser de mentir et redevenir ce qu'il était par nature. Car contre elle nul homme ne peut imposer sa loi: Elle pipe les dés et fini par reprendre le contrôle de la partie. Emrys n'avait pas d'échappatoire. Et il le détestait car il avait l'audace d'énoncer à voix haute cette évidence.

« La ferme ! »

Antoine n'ignorait pas qu'en parlant comme il le faisait, il énervait le britannique. Le coup qui parti ne l'étonna pas; Il s'y attendait depuis le début de leur conversation. Ses expressions étaient si faciles à interpréter, c'était aussi navrant que la franchise de ce coup de poing. D'un geste vif, Antoine attrapa le poignet du jeune homme aux cheveux noirs, parant de justesse le coup qui lui était destiné. Il eut un mauvais sourire avant de le tordre, histoire de s'assurer que la douleur dissuaderait son interlocuteur de tenter à nouveau l'expérience. Antoine, néanmoins, était un peu déçu; Il avait espéré de la part d'Emrys plus de retenue que ça. Le pensionnat était-il en train d'avoir raison de ses nerfs ?

Oh, se réprimanda-t-il avec amusement, je suis plutôt mal placé pour dire ça. En effet, Il n'aidait pas les dits nerfs à aller mieux.

« Pourquoi me taire si tu ne te préoccupes pas de ce que je dis ou pense ? Tu mens si mal. »

Antoine lâcha le poignet d'Emrys à ces mots, recula d'un pas. Il n'arrivait pas à ôter de ses lèvres ce sourire détestable, quand bien même cela aurait sûrement contribué à calmer le jeu. Il n'avait envie de faire aucun cadeau à Emrys, le laisser souffrir et enrager le plus possible, et le plus longtemps possible. Il le détestait. Qu'y pouvait-il, au fond ? Puisque le jeune homme aux cheveux noirs ne faisait rien pour l'apprécier, il ne voyait pas pourquoi lui aurait du. Qu'ils se détestent alors et crachent leur venin sur l'autre pour se soulager. Personne n'avait rien à y redire, ça ne concernait que les deux âmes qui se trouvaient en ce moment même dans cette pièce.

De toute façon, ils n'avaient rien de mieux à faire. Bien qu'il s'efforçait de penser le contraire pour occuper ses journées, Antoine savait au fond de lui que même en lisant tous les livres de la bibliothèque, il ne trouverait pas de solution à ce problème dont personne n'avait jamais vu le fond. Penser que lui avait des chances de réussir là où les autres avaient échoué n'était que pure vanité.

Ou un moyen comme un autre de garder obstinément la tête hors de l'eau. Tu sais, si tu coules, tu ne pourras jamais remonter à la surface, jamais.

« Tu te sens mieux ? »

Bien sûr que non. Mais autant poser la question, savait-on jamais. S'il avait besoin de se défouler encore, il pouvait lui ruiner le poignet pour lui apprendre à ne pas lever la main sur les autres. Il voulait bien lui faire cette seule et unique faveur.

{Antoine est beau, intelligent, cultivé et grand mais c'est un bâtard. Ca compense.|D}
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeDim 9 Sep 2012 - 16:21

Il aurait dû partir. S'en aller à pas pressés, à grandes enjambées, franchir la porte et aller se perdre dans le parc. Ça n'aurait pas été une défaite, non : c'était ce coup de poing qui en était une. Ridicule, inutile. Un argument de plus en sa défaveur. La preuve flagrante que les paroles d'Antoine, quoi qu'il en dise, le blessaient profondément. C'était ses propres affirmations, déjà si bancales, qu'il brisait en mille morceaux.
Mais ça, ça n'avait déjà plus aucune importance au moment où Antoine arrêta son coup d'un geste vif. Il se fichait complètement de sa crédibilité, de ses faiblesses ou de son manque de retenue. Tout ce qui comptait était de lui faire perdre son sourire suffisant, de le blesser – et s'il n'y arrivait pas avec des mots, alors la violence résolvait tout ses problèmes.
Ce fut lui, pourtant, qui eut le plus mal.
Un éclair de douleur traversa son visage quand son poignet fut brusquement tordu. Et tandis qu'inconsciemment il se penchait pour tenter de réduire la brûlure qui remontait le long de son bras, il se surprit à réprimer un fou rire. C'était complètement ridicule. Il n'arrivait à rien, même quand il y mettait vraiment du sien. Comment avait-il pu croire, même l'espace d'un instant, pouvoir atteindre Antoine ? Que ce soit par des piques acides ou des gestes violents, jamais il ne parviendrait à lui rendre l'équivalent de ce qu'il lui faisait subir par ses moqueries incessantes. Et ce sourire mauvais, qui même maintenant ne le quittait pas.
Il aurait vraiment mieux fait de s'en aller. Parce que là, c'était tout ce dont il avait envie. Partir en courant, sans se retourner. S'enfermer dans une pièce vide et laisser la pression retomber d'elle-même. Pleurer, peut-être. Maudire ce jour pluvieux où il avait cru bon de jouer les héros, maudire le Pensionnat, maudire Dieu, maudire Antoine et cette porte qui refusait de les laisser sortir.

Maudire tout et n'importe quoi.

« Pourquoi me taire si tu ne te préoccupes pas de ce que je dis ou pense ? Tu mens si mal. »

Sitôt sa main libérée, Emrys passa l'autre dessus dans une vaine tentative pour diminuer la douleur. Ce n'était pas foulé, encore moins cassé – juste douloureux. S'il continuait de s'abîmer les mains de la sorte, il ne pourrait bientôt plus peindre correctement. Tant pis.
S'il l'avait cassé, au moins, il se serait senti en droit de pleurer. Ça aurait eu le mérite de le calmer ; alors que là, tout ce qu'il faisait était empiler ses émotions, encore et encore, sans la moindre considération pour son cœur ou ses poumons. Ils allaient finir par suffoquer, et lui avec.

Et puis après tout, cet imbécile avait raison. Oui, il mentait mal. Oui, il se préoccupait de ce qu'il disait, de ce qu'il pensait. Oui, il savait que la minorité ne gagnait jamais. Oui, il avait peur.

Et alors quoi ? Il abandonnait ?

« Tu te sens mieux ? »

Les traits plus détendus mais toujours aussi perceptiblement nerveux, Emrys releva les yeux vers le français. Sa main n'émit aucun sinistre craquement quand il la secoua et, jugea-t-il, la brûlure qu'il ressentait ne devait être que temporaire. Facile à oublier. Donc son poignet était encore tout à fait utilisable.
D'un pas vif et décidé, il rejoint la longue table à laquelle les repas étaient censés se dérouler. Le livre posé sur la chaise pesait lourd pour sa main encore sensible, mais quand il se tourna vers Antoine il s'appliqua à le cacher derrière sa colère.

« Qu'est-ce que ça peut te faire, que je me sente mieux ? » Le tremblement dans sa voix, impossible à masquer, ne fut qu’accentué par son soupir nerveux. « Je te déteste, tu me détestes. Et peut-être que je mens mal, mais... »

Il feuilleta rapidement l'ouvrage, n'y vit aucun intérêt. C'était juste un livre.
D'un geste brusque, il le jeta à l'autre bout de la table. Par chance, il ne tomba pas.

« Je préfère être à ma place qu'à la tienne, conclut-il avec amertume. Ils doivent être contents, là d'où tu viens, d'être débarrassés de toi ! Ça te dérange pas, de manquer à personne ? Et être détesté de tout le monde, hein, ça fait quoi ? »

Il cria presque ces derniers mots. Il avait besoin de s'éloigner le plus possible de lui, de se différencier au maximum de cette personne.
On est pas pareils ; on a rien en commun.
Antoine voulait blesser. Lui, il ne faisait que se défendre.

« C'est pas moi qui ait un problème, c'est toi ! »

Alors il avait raison, non ?
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeDim 16 Sep 2012 - 17:20

Le monde était cruel: Antoine n'en était que son reflet. Que les autres se défendent d'agir égoïstement si ça leur chantait, le jeune homme aux cheveux blonds savait de quoi il en retournait véritablement. Emportés par la marée, trop puissante, seuls les plus forts pouvaient résister à son irrépressible attraction. Lui se moquait d'Emrys maintenant, à l'image de ce que feraient bien d'autres si son secret venait à être dévoilé. Il aurait mieux valut, pensa-t-il, qu'il s'y habitue dès maintenant. Antoine n'avait guère envie sur l'instant d'aller crier ce qu'il cachait sous les toits, le menacer de le faire était bien plus plaisant. Mais si jamais il décidait de le faire, Emrys ne pourrait l'en empêcher. Il n'y avait pas pire situation que de savoir un de ses secrets entre les mains de ses ennemis. Les maîtres chanteurs n'étaient jamais sympathiques. Surtout quand ils avaient une dent contre vous -et inversement.
Antoine trouvait que gâcher la vie des autres était un bon moyen de faire passer le temps. Ça lui faisait oublier son enfermement et les doutes qui trouvaient bon de parfois l'assaillir: Et Emrys était la victime idéale. Il n'aurait pu trouver mieux ailleurs. Et était-ce sa faute ? Non. S'il avait protégé plus efficacement son secret, il n'en aurait pas été là.
C'était la faute du Britannique, entièrement sa faute. S'il devait blâmer quelqu'un pour son malheur, il n'avait qu'à s'en prendre à son miroir.

« Qu'est-ce que ça peut te faire, que je me sente mieux ? Je te déteste, tu me détestes. Et peut-être que je mens mal, mais... »

Mais ? Antoine le regarda feuilleter son livre sans rien dire, mais fronça un sourcil lorsqu'il le jeta à l'autre bout de la table. Par chance, il ne s'abîma pas au sol, ce qui n'empêcha pas Antoine de se trouver contrarié. Il se fichait certes qu'il aille mieux ou non, mais il ne faisait pas semblant de s'intéresser à l'état de son livre. Il n'avait pas terminé sa lecture et, en sortant d'ici, aurait aimé le retrouver en un seul morceau.
Contrairement à Emrys, son contenu avait un tant soit peu de consistance. Tiens: Il pouvait encore se servir de sa main. Preuve qu'il ne lui avait pas fait bien mal. Il aurait du l'en remercier, au lieu de le fixer de la sorte.

« Je préfère être à ma place qu'à la tienne. Ils doivent être contents, là d'où tu viens, d'être débarrassés de toi ! Ça te dérange pas, de manquer à personne ? Et être détesté de tout le monde, hein, ça fait quoi ? »

Le visage d'Antoine reprit immédiatement, à ces mots, une expression froide et neutre. Il n'avait pas pensé que de la bouche qui se disait charmante et bienveillante du Britannique sortiraient de tels mots. Alors oui, le jeune homme l'avoua, il en fut surpris. A entendre la manière dont les derniers mots avaient été presque criés, il l'avait blessé plus qu'il ne voulait le montrer. Peine perdue, car même quand le visage parvient à cacher la souffrance, l'inflexion de la voix trahit sans compassion les sentiments qui s'entrechoquent dans nos cœurs. Celui d'Antoine se serra imperceptiblement et il lança à Emrys un demi-sourire.
Mais moi, je suis très bien à ma place, tu sais. Tu peux parler, ça ne me fait rien. Strictement rien. Et je vais te le montrer.

« C'est pas moi qui ait un problème, c'est toi ! »

De ça, jamais Antoine n'avait prétendu le contraire. Sans doute en avait-il un puisqu'il agissait et pensait comme il le faisait. Malgré tout, son problème était moindre en comparaison de celui d'Emrys. Lui ne se jouait pas des autres en se prétendant innocent; Il l'avait fait mais au pensionnat, la seule chose qu'on ne pouvait lui reprocher était son honnêteté.
Il était vrai. Pour une fois dans sa vie, il ne revêtait pas de costume grotesque. Que ça plaise ou non, cette maudite bâtisse en avait décidé ainsi, et Antoine était forcé de lui obéir, faute de pouvoir faire autrement.

Qu'est-ce que ça faisait d'être détesté de tous ? Rien, pensa Antoine avec un détachement qui l'étonna quelque peu. Ça ne lui faisait rien, il se moquait des autres. Et de ne manquer à personne, qu'est-ce que cela faisait ?



Rien non plus.

Antoine se mit à rire. Doucement. De ce rire moqueur, fait pour agacer et blesser. Au fond, on est tous méchants.

« Je me débrouille sans eux, ils se débrouillent sans moi. Ça n'a pas grand intérêt. Alors oui,
(il s'approcha d'Emrys, sans hâte, pour s'immobiliser devant lui) je ne manque peut-être à personne et tout le monde me déteste. Mais moi... »

Silence. Le blond posa un doigt au dessus de la poitrine dissimulée de son interlocuteur. Il appuya assez pour que ce contact fut douloureux.

« Moi je ne mens pas. Moi, je ne suis pas un mensonge.»

Alors qu'au fond, c'était encore plus triste.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeJeu 18 Oct 2012 - 10:45

Doigts crispés sur le rebord d'une chaise, Emrys prit une inspiration difficile. L'air passa par ses poumons abîmés par la nicotine, par sa poitrine compressée, par sa gorge serrée ; et il se dit que, peut-être, c'était déjà un miracle qu'il respire encore.
Sa main continuait de lui envoyer des signaux de douleur – qu'il continuait d'ignorer. Son esprit faisait abstraction de la brûlure dans ses doigts au profit d'une peine plus grande ; et s'il avait réussi à échanger, sûrement l'aurait-il fait. Se concentrer sur son poignet plutôt que sa colère, effacer Antoine du paysage – juste le temps de se reprendre, pas plus : rien que quelques secondes de complète solitude pour remettre ses idées en place. Une pause. Un temps mort. Un pouce levé pour ré-expliquer les règle du jeu. Seulement ici et maintenant, il n'y avait aucune règle.
A part « j'ai raison et tu as tort », il n'était plus sûr de quoi que ce soit.
Tout ce qu'il voulait, c'était rendre la pareille à celui qui persistait à le blesser.
Et si on lui avait laissé quelques secondes de répit pour reprendre ses esprits, il n'aurait eu aucun mal à voir ce qui, dans son comportement, sonnait si faux. Il lui aurait suffit d'un miroir, d'un rappel ; d'un tout petit rien pour baisser les bras et se sentir stupide. La violence ne mène à rien, c'est tout. Et tu le sais, en plus.
Rien que quelques secondes.
Il ferma les yeux presque douloureusement quand, sans une craquelure sur son joli masque de scène, Antoine laissa s'échapper un rire. C'est ça, qu'il rit ; c'était tout ce qu'il savait faire, de toute façon.
Rire. Se moquer.
Détestable.

« Je me débrouille sans eux, ils se débrouillent sans moi. Ça n'a pas grand intérêt. »

Recule. Recule.
Re – non.
Question de fierté. Il ne pouvait pas avoir peur d'Antoine ; n'avait pas peur de lui. Ce type ne faisait que rire et se moquer, rien d'autre.
Tout juste bon à utiliser les mots pour blesser les autres. Qu'il s'approche ou pas, ça ne changerait rien.

«  Alors oui, je ne manque peut-être à personne et tout le monde me déteste. Mais moi... »

Rien, rien du tout.
Ses doigts se crispèrent un peu plus sur le bois de la chaise quand il appuya le sien contre lui ; et peu importe combien ce contact était désagréable, il était résolu à ne rien en laisser paraître. Ça faisait mal, juste un peu, à peine – presque pas.
Il ne craquerait pas.

« Moi je ne mens pas. Moi, je ne suis pas un mensonge.»

Les critiques se suivaient et se ressemblaient toutes. C'était toujours le même refrain, constamment les même remarques ; on lui reprochait les même choses de mille façon différentes, le remettait en question au sujet des même détails, des même préjugés complètement stupides.
Il y aurait dû s'y être habitué, à la longue. Seulement quoi qu'il en dise, il ne serait jamais vraiment protégé contre ces choses-là. Ces remarques, ces critiques. Ces mots, qu'il connaissait par cœur.
Ça faisait mal. Jamais ça ne cesserait de l'atteindre, jamais.

« J'en suis pas un ! » Son exclamation, une fois de plus, résonna avec force entre les murs. « Et puis tu mens pas, hein ? Laisse moi rire ! On t'a empêché de le faire, c'est tout ! »

Un mouvement brusque du bras – pour s'éloigner, le pousser ? difficile à dire – le fit heurter douloureusement son coude gauche contre la table. Il retint un juron avant de ne, cette fois, appuyer son propre index sur le torse du français.

« Je suis. Un. Garçon. Et toi, t'es... »

Il laissa retomber son bras le long de son corps, une pointe de mépris pour la première fois perceptible dans sa voix.
Avec sa gorge serrée, elle lui semblait plus aiguë que d'habitude.

« Rien. T'es personne. Un monstre, à la limite, ajouta-t-il entre ses dents, passant son regard d'Antoine à la chaise sur sa droite. T'es pitoyable. »

Exactement : il faisait pité. Il n'aurait rien du lui inspirer d'autre.
Les paroles d'un type aussi faux, désagréable, mauvais et seul n'avaient pas la moindre valeur.
A défaut de le penser, il voulait au moins le lui faire savoir.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeMer 31 Oct 2012 - 18:01

De toute façon, ça aurait fini comme ça. Dans tous les cas.
Même si le pensionnat ne l'avait pas forcé à étouffer ses mensonges, à se mordre la langue pour, par réflexe, ne pas laisser s'échapper ces belles affabulations qu'il savait si bien utiliser, il aurait fini par être percé à jour et détesté en retour. Tout était bien plus simple chez lui; Les gens allaient et venaient, le monde était grand. Si les affaires ne marchaient pas ici, elles marchaient ailleurs, et si un scandale éclatait, on pouvait toujours fuir la honte et les reproches. On pouvait aussi soigneusement nettoyer son jardin en obligeant d'une manière ou d'une autre les mauvaises herbes à le déserter.
Mais au pensionnat ? Impossible. Coincé avec les mêmes personnes, sept jours sur sept, on s'attardait sur les mêmes visages, vaquait aux mêmes occupations dans les même endroits. Personne n'échappait à cette morbide routine, pas même lui. Il suffisait que les choses aillent mal avec une seule personne pour que toute la bâtisse soit au courant. A partir de là, que faire si on vous pointait du doigt en vous traitant de menteur, d'hypocrite, de manipulateur ? Le groupe suivait facilement -trop facilement. Antoine se serait empêtré dans ses mensonges et ses faux semblants. Il était doué, mais pas à ce point, pas avec ce constant poids sur le cœur. C'était trop dur de garder son calme entre ces vieux murs de pierre qui vous épiaient où que vous soyez.

Au final, il se serait retrouvé dans la même position, cette étiquette d'hypocrite et de menteur en plus sur le front. Il le savait, il s'en était rendu compte dès le début; Il continuait néanmoins de maudire son sort, comme lorsqu'il était enfant et que les choses n'allaient pas comme il le désirait. C'était amusant de voir qu'il restait en lui des traces de ce petit garçon jamais satisfait, jamais content.
Non, jamais content.

Les yeux clairs d'Emrys reflétaient autant la colère que la douleur. Il était si aisé de faire danser cette petite flamme dans ses iris bleues quand on connaissait son point faible. Antoine pensait qu'il serait parvenu à le blesser même sans avoir été au courant, comme il avait cherché à le faire dans les premiers temps. Mais ces disputes n'étaient rien à côté de cette douleur qu'il lisait dans chacun de ses gestes – il n'aurait jamais pu lui faire aussi mal s'il n'avait pas su. Allez, souffre. Il voulait lui faire sentir qu'il n'était rien de plus qu'un habile prestidigitateur.

Méprisable menteur. Il n'y avait pas de raison...

« J'en suis pas un ! Et puis tu mens pas, hein ? Laisse moi rire ! On t'a empêché de le faire, c'est tout ! »

Emrys se cogna le bras contre la table; étouffa quelques politesses avant d'imiter son geste. Il ne s'en formalisa pas car il savait que quoi qu'Emrys dise, ça ne l'atteindrait pas. Il pouvait essayer, s'acharner même si ça lui chantait; La douleur ne serait jamais présente dans ses yeux.
Il l'en avait soigneusement bannie des années de cela.

« Je suis. Un. Garçon. Et toi, t'es... »

Le bras retomba sur le côté, inutile. Il n'était pas difficile de deviner la suite. Antoine la devina et s'en amusa, puisque quelque part, ce n'était pas faux. Il le méprisait, il le détestait, et peut-être même encore plus que ça. Est-ce qu'il lui rappelait ceux qui s'étaient moqués de lui, dans ce pays et cette réalité à présent trop lointains ? Pauvre Emrys, pensa Antoine sans détourner le regard.

Il ne savait que pas que, où qu'il aille, il serait toujours traité de la sorte. Toujours.

« Rien. T'es personne. Un monstre, à la limite. T'es pitoyable. »

Bien. Il haussa les épaules, fataliste: C'était un fait, même pour lui. Un monstre, un rien, pitoyable oui. Et quoi ? Qu'est-ce qu'il y pouvait ? Il ne pouvait pas forcer la nature à façonner autrement sa personnalité. Il ne savait pas où ni quand elle avait prit cet aspect détestable – si, il le savait, mais il n'aimait pas y penser parce qu'il l'avait sciemment choisit – mais il ne pouvait rien faire pour la changer. C'était ça, c'était lui, mis à nu, sans artifices.
Il savait que sans le mensonge il n'était pas quelqu'un de 'bien' aux yeux des autres.
Antoine se demandait souvent lequel des deux aspects de sa personnalité était en soi le plus répréhensible. Il se le demandait souvent.

Trop.

« Oui, je suis au courant, figure-toi. Mais j'ai la décence d'assumer ce que je suis. »

Sous-entendu, contrairement à toi. Antoine laissa son regard brun se poser sur son livre, à l'autre bout de la table. Il le reposa néanmoins vite sur Emrys. N'avait-il pas honte de passer sa colère sur de malheureux objets qui n'avaient rien demandé à personne ? Sûrement que non.

« Ce livre ne t'avais rien fait, tu sais, Emrys. »

{PEDOBEAAAAR. C'est tout ce à quoi je suis capable de penser. Tu sauras à qui t'adresser si mon poste est nul.|D}
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeMar 4 Déc 2012 - 1:04

Aux accusations, Emrys répondait par la négative : toujours. Non, non, non. Je ne suis pas un menteur, je ne me déguise pas, je ne suis pas fou, je ne me trompe pas, je n'ai pas besoin d'être soigné, je ne suis pas gay, je n'ai pas menti, je n'ai pas menti. Et son père, agacé par ses plaintes silencieuses et ses yeux baissés, de lui répondre « Si. »
Il aurait aimé l'entendre le dire, là. Vraiment.
« Si, tu mens. Tu devrais leur expliquer. Qu'ils comprennent ou pas, ne rien dire revient à mentir. Arrête de jouer aux ignorants. »

Il ne pouvait pas choisir ce qui l'arrangeait et considérer uniquement ce qu'il voulait comme un mensonge. Il le savait pertinemment. Seulement face au fait, devant le visage d'une personne à laquelle il voulait plaire, devant un garçon dont il ne connaissait pas l'opinion, la facilité reprenait le dessus. Je ne mens pas vraiment, et il s'en contentait.
Qu'Antoine vienne remuer le couteau dans la plaie, c'était...
Trop injuste. Déplacé. Ce n'était pas à lui de dire ça. C'était lui, le type qui s'amusait du malheur des autres ! L'hypocrite, celui qui gâche le tableau – c'était Antoine, ça, pas lui. Lui, il n'avait rien demandé à personne. S'il était né comme ça ce n'était pas de sa faute, non ? Il ne voulait pas porter un fardeau qui avait été posé sans raison sur ses épaules. Il n'avait rien fait pour mériter ça, rien.
Est-ce qu'Antoine le méritait, lui ? Est-ce qu'il n'aurait pas préféré être autrement ?
Aucune importance.
Égoïste dans son malheur. Je souffre et je suis le seul à souffrir ; le français aurait pu avoir toutes les raisons du monde d'être triste, il n'en aurait rien eu à faire. Emrys avait beau être gentil et empathique, sa douleur le fermait complètement. Lui aussi avait son mur.
Comme tout le monde.

« Oui, je suis au courant, figure-toi. Mais j'ai la décence d'assumer ce que je suis. »

Vrai ; et il lui en voulait pour ça. Aimé ou pas, Antoine avait l'air aussi mauvais et hautain qu'il l'était en réalité. Qu'il l'ait ou non été dans le passé pour mériter ces bulles irisées n'avait au fond que peu d'importance.
Ce type, aussi détestable et faux soit-il, réussissait à répondre par l'affirmative. Oui, je suis au courant.
Lui ? Non, non, non. Non, toujours et encore. Même en cet instant, ses yeux bleus qui ne décoléraient pas refusaient tout autre langage. Non, rien d'autre. Non.

« Ce livre ne t'avait rien fait, tu sais, Emrys. »

En une fraction de seconde, comme rappelé à la réalité par cette phrase d'une banalité ridicule, la tristesse remplaça la colère. Sa bouche s'arqua ; il détourna les yeux. Il ne voulait pas être le garçon qui ne réussissait pas à garder son calme, celui qui refusait de s'assumer et mentait à son entourage par manque de confiance en lui, en eux. Il ne voulait pas.
Un instant, sa volonté vacilla. Il détestait Antoine. Du plus profond de lui, vraiment. Il le détestait.
Hors de question de l'écouter.
Un pas en arrière et, d'un geste ferme, Emrys saisissait le dossier d'une chaise sous son bras gauche. Si son regard ne trahissait aucune envie de meurtre imminente, il n'en restait pas moins bien plus froid qu'à l'accoutumée ; suffisamment pour que, s'il s'était vu dans un miroir, il se rende compte qu'il était temps de tourner les talons et d'aller se calmer plus loin.
Pas de miroir sous la main.

Saisissant chaque côté du dossier dans ses mains d'une prise sûre, il pointa d'un geste énervé les pieds du meuble vers le blond.

« Cette chaise non plus, elle m'a rien fait. Et alors ? Tu préfères que je te l'écrase sur les pieds ou que je la jette par terre ? »

A ces mots il posa brutalement la chaise au sol ; ne la lâcha pas pour autant.

« On s'en fiche, d'une chaise ou d'un livre. Ça peut même pas avoir mal, ajouta-t-il en haussant les épaules, amer. Mais c'est vrai que toi tu préfères t'en prendre à ce que tu peux blesser, hein ? » La colère, de nouveau, reprit le dessus ; il serra ses phalanges sur le bois de la chaise. « Sauf que tout ce que tu peux me dire, je l'ai déjà entendu. Dix, quinze, mille fois. C'est pas un abruti de plus qui va faire la différence. »

Pour un peu, il aurait enfoncé ses ongles dans la chaise. Calme toi.

« Alors la prochaine fois que tu m'insultes, lâcha-t-il aussi posément que possible, c'est cette chaise que tu te prends dans la tête. Tu saisis, le Français ? »

{ Emrys a failli se transformer en poisson blond, hem. L'honneur est sauf. 8'D }
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeMar 11 Déc 2012 - 13:08

Antoine n'était pas vraiment habitué à ce qu'on le menace avec une chaise; aussi fronça-t-il les sourcils quand Emrys lui en mit une sous le nez, l'obligeant à reculer d'un pas. L'image le fit néanmoins bientôt plus sourire qu'elle ne le rendit perplexe: quoi qu'il ne doutait pas que se prendre une chaise dans le coin de la tête pouvait faire très mal – et être passablement gênant, le cas échéant, il la trouvait vraiment ridicule.
Emrys devait visiblement être à court d'idées pour lui faire regretter d'être né.

« Cette chaise non plus, elle m'a rien fait. Et alors ? Tu préfères que je te l'écrase sur les pieds ou que je la jette par terre ? »


Sans attendre de réponse, Emrys fit claquer la chaise contre le sol. Antoine ne le quitta pas des yeux, une lueur amusée par-dessus ce mépris constant. Et pourquoi pas la laisser là, vivre sa vie de chaise, servir sans qu'on cherche à lui casser les pieds au sens propre du terme ? Ça n'aurait pas du être permis de traiter le mobilier avec si peu de considération. Quand on savait tout ce qu'il faisait pour eux... Mais oui, le britannique aurait du y songer avant de l'empoigner de la sorte. Personne ne pouvait savoir en quoi consisterait la riposte des chaises et des livres maltraités.
Antoine se moquait, évidemment. Au fond de lui, il avait malgré tout le secret espoir qu'Emrys, en s'asseyant à table un jour, se ferait mordre l'arrière train par sa chaise. En plus d'être hilarant, Antoine aurait pu laisser filer un 'bien fait' tout sauf déplacé.

Et ça n'avait au fond rien de surréaliste. Parce qu'au pensionnat... Eh bien, les apparences étaient souvent trompeuses, n'est-ce pas ?

« On s'en fiche, d'une chaise ou d'un livre. Ça peut même pas avoir mal. Mais c'est vrai que toi tu préfères t'en prendre à ce que tu peux blesser, hein ? »


Antoine le confessait; en effet, il préférait s'en prendre à un être vivant capable de le comprendre et de lui répondre. Il s'imagina un instant insulter une armoire avec tout le sérieux du monde, avant que le ridicule d'une telle vision ne s'impose à lui. Ça n'aurait pas eu grand intérêt, sans compter le fait qu'il n'avait que moyennement envie qu'on le pense fou. Si encore la dite armoire avait été dotée de la parole... mais non.
Le jour où Emrys décidera de prendre le thé avec une commode, il pourra venir lui faire des reproches: pas avant.

« Sauf que tout ce que tu peux me dire, je l'ai déjà entendu. Dix, quinze, mille fois. C'est pas un abruti de plus qui va faire la différence. »

Nous y revoilà.
Antoine était sûr de lui car il percevait le mensonge éhonté dans chaque parole d'Emrys. Le pauvre jeune homme, il voulait être fort, indépendant, et il voulait aussi croire qu'il était dans son bon droit. Que tout ce qui faisait ne regardait que lui – grave erreur – et qu'il gérait admirablement bien la situation. Faux, faux et faux. Les murs de cet endroit clôt étaient un piège vicieux qui renvoyaient tous les sons de cloche. Le jour où il pousserait par mégarde le premier domino, les autres suivraient automatiquement, piégés dans cette terrible réaction à la chaine. S'il l'avait déjà tant entendu comme il le prétendait, pourquoi n'avait-il pas changé ?
Il avait peur et il refusait de l'admettre, c'était une piètre assurance. Quant à son statut d'abruti, Antoine ne comptait pas s'en plaindre. Emrys se préoccupait de ce qu'il disait, sinon pourquoi l'aurait-il menacé ? De ça il était plus que certain; son avis, contre son gré sûrement, comptait à ses yeux.

Je t'ai blessé, je peux encore le faire, et tout ce que je dira ne tombera pas dans l'oreille d'un sourd. Tu le sais.

« Alors la prochaine fois que tu m'insultes, c'est cette chaise que tu te prends dans la tête. Tu saisis, le Français ? »

Le jeune homme aux cheveux blonds, décidant de faire fi de l'utilisation abusive de sa nationalité, coula un regard à une chaise près de lui. Il ne mit pas longtemps à s'en saisir par le dossier comme Emrys l'avait fait, et à la placer devant lui. Malgré son sourire qu'on aurait pu qualifier d'amusé, il gardait une morgue dédaigneuse qui l'empêchait de paraître sympathique.

« Soit, essaie donc. Mais je ferais attention si j'étais toi; je pense avoir un peu plus de force que toi. Oh, à peine, nous sommes d'accord. »

Il ne quittait pas l'anglais des yeux, s'appliquant à avoir l'air parfaitement détendu pour l'agacer encore plus. Il voulait voir s'il pouvait faire se crisper un peu plus les mains qui martyrisaient le dossier de la chaise.

Ça aurait été amusant qu'il s'énerve au point d'en froisser le bois.



{OUAIS, entrons enfin dans le vif du sujet !8D}
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeDim 6 Jan 2013 - 15:39

Il voulait se battre ? Eh bien qu'il vienne ! Il lui mettrait volontiers son poing, son coude ou les quatre pieds d'une chaise dans la figure si ça pouvait le faire taire. Allez, inutile de jouer aux adultes civilisés ; il n'en était pas un, n'était pas encore prêt à le devenir. On se cache derrière des mots, on joue les hypocrites et les pseudo-rois de la coure de récréation. On s'insulte et on mise tout sur la carte de la mesquinerie. Penser qu'il serait débarrassé de ces comportements immatures et blessants en arrivant ici n'était rien de plus qu'un rêve idéaliste et stupide. Tout les ados sont pareils et les autres ne valent pas mieux. C'est comme ça et ça ne changera pas.
Hors de question de se laisser faire. Pas cette fois. Alors qu'Antoine l'insulte ; il n'attendait que ça pour mettre sa menace à exécution. A savoir, un bon coup de chaise en pleine tête.
Le britannique n'arrivait plus à maîtriser sa colère, sa tristesse et ses doutes – mais pour aujourd'hui, juste pour aujourd'hui, peut-être que ça n'avait pas tant d'importance. Il voulait bien jeter aux ordures ses principes et sa maîtrise de lui-même si ça pouvait l'aider à faire souffrir cet abruti. Trois fois rien, juste quelques bleus : pas assez pour le faire revenir sur ses paroles, mais suffisamment pour qu'il comprenne que jamais il ne serait une cible facile, jamais. Parce qu'un jour – et il en était persuadé –, un jour les rôles s'inverseraient. Et à ce moment-là, il s'en mordrait les doigts.

Il serait magnanime, bien sûr ; c'est tellement plus facile de pardonner et de jouer les inatteignables quand des deux on est celui qui a l'avantage.

Mais, comme pour lui prouver qu'il n'était pas sorti de l'auberge – ou du pensionnat, ou des ennuis ; quoi qu'il en soit il n'en était pas sorti – l'autre blonde s'empara à son tour d'une chaise. Il resta le regarder, un peu décontenancé certes, sans trop comprendre la portée de son geste : pourquoi prendre une chaise ? Sur le coup, il en oublia presque que lui-même en tenait une entre ses mains et que, quelques secondes auparavant, il lui avait même fait quitter le sol pour le menacer avec. C'est stupide, de menacer quelqu'un avec du mobilier.
D'un autre côté, la colère n'avait jamais eu la faculté de le rendre particulièrement futé. C'est fou ce qu'on peut faire des choses idiotes quand on oublie de penser.

« Soit, essaie donc. Mais je ferais attention si j'étais toi ; je pense avoir un peu plus de force que toi. Oh, à peine, nous sommes d'accord. »

Emrys cligna des yeux, perplexe. Plus de force que lui ? N'importe quoi ! Il aurait beau critiquer la minceur de ses bras tant qu'il le voulait, ça ne changerait rien aux faits. A savoir : il lui refaisait le portrait quand bon lui semblait et sans difficultés. Le tout en occultant allègrement le fait qu'il n'avait pas même réussi à lui mettre un coup de poing à peine une poignée de minutes plus tôt. Penser, penser – il fallait réfléchir, se calmer et laisser tomber. Ses doigts se serrèrent plus encore sur le dossier de la chaise. Réfléchir, rester immobile et ne pas répondre à la provocation. En théorie, c'était facile.
En pratique, il avait trop envie de l'assommer d'un coup de chaise pour écouter conscience, logique ou ange gardien.

« Ça t'arrangerait bien, hein ? Parce que tu fais le fier, mais en fait – »

La chaise, docile, suivit le mouvement de ses bras quand il la leva sur le côté ; elle ne protesta même pas quand, d'un geste brutal, il la fit revenir vers Antoine.
L'esprit saturé par la colère, il en aurait presque oublié qu'un meuble ne pouvait pas protester.

«  – T'es rien qu'un beau parleur ! »


► Emrys organise un combat de chaise, comme l"homme mature et viril qu'il est.
Je doute qu'on trouve beaucoup de feuilles comme ça, AHA. Maaaaais, ça se tente hein... /D
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeMar 15 Jan 2013 - 14:53




Emrys organise un combat de chaises, et trouve :

« Il se prend un coup de chaise dans la tête et se fait assommer. Il saute un tour. »

[ACTION 2/4]


{ ... BIEN FAIT. /PAN/ }
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeVen 18 Jan 2013 - 23:23

« – T'es rien qu'un beau parleur ! »

Antoine fit immédiatement barrage avec sa chaise, dont les pieds enlacèrent ceux de sa semblable dans un bruit sec et soudain. Avec une vague pensée pour sa propre bêtise (il aurait pu laisser cette chaise de côté pour calmer le jeu, non ? ), il repoussa sans ménagement l'ennemie inanimée.
Maintenant qu'Emrys lui avait prouvé qu'il était parfaitement capable de lui envoyer une chaise sur la tête sous le coup d'une colère mal contrôlée, il se jura de se montrer plus prudent quand il le provoquerait, à l'avenir. Vérifier que rien de contondant ne se trouvait à sa portée, par exemple. Un coup partait vite et on ne pouvait pas toujours le prévoir ou l'éviter – et dans les faits, Antoine aurait trouvé humiliant que le Britannique réussisse à lui mettre ne serait-ce qu'une petite gifle. Il avait sa fierté.
Surtout, il méprisait la violence spontanée et gratuite si elle était physique. Il ne voyait pas l'utilité d'aller se jeter des chaises ou des livres à la figure, il avait grandi dans la croyance ferme que seuls les abrutis finissaient par lancer ce poing crispé par la frustration. Quand on était intelligent et civilisé (certes, il avait oublié que ces qualités s'étaient perdues avec les années), on raisonnait et se battait avec des mots. Et si la dispute s'éternisait, on se battait; mais on y mettait les formes.
On ne se lançait pas dans un pugilat comme des enfants de cinq ans.

Antoine trouvait donc ridicule de se lancer des chaises à la figure et il n'avait plus cinq ans. C'était sans doute très bien pour lui. Le discours aurait néanmoins paru plus crédible s'il n'avait pas tenu alors une chaise dans ses mains, chaise qu'il n'avait pas hésité à envoyer sur Emrys en guise de représailles cherchées et méritées. Comme ce paradoxe de conduite ne pesait pour l'heure pas sur sa conscience, il s'en souciait relativement peu.

Cela ne dura pas.

Antoine avait paré le coup d'Emrys et il s'était attendu, tout naturellement, à ce que l'anglais fasse de même. Manque de chance, celui-ci n'alla pas s'écraser contre le mobilier agressif, mais contre la tête du jeune homme, qui s'écroula à terre sans plus de cérémonie.
Antoine écarquilla les yeux, surpris.
Et posa sa chaise à côté de lui. Durant ce très court laps de temps, un seul mot, bête, s'imposa à son esprit: Oups.

D'accord, d'accord; il n'était pas gentil. C'était même un euphémisme. Il admettait être un horrible personnage. Blesser les autres, c'était son art, c'était son domaine, celui qu'on avait forcé au grand jour. Mais quand il parlait de blesser, il en parlait au sens figuré, pas au sens propre. Il regarda autour de lui pour s'assurer que personne n'était entré entre temps.
Il n'aurait plus manqué qu'on dise de lui qu'il assommait les bonnes gens. Ce n'était même pas lui qui avait levé la chaise le premier.

« Tu ne m'apportes que des ennuis, décidément... »
Soupira le noble en débattant l'idée de lui renverser un seau d'eau fraîche sur la tête pour le sortir du pays des songes où il l'avait involontairement expédié.

L'autre solution étant de se réinstaller dans la bibliothèque avec l'espoir d'y trouver de la tranquillité. Emrys ne songerait peut-être pas à l'y chercher pour lui faire payer sa 'maladresse'. Ses principes se faisaient la guerre et il ne savait lesquels écouter.




{EMRYS EST MORT. Trokouuuul. /mur/
Bwah, j'arrive pas à RP. Mnnnnn.}
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 Icon_minitimeSam 9 Mar 2013 - 22:58

    La journée était morne et triste. Moooooorne et ennuyeuse à en pleurer. Esseulé, Halloween flottait mollement dans les couloirs en laissant pendre ses deux interminables manches à un point tel qu'elles manquaient de peu de ramasser toute la poussière qui pouvait s'amonceler sur le plancher tout au long de l'interminable langueur du temps qui passe au sein de la vieille bâtisse abandonnée. Il s'ennuyait à faire des phrases looongues, mais loongues. Pour faire simple, l'esprit frappeur n'avait trouvé personne à martyriser ou à pousser dans le vide depuis le matin, lorsqu'il avait jugé drôle de débouler en hurlant dans la salle à manger pour lâcher un sac entier de cafards sur les têtes blondes de tous les gentils pensionnaires qui déjeunaient là. Après avoir été chassé par un ou deux retours de flammes provenant d'adolescents mal luné, Halloween s'était acharné à parcourir dans son entier le dédale de l'obscur manoir, mais sans succès. A croire que tous s'étaient concertés pour l'éviter. Ils boudaient ou quoi ? Ce n'était pas drôle du tout.
    Grognon, Halloween avait passé sa mauvaise humeur sur la seule personne qui restait dans le coin, à savoir un garçon à lunettes qui ne lui avait rien demandé et traversait seulement le salon pour rentrer à sa chambre, en le poursuivant pendant une heure en lui murmurant des paroles blasphématoires à l'oreille. Mais comme de coutume, ce petit jeu l'avait vite lassé. Et pas de Sleepy à l'horizon pour le distraire un peu : le matou, pas fou, avait dû aller se cacher quelque part où il ne le trouverait pas.
    C'était quand même un beau ramassis de mauvais joueurs, ici.
    En passant en voletant à côté d'une fenêtre, Halloween finit tout de même par comprendre où ils étaient tous passés : dehors, le soleil brillait. Il faisait un temps détestable, et le gamin fit une belle grimace à son reflet dans la vitre. Pitoyable ; comment pouvaient-ils s'amuser avec un soleil qui brillait si fort ? Il referma les rideaux avec autant de violence que ses bras frêles le lui permettaient. Avant que l'élan ne l'envoie faire un roulé-boulé dans une cage d'escalier tout proche. L'esprit parcourut ainsi quelques étages en faisant la toupie en rotation complète, avant de s'arrêter net et repartir en ronchonnant.
    Il en était à là de ses pérégrinations lorsqu'un bruit et des éclats de voix attirèrent son attention. Spécialement entraîné pour reconnaître les situation conflictuelles, Halloween sourit de toutes ses dents et se pourlécha les babines. Enfin de quoi s'amuser.

    L'esprit frappeur se glissa donc subrepticement par la porte du réfectoire dont on l'avait chassé sans pitié le matin même et flotta à hauteur du plafond, observant la scène. Il ne mit pas longtemps à laisser échapper un éclat de rire caquetant, avant de se mettre à hurler à tue-tête :

    « Au meurtre ! Au meuurtre ! »
    Et ce à de nombreuses reprises, sur tous les tons et toutes les longueurs, scandé tandis que l'esprit tournoyait autour de la pièce comme une toupie folle. Peu importait si l'autre humain était vraiment mort par ailleurs... il était vraiment mort ?
    Stoppant net sa course folle, le poltergeist se pencha par-dessus l'épaule d'Antoine, louchant sur sa victime avec curiosité. Un sourire grand comme un demi-camembert :

    « Tu l'as tué, diiiis ? »
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