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 [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4

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Antoine de Landerolt
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeJeu 14 Mar 2013 - 8:55

Le cri, aussi aigu que soudain, fit sursauter Antoine, qui plaqua ses mains contre ses oreilles avec une moue agacée pour la silhouette qui voltigeait tout autour de la pièce en hurlant. Bien, note pour l'avenir; vérifier qu'à défaut d'une présence humaine sur les lieux, il n'y avait pas un esprit qui se cachait dans un quelconque recoin du plafond. Forcément, quand il balayait les lieux afin de s'en assurer, Antoine ne pensait pas automatiquement à lever les yeux. Ce qui de son avis était rassurant, puisque peu de pensionnaires s'amusaient à s'y pendre pour le plaisir de... il ne savait même pas pour le plaisir de quoi ils auraient aimés faire une telle chose.
Il avait oublié Halloween dans son processus de réflexion. Ce cher Halloween, si enclin à la discrétion et au respect, qui hurlait sur la seconde qu'on avait commis un horrible meurtre. Antoine jeta un œil hésitant à la chaise qu'il avait laissé de côté, et qui aurait tout aussi bien pu assommer l'esprit frappeur comme elle l'avait fait avec Emrys. Honnêtement, il aurait continué une seconde de plus, le jeune homme aurait sans le moindre doute joint le geste à la parole; et vu la popularité de monsieur, aucun risque pour qu'on se plaigne qu'il lui ait réglé son compte, c'était un avantage.

Le sourire large, Halloween cessa ses couinements insupportables pour lorgner la silhouette étendue d'Emrys par dessus son épaule. Antoine baissa les bras et lui envoya un regard ennuyé. Voulait-il peut-être, par le plus grand des hasard, vérifier s'il l'avait expédié dans l'autre monde ? Qu'il y aille, il n'était plus à ça près.
Il l'avait seulement assommé, mince, ce n'était pas la peine d'exagérer ses prouesses et rameuter la moitié du pensionnat au spectacle par la même occasion.

« Tu l'as tué, diiiis ? »

Le noble secoua sa tête blonde de droite à gauche, puis se pencha vers le presque cadavre. Un genoux à terre, il lui prit le poignet, qu'il palpa attentivement. Évidemment, le pouls était là, ce qui le soulagea sans qu'il en laissa rien paraître pour autant. Parfois, Antoine connaissait sa chance, il n'aurait plus manqué qu'il se retrouve avec un véritable cadavre sur les bras ! Le meurtre n'avait jamais été son affaire et ne le serait jamais, il laissait cette basse besogne à la crapule la plus infecte.
Antoine méprisait les meurtriers, qu'ils s'y attèlent par plaisir ou par argent. Ce n'était pas de son monde. Il se redressa finalement et haussa les épaules, comme fataliste.

« Il n'est qu'un peu sonné. Il devrait s'en remettre. »

Le problème, dans son cas, était de savoir quand. Il n'avait guère envie de transporter la belle au bois dormant jusqu'à sa chambre, sans compter qu'on lui aurait posé des questions si on l'avait croisé en chemin. Inutile de préciser qu'il n'était pas enthousiaste à l'idée de relater cet accident dont il avait déjà un peu honte à travers le pensionnat. Il n'aurait pas dû se laisser aller ainsi, vraiment... Voilà où menaient toutes les guerres de petits garçons.
Au sol, avec une bosse sur le crâne – et encore, ils auraient pu finir plus amochés que ça. Ils avaient de la chance dans leur malheur, pour parler ainsi.
Antoine tourna ses prunelles brunes vers Halloween au bout de quelques secondes. Au vu de la nature facétieuse du personnage, il y avait peu de chance qu'il lui soit d'une quelconque utilité. Et pour ça, il arrivait à Antoine de détester l'esprit frappeur aux manches trop longues.
Quoique, c'était peut-être mieux ainsi: il savait qu'il n'aurait pas su résister, une fois le sceau en main, à le renverser sur le britannique de mauvaise humeur.

« Et toi, ne me dit pas que tu étais à l'affût d'un meurtre à colporter à travers les couloirs ? Plaisantes rumeurs pour sûr. »

Mais pas très agréables, ni pour les uns ni pour les autres. En l'occurrence, si c'était le cas, il allait être déçu puis qu'Emrys respirait bel et bien encore.
Et dire, pensa Antoine avec un profond soupir intérieur, que c'était cet imbécile qui avait tout cherché ! Il en avait eu pour son argent, mais lui aussi était lésé durant ce court laps de temps. Ce qu'il pouvait détester ça.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeVen 15 Mar 2013 - 19:24

    Halloween observa l'humain s'accroupir à côté du supposé-mort, en maintenant en guise de bruit de fond un espèce de caquêtement étouffé qui s'échappait de sa bouche en flot ininterrompu sans qu'on puisse en situer l'origine avec précision. Halloween n'aimait le silence qu'aux heures les plus sombres de la nuit, lorsqu'il se montrait docilement assidu à épouvanter les esprits faibles qui s'aventuraient au sein de lieux désertés . Le reste du temps, il lui fallait un minimum de bruit de fond ; et en général, il n'avait pas de difficulté à le produire lui-même. Ce qui, il faut tout de même l'avouer, n'était généralement pas du goût de son entourage direct - ou de la quelconque paire d'oreilles qui pouvait l'entendre déblatérer.
    Halloween n'ayant jamais eu de cœur pour battre sous sa peau - soit immatérielle soit froide comme un cadavre - il ne pouvait faire le lien entre les mouvements du premier jeune homme et l'état de potentielle décomposition prochaine du second.
    Ce qui ne l'empêcha pas d'applaudir de manière parfaitement hypocrite à l'annonce d'Antoine, frappant avec énergie ses deux énormes manches l'une contre l'autre sans guère produire plus qu'un agaçant bruit mou et mat. Un peu de poussière s'en échappa dans l'entreprise.
    Il exhiba ses dents dans un sourire demi-lune et effectua une pirouette en se réjouissant de la mine embêtée de l'humain criminel.

      « Et toi, ne me dit pas que tu étais à l'affût d'un meurtre à colporter à travers les couloirs ? Plaisantes rumeurs pour sûr. »

    Halloween fit mine freiner des deux pieds dans le vide puis, après un bref instant de réflexion, croisa les jambes et attrapa ses chevilles dans une démonstration de vol stationnaire relativement tranquille. Pour une fois qu'il se tenait tranquille.

      « Ils sont tous dehors, » se plaignit-il d'un air boudeur, « personne ne joue avec moi. » Puis un large sourire revint sur son visage : « Alors je te regarde tuer des gens. »

    En effet, dans certaines circonstances exceptionnelles, Halloween pouvait faire preuve d'une espèce assez faiblarde d'ironie.

      « Le soleil ça brûûûle... » Poursuivi le poltergeist sur un ton pas si geignard que ça, le fait d'avoir trouvé une source d'amusement surpassant visiblement ses tracas de la journée.

    Ce faisant, il voleta jusqu'au pseudo-cadavre, se penchant sur lui d'un air qui annonçait une mauvaise idée. Ou du moins, de mauvais moment en perspective pour l'endormi, qui aurait mieux fait de se réveiller tout de suite.
    Halloween lança un regard interrogateur au dénommé Antoine - parfois il n'arrivait pas à trouver de surnom à quelqu'un, et l'appelait alors par son nom. Mais c'était bien moins drôle.

      « Ce serait bien qu'il se réveille. » Cette constatation n'étant évidemment pas faite dans un but altruiste, l'enfant ajouta avec un grand sourire : « Je peux le réveiller ? »

    Au vu du caractère d'Halloween, il était même plus que surprenant qu'il posât la question ; après tout, celui qui tirait la langue à toute forme d'autorité et distribuait les mauvaises blagues à la cantonade sans discrimination d'âge, c'était quand même lui. Cependant, grand paradoxe de l'enfance, il avait également une tendance à demander la permission qui se manifestait aux moments les plus inattendus.
    Chez lui, il lui était arrivé de demander à Octobre sa permission pour noyer le Passeur dans le Styx, par exemple.
    Certes, celui-ci n'avait jamais accepté, mais tout de même. Il n'était jamais passé à l'acte.
    Preuve donc que certains êtres avaient un semblant d'autorité sur Halloween. Dans le cas d'Antoine, en exceptant le fait qu'il était un vilain personnage, les raisons étaient relativement embrouillées.
    ... Et puis, c'était sa victime aussi, il avait bien le droit d'en faire ce qu'il voulait.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeMer 20 Mar 2013 - 8:41

« Ils sont tous dehors, personne ne joue avec moi. »

Antoine se retint de demander à l'esprit frappeur, sourire mesquin à la bouche, s'il trouvait vraiment la chose étonnante; il ravala cette remarque par soucis de sympathie et aussi pour éviter un hypothétique retour qu'il savait à l'avance désagréable – oui, le jeune homme n'aimait que très moyennement se faire coiffer d'une citrouille, aussi aimable que l'intention puisse être. La mine boudeuse d'Halloween se mua bien vite en un sourire large comme seul lui savait le faire, et il trouva bon d'accompagner sa grimace par un commentaire sur ses activités criminelles au sein du pensionnat. Antoine leva les yeux au ciel, à mi-chemin entre l'amusement et l'agacement; et encore, Halloween n'avait pas vu la douzaine de corps qu'il avait dû enterrer dans le cimetière de nuit pour qu'on ne l'inculpe pas de meurtre de masse !
Ah, parfois, il aurait bien aimé, il plaidait coupable. Les cris, ça pesait étonnamment lourd sur le système quand on manquait de sommeil parce que des imbéciles avaient trouvé bon de faire la java jusqu'aux petites heures du matin. Néanmoins, Antoine restait courtois et ne passait pas à l'acte, se contentant de menacer de ci de là quelques pauvres âmes égarées.

Il aurait dû embaucher Halloween pour les disperser, songea-t-il en regardant l'esprit qui flottait en faisant fi des lois de l'apesanteur. Il avait beau avoir la figure ronde d'un enfant, il était fort dissuasif quand il le voulait.

« Le soleil ça brûûûle... »

Antoine pensa à lui conseiller une ombrelle pour se protéger des rayons meurtriers de leur astre, mais la vision tenait plus du ridicule qu'autre chose, et il abandonna avec un rictus amusé. Ses yeux foncés revinrent alors se poser sur Emrys, toujours inconscient à terre. L'ennui le frappa de nouveau, et de plein fouet. Il n'y avait bien que les imbéciles pour lancer un combat de chaises et se laisser assommer dans la seconde... Il aurait au moins pu opposer une belle résistance. Enfin, il n'était pas en droit d'en demander autant d'un habitant de la perfide Albion, n'est-ce pas ?
L'ombre du gamin aux manches trop longues se profila au dessus de la Belle au bois dormant. Pour peu qu'Halloween s'intéresse au cas d'Emrys, ça ne voulait rien dire de bon pour l'endormi. Cette impression se renforça quand, relevant la tête, Halloween lui adressa un regard interrogateur dans lequel nageait toujours une étincelle de malveillance enfantine et puérile.

« Ce serait bien qu'il se réveille. Ça, il n'allait certes pas le contredire, il aurait lui-même apprécié qu'Emrys se redresse sur le champ. Je peux le réveiller ? »

Oh. La mine d'Antoine se fit pensive tandis qu'il réfléchissait brièvement. Il lui demandait son autorisation et s'il disait oui, la faute lui incomberait sensément, quoi qu'Halloween décide de faire subir à Emrys pour le forcer à ouvrir les yeux. Sa bouche se tendit en un nouveau sourire quand il se rendit compte qu'il s'en fichait à vrai dire beaucoup. Il l'avait déjà assommé, il ne pensait pas que quelques échelons en plus dans l'escalade de la haine changeraient quoi que ce soir à leur relation.
Quant à Halloween, eh bien... C'était Halloween. Il prenait sans broncher les répercussions sociales de ses actes, il imaginait.

Il hocha de fait la tête, donnant à l'esprit frappeur sa réponse.

« Il faut bien qu'il se réveille de toute façon, n'est-ce pas ? »

Qu'importe la manière, ils ne pouvaient pas le laisser mourir là. Ni même le laisser dormir là, le pauvre allait attraper froid. Il les remercierait une fois qu'il serait de nouveau sur pieds.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeMer 20 Mar 2013 - 18:35

      « Il faut bien qu'il se réveille de toute façon, n'est-ce pas ? »

    L'assentiment d'Antoine fit bondir l'enfant de joie - pour peu qu'on puisse bondir de joie sans avoir au préalable posé les pieds par terre. Sachant qu'Halloween ne touchait du bout de ses supposés pieds le plancher des vaches qu'environ une fois par décennie, il se contenta donc d'effectuer une galipette aérienne. Remarquable pour qui n'avait jamais dressé de pigeon à le faire, presque lassant pour ceux qui avaient tendance à croiser le poltergeist régulièrement.
    L'esprit frappeur assortit au geste un cri de bonheur aigu censé indiquer le plaisir qu'il allait prendre à sa tâche à qui ne l'aurait pas compris, et fonça immédiatement dans la double-porte de la cuisine, tel une énorme chauve-souris bigleuse et orange. Et heureusement pour lui qu'il s'agît de portes à battants, considérant la tendance qu'il avait à oublier sa consistance tangible.
    Parvenu dans la pièce dont la négligence des pensionnaires encrassait chaque jour les murs, Halloween fit le tour des placards à grand bruit, dans une attitude fébrile que pouvait difficilement provoquer chez d'autres que lui la perspective de sortir cruellement du sommeil un parfait inconnu. En fait de cruauté, il ne voulait que lui jouer un petit tour pas trop méchant; il avait fait bien pire au cours de sa carrière, songeait vaguement l'enfant en s'engouffrant tout entier dans l'ombre des gardes-manger, tout accaparé par la perspective de sa prochaine plaisanterie.
    En outre, le garçon assommé œuvrait actuellement pour le bien du plus grand nombre en empêchant un Halloween frustré de martyriser d'innocents chérubins tout juste débarqués du parc ensoleillé. D'ailleurs ce que prévoyait l'enfant ne nuirait pas à grand-monde, sauf éventuellement à Antoine qui avait de toute façon accepté que les pires ennuis puissent lui tomber sur la tête en laissant l'esprit frappeur agir à sa guise. Heureusement pour lui que, quand on lui mettait une blague facile sous le nez, ce dernier ne cherchait pas la magouille qui lui permettrait d'embêter le plus grand nombre d'un seul coup. Son hypothétique amas de cellules grises n'était pas assez développé pour cela.
    Halloween attrapa l'anse d'un seau qui traînait sous l'évier et ouvrit l'eau d'un coup de pied en se disant que ça faisait vraiment beaucoup de réflexions pour pas grand-chose.

    Et de fait, il ne formula pas une idée intelligente de plus une fois passées de nouveau les portes de la cuisine ; entre autres, il était trop occupé à réguler sa distance de freinage pour pouvoir balancer le contenu de son seau à la figure de la belle endormie de manière coordonnée et plutôt brutale, il faut bien l'avouer. Debout, Cendrillon !
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeSam 23 Mar 2013 - 0:56

Quand le bois heurta le bois, le seul sentiment qui réussit à se frayer un chemin du cœur au cerveau d'Emrys fut une frustration sans borne. Qu'il le laisse le frapper, à la fin ! Lui ne demandait que ça, le heurter – c'était la seule chose qu'il puisse réellement désirer pour le moment. Lui faire un bleu, une bosse, une éraflure, l’assommer même s'il le fallait ; mais non, impossible, rien à faire. A chaque fois qu'il essayait, ce n'était rien de plus qu'un ratage en règle, une erreur supplémentaire à gommer pour garder tant bien que mal sa fierté. Comme si Antoine devenait intouchable chaque fois que la colère crispait ses poings et qu'il voulait lui envoyer le mobilier à la figure. Ça aurait été bien pratique, comme explication. Seulement c'était ridicule, complètement ridicule. Il n'était tout simplement pas fichu de le blesser.
Le brusque retour de flamme le surprit ; il faillit bien en perdre l'équilibre. Saloperie de chaise incapable de démolir un idiot de français.
La véritable récidive, il ne la vit même pas venir.
Peut-être avait-il bêtement pensé qu'il était le seul ici à avoir le droit d'user de violence : peut-être que la réplique d'Antoine fut trop rapide. Toujours est-il qu'il eut à peine le temps d'écarquiller les yeux avant que, dans un bruit mat peu engageant, le meuble ne heurte sa tête de plein fouet. Ce fut comme un choc électrique en pleine tempe ; la chaise glissa entre ses doigts, le précédant dans sa chute.

On tire les rideaux. Acte terminé. Plongé dans le noir le plus complet, il ne sentit même pas son corps s'écrouler contre le sol dur et froid.
Son épaule et son dos s'en souviendraient pour lui, malheureusement.

Les bruits de discussion ne le réveillèrent pas ; pas plus, à vrai dire, que les regards posés sur lui ou les mouvements qu'on put imposer à son poignet. Emrys était désarticulé, mou comme une poupée de chiffon abandonnée à même le sol. Lui qui n'avait jamais perdu conscience goûtait sans même le savoir aux joies des sommeils forcés. Inconscient de ce qu'on disait de lui, inconscient de ce qu'on prévoyait de lui faire subir. Inconscient tout court.
Jusqu'à ce que la cruelle réalité ne décide d'entrer en conflit avec son repos, en tout cas.
L'eau froide eut sur le britannique un effet semblable à celui qui avait précédé sa chute ; son réveil fut soudain, brutal, inattendu et surtout très désagréable. Hébété, il ferma un peu plus fort ses paupières pour repousser la sensation de noyade – se tourna sur le côté, toussa. Les pires injures traversèrent son esprit embrumé : ne pas savoir à qui les adresser ne fit que le perdre un peu plus. La scène était étrangement floue, la sensation de brûlure sur le côté de son crâne trop violente ; encore sous le choc, il continua de tousser quelques secondes avant de ne péniblement ouvrir ses yeux bleus.
La vision d'un pied de chaise suffit à le réveiller tout à fait.
Une flopée d'insultes toutes plus colorées les unes que les autres traversèrent ses lèvres serrées, plus ou moins audibles et compréhensibles, tandis qu'il s'asseyait péniblement sur le carrelage humide. Des gouttes d'eau dégoulinaient de ses cheveux, de son nez, dégringolant à leur guise sur son t-shirt et son jean. Il jura de nouveau ; un verre aurait suffit, merde. Passant une main maladroite sur son visage pour rabattre ses mèches noires en arrière, il jeta un regard ahuri à Antoine.
A l'heure actuelle, la Reine Mère aurait pu être à côté de lui qu'il n'aurait pas été fichu de la reconnaître avec certitude.

« Ça va pas, non ?! »

Par contre, il savait que la Reine Mère venait de lui jeter un seau dessus.
Ce qui était suffisant pour justifier sa colère, apparemment.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeMer 27 Mar 2013 - 9:02

Aussitôt dit, aussitôt fait; Halloween fila vers la cuisine, accompagné d'un cri strident qu'Antoine devina être une manifestation plus ou moins bruyante de joie. Il n'avait pas pensé à lui demander en quoi exactement allait constituer sa petite plaisanterie du jour, mais le bruit des placards violemment vandalisés répondit sans trop de mal à sa question muette. Il leva un sourcil sans un commentaire, puisque de toute façon il avait autorisé Halloween à réveiller Emrys – et dans cet assentiment, on comptait le terrible 'par tous les moyens'. Il n'avait par conséquent pas le droit de se plaindre ou de protester. Enfin, il l'arrêterait malgré tout s'il décidait de lui coller un fer à repasser sur la joue, ça allait de soi: mais comme l'esprit frappeur semblait être dans de bonnes dispositions, Antoine jugeait le britannique à l'abri des blagues trop douteuses ou dangereuses. D'ailleurs, en parlant du loup...
Les battants de la cuisine s'ouvrirent à nouveau sur Halloween, qui revenait avec un seau d'eau dans les bras. Antoine recula par réflexe, n'ayant que très moyennement envie de finir trempé dans le processus, et admira le superbe lancer du poltergeist, qui fit mouche du premier coup. Une bonne douche glacée pour la belle endormie qui, tirée de son sommeil artificiel par le baiser liquide, toussait son mécontentement.

Pour un peu, Antoine aurait applaudi la précision d'Halloween. C'était beau.

Emrys n'avait pas l'air d'en penser autant de son côté, vu la jolie farandole de grossièretés qui sortait de sa bouche tandis qu'il s'asseyait péniblement. Un peu sonné, un peu confus, mais conscient qu'on venait de l'arracher aux bras de Morphée d'une façon on ne pouvait plus cavalière. Tu n'avais qu'à tenir sur tes deux jambes tout du long, pensa Antoine avec ironie, nous n'en serions pas venus à de telles extrémités.
Abruti, il lui lança un regard qui criait son incompréhension. Complaisant, Antoine lui renvoya un charmant sourire en guise de réponse.

« Ça va pas, non ?! »

Une chose était sûre, c'était qu'il allait mieux que lui, en tous les cas. Il n'était pas mouillé et sa tête ne jouait pas les carillons comme devait le faire celle de son Némésis à l'instant. Du reste, oui, il se pensait sain d'esprit... Si on considérait qu'il n'avait pas eu entre ses mains l'anse du seau qui l'avait cruellement réveillé. Lui n'avait donné qu'une permission dont la fautif aux yeux oranges aurait tout à fait pu se passer. Mais Antoine savait aussi que si Halloween n'était pas arrivé en secouant ses manches et gémissant son ennuie, il aurait fini par le faire lui-même, et sans beaucoup de remords en plus de ça.
Ce n'était que de l'eau, il n'allait pas s'y noyer. Pas besoin d'en faire toute une comédie, hm ?

« Tu devrais plutôt remercier Halloween de t'avoir réveillé, se contenta-t-il de faire remarquer, j'aurais aussi bien pu te laisser là à la merci de n'importe quel détraqué... Ou faire bien pire. »

Non, il ne trouvait aucun plaisir à prendre avantage des pauvres gens assommés: par contre, ça l'amusait de le faire croire, et 'bien pire' englobait beaucoup de choses qu'il aurait pu lui faire. Tout était une question d'interprétation. Quitte à passer pour un monstre auprès d'Emrys, n'est-ce pas, il n'était plus à ça près.
Ah tiens. Même debout, maintenant, il n'était pas exclu qu'il attrape froid. L'idée étira un peu plus son sourire.

Il ne fallait pas menacer de m'envoyer une chaise à la figure, mon brave.
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    Le seau se balançait au bout de son anse, d'un air coupable que ne partageait absolument pas son utilisateur. En effet Halloween, tenant l'objet inutile pour un temps à bout de bras, en était plutôt à écouter le flot de jurons déversé par sa victime d'un air gourmand. Oh, oh, c'était vraiment très mal d'être grossier comme ça ! Très très vilain, jolie princesse - oh, il était drôle, celui-là. Bien que le ruissellement aqueux sur les épaules du pensionnaire ait quelque chose de terriblement réjouissant, l'enfant était d'autant plus intéressé par la qualité de son langage qu'il n'utilisait jamais lui-même d'expressions grossières : le pantin grotesque avait beau déclamer quelques horreurs dans des demi-obscurités, ses lèvres qu'épargnait la roture n'exhibaient qu'une poudre sucrée trompeuse et non la saleté acide qui noircit les dents. Il était sage, lui ; un enfant sage garde la bouche propre.
    Parce que sinon, sinon... sinon il faut la racler à la lime à ongles.
    Un gloussement lugubre échappa à l'esprit frappeur, qui ne prêtait aucune attention à la scène qui se déroulait sous ses pieds alors qu'il flottait près du plafond comme une figure de chiffon barbouillée de feutre.
    Est-ce qu'ils allaient recommencer à se battre ? Se demandait-il en les observant du coin de l'œil en balançant lentement son récipient vide. Il lui aurait plu de leur lancer des cailloux comme il l'aurait fait à des chiens galeux en pleine rue. Le stoïcisme ne vaut rien, il est ennuyeux ; si l'on veut s'amuser, il faut quelques cris. Et en général, les humains s'en sortent bien dans cette voie. Alors il voulait observer le spectacle.

      « Tu devrais plutôt remercier Halloween de t'avoir réveillé, j'aurais aussi bien pu... »

    La mention soudaine de son nom eut l'effet inattendu de faire effectuer à Halloween une galipette enthousiaste accompagnée d'un cri de volaille à qui on tord le cou qui s'éternisa comme la sirène d'une ambulance. L'enfant laissa choir sans précaution son fardeau sur les deux jeunes gens et fila se cacher dans les rideaux avec un hurlement mécanique en decrescendo, jetant les draps moisis sur ses épaules dans un geste ample des bras, avec la grâce bancale d'un fantôme centenaire. Il fila entre les tentures avec un gloussement et heurta sans précaution la tringle, qui laissa échapper un billet blanc avant de se décrocher et de s'écraser au sol. Halloween s'écroula sous les lours rideaux sans support, petit tas gigotant de tissu. La feuille entre les dents, ils tenta de trouver une issue au piège.


[Halloween gère]


Dernière édition par Halloween le Dim 7 Avr 2013 - 0:30, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeSam 6 Avr 2013 - 13:29




Halloween soulève les rideaux, et trouve :

« Une feuille cachée à l'intérieur de la barre qui soutient les rideaux. Il manque de tuer le joueur suivant en la détachant. »

[ACTION 3/4]


8


Le XX/YY,

Outre les I. et les quelques connaissances que je me suis faites, il est temps de parler d'un phénomène étrange que j'ai rencontré dans ce pensionnat. On me l'a expliqué comme si il s'agissait d'une chose particulièrement normale, comme si ce n'étaient qu'une banalité d'usage... J'ai eu un peu de mal à le croire, jusqu'à ce que je le voie de mes yeux. Nelly m'a montré, pour essayer de me convaincre, et je dois dire que je suis... plutôt convaincu.

C'est ainsi qu'on m'a mis au courant des Alter Ego Astraux, souvent contracté en A.E.A. par les pensionnaires. Qu'est-ce ? Ce sont des animaux, déjà, de natures diverses et variées... Ils apparaissent à l'arrivée d'un nouveau pensionnaire, quelque part dans le bâtiment, et restent parfois plusieurs mois sans se manifester. Cependant, la plupart des pensionnaires trouvent très rapidement leur A.E.A., de par le lien qui les unit. En effet, les animaux, en plus d'apparaître de nulle part, sont profondément liés à l'imaginaire du pensionnaire. Ils proviennent en général d'un ami imaginaire inventé auparavant, ou d'un animal qui a une symbolique particulière pour nous. Je me suis ainsi vu affublé d'un compagnon à la taille ridicule et que j'ai eu bien du mal à distinguer au début. La coccinelle qui me sert d'A.E.A., , étant en plus comme tous les autres douée de parole, m'a signifié sa présence de sa petite voix et nous avons rapidement fait connaissance. Disons que sa personnalité correspond à celle d'un Jiminy Cricket parfait, un compagnon, un conseiller. C'est peut-être ce qui m'était passé par la tête le jour où je l'ai imaginée. On s'est moqué de moi, les autres enfants choisissant plutôt le lion plein de majesté ou le fier destrier. L'insecte bête à bon Dieu était pourtant pour moi synonyme de sage discrétion et de discernement élégant. Mais qu'elle en vienne à exister réellement... si fragile, si frêle.. Et si il lui arrivait quelque chose, en serais-je affecté ? Tant de questions qui se bousculent sans trouver de réponse.




Sköll ... Sérieusement, tu es trop chanceuse avec Halloween 8DDD

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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeMar 9 Avr 2013 - 9:51

Du sourire d'Antoine ou du sifflement strident qui résonnait entre ses oreilles, Emrys n'aurait su dire lequel des deux lui donnait le plus la nausée. En outre, son honneur blessé n'allait pas tarder à faire valoir ses droits ; or plus que la douleur lancinante qui faisait vibrer sa tempe, plus que l'eau glacée qui dégringolait le long de ses cheveux bruns, c'était la honte qui le rendait malade. Il se sentait aussi idiot qu'un enfant pris en faute : c'était ça, d'agir sans réfléchir. Il avait voulu jouer aux plus malins, avait attrapé une chaise et s'était retrouvé assommé avec. S'il avait été en maternelle, sûrement aurait-il été puni plus sévèrement qu'Antoine. C'était lui qui avait commencé, après tout – c'était de sa faute et uniquement de sa faute.
Mais ça, comme tout enfant qui se respecte, il comptait bien le nier jusqu'au bout.
Pestant intérieurement contre ses vêtements trempés – gêné surtout par l'application soudaine que mettait son t-shirt à lui coller au corps – Emrys se félicita tout de même d'avoir sa veste sur lui. C'était définitivement mieux que rien.

« Tu devrais plutôt remercier Halloween de t'avoir réveillé – à ces mots, le britannique leva les yeux en quête de l'esprit frappeur – j'aurais aussi bien pu te laisser là à la merci de n'importe quel détraqué... Ou faire bien pire. »

Profondément outré par la multitude de choses que ce « bien pire » pouvait sous-entendre, le britannique jeta un regard noir à Antoine. Oh, il ne doutait pas que ce psychopathe en devenir aurait adoré lui faire quoi que ce soit de cruel, humiliant ou déplacé pendant son sommeil forcé ; venant d'un type aussi amoral, plus rien ne pouvait l'étonner. Seule l'idée de s'être bêtement mis en situation de faiblesse devant lui était réellement inquiétante. Se retrouver attaché, peinturluré, chauve ou déshabillé dans une pièce ou une autre ne l'aurait pas enchanté, loin de là : or il l'en pensait capable. Tout à fait capable, même.
De là à remercier Halloween de l'avoir réveillé, il y avait des limites. Ces deux abrutis étaient aussi détestables l'un que l'autre.
La brusque visite d'un seau, qui s'écrasa on ne peut plus délicatement entre eux, décida le britannique à ne pas passer sa vie assis par terre. D'un geste maladroit et mal assuré, encore un peu sonné, Emrys se hissa sur ses deux jambes. Nouveau regard noir en direction d'Antoine, grimace agacée vers l'esprit frappeur. Si cet espèce d'attardé volant continuait de faire autant de bruit au-dessus d'eux, étant donné l'humeur noire dans laquelle était plongé le jeune homme, il y avait fort à parier pour que le seau retourne faire un coucou amical à son propriétaire dans la minute. Quitte à casser une fenêtre ou deux dans le procédé, il n'était plus à ça près : ses oreilles sifflaient atrocement, le monde tanguait encore un peu et n'avoir pour seul paysage que deux personnes haïssables n'aidait franchement pas.
Vraiment, vraiment pas.

« Je vais pas remercier qui que ce soit, grommela-t-il en passant une main sur son visage encore blanc. Si t'avais fait quoi que ce soit de... De douteux, je t'aurais – »

Un bruit inquiétant l'arrêta ; yeux levés, pupilles rétractées, il eut à peine le temps de pousser une exclamation affolée. Un pas en arrière, la lourde barre qui heurte le plancher et l'instant d'après, ses chaussures qui glissent sur le sol humide : comme lorsque la chaise avait violemment frappé sa tempe, il lui sembla vivre la scène au ralenti. Sauf qu'il n'était pas assommé, cette fois. Son cœur battait à tout rompre et son coccyx lui envoyait des signaux de détresse par millier, mais au moins était-il parfaitement conscient.
Alors il se redressa sur les genoux, se remit vaille que vaille debout. Attrapa la hanse du seau – qui par bonheur traînait encore dans les parages – et asséna un violent coup sur l'épais tas de rideaux.

« T'as failli me tuer, espèce de taré ! » Trop fatigué pour tenter d'assassiner un esprit frappeur probablement immortel à travers autant de tissu, il laissa tomber son arme au sol. « Maintenant sors de là si t'es un homme ! »

Oubliant allègrement le ridicule de sa remarque – entre un travesti et un poltergeist, le terme d'homme avait du soucis à se faire –, il donna un coup de pied rageur dans le tas de rideaux. A cause de lui, il allait falloir remettre tout ça en place plus tard ; ben tiens, tant qu'à faire. Comme si s'être énervé, avoir fini assommé, trempé et quasiment tué par une tringle XXL ne suffisait pas.
Ce n'était vraiment pas sa journée. Et dire qu'il n'avait même pas retrouvé Bilboquet.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeJeu 11 Avr 2013 - 8:44

...

Antoine ferma les yeux une demi-seconde, le temps d'un court deuil pour ses oreilles qu'Halloween s'était complaisamment amusé à détruire ces dix dernières minutes. Le ricanement insupportable de l'esprit frappeur rebondissait contre les murs de la salle à manger, et le peu qui parvenait à s'échapper par les serrures ne suffisait pas à rendre le concert moins amer. S'il s'était écouté – et grand dieu, heureusement qu'il ne s'écoutait pas la plupart du temps –, le gamin en orange se serait retrouvé enroulé dans les rideaux comme un paquet cadeau de mauvais goût et précipité par la fenêtre pour avoir un peu de silence. Ce n'était pas grand chose, et certainement quelque chose que l'invité surprise aurait pu leur offrir s'il avait su faire preuve d'empathie ou d'obéissance.
Puis sans crier gare, Halloween laissa proprement choir le seau délaissé qui rebondit entre lui et Emrys, faisant sursauter le jeune homme aux cheveux blonds; il fit un pas en arrière, fusillant du regard l'entité maléfique qui était partie se réfugier sous les lourdes tentures qui encadraient les fenêtres. C'est ça, qu'il se cache de quelques représailles ou aille jouer à cache-cache avec les poussières: ce n'était pas Antoine qui allait s'en plaindre. Occupés à gribouiller, les enfants sont toujours plus supportables.
Entre temps, Emrys semblait s'être décidé à rompre avec le carrelage humide, mal assuré sur ses deux jambes et encore un peu hésitant. Forcément, à partir se battre à tout va et sans se soucier des conséquences, on revenait souvent cassé et démit de partout. Ce coup de chaise, il l'avait mérité en ce qu'il n'aurait pas hésité à lui mettre la sienne au coin de la tête à la première opportunité; et puis, occultant ses propres provocations, c'était lui qui était venu le chercher. Qu'il ne s'en plaigne pas et considère la giclée d'eau comme l'ovation des spectateurs à la fin de la pièce.

« Je vais pas remercier qui que ce soit. Si t'avais fait quoi que ce soit de... De douteux, je t'aurais – »

Disons l'entracte, plutôt. Les yeux écarquillés, Antoine vit la tringle qui soutenait la nouvelle cachette d'Halloween s'écraser à terre dans un bruit sourd, à l'endroit où se tenait Emrys quelques secondes plus tôt. Monsieur était d'ailleurs parti réembrasser le sol malgré lui, tout abasourdi, et à partir de là tout s'enchaina très vite. Dans les meilleures dispositions pour une discussion calme et posée, le britannique s'était relevé et avait empoigné le seau avec humeur pour asséner un coup au poltergeist qui se débattait dans les tentures.
Amour et paix sur terre, songea Antoine avec un soupir, la voix mélodieuse d'Emrys ayant remplacé les cris extatiques de l'esprit aux longues manches. Honnêtement, il ne savait pas lequel de ces deux bruits de fond il préférait. D'un côté les hululement incessants d'un gamin égocentrique, et de l'autre les injures d'un imbécile qui aurait mieux fait d'apprendre à maîtriser sa colère. Dur de faire un choix.

Les yeux foncés d'Antoine suivirent la forme droite et raide de la tringle qui gisait au sol. Il était vrai que si elle lui était tombé sur la tête, Emrys aurait eu de quoi se plaindre – ou de ne plus se plaindre du tout, en l'occurrence. Quelle journée, et dire qu'elle n'était pas encore terminée !
Sur ce, ses deux meilleurs amis eurent de nouveau droit à toute son attention, et un sourcil levé en guise d'interrogation muette.

« Et quand il sortira, tu le frappera jusqu'à ce que mort s'ensuive, c'est bien ça ? »

Si toutefois le terme de mortalité pouvait s'appliquer à l'incarnation d'un concept flou telle que la fête d'Halloween. Pensant qu'il aurait tout aussi bien pu les laisser à leur querelle nouvelle en s'esquivant par la porte de secours, Antoine se fit la remarque qu'il n'avait pas mieux à faire ailleurs, sinon errer avec de la lecture sous le bras. D'ailleurs, son livre était toujours là; et ça aurait été bête de l'oublier en sortant. Et puis franchement, ici ou là-bas... L'ennui ne se gênerait pas pour enserrer autour de sa gorge ses longs doigts glacés. Ici, il avait le mérite d'avoir le son (peu lui importait la qualité) avec les images.
Mais oui, reste, Antoine. Tu vas en avoir pour ton argent, dans quelques minutes.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeDim 14 Avr 2013 - 1:10

    Halloween avait de la poussière dans le nez et du moisi dans les yeux, ce qui, ajouté au goût âcre de la feuille qu'il tenait entre ses lèvres desséchées, rendait sa situation bien peu agréable. Elle l'était d'autant moins que, la lourdeur des tentures aidant, l'esprit frappeur ne parvenait pas a d'en dépêtrer. Gigotant en tous sens et entravé par l'ampleur de ses propre habits, Halloween ne réussissait qu'à s'emmêler encore plus dans les plis du rideau.
    Jusqu'à ce qu'un coup violent ne vienne s'écraser sur son crâne, coup que l'épaisseur combinée de la capuche et du rideau n'amortit malheureusement pas assez. Et qui sonna étrangement creux. Sonné, le poltergeist s'étala comme une chiffe molle sous les tentures sombres, face contre terre, le temps que la réalité de la situation lui monte au cerveau.
    On avait beau dire, un coup perpétré à dessein n'était pas pareil qu'une porte. Et déjà que le fait qu'un morceau de bois puisse lui faire mal avait des difficultés à s'imposer à sa tête creuse - et en aurait manifestement toujours, mais les rares beignes qu'il se prenait de la part des pensionnaires les plus agressifs avaient le don de le mettre dans le coma.
    Enfin. Un coma d'une minute trente.
    Un flot de chauves-souris grisâtres aux ailes engluées de toiles d'araignées s'échappa des rideaux et s'éparpilla dans toute la pièce ; alors qu'Halloween, porté par le flot, effectuait un roulé-boulé jusqu'à la porte de la cuisine où il s'arrêta, jambes croisées et mains sur la tête.

      « Ça va pas ?! Ça fait mal ! » Geignit-il avec colère en frottant sa capuche - laquelle semblait bien faire partie intégrante de son anatomie.

    L'esprit frappeur leva les yeux sur son agresseur, dardant sur lui un regard noir ; le fait que cette revanche soit méritée ne lui vint évidemment pas à l'esprit. C'était quoi cette façon de brutaliser les enfants ? Le fait que le garçon brun ait employé l'outil même utilisé par Halloween à ses dépens inspira à ce dernier une sensation de profonde injustice. C'était de la triche !
    Élément qu'il s'apprêtait par ailleurs à souligner lorsque, baissant les yeux, il avisa la tache blanc usé déposée sur ses genoux par son insupportable bavardage.
    Tiens. Une feuille.
    Halloween ressentait une étrange impression de déjà-vu.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeJeu 18 Avr 2013 - 11:26

« Et quand il sortira, tu le frappera jusqu'à ce que mort s'ensuive, c'est bien ça ? »

Prêt à redonner un coup de pied pour marquer son mécontentement, Emrys s'immobilisa sur place ; le frapper jusqu'à ce que mort s'ensuive ? Il jeta un regard noir à la forme apparemment immobile sous les lourdes tentures, à Antoine, à la tringle – et, en désespoir de cause, tapa du talon contre le carrelage en reposant son pied au sol. Non, il n'allait pas le tuer. Est-ce qu'il aurait seulement pu, de toute façon ? Peu probable. Alors ça n'avait aucun intérêt, alors il ne le ferait pas – et ignora allègrement tout ce qu'un raisonnement aussi stupide pouvait induire. Même s'il avait pu le tuer, il ne l'aurait pas fait. Seulement pour l'instant, ce n'était pas cet argument qui primait. Non, pour l'instant il restait persuadé que, si, il l'aurait tué : il aurait même eu raison de le faire.
Malgré son attitude bravache, ses épaules et ses jambes restaient secouées de tremblements. Il avait bien failli se faire tuer et ça, son corps s'en souvenait parfaitement. Le bruit de la tringle heurtant violemment le sol allait résonner encore longtemps dans ses oreilles. BAM : tu as failli y passer. Alors tant que son cœur battrait à cette vitesse, il continuerait de vouloir perpétrer un meurtre sur la personne d'Halloween. Malheureusement pour tout le monde, ça pouvait durer un moment. Pour une fois qu'Antoine n'était pas la cible de sa colère ; il aurait dû s'en réjouir, au lieu de lui faire des remarques. Qui plus est, se débarrasser du Poltergeist aurait soulagé les oreilles d'à peu près tout le monde. Un véritable acte de charité.
Comme pour confirmer qu'il faisait partie des sept fléaux de l'humanité, l'enfant fit s'envoler une nuée de chauve-souris des rideaux usés. Un bras devant son visage pour le protéger d'éventuelles représailles, Emrys attendit que ces fichues bestioles se soient éloignées ; il n'aurait su dire si elles étaient réelles ou non et tenait à ses yeux. A force d'être confronté à des pouvoirs de toute sorte, il avait appris à fuir les illusions tout comme le reste. Ce n'était pas un mal, vraiment – et face à quelque chose de potentiellement dangereux, mieux valait trop de protections que pas assez. Prudence est mère de sûreté, grommela-t-il pour lui-même en relevant doucement la tête vers l'esprit frappeur : or il comptait bien rentrer chez lui un jour. Mourir ou devenir aveugle aurait sérieusement compromis ses plans.

« Ça va pas ?! Ça fait mal ! »

Bien fait. Satisfait et persuadé d'être dans son bon droit, Emrys se permit de lui adresser un joli sourire. Ça lui apprendrait à essayer de tuer les gens pour de vrai.
Tout en soufflant pour reprendre ses esprits – définitivement, cette fois –, le jeune homme eut le malheur de reposer ses yeux sur Halloween. Il les plissa, les écarquilla : garda, dans un heureux sursaut de politesse, ses jurons pour lui.
Pour ne pas avoir entendu parler des feuillets de Rudy, il fallait au moins être un ermite. Ou complètement indifférent à sa condition. Emrys n'était ni l'un ni l'autre et, quoi qu'il avait plus ou moins abandonné les recherches de son côté, il continuait de se tenir informé auprès de ceux qui, parmi ses connaissances, aimaient à passer une bonne partie de leur temps à flâner au GGL. Quand une feuille un peu usée tombait comme par magie d'une tringle de rideau, ça ne pouvait pas être trente-six mille choses.
Pointant Halloween du doigt comme le dernier des idiots, il lança un regard courroucé à Antoine. Ne pas oublier que tout était de sa faute, ici.

« C'est une feuille ! »

Quitte à lâcher les pires de platitudes, autant le faire avec classe.
Et étant donné qu'il était trempé, que son bras tendu tremblait et qu'il avait l'air parfaitement à côté de la plaque, effectivement, il n'aurait pas pu faire beaucoup mieux.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeSam 20 Avr 2013 - 2:27

...

Toute cette agitation digne d'une garderie donnait envie à Antoine d'attraper les deux sales gosses par le col et les remettre à leur place – pour enfin pouvoir savourer un peu de silence, luxe que personne n'était en mesure de s'offrir au pensionnat où les adolescents immatures et les enfants cavalaient sans s'arrêter du matin jusqu'au soir. Oh, la nuit aussi, tout bien réfléchi, puisque certains réussissaient à ne pas mourir de fatigue une fois la lune levée. Halloween immobile sous le rideau, Emrys fulminant en silence à ses côtés, il eut cette désagréable impression d'être une mère de famille accablée par les cris et les pleurs au cœur d'un moment bienvenu de répit et de paix. Il doutait néanmoins d'avoir le temps d'en profiter d'une quelconque façon que ce soit et, au moment même où il songeait à les envoyer rejoindre la sirène et le calamar par la fenêtre, Halloween le lui prouva en leur envoyant à la figure une nuée de bestioles en nuances de gris sale. La main devant les yeux pour prévenir tout accident, Antoine attendit que la tempête soit passée pour chercher l'esprit frappeur du regard.
Il le trouva devant la porte de la cuisine, mains sur la tête et renfrogné. Visage poupin contrarié, punition méritée, petit sourire de la part d'Emrys; Antoine se contenta de lever les yeux au ciel, pour faire montre de toute l'intérêt qu'il portait à ce coup de seau et cette tringle violemment délogée de son emplacement. Sinon, au lieu de se battre comme des chiffonniers (qui avait lancé la chaise dans la tête d'Emrys, déjà ?), qu'auraient-ils dit de régler leurs différents en s'insultant avec bienséance ? Aucun risque, songea-t-il avec un soupir intérieur. Les enfants restaient des enfants, n'est-ce pas...

« Ça va pas ?! Ça fait mal ! »

Il y avait en effet peu de risque pour qu'un coup de seau en pleine tête fasse du bien. La vie était plus difficile pour les êtres faits de chair et de sang et non de courants d'air. On se prenait des portes, des murs, des poings parfois... Oh, quelques livres à l'occasion, aussi. Bref, leur existence était palpitante, parsemée de bleus et de blessures en tout genres. Halloween devait apprécier les affres que lui offrait sa nouvelle existence.
A ces mots, Antoine jeta un vague regard aux chaises, avec une pensée pour ses pauvres tempes qui auraient prit cher si Emrys avait su viser. Heureusement pour lui, le Britannique était aussi précis et agile qu'un lama grabataire: sans ça, il aurait eu de quoi s'en faire.
Et des vêtements trempés, également.

La première chose qu'Antoine vit en reportant son attention sur Emrys, ce fut le regard noir qu'il lui adressait et le doigt qu'il tenait pointé en direction d'Halloween. Le jeune homme fronça les sourcils, suivit la direction qu'il lui indiquait sans trouver ce qu'il y avait là d'extraordinaire.
Oui, c'était Halloween. Eh bien quoi ? Le choc lui avait ôté la mémoire ou endommagé les cellules grises ? Ça aurait bien été sa veine.

« C'est une feuille ! »

Hun hun. Ses yeux descendirent jusqu'au rectangle blanc qui reposait sagement sur les genoux de l'enfant, et son esprit encore abruti par le bruit ne fit pas immédiatement le lien avec les feuillets du journal de ce très cher Rudy. Il n'était jamais parti à la chasse aux feuilles, avait jugé plus utile de laisser les autres s'en charger; posant sur Emrys un regard atterré, il lui répondit donc:

« Oui, c'est une feuille. Venant de toi, cette constatation m'ét-... »

Il se tut au beau milieu de sa phrase, y laissant un blanc abrupt qui se perdit dans le silence. Il eut le temps de se maudire un millions de fois durant la courte seconde pendant laquelle ses yeux bruns firent le voyage d'Emrys à Halloween, durs et fixes. Tourne sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler, cela t'évitera bien des ennuis, Antoine. Oui, j'avais presque oublié que c'était souvent utile. Pardon.

Et lui, il n'avait pas intérêt à aller l'enterrer quelque part.

« Certains ont de la chance dans leur malheur, on dirait. »

Son sourire était peut-être un brin trop tendu: sa réaction hypocrite, aussi, puisqu'il aurait lui-même gardé la feuille pour lui s'il l'avait trouvé. Mais elle aurait été là, dans un tiroir ou dans une poche, fonctionnelle s'il avait voulu s'en servir.
Le problème était juste là. Il craignait qu'Halloween ne désire en faire des cotillons et mette son idée à exécution sur le champ, sans trop réfléchir et dans un cri aigu et ravi. Il avait beau ne porter qu'un intérêt mitigé à cette chasse au trésor, toute porte de sortie était bonne à prendre.

Antoine voulait rentrer chez lui. Le plus tôt serait le mieux, il avait déjà trop attendu.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Avr 2013 - 4:01

    Halloween fronça les sourcils et laissa retomber ses bras, décochant un regard courroucé au morceau de papier usé, tandis que la sensation de déjà-vu se précisait. Levant les yeux un bref instant - juste histoire d'être sûr qu'on ne lui lançait rien à la figure, cette fois - il aperçut le sourire sardonique d'un des deux garçons - c'était injuste d'abord; c'était Antoine qui lui avait dit de lui lancer ce seau à la figure, au brun. Il n'aurait pas dû s'en prendre à un enfant sans défense plutôt qu'à quelqu'un de sa taille. C'était une tactique de lâche, juste de lâche, en fait il avait juste peur qu'Antoine lui donne un autre coup de chaise.
    Il aurait dû se prendre la barre dans la figure, ç'aurait été bien fait.
    Et Halloween aurait pu pérorer ainsi longtemps en son for intérieur si Emrys n'avait pas tout à coup remarqué ce que lui avait chassé de ses pensées depuis environ une minute au profit de plaintes nettement plus intéressantes - à savoir, la misérable feuille qui gisait sur ses genoux.

      « C'est une feuille ! » S'écria la belle au bois dormant en pointant du doigt le poltergeist - ou plutôt ses genoux - d'un air fâché.

    Halloween faillit dare-dare répliquer que c'était très mal poli de montrer du doigt.
    La seule chose qui l'en empêcha, tout comme elle l'empêcha de prêter attention aux paroles d'Antoine qui paraissait prêt à disserter sur le même sujet, fut que l'acte ramena son attention sur la feuille, et par conséquent, sur le problème qu'elle posait.
    Disons que si, contrairement à son habitude, le gamin ne sauta pas sur l'occasion pour embêter le plus possible les deux garçons en jetant le papier sous l'eau ou en en faisant des confettis, ce fut uniquement parce qu'il se souvenait très bien de la dernière fois où il en avait eu un du même genre entre les mains.
    Ça lui avait fait - un peu - mal. Il paraît qu'on peut dresser n'importe qui par stimulations négatives. Puisque même Halloween en venait à hésiter à réitérer l'expérience, cela devait être vrai.
    Quoi qu'il en soit, en voyant les deux pensionnaires se tourner vers lui comme un seul homme - enfin façon de parler - le garçon eut un mauvais pressentiment. Il fit un bond en l'air et y resta suspendu, agitant la feuille de haut en bas à bout de bras comme si elle s'apprêtait à le mordre.
    Ce faisait, il foudroya les deux humains du regard.

      « Eh ! Wait, wait ! On se calme ! » Même si aucun des deux n'avait encore fait de geste agressif.

    En fait, Halloween aurait très bien pu déguerpir sans demander son reste en abandonnant la feuille - dont il n'avait strictement rien à faire - derrière lui, et garder le reste de son corps à peu près intact pour la journée. Il aurait aussi pu s'enfuir avec et aller la cacher dans un quelconque recoin obscur où personne n'irait chercher, avant d'essayer de récupérer toutes les autres qui pourrait traîner partout afin de donner encore plus de fil à retordre à tous ces pensionnaires ingrats. Cela dit, d'une part, il avait quand même un peu trop d'amour-propre pour s'enfuir comme une poule mouillée - enfin, avant qu'on se mette à lui taper dessus - et d'autre part il était trop content d'avoir trouvé des vivants aux dépends desquels s'amuser pour les laisser en plan maintenant.
    Au final, le gosse pointa un doigt sur la belle au bois dormant.

      « Je te la donne. Si tu t'excuses de m'avoir tapé. » C'est qu'il lui avait fait mal. « Y'en a peut-être d'autres, même. »

    Pour le moment, la crainte de la brutalité humaine semblait rendre Halloween un peu plus docile, puisqu'il alla jusqu'à se rapprocher du sol pour gratter les dalles qui avait autre fois dû être blanches - et se paraient aujourd'hui d'une délicate couleur marronnasse proche du caca d'oie. Entre les interstices, il y avait eu des creux, un jour, d'abord. C'est vrai, il y avait peut-être une feuille là, aussi.


Dernière édition par Halloween le Ven 26 Avr 2013 - 4:14, édité 1 fois
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Halloween fouille les dalles, et trouve :

« Une des dalles s'envole étrangement, et assomme le joueur suivant. Il saute un tour. »

[ACTION 4/4]

C'est terminé pour aujourd'hui ! Et c'est peut-être mieux... Comme ça.
Emrys est vraiment maltraité dans ce topic ... C'est un grand chanceux ...8'D

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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeMar 30 Avr 2013 - 0:28

...

Antoine aurait peut-être dû rassurer Halloween et lui dire qu'il ne comptait pas se jeter sur lui pour un simple rectangle de papier, fut-il la solution à tous leurs problèmes. Car vu le bond que l'esprit frappeur avait fait, doublé d'un regard furieux dans leur direction (c'était sa journée, dis donc), il était clair que leur réaction avait dû suggérer dans sa petite tête pleine de toiles d'araignées un scénario du genre. Énergiquement, le garçonnet agitait la feuille à bout de bras, manège qu'Antoine suivait attentivement des yeux au cas où il aurait laissé tombé le papier dans son agitation. Savait-on jamais...

« Eh ! Wait, wait ! On se calme ! »

Comme Antoine aurait difficilement pu arborer un faciès plus placide, il ne se sentit pas concerné par la remarque et se contenta de résorber légèrement son sourire pour se donner une meilleure contenance. Bien, Halloween n'avait pas l'air d'avoir dans l'idée de passer cette feuille au mixeur ou filer au grenier la cacher au milieu d'un livre aux pages rongées par la vermine; quel soulagement ! Toujours un peu distant, toujours un peu perplexe face aux recherches lancées pour retrouver les pages de ce fameux journal, il se demanda si faire des efforts pour récupérer cette feuille valait vraiment le coup. Il y en avait beaucoup d'autres, est-ce qu'une page en moins ferait la différence ? Dans un roman, oui, pensa-t-il avec ennui. Et ils avaient beau être dans la réalité, leur vie ressemblait à s'y méprendre au plus médiocre des ouvrages coulé dans l'encre d'un écrivain excentrique. Ses yeux passèrent d'Halloween à la feuille comme pour chercher la réponse: se posèrent sur à peu près tout ce qui entourait l'esprit frappeur.
Entrer par une porte et ne pas pouvoir la passer en sens inverse, c'était stupide. Alors la solution, ne pouvait-elle pas être aussi bancale ?

Ou sous leurs pieds et leurs yeux depuis longtemps.

« Je te la donne. Si tu t'excuses de m'avoir tapé. (mais qu'est-ce qu'ils avaient tous à pointer du doigt comme ça ?) Y'en a peut-être d'autres, même. »

Qu'il y en ait d'autres ou non, ce n'était pas ses affaires. Tandis que l'esprit se penchait vers le sol à l'éclat douteux (un bon coup de balais n'aurait pas été de trop, mince), le jeune homme aux cheveux blonds tourna la tête vers Emrys, le questionnant du regard. Il allait s'excuser pour récupérer la feuille, ou refuser et perdre son potentiel moyen de sortie ? L'un dans l'autre, la suite ne pouvait qu'être drôle. Rien ne leur disait qu'Halloween tiendrait sa promesse, en plus de ça; il pouvait accepter les excuses en piaillant de satisfaction pour ensuite aller...

Une dalle passa à toute vitesse dans son champ de vision et heurta Emrys avant de finir sa course sur ses semblables dans un bruit de carrelage maltraité. Les yeux grands ouverts, Antoine eut beaucoup de mal à enregistrer ce qui venait de se passer. Et une fois que ce fut chose faite, il baissa vers le corps inerte d'Emrys une expression incrédule.

Encore ?

« Halloween, ce n'est pas en l'assommant qu'il pourra te présenter des excuses. » reprocha-t-il au poltergeist, pas accusateur ni moralisateur, mais dans un simple constat toute en logique. Évanoui, il allait avoir du mal à articuler ne serait-ce que quelques mots.
Quant au coupable, il n'avait pas cherché plus loin que leur ami vêtu d'orange. Il flottait juste au dessus de la dalle assassine et, honnêtement, qui cela aurait-il pu être d'autre ? Oh, hormis les farfadets invisibles qui cavalaient dans les couloirs, bien entendu. Plus sérieusement...

Qu'est-ce qu'il allait pouvoir faire de ce corps ballant, à la fin ?
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeSam 4 Mai 2013 - 14:07

    En soi ce n'était pas que de la mauvaise volonté. Il pouvait parfaitement y avoir un bout de papier mité coincé entre deux dalles crasseuses. La saleté accumulée pendant des années et des années sous les pieds négligents de multiples pensionnaires leur aurait dissimulé le fragment clair et fragile, enterré sous une stratification de déchets et miettes en tous genres.
    Trouver un diamant dans un tas de fumier, en somme.
    Cela dit, Halloween s'en moquait éperdument, de cette feuille à la noix. Comme de sa première citrouille, d’ailleurs. Tout ce qu’il désirait était éviter qu’une nouvelle pluie de coup s’abatte sur sa pauvre tête.
    En général, on avait beau le frapper, le message ressortait pas une oreille une fois le mauvais moment passé. Même s’il n’avait pas l’habitude, même si la douleur était quelque chose de nouveau pour lui : Halloween avait une capacité miraculeuse à oublier les moments désagréables et réitérer les bêtises qu’on lui avait reprochées quelques heures plus tôt sous le nez des mêmes spectateurs excédés. Et tout ça sans craindre quoi que ce soit.
    Il n’y avait que les châtiments les plus terribles, les plus souvent répétés ou bien les accumulations d’expériences désagréables qui s’ancraient dans sa mémoire, pour ressurgir de temps à autre comme un aileron menaçant hors de flots calmes. Comme un enfant, il avait tendance à associer à certains objets des souvenirs agréables ou non.
    Alors l’idée selon laquelle les deux pensionnaires n’allaient pas tarder à lui sauter à la gorge n’était pas si invraisemblable, au fond. Il entendait encore craquer ses vertèbres sous le poids d’un livre. Couverture violette.
    C’était à cela qu’il pensait lorsque la dalle qu’il grattait avec application se délogea soudain de sa place millénaire et se mit à voleter sous une paire d’yeux orange écarquillés. Le poltergeist cilla, n’y comprenant goutte : d’habitude, les objets volants, c’était plutôt de son fait. Cette fois-là, il n’en était pas vraiment certain.
    Interdit, Halloween ne put donc que suivre la dalle des yeux dans sa course folle, alors qu’elle prenait de la vitesse pour aller percuter à toute allure le crâne de… La belle au bois dormant. Qui replongea illico dans les citrouilles – ou quelque chose comme ça, Halloween n’était pas très au fait des expressions humaines.
    … Oups.
    L’expression contrite du gosse en orange était presque convaincante, d’ailleurs, avec la manche qu’il tenait devant sa bouche et ses yeux écarquillés. Si elle n’avait pas contenu plus d’étonnement que de regrets, sans doute aurait-elle pu excuser la maladresse à elle seule.

      « Halloween, ce n'est pas en l'assommant qu'il pourra te présenter des excuses. » Soupira alors Antoine, qui n’avait pas bougé.

    Dans un mouvement inhabituel, Halloween s’éclaircit la gorge ; puis il voleta jusqu’au jeune homme pour inspecter – de loin, il avait retenu la leçon pour le moment – le corps inerte du pensionnaire brun.
    Euh… et là, il est mort ?
    Halloween s’abstint très pertinemment de poser la question. Il préféra tourner la feuille entre ses doigts en pestant contre le fait qu’évidemment, ce n’était pas comme ça que cette espèce de brute épaisse allait s’excuser de l’avoir violenté. C’était facile comme solution, hein, de s’évanouir comme ça.
    Il contempla l’idée d’aller chercher un autre seau d’eau.

      « C’est même pas ma faute. » Marmonna-t-il avec une moue boudeuse et en se débarrassant machinalement de la feuille – selon responsable d’une grande partie de ses malheurs.

    Avant de plonger vers le seau et de le balancer sous le nez d’Antoine, interrogateur.
    Sait-on jamais.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeDim 5 Mai 2013 - 0:51

...

Maintenant, Antoine commençait à comprendre les soupirs et les cris incessants de sa mère quand le moindre bruit de porcelaine brisé se faisait entendre à travers les portes grandes ouvertes. De là à se sentir coupable de l'avoir tant fait lever la main, il y avait de la marge, mais il lui reconnaissait un certain courage pour ne pas l'avoir jeté par la fenêtre pour toutes ses crises d'enfant qui s'étaient presque entièrement soldées par le meurtre d'un bibelot quelconque. En l'occurrence, il n'y avait pas de bibelots à terre, juste un jeune homme à la malchance extraordinaire. Chaise puis dalle en pleine figure, hallucinations, seau d'eau glacial contre la peau... Antoine se mettait à sa place et savait que le mélange n'allait pas être très agréable au réveil. Quitte à ce qu'il broie du noir en ouvrant ses jolis yeux, autant qu'il le fasse au sec et dans sa chambre; sinon, il n'allait pas entendre la fin de cette histoire avant longtemps. Il ne regretterait pas en soi de l'avoir laissé mourir sur le carrelage de la salle à manger, mais si c'était pour qu'on lui cherche des noises à cause de ça, non merci. Il arrivait à Antoine d'être querelleur quand la situation s'y prêtait, mais il préférait de loin sa petite solitude et son petit confort pour lire.
Ce qu'il n'avait pas pu faire depuis qu'Emrys était arrivé, piques en bouche et colère au poing. Tout ça à cause de leurs stupides AEA... Le jeune homme se promis d'en toucher deux mots aux concernés une fois qu'il les aurait retrouvés.

Et se serait changé. Il lorgna avec appréhension les vêtements trempés de l'évanoui comme une bataille perdue d'avance. A moins de le trainer derrière lui, il n'y avait aucun moyen d'éviter ça. Ma bonté me perdra, songea Antoine en passant son regard sur Halloween, qui avait mis la main devant sa bouche, visiblement surpris et contrit.
Il le regarda voleter jusqu'à eux, déjà plus blasé qu'embêté ou agacé. Un calme aux allures d'indifférence avait déjà repris place sur son visage: sa mine par défaut quand la moquerie n'y étincelait pas, joyau à la fois magnifique et malveillant.

« C’est même pas ma faute. »

Antoine haussa brièvement les épaules, guère convaincu. Qu'il l'ait fait exprès, il n'en savait rien; il n'avait aucune idée de la façon dont fonctionnaient les esprits frappeurs, et sa mine désolée n'y changeait rien. Halloween aimait s'attirer des ennuis, n'est-ce pas ? Enfin, que l'envol de la dalle ait été volontaire ou non, ça restait sa faute à ses yeux. Il ne le lui reprochait pas. Ça aurait pu être pire, après tout. Avec un soupir, il dédaigna poliment le seau que lui présentait Halloween et s'agenouilla auprès d'Emrys, tendit le bras pour se saisir de la feuille que le poltergeist avait laissé s'échapper comme un fruit empoisonné. Une échappatoire, ça ? Plutôt les morceaux jaunis d'une mauvaise histoire. Il parcourut rapidement l'écriture manuscrite, assez pour se rendre compte que ça parlait d'AEA et qu'en plus d'être drôlement ironique, ce n'était pas intéressant. Qui se plaindrait de sa disparition ? Il la mit dans sa poche, et la pensée qu'Emrys la sache avec lui le réjouissait quelque peu.
Tout avait un prix, même les choses les plus futiles. On l'apprenait souvent à nos dépends.

Après s'être accordé quelques secondes de réflexion, il releva les yeux vers Halloween.

« Inutile de le noyer définitivement, je vais juste le ramener jusqu'à sa chambre. Ça m'évitera d'avoir à répondre de sa mort devant sa petite-amie. »

Il eut un petit rire moqueur pour la musicienne aux cheveux improbables qui servait d'idylle à Emrys; puis il ajouta, pas réellement soucieux de la santé de l'esprit (est-ce qu'il était seulement capable de mourir ?), mais plutôt pour le faire fuir les lieux avant que quelqu'un d'autre n'entre et le bombarde avec l'argenterie pour avoir fait de la salle à manger une piscine, et ne le mette de plus morne humeur encore:

« Enfin, il n'est pas exclu qu'il se réveille en sursaut. Tu devrais partir avant qu'il ne le fasse et ne décide de faire adhérer ta tête au seau. »

Emrys était violent lorsqu'il était énervé, et il ne s'était pas gêné pour faire étalage de son immaturité devant eux. Même sonné, Antoine pensait qu'ils n'étaient pas à l'abri d'une quelconque riposte.
Ah vraiment; il avait peut-être mérité ce retour au néant, finalement.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeMer 15 Mai 2013 - 22:14

    D'un geste, Antoine déclina l'invitation pourtant fort polie et délicate de l'esprit frappeur à aller remettre une couche aquatique dans la figure de la belle au bois dormant. Halloween en fut déçu. Non pas qu'il aimât à tremper comme des soupes les jeunes filles endormies - ou les garçons, ou les chats ou les scarabées, mais c'était quand même une idée assez drôle. La tête des gens trempés valait en général le coup d’œil, d'ailleurs.
    Bon, peut-être pas un coup de seau dans la figure, corrigea instantanément le poltergeist en se remémorant la fureur du pensionnaire une fois réveillé. Il fit la moue et tâta du plat de la manche la bosse qu'il sentait poindre sur son crâne, tandis qu'au-dessous de lui le jeune homme blond s'accroupissait pour examiner son ami... ou plutôt, pour récupérer le bout de papier qu'Halloween avait laissé tomber. L'enfant grommela un peu dans sa barbe : après tout, il n'en avait rien à faire de cette vieille feuille moisie. Pour bien le montrer à Antoine, il lui tourna le dos et coiffa le seau comme s'il cherchait activement quelque chose à l'intérieur. Parce que c'est tellement profond et riche en possibilités, un seau.
    Qu'est-ce qu'il s'amusait.

      « Enfin, il n'est pas exclu qu'il se réveille en sursaut. » La voix de l'humain résonna dans le seau et fit sursauter Halloween. Un peu exagéré comme réaction, certes. « Tu devrais partir avant qu'il ne le fasse et ne décide de faire adhérer ta tête au seau. »

    L'esprit frappeur sentit un tremblement presque électrique le traverser de haut en bas - et vu sa rigidité proche du négatif profond, nul doute que cela dû se voir. L'humain allait croire qu'il s'était pris une décharge sur la tête. Cela dit, songea l'enfant en redressant un peu le seau sur son crâne - histoire de voir quelque chose au moins - ce couvre-chef avait beau être fort seyant, il n'était pas encore prêt à l'intégrer entièrement à son anatomie. Du moins pas pour le moment.
    C'est donc étonnamment calmement qu'il tira l'objet de sa tête et le tint devant lui entre ses mains. Son reflet brouillé par l'oxydation lui renvoya une moue boudeuse. Il fit volte-face et recoiffa le seau juste pour pouvoir parler à Antoine en le tenant sur ses yeux. La jeunesse a besoin de peu de choses.
    En prime, il lui tira la langue.

      « J'ai même pas peur de lui. » Puis il fit une galipette avec un cri dissonant - d'excitation peut-être, mais rien n'était moins sûr : « Alors je t'aiderai pas, de toute façon ; je vais m'amuser ailleurs ! »

    Sans perdre un pour cent de malice affichée, l'esprit frappeur fit la grimace au blond, sans se soucier d'avoir répondu complètement à côté de ce que ce dernier venait de lui dire. Il fonça donc vers la porte sans la moindre arrière-pensée, en cognant le sommet du seau contre l'encadrement au passage avec un juron en vieil anglais qui se perdit dans les couloirs, alors que déséquilibré, il disparaissait en tournoyant.
    C'est vrai, ça, après tout, pourquoi aurait-il peur d'un humain, hein ?
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeSam 8 Juin 2013 - 0:09

...

Halloween avait ôté le seau de sa figure sous le regard perplexe d'Antoine, qui avait vite cessé de s'intéresser aux étranges manies du fantôme pour se pencher de nouveau sur Emrys. Pas le moindre signe d'éveil sur sa figure, ses yeux et ses lèvres clos et immobiles dans un sommeil forcé. Antoine ne parvenait pas à savoir si c'était une bonne chose ou non, s'il valait mieux qu'il se réveille à l'abri des murs de sa chambre ou sur le carrelage froid, sonné mais capable de se rendre à la dite chambre sans aide. Tout ce qu'il conclut de ce débat intérieur, c'était qu'il n'avait pas envie qu'il se réveille en chemin et lui hurle dessus au milieu d'un couloir. En plus d'attirer une attention indésirable et de le noyer sous de fausses accusations, il n'avait réellement rien fait à sa petite tête. Violent l'oral, ça oui, mais Antoine n'avait – à sa connaissance – encore jamais assommé un pensionnaire. Bizarrement, il sentait malgré tout qu'à la barre, ses mots n'auraient pas eu le poids escompté. Monsieur, voilà ce qui arrive quand on ne fait pas courbette aux inconnus.
C'est ce moment là que choisit le petit garçon aux yeux oranges pour s'exclamer, chapeau métallique de nouveau sur le crâne et cri aigu entre deux phrases pour être certain d'achever ce qu'il lui restait d'audition:

« J'ai même pas peur de lui. (Antoine grimaça le plus élégamment possible) Alors je t'aiderai pas, de toute façon ; je vais m'amuser ailleurs ! »

Même pas peur, n'est-ce pas ?
Sans qu'il ait pu lui retourner un commentaire ou lui faire un signe de la main, Halloween s'était rué vers les portes, cognant son couvre-chef au passage et sortant de son champ de vision avec un dernier cri agacé. Antoine cligna des yeux, encore surpris par la sortie en fanfare de son ami (alors qu'il aurait dû s'y habituer, depuis le temps), mais fit de son mieux pour retrouver toute sa contenance. Une fois que ce fut chose faite et qu'il eut éclairci son esprit, il poussa un petit soupir résigné. Toute cette eau, tout ce désordre... Enfin, la servante ou il ne savait trop quelle entité qui faisait complaisamment le ménage pour eux finirait par passer ici, et ferait de nouveau briller le sol.
Sans plus s'attarder sur l'état discutable des lieux, et pour ne pas perdre de temps, il se saisit souplement d'Emrys, un bras sous ses genoux et l'autre dans son dos. Même inconscient, s'étonna-t-il, il était plutôt léger. Enfin, d'une fille aussi grande et filiforme, il n'y avait rien d'autre à attendre.

En revanche, le contact des vêtements mouillés était légèrement désagréable. Mais rasséréné et amusé à l'idée de laisser un mot aux accents licencieux près de son lit pour le mettre de bonne humeur à son réveil, il donna à ses pas une note légère. Il pria simplement pour ne pas rencontrer une connaissance du britannique à qui devoir expliquer la situation.

Dans quelle chambre est-ce qu'il dormait, déjà ?
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